DOCUMENT DE TRAVAIL EN PROGRESSION....MERCI

J'avais un directeur qui avec un ton un peu rigolo disait que beaucoup de parents s'intéressaient plus à leurs nouvelles armoires de cuisine qu'à l'éducation de leurs enfants. J'ai moi-même vu des parents dont j'allais chercher leurs enfants à leur résidence pour des activités éducatives le soir sans que ceux-ci ne lèvent le p'tit doigt durant deux ou trois ans. Ça leur était du. Je payais la gazoline et tout et tout avec mon salaire sans compter les dons que je faisais au Réseau.  Ce qui me fait me poser sérieusement la question comme si au Québec, nous n'aurions pas développé une mentalité de bs où tout nous est dû comme au bon vieux temps, quand les curés s'occupaient de tout. Et une amie de l'élève avait été stupéfaite de voir tout le monde dans cette maison se "garrocher" sur le repas à table sans donner aucune chance à l'autre de se servir correctement. C'était l'assiette au plus fort et le père participait au tournoi comme les enfants. Vous auriez du voir ce que ça donnait comme mentalité chez cet élève. Grand-Maison disait que 50% des adultes au Québec étaient plus des adulescents que des adultes matures et il avait parfaitement raison à l'époque et aujourd'hui, de ce côté, rien n'a changé. Quoi faire alors avec leurs enfants qui souvent deviennent plus matures que leurs parents. Pas rien, n'est-ce pas? J'ai souvent vu le phénomène. Éducateur depuis 30 ans, j'en ai vu des vertes et des pas mûres. Ho!  Attention!  J'ai aussi vu des merveilles.

Dans un contexte du genre où tout nous est du, que le gouvernement fait tout, pas surprenant que la majorité ait la gueule grande ouverte comme des oisillons avec leur mère, prêts à recevoir les services gratuits qui, vous l'aurez deviné, ne sont pas gratuits du tout.  Non, je suis pour la gratuité, mais je voudrais qu'on lui mette des tickets modérateurs. Comme en Suède, où les élèves doivent faire au moins un an de service civil "gratis pour l'État" afin de rembourser au moins un peu une partie de la dette de leur collège. Pas bête n'est-ce pas. Et Couillard qui s'égosille comme un con à nous faire la leçon et qui n'y a pas pensé du tout à ce service civil, ce qui aurait comme impact de donner davantage de finis aux jeunes qui reconnaîtraient aussi les bienfaits que leur apporte leur pays, le Québec. Je regarde mon Gabriel Nadeau-Dubois. Du fini cet enfant! C'est vrai qu'il est de Regina Assumpta. Ça me console dont d'être vieux pour contempler les merveilles qu'a produites notre État, le Québec. Et des jeunes du genre, il y en a à la tonne. Allez voir les parents. N'ont sûrement pas lésiné sur les moyens. N'est-ce pas?

Non, Patrick, l'école n'est pas importante pour nous. Je pense à ces Juifs pour qui je faisais des dépenses non autorisées pour leurs enfants, convaincus que j'avais fait le bon choix. Aucun ne m'a jamais blâmé de l'avoir fait. "How much is it" Richard? C'est tout ce que j'entendais. "Thank you very much Richard!" Et ils me donnaient un 26 onces à la fin de l'année.  Se seraient ruinés pour aider leurs enfants, ce qui arrive d'ailleurs à beaucoup de parents américains qui doivent payer pour le "cegep" de leurs enfants. Minimum 100,000$. Certains réhypothèquent leurs maisons. Les enfants, pour eux, sont leur avenir. Trop de Québécois, les vacances dans le sud, les armoires de cuisine, la bière et le restaurant à profusion et les enfants, qu'ils se le mettent où ils veulent semblent-t-ils se dire. Entrez dans les maisons du Québec pour contempler la bibliothèque familiale. Entrez dans une maison russe pour faire la même chose. Un nouvel ami que j'eus, première chose qu'il fit, il descendit au sous-sol pour contempler ma bibliothèque. Il voulait me connaître. J'avais tout compris. Il se tourna vers moi et me dit, tu en connais des "affaires" avec un bon accent québécois emprunté. Je lui répondis que c'était plus les titres qui n'étaient pas là qui me troublaient.  

Tu as bien fait mon Patrick d'envoyer ton jeune au privé. Dans les circonstances, ça s'imposait. Je compare avec ma petite école St-Gérard dans les années cinquante à Montréal. Plein de profs dans la cour pour nous faire jouer, rire et défouler notre fou. C'était une école de gars et tout le monde avait compris que le gars doit BOUGER. Aujourd'hui, on donne des "Tylénol" plutôt que de les faire bouger. Le Ritalin ma chère. Et ces bonnes gens sont toutes assis à leurs bureaux comme le sont les enfants qui avec le Ritalin deviennent sages comme des images.  Non, j'ai mon voyage. 

On tombe comme dans un monde ou tout nous est dû, le Québec étant la grosse vache à lait. Ça ne peut durer. Tu veux des services, tu payes, un peu au moins. Je n'ai rien contre un État social, au contraire je suis parfaitement pour, que le pauvre puisse devenir ingénieur comme le petit "cul" d'Outremont ou de Westmount, mais pas un État providence, c'est ridicule. Ça nous coûte une fortune et ce n'est pas rentable. Toute personne doit participer à cet effort que l'État fait pour nous donner des services, mais pas seulement participer par l'impôt. C'est ridicule. 

Non, Couillard et compagnie ne veulent surtout pas qu'on s'en sorte. Ils nous veulent avec le p'tit pain. C'est la mentalité de cette classe, tout leur est dû. Y'a des coups de pieds au cul qui se manquent, je vous jure. Et le zèle des policiers? Un hasard? Le renouvellement de leur convention de travail arrive à échéance après le public, en voulant dire, TAPEZ DESSUS LA GANG ET VOS SALAIRES VONT AUGMENTER.

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16 mai 2015 La PressePATRICK LAGACÉ


Si l’école était importante...

Le Québec a eu son premier ministère de l’Éducation en 1964. L’Ontario? En 1876.

Retour à la page A1 L’éducation est prétendument une priorité des Québécois. On se répète ça, comme un mantra. L’éducation est une priorité, l’éducation, c’est important. Les partis politiques disent la même chose, ils mettent l’éducation dans le grand buffet de leurs priorités. C’est pas vrai. C’est pas vrai que l’éducation est une priorité pour les Québécois. C’est pas vrai que l’éducation est une priorité pour les gouvernements québécois.
Si l’éducation était une priorité, nous ne laisserions pas les gouvernements successifs lui faire ce qu’ils lui font. Je parle de compressions successives dont la dernière en lice se trouvait dans le budget Leitao, je parle de cette réforme lancée par les péquistes et maintenue par les libéraux, qui a eu des effets aussi inefficaces que si on l’avait confiée à un sorcier ( 1).
Si l’éducation était une priorité, nous serions furieux depuis longtemps devant les moyens souvent faméliques qui sont mis à la disposition des écoles. Nous serions furieux de voir ces compressions qui touchent les enfants aux prises avec des troubles d’apprentissage. Nous serions furieux – et humiliés – que nos écoles doivent financer l’achat de dictionnaires par des ventes de tablettes de chocolat.
Si l’éducation était une priorité, nous nous demanderions pourquoi tant de Québécois choisissent de payer 3000 $, 4000$ ou 5000$ par année pour envoyer leur enfant à l’école privée. Dans la vie, il arrive que les gens votent avec leurs pieds: cet exode devrait être le canari dans la mine de charbon du public, celui qui nous avertit que le climat est en train de devenir délétère. Mais non, au Québec, quand il est question de la place de plus en plus grande des écoles privées dans l’écosystème de l’éducation, ceux qui parlent le plus fort veulent tuer le canari.
Il y a quelques années, j’ai voté avec mes pieds quand j’ai vu l’école de quartier pitoyable qui avait accueilli mon fils, pour sa maternelle. Quand une école privée a offert de prendre mon fils, trois jours après la rentrée scolaire, j’ai dit oui et je ne l’ai jamais regretté : ces 4000 $ sont les meilleurs dollars que je dépense dans une année.
Plus tard, j’ai interviewé Diane De Courcy, alors présidente de la Commission scolaire de Montréal, pour Les francs-tireurs. Pendant que nous jasions à bâtons rompus, Mme De Courcy m’a demandé pourquoi j’avais choisi d’envoyer l’héritier au privé. Je lui ai raconté en détail ses trois jours dans cette école qui tenait davantage de la station de tri d’un goulag que d’un tremplin vers la vie pour les futurs citoyens. Quand je lui ai dit de quelle école il s’agissait, Mme De Courcy a soupiré: «Ça fait 10 ans qu’on a des problèmes dans cette école. »
La chose la plus simple à faire, ici, c’est de lancer la pierre à Mme De Courcy et à la CSDM. Je ne l’ai pas fait et je ne le ferai pas. L’école de quartier dont il est question est à l’image de l’idée de l’école – l’École, disons – au Québec: on la laisse aller à la dérive parce qu’on s’en contre-cr***e.
Si l’École était importante, il aurait été impensable que cette école dont je vous parle soit ainsi laissée pour compte pendant une décennie. Une «mauvaise» école ne devrait jamais l’être longtemps.
Quand la CSDM a envoyé une note aux parents, fin avril, pour leur dire que les compressions gouvernementales allaient notamment la forcer à faire des coupes dans le transport scolaire, les services aux élèves en difficulté et des programmes parascolaires, le débat s’est cristallisé sur des écrans de fumée plutôt que sur le fond des choses.
Ah, si seulement la CSDM gérait bien ses affaires, a-ton dit et répété (surtout à Québec), si seulement elle avait suivi les recommandations de la firme machin embauchée pour réviser sa gestion, peu avant, tss, tss...
OK. Je veux bien que la CSDM ne soit pas un parangon de gestion. Mais pourquoi la Commission scolaire de Laval a-t-elle annoncé le même genre de compressions? Pourquoi la même chose en Outaouais ? Toutes les commissions scolaires gèrent-elles mal?
J’en entends me dire que oui, que toutes les commissions scolaires gèrent mal. Mettons que c’est vrai, mettons qu’elles dépensent le fric aux mauvais endroits. Mettons...
Pourquoi c’est permis, alors?
Je regardais aller le ministre François Blais, pendant son bras de fer avec la CSDM, et la réponse me semble évidente: c’est utile en tabarslak pour un ministre de l’Éducation d’avoir des commissions scolaires à blâmer!
Le Québec a eu son premier ministère de l’Éducation en 1964. L’Ontario ? En 1876. Avant ça, l’éducation québécoise, c’était pour les nantis et les chanceux ; les autres allaient travailler avec leurs bras pour scier du bois ou porter des seaux d’eau. C’est caricatural, mais le résultat net c’est qu’avant la Révolution tranquille, le Québec était juste devant le Portugal – dernier de classe en Occident – au chapitre de la scolarisation.
Ça fait donc 50 ans que les Québécois ont commencé à comprendre que l’école, c’est important. On a compris plus tard que les autres. Ça laisse des traces, ça, dans l’imaginaire d’un peuple. Une de ces traces, c’est de ne pas être furieux quand nos gouvernants maltraitent l’École.
Mais comment être furieux contre nos gouvernants quand 5 % des Québécois citent l’éducation comme leur priorité( 2) ? Nos gouvernants sont le reflet de ce que nous sommes, gang. Leurs priorités reflètent les nôtres.

Tout ça pour dire que je parle à des profs depuis quelques semaines, des profs qui me racontent ce qui se passe dans leurs écoles, dans leurs classes. Je vous donne quelques nouvelles du front, la semaine prochaine.
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