Brouillon! Merci de lire et de commenter.

Rough draft. Thanks for reading and giving comments.

 

Mémoires de jeunesse

de

Richard Labelle
Ma vie comme un rêve!

 

 

Pour Lise, mes deux filles et ceux, celles qui m'aiment et qui m'ont aimé. À mon filleul Dominic et son épouse que j'aime beaucoup. De bons jeunes.

« Rejoice O young man
in thy youth... » Ecclesiastes

 

 

 

 

 

 

 

 

 


Écrit par Richard Labelle
Corrigé par François Fortier, correcteur attaché.

PROLOGUE

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"Nous avons besoin du regard de l’autre pour devenir bons, pour nous épanouir!"

 

-Marguerite Yourcenar : ''À travers certains êtres, Dieu m'a beaucoup aimée''


-Michel Labelle, journaliste."Incroyable tes aventures, Richard. Tu es bien chanceux d'avoir vécu tout ça. La plupart des gens n'ont pas eu ce privilège."


-"Richard, même tout petit, tu avais un don épouvantable! Celui de te faire aimer." Ma grand-cousine, Gertrude, 92 ans.


-Michel Labelle  « C'est triste ton histoire, Richard, même si tu n'es pas le seul à avoir vécu pareille misère humaine... » 


-Grande cousine Alice qui avait connu mon arrière-grand-père, le docteur Frégeau. « Tu sais, mon Richard, tu es une photo copie de ton arrière-grand-père et tu es aussi beau. Cet arrière était un saint homme. Tu le deviendras comme lui mon Richard! » Un tel discours, ça vous allume-tu un homme, mes amis!


-« Comment tu fais pour être un saint Richard? » Question demandée par Rolland, frère de mon beau père, qui avait une admiration sans bornes pour moi. Cher Rolland en or. Quelle surprise il me fit avec sa question.


 -J'ai eu tellement de gens qui autour de moi m'ont aimé et encouragé! Ma grand-cousine me disait dernièrement:"Tu sais Richard, tu as toujours eu le don de te faire aimer. Et nous autres aussi Richard, on t'a aimé." Parfois, la cousine me regarde d'un air comme si elle était surprise que je sois encore vivant. Je suis tenté de lui dire, "C'est à cause de toi et bien d'autres! Ma vlimeuse!" Donc, soyez sûrs que j'ai beaucoup ri dans ma vie. C'était sans doute mon antidote injecté par ceux, celles qui m'ont aimé. Ce fut ma marque de commerce!


-Oui, pendant vingt ans, à partir de l'âge de six ans, j'ai été à la messe tous les matins. J'allais saluer mon Seigneur et lui demander de me protéger, moi et ma mère.


-Un de ces matins, je me levai et décidai que je partais sur le pouce pour découvrir mon pays, le Canada, d'est en ouest. Je sollicitai l'aide d'un bon ami anglo de Toronto pour m'aider à y mettre un peu plus de perspective. Ma grand-mère m'avait très éduqué à cette conviction qu'il y avait plein de choses à découvrir sur cette terre. Une pulsion terrible me poussait à découvrir. C'est ainsi que je téléphonai à mon ami Bob qui me trouva quelque chose pour simplifier le voyage.


Quand je pense à ce que mon patron à l'INRS me disait, "Si tu veux être civilisé Richard, va habiter avec les "tribus" des Monts-Atlas et tu vas découvrir la vie. Par M. Savignac, patron à l'INRS.


Caro, I am an internationalists! I love every one. Could be some bad people, few, but most of them GOOD. I am a people lover. This is what make me sad about Marcel. I suspect he was afraid to be judged by me because I was going to be a priest few years later. That literally breaks my hart. I was a Marcel lover, he was a god for me. I feel sad, very sad, about that. He did'nt know that I was working with the most fragile people of the town. Poor people. I did work with people working in sex, trying to help them especially for their children.Yes, I am a people lover and a Marcel lover. I quitted priesthood few years after but worked for needed people all my life. I am an expert in suicide prevention. I published world around on the subject as a researcher. So, Marcel didn't know, but he was having a loving friend. My dear Marcel. So, my friends of Marcel who are my friends, I love you. For the last ten years I did visit a rough jail to listen prisoners talking to me. I am a people lover.


OUI, JE ME RETROUVE DANS VOTRE TEXTE. OUI, UN ENFANT, SE FAUFILE DANS LA VIE COMME IL VEUT. COMBIEN DE CHOSES LE QUARTIER M'A LAISSÉ FAIRE. J'ÉTAIS UN ENFANT! DANS DES HABITS PLEINS DE POUSSIÈRE, EMPRUNTÉ AU CHIFFONNIER, QUE DE PLAISIR, DE RÊVES.


Michel Labelle LOL... tu en as connais donc bien, du monde, Richard, toute sorte de monde en plus, du premier au dernier de l'échelle sociale...


Richard, mon ami, tu tiens un discours digne des grands politicien de l'Histoire…. C'est dont gentil, Michel.


«I was so much like Jim as a kid. The boy who loved airplanes." À propos de l'Empire du Soleil. Très beau film. Oui, j'étais comme Jim.


Ç’aurait pu être un cauchemard. Ma vie! Ce le fut mais plein de ces fragments enlevant que moi enfant, je ne pouvais laisser passer. J'étais tout simplement émerveillé de mes rêves que j'avais de la difficulté à prendre seulement pour des rêves. Oui, je fus un enfant rêveur qui pleurait souvent. Découragé de l'insouciance de certaines personnes. Je riais souvent aussi...quand j'étais heureux, que ma mère n'était pas loin. Je n'avais jamais fait ce lien entre la présence de ma mère et le bonheur que je ressentais. Je fus, justement, très souvent, un enfant seul. « L'enfant sans parent! » comme on disait dans le quartier..

 

« MON COLLÈGE FABULEUX, SAINT-LAURENT, QUI M'A SAUVÉ LA VIE. »

Dimanche matin, à la chapelle du collège Saint-Laurent (ancienne cathédrale anglicane de Montréal), assis à mon banc, en attendant la messe. Le dimanche, au collège, c'était spécial pour moi. Une grande fête intérieure. C'était aussi une grand-messe avec en prime, les grandes orgues du collège qui jouaient à tout rompre. Tout était grand! Nous avions deux orgues. Un gros à l'arrière et un double à l'avant. Le plancher de la chapelle en tremblait. Et pour compléter le tout, les grandes orgues entonnaient la cantate et fugue de Bach à la fin de chaque grand-messe du dimanche. J'étais littéralement transporté par cette musique que toutes mes années de collège en furent marquées. J'avais treize ans.

LE GRAND DÉPART
Dans le quartier, on m'appelait l'enfant sans parents. Ce qu'ils ne savaient pas, un peu tout le monde était mon parent, car j'avais le nez "fourré" partout. Oui, j'avais des chiffonniers comme voisins, genres "gypsies". Ils me déguisaient en toutes sortes de personnages. J'arrivais à la maison et je sentais la poussière à plein nez. Jamais je n'aurais dit ce que j'avais fait. Oui, un enfant, c'est libre. C'est ce que j'ai aimé d'être orphelin. J'étais mon propre maître.
Orphelin, je n'ai jamais oublié tous les gens qui m'on aimé. Jamais. Et j'ai remarqué cela chez tous les orphelins. Ils vous collent à la peau. Vous avez été bons, bonnes pour eux. Un enfant que j'avais reçu chez ma mère. Il était tellement heureux qu'il avait défait en morceaux le bicycles de mon p'tit frère. Mon p'tit frère, tout décontenancé n'en revenait pas. Mais, le jeune, se remit à remonter le bicycle et à réparer en route, tous les défauts qu'il avait. Mon p'tit frère en avait été sidéré. Oui, un orphelin a une bonne mémoire, beaucoup plus que vous ne croyez. En plus, je pense que l'orphelin, libéré de l'attachement primordial, a une vue particulière sur tout le genre humain. Amoureux des humains!
J'ai beau avoir n'importe quel âge, je veux vous assurer que j'ai toujours été le même qui a prêté serment sur la tête de sa mère adoptive mourante, d'être un homme honnête, franc, droit et amoureux. Tout enfant, j'accompagnai ma mère à la messe à partir de 6 ans. Donc, trop jeune pour communier. Je me souviens avoir été un enfant adoré par son quartier. Toutes sortes de personnes s'occupaient de moi. Je n'était surtout pas une possession de mes parents. J'étais plutôt un genre de possession amoureuse de mon quartier. Oui, je le sais, les gens m'aimaient. On me connut surtout pour mes excentricités de toutes sortes, toutes sortes de costumes de mon cru ou qu'une famille style « gypsie » me fabriquait. Je m'intéressais à tout et était une véritable petite encyclopédie ambulante. J'ai quasi toujours eu cent en histoire, géo. Physique et maths. Tout cela fonctionnait quand ma mère était là. Son absence me faisait un vide tel que j'arrêtais quasi de vivre. Mes notes s'en ressentaient terriblement. Maman revenue, tout revenait à la normale. Elle se sentait tellement coupable de m'avoir mis au monde qu'elle ne pu jamais m'appeler « son fils ». C'est un « privilège » auquel je n'eus pas droit. Il y a encore un trou dans mon coeur, provoqué par cette absence. Chère maman souffrante et adorée. Je ne peux évidemment pas la blâmer.
Je suis toujours aussi l'enfant prêt à rendre service et qui jouait avec tout le monde. J'avais développé cette conviction que chaque enfant avait un secret à me révéler.
Je suis toujours l'enfant qui fidèle à ses obligations, marchait matin, midi et soir vers son école St-Gérard adorée ou au retour, à la fin des classes ou pour le dîner.
Je suis aussi toujours l'adolescent sérieux que j'étais, intéressé à tout et prêt à prendre des risques énormes pour apprendre davantage. J'avais pris goût à visiter mon pays d'un océan à l'autre...sur le pouce pour commencer. Devenu orphelin, je n'avais pas le choix que de réussir. J'ai tout fait pour apprendre toutes sortes de choses. Apprendre, apprendre, apprendre devint mon maître mot.

Il est certain que lorsqu'un nouvel enfant arrive dans une famille reconstituée, en plus, sa venue cause toujours certaines turbulences. Ce fut la même chose pour moi. La famille a du premièrement déménager pour ne pas alerter le voisinage sur mon histoire. Les membres de cette famille furent aussi obligés de me faire de la place. Donc, leur propre place s'en trouva diminuée et en plus, c'était la guerre. Ma grand-mère avait décidé de garder mon oncle Gabriel comme nounous afin de se faire aider dans les travaux domestiques. Une autre place de moins pour les « locataires » légitimes. Mon oncle Jules, le plus jeune de la famille, revenant de la guerre aussi, dut abandonner sa place de plus jeune au profit du nouveau venu, ma propre personne. Autre frustration! Mon propre père coucha un peu à la maison avant de finalement se marier. Lui aussi revenait de la guerre. Et ma mère Claire couchait aussi à la maison dans la même chambre que ma tante Pauline qui très tôt devait se trouver un endroit ou se loger. Elle venait de revenir de la guerre aussi. Ne me demandez pas comment les lits étaient répartis, j'en serais incapable de vous le dire. Un seul événement vint, beaucoup plus tard, m'enseigner comment un enfant peut deviner les « vraies » choses qui se passent autour de lui. Une de ces nuits où mon vrai père coucha à la maison alors qu'il était en visite ou autre. Je ne savais pas du tout que c'était mon père. C'était un secret de famille bien gardé. En pleine nuit, tout enfant de 3 ans que j'étais, j'allai m'étendre, somnambule, joue contre joue, de tout mon long sur le corps de mon vrai père comme si j'avais su qu'il était effectivement mon père alors, qu'en réalité, je ne savais absolument rien, mais mon inconscient avait tout deviné. C'est tout comme si j'aurais voulu me faire caresser par celui qui était mon géniteur. Ce fut mon seul contact intime avec mon père. Cette image me revient tout le temps lorsque je vois des enfants se faire cajoler par leur père. Mon coeur devient un peu « serré » à tout coup! Comment agir autrement? Il me semble encore entendre la grosse voix de mon père qui m'a simplement dit d'aller me coucher dans mon lit sans me donner aucune caresse. Après, on dira qu'un enfant ne saisit pas toute la vérité d'une situation à travers son inconscient. Le logement donc, contenait six pièces, mais avec plusieurs adultes et un enfant en plus. Nous étions donc, comme occupant d'un logement, neuf personnes en tout. La maison faisait sans doute style d'auberge espagnole plutôt que d'une maison normale. Je sais que mes grands-parents couchaient dans la chambre du fond, la cuisine tout à côté. À l'avant, de part et d'autre, c'étaient des pièces doubles comme c'était la mode dans le temps. À droite, au fond, c'était ma chambre ainsi que celle de Gabriel. En entrant à gauche, c'était la chambre de ma mère et de ma tante Pauline. Finalement, à droite en entrant du côté avant, c'était la chambre des deux gars. Jules et Charles, mon père, qui ne resta pas longtemps avec nous autres. Il allait se marier quelques semaines plus tard. J'imagine que c'est à cette même période que mon grand-père décida de nous construire une maison convenable.

J'oserai malgré tout vous dire que celui qui vous écrit est comme un revenant des enfers! Suicidaire pendant une partie de mon enfance, j'ai tenté, autant que faire se peut, de me battre à armes inégales contre ces "monstres" qui voulaient ma peau. C'était ma vision d'enfant. J'ai d'autre part passé une autre bonne partie de ma vie à recoller les morceaux du puzzle. Ce fut laborieux. Certains, certaines furent conscients qu'il se passait quelque chose dans ma « p'tite » tête. Ils se doutaient que je vivais une guerre intérieure terrible. Merci à ces personnes qui m'ont encouragé dans cette bataille sans savoir, bien certain, tout à fait ce qui se passait au dedans de moi. Je veux rendre un grand hommage à bien des amis, en particulier à Lise Barette, son mari, Alain et une foule d'autres amis à l'époque où je m'occupais de syndicat. Des gens adorables qui me trouvaient bien drôle, mais devinaient aussi mes terribles combats intérieurs. Merci! Ils m'ont simplement aimé tel que j'étais. Des gens simples, mais qui cherchaient comme moi, la vérité. Je sais que Lise est décédée. J'ai dont pleuré quand j'ai appris la nouvelle quelques mois après l'événement. J'ai vu la photo d'Alain, son mari, sur un journal local, quelque temps après la mort de Lise. Quand tout allait tout croche, c'est à eux que je payais une visite qui se prolongeait jusqu'à tard dans la nuit. Je leur parlais de politique, de poésie, de films, de livres, d'articles de Foglia, de syndicat. Ils le savaient, je les adorais. Je les soupçonne même d'être intercédé très souvent en ma faveur pour calmer le jeu, auprès « d'ennemis politiques ». J'eus d'autres amis du genre. Je ne peux les oublier, mais vraiment pas. Je pense à Jules Martel, St-Pierre (je ne me souviens plus de son p'tit nom! Décevant!) Jacqueline Veillette, Hélène et Benoît Brochu, Lise Pomminville et plusieurs autres dont les noms ne me reviennent pas. Je pense aussi à ce couple du Lover's de Ste-Rose qui m'offrirent souvent l'opportunité de parler éducation à partir de minuit le soir jusqu'à l'heure du déjeuner du lendemain qu'ils m'offraient gracieusement. Car, faut-il le dire, l'université ne nous apprenait pas grand-chose sur la façon d'intervenir auprès de différents types d'enfant. J'ai toujours pensé que le Québec avait une bien mauvaise habitude quand il s'agissait de former des éducateurs. On nous enseignait plus de la philosophie que des pratiques adaptées d'intervention. On enseignait justement de belles théories, mais on oubliait de nous équiper pour les appliquer. Dans le fond, on était tous une bande d'ignorants dont certains nous faisaient croire qu'ils en savaient plus que nous à cause, bien souvent, de leurs aquintances politiques. Ce fut toujours comme ça au Québec. Ouvrier pour Hydro, j'avais été frappé de voir comment les travailleurs refusaient carrément de travailler s'ils n'avaient pas les outils pertinents. En éducation c'était différent. Les beaux discours, puis, plus rien après.
En fait, ce texte se veut un ramassis de toutes sortes de lettres et d’articles écrits au fil de mes inspirations du moment, jour et nuit, ayant toujours en tête d’y mettre de l’ordre pour les publier pour ceux et celles que j’aime. Comme dans mon évolution d’enfant, j’ai toujours été en retard pour de multiples raisons, y compris ma situation familiale fragile. C’est donc maintenant que je me décide à écrire, pressé de ne pas me faire dépasser par la droite par ce temps inexorable. Je m’exécute donc, comme d’habitude, au moins, dix ans en retard. Dans mon quartier, Villeray, on m’appelait « L’enfant sans parents ». J’ai appris cette chose, plusieurs dizaines d'années plus tard, par un ami de collège, Pierre Bélisle, qui habitait à au moins une dizaine de rues de la mienne à Montréal. C'est dire que nos quartiers étaient comme de grands villages où toutes les nouvelles, qu'on le veuille ou pas, circulaient. J'ai donc réalisé dernièrement que, finalement, tout le quartier savait que j'étais le fils de "Claire", ma vraie mère, car mon grand-père n'a jamais fait de secret de cet état de chose. Il se "foutait" complètement de ce que les gens pouvaient penser. On était pas loin de la vérité puisque sur mon premier baptistaire, il était inscrit : « NÉ DE PARENTS INCONNUS. » Oui, salut ma maman Québec et mon papa Québec, aussi. Ils m’ont pris dans leurs bras à ma naissance. Né sans père ni mère. Qu’à cela ne tienne, mes grands-parents m’ont pris dans leurs bras pour m’amener à la crèche, car j’étais officiellement orphelin. MES PREMIERS PARENTS. MON QUÉBEC. Ma vie fut ainsi une guerre terrible, un combat de tous les instants. Le deuxième jour de ma naissance, j'attrapai déjà une bonne bronchite, phénomène que j'allais garder toute ma vie. Il y avait heureusement des anges qui m’encourageaient, qui prenaient ma défense, qui m’orientaient dans le bon sens, qui voulaient que je vive, que j’existe. Ce sont ces derniers qui m’ont permis d’avancer. Ils furent ma source de succès. C’est en apprenant la différence entre les bateaux ennemis et amis que j’ai pu avancer et ça n’a pas toujours été facile d’être très alerte pour identifier les deux. Aussi, je n’ai jamais vraiment étudié pour avoir un « job », mais plutôt pour devenir un meilleur être humain, éduqué qui saurait dirigé les gens. Le « job » est venu après. C'est ma grand-mêre qui m'a enseigné ça. "Mon p'tit gars, tu vas étudier pour avoir une belle tête. Je me mis donc à m'intéresser à tout. Je voulais tout apprendre et j'étais souvent bon dans presque tout. Cent dans tout quand ma mère était là. J’étudiai souvent par dilettantisme et non par besoin. Mon grand ami, Marcel Fugère, pensait la même chose qui moi. Nous passions des heures à parler philosophie, intégrité, esthétisme, arts. Je voulais, jeune, faire de moi un être idéal. Quand on est jeune, incroyable tout ce qui nous passe par la tête. Voilà ce qui se passait dans la mienne et j’en suis très fier. L’argent, l’argent, l’argent, j’avais trop vu de familles s’entre-déchirer pour l’argent. Complètement fous, ces gens. J’ai aussi été toute ma vie à me chercher un père et une mère. Alors, ne vous demandez pas pourquoi je cherchais à être aimé… comme tout le monde, finalement. J’ai vécu comme un saltimbanque à la recherche de la connaissance humaine sur toutes les routes de la vie que j'empruntai. J'avais même connu une famille de chifonnier qui, pour s'amuser, se servait de leurs chiffons pour me déguiser en toutes sortes de personnages. Costume à la style Mille et une Nuits, je me promenais dans les rues pour inviter les gens à la pièce de théâtre que nous organisions. J'étais tout heureux de ma plume sur mon turban et ce cette grosse immitation de pierre précieuse collée sur le devant. Chaque personne m’apportant sa connaissance sur ce qu’elle savait. J’eus même l’impression d’être ce pit du fameux film, L’EMPIRE DU SOLEIL. Je m’émerveillai pendant des années de tout ce qui m'entourait, le tout entrecoupé de creux dangereux. Je devenais alors très dépressif presqu'absent mentalement. Pas de mère! C’était ma mort. Mais j'avais une énergie épouvantable. Merci mon Dieu. Quand, dans une auto, je m'asseyais du côté du chauffeur l'hiver, mon côté devenait tout givré par la chaleur que mon corps dégageait. Mes vestons tombaient même en lambeaux. C'était l'énergie que le bon Dieu me donnait sans relâche. Merci, merci, merci.
Pourquoi écrire ce livre? Pour mes enfants, mon épouse, ceux et celles qui veulent savoir. Un auteur disait qu’écrire une biographie, c’était nécessairement mentir, embellir les choses.  Qu’une biographie c’était du faux. Je vous dis tout de suite qu'un orphelin a besoin d'embellir les choses, car il faut qu'elles existent pendant suffisamment de temps dans sa tête afin de lui donner le souffle nécessaire pour le motiver à survivre. Oui, l'orphelin a besoin d'embellir pour se créer une bulle suffisante afin de se motiver à avancer dans la vie. J’écris mon histoire avec l’intention de vivre une simple histoire personnelle. J’ai commencé à lire Georges Brossard, fondateur de l’insectarium de Montréal et confrère au collège de St-Laurent. Ce qui m’a complètement bouleversé, car nous avons justement fréquenté le même collège. Ce collège fut pour moi une véritable famille, car je m’y étais retrouvé en deux ans, orphelin de mon père biologique et, deux ans plus tard, orphelin de mes deux parents adoptifs. Le choc fut tel que je tombai dans le coma. Je trouvais que le récit de Georges ressemblait un peu au miens à certains égards.  Ma biographie se veut une explication, un aveu profond d’avoir fait tout, tout, tout mon possible dans toutes les situations de ma vie. Elle s’adresse à tous ceux et celles qui à travers les années m’ont aimé et m’ont aidé, à partir des personnes les plus proches, aux plus éloignées. Même un imprimeur s'était offert de m'imprimer mes programmes pour nos pièces de théâtre improvisée. J’ai eu beaucoup d’aide d’une foule de personnes qui se rendaient compte que ma situation était parfois désespérée. Je peux affirmer sans hésitation d’avoir été honnête dans tout ce que je faisais même si parfois j’aurais pu tricher et ainsi gravir les échelons plus rapidement. Je me souviens d’un examen où tout le monde avait triché, profitant de l’absence d’un surveillant. Pour moi, il n’en était pas question. Je fus le seul qui fut exonéré de tout blâme. Cela ne m’a jamais passé par la tête de tricher. L’éducation que j’avais en était une de probité.  J’eus des écarts, bien certains, mais je n’étais jamais bien fier de moi dans ces circonstances et surtout ce n’était bien souvent qu’involontaire de ma part. De toute façon, involontaire ou pas, je me blâmais toujours sévèrement de mes erreurs. Oui, je me parlais. J’étais la seule personne qui pouvait me parler, car j’étais dans un milieu d’adultes qui avait bien d’autres préoccupations que de s’occuper d’un enfant. Oui, je fus seul, seul à me parler, seul à me chicaner et parfois, seul à me féliciter. J’ai d’ailleurs été très ému, en participant au montage d’une thérapie anti-suicide, de constater qu’un chapitre avait pour titre, « EST-CE QUE JE SAIS ME PARLER À MOI-MÊME ou comment je me parle à moi-même? » tout cela pour me rendre hommage. Je me présentai au dernier congrès international du suicide à Montréal et dès que les organisateurs me virent, ils me firent comprendre que tout était gratuit pour moi. J'avais déjà payé mon 1000$ d'inscription et c'est ma fille Sarah qui m'accompagna au grand banquet. Je voulais lui faire voir le fameux lustre sous lequel les rois et les reines, dont Élizabeth II, avaient dansé à Montréal. Or, ce fut un sport que je pratiquai toute ma vie de me parler à moi-même. Quand ce n’était pas à mon ange gardien, c’était à moi que je parlais.
Une petit cour d'histoire. Bon, j'ai toujours eu un ange gardien. Je lui vouais tout ce que je pouvais quand j'étais petit. J'ai souvent senti sa présence dans des événements, des mots,des joies, des peines. Dans l'histoire du monde il faut savoir que l'ange n'est nul autre que le symbole de la présence de Dieu. On le retrouve dans toutes les civilisations: chinoise, égyptienne, sumérienne, babylonienne. Le trône du Saint des Saints, au centre du temple de Jérusalem de l'époque était décoré, de chaque côté, de très beaux anges qui avaient pour rôle de protéger le roi. Il y avait beaucoup d’encens dans ces temples, car, malheur à ceux qui verraient Dieu si celui-ci venait à descendre dans le Saint, des Saints. Voir Dieu équivaudrait à mourir sur-le-champ. Donc, la fumée de l’encens protégeaient ceux qui venaient prier de la possible vue subite de Dieu.On dit que les anges n'ont pas de sexe. La surprise que j'ai eu c'est qu'à Rome, tous les anges ont un sexe. Masculin ou féminin. Faut dire que les Italiens, comme tout le monde, aiment le sexe. Ils en ont mis à tous leurs anges. Donc, plus de chicanes au Vatican. On aura tout vu!. Mon ange, je lui demande de vous serrer tous, toutes très fort...pas trop fort, car c'est un gars qui est cependant sur la CSST. Avec moi comme sujet, il est devenu rapidement handicapé, épuisé le pauvre. Il revient me voir de temps en temps. Il a même fait arriver des malheurs à des gens qui avaient été méchants avec moi. Je devais donc le semoncer de temps en temps pour ne pas qu'il devienne délinquant. Je sais qu'il m'aime beaucoup et qu'il va vous apporter le bonheur avec ou sans sexe. À votre goût! (Y faut bien rire de temps en temps.) Y faut donc rappeler à Victor, mon beau frère, que les anges de sa nations ont un sexe au contraire des anges égyptiens par exemple.
Ce livre est donc l’histoire d’un espoir au quotidien qui s’impose par l’appui inconditionnel de généreuses gens du pays qui ont voulu que je vive. CHANCEUX QUE JE SUIS. Ce livre se veut donc; un lieu de rencontre, de prière, d’intimité, de tendresse, d’amour, de reconnaissance infinie pour tous ceux et celles qui m’ont aimé, que j’ai aimés et même les personnes que je n’ai pas aimées, souvent parce qu’ils m’ont blessé. Il y en a très peu.

 

 MA VIE

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MON CERTIFICAT DE BAPTÊME DE LA CRÈCHE D’YOUVILLE
DATÉE DU 31 DÉCEMBRE 1939; 2 JOURS APRÈS MA NAISSANCE. NÉ DE PARENTS INCONNUS.


« Les amours, les travaux, même le chant d’un oiseau, ton cœur, mes mots, font tourner le monde. » (Une chanson magnifique de Gilles Vigneault)

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  CHAPITRE I : QUI J'ÉTAIS?

Je ne voulais pas lâcher. Une tête dure comme me le disait parfois ma cousine adorée, Gertrude : « Tu avais une volonté de fer, Richard. » Quelle gentillesse! Je me disais, tu vas avancer mon vieux. Ce livre ne se prétend pas parfait. Je dirais même qu’il est rugueux, mais qu’il cache une sensibilité exacerbée des profondeurs. Un orphelin, pour survivre, doit se fabriquer des bulles qu'il conserve le plus longtemps possible dans son coeur. Mon oncle Napoléon m'a donné toute une série de cadeaux, alors que j'étais tout petit. Ces cadeaux durèrent, sans fin dans ma tête, pendant des années dans ma mémoire et m'aidèrent à survivre lors des moments difficiles. Voilà ce que c'est que d'être orphelin. Important, de se créer un monde à soi qui nous protège contre les vides possibles. Je cultivai donc ces mémoires qui me donnaient l'impression d'être aimé au max. Je veux vous révéler mon cœur, comme toute personne humaine en possède. Je pense qu'il s'y trouve des leçons de vie partout. Donc, il vous faut bien lire les lignes et entre les lignes.
MES DEUX MENTORS D'ENFANCE
Mon grand-père et mon mentor du temps, monsieur Gratton, de l’école St-Gérard à Montréal en 1952, me disaient : « Mon enfant, ne te laisse jamais mener par la peur! » Des leçons que je me répétais régulièrement. Pourtant, les années cinquante furent des années de peurs engendrées par des politiques tout à fait « sautées » dans un monde dirigé encore par le clergé tout puissant. La politique, elle, suivait derrière, toute aussi craintive que le peuple.

LA LOI DU CADENAS DE DUPLESSIS. QU’EST-CE QUE CE FUT?(1950)
Le principal objectif de cette loi fut de faire peur au monde. Non, je ne suis plus tout à fait jeune. Un genre de vieux livre d’histoires qui a la mémoire longue. Un exemple de ma mémoire longue. Mon grand-père m’avait amené à l’imprimerie pour que je voie... la destruction de cette imprimerie par la police provinciale de Duplessis. Le pauvre propriétaire avait eu le malheur d’imprimer pour les Témoins de Jéhova qu’on faisait passer pour des communistes. Mon grand-père avait même tenté de stopper le processus, car il connaissait le pauvre propriétaire de l’imprimerie, un monsieur Bélisle, mais le mal était déjà fait. Mon grand-père fut totalement complètement scandalisé. Oui, oui, oui, ce fut LA LOI DU CADENAS qu’on appliqua au Québec mes amis... avant hier! Pas vieux du tout dans l’histoire. PP. Police politique qui couchait avec Duplessis et qui continue de coucher presaque toujours avec les gouvernements qui suivent.
C'est pas parce que tu es du mauvais bord que tu es obligé de manger de la "merde". On oublie trop souvent qu'être riche est un privilège et il y a actuellement beaucoup trop de riches quand on considère les milliards de pauvres dans le monde, dont des enfants qui par milliers meurent de faim. Ça me fait penser à mon grand-père qui était toujours surpris de faire un gros salaire. Après la guerre il avait vu arriver les syndicats et monter son salaire et surprise, pour faire la même job, il a pu avoir l'argent pour se construire une maison. Avant, il n'avait jamais pu. Le système économique nous avantageait! Or, la terre est faite pour tout le monde avec un devoir de partage. Ce que les riches ignorent. Trop de riches mes amis. Je me souviens des Noëls où j'ai donné des gros cadeaux à mes enfants. Souvent, à ma surprise, ils jouaient davantage avec les boîtes des carton tout indiquées pour susciter leur créativité que le cadeau "glamour" que ne les rendait que de vulgaires consommateurs ou consuméristes. J'ai beaucoup travaillé avec les pauvres. Je me suis toujours organisé pour qu'on leur serve des repas genre "Ritz". C'est-tu clair? Actuellement, des étudiant(e)s de McGill ont un restaurant qu'ils font fonctionner avec les nourritures rejetées par les hôtels de Montréal et des restaurants huppés. Vous devriez y aller manger. On y mange très bien. Une société de "maudits cochons", c'est simple, qui me révolte! Première réaction avec les Syriens, on ne voulait pas les avoir. Ils s'en venaient nous prendre nos jobs. Bandes d'ignorants. C'est ne pas connaître beaucoup sa géographie et la planète. Non, au Québec, on devient de plus en plus ignorants, prétentieux et pingres. Petit mot de la fin. Saviez-vous que les gens généreux ont une vie plus longue et surtout plus heureuse. Car, être généreux, c'est être plus épanoui. Donc, donnons, ça nous décrotte le nez et ça nous fait mieux respirer. Et pour finir. Pourquoi ne nous donnerions-nous pas la peine de faire un acte gratuit. Entrer au Tim avec un itinérant? Vous avez pas essayé? Ça risque de vous déniaiser. Ma dernière expérience? Avec un "esquimaud" à Montréal. Sentait la tonne. Avait seulement besoin qu'on l'écoute, ce que j'ai fait pendant un quart d'heure. Le tout s'est terminé par un "take care brother" et un "hug" carabiné. C'est vrai que j'ai fait dix ans de bénévolat en prison. Les plus grands voleurs? Les banques! Et on le liche le cul en bourrant nos cartes de crédit et en payant les intérêts. Un beau monde! Hein!
Mais, mon école et mon collège St-Laurent ne tombèrent pas dans le piège d'essayer de nous cacher des chose. L’esprit y était très ouvert, mais très discret, "pour ne pas se faire taper sur les doigts", comme on disait. M. Henri Gratton, 7e année à St-Gérard, me disait, au primaire; « Mon Richard, tu es un homme libre. Le bon Dieu t’a fait ainsi et même si le pape t’ordonnait de faire telle chose et que ton intelligence te dit de faire le contraire, tu as le devoir de suivre ton intelligence. Tu es un homme libre Richard! » C’était assez clair, n’est-ce pas? Oui, ce monsieur Gratton me marqua pour la vie. Il devint pour moi comme cette ligne qui divise la terre en deux, D’ailleurs, à l’école, comme professeur. je m’étais échappé à propos de cette liberté. « Une petite question Monsieur! » Est-ce que se masturber est moral? » Je lui répondis à la Jésuite : qu’est-ce que tu en penses mon enfant? Heu!!!!!! Je ne le sais pas, me dit-il. Et finalement, voyant son hésitation, je lui demandai dret là : « Est-ce que ça te fait du bien? » « Ah oui monsieur! » Tout le monde éclata de rire. Je lui répliquai: « Alors, c’est moral si tu le fais dans le respect de ta personne et des autres. » J’eus l’impression que je venais de dire quelque chose d’important, car les yeux de tout le monde s’écarquillèrent comme de vrais poissons. Ça ne prit pas de temps que mon patron, intelligent, me fit venir. Il me demanda seulement un peu de discrétion. Il fallait. pour sa part, qu’il soit prudent, car il s'adressait à un jeune moraliste. Moraliste au moins un peu. Prof. de moral. C’est la base de la morale, se faire du bien dans le respect de soi et des autres. Et vlan!
Je pense surtout que lorsque les choses vont mal, il faut faire l'effort de s'éloigner énergiquement de tout ce qui peut ressembler à du négatif. Avec le suicide, par exemple, j'ai du faire des "deals" assez souvent. J'étais très près de Raymond (mon psy.) à cause de ça. Raymond et moi étions amis depuis 40 ans. Il me connaissait sous toutes mes coutures.


"Tiens-toi loin de ça Richard!" Me disait-il. Je l'écoutais parfaitement, car je devais surtout être efficace dans mes interventions. Je n'avais donc pas le temps de me faire distraire par du négatif et Raymond à qui je disais tout comme à un confesseur corrigeait la "barre" si je divaguais. Il me connaissait très bien! Donc, se tenir loin de tout ce qui est "plaignages". Ça va mal! Et les handicaps de toutes sortes que le monde peut avoir ou aime avoir. Des plaignages peuvent nous empoisonner la vie. Se méfier des amis dangereux malgré eux! Voir tout en POSITIF, POSITIF, POSITIF. Mon truc à l'époque était d'aller voir des films ou je pouvais rire aux larmes et pleurer, presque crier. Une véritable thérapie. C'était une obligation morale incontournable le dimanche soir à l'Outremont, Ouimetoscope, Élisée, Avenue du parc. On fait sa vie. Y faut y croire. On doit aussi se manipuler, parfois comme un enfant. Un bonbon nous attire, on saute dessus. On doit tenir à toujours être le maître de sa destinée. Malheur à nous si on fait autrement. Il faut utiliser des ruses avec soi-même. Ne pas se laisser berner. Bien sûr, que ce que je dis, c'est pour moi, c'est pas pour le voisin. Chacun sa technique. Et la lecture! Quand je lis, je ne suis plus là. Je suis dans le livre. Un coup de pied au "cul", je vais marcher dehors. La Grande Ourse, je l'embrasse, elle me surveille. C'est ma première blonde qui est là. Non, non, non, ne pas se laisser aller. On doit à tout prix être le capitaine de son bateau et ne laisser personne prendre notre place ni les événements non plus. C'est moi le patron, ce n’est pas le voisin. Qu'il pense ce qu'il veut. J'ai eu l'immense honneur d'avoir l'amour de beaucoup de monde, votre aide et tout et tout dans ce Réseau adoré. Je ne dois pas le gâcher. On apprend tous les jours. Donc, on fait des gaffes tous les jours...et des bons coups. Pas de gaffes, pas d'expérience, on n'apprend rien. Beige pour la vie! Oui, on court pour se faire aimer. Faut en être conscient pour ne pas courir pour rien. Voilà, c'était un bout de chemin. Toujours se réserver des bornes d'urgence. Un ami chaleureux, une activité qui me sort de moi. Y faut pas se laisser faire, quoi! Avoir l'esprit critique, être aux aguets. S'autocritiquer sans limites. "Est-ce que j'ai eu de l'allure dans telles circonstances?' Quels étaient ceux qui étaient pour moi et ceux qui étaient contre moi. Savoir découvrir les vraies intentions des gens. Leur agir nous parle plus fort que leurs plus belles paroles. Ne jamais être naïf. Ce n'est surtout pas un signe d'intelligence que de l'être. Se comporter toujours comme en pays ennemi! Presque. Comme le capitaine de bateau de guerre. Savoir reconnaître ses amis de ses ennemis ou si-non, on se fait couler. Savoir ne jamais exposer son jeu comme au poker. Tu révèles ton jeu, tu es fini, tu n'as plus rien à négocier, surtout avec les patrons. Être doux comme un mouton, rusé comme un renard et féroce comme un lion. Il faut être les trois. Ne pas oublier que ce n'est pas la dépresse qui surtout apporte le suicide. Ce sont surtout les fausses conceptions que nous avons de la vie et si on ne se réveille pas, on tourne en rond.
Jamais je n'ai eu de toute ma vie un agenda à l'école. Je pense que les gens font ça avec les enfants pour se donner bonne conscience. Jamais personne ne m'a dit que je devais faire ceci ou cela. Je pense que l'exemple des adultes signifiants pour moi m'a été suffisant. Un détail différent, j'ai eu le même professeur toute l'année à aller jusqu'en 9e primaire ou 2e secondaire. Il me semble que ça nous faisait encore une vie plus stable sans agenda. J'avais d'ailleurs déjà plein de modèles dans ma tête sans que personne m'en ait parlé. Je ne veux vendre aucune salade. Je ne suis pas un enfant de Summerhill ou je ne sais quoi. Je suis un enfant de Youville, le quartier et fier de l'être.

Aujourd'hui, malheureusement, tout a changé.

Ma grand-mère n'avait jamais élevé d'enfant. Elle avait toujours eu des nounous. Elle décida donc que l'oncle Gabriel serait ma nounou. Personne n'aura eu une nounou aussi douce que celui que j'ai (un peu plus plus tard!). Gabriel. L'archange? Presque. Ma mère me manquait mais j'étais plus vieux. Mais à partir de 16 ans, elle venait me voir tous les dimanches au collège. Cette chère maman qui avait ce « petit » en plus. Ce ne fut pas long cependant que j'ai pris les petits en charge pour la dépanner.
MON BATEAU
Le premier bateau sur lequel j’ai travaillé comme marin à 16 ans fut le Edward Cornwalis qui me faisait peur tellement il avait l’air d’une coquille que seule la peinture gardait à flot. On n’avait pas prévu que mes deux parents décéderaient le même été. C’est l’appréhension de mon nouveau capitaine du N. B. McClean qui me convainquit de rester à terre. Je lui en suis totalement reconnaissant, car mes deux parents devaient mourir, ma mère, le 17 juillet, et mon père, le 8 août. Ça ne s’oublie jamais.Ce fut une période difficile. Risquez d'être au Pôle Nord à leurs décès. Perte de ma maison. Le retour au collège que j'aimais bien fut une grande consolation. Les bons pères me prirent en charge pas à peu près. Je fis, en plus, un coma de 2 jours en arrivant. Décidément, les planètes n'étaient pas tout à fait enlignées en ma faveur, mais ce ne fut que passager. Et sur le bateau, ce n'était que des Anglais qui sacraient comme des déchaînés. Soi-disant des étudiants de Mc-Gill. Ça leur faisait toute une "jambe". On me transféra vite de bateau et tout alla mieux. Les Anglais étaient "chez eux" au Canada et nous, non.

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Une coquille que seule la peinture gardait à flot!

Le Cornwalis, une vieille coquille de la marine marchande du Canada. Je trouvais sincèrement, que l’épaisseur de peinture suffisait à le garder à flot, car la coque était tellement rouillée, que je ne lui faisait pas trop confiance. J’avais toujours peur qu’il ne coule pour un rien. La chance était vraiment de mon côté, car, le départ était toujours retardé due à des incidents de toutes sortes dont le feu qui détruisit en bonne partie le C.D. HOWE à l’époque. Ceci me permit donc d’avoir un salaire tout en me permettant de rester au port et de rentrer à la maison pour voir ma grand-mère, car personne ne me parlait de rien. J’étais comme seul, isolé sur mon épave et j’étais assez intelligent pour réaliser que les choses ne s’amélioraient pas du tout, qu’au contraire, la santé de ma grand-mère diminuait de jour en jour. J'avais 16 ans et je trouve maintenant, qu'on m'en demandait pas mal pour mon âge. On me fit comprendre plus tard, qu’on ne voulait me parler de rien pour ne pas que j’aie de la peine. Les adultes qui m’entouraient ne voulaient pas que je vois ma grand-mère morte. Un raisonnement, très sincèrement, que je n’ai jamais compris. Après avoir été changé de bateau, sur le N.B. McClean, qui avait, entre autres, un équipage complet qui parlait français, je pris mon courage à deux mains pour aller parler au capitaine et l’informer de ma situation très délicate. J’avais peur de ne plus revoir ma grand-mère si je partais pour le Pôle-Nord. Je savais que c’était délicat, car j’avais obtenu ce travail par l’entremise du ministre Pinard, responsable du transport au Canada. C’était un ami de la famille. Mais le capitaine à qui je parlai, comprit tout de suite la gravité de la situation et m’invita à quitter le bateau et mon emploi au moment qui me conviendrait. Je décidai de quitter sur-le-champ, inquiet que j’étais de ne pas être présent à la mort de ma grand-mère. Le lendemain, tante Pauline vint m’avertir que ma grand-mère n’en n’avait pour à peine un ou deux jours encore à vivre. Ceci me rassura, enfin, je pouvais me faire une idée des événements qui s’annonçaient.


MES GRANDS PARENTS


Je ne dois pas minimiser ma grand-mère qui était une femme "frustrée" peut-être mais qui sut me donner un foule de conseils dont certains me servent encore aujourd'hui. Elle avait été femme d'affaires et avait plutôt les pieds bien à terre. Je me suis souvent assis à côté d'elle, sur son lit de mort et combien de conseils judicieux elle m'a donnés. C'était toujours court mais précis.

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 Ma mère adoptive sur son lit de mort. Remarquez sa sacoche

tout près, à sa gauche. Toute la comptabilité s'y trouvait. Et

remarquez sa fierté dans son regard. Elle était fière de moi, de

son p'tit fils qu'elle adorait.

Je ne dois pas minimiser que ma grand-mère qui était une femme "frustrée" peut-être mais qui sut me donner un foule de conseils dont certains me servent encore aujourd'hui. Elle avait été femme d'affaires et avait plutôt les pieds bien à terre. Elle avait aussi été responsable d'un bureau de notaires de Sherbrooke. Elle connaissait d'ailleurs son code civil, par cœur. Elle avait aussi une très belle voix d'opéra et touchait le piano admirablement bien. Je me suis souvent assis à côté d'elle, sur son lit de mort et combien de conseils judicieux elle m'a donnés. C'était toujours court mais précis.

Mes parents adoptifs décédés, j'ai trouvé ça dur mais j'ai découvert un avantage incontournable. J'étais devenu mon propre chef et j'en étais fier. Ça me rappelait les "dires" de mon prof. Gratton, sur ma liberté. N'oublie pas que tu es ton propre chef Richard! Ça me restera toute la vie. J'ai respecté ma promesse de consacrer l'argent qu'on m'avait donné que pour les études. De ne pas m'engager maritalement sans avoir la formation suffisante pour faire vivre mon monde. Ce fut respecté. Je pense donc que le contenant solide reçu de mon grand-père et le contenu solide de ma grand-mère et des gens de mon quartier ont fait de moi un homme fier de l'être. Avec des handicaps moyens. Oui, je le sais. J'ai du composer avec eux et je continue. Ma vie a été belle et dure parfois mais, c'est la vie!En résumé, je pense qu'on n'est pas obligé de demander des choses d'adulte à un enfant. Il faut profondément croire en sa nature. Il risque de le savoir plus que nous autres. Un exemple flagrant. À trois ans, je ne savais pas du tout qui était mon père. Mais, voilà-tu pas que la maison s'est rempli de monde qui revenait de la guerre et que mon père s'y trouvait. Jamais on ne m'avait parlé de mon père. Jamais. Et pourtant, cette nuit là, ma nature m'a indiqué qui il était et somnambule, je dormais et je suis allé me coucher de tout mon long sur mon père, joue contre joue. Il s'éveilla en sursaut et me donna l'ordre de retourner me coucher dans mon lit. Ma nature m'avait fait faire le contact physique nécessaire à tout enfant. J'avais donc une nature solide. Oui, la nature d'un enfant le guide vers ses besoins. Faut-il au moins ne pas lui nuire. C'est humblement mon histoire et l'histoire de ma nature! Laissez donc les enfants vivre leur enfance. On est un monde adulte tellement névrosé qu'on en rend malades nos enfants qui justement ne peuvent plus être des enfants.Un enfant du Quartier Youville!

 


UNE ÉDUCATION

Oui, à l’origine, je fus un genre de petit « étalon » qu’on doit maîtriser et j’aimai beaucoup ça, surtout au collège. Car, impossible d’être un homme si on ne se contient pas. Dans le fond, nous sommes comme cette carriole tirée par deux cheveux. L’un s’appelle RAISON et l’autre cheval s’appelle ÉMOTIONS et c’est l’équilibre des deux qui produit un être heureux. (On enseignait ça au RÉSEAU D’ENTRAIDE en prévention suicide. J’ai toujours aimé cette image extraordinaire décrivant ce qu’est un être civilisé. À la fin de ma carrière, j’ai eu affaire à un père Syrien. Vous auriez dû voir la pièce d’homme. Son garçon, présent, était d’un respect sans fin pour son père et son père, d’un amour inconditionnel pour son gars. Il lui avait inculqué profondément à être un homme respectueux des autres et de lui même. Voilà ce qu’est un homme; quelqu’un qui a du contenu et du contenant. Impossible l’un sans l’autre. Impossible l’émotion sans le rationnel et le rationnel sans les émotions. L’équilibre des deux fait un être humain fort et épanoui.C’est sans doute ce qui m’a toujours attiré dans ce qu’on appelait dans le temps, la discipline. Je pense aussi tendrement à cette sculpture formidable de Mme Huntington, qui a pour titre : « Taming the Wild! » Oui, maîtriser le « sauvage » en soi, devenir un être civilisé au contenu solide, car ayant du contenant. La base d'une éducation.

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 Maîtriser l’animal sauvage en soi. Ce fut

une partie importante de mon éducation.

Le cavalier, moi. Le cheval, mes émotions

à dompter. (Photo Richard Labelle d'une sculpture qui

me bouleverse l'âme à tout coup.)

Mon grand-père me l’enseigna sans utiliser de grandes paroles ni de grand discours. Ce fut l’exemple qui prévalut. 6 h 20 le matin, le cadran Big Ben, un bruit d’enfer, se faisait entendre. Je crus tout le temps que le quartier s'éveillait en même temps que mon grand-père qui s’éveillait pour aller travailler. Il quittait tout de suite son lit et se dirigeait vers la salle de bain dans le plus simple appareil. Oui, il y avait une fidélité au temps dans cette maison. De la discipline. Pas imposée par une torture, mais par l’exemple. J’avais l’impression, qu’au loin, un gros ours se dirigeait sur moi, gros poilu noir qui dégageait déjà sa bonté habituelle de tous les jours. On demande à une personne d’être fidèle, on oublie totalement qu’il y a une foule de fidélités à avoir dans la vie, pas seulement le sexe. C’est ridicule! Donc, au loin, je n’y voyais que du poil et cette figure calme et souriante qu'il fut ainsi tout le temps. Jamais de mauvaise humeur. C’était quasi le lever en chantant. Mon grand-père ne connaissait pas la maladie. Ça m’impressionnait beaucoup. Cette régularité, cette fidélité, cette efficacité. Il me parlait plus fort par ses exemples que par les plus belles paroles. Mon grand-père fut, alors que j'étais enfant, totalement fidèle à répondre à toutes les questions que je lui posai. J'avais des pourquois pour tout. Mon grand-papa, épuisé sans doute, continuais à répondre même s'il ne se souvenait tout à fait de la question. Nous prenions aussi, ensemble, de longues marches qui n'en finissaient. J'aimais beaucoup marcher et me donnai des objectifs qui devenaient de plus en plus ambitieux. Une fois, nous avions marché jusqu'au boulevard Gouin, ce qui était passablement loin de notre maison. Mon grand-papa tenu le coup. Parfois, il me mettait la main sur la tête et disait : » fais ton possible mon pit! » Ce furent les seules paroles que j’entendis de lui, mais elles ne furent jamais banales pour moi. Sans m’en rendre compte, on me dressait un contenant. En d’autres mots, savoir se tenir et se contenir. Avoir du nerf!


Chapitre XI

UN BRIN DE VIE


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MA GRAND-MÈRE ET MON GRAND-PÈRE


Un indice me fait soupçonner que les services sociaux eux-mêmes étaient très hésitants que je sois hébergé dans la même famille que ma mère. On m’a dit que c’est une chose qui ne se faisait pas dans le temps. Le délai énorme entre mon admission à la maison, mois de mai 1940 et la date officielle de mon adoption, le 4 septembre 1946, me révèle que les services sociaux se posaient des questions quant à mon sort.  Je me souviens que je m’ennuyais, que je déprimais même. J’attendais toujours l’arrivée de ma mère. Beaucoup plus tard, comme intervenant, je découvris que les enfants dépressifs, au primaire, étaient souvent de ces enfants de mères dépressives. Je fus ému de la découverte et tout heureux de pouvoir offrir mes services à ces enfants qui vivaient la même chose que j’avais vécue dans mon enfance. Dans le fond, ce que je vivais, ce n’était pas drôle du tout.  Je me souviens vaguement de l’intervention des services sociaux pour que j’aie un lit à moi dans la maison. La grand-mère qui calculait toujours ses sous, ce que je n’ai jamais compris, me soulignait souvent la dépense qu’elle avait dû faire. On m’avait vraiment adopté par obligation. J'avais bien raison d'avoir peur de ma grand-mère, car elle avait provoqué ma mère, le tout qui s'était terminé dans un quasi-bain de sang. Tout cela, pour démolir ma pauvre mère qui en fut marquée à vie. On m’avait donc vraiment adopté par obligation.  Oui, sans savoir vraiment que c’était ma soeur Claire qui était ma mère. J’y étais beaucoup attachée. J’ai appris à prendre « mon trou » comme on dit et j’étais devenu très prudent, car je constatais que mon oncle Gabriel avait été retenu à la maison pour devenir « la servante » de sa mère, ma grand-mère.  Vous vous imaginez, on le faisait passer pour fou après avoir, soi-disant, eu un accident d’auto ou il aurait été « sonné » brutalement. Un frontal peut-être, disait-on. Ma théorie personnelle est, je pense, beaucoup plus réaliste.  Mon oncle Gabriel aurait fait le fou pour éviter d’être placé à l’orphelinat, car il venait de perdre son père et la grand-mère avait décidé de placer tous ses garçons à l’orphelinat afin de continuer à faire rouler le commerce. Gabriel avait alors 14 ans, âge d’aller travailler dans le temps.  J’ai toujours soupçonné que Marcel, son second gars à ma grand-mère, se serait suicidé à l’âge de 15 ans. Il avait 11 ans quand il est entré à l’orphelinat les Buissonnets (soi-disant un orphelinat pour délinquants) à Montréal (sur le terrain de ce qui est maintenant, la Place des Arts.) Il s’ennuyait beaucoup, j’imagine. J’aimerais bien avoir accès au dossier le concernant, mais les événements remontent en 1926.  Ma grand-mère avait pourtant une servante à la maison qui fut ma propre grand-mère Labelle, née Dubreuil. Je ne l’ai jamais connue cette grand-mère propre. On m’a dit qu’elle était très bonne et très douce, mais jamais satisfaite de son sort avec son mari, mon grand-père Joseph-Henri. Elle est morte de tuberculose, une maladie commune dans le temps.  Mon grand-père enterra donc le même jour, sa femme et son p’tit gars André. D’autre part, ma propre mère m’a laissé entendre que la grand-mère était violente avec ses gars, qu’elle les battait et je le crois. Confirmée par ma mère et par ma cousine Gertrude, ma grand-mère battait son plus jeune, Charles, mon père, à coups de bâtons (13/01/2015). J’ai eu bien raison d’attendre patiemment que les événements me soient révélés au rythme des personnes qui voulaient bien m’en parler pour m'aider à compléter ma généalogie.  Ma grand-mère fut aussi parfois violente avec moi ce qui m'amena à être très prudent.  Je remercie le Bon Dieu d’avoir été assez intelligent et perspicace pour savoir que mon sort dépendait de ma prudence. Pour moi, la grand-mère, c’était la terreur.   J’eus, malgré tout, de bons moments avec elle.  C’était une femme frustrée d’avoir été enrôlée dans un mariage forcé avec un veuf, fils de médecin. Dans le temps, on ne disait pas non à un fils de médecin.  Les curés, elle ne les aimait pas non plus. Son mari, mon grand-père Frégeau, lui fit 7 enfants d’affilée et décéda, alors que le septième n’était pas encore né. Elle avait de quoi à avoir son « voyage », cette grand-mère! Et dans le temps, en plus, la femme ne pesait pas fort dans la balance. Vous vous imaginez, c’était un péché mortel que de refuser ses services sexuels au mari. Une véritable déchéance religieuse. Les évêques du temps sont à blâmer gravement ainsi que tout le système religieux avec. Des fous!  Maintenant, ils ramassent la graine de la colère qu’ils ont semée.  Je souhaite que tout cela disparaisse, ça n’a plus de raison d’exister. Les porteurs du message ont été de parfaits incompétents sauf quelques-uns.  Et le grand-père de son côté avait des problèmes.  C’était un chaud lapin et je soupçonne qu’il courrait parfois la galipote et peut-être plus. Ma grand-mère n’était pas encore morte qu’il y avait une nouvelle femme dans la maison. Il a été jusqu’à me dire que ce serait ma nouvelle mère. Je ne la trouvai pas drôle du tout, mais ma tante Pauline, qui avait pas mal d’autorité, l’avait sermonné.  Donc, je venais de comprendre que ma grand-mère disparue, je tomberais en de très mauvaises mains, une nouvelle belle-mère et que ma vie était sans doute finie.   C’est assez surprenant, mais je pensai tout de suite au suicide comme solution.  C’était la seule porte de sortie qui me restait, mais le destin arrange parfois les choses. Mon grand-père décéda trois semaines plus tard, le 8 août, après avoir passé trois semaines à pleurer toutes les nuits la mort de sa femme. On ne peut absolument pas dire qu'il n'aimait pas sa femme. Il lui avait construit un château de toute beauté à Montréal, mais elle ne fut jamais satisfaite. Après ces trois semaines dramatiques, après souper, alors qu'il rendait visite à un locataire, il s'écrasa, mort de peine. Cette grand-mère n'avait jamais compris la façon d'aimer de mon grand-père qui pourtant lui aurait décroché la lune pour lui faire plaisir.   Ce fut malgré tout une véritable délivrance pour moi, car je sentais bien que mon grand-père n'avait pas du tout les mêmes vus que moi concernant mon avenir. Je pense sincèrement que dans sa bonté, dépassé vraiment par les événements, mon grand-père avait tout simplement décidé de tirer sa révérence ayant la crainte d'être torturé par une autre situation qui s'annonçait devoir être encore plus compliquée. Donc, j'allais hériter et me rapprocherais de ma mère. Du côté de ma mère, ce n’était pas au beau fixe non plus. J’ai toujours été convaincu que, sous l'influence de mon beau-père, mon argent l’intéressait plus que ma propre personne.  L'argent, l'argent, l'argent, ce que ça peut avoir comme effet sur les gens.Elle avait pourtant hérité elle aussi. Mais le beau-père dilapida très rapidement son héritage. Elle se retrouva sans le sou et dépendante d’un gars saoul pas fiable du tout et menteur comme ça ne se peut pas, comme tous les gars saouls peuvent l’être d'ailleurs.


Finalement, je fus élevé comme si j'avais été plus enrôlé pour m'occuper des autres plutôt que les autres s'occuper de moi. Je fus donc un genre de petit homme raisonnable avant son temps. La grand-mère, même si je me méfiais d'elle, finissait toujours par me faire entendre ses longues plaintes sur la vie. Pris avec sans mari, veuve, avec sept enfants dont le dernier vint au monde sans père, celui-ci étant déjà mort. Oui, un genre de petit homme très raisonnable, adulte avant son temps.  mar@@@@@@@@@@@@@

 


MA NAISSANCE


On a écrit sur mon acte de naissance, de parents inconnus. La personne des services sociaux qui a écrit brièvement mon histoire l’a fait à la main, par respect pour moi, j'en suis sûr. Ma première mère a donc été mon Québec qui s’est transformé en mère pour m’accueillir. Je n’avais pas de parents. Ho!  que si!  Ma province, ma mère! C’est elle qui a commencé à s’occuper de moi. J’ai le sens de l’État depuis longtemps. Je l’ai toujours eu, car je sentais comme cette ombre qui me cherchait pour me protéger. Je vins au monde d’une fille mère, fin 1939. On venait tout juste de découvrir qu’elle était enceinte, la pauvre. C’est à la rentrée scolaire de septembre 39 que le médecin de l’école St-Vincent-Ferrier découvrit que ma mère m’attendait. Rien n’y paraissait ou si peu. Toute sa vie ma mère fut discrète. Elle l'a été avant ma naissance sans doute terrifiée par l'échéance qui s'annonçait. Ça vient sans doute d’elle, mon attitude d’être secret, parfois.  On ne voulait pas qu’elle prenne trop de place.  Vous vous imaginez, une fille mère dans le temps.  C’était une moins que rien.  Pour se défendre, elle était restée "p’tite fille". 


Elle eut certaines bonnes amies.  Je me souviens en particulier de Lucille Beaudoin dont la mère travaillait pour la Canada Steamship Line. Un jour, Lucille décéda, elle avait la tuberculose.  Je ne serais pas surpris de découvrir que ma mère l’avait aussi. Elle avait du prendre un long repos. Une autre bonne amie pour ma mère fut une voisine de la rue Casgrain, Claire Chassé. Très bonne, elle fut pour ma mère d'un soutien indéfectible.
 Sitôt né à l’hôpital Ste-Mary’s, endroit qui fut sans doute choisi par ma tante Pauline qui a toujours joué un rôle pour me protéger, car c’était un endroit plus discret, je fus dès le lendemain transféré à la crèche d’Youville  ou l’on me baptisa, né de père et de mère inconnus.  Même si ma grand-mère payait pour me garder à la crèche, il ne faut pas oublier non plus que j’étais sous la protection des services sociaux de Montréal.  Ma grand-mère payait pour ne pas que je sois soumis à l’adoption. Je fus simplement un pensionnaire à la crèche tenue par les Sœurs grises de Montréal, communauté que ma grand-mère haïssait au plus haut point. On devinera que l'antagonisme de la grand-mère tournait autour de l'argent qu'elle devait payer pour moi à la crèche.  


Dans le temps, les hommes avaient le beau rôle. Comme Claire Labelle, fille de Joseph-Henri Labelle, époux en seconde noce de Mme Frégeau avait été mise enceinte par Charles-Eugène Frégeau, fils de ma grand-mère Mme Frégeau, il fut convenu que mes grands-parents m’adopteraient pour, j’imagine, sauver l’honneur de part et d’autre. La pauvre grand-mère n’était plus jeune (53 ans environ) ni mon grand-père (45 ans environ), ils furent souvent éprouvés par un enfant qui était rapide comme une anguille.  J’étais curieux, très curieux me dit-on et je déplaçais de l’air, pas mal.  Mais, curieusement, j’ai eu des enfants moi-même sur le tard et je ne trouvai ça pas si mal.  Il est certain que plus on prend de l’âge plus on est inquiet pour ses enfants. On tâche d’arranger les choses pour qu’ils soient en sécurité. Or l’âge devient un handicap, car on ne peut vivre aussi longtemps que de jeunes parents pour aider nos enfants.


 
UN MONDE PARFOIS TERRIFIANT
 
Je ne peux décrire parfaitement ce qui se passait dans mon entourage, car j’ai des souvenirs par bribes. L’ambiance familiale n’était pas au mieux, c'est certain. Il y avait souvent des chicanes me concernant et, à vrai dire, je ne me sentais pas du tout le bienvenu dans cette famille. La mère de ma grande cousine se demandait même comment, moi enfant, je pouvais vivre dans un tel contexte. « Pauvre enfant » disait-elle, « pas de maman, pas de papa. C'est pas une vie! » Gertrude m'a rajouté que j'étais aussi, vraiment, le petit préféré de sa mère. Elle m'a rajouté qu'elle en était presque jalouse. Lorsqu'on annonçais ma visite, tout de suite Henriette (la sœur de mon grand-père Labelle, Henri) se mettait au travail pour me faire des bonnes tartes aux pommes cuites, comme je les aimais, au four à bois. Tout se faisait au four à bois, dans cet endroit, à la campagne, à Fulford plus précisément. (Confirmé par ma grande cousine, Gertrude.) Je me suis aussi souvent demandé, des années plus tard, comment les autorités avaient pu accepter mon adoption. Il y a quelques semaines, ma bonne vieille tante Gertrude, 90 ans, une copie conforme de ma mère, me confirma ce qu’elle n’avait jamais osé faire avant. Elle m’a dit simplement, « Richard, chez nous, nous étions scandalisés de voir comment les Labelle t’ont reçu comme enfant adopté dans leur famille. » J’ai attendu vingt ans, comme généalogiste, pour avoir cette confidence. Je voulais savoir, mais je sentais un malaise terrible chez Gertrude. « Ha, t’es fatigant avec ta généalogie! »  C’est donc qu’elle avait quelque chose à cacher, me disais-je. On agissait, continua Gertrude, comme si on avait souhaité ta disparition. Tu étais régulièrement dépressif, car tu manquais ta mère Claire et tout à coup, tu reprenais du mieux quand ta mère revenait. Ta mère elle-même n’en menait pas large. Elle n’avait plus de santé. En fait, elle fut martyrisée pendant des années. Des attaques sournoises de la belle-mère, ma grand-mère qu’on appelait Marguerite, sur toujours le même thème comme de quoi, c’était de sa faute, à ma mère, si Charles, mon père, lui avait fait un petit.  Pourtant, le Dr Cadieux avait chicané mes grands-parents pour avoir laissé deux adolescents, seuls, à la maison. Il les avait carrément traités d’immatures. Pas rien n’est-ce pas. Ma mère, qui manquait beaucoup d’affection, terriblement et un beau gars, en pleine forme. La situation dégénéra tout naturellement. Dans l’enseignement, je découvris bien vite que les petits enfants qui étaient dépressifs à l’école avaient tout simplement une mère qui était dépressive aussi et donc, il fallait soigner les deux. Cette observation me ramena à moi. J’en fus bouleversé et j’en parlai à tous les membres du comité dont je faisais partie. La prévention du suicide m’a appris beaucoup de choses sur mon propre vécu. À sept ans, je priais le p’tit Jésus de venir me chercher, trouvant que le ciel avait l’air bien plus beau que la terre. Je ressentis particulièrement cela au moment d’un défilé religieux qui transportait la vierge comme sur un nuage au moment du Congrès eucharistique de Montréal de 1947 au collège André Grasset de Montréal. C’était l’été, j’avais donc 7 ans et avait été officiellement adopté un an plus tôt, le 4 septembre 1946, jugement de la cour de Montréal, no. 840.  Le sommet des accrochages eut lieu sans doute un an avant à peu près. C’était sûrement un samedi, car le grand-père était à la maison et ma tante Pauline aussi. Tout ce dont je me souviens, c’est qu’il y avait beaucoup de sang et que mon grand-père avait une chaîne dans les mains, il voulait battre ma mère j'imagine.  L’accrochage ne dura qu’un instant, car ma tante Pauline, costaude, avait arrêté l’affrontement. Après,  je me souviens qu’elle était à enlever des morceaux de vitre sur la tête de la grand-mère. On avait sans doute encore sournoisement attaqué ma mère qui, prise de court, décida de se défendre énergiquement. Je m’étais réfugié sous la table de cuisine, mais je ne me souviens pas si on me donna des coups pendant cet événement ou pas, mais il est certain qu’on ne voulait pas me voir.  La grand-mère, alors qu’elle habitait Verdun, avait une réputation d’être une batteuse d’enfant. À chaque fois que je montrais des photos d’elle à mon oncle Camille, pris de frayeur, il sursautait et chaque fois qu’il me voyait, il avait la larme à l’œil, car en fait, j’étais le premier enfant de son p’tit frère préféré, Charles. Mon grand-père était malheureusement mal placé. Il ne parlait que rarement, obéissant à la grand-mère. D’autant plus que c’était un curieux de mariage, car, j’ai appris, des années plus tard qu’il avait marié ma grand-mère pour pouvoir, par la suite, mettre la main sur ma tante Pauline. Un chaud lapin, quoi! Il n’était pas seul dans le temps, soyez assurés. Mais tout cela était caché. Un vrai monde de cachettes comme aujourd’hui, j’imagine. Un monde révoltant de privilèges pour les hommes.  Mon grand-père comprit vite à qui il avait affaire et que son projet était voué à l'échec, car Pauline déménagea peu de temps après afin de prendre ses distances. Je me souviens de son déménagement comme d’hier. D’ailleurs, pour vous remettre dans l’atmosphère, ma grand-mère n’était pas déjà morte, que deux jours avant sa mort, mon grand-père avait déjà fait entrer une nouvelle femme dans la maison. Pour moi, ce fut la panique. Mais ma tante Pauline, forte et déterminée, corrigea les choses d’une façon très énergique. Le grand-père ne pouvait se passer d’avoir une femme auprès de lui. À un autre moment, c'est ma grand-mère qui me fit comprendre avec un air très autoritaire que j’étais vivant à cause d’elle. J’avais eu la scarlatine et on avait dû me donner des antibiotiques pour me soigner. Le montant d’argent qu’elle avait payé, elle l’avait sur le cœur et me le fit sentir comme de quoi, si j’étais vivant, c’est parce qu’elle avait daigné, bien vouloir, m’acheter l’antibiotique en question. Joyeux, n’est-ce pas? Ma stratégie comme enfant, ce fut d’éviter tout affrontement et de me faire oublier le plus possible. Je me tenais donc avec des gens respectables du quartier qui m’enseignaient toutes sortes de choses intéressantes. C'est ainsi que j'évitais les "accrochages" inutiles.

C’est aussi le moment ou je commençai une belle collection de timbres. J'avais environ 10 ans. Comme j'étais dans un milieu d'adultes, bien certain que j'avais des préférences qui me plaçait en avance sur le développement de mes goûts, comparés aux autres enfants de mon âge. Je pouvais aussi jouer à la balle-molle des journées complètes. Un ingénieur de Canadair me montra aussi comment faire des modèles réduits d’avions. Je découvris aussi la lecture. Quelle passion! J’épluchai tous les Bob Morane, les Jules Verne, Heyerdal, celui qui avait fait la traversé du Pacifique sur un bateau de bambou. Je croyais parfaitement à sa théorie voulant que des peuples d’Amérique du Sud avaient carrément immigré sur des bateaux de bambou en traversant l’océan Pacifique. Je lisais aussi sur les grandes civilisations mayas, toltèques, aztèques, incas et les grosses têtes olmèques de pierre. J’ai même eu la chance, plus tard, de photographier la collection complète du grand musée d’archéologie de Mexico. Bon, plusieurs se chargèrent de m’éduquer sans qu’il n’en paraisse trop auprès de la grand-mère. Je me souviens aussi de Mme Piette, toute dévouée. Elle et d'autres dames furent les premières pionnières dans la fondation de l’UQÀM. Elle m’amena à la bibliothèque Shamrock, tout à-côté du marché Jean-Talon du temps, situé dans ce qu’on appelait dans le temps, le quartier des Italiens (1948)  Le marché de mon enfance, avec la bibliothèque, tout à côté. Un beau mélange. Et si le livre était trop « hot » les pompiers étaient au premier étage! Blague! Elle m’y fit m’inscrire et m’initia aux prêts de livres. Quelle découverte qui changea ma vie. Sans qu’il n’en paraisse trop aussi, le maître de chapelle de St-Alphonse, Monsieur Gratton, tout un homme. (N’oublie pas mon Richard que tu es ton seul maître! Même si le Pape t’interdit quelque chose et que ta conscience t’indique le contraire. Tu as le devoir d’écouter ta conscience. C’est St-Thomas d’Aquin qui le dit dans ses écrits théologiques.) Il m’invita à faire partie de la chorale. Quelle expérience pour le temps. Je faussais terriblement et je n’avais, pour tout dire, pas de voix. Je soupçonne que ce bon prof. adoré voulait tout simplement me faire sortir de chez moi le soir afin que e puisse m’aérer l’esprit un peu et apprendre auprès des autres. Je vivais tout simplement « encabané » comme dans un monastère et pire, chez moi, à la maison. Pensez-y dont. J’étais tout heureux de pouvoir faire cette activité de chorale les soirs, occasionnellement. Je fus quasiment adopté par le quartier qui me prit littéralement en charge. Certains avaient l’œil sur moi pour sans doute éviter qu’on me brusque. Tout le monde savait que j'étais le fils de Claire, la fille d'Henri. Mon grand-père ne l'a jamais caché. Seule ma grand-mère s'obstinait dans ses secrets dépassés. Donc, de tout le quartier, j'étais le seul à ne pas connaître ma mère.
 
Je fis mon premier grand voyage à St-Eustache avec M. et Mme Brunet. Nous avions mangé à l’hôtel. Quelle fête. Je n'avais jamais rien vu de tel. Un pâté au poulet. Au retour, malheureusement, nous avons eu un accident et j’ai été victime d’une petite commotion, mais tout se replaça rapidement. Mme Brunelle, tout attentionnée, fut inquiète pour moi et exigeait que je me présente chez elle tous les jours pour vérifier mon état. Elle faisait venir le docteur qu’elle payait.


LE RÔLE DE LA RADIO DANS MA VIE


Oui, je suis né avant la télévision et avant bien d'autre chose. Bouchard nous appelle même les mammouths laineux. Philomène n'existait pas sauf dans un dessin que l'on pouvait consulter sur La Patrie, journal de fin de semaine très prisé à l'époque. Le seul médium que je connaissais , tout petit, c'était la radio. Une toute petite radio blanche jaunie qui fonctionnait à lampes et semblait comme tout à fait indestructible. Quand on la changea pour une plus neuve, plus moderne disait-on, je ne le crus pas. Ma radio préférée fut toujours ma vieille radio, fidèle, pour me faire entendre tous mes programmes préférés. Je la "brassais" à l'occasion, question de lui brasser un peu les lampes et tout à coup, tout se remettait à fonctionner. Mon premier programme que j'écoutai avec rage si je puis dire fut tous les samedis après-midi, 13hs, le reportage en direct de l'opéra de New York. Je le pris comme une leçon qu'on me donnait de force. Tu dois écouter ça! Ma grand-mère aimait l'opéra et la chantait à l'occasion. Elle avait une très belle voix qui me transportait littéralement. Le passage que j'aimais le plus, Carmen: « L'amour est enfant de bohème, qui n'a jamais, jamais connu de loi. Et si tu m'aimes et si je t'aimes et si tu m'aimes prends garde à toi. L'amour est enfant dans bohème... » J'étais totalement transporté par cette musique sans vraiment en comprendre le sens complètement puisque j'étais enfant. Mais, je devinais qu'il y avait quelque chose d'assez fort derrière ces mots et ces notes. Donc, je vivais dans un quartier oû certaines personnes avaient à n'en pas douter de la culture. Ma grand-mère, elle-même pratiquait ses vocalises avec la voisine d'en face, chanteuse d'Opéra et ma grand-mêre qui avait été pendant des années choriste de l'Église Notre-Dame de Montréal. Ma chère, ma chère, ma chère, ça faisait de la culture dans la maison et pas seulement du fumier. Si ma grand-mère lisait ça, sûrement que je mangerait une petite tape derrière la tête. C'était aussi l'époque aussi où je lisais Jules Verne. Cette radio avait même survécu à l'immense choc d'une explosion provenant d'une fabrique de bombes à proximité de notre maison. Ma grand-mère qui nous avait cassé les oreilles à tous les jours en nous prédisant dans ses feuilles de thé une catastrophe apocalyptique oû toutes les bombes de la manufacture nous tomberait dessus. Ceci arriva, bien sûr. C'est évident qu'une usine de bombes finits toujours par sauter. Pour moi, enfant, ce fut un grandiose feu d'artifice oû tous les sifflements que vous pouvez imaginer se faisaient entendre sans compter, les super-bombes qui faisaient sauter des édifices complets. Le spectacle en valait la chandelle, je vous jure. On entendit une explosion sourde, épouvantable. La terre trembla. Et, tout à coup, on vit le feu apparaître dans toutes les fenêtres d'une immense édifice et tout à coup, cet immeuble se mit doucement à se disloquer de sa base et à monter doucement dans la airs ou subitement tous les murs qui la soutenaient s'ouvrirent pour faire paraître le feu qui habitait l'édifice au complet. Ce fut la quasi fin, si on puis dire, de ce feu d'artifice magnifique. Une dernière forte explosion fit finalement bondir mon petit radio blanc jaunâtre sur le blancher. Je le pensais mort, ce pauvre radio pour finalement réaliser avec ses grichements, ses crachats, ses hurlements, et ses sons tous déformés, qu'il était encore vivant. https://www.youtube.com/watch?v=36RjVOi32sA Vous vous souvenez du fameux programme d'Yvan L'Intrépide dont la musique thème était tirée des Valkéries de Richard Wagner. Tout ce qu'il fallait à un tout jeune comme moi, de partir en « voyage » dans un autre monde aux rêves multiples. C'est un programme que je n'aurais jamais manqué pour tout l'or du monde. Je n'habitais plus le 8517 Casgrain quand j'écoutais ce merveilleux programme d'aventure. Yvan L'Intrépide, je l'ai encore bien fixé dans mon coeur. Il m'a permis de survivre à bien des déboires. Avec lui, je quittais la terre pour partir dans une aventure sans fin.

LE RÔLE DU CINÉMA DANS MA VIE C'est vers 10 ans que j'eu l'immense privilège d'aller aux p'tites vues autant de fois que je voulais les fins de semaine. Cela se passait à la fameuse salle paroissiale de St-Alphonse-D'Youville. Une salle de toute beauté, digne des plus beaux cinéma avec tout l'équipement super moderne et les films 35mm qui venaient avec. Nous étions donc très gâtés. Jamais je n'aurais manqué une présentation. Donc, film le samedi matin, le samedi après-midi et le dimanche après-midi. Je devins un véritable enragé du cinéma et quel cinéma. Cinéma de peur et d'action surtout. Laurel et Hardy, Foumanchu, (Que j'ai dont eu peur avec ces films d'horreurs où l'ennemi de Foumanchu finit toujours dans le bassin aux alligators où il se fait dévorer de plus belle.) Roy Rogers. Mon cowboy préféré. Bref, ce fut le cinéma préféré de mon enfance ce qui me permit de vivre pendant des années sur un nuage de rêves. Ceci me sauva aussi la vie, que ce genre d'occupation à la bohême sur laquelle plus personne d'avait de contrôle. De toute façon, ma grand-même était toute heureuse de me donner les dix sous qui la libérait de ma bruyante présence. Quand j'étais aux « petites vues », je n'étais pas à la maison et c'était ainsi la paix gagnée pour tout le monde.
Bien certain, que ce ne fut que le début de mes activités comme cinéfiles. Les clubs d'activités cinématographiques allaient m'apprendre bien d'autres choses. C'est au collège que j'en découvrir les avantages. Je tombai, bien sûr, dans une catégorie de films de beaucoup plus de haut niveau. Ça ne m'empêcha pas non plus de m'attacher à certains films à l'eau de rose qui commençèrent à raviner mes débuts de l'adolescence. Je tombais, à l'époque, littéralement en amour avec certaines des actrices de ces aventures amoureuses. Ces années virent, bien certain, s'éveiller en moi les joies de l'amour. Mon monde se divisa carrément en deux catégories, les femmes, et beaucoup plus loin les hommes. Les femmes, pour leur beauté et les hommes pour leur courage. Les films de guerres ne me quittèrent cependant pas. J'ai encore, dans ma tête, un film d'une beauté incroyable avec une musique tout aussi incroyable. Cette musique me transporte encore aujourd'hui, me rappelant le courage de ma famille qui a fait les deux guerres mondiales. Quelle fierté je ressents. Ma papa, qui de retour du front, se tua accidentellement quelques mois plus tard à Dorval. Négligeance évidente des autorités. Mais allez dont vous battre contre la Reine sur un pareil sujet. Le juge décréta que la preuve concernant la dangerosité de la situation n'avait pas été suffisamment démontrée par la poursuite. Mon œil. Tous les journaux du temps avaient démontré hors de toute doute la négligence quasi criminelle de Trans Canada à l'époque.
Et je continuai à devenir de plus en plus passionné de cet art qu'était le cinéma. J'eus le plaisir de découvrir le cinéma français, italien, japonais, de toute beauté. Je sortis, complètement bouleversé par l'histoire d'un film japonais. Le jeune amoureux, qui avait résussi à se sauver de son camp de concentration pour tenter de rejoindre son amoureuse. Tout près de réaliser son rêve, il tomba à genoux en plein champ sous la force terrible d'un blizard qui le transforma en quasi en statue de sel. C'était un film en bleu et blanc. Ce qui lui donnait un ton d'une poésie sans pareille. J'ai pleuré toute la fin de la soirée. J'avais trouvé cela tellement beau. Le film se termina. Givrés, les bras du soldat étaient restés comme figés en direction de la place où résidait son amoureuse. Ce film m'habite souvent encore aujourd'hui.
Un autre film que je garde bien précieusement en moi. Le fameux film 1900, l'histoire de l'industrialisation de l'Italie illustrée par une panoplie des meilleurs acteurs, actrices du monde entier. Une véritable fresque historique que j'ai visionnéE plusieurs fois au même cinéma, l'Outremont.
Bien difficile de me rappeler tous ces films qui m'ont fait rire, pleurer, crier et sortir de moi-même. Le fameux cinéma américain oû les claquettes dominaient ne cessa jamais de m'attirer. J'avais, plus jeune, moi-même fait de la claquette. Quelle grand plaisir de fut. J'étais ami avec toute une bande de « tsiganes » dont l'imagination me stimulait beaucoup. Je fis beaucoup de théâtre avec ces gens qui furent de passage pour un bon bout de temps, le temps de m'apprendre beaucoup du théâtre, du maquillage, des éclairages, de la musique et d'une partie incroyable, genre cirque. Quelle rêve pour l'enfant que j'étais. Jamais je ne contai l'aventure à ma grand-mêre qui m'aurait sûrement interdit de fréquenter des gens de si basse classe. Quel plaisir d'enfant que j'eux, quand ils me prenaient dans le bras pour me faire faire des pirouettes et toutes sortes de jeux cyniques qui me servirent par la suite, toute ma vie. Ce fut une période de rêve pour moi. Comme si le Grand Meaulne m'était tout à coup apparu pour m'apprendre les rudiments de la kermestre.

LE RÔLE DU THÉÂTRE DANS MA VIE
Oui, je pense que la vie est comme une pièce de théâtre. Vous êtes trépidant, une simple lumière à hauteur de trente pieds vous éclaire à peine, question de ne pas vous perdre sur la scène. Un immense rideau de trente pieds de haut et de une tonne de pesanteur vous sépare de l'auditoire bruyant. Votre « vie » va commencer. Vous tremblez, mais votre maître vous dit:"N'oublie pas, à ton premier cri, tu auras déjà la salle dans ta "poche". Quelle confiance ce maître pour moi! Et tout à coup, les trois coups et cet immense rideau de la plus grande scène du Canada s'ouvre devant moi. Un cri, la salle aux éclats. Le spectacle débute et file à vive allure. C'est la vie qui file. 2e et 3e acte et c'est quasiment la fin et tout à coup Marcel Fugère, mon grand ami me serre la main très fort. Pas de panique! C'est la fin! Et cet immense rideau qui nous entourait presque comme une mère. Molière a dit:"La comédie est finie!" Et il s'est éteint. J'ai toujours retenu cette allusion à la mort, toute ma vie. "Fini la comédie." Je me suis fait dire que mon attention diminuait. Autre signe qu'un jour le rideau va se fermer. J'ai tellement été aimé, je suis serein. Et j'ai tellement aimé! Oui, il faut tous se demander vers quelle fin nous nous dirigeons. Est-ce que nous aurons fait notre devoir, rempli nos obligations? Ma grand-mère rajouterait, « Est-ce que nous avons été compétents? » Prêts à affronter ce grand rideau sidéral qui va aussi nous entourer comme une mère, une mer infinie. L'ami indien nous dirait, "N'oublie jamais que la mort te suit à quatre pieds de distance, à l'arrière, à ta gauche." (Inspiré de la P'tite fumée du Sorcier Yaki du désert du Nouveau-Mexique.) Alors, nous redeviendrons poussière!

Quand tout va mal...


Je pense que quand les choses vont mal, il faut faire l'effort pour s'éloigner énergiquement de tout ce qui peut ressembler à du négatif. Avec le suicide, par exemple, j'ai dû faire des "deals" assez souvent. J'étais très près de Raymond (mon psy.) à cause de ça. Raymond et moi étions amis depuis 40 ans. Il me connaissait sous toutes mes coutures. "Tiens-toi loin de ça Richard!" Me disait-il. Je l'écoutais parfaitement, car je devais surtout être efficace. Vous devriez voir mes archives. Stupéfiant. Je n'avais donc pas le temps de me faire distraire par du négatif et Raymond à qui je disais tout comme à mon confesseur corrigeait la "barre" si je divaguais. Me connaissait! Donc, se tenir loin de tout ce qui est "plaignages", ça va mal, les handicaps de toutes sortes que le monde peut avoir (des plaignages peuvent nous empoisonner la vie. Se méfier.) , des amis dangeureux malgrés eux! Tout. POSITIF, POSITIF, POSITIF. Mon truc, aller voir des films ou je pouvais rire aux larmes et pleurer, presque crier. Une véritable thérapie. C'était une obligation morale incontournable le dimanche soir au Outremont, Ouimetoscope, Élisée, Avenue du parc. On fait sa vie. Y faut y croire. On doit aussi se manipuler, parfois comme un enfant. Un bonbon nous attire, on saute dessus. On doit tenir à toujours être le maître de sa destinée. Malheur à nous si on fait autrement. Il faut utiliser des ruses avec soi-même. Ne pas se laisser aller. Bien sûr, que ce que je dis, c'est moi, c'est pas le voisin. Chacun sa technique. Et la lecture. Quand je lis, je ne suis plus là. Je suis dans le livre. Un coup de pied au "cul", je vais marcher dehors. La Grande Ourse, je l'embrasse, elle me surveille. C'est ma première blonde qui est là. Non, non, non, ne pas se laisser faire. On doit à tout prix être le capitaine de son bateau et ne laisser personne prendre notre place, ni les événements non plus. C'est moi, c'est pas le voisin. Qu'il pense ce qu'il veut. J'ai eu l'immense honneur d'avoir l'amour de beaucoup de monde, votre aide et tout et tout dans ce Réseau adoré. Je ne dois pas le gâcher. On apprend tous les jours. Donc, on fait des gaffes tous les jours...et des bons coups. Pas de gaffes, pas d'expérience, ne connaît rien. Beige pour la vie. Oui, on court pour se faire aimer. Faut en être conscient pour ne pas courir pour rien. Voilà, c'était un bout de chemin. Toujours se réserver des bornes d'urgence. Un ami chaleureux, une activité qui me sort de moi. Y faut pas se laisser faire, quoi! Avoir l'esprit critique, être aux aguets. S'autocritiquer sans limite. "Est-ce que j'ai eu de l'allure dans telles circonstances?' Quels étaient ceux qui étaient pour moi et ceux qui étaient contre moi. Savoir découvrir les vraies intentions des gens. Leur agir nous parle plus fort que leurs plus belles paroles. Jamais être naïf. Ce n'est surtout pas un signe d'intelligence. Comme le capitaine de bateau de guerre. Savoir reconnaître ses amis de ses ennemis ou si-non, on se fait couler. Savoir ne jamais exposer son jeu comme au poker. Tu révèles ton jeu, tu es fini, tu n'as plus rien à négocier, surtout avec les patrons. Être doux comme un mouton, rusé comme un renard et féroce comme un lion. Il faut être les trois. Ne pas oublier que ce n'est pas la dépresse qui surtout apporte le suicide. Ce sont surtout les fausses conceptions que nous avons de la vie et si on ne se réveille pas, on tourne en rond comme les deux chevaux, ÉMOTIONS ET RATIONNEL. On doit tenir la bride très solidement et également. À retenir!



LA DISCIPLINE


La discipline, c'est cette force intérieure qui nous vient du rapport que nous avons avec l'autorité. Le rapport avec la mère et celui avec le père, diffèrent profondément. Ils sont pourtant l'assise de la force d'une personne. La mère, l'affection, le père la force morale du guerrier. Le respect de ces deux pôles à pour effet de garantir une force quasi insurmontable à celui, celle qui en est habitée. Ce même modèle s'applique aussi aux enfants sans parents qui vont dans ce cas chercher des modèles, non seulement à imiter mais aussi, à intégrer. Je suis toujours renversé par le respect intégral de l'autorité dans les familles syriennes pour ne donner qu'un exemple. L'autorité pour eux, ne se discute pas. Elle s'impose en même temps que la force qui l'accompagne. C'est la différence entre être d'une culture faible ou d'une culture forte et de pouvoir ainsi, « dominer » le monde. J'ai connu une situation où le père avait imposé un interdit à sa fille de fréquenter sa cousine qui, à ses dires, avaient de très mauvaises fréquentations. La cousine tomba enceinte de son ami de coeur qui la laissa sans le sous. Elle demanda de l'aide. Et la fille du gentleman dont je vous parle, fut consternée de ne pouvoir intervenir pour sauver sa pauvre cousine. Elle me demanda conseil. Je fis réaliser à la jeune fille que son père et elle avait le même respect vis-à-vis la famille, la même valeur, et que malgré la répulsion du père pour une nièce volage, celle-ci n'allait pas entraver la pulsion du père pour sauver l'honneur de la famille en venant au secours d'un de ses membres. En apprenant la situation que sa nièce vivait, le père décida sur le champ, de partir chercher la nièce en question en compagnie de sa fille et de l'amener chez lui, sous sa protection. C'était une membre de la famille qui avait besoin de secours. Un point, c'est tout.

 


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À la gauche. Mon étudiante Tamoul dont le père était intervenu
pour sauver sa cousine. La même étudiante allait se marier à
Paris l'été suivant. À droite. Ma bonne Édith Carrier, devenue prof.

comme moi.Bonne Édith!


Mon flair avait été bon. Le père et la fille avait une valeur sacrée en commun, celle de l'intégrité de la famille. Quand je vis apparaître, le lundi matin suivant, toute rayonnante, je compris que j'avais raison. J'eux le grand plaisir de recontrer le père un peu plus tard. Je ne cessai de lui faire tous mes remerciements et mes félicitations pour ses valeurs et surtout, pour sa fille. Un homme totalement extraordinaire.

LE RÔLE DE LA MUSIQUE DANS MA VIE Triste, je retourne vers mon enfance et reproduit dans ma tête ces musiques extraordinaires que j'ai retenu par coeur. Les comédies musicales américaines pour commencer, Bach, celui qui faisait trembler le plancher de ma chapelle. Oui, triste, je retourne à ces musiques avec le volume le plus haut possible et je redeviens subitement indestructible. Oui, c'est comme un fil conducteur qui m'habite depuis toujours et qui me ramène au bonheur sans que je le veuille. Qu'est-ce que vous voulez pour être heureux? Rien de plus. Je reviens à cette musique du programme de Ivan L'Intrépide à Radio Canada en 1946. La musique thèque était tirée des Valkéries. Chaque fois, c'était une nouvelle aventure qui m'attendait.

LE RÔLE DES ARTS DANS MA VIE

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Photo prise de la Pieta, avec difficulté, par moi, à New York.
Ste Marie, mère de Dieu! (Photo prise dans des conditions très difficiles. Elle est un souvenir ineffaçable.)


La piéta de Michel Ange. Je suis allé à New-York pour la prier. Que d'émotions, cette maman abandonnée comme la mienne. Esseulée, cherchant son enfant dans la tourmente. Ma maman. Je l'ai cherchée toute ma vie, cette maman. Tendre maman. Belle maman que je serre fort dans mes bras. Je la cherchais et elle était tout près de moi. Quelle tristesse qu'elle aie eu tellement de difficulté à m'appeler « son fils ». Ce que finalement, se sentant tellement coupable, qu'elle n'a pas réussi à faire. L'interdit était tellement fort. Interdit de dire à son fils : « Mon enfant! Mon fils! ». Elle est finalement sa mère, qu'elle le veuille ou pas. Interdit même d'agir trop ostensiblement comme une mère auprès de son moi. Que de journées j'ai passé, tout enfant, à prendre ma mère dans mes bras pour la consoler et elle me consoler aussi, car je pleurais. Je ne savais pas qu'elle était ma mère mais je sentais que nous avions des attaches telles que nous ne pouvions nous séparer. Douces attaches qui nous ont retenus toute notre vie pour les bons et les mauvais moments.
Malgré tout, les arts m'ont ouvert les yeux car sans arts, nous voyons comme à travers un filtre déformant, très souvent influencé par nos préjugés. Oui, les arts nous ouvrent les yeux. Nous voyons le monde d'une toute autre façon dans une sorte de quatrième dimension que nous ne trouvons pas dans la vie ordinaire. Je dirais que les arts nous font vivre dans un corps totalement différent. L'appréhension du beau que nous voyons partout nous augmente grandement notre qualité de vie à tous les niveaux. Oui, mes yeux pressentaient ma mère. Mes yeux pressentaient mon père. Je me suis couché sur lui sans savoir qui il était. Oui, les arts nous ouvrent les yeux comme une forme de kaliodoscope nous donnant accès à des multitudes de couleurs et de formes. Heureux sont-ils, sont-elles, ceux, celles qui sont influencés par les arts de toutes sortes. Oui, à un moment donné ou plusieurs moments donnés, on devient exaspéré de vivre sans mère. Je fus sincèrement exaspéré pour une bonne partie de ma vie. Enfant seul dans la vie! J'ai vécu une vaste solitude où j'avais l'impression de vivre pour supporter le malheur des autres, en particulier de ma mère. Je devins donc pendant un certain temps un enfant-adulte, ce qui produit une vaste solitude intérieure que je tâchait d'emplir avec toutes les activités que je faisais, y compris mes activités d'art mais surtout ce comportement qui faisait que j'étais prêt à tout pour être aimé. Oui, ma mère qui ne m'a jamais appelé son fils et qui a du se faire rappeler à l'ordre par Lise, mon épouse, pour finalement admettre que mes enfants étaient aussi ses petits enfants. Bref, cette pauvre mère, les interdits l'avaient tuée. Les arts prirent leur place dans mon âme et dans mon corps et me sauvèrent la vie. Sans les arts, je serais mort. Mais dans tout cela, les bonnes âmes charitables, il y en eut une multitude, pour adoucir mon vécu. Je leur dois aussi la vie. Mon quartier Youville. La rue Casgrain et Liège à Montréal. Cette petite aglomération m'eut à l'oeil pour sauver l'enfant que j'étais. Ils réussirent! Merci! Je vous adore.

LES ARTS

Les arts m'ont toujours aidé à vivre malgré toutes les déboires que j'ai connus comme tout un chacun dans sa vie. Ici, UNE CAVALCADE DES DIEUX. Je m'imagine moi-même à chevaucher ces êtres célestes qui m'amènent vers de nouveaux horizons. Oui, l'art peut même nous diriger, nous imaginer dans l'action de notre propre vie. Ce monument me fait tressaillir à tout coup. Je ne suis pas neutre, mais pas du tout, devant. Je deviens moi-même un peu, beaucoup, comme ce dieu prêt à s'envoler dans sa propre aventure de la vie. UNE CAVALCADE FANTASTIQUE que j'ai déjà eu le plaisir de vivre pour de vrai sur des plages sauvages. Et tout cela construit ma vie et peut construire la vie de quiconque se laisse envahir par la beauté. La formation aux arts est plus importante que toute autre formation. Elle dépasse la science et de combien. Einstein disait bien que c'est l'imagination qui est le génie qui nous dépasse et non la raison. Pas pour rien que la langue et les arts en perdent dans nos écoles. C'est simple, la classe dirigeante nous veux les plus ignorants possible afin de se garder le pouvoir pour elle. Soyons donc vigilants en ne nous laissant pas faire. Plus de télé-théâtres à Radio-Canada. C'est pour mieux te garder ignorant mon enfant! Seules les cotes d'écoute comptent, les cotes d' "épaistitude"!


L’Estérel, un nouveau départ.

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Je me souviens comme d’hier de cet escalier. En « retraite fermée », c'est l'escalier que j'ai pris pour changer ma vie. Difficile de situer le moment où ce bel hôtel pour les riches exista. J’avais appris que des membres à l’aise de ma famille la fréquentaient à l’époque. (1925 environ.) Mes deux tantes, Pauline et Jacqueline fréquentèrent l’endroit puisqu’elles étaient toutes les deux, proches de la partie riche de la famille. L’escalier qui menait aux chambres au fond du hall d’entrée de l’ancien hôtel de l’Estérel qui était devenu à l’époque une maison de retraite dirigée par le diocèse de Saint-Jérôme. J’empruntai tous les jours cet escalier, style art déco, dont l’environnement ambiant était du même genre. C’était très beau. Ce fut pour moi une occasion de me retirer de tout bruit et de prier et réfléchir sur mon avenir. Le temps passait et je voulais reprendre mes études pour finalement les compléter. C’est tout ce dont je me souviens de cet hôtel mythique, démarré par un milliardaire belge attiré par les forêts du Québec. Des jaloux de Toronto firent tout pour nuire au projet et le fédéral, dans sa sagesse proverbiale, se mit les pieds dans les plats. Il tenta de corriger le tir, mais, le baron, écœuré par les manœuvres de mauvaise foi décida de tout vendre ses avoirs. Le Québec et surtout Ste-Marguerite venait de perdre une très belle occasion. Une autre gaffe du fédéral. Aujourd'hui, tout ce qui reste de l’hôtel d’antan, cet escalier en colimaçon au fond du hall d’entrée, lequel menait aux chambres des étages supérieures. Je m’étais en fait rendu là pour réfléchir à mon avenir et j’y avais acheté un très beau livre de philosophie payé par ma tante Pauline et que j’ai encore. Le destin! Quel mystère! C’est après ce genre de retraite que j’avais décidé de prendre une année de réflexion et de travailler au CP à Montréal. La première fois, je me présentai en français seulement et je n’eus pas d’emploi. Deux semaines plus tard, je me présentai en anglais et j’eus un poste immédiatement, dès cette « première » visite en anglais seulement. J’eus un emploi à « l’Office of Disbursement ». Je ne me souviens plus du nom de mon patron (Robert Rice, je crois.) qui fut très fin pour moi. Il remarqua mon talent pour le travail de bureau. J’étais toujours curieux comme une belette et je ne manquais jamais une occasion d’essayer quelque chose de nouveau. Mais j’étais aussi nerveux, angoissé même et rêveur. Je devais lutter pour être toujours présent mentalement au travail. Les ordi. commençaient leur entrée dans le marché du travail et tout cela me fascinait. Les fameuses machines de prétraitement qui chacune possédait 10,000 lampes. Ça vous « garrochait » une chaleur épouvantable contrôlée par d’immenses ventilateurs qui faisaient un bruit infernal. Nous le savions déjà, ce nouvel instrument informatique allait accélérer la disparition des usines Angus, car avec la coordination des wagons et autres que nous pouvions faire avec cet instrument, le besoin d’avoir des réserves inépuisables de wagons à chaque point de contrôle allait disparaître, tout cela à cause de la précision apportée par l’ordi. à coordonner parfaitement la circulation ferroviaire, ce qui ne pouvait se faire avant. Comme mon patron me connaissait de plus en plus et remarquait que j’avais souvent la tête ailleurs, il me proposa de représenter le Canadien Pacifique à la cour de justice de Montréal. Toute une surprise. Mais tout cela se faisait par intermédiaires. Le grand patron parlait au moyen patron, lequel parlait au petit patron qui finalement m’apprenait la nouvelle. Ceci m’agaçait passablement comme si on ne pouvait me parler à moi directement. Alors, je me permettais de parfois saluer le grand patron directement dans son bureau. Ceci semblait l’agacer, mais il ne m’en parla jamais, car il finissait toujours par avoir un grand sourire et me disait « good morning Richard ». Moi, je trouvais, que le pauvre, y faisait pitié dans son bureau, seul, à être engouffré dans la paperasse qu’il y avait sur son bureau. Sans doute, de son côté, mon côté jeune et spontané lui réchauffait le cœur et il devait sûrement comprendre que mon geste n’était pas du tout pour le solliciter pour avoir un avancement. Mais, je sentais vraiment que je lui étais sympathique. Il me donna d’ailleurs un autre travail terrifiant pour le personnel du bureau. Je fus obligé d’aviser tout le monde au moins trois jours à l’avance avant de m’exécuter. Il s’agissait d’une immense machine à écrire, genre typo. qui servait à écrire les chiffres totaux des activités du mois de notre bureau. Quand je démarrais l’appareil, on avait l’impression d’un train qui entrait en gare. Certains membres du bureau me prirent vraiment en « grippe » face à ce problème d'un bruit épouvantable qui dérangeait tout le monde dans leur travail. Sans doute que mon patron m’avait donné ce travail, car il savait que j’allais m’allier tout le monde à mon travail et que finalement tous comprendraient la raison de mon activité. C’est ce qui se produisit puisque mes pires ennemis se transformèrent en bons collaborateurs comprenant que le chiffre que je « pitonnais» sur cette maudite machine, c’étaient les opérations du mois de notre bureau. J’étais jeune, beau, vivant, très sociable, tout ce qu’il faut pour « pogner » dans un tel environnement. C’est à la même période que je rencontrai mon fameux confesseur qui, quelques mois plus tard, s’avéra être aussi le confesseur du gouverneur général du Canada.  Pur hasard. Il m’arriva va donc de céder ma place au Gouverneur Vanier qui, justement arrivait. Je ne voulais pas le retarder dans son agenda. Bien sûr qu’il était accompagné de toute une panoplie d’officiers de toutes sortes surtout costumés avec l’uniforme de la GRC. Et quand il sortait du confessionnal, c’est moi qui y entrais. Mais, surprise, un jour mon confesseur sortit et me présenta officiellement au Gouverneur général. D’une chaleur sans pareille. J’en eus presque les larmes aux yeux et m’excusai. Cet homme, vieux, gradé, au sommet de sa carrière me serra le bras affectueusement et me dit simplement, « Mon jeune, ne lâche pas! » Sans doute que mon confesseur lui avait parlé de moi auparavant. Une rencontre inoubliable, mais pas la dernière, car rendu au grand-séminaire, je devais avoir l’ultime surprise à cause d’un ancien confrère de collège qui connaissait bien le général. Ce qui me valut d’autres honneurs. J’étais toujours ému, grandement ému de toutes ces attentions et mon confesseur, qui avait un sourire en coin, semblait être très content de ce qui m’arrivait. Je pense que « le p’tit vlimeux » (Mon confesseur qui n'avait rien d'un p'tit. Je devrais plutôt dire, « le grand vlimeux ». avait quelque chose à faire dans tout ça, mais il faisait l’innocent comme s’il n’était pas concerné. Le summum qui m’arriva fut de vérifier les livres comptables de la cathédrale de Montréal dont mon confesseur était curé. Ce ne fut pas une fouille en règle, mais mon confesseur qui savait que j’étais comptable voulait avoir mon appréciation sur ce qui se faisait. Je demandai l’aide d’un ami, Robert, qui lui était davantage dans le métier de me donner un coup de main pour faire la vérification. Nous trouvâmes toute une série d’erreurs particulièrement faites dans les dépôts faits à la banque. Il y avait toujours quelque chose qui ne balançait pas dans ces chiffres. Nous nous mîmes à l’œuvre pour détailler et noter ces erreurs et faire rapport à mon confesseur, aussi curé de la paroisse. Quelque temps plus tard, quand j’arrivai dans le bureau de celui-ci, quelle ne fut pas sa surprise de découvrir toutes les erreurs que la banque faisait particulièrement dans les dépôts. Il était tout fier de lui et se prépara à une visite en règle auprès de l’institution financière. Je lui recommandai d’être prudent, car, comme je lui disais, ces banquiers sont souvent des « ratoureux » qui ont plus d’un truc dans leur sac. Et après tout, avez-vous déjà vu un banquier avouer qu’il s’est trompé?  Je n’en ai jamais rencontrés même sous mes menaces de sévir que je pouvais utiliser à l’occasion. Un de ceux-ci perdit son emploi d’ailleurs avec son entêtement à refuser d’admettre qu’il y avait eu erreurs. Je n’ai jamais souhaité un tel dénouement, car, un emploi pour moi, c’était sacré, mais ces banques feraient tout pour sauver la face. J’en ai pris sérieusement note.

LES ORDIS Cartes perforées, Indiana, ARPA, l'armée américaine…..


J'ai toujours été fasciné par ces bidules qui vous livraient la « marchandise » à une vitesse épouvantable. Ce n'étaient pas, bien sûr, les ordis d'aujourd'hui, mais quand même. Ils performaient assez pour vous impressionner. Un des pivots de ces machins était la fameuse carte perforée qu'on empilait par milliers, si non par millions. Elles possédaient toutes des commandes particulières pour faire fonctionner le fameux ordis. Je me souviens être revenu à Dorval avec une immense caisse pleine de ces cartons perforés. Les douaniers furent tellement découragés de voir ma cargaison, qu'ils décidèrent de me laisser passer sans aucune vérification. C'était un vendredi soir et il y avait foule à Dorval. Donc, on ne voulut rien savoir de moi. J'avais un immense chariot plein d'immenses boîtes pleines de livres, de notes et bien sûr, comme je disais, de cartes perforées. J'eus le sentiment d'être un chercheur qui entrait chez lui. En fait, j'étais encore assistant de recherche pour le Centre de recherche en communication de l'Université du Québec à Trois-Rivières. Je faisais important avec mes cartes d'identité américaine, étudiant de l'Université d'Indiana. Je pense bien que toutes ces activités n'étaient la que pour remplir mon vide de l'absence d'une mère et de bien d'autres choses. L'abandon de la famille ne faisait pas exception sauf pour ma grande cousine adorée, Gertrude.
LE CENTRE DE RECHERCHE
J'avais le coeur brisé à cause de la fermeture de mon centre de recherche. Je crois avoir pleuré des heures et des heures. Ce fut parmi les expériences les plus traumatisantes de ma vie tout en admettant qu'il y eut un côté très positif dans cette expérience particulièrement dans la recherche comme telle. Tout un monde que la recherche! Monde qu'on ne peut à peine soupçonner quand ont est à l'extérieur de celui-ci. Mon histoire était pourtant simple. J'avais un patron, bon bonhomme, aucun doute à cela mais indécis chronique. Il ne savais vraiment pas prendre des décisions. Une telle situation, dans un milieu universitaire compétitif ne tarda pas à dégénérer. C'est un ami de Montréal, bien branché sur le domaine de la recherche qui, le premier, m'apprit la nouvelle. Les jours de mon centre était comptés m'a-t-il dit. Je n'en fus pas vraiment surpris et la lenteur pour prendre des décisions en fut la première raison. J'avais pourtant fait sentir, pour ma part, que la principale raison d'acceptation de cet emploi, était de me permettre d'aller aux sources, soit l'Université d'Indiana, pour me faire aider à démarrer une recherche. Il faut dire aussi que je n'avais pas encore terminé ma maîtrise. La décision de me permettre d'aller voir mes maîtres pour le démarrage du recherche ne vint jamais. Je tentai une demande officielle et je n'eus jamais de réponse. Toutes les décisions semblaient se prendre dans mon dos même si une partie me concernait drôlement. Ce fut pour moi une véritable torture. Faire semblant de travailler n'était pas tout à fait mon genre. Mon patron semblait se contenter de m'avoir comme participant à sa cohorte d'admirateurs. Je le savais, une situation du genre ne pouvait durer. Je tentai une démarche du côte du Annenberg School forCommunication University of Pennsylvania où je connaissais le directeur, ancien président de Radio-Canada. Une rencontre qui impressionna au plus haut point mon patron mais qu'est-ce que celui-ci a conter à mon invité. Je n'en appris aucun traite mot. La rencontre se termina par un bon souper à deux avec mon invité. C'est vous dire l'intérêt de mon patron. Je ne cache pas en avoir un peu profité pour bien manger et parler à satiété. Je compris bien vite que ce fameux souper en était un, genre souper funéraire, une fois que le mort est enterré. J'avais un patron qui ne parlait pas, question je crois, de garder le peu d'autorité qu'il lui restait. Jamais encore, quiconque du bureau ou du laboratoire ou des chercheurs ne se doutait de la proche fermeture du Centre. L'université de Trois-Rivières, comme pour s'excuser, me payèrent tous mes voyages en avion aller-retour, concernant l'Université d'Indiana et m'offrirent les services d'une secrétaire quasi à temps plein. Cette dernière offre fut suffisante pour me remplir de joie. Mme Scott, directrice de la recherche tenta une approche auprès de moi. Je ne pouvais la rencontrer, sachant fort bien que je pleurerais pendant toute la rencontre. Je déclinai donc gentillement sa chaleureuse invitation et je décidai, dans les circonstances de retourner comme prof. au secondaire même si j'avais eu plusieurs offres de postes très intéressants mais aucun, à ma grande déception, n'était à Montréal. Cette histoire me coûta presque la vie quand je passai proche d'entrer en collision avec une auto de la police provinciale. Les policiers furent impeccables même si j'avais passé proche de les faire se tuer dans la terrible embardée qu'ils avaient du faire pour m'éviter la mort. Après tout ça, j'en avais tellement sur le coeur, je ne pus m'empêcher de pleurer comme un enfant devant ces policiers complètement désarçonnés. Ils avaient devant eux un chercheur reconnu mais dépité de tout ce qui lui arrivait. Les relations avec la famille devinrent glaciales pour je ne sais trop quelle raison car ils ne furent nullement au courant de ce qu'il m'arrivait à Trois-Rivières. Quand j'en parlai à ma mère, elle se mit à rire, ne pouvant croire que son plus vieux pouvait pleurer. Je fus très déçu de ma mère à ce moment là et je compris presqu'elle n'avait vraiment jamais été ma mère dans sa tête. Dans le fond, ma mère avait décidé de jouer de sauver les apparences et de faire en toute occasion comme si. Le seul fait de paraître une femme « honnête » la satisfaisait. J'éprouvai presque de la haine pour elle car, de mon côté, je n'avais jamais été élevé de la sorte. Le coeur me fit très mal. Cette mère fut un bon moment sans me voir. Il faut dire que mon beau père avait toutes les raisons du monde aussi de me faire du trouble. Il était très jaloux, sans compter toutes les choses qu'il avait à cacher. Hé. Le monde! Vous m'en direz tant! Mon retour à Mille-Isles se fit en douce, au mois de novembre 71 suivant. Mon retour à l'enseignement fut relativement facile car j'aimais le milieu. J'avais travaillé comme un défoncé à Trois-Rivières, question au moins de me faire apprécier. Rien n'y fit. Le personnel m'adorait, sauf un qui avait des choses à cacher. Mon patron fut poli. Il m'organisa même une fête à sa résidence. Tout semblait correct mais le Centre de recherche, lui, vivait ses derniers jours. Plusieurs années plus tard, car je m'étais toujours senti un peu coupable de « l'aventure de Trois-Rivières », un bon ami qui connaissait très bien mon patron de Trois-Rivières, me demanda à brûle pour point, comment j'avais réussi à travailler avec ce patron. Je fus tout à fait surpris de la question. Et, ce cher ami, me défila tout ce que tout monde autour de moi à Trois-Rivières disait autour de moi, me voyant piégé dans les filet d'un indécis reconnu et chronique. Il me révéla avoir eu connaissance de toute la sympathie que les gens autour de moi pouvaient avoir pour ma personne, prise dans une spirale d'un patron qui ne savait jamais quoi décider. Je m'en voulu un peu de ne pas avoir pris plus de précautions surtout en exigeant un contrat spécifique, nommant toutes les obligations que l'UQTR s’engageait à avoir envers ma personne. Un Américain avait pris cette précaution et devant le fait accompli, l'Université dut payer une compensation de un million au fameux prof. qu'on avait fait déplacer inutilement. Malgré tout, je ne peux cacher avoir apprécié énormément nos fameux cinq à sept que nous organisions dans mon bureau du Centre de recherche dont la très immense fenêtre donnait sur le fleuve. J'avais, je crois, je ne le disais pas fort, le plus beau bureau de toute l'université du Québec à Trois-Rivières. Rencontre où tout le monde était bienvenu et ou nous avions piano et orgue pour agrémenter l’atmosphère. Dédé jouait jazz à l'orgue tandis que Thérèse jouait jazz au piano. Que de moments mémorables nous avons passés. Une ambiance tout à fait spécial où nous en profitions pour inviter des visiteurs de l'extérieur ainsi que de l'intérieur, question de créer une ambiance agréable oû parler recherche ou tout autre chose.
Mon retour d'Indiana se fit dans la plus grande tristesse. Je me trouvai rapidement un logement 3 1/2 et j'eux le sentiment que ma vie recommençait. De bons amis, les Lessard, furent d'une gentilles sans borne pour moi. Nous nous fimes à faire du camping à toutes les fins de semaines sur les bords de la toute belle Rivière Rouge à Huberdeau. Nous en avions fait auparavant, avant mon aventure de Trois-Rivières. Quel plaisir que d'avoir été tous ensembles, de nombreux amis, à nager, se faire griller, parler, manger une super de bouffe. Etc. Cette activité m'avait d'ailleurs complètement fait oublier les fameux événements d'octobre que je passai proche de manquer ce qui ne m'empêcha pas cependant de venir en aide à des copains qui se faisaient maltraiter en prison. J'eus la chance d'avoir des bons contacts pour leur venir en aide.
J'étais revenu avec une « tonne » de bagages, dont des rapports à n'en plus finir sur une foule de recherches, sans oublier les fameuse cartes perforées produite au « key bord » comme on appelait dans le temps. Je continuai donc à garder aussi certains contacts avec des gens de l'armée américaines qui avaient étaient d'une bonté sans borne pour moi. Il est sûr que le fait de revenir au secondaire ne me faisait pas abandonner mon désir de compléter ma maîtrise même si je réalisai celle-ci dans des conditions de moindre qualité que j'espérais. J'avais quand même pris de nombreuses précautions pour m'assurer des services de certaines personnes d'Indiana qui m'enverraient les documents dont j'aurais de besoin pour ma recherche. Je complétai donc ma maîtrise en 1974. Je fus tout heureux de recevoir ce beau diplôme en parchemin. Le but ultime de cette maîtrise était de me faire une « plus belle tête » ou plutôt, la « plus belle tête » qu'on puisse espérer mais ce projet n'est jamais terminé. Certains directeurs jaloux, me firent sentir que je me prenais pour un autre en ayant de telles aspirations. Je n'en dirai pas plus quand un jour, je découvris, leurs raisons profondes d'agir ainsi. Les gens sales finalement finissent toujours par vouloir salir. J'en eu une autre preuve et je pensai à cette parole de mon grand-père qui ne cessait de me dire de me tenir loin des gens sales.


LA MORT ET LA PERTE DE MON CHEZ MOI

undefinedJe venais de quitter la maison familiale (mon p’tit château!) et je savais que je ne la reverrais plus jamais, car elle fut mise en vente rapidement. Comme il y avait un mineur, la loi obligeait la famille à me payer ma part ou vendre la maison. Comme personne n’avait d’argent, on n’eut d’autre solution que de vendre. Je perdais donc tout. Plusieurs de mes effets personnels furent vendus à la ferraille sans me consulter. Je ne gardai rien de cette maison adorée, de ce petit château. C’est le cas de le dire, on me déménagea dans une vulgaire et unique valise « appelée trunk », qui servait au voyagement en train à l’époque. Je perdis sur-le-champ ma collection de sabres qu’on avait dû donner au Juif liquidateur. Il venait de faire une petite fortune à n’en pas douter. Ma trompette disparut aussi dans le carnage et combien d’autres petites choses que j’aurais voulu tendrement garder pour moi. On me traita carrément comme un enfant irresponsable, j’avais pourtant 16 ans et futé en plus. Ce ne fut surtout pas à l’honneur de ces gens pressés dont le seul motif était de se débarrasser au plus sacrant de toutes ces brimbales qui ne les intéressaient pas. Bien certain qu’ils pensèrent à se servir, surtout dans les nombreux outils de mon grand-père qui les intéressaient. Pour ce qui est de mes intérêts à moi, ils ne s’en soucièrent guère. Je ne saurai finalement jamais pourquoi on m’avait traité de la sorte en tentant aussi de m’éloigner de la place en me trouvant un travail permanent au Pôle Nord dont j’ignorais les obligations les plus élémentaires. C’est mon capitaine de bateau qui se rendit compte de la méprise et m’autorisa a quitter mon emploi au moment où ça me conviendrait pour ne pas manquer les funérailles de mes propres parents. Je n’ai jamais su finalement s’il y avait eu des problèmes d’héritage qui justifiaient mon éloignement de la « scène ». Toujours est-il, que je peux affirmer que mon flair me sauva la vie cette fois-ci, même si je fus totalement seul à patauger dans ces événements sordides. Plus jamais on ne m’a parlé de ces histoires. Quelles inquiétudes y avait-il dans l’air pour justifier de telles manœuvres?

 

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Mon « petit » château de Montréal.

 

CHAPITRE III
LE COLLÈGE, LES ÉTUDES, LE TRAVAIL
MON ENTRÉE TRAGIQUE DE L’AUTOMNE « 56 » AU COLLÈGE


L’entrée officielle du collège se faisait l’après-midi, après quoi nous étions invités pour le souper. L’événement tragique se produisit vers les 8hs du soir alors que tous les élèves étaient convoqués à leurs salles d’étude respectives.  Je n’eus pas le temps de voir venir quoi que ce soit. Assis depuis quelques minutes,  je me sentis « partir » tout en me mettant à vomir et à évacuer tout ce que j'avais dans le ventre. Je perdis connaissance et tombai dans un profond coma. Je n’ai jamais repensé à cet événement sauf maintenant. Je me suis réveillé une ou deux jours plus tard comme si j’arrivais d’un autre monde. On m’avait mis mon pyjama. Donc, on avait dû me déshabiller, me laver et m’installer dans un lit de l’infirmerie. Les costaux du club de hockey avaient aidé à l’opération. Imaginez les questions pour un adolescent tout jeunot. Qui m'avait vu tout et qui ne m'avait pas vu. Ce questionnement me quitta rapidement. Dans ma tête, je compris vite que mes frères d'armes s'étaient occupés de moi. Les pères n’étaient pas fous, ils savaient très bien comment créer une solidarité entre nous. Ces frères dans le malheur devinrent effectivement mes frères à vie. On prit soin de moi comme d’un toutou. Je me levai et le frère qui s’occupait de l’infirmerie vint me voir et me demanda comment ça allait. Il me semble l’entendre encore, « mon p’tit lapon!  Comment ça va? »  Ce frère était la bonté même, la bonté de Dieu sur terre. Mon collège que j’adorais avait pris beaucoup soin de moi à travers ce frère surtout. Personne ne me parla plus de l’incident, mais je sentis avoir une profonde affection de tout le monde. Nous étions plus de mille élèves pensionnaires.  Oui, je fus aimé au collège. Oui, je suis très fier de mon collège St-Laurent à Ville St-Laurent. Un haut lieu de culture qui nous invitait à nous dépasser. On nous préparait à CHANGER LE MONDE, rien de moins. Pas de banalité, que des choses profondes à cette recherche de la vérité qui nous rongeait les tripes pas à peu près et rien d’autre. L’esthétique était au rendez-vous, partout.   Les histoires qu’on raconte sur les abus de certains éducateurs dans d’autres institutions, c’est le genre de choses que je n’ai jamais connues à St-Laurent. Il y avait des balises très sévères pour empêcher de tels événements. Les bons pères avaient les « spots » allumés. Se méfiaient, j’en suis sûr et donc, prenaient des moyens, les grands moyens. Mais, dans le temps, c’était plein d’« intouchables », ces gens que tu ne pouvais pas poursuivre parce qu’ils étaient hyperprotégés. C'était la "haute classe" qui s'imposait. C’était véritablement une question de classe sociale. Cette classe qui pouvait tout se permettre et l’autre qui subissait tous les sévices. Le ministre de la Justice du temps avait voulu mettre Mgr Pelletier de Trois-Rivières en prison pour avoir tué accidentellement un jeune couple sur le pont de Trois-Rivières. (1969) Le cardinal Léger en personne avait menacé d’excommunier toute personne qui mettrait un évêque en prison. Le ministre de la Justice du temps n’avait pas pu rien faire. L’Église, à ce titre, pouvait facilement renverser un gouvernement. Un de mes amis, tué par un gars saoul, mais saoul pas à peu près. Il fut impossible de poursuivre, un INTOUCHABLE! Nous avions beau avoir une légion d’avocats dans nos rangs, rien n’y fit. Il y avait vraiment des INTOUCHABLES. Et ceux qui faisaient les culottes des p’tits gars! La mentalité du temps! ben voyons donc, ça se faisait chez les Grecs. Rien de tout ça n’était en soit malin pour ces gens. Véritablement, une classe qui se défendait sur le dos de l’autre en employant toutes sortes de subterfuges pour neutraliser les plaignants. N’y a-t-il pas un artiste, qui dernièrement avouait candidement dans son dernier livre que de savoir « qu’ils avaient seulement un peu de poil », il les aimait quand même. Vous auriez demandé à la police d’intervenir, on n’aurait jamais accepté de le faire comme pour les hommes qui battaient leurs femmes en public et dont personne ne s’occupait. « Elle a du faire une grosse gaffe », disait-on, pour se faire battre comme ça. Même Toronto avait la même mentalité. J’en fus témoin. Et l’Église ne se pressait pas trop pour intervenir, en fait, elle n’intervenait pas du tout, car elle faisait partie de ces INTOUCHABLES, genre de classe à part, au-dessus des lois.
 La section des religieux au collège était donc complètement séparée, à part, de la section des élèves et c’était totalement interdit d’y entrer.  Il y avait aussi beaucoup de laïques comme éducateurs.  Donc, ce n’était pas du tout un milieu fermé. Je serais totalement surpris d’apprendre un jour qu’il s’est passé quoi que ce soit. Les aires d’activités étaient ouvertes, des vitres partout mêmes pour les classes. Des fenêtres pleine grandeur. Il n’était pas surprenant de voir des élèves à leurs cases qui se déshabillaient comme dans le vestiaire du Canadien, carrément, comme si de rien n’était, et se rhabillaient pour aller faire leur sport favori. Je faisais la même chose. La nudité n’était pas un grand secret, mais comme tout était ouvert, ça incitait beaucoup moins aux abus, car on pouvait parler de tout. Pas vraiment d'interdits de ce côté.

 


NOS CASES DU COLLÈGE TELLES QU’ELLES ÉTAIENT QUAND J’AI QUITTÉ.
CE QUI A CHANGÉ, LA MEZZANINE DU FOND QUI EST DISPARUE. C’ÉTAIT
POURTANT DE TOUTE BEAUTÉ. CAR IL Y AVAIT UN IMMENSE PIANO À QUEUE.
C'ÉTAIT LE DÉPARTEMENT DE MUSIQUE. (Merci à Michel Dupéré, un de mes
élèves, pour sa photo.)


MON ÉCOLE ADORÉE : ST-GÉRARD DANS LE QUARTIER VILLERAY

Ce qui me sauva la vie en tout premier lieu, ce fut l’école publique et non l'école privée, avec des hommes comme prof. Jusqu’en 4e, ce furent des femmes et aucune ne se rendit compte de ce qui se passait dans ma tête. Ça ne les intéressait pas du tout. (1ière, au public, 2e, 3e, 4e; école privée.) J’étais déjà suicidaire en première année et personne ne l’a constaté. Il faut dire que le suicide chez l’enfant est très différent que de chez l’adolescent ou l’adulte. Pour ces femmes, je crois, c’était tout comme si un gars (un enfant, faut-il souligner.) ne pouvait pas avoir de problème du genre, même au privé. Les émotions restaient donc à la maison. Une directrice d’un grand collège privé « coté » haut de gamme m’avait aussi, de son côté, simplement répondu que la « pauvre fille » ne s’était pas suicidée à l’intérieur de l’institution et donc, qu’ils ne se sentaient absolument pas concernés en ces murs. Des gens qui enseignent soi-disant l’humanisme! Mon oeil! Justement, la section des arts de cette institution se trouvait dans les sous-sols. Ça me donnait une bonne idée où logeait l’humanisme dans cette boutique. De purs ignorants instruits comme on voit de plus en plus. Je devins littéralement furieux, mais je ne pouvais rien y faire. Je ne pouvais, non plus, quasi y croire. Donc, quand j’arrivai à l’école publique St-Gérard, tout changea. Non seulement l’école, mais de nombreuses personnes du quartier Villeray me prirent en charge. Cinquième année du primaire, monsieur Barbeau. Méthodique, dynamique, il prenait soin de moi discrètement et il savait que j’avais de gros problèmes... affectifs. Mais, ce qui me sauvait presque toujours, j’étais très sociable et j’aimais tout le monde. J’étais déjà trop vieux de mentalité pour mon âge. Les profs en rajoutèrent. On m’initia à toutes sortes d’activités. Ils voyaient, ça crevait les yeux, que j’étais « allumé », que ça ne prenait pas grand-chose pour que je m’engage dans un nouveau projet. Je trouve ça drôle aujourd’hui, mais je fus dans les champions de l’école au « drapeau ». Un jeu où on doit justement se sauver avec le drapeau sans se faire attraper. Je fus champion bien des fois! Jean-Marc Brunet (fondateur de la chaîne, « LE NATURISTE », émule du père Péladeau qui lui passa l’argent.) rageait de me voir partir avec le drapeau après que j’eus distrait tout le monde par toutes sortes de simagrées. Bref, l’école, et moi prenant de l’âge, tout cela bénéficia à mon bien-être et mes grands-parents commencèrent à me regarder avec des yeux nouveaux. Même la se mit à vouloir m’offrir des cours sur toutes sortes de sujets. J’avais l’air de l’impressionner pas mal. Tout le monde voyait bien que le petit Richard, quoiqu’encore fragile, sortait de sa coquille. La période de dépression tirait à sa fin. Parfois, la grand-mère était tellement dépassée qu’elle exigeait que je reste à la maison pour une bonne semaine, question de calmer le jeu. Rien n’y fit, tous mes amis venaient me voir à la maison pour jouer avec moi. La grand-mère « s’arrachait » les cheveux.
Oui, l'école était belle, mais le personnel, j'étais un enfant orphelin, s'est occupé de moi comme d'un toutou. Et il me semble que c'était une période où les gens étaient simples, sans prétention. Nous étions tous égaux et tout le monde s'entraidait. Je me souviendrai toute ma vie des fameux Martineau, gens riches, mais près des gens. Ils venaient de se construire une piscine. Je passe tout près et je trouvais ça de toute beauté. C'était la seule piscine privée à Montréal à part Westmount, bien sûr. Mme Martineau m'invite à me baigner. Je lui dis, je n'ai pas de costume de bain. Pas de problème, mon enfant me dit-elle, vient t'asseoir je vais t'en faire un costume. S'installe à son moulin à coudre et se met en frais de me faire un beau costume à la vitesse de l'éclair. Je suis tellement énervé de pouvoir me baigner que je me déshabille tout nu et m'assoie en me cachant les parties. J'avais tout simplement hâte de sauter dans la piscine. Le costume de bain fut prêt très vite et je sautai dedans et sautai dans la piscine. Le peuple qui aide le peuple. Villeray, un petit village. Et c'est pas seulement le parent qui s'occupait de l'enfant, mais tout le village. Je suis un enfant élevé par mon beau village de Villeray dont je suis bien fier. J'embrasse tendrement tous ces gens qui m'ont aimé, sans qu'il n'en paraisse, mais ils avaient l'oeil. Que j'ai été gâté d'être de Villeray.
(St-Gérard dit par Gabriel Nadeau-Dubois.) Gabriel qui me rappelle mon oncle adoré qui s'est beaucoup occupé de moi, enfant. Nadeau, un bon ami de collège, supérieurement intelligent et Dubois. Un bon ami que j'ai. Extraordinaire. « Vendredi soir, j'ai eu l'honneur de prononcer le "discours patriotique" dans le cadre de La fête nationale dans Villeray. Je vous le partage.
"Je suis né ici. J'ai grandi ici. Les rues de Villeray, ce sont les rues de mon enfance. Je suis allé à l'école St-Gérard, tout près. C'est dans cette école que j'ai appris à connaître le Québec, sa culture et son histoire. C’est dans cette école qu’on m’a inculqué le sens de la solidarité. C’est dans cette école que j’ai découvert, dans le contact avec les autres, la richesse de la diversité. Je m'en souviens comme si c'était hier. C'était une vraie école de quartier, typiquement montréalaise, typiquement québécoise : les parents se connaissaient, les enfants – de toutes origines – étaient entourés de professeurs dévoués, patients. Comme des millions d’enfants, j’ai reçu en cadeau le plus beau de ce que le Québec a à offrir: une éducation publique, gratuite, un quartier paisible où grandir.
En 2013, on a découvert que les murs de l’école St-Gérard était rongés par la moisissure. Les experts ont dit que c’était dangereux pour les enfants. Cette année-là, on a détruit l'école de mon enfance. Aujourd'hui, elle n'existe plus. Il ne reste plus qu'un immense trou.
Je ne sais pas vraiment pourquoi, mais à chaque fois que je passe devant les ruines de mon ancienne école, ça me rend triste. À chaque fois, j'ai l'impression que cette histoire illustre la direction que le Québec prend depuis quelques années. On dit que la manière dont une société traite ses enfants illustre la confiance qu'elle a en son propre avenir. Si on se fie à ce qui est arrivé à mon école, le Québec de 2016 n'est pas très optimiste.
On coupe, on rationalise, on restreint, on comprime, mais qu'est-ce qu'on construit? Nous avons des cibles budgétaires, des objectifs de productivité, nous avons beaucoup d'états de comptes et de factures, mais où sont passés nos rêves de liberté?
Ce qui, aujourd'hui, menace le Québec, ce ne sont pas ceux qui sont nés ailleurs, ce ne sont pas ceux qui ont une langue maternelle différente. Ce qui menace notre culture et notre identité, ce ne sont pas ceux qui pratiquent telle ou telle religion. Non. Ce qui menace le Québec, c'est la destruction de toutes ces institutions où nous pouvons nous retrouver, ensemble, peu importe nos origines.
La solidarité, l'appartenance à un pays, ça tombe pas du ciel. Ce qui fait que nous formons un peuple, c’est ce que nous construisons ensemble, tous les jours. Ce qui nous permet d'exister comme peuple c’est bien sûr notre langue commune, mais cette culture ne vit pas suspendue dans les airs. Elle s’incarne dans nos CPE, nos musées, nos écoles, nos hôpitaux.
Quand ces institutions s'effritent, notre solidarité s’affaiblit. Et quand notre solidarité s'affaiblit, on est tenté de chercher des coupables, on est tenté de pointer du doigt. Partout au Québec, des démagogues tentent de nous diviser : Montréal contre Québec, les étudiants contre les travailleurs, les « de souche » contre les immigrants... Il faut refuser de jouer ce jeu, il faut refuser de se laisser diviser, il faut refuser de se laisser affaiblir.
On ne construit rien sur la peur. Ce dont le Québec a besoin, ce que je nous souhaite à tous en cette Fête nationale, c'est de reprendre confiance en nous-mêmes.
On est capables. On vient de loin. On a d'abord été des français d’Amérique, puis des Canadiens, puis des Canadiens-français. Finalement, nous sommes devenus des Québécois. Aujourd'hui, nous sommes des Québécois. Ils ne nous restent plus, au fond, qu'une seule chose à faire : devenir des Québécoises et des Québécois libres. Libres de parler, pour eux-mêmes, et libres de dire qui ils sont et ce qu’ils veulent.
Il n'y a rien de plus normal que la liberté, rien de plus naturel pour un peuple que l'indépendance. C'est faire ce qu'on a faire, c'est prendre nos décisions, comme on le fait tous les jours de notre vie : quand on décide d'ouvrir un café au coin de la rue, quand on s'occupe de sa mère qui est malade, quand on aide son voisin à pelleter son entrée. C'est gérer nous-mêmes notre économie, comme des amis qui se partent une coop et qui choisissent de construire ensemble leur avenir, parce qu'ils sont tannés d'attendre après les autres.
Et bien je pense qu'il est temps d'arrêter d'attendre après les autres, je pense qu'il est temps de se mettre au travail. Au lieu d'écouter les chefs de parti débattre en notre nom, il est temps de se remettre à parler entre nous, de recommencer à penser notre avenir. Il est temps de se débarrasser des élites corrompues qui se servent du Québec au lieu de le servir. Mon cher Québec, c'est à ton tour de faire du ménage, de faire des mises à pieds. Il faut congédier ceux qui nous empêchent d'avancer, il faut reprendre le contrôle sur le Québec. Nous avons la possibilité, nous avons le devoir de nous remettre en marche, de nous remettre à reconstruire notre avenir.
Reconstruisons l'école St-Gérard;
Reconstruisons toutes nos écoles;
Reconstruisons nos hôpitaux;
Reconstruisons nos régions;
Reconstruisons notre Québec.
C'est un chantier immense, c'est une tâche énorme, mais nous nous égarons si nous pensons qu'il n'y a pas déjà des milliers de personnes qui y travaillent.
Car la bonne nouvelle, et la grève étudiante de 2012 en est le rappel le plus proche, c'est qu'il existe déjà dans ce pays des gens qui veulent autre chose pour le Québec que l'austérité et les pipelines :
Il y a des étudiants qui étudient pour autre chose que l'argent;
Des professeurs qui ont le souci de la culture;
Des citoyennes qui protègent leur école publique;
Des travailleurs qui ont encore le sens du bel ouvrage et qui n’ont pas peur de faire la grève quand il le faut;
Des agriculteurs qui protègent le territoire;
Des musiciennes qui se rappellent Pauline Julien;
Des entrepreneurs qui ont le sens du service à la collectivité;
Des militantes qui se rappellent des luttes sociales qui ont fait du Québec ce qu'il est.
C'est à ces gens-là qu'il nous faut s'attacher pour devenir vraiment libres, c'est avec ces gens-là que nous ferons l'indépendance. Nous n'avons pas de tâche plus haute, pas de projet plus fort.
Allez! Au travail Villeray! On s'élance, on avance, on marche, on fonce!»

La dépression chez l'enfant.

Vous comprendrez tout de suite que ce n'est pas l'enfant qui est malade mais son milieu. Je m'inspire du Devoir d'aujourd'hui et je veux vous parler un peu de moi. Vous prenez ce que vous voulez. Mes débuts jusqu'à la 4e ne furent pas brillants. Mère dépressive qu'on cachait, fils dépressif qu'on voulait contrôler. 2 années du primaire doublées. Mère présente. Fils super actif prêt à défoncer tout ce qui bougeait. Ce qui m'a donné du solide pour commencer, la force de mon grand-père. 6hs le matin, debout, 6hs.20, parti travailler. Tous les jours, tous les ans, n'était jamais malade et en plus sa façon qu'il utilisait pour m'aimer. Me frottait très fort la tête et me disais, "fais ton possible mon pit". C'est tout ce que j'en entendu de cet homme. Je lui demandais quelque chose. Je l'avais presque tout de suite mais dans le temps ce n'était pas trop la mode de demander. Donc, je me suis attaché à la force de mon père(grand-père). Je savais déjà que je pouvais être fort comme lui. Donc, mon contenant prenait forme solidement. Restait à y mettre un contenu.
Ma grand-mère elle, je l'énervais car en forme, je fonctionnais à « cent milles à l'heure ». Toujours.... Le plus grand cadeau que je lui ai fait. Quand j'ai demandé d'aller au collège. Comme, de me voir l'énervait, c'est simple, je tâchais de l'énerver le moins possible. Donc, elle me voyais le moins possible. Ce qui faisait son affaire et la mienne. J'ai donc eu une tonne d'amis loin de ma grand-mère. J'ai fréquenté les ruelles et leurs hangars "éducatifs" loin de ma grand-mère. Il lui prenait parfois des genres de remords de ne pas s'occuper de moi. Elle me mettait en pénitence une semaine pour comme se faire pardonner par Dieu. Deux jours après, j'étais libre, ma grand-mère était épuisée et je retournais à ma ruelle, libre comme pas un.

J'ai toujours su que j'étais chanceux d'être libre et j'en ai profité.J'organisais régulièrement mes pièces de théâtre dans le quartier. Plein de monde venait m'aider, des adultes surtout. Oui, dans mon quartier, Villeray, on avait encore cette qualité qu'on appelle la compassion et la générosité. J'eux même un imprimeur qui se chargea gratis d'imprimer des programmes pour les présentations que je faisais. On m'appelait "l'enfant sans parents"! C'était vrai et faux. Car j'avais plein de parents dans mon quartier. Un qui me faisait faire telle activité, un, telle autre activité et j'en passe.
Et les profs. Quand j'ai eu des hommes pour s'occuper de moi (Fuck les syndicats.), je me suis tout de suite transformé. Je me suis mis à m'intéresser à tout et en plus les profs nous faisaient faire du sport durant le midi. J'ai vu très peu pour ne pas dire pas du tout de femme faire la même chose. Elles avaient plutôt leurs tricots et leurs bijoux dont elles se parlaient. Les p'tits gars et leurs besoins particuliers ne les intéressaient pas. Mon prof. Henri Gratton (Il a une plaque de bronze avec son nom dessus à l'école où il a enseigné. Pas rien.) C'était un saint homme qui ne cessait de me dire:"Souviens toi toujours Richard que tu es un homme libre et que même le pape ne peut t'ordonner quoique ce soit si ta conscience te dit le contraire." Il me répétait cela très souvent. Je pense sincèrement qu'il voulait que je sois profondément libre.

À vous, chers enseignants qui m'avez accompagné tout au long de mon parcours et qui continuent de me soutenir de près ou de loin, merci. Merci énormément." S'il fallait que je fasse une liste par ordre alphabétique! Ce serait sans fin. (M. Barbeau, M. Henri Gratton, père Marcel-Marie Arbour csc, Tous mes profs. de l'école St-Gérard et le voisinage. On m'avait même fait un costume de bain en vitesse pour que je puisse me baigner comme les autres enfants. (La bonté des gens.) J'étais enfant. On ne fit pas de simagrées. Tous mes profs. de St-Laurent et St-Jean-Vianney. André Longpré, difficile à oublier. Devint directeur des langues à l'U de M. Faut-il s'en surprendre? Nous donna le goût du latin, devinez comment? En nous faisant traduire des poèmes latins un peu, pas mal salaces sur les bords. Le latin devint la "chose" à la mode dans le milieu sous terrain du collège. Tout ce qui est sous terrain, attire les ados, car eux aussi ils sont un peu comme sous terrain. Nos nuits de la poésie anglaise...tous déguisés en fantômes. Monsieur Surprenant! André Naud, théologie. Homme critique, intègre. Avait bien compris que mieux valait "aplanir" les aspérités pour ne pas trop offenser. Etc. Etc. Etc.
Jamais je n'ai eu de toute ma vie un agenda à l'école. Je pense que les gens font ça avec les enfants pour se donner bonne conscience. Jamais personne ne m'a dit que je devais faire ceci ou cela. Je pense que l'exemple des adultes signifiants pour moi m'a été suffisant. Un détail différent, j'ai eu le même professeur toute l'année à aller jusqu'en 9e primaire ou 2e secondaire. Il me semble que ça nous faisait encore une vie plus stable sans agenda. J'avais d'ailleurs déjà plein de modèles dans ma tête sans que personne m'en ait parlé. Je ne veux vendre aucune salade. Je ne suis pas un enfant de Summerhill ou je ne sais quoi. Je suis un enfant de Youville, le quartier et fier de l'être.
Ma grand-mère n'avait jamais élevé d'enfant. Elle avait toujours eu des nounous. Elle décida donc que l'oncle Gabriel serait ma nounou. Personne n'aura eu une nounou aussi douce que celui que j'ai (un peu plus plus tard!). Gabriel. L'archange? Presque. Ma mère me manquait mais j'étais plus vieux. Mais à partir de 16 ans, elle venait me voir tous les dimanches au collège. Cette chère maman qui avait se petits en plus. Ce ne fut pas long cependant que j'ai pris les petits en charge pour la dépanner.
Je ne dois pas minimiser ma grand-mère qui était une femme "frustrée" peut-être mais qui sut me donner un foule de conseils dont certains me servent encore aujourd'hui. Elle avait été femme d'affaires et avait plutôt les pieds bien à terre. Je me suis souvent assis à côté d'elle, sur son lit de mort et combien de conseils judicieux elle m'a donnés. C'était toujours court mais précis.
Mes parents adoptifs décédés, j'ai trouvé ça dur mais j'ai découvert un avantage incontournable. J'étais devenu mon propre chef et j'en étais fier. Ça me rappelait les "dires" de mon prof. Gratton, sur ma liberté. N'oublie pas que tu es ton propre chef Richard! Ça me restera toute la vie. J'ai respecté ma promesse de consacrer l'argent qu'on m'avait donné que pour les études. De ne pas m'engager maritalement sans avoir la formation suffisante pour faire vivre mon monde. Ce fut respecté.
Je pense donc que le contenant solide reçu de mon grand-père et le contenu solide de ma grand-mère et des gens de mon quartier ont fait de moi un homme fier de l'être. Avec des handicaps moyens. Oui, je le sais. J'ai du composer avec eux et je continue. Ma vie a été belle et dure parfois mais, c'est la vie!
En résumé, je pense qu'on n'est pas obligé de demander des choses d'adulte à un enfant. Il faut profondément croire en sa nature. Il risque de le savoir plus que nous autres. Un exemple flagrant. À trois ans, je ne savais pas du tout qui était mon père. Mais, voilà-tu pas que la maison s'est rempli de monde qui revenait de la guerre et que mon père s'y trouvait. Jamais on ne m'avait parlé de mon père. Jamais. Et pourtant, cette nuit là, ma nature m'a indiqué qui il était et somnambule, je dormais et je suis allé me coucher de tout mon long sur mon père, joue contre joue. Il s'éveilla en sursaut et me donna l'ordre de retourner me coucher dans mon lit. Ma nature m'avait fait faire le contact physique nécessaire à tout enfant. J'avais donc une nature solide. Oui, la nature d'un enfant le guide vers ses besoins. Faut-il au moins de pas lui nuire.
C'est humblement mon histoire et l'histoire de ma nature! Laissez donc les enfants vivre leur enfance. On est un monde adulte tellement névrosé qu'on en rend malades nos enfants qui justement ne peuvent plus être des enfants.

LES RUELLES DE MONTRÉAL. UN MILIEU QUE TOUT ENFANT DEVRAIT CONNAÎTRE
Oui, les ruelles! Je suis un Montréalais de souche. Hé oui, il y a de très belles ruelles à Montréal. Et les cheveux! Qui hennissaient. Ce qui faisait le même bruit qu'une cheval. Quel monde!. C'était mon monde de rêve où je me faisais solliciter pour toutes sortes de choses. Un monde parallèle qui cachait bien ses secrets et où les saltimbanques de mon espèce avaient la vie libre et j’eus la vie libre moi aussi. Souvent, beaucoup de premières rencontres gars/filles eurent lieu dans ces endroits sombres, propices aux premières découvertes. Dans ces ruelles, quand j’étais petit, on y voyait passer le marchand de glace, le boulanger, le laitier le marchand de chiffon et l'aiguiseur de couteaux. Tout ce beau monde utilisant au moins un cheval. Quelle beauté! Je courrais après les chevaux et je me faisais aller les « bajoues » comme eux afin de faire les mêmes bruits de mâchoires m'ébrouant les cheveux de la salive des bêtes. J’appris ainsi à bien imiter le cheval, animal que j’adorais. Toute une vie! C’était vraiment un genre de cirque. Ma ruelle était très belle. Elle était pavée. C’est justement là que j’ai appris à patiner. Pas possible hein? Il y avait d’immenses hangars, car on chauffait au charbon dans le temps. On ne pouvait le loger dans la maison, c’était toxique. Et ces fameux hangars avaient un autre rôle pas banal. Les enfants y jouaient au docteur hors de la vue de leurs parents. Ah! Les hangars de Montréal qu’on appelait souvent du mot anglais, « sheds ». Oui, je suis un enfant qui a joué comme un p'tit fou dans les ruelles de Montréal. On se déguisait avec de la guenille, pleine de poussière, pas grave, en toutes sortes de personnages des milles et une Nuits sans compter les pièces de théâtres qu'on organisait. Du fun à mort. Il fallait prévoir le passage du cheval du laitier, du boulanger, du quêteux, de la glace et j'en passe. On faisait des grimaces aux chevaux qui nous le rendaient bien. Incroyable! Vous voulez connaître ma vie. Regardez le film L'EMPIRE DU SOLEIL! Ce fut mon enfance pleine de découvertes. J'étais curieux comme pas possible et le quartier nous éduquait. La voisine pouvait me chicaner et me dire que mon grand père l'apprendrait. Je vous jure que ça me calmait le ponpon! Petit Richard se tassait. Non, l'enfant n'était pas la possession de ses parents mais bien du quartier. Un monde incroyable! Je passe près des Martineau qui ont une piscine, la seule piscine privée à Montréal. Mme Martineau me voit regarder dans la piscine et me dit, si tu veux te baigner, tu peux entrer. Mais je n'avais de costume de bain. Elle m'en a cousu un à la vitesse de l'éclair alors que je m'étais mis tout nu tellement j'avais hâte de sauter dedans. Dix minutes après, je me baignais. Un monde simple, pas compliqué! Ma grand-mère ne savait jamais où j'étais sauf au moment du dîner et du souper et j'étais très occupé...à jouer avec les enfants de mon âge et même à jouer au docteur dans les hangars de Montréal. Jamais un adulte ne s'est mêlé de ces histoires. Une vie d'enfant formidable où tout le monde s'occupait tendrement de tout le monde sans faire d'histoire. Et Mme Piette m'amenait à la bibliothèque Shamrock, un vieil ingénieur, anglais seulement, me montrait comment dessiner mes modèles exclusifs d'avions, on jouait des après-midi à la balle molle, on se trouvait des bouteilles vides pour les vendre pour aller se baigner à l'île Ste-Hélène. Ouragan à Montréal. Je m'étais rendu centre ville simplement à ouvrit mon coupe vent et me faire pousser. Durant les chaleurs, mon grand-père nous ouvrait la borne fontaine pour permettre à tout le monde de se rafraîchir. Les pompiers venaient même l'aider. Quelle joie que de voir le ramoneur de lumières de rue car ces lumières fonctionnaient à l'arc électrique. La curiosité nous titillait. Ça devenait une discussion à l'école tout près de chez moi. L'hiver, nous avions un restaurant qui avait une belle patinoire près de chez moi. J'ai appris à patiner dans ma ruelle. C'est simple. Une enfance extraordinaire avec les p'tits tous les samedis et même les dimanches à l'immense auditorium de toute beauté de la paroisse St-Alphonse, sans compter les pièces de théâtre de toute beauté. Et les pompiers qui arrivaient, il y avait un feu. Quel spectacle pour un enfant. Peu d'autos donc peu d'accidents. Mon grand-père qui aimait des fois jouer avec sa dynamite. Ça lui arrivait de se tromper et de faire sauter quelques vitres dans des fenêtres du quartier. Il devait réparer ses dégâts. Oui, un monde simple où l'enfant était roi mais dans le bon sens! Cet enfant devenait aussi roi dans la rue mais avec parfois des accrochages. Quel plaisir quand mon grand-père se décidait à nous faire une patinoire en pleine rue ou une piscine. Oui, durant les chaleurs, mon grand-père se permettait aussi d'ouvrir à plein jet la borne fontaine pour permettre à toute la jeune faune de se divertir tout en se baignant. Je n'ai jamais vu personne protester de cette initiative mais l'arosage de la rue l'hiver provoqua parfois des accrochages avec des voisins. Nous avons du, pour acheter la paix, prévoir un endroit où l'auto pouvait se faufiler en toute sécurité. C'était quand même peu nous demander pour l'avantage que nous avions de pouvoir jouer dans la rue. La police s'annonça moins satisfaite de notre solution mais, dans le temps, une petite rue de Montréal n'était quand même pas le boulevard métropolitain de nos jours. La police acheta la paix à sa façon. Il n'y eut plus de patrouille sur notre rue. Nous vivions vraiment dans un monde où le compromis était maître sans que les gens ne connaissent le mot en question.

CE JOUR OÛ JE M'IMAGINAI PAPE.
Oui, parfois j'avais comme la berlue et je m'imaginais en toutes sortes de personnages dont pape ou sultan ou roi ou champion quelconque dans un domaine ou un autre. Oui, mes rêves devenaient ma réalité. J'eus donc ce passage où je m'imaginez pape. On me transportait sur un genre de dais que j'avais inventé. Quelqu'un tirait le dais qui n'était finalement qu'une petite voiturette. Un grand manteau m'enrobait majestueusement et de celui-ci sortaient deux mains, les miennes, qui portaient un genre de vase sacré. Et déguisé dans tout cet accoutrement, je traversais le quartier complet. Parfois Ti-Nègre me voyait passer et semblait se dire, bon, il est encore dans ses rêves. Mais Ti-Nègre ne me critiquait jamais. C'était comme un contrat que nous avions passé entre nous deux. Chacun acceptait l'autre comme il était. Et je n'en fis moi-même pas plus de cas. Je ne savais pas trop pourquoi ce théâtre faisait partie de mes jeux. Les gens non plus. On ne me posait jamais de question sur ce « phénomène ». J'étais comme un bohème qui vivait dans un autre monde.

Je me couchais le soir et je pouvais m'imaginer dans toutes sortes de mondes. À faire du théâtre ou à jouer l'ambassadeur parmi des « gans » adverses qui toutes m'acceptaient comme j'étais. J'imagine que les parents devaient dire à leurs enfants, laissez-lui vivre ce qu'il veut celui-là. J'avais tous les droits dans ce quartier qui m'aimait beaucoup j'imagine.
J'avais aussi une manie. Pas question de me présenter devant les gens sans savoir faire quelque chose. Quand je commençai à patiner, je me pratiquai tout seul dans la ruelle. Je ne voulais pas que les gens me voient tomber. Je voulais me casser la gueule tout seul jusqu'au moment ou je serais bon. Alors, je daignais sortir de ma cachette pour m'exécuter devant tout le monde. Je gardai ce réflexe pendant des années. Je me pratiquai pour toutes sortes de chose jusqu'au moment on je devenais bon. Certains trucs ne fonctionnèrent pas tout à fait à mon goût. Il m'arrivait de promettre des choses que je croyais réalisables alors que ce n'était pas le cas. Quelle humiliation j'avais quand je devais admettre que je ne pouvais pas rendre la marchandise que j'avais promise.

LA GANG À « TI NÈGRE ».
Ti-nègre n’avait de nom que le nom qu’on lui donnait. Il n’avait rien d’un « noir », il était juste très bronzé parce qu’il passait son temps dehors. Bien sûr que j'avais aussi un ami de couleur noire. Un très bon ami qui devant mon hésitation à le croire noir partout sur son corps se déshabilla complètement nu devant moi pour en faire la preuve. Je fus à la fois impressionné de constater qu'on pouvait être noir partout et le prouver tout bonnement en se mettant tout nu devant son ami. À cet instant, il devint un frère pour moi. Je fus très attaché à lui. Il y avait, dans le même quartier, la section des Anglais, plus dans le secteur d’Henri-Julien, Crémazie. Mon ami Michel Champagne habitait ce secteur et comme sa mère était mauvaise et ne se laissait pas faire, elle les avait à l’œil, ces Anglais. L’acrimonie contre ces anglais tenait plus de notre imagination que de la réalité. Le rôle que j’eus me fait bien rire. Comme je fréquentais le collège classique et qu’on voulait quand même bien me traiter, on me donna un genre de titre comme conseiller technique des conflits pour tout le secteur, Crémazie, St-Laurent, Jarry et St-Denis. Ça faisait pas mal grand comme territoire. Devinez qui me servait de conseillère? Ma grand-mère. Elle était très futée pour trouver des solutions à ces problèmes de chicanes et autres. Elle me donna toujours des conseils bien avisés. Je demandais toujours un 2, 3 jours avant de donner ma réplique que la grand-mère m’avait refilée. Elle en profitait surtout pour encourager certains enfants qui n’avaient pas toujours la vie facile. Il ne fallait pas faire un plat de ces choses et des « ti-culs » comme nous, il y en avait partout. Nous faisions p’tits « bums » un peu, mais nous ne l’étions absolument pas. Les parents pouvaient avoir des problèmes qui retombaient parfois sur les enfants comme n’importe où ailleurs. Et dans tout cela, je faisais le petit ambassadeur futé qui distribuait ses conseils à tout le monde respectueusement, car c’était ma marque de commerce. J’aimais tout le monde et dans ma tête, tout le monde était égal comme me le répétait « ad nauseam » ma grand-mère, défenderesse attitrée des droits de la personne sauf pour moi parfois. Elle avait un tempérament bouillant. J’eus même le sentiment, à une époque, de vivre à côté d’un volcan. Tient, j’aurais dû faire un vulcanologue, sans doute que j’y aurais eu beaucoup de succès! J’étais donc un p’tit « kid » sans prétention qui faisait le collège classique et qui avait du prestige et de l’aplomb. Je fus toujours fidèle à ménager mon « image » dans le quartier, mais ce quartier j’allais le perdre sous peu à mon grand désarroi. Les événements se bousculaient et mon avenir aussi. J’étais vraiment très inquiet. Je n’étais pas abandonné, mais pas très entouré. J’avais quand même des personnes très fiables autour de moi. Ma tante Pauline fut toujours la première dans ma tête. C’était « L’ARMÉE » à ma disposition. Jamais on ne me toucherait en sa présence ou son absence. Je me sentais donc en totale sécurité. Je pris d’ailleurs l’habitude de la visiter régulièrement, ce qui inquiétait les gens mal intentionnés de la famille. On avait peur que je rapporte des choses qui auraient pu aussi faire « enflammer » le volcan, car tante Pauline, c’était aussi un volcan. Comme l’autorité suprême. Malheur à celui ou celle qui se serait interposé. Ma sécurité était complète et mes visites, grandement appréciées de ma tante. On parlait littérature, politique, etc., et certaines informations confidentielles sur la famille. Ça restait entre elle et moi. La tante avait l’esprit ouvert, quoique conservateur, mais mes contacts avaient l’air de beaucoup la flatter. Donc, dans son espace, mon quartier, je fus traité comme un p’tit ambassadeur. J’avais la confiance complète de Ti-Nègre, j’étais donc au-dessus totalement de mes affaires. Trop comique!
Un enfant du Quartier Youville!

MON COLLÈGE FABULEUX, SAINT-LAURENT QUI M’A AUSSI SAUVÉ LA VIE.

 

 

Moi, tout petit, au collège. J’arrivais, tout juste.
Je participais à un cours de modelage. Le début en art.

Dimanche matin, à la chapelle du collège St-Laurent (ancienne cathédrale anglicane de Montréal), assis en attendant la messe. C’était une grand-messe avec en plus les grandes orgues du collège qui jouaient. Nous avions deux orgues. Un gros à l’arrière et un double à l’avant. Le plancher de la chapelle en tremblait. Et pour finir le tout, elles entonnaient la Cantate et Fugue de Bach à la fin de chaque grand-messe du dimanche. J’étais littéralement transporté par cette musique que toutes mes années de collège en furent marquées. Je ne sortis jamais de la chapelle sans que l’organiste eût terminé.

Je suis plus attaché au classique pour y avoir été initié très jeune à mon collège, Saint-Laurent, avec les samedis matin de l’orchestre symphonique de Montréal dirigée par Wilfrid Pelletier, lui-même et la série d'initiations à la musique du père Dupuis. Il nous faisait particulièrement écouter la musique des Comédies musicales américaines. J'ai toujours adoré cette musique par la suite. J’avais 14 ans. Le temps passe. Tout commençait à l’époque. C’était les Anglais qui avaient la plus belle vie culturelle à Montréal. Mais tout a bien changé avec l’arrivée subite de la télévision qui bouleversa tout le paysage artistique. Et puis, il y eut la mode d’Elvis! Toute une époque! Et j'ai vu tout ça à mon collège qui avait les studios de Radio-Canada dans ses murs. Quand même incroyable. Nous avions la plus grande scène tournante au Canada avec des équipements ultras modernes de rideaux commandés par des systèmes qui s’approchaient des ordinateurs. Nos rideaux de scène avaient plus de 30 pieds de haut, tout en velour avec les couleurs les plus utilisées; blanc, rouge, noir et bleu. Ils pesaient au moins une tonne chacun. J’ai vu quelqu’un se faire casser une jambe pour s’être fait « accrocher » par un rideau qui se fermait. En plus, notre collège possédait 3 auditoriums différents. Pas banal n’est-ce pas? J’eus de la place en masse pour m’amuser, car je fus responsable, avec une équipe, de la surveillance partielle des garde-robes de la troupe : 4000 costumes, 5000 chapeaux, des tonnes de spaghettis, les fameux câbles pour faire la jonction des différents projecteurs et autres équipements à la mode du temps. Toute une période emballante où l’avenir s'ouvrait devant nous.

BLOC MAQUILLAGE SCÈNE

Nous avions, bien sûr, notre grand auditorium, mais nous avions aussi d'immenses salles de maquillage de toute beauté avec toutes les petites lumières autour des miroirs, comme à Hollywood. C'était le passage obligé, avant de monter sur la scène, pour tout acteur que nous pouvions être. La chaise où on devait s'asseoir était organisée comme une chaise de barbier. On nous y assoyait et nous recouvrait d'un immense tablier pour éviter de salir le costume ou autre, le cas échéant. Premier rituel presqu'incontournable! On nous déposait une bonne quantité de poudre sur la tête, suffisante pour faire disparaître tous les traits de notre figure. Nos yeux devenaient tout petits. C'était difficile de les deviner. Et c'est alors que le miracle se produisait. On nous reconstruisait complètement une nouvelle figure et d'autres membres au besoin. C'était la magie du maquillage. Le fou rire me prenait souvent de me voir dans les miroirs. Quelle surprise m'attendais au détour, surtout quand, en plus, on devait m'affubler d'une perruque à la Louis XIV ou autre. Et le père Arbour qui me regardait d'un air, en voulant dire, "ne dit pas un mot, sinon Leduc va se choquer!" Ce qui fit que je ne connus pas beaucoup le père Leduc pour qui j'avais pourtant une très grande admiration. Il était architecte, ingénieur, responsable de scène, responsable des commandes de costumes en Europe, Londres ou Paris ou New York. Oui, nos costumes pouvaient nous être livrés dans d'immenses écrins, genre grosses boîtes de violons, le tout signé des plus grands artistes du temps.   
Le collège fut donc une véritable libération et révélation pour moi. Pleins d'amis dans les salles de récréation, des activités sans fin, ainsi que toutes sortes d’autres activités où je pouvais m'exercer ; dans les arts incluant le cinéma, l’imprimerie, la peinture, la sculpture et le théâtre sur la plus grande scène du Canada en plus. Je fus comblé et j’en profitai pleinement. Pas nécessaire de vous dire que je pleurai comme une « Madeleine » le dernier jour, où je dus quitter le collège pour la vraie vie. Je fus totalement dérouté et ça ne me plaisait pas du tout d’aller vivre chez ma mère qui criait tout le temps et où il y avait quatre enfants. Ce fut l’enfer total.

 


Oui, on nous traitait comme des héros au collège. Et j'avais une faveur particulière. Comme je n'avais plus de parents adoptifs, les pères me laissèrent la clé maîtresse du collège à l'année. Si tu t'ennuies Richard, tu es chez toi. Vous vous imaginez. Parfois, j'allais m'installer dans les studios de Radio-Canada d’où je regardais le "show". Oui, les pères ont été des papas pour moi et les soeurs, elles sont encore mes mamans. Gros bébé gâté n'est-ce pas? Les soeurs Sainte-Croix. Et les pères Sainte-Croix. Des héros pour moi. Je suis descendu avec la tombe dans l'excavation pour accompagner le dernier de mes papas. Je lui devais ça au minimum. Ils m'ont appris à aimer des tonnes de choses. Oui, nous sommes tous appelés à nous dépasser. Ce film, le Chariot de Feu que je viens de visionner, nous confronte à nous-même d'une certaine façon que nous ayons été un héros, une héroïne ou pas. Nous sommes tous, toutes à la recherche de quelque chose. Ces images me ramène à mon collège où on nous faisait vivre des Olympiques avec presque rien comme équipement. Nous étions pauvres. Oui, le collège St-Laurent de ce côté était pauvre. Les religieux, religieuses pratiquaient la plus stricte pauvreté. Et malgré tout, on nous faisait vivre des moments de gloire et d'espérance en l'avenir. Ho! Oui! Mon collège fut grand. St-Jea-Vianney aussi, pour lequel j'ai un immense attachement. Que de choses belles ils m'ont proposées, ces hommes et ces femmes qui voulaient au plus profond d'eux-mêmes, d'elles-mêmes, notre bien pour de vrai. Ces choses belles qu'ils, qu'elles m'ont proposées m'aident encore à voir le beau côté de la vie. À avoir foi en l'avenir, foi en nos jeunes et foi à ce peuple qui se démène honorablement pour faire sa place, être reconnu, etc. Oui, on m'a appris à m'émerveiller de tout. Le monde, en premier, les oiseaux, les avions. Les rapides qui me secouaient, les aventures dans les bois, les airs, les atterrissages, le parachute, les animaux à qui je parle encore. Les orignaux qui venaient fouiller dans mes lunchs. Oui, un orignal c'est curieux comme une belette. S'agit de ne pas bouger et d'attendre. Et tout à coup, vous voyez ce grand seigneur apparaître tout "panaché" qui vous fait l'honneur de sa visite. Pas rien, je vous jure. Oui, l'amour de la vie. Mes bons papas, mes bonnes mamans. Je vous serre très fort sur mon coeur. Sans vous, je ne serai pas en vie! Bref, je ne serais rien. Et dire qu'on s'est occupé des "pogneurs de cul". Les héros, on les a oubliés. Shame on you. Un peuple sans histoire est un peuple condamné à être niais. Et on se trouve bon. À certains égards, on fait dur mes amis. J'ai visité un collège privé de riches aux US. Pour tous les mêmes services, ça coûte aujourd'hui pour des ti-culs, 25,000$ par année US. Et nous, ça nous coûtait, 46$ par mois avec en prime la pauvreté des religieux et des religieuses. Nous sommes de purs sans-coeur. Vous devriez voir comment les Italiens traitent leurs éducateurs. Ils les visitent pendant toute leur vie. Nous, sans cœur, ils sont tombés dans l'oubli sauf pour parler de cul. J'ai honte. Nous sommes des purs pervers. Oui, nous sommes un peuple qui oublie et sans mémoire, nous allons disparaître. Je le souhaite, car à voir ce qui se passe dans certains milieux, nous ne méritons pas d'exister. Trop de nos comiques s'occupent trop de "décrotter" le nez des autres alors qu'eux mêmes ont le, nez, les oreilles, les yeux et les écoutilles bouchées pour ne pas dire d'autre chose que constipés. Mon œil! Ma mère me faisait rire parfois. J'arrivais sur la rue et elle me disait, hé! le grand, tu ne vois pas ce qui se passe? Toutes les femmes, comme hasard, sont toutes sur leur galeries, en avant. C'est curieux, tu viens juste d'arriver. Et elle me disait, tu rentre mon beau! à la blague. Pire que la scarlatine! Je vous embrasse!

À St-Jean-Vianney aussi. Combien de pères sont morts à la pauvre. Le cancer. Ils se nourrissaient au minimum. Vivaient leurs voeux de pauvreté pas à peu près. Et nous ne sommes même pas assez futés pour réaliser qu'ils faisaient ça pour nous, pour que nous en ayons plus. Les Québécois! Un peuple sans mémoire. Nous disparaîtrons! Oui, encore une fois, on s'occupait de cul alors qu'on oubliait complètement les héros. C'est une honte. Je pense au père Bouchard qui m'a admis au séminaire. J'étais jeune, très priant, beau -ça devait-. Ces gens étaient impressionnés de voir des jeunes du genre futés. Ils devaient nous admirer en silence. Mais, finalement, c'est à cause d'eux que nous étions ainsi. Et nous l'oublions. Shame on us. Je pense à André qui a passé sa vie à construire pour les pauvres. Quels sont ceux, celles qui lui ont donné le feu sacré? Des hommes et des femmes effacées qui trop souvent ont été bafoués, mais qui ont vécu leux voeux de pauvreté avec zèle pour que nous soyons plus "riches". Et toi Raynald, tu te doutes que nous aurions tout fait pour te faire plaisir. Un seul regard était un ordre pour nous. Tu leur dois au moins une bonne croûte à ces pères, frères et soeurs.


MON PREMIER COLLÈGE

 

 


Moi à la gauche, et Pierre Deschamps
à la droite.
Première année au collège St-Joseph de Berthierville. 1953  J’avais 13 ans. Déjà, j’avais un sens surprenant de la communication. Je trouvai ça très dur, malgré tout, d'être loin de chez moi, à Berthierville. Des familles du quartier que j'habitais vinrent même me visiter tellement elles savaient que je m’ennuyais. Je pense aux Robillard en particulier, qui ne ménagèrent pas leur gentillesse par une visite bien sentie. Pourtant, ce n'était pas des gens qui avaient nécessairement la vie facile. Monsieur et Madame furent d'une gentillesse incroyable, en plus de mes amis, leurs enfants, Pierre, Paul, Jean en particulier, les gars, qui furent de très grands amis malheureusement éloignés par la vie. Car, à l'âge que j'avais, les gars se tenaient avec les gars et les filles, avec les filles. Pas tout à fait, mais, oui, en général. Le quartier Youville! Quel quartier! Et je n’étais pas gros! Pas du tout. Je tombai d’ailleurs malade en plein milieu de l’année scolaire. Scarlatine! Je n’en menais vraiment pas très large. On aurait dit que l'éloignement de ma mère venait encore une fois d'avoir ma "peau". Même si ma mère était loin, j’avais encore, malgré tout, comme une âme de « sauveur de la mère et de l’orphelin! » Le p’tit pit, mon ami, pleurait, car il s’ennuyait de sa mère. Nous avions 12 ans et moi 13. (1953) Je posai quelques questions et me rendit compte que c’était une histoire de divorce dans lequel on tentait d’éloigner le fils de sa mère. J’appris, en l’écoutant, que la mère travaillait à Canadair (Bombardier, maintenant.) Je pris le téléphone et je convainquis l’opératrice, avec mon talent de beau parleur, que mon copain cherchait sa mère qui travaillait à Canadair. Donc, je demandai qu’on me trouvât le numéro de téléphone de Canadair, Au service de je ne sais trop quoi, du personnel pour commencer, afin de savoir où était la mère de mon copain. L'opératrice était très émue d’entendre la voix d’un enfant qui cherchait la mère de son copain. Oui, j’ai eu une collaboration sans pareille. Cette femme m’accompagna dans toutes mes démarches et au bout de 10 minutes, j’eus la mère au téléphone. J’embrassai l’opératrice à distance et j’ai dit à mon ami Réjean; « bon, tu parles à ta mère maintenant ». L’enfant et la mère se parlèrent. Quelle joie!

LE COLLÈGE QUE J’AIMAI LE PLUS
J’ai premièrement été élève dans un collège huppé du temps. (On en sort définitivement marqué, dans le bon sens. Un étudiant de St-Laurent, ça possède une mentalité particulière, une éducation particulière. Ça sait se présenter en public. Nous avons une tenue particulière, un langage particulier et un comportement particulier.  Le genre de tous pour un et un pour tous existe. Nous sommes tous frères dans l’âme! Presque le genre d’une société secrète. Et nous nous traitons toujours d’égal à égal. Dans le temps, pour l’Expo 67, tous ceux de St-Laurent étaient automatiquement sélectionnés pour des postes. Tu ne pouvais y échapper. En tout cas, je n’ai pas réussi. C’était un « must ».)
Des enfants des familles riches du Québec, mais pas seulement des riches ont fréquenté cette institution. Ils pouvaient être d’origine de familles honorables et même moins honorables comme, par exemple, des enfants de milieux carrément criminels mais riches. La direction du collège ne le savait jamais. Et pour le savoir, comme élève, il fallait avoir des confidences de certains élèves, ce que j’ai eues. Ce n’était pas la « flotte », mais quelques personnes seulement. En plus, ces élèves n’étaient, mais pas du tout, criminalisés. Les jeunes de ces familles étaient comme tous les jeunes de notre âge. Ils avaient entre autre besoin de se faire aimer. Les pères donnaient donc plus d'importance à cet aspect qu'au statut, n'importe lequel, de la famille qui voulait envoyer son enfant au collège. Je trouve ça très honorable de la part de ces pères.
Oui, St-Laurent fut le collège que j'aimai le plus. Il me donna une base en "béton" qui me servit toute ma vie. Ce fut non seulement un collège pour moi, il devint aussi ma famille. Tellement vrai, que les pères m'en donnèrent les clés. Je pouvais donc y entrer et en sortir comme je voulais. Je fus donc un vrai enfant gâté où une connaissance fit aussi son inscription, Georges Brossard. « Car Georges a maintenant « la chance », dit-on dans son livre [c’est ce que lui disent ses parents] d’aller étudier au prestigieux Collège Saint-Laurent, à Montréal. À 12 ans, vêtu de son plus bel habit et sous le regard attendri de sa mère, le jeune campagnard entame le cours classique, abandonnant la nature pour devenir pensionnaire dans la grande ville. Ses espoirs sont grands, l’avenir lui appartient! » Tiré du livre de mon bon Georges. Je me trouvais bien gâté. St-Laurent dans le temps, c’était le début du théâtre à Montréal ainsi que le début de la télévision canadienne à Montréal. Tous les samedis matin, j’avais mon concert de culture musicale avec l’orchestre symphonique de Montréal dirigée à l’époque par Wilfrid Pelletier. Je me sentais « gras » comme un voleur. Il m’arrivait même, à l’occasion, de littéralement tomber en transes tellement j’étais transporté par la musique. J’eus même la surprise de réaliser que j’avais eu quelques pertes pendant ces fameux concerts. [Je reviendrai sur le sujet à propos de la transe et de la télépathie de l’enfant et de l’ado, télépathies qui sont tout à fait normales.] Je vibrais vraiment comme une véritable corde de violon et, en plus, j’étais assis tout juste à côté du chef d’orchestre. Quel honneur! Je vous jure que je ne manquai rien.
J’avais l’impression d’être un petit roi. J’étais toujours émerveillé.  Lever à 6 hs 20, 7 hs chapelle 7 hs 40 étude, 8 hs 15 déjeuner, 9 hs 15 classes, 11 hs piscine [2 fois dans la journée]. Après, dîner et récré. 1 h 15 cours, 4 hs piscine, Étude. Souper. Basket. etc. Congé les mardis et jeudis après midi et dimanche. Orchestre symphonique de Montréal tous les samedis matin. Les studios de Radio-Canada étaient dans nos murs. Le théâtre à Montréal avait en partie commencé chez nous. Le Club canadien de hockey venait se pratiquer la nuit. Nous avions le club canadien de tennis et ses champions. Nous étions le collège avec, à peu près, une des meilleures cotes au Canada. Arrivé à l’université américaine, on m’avait dit que nous étions la crème de la crème. Nous avions aussi certains contacts avec l’université Notre-Dame aux É.-U., car c’était la même communauté religieuse qui en était directrice. Décidément. On avait tout pour nous autres et nous en étions très fiers.

 

 

 

Quasi la fin de la dernière année après une retraite de réflexion.
Je suis en avant, à droite.

 

 

 


Mon bateau des pleurs, car j'ai pleuré souvent
dans mon coin, seul. Ma mère était mourante.
J'avais 16 ans.

Pendant les derniers mois de maladie de ma grand-mère, j’eus aussi la chance d’avoir un emploi comme marin sur l’Edward Cornwalis, N.B. McClean et le C.D. Howe (En partance, tous les trois, pour le Pôle Nord). Ceci, j'espérais, allait me distraire de l'atmosphère morose créée par la mort imminente de ma grand-mère. Mon ami Michel fut présent jusqu’aux derniers instants. Je ne me souviens plus s’il habitait encore dans mon quartier. Chose certaine, je suis allé le visiter souvent, chez lui, autant à Joliette, qu’à Québec. Ce cher Michel, il m'enseignait toutes sortes de choses, dont le dessin à propos duquel il m’enseigna toutes sortes de trucs. Sa mère, qui m’aimait beaucoup, et qui était elle-même artiste peintre, lui enseignait toutes sortes de choses sur le dessin et la peinture et à son tour, il me refilait son savoir. Faut-il dire qu’il fit ses beaux-arts à Québec et devint un peintre, mais surtout un graveur qui vous sortait des choses de toute beauté. Il fut aussi administrateur pour des artistes qui en avaient vraiment de besoin. Il devient un artiste reconnu, mais à quel prix! Il a travaillé très, très fort toute sa vie. Malgré tout, il resta une personne simple toute sa vie. La façon dont il s'habillait nous faisait croire plus qu'il était homme d'affaires plutôt qu'artiste peinte. Il était toujours bien habillé. Il était du même genre que tout le monde dans ses vêtements. Mais, pour ce qui était de défendre ses idées, alors là, il fallait s'équiper. Il fut une personne très articulée toute sa vie.

L’ADO. ET L’ENFANT TÉLÉPATHE.
BLOCK À AJUSTER

L'adolescence, c'est cette partie de la vie qui nous mène très proche de notre éternité. L'adolescent est télépathe comme l'enfant naissant. C'est la raison pour laquelle il a sa force. Dans sa tête, rien ne lui résiste. Il est comme indestructible. Au dessus des éléments. Pas nécessaire d'avoir un instrument de musique, l'instrument de musique, il est dans ma tête. Oui, quel privilège. J'ai eu, pendant des années, cette musique, toutes les musiques dans ma tête. Mon plaisir fut pendant longtemps de m'asseoir dans les immenses haut parleurs qui me faisaient vibrer de tout mon corps à ces battements d'accompagnement de toutes sortes de musiques. Je m'imaginais comme sur une scène, tient, la scène de mon collège, la plus grande du Canada. J'avais l'impression de quitter cette galaxie à la rencontre de toutes sortes d'accompagnements pas encore inventés. Oui, parce que j'inventais de la musique dans ma tête, dans mon coeur, dans mon corps, dans mes oreilles. Je m'imaginais au Radio City Music Hall de New York en train de faire danser les Rockettes. «Pour moi la musique classique recèle d'infinies promesse. Enfant, je ne le savais ni ne le comprenais. Mais, comme beaucoup d'autres, je le ressentais. Ce sont des promesses d'énergie, de force, de connaissance, d'inspiration, de consolation et de bonheur, d'une liberté spirituelle au-delà des conventions sociales.»(Ken Nagano) Non, quand on fait de la musique riche, on quitte carrément les conventions sociales. M. Nagano a bien raison. Le « faire comme tout le monde » disparaît.
 
Oui, j'avais la vie devant moi, une vie pétillante. Mes amis me courraient après moi pour me voir danser et danser toutes les nuits eux aussi. C'est ce qui motivait ces amis de m'amener dans tous les voyages qu'ils faisaient. Ils savaient, qu'ils y passeraient la nuit à fêter. Et, le lendemain, agenouillé devant ma Pieta, ma Pieta adorée à New York, tenant son fils inanimé dans ses bras. Oui, oui, c'était à New York. L'exposition de New York ou le Vatican construisit un pavillon de toute beauté pour abriter ce précieux trésor. Merci Marie, Merci ma maman adorable, merci pour toutes ces joies de nuit et cette fabuleuse joie de te rencontrer. Pitié Marie! Pitié! Comment tu as fait. Ton fils. Ton fils adoré. Mort! Tué par les hommes. Ces infidèles. Ta figure comme dévastée, dépassée devant le corps inerte de ton fils. Pourquoi t'avons nous fait un tel affront. Nous les humains qui sommes si exigeants pour nos droits. Mais les droits des autres, alors là, c'est différent. Ça nous indiffère justement.
 
Ho! Marie! Que tu étais belle dans ta verrière du Pavillon du Vatican de New York. Oui, ta visite, dans la capitale du monde. Ta sainte figure comme consternée de la perte de ce fils. Oui, adolescent, j'étais éternel. Je tombais souvent comme en transe, tellement tout ce qui m'entourait me pénétrait, m'habitait m'ébranlait.  J'habitait le monde et celui-ci m'habitait. Le coeur de la terre battait en moi et moi en elle. Quel grand plaisir, quelle grande jouissance que de me retrouver comme en Italie, comme ça, sans prétention. Ma petite Italie à Montréal m'aidait à le faire. Bien sûr que j'avais des timbres d'Italie dans ma collection, avec au haut de la page le fier drapeau de ce beau pays. Ma collection m'aidait à me retrouver dans tous ces pays du monde que je pouvais visiter dans mon imagination. J'allais donc visiter tous ces pays...dans ma tête d'enfant émerveillé. L'Afghanistan m'impressionnait toujours avec ses "barbus" d'une autre âge sur ses timbres(1949). Toujours le drapeau du pays en haut de la page. C'était important. Et j'allais vite dans mon dictionnaire vérifier ce qu'il advenait de ce pays. On y cultivait du pavot, disait-on. Impressionnant. Tintin au Congo. Et je me voyais tout à coup transporté dans ce pays fascinant d'Afrique. Ça n'en menait pas large le Congo dans les années cinquante. Les européens s'arrachaient les lambeaux de ces pays. C'était le temps de la colonisation. Plutôt dire, de la dévastation.
 
Et tout à coup, un tremblement dans tout mon corps. Tremblement inexpliqué, venu d'un autre monde aussi. Pourquoi me déranger? J'étais bien. J'avais un parfait contrôle sur tout. Et tout à coup, ces pulsions qui s'imposent et viennent chambouler ce corps qui était tout heureux d'être simplement lui-même. Oui, Kurt Gerstein (1905-1945), avait bien raison de dire que cette sexualité, c'est un emmerdement qui vous impose ses conditions et sur lesquelles vous avez de moins en moins de maîtrise. Pourquoi ne m'a-t-on laissé en paix avec mon corps d'enfant. J'étais pourtant bien. Non, la vie décide que ce n'est pas assez, qu'il faut en rajouter et voilà que tout un autre type d'hormones vous envahie malgré vous et vous impose leurs lois. J'étais si bien enfant. Et tous ces costaux, au dortoir, qui en plus, se faisaient un plaisir non dissimulé de se promener la queue bien raide devant tout le monde. Un peu plus, ça devenait le concours de la plus longue queue! Cinglés! Une bande d'adolescents. Pas pour rien que les père, en vitesse, nous envoyaient courir le mille ou moins tous les matins. Les queues reprenaient leur dimension normale. Et en plus, je ne savais rien de toute cette histoire. J'avais quasiment été élevé en incubateur une bonne partie de ma vie. Donc, le sexe? Connaissais pas du tout. Je me doutai à un moment donné qu'il y avait quelque chose de spécial qui se passait dans l'air, car mon grand-père ne cessait de dire à tous ceux qui voulaient l'entendre, qu'il fallait qu'il me parle. Mais ce n'est jamais arrivé. Vous vous imaginez, deux pauvres personnes âgées avec un p'tit pit pit innocent comme moi qui devaient tout à coup me mettre au courant de phénomènes que je connaissais mais pas pour la peine. C'était plus l'exitation des autres qui attirait un peu mon attention et à peine.  


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Je fus vraiment télépathe à mon adolescence. Je l’expérimentai plusieurs fois sans parler de ma mémoire toute visuelle qui était une véritable caméra. Je lisais vraiment dans l’âme des gens et c’est sans doute aussi ce qui me sauva. Encore aujourd'hui, je me ferme les yeux pour « voir » ce que ma mémoire a retenu. C'est vous dire! Une amie psychologue me fit la démonstration avec ma plus vieille des filles. Josie-Anne dormait d’un sommeil très profond, tellement qu’elle en ronflait. Et tout à coup, sans nous aviser, Yvonne se tourna de bord pour simplement dire à Josie-Anne : « Hein! Josie-Anne, c’est drôle notre affaire! Hein!» Nous étions justement à nous conter des histoires drôles. Stupéfaction, Josie-Anne, 6 mois, se mit à rire quasi aux larmes en entendant Yvonne l’interpeller de la sorte. L’enfant, même en plein sommeil, comprenait tout. Je répète. L’enfant, même en plein sommeil, comprenait tout. Je trouvai ça de toute beauté! J’avais parlé de mon expérience à Yvonne, mais jamais je n’aurais cru qu’elle allait m’en faire une démonstration irréfutable. L’enfant nous entend, il lit dans nos pensées. Nous ne pouvons rien lui cacher d’où l’importance d’assurer la totale sécurité de la mère dans toutes les circonstances. Je suis convaincu que Josie-Anne lisait dans nos pensées à nous deux, Lise et moi. Toute petite, elle nous sortit la réflexion suivante (à l’âge de deux ans.) : « Est-ce que c’est vrai qu’une femme ne peut pas faire tout ce qu’un homme fait dans la vie? » nous dit-elle. Mon cœur chavira totalement. « Tu sauras ma fille… » Et c’est mon cœur qui parla. Je retins cet événement toute ma vie. Je n’allais surtout pas oublier comment un enfant est facilement impressionnable et saisit rapidement les « toutes crocheries », que ce soit d’un milieu, la radio, télévision, conversation des gens, etc. Je soupçonne les médias d’être gravement responsables de beaucoup de désinformation à cet égard, désinformation qui déforme justement la pensée humaine. C’est un véritable lavage de cerveau, surtout en considérant le facteur « peur » qui augmente chez les gens, sans aucune justification statistique ou autre concernant les événements courants de la vie quotidienne.
Ce qui me fait parler de transe d’autre part, c’est l’événement où je tombai dans un coma à mon arrivée au collège. Je me suis souvent interrogé à ce sujet et je me suis toujours demandé s’il ne s’agissait pas d’une forme de transe que j’avais vécue, car, lorsque je revins à moi, je me levai tout simplement et m’habillai, car je trouvais que ma place n’était pas à l’infirmerie, mais en classe comme tout le monde. Et je me dirigeai tout à fait normalement, sans tituber, vers ma classe. Seul, le supérieur m’accompagnait pour les présentations qui furent courtes. J’allai m’asseoir et la vie continua son cours. Plus jamais je ne reparlerai ou on me reparlera de cet incident.
UN DÉSASTRE : LA MORT DE MES DEUX PARENTS.

 

 

 


Je venais de perdre mes deux parents et l’eau me
faisais grand bien pour me détendre et oublier.

La mort de mes deux parents fut un choc terrible pour moi, mais rien n’y paraissait. C’était la panique totale à l’intérieur, mais à l'extérieur, rien. Je ne me sentis jamais aussi seul. Les deux décédèrent à l’été 1956.  À la fin du mois d’août, je fis mon entrée au collège et c’est à ce moment que je réalisai tout le désarroi qui m’habitait. Je venais de quitter la maison familiale et je savais que je ne la verrais plus jamais, car elle fut mise en vente. Comme il y avait un mineur, la loi obligeait la famille à me payer ma part ou vendre la maison. Comme personne n’avait d’argent, on n’eut d’autre solution que de vendre. Je perdais donc tout. Plusieurs de mes effets personnels furent vendus à la ferraille sans me consulter. L’entrée officielle du collège se faisait l’après-midi, après quoi nous étions invités pour le souper. L’événement que je qualifie de tragique se produisit vers les 8hs du soir alors que tous les élèves étaient convoqués à leurs salles d’étude respectives. Je n’eus pas le temps de ne rien voir venir. Assis depuis quelques minutes, je me sentis partir tout en me mettant à vomir. Je perdis connaissance et tombai dans un coma. Je n’ai jamais repensé à cet événement sauf maintenant. Je me suis réveillé une ou deux jours plus tard comme si j’arrivais d’un autre monde. On m’avait mis mon pyjama. Donc, on avait dû me déshabiller, me laver et m’installer dans un lit de l’infirmerie. Les costauds du club de hockey avaient aidé.  On prit soin de moi comme d’un toutou, me disait-on. Je me levai et le frère qui s’occupait de l’infirmerie vint me voir et me demanda comment ça allait. Il me semble l’entendre encore; « mon p’tit lapon!  Comment ça va? » Ce frère était la bonté même, la bonté de Dieu sur terre. Mon collège que j’adorais prit grand soin de moi. Personne ne me parla plus de l’incident après, mais je sentis une profonde affection de tout le monde qui m'entourait. Nous étions plus de mille élèves pensionnaires. Oui, je fus aimé au collège. Oui, je suis très fier de mon collège Saint-Laurent à ville Saint-Laurent. Un haut lieu de culture qui nous invitait à nous dépasser. On nous préparait à CHANGER LE MONDE, rien de moins. Pas de banalité. Seulement des choses profondes et cette recherche de la vérité qui nous rongeait au plus profond. Rien d’autre. L’esthétique était aussi au rendez-vous, partout.   Les histoires qu’on raconte sur les abus de certains éducateurs dans d’autres institutions, c’est le genre de choses que je n’ai jamais connues à Saint-Laurent. Je pense qu’il y avait des balises sévères pour empêcher de tels événements. Les bons pères avaient les « spots » allumés. Ils se méfiaient, j’en suis sûr et donc, prenaient des moyens, les grands moyens. Mais, dans le temps, c’était plein d’« intouchables ». Ces gens que tu ne pouvais pas poursuivre parce qu’ils étaient hyper protégés par les gouvernements, leur statut spécial ou d’autres raisons. Genre de classe à part, au-dessus des lois. C’était véritablement une question de classe sociale. Une classe qui pouvait tout se permettre et l’autre qui subissait tous les sévices. Le ministre de la Justice du temps avait voulu mettre Mgr Pelletier en prison pour avoir tué accidentellement un jeune couple sur le pont de Trois-Rivières. Le cardinal Léger en personne avait menacé d’excommunier toute personne qui mettrait un évêque en prison. Le ministre de la Justice du temps n’avait rien pu faire. L’Église, à ce titre, pouvait facilement renverser un gouvernement. Un de mes amis, tué par un gars saoul, mais saoul totalement. Il fut impossible de le poursuivre, un INTOUCHABLE. Nous avions beau avoir une légion d’avocats dans nos rangs, rien n’y fit. Il y en avait vraiment encore dans notre société de ces intouchables et ça ne fait pas longtemps du tout qu'ils sont disparus. Et encore? Il y en a peut-être, plus que nous croyons, de ces gens... intouchables. Et ceux qui faisaient les culottes des p’tits gars, ben voyons donc, ça se faisait chez les Grecs, vous ne savez pas? disait-on. Ignares, on n’avait aucune réponse à donner. Certains milieux pratiquaient la « pédérastie » à profusion sans que personne ne levât le petit doigt. Il fallait avoir de la « culture » pour comprendre, nous disait-on, aussi. Véritablement, une classe qui se défendait sur le dos de l’autre en employant toutes sortes de subterfuges pour neutraliser les plaignants. N’y a-t-il pas un artiste, qui dernièrement avouait candidement dans son dernier livre que d’abord que le jeune avait un peu de poil, il l'aimerait quand même! Vous vous souvenez, aucun artiste ne leva le petit doigt, même pas à Tout le Monde en parle, totalement médusé par une telle déclaration. Vous auriez demandé à la police du temps d’intervenir, on n’aurait jamais accepté de le faire comme pour les hommes qui battaient leurs femmes en public et dont personne ne s’occupait; « elle a dû faire une grosse gaffe », disait-on. Et l’Église ne se pressait pas trop pour intervenir non plus, en fait, elle n’intervenait pas du tout, car elle faisait partie de ces INTOUCHABLES.   La section des religieux à notre collège était d’ailleurs complètement séparée de la section des élèves à Saint-Laurent. C’était totalement interdit d’y entrer.  Il y avait aussi beaucoup de laïques comme éducateurs.  Donc, ce n’était pas du tout un milieu fermé. Je serais totalement surpris d’apprendre un jour qu’il s’est passé quoi que ce soit. Les aires d’activités étaient ouvertes. Il n’était pas surprenant de voir des élèves à leurs cases qui se déshabillaient comme si de rien n’était et mettaient leur linge pour faire du sport. Je faisais la même chose. La nudité n’était pas un grand secret, mais comme tout était ouvert, ça incitait beaucoup moins aux abus. Je me souviens qu’une fois au moins, un jeune ami près de moi fut pris de panique, il ne voulait pas se mettre nu. Je lui refilai ma serviette en toute urgence. Un point, c’est tout. Le temps de mettre mon équipement sportif alors que j'étais nu ne me dérangeait pas du tout. J’avais un respect éternel pour tous mes amis. Ils avaient le droit de penser ce qu’ils voulaient. La liberté totale pour moi, la liberté totale pour eux, dans le respect. L’essentiel de la morale qui devrait aussi être la loi.
Un spécialiste jésuite de la prière, le père Grelot que j'aimais beaucoup, s’étant fait demander par un élève, ce qui était important dans le christianisme, avait répondu énergiquement, avec un coup de poing sur la table et d’une voix très forte; « LA LIBERTÉ, MON ENFANT! » Et donc, je ne me gênai jamais d'aller me baigner tout nu aux piscines du YMCA, du YMHA ou du MAAA. Je sentais grandement, dans le temps, que j'y exerçais ma meilleure des libertés. Et comme j’étais séminariste, ça ne me coûtait rien. On n’allait surtout pas m'empêcher de pratiquer mon sport préféré, la natation. Et comme c'était centre-ville, endroit où j'étudiais, je n'allais surtout pas m'en priver.
Georges, Jacques et d'autres.
J'eux aussi le privilège, au collège, de connaître Georges Brassard. Ce n'était pas un ami, mais plutôt une connaissance que j'admirais beaucoup. Pour moi, Georges cependant faisait partie d'un autre monde. Le monde des riches. Donc, un monde qui pouvait se payer tout ce qu'il voulait. Ce monde était comme un mystère pour moi. Je n'y connaissais rien. C'est simplement, à l'usage que je découvris ce que c'était, en étant invité chez un et chez l'autre. Je découvris, justement, que certains autres n'avaient pas du tout le même type de vie que moi, mais que nous pouvions quand même être de très bons amis. Certains étaient plus « show off » et d'autres, plus discrets. Le plus riche de tous, à part l'immense maison de Westmount qu'il habitait, je n'aurais jamais deviné les conditions dans lesquelles il vivait. Le père de famille semblait une personne qui imposait à son monde une vie de réserve, pas question de « de se péter les bretelles devant tout le monde" et pourtant, le père était milliardaire, mais humble et discret. Jacques, mon ami, avait son auto qui pourrissait dans le fond de la cour du collège, non intéressé par le « char », mais plus plutôt par son canot et son kayak et l'escalade, l'alpinisme, tout ce qui touchait la montagne. Un véritable grand sportif qui m'apprit beaucoup. Je devrais dire, qui m'apprit tout. Il semblait pouvoir se payer tout ce qu'il voulait, mais discipliné comme il était, il se payait strictement ce qu'il avait de besoin. La seule chose qui dépassait la norme, chez lui, c'était sa piscine intérieure chauffée. Elle était de toute beauté. Elle avait été décorée par le fameux Mousseau qui a décoré le métro Peel à Montréal.
Georges, de son côté, avait un côté "pétillant" et généreux que j'admirais beaucoup. Il était jeune, il avait sûrement le droit de faire toutes les folies qu'il voulait. Il n'était pas le seul de riche dans ce collège. Lui et son frère Benoît recevaient leurs autos neuves à chaque mois de septembre que le Bon Dieu amenait. Mais, chose étrange, Georges et son frère étaient comme bénis des dieux. Georges avait une sorte de fougue qui en faisait un chasseur, un trappeur, un chasseur d’insectes, de papillons, etc. Son frère Benoît, le "protecteur" était aussi passionné de la nature, mais plus discret. Georges aussi était un « fou de la nature». +++++Un cœur d’or et une énergie sans fin, mais très indépendant. Ce qui fait que nous nous sommes peut-être donné des coups de pied au cul, mais nous ne nous sommes jamais vraiment parlé sauf pour nous saluer ou nous échanger des banalités. Je ne faisais tout simplement pas partie de sa "gang", mais curieusement, 50 ans plus tard, il se souvient de moi comme si c'était hier. +++++ Il était comme fier de nous montrer à tous ses performances, mais disparaissait vite de la scène, ce qui ne fut pas du tout le modu operandi de plusieurs autres de mes amis riches. En résumé, je ne fréquentais pas le même monde que Georges même si nous sommes restés amis (frères d'armes) à distance. Georges, pour moi, était bon dans tout. Je ne pouvais vraiment le suivre. Il faisait des spectacles comme dans les cirques et aussi beau que les cirques. Il était comme fait en caoutchouc. Il y avait d'ailleurs une rumeur urbaine qui circulait au collège et qui rapportait que son frère Benoît lui étirait les jambes tous les jours pour l'aider à être plus souple. Il lui faisait même des nœuds dans les jambes nous disait-on. De mon côté, j'ai essayé de faire la même chose, mais ça n'a jamais marché. +++++Georges avait aussi ses faucons qu'il gardait dans une immense cage. Il se servait d'eux, pour chasser les pigeons qui endommageaient les murs extérieurs du collège. C’est ‘Mon Fils’(Nom que l'on donnait à un frère qui nous appelait ses « Lapons » comme un bon père tout attentionné. Il s'occupait de l'infirmerie et nous soignait comme des dieux. Il aida Georges à faire la chasse aux pigeons pour qu'ils servent de nourriture aux faucons qu'il élevait. Un jour, par mégarde, Georges échappa qu'une seconde une de ces bêtes voraces. Le faucon ne l’avait pas manqué. Georges s’était fait ‘déchirer’ un bras. Les serres avaient traversé son manteau de cuir de protection, son blazer qui était en dessous et sa chemise blanche sans oublier de labourer son bras. Georges avait rattrapé l'animal très vite, mais pas assez vite pour éviter des dégâts. Pour conclure, Georges allait même jouer en pleine nuit dans les échafauds du collège avec sa bande de copains. Le jeu était périlleux et se termina sans doute, le groupe ayant été rappelé à la prudence. Faut-il se surprendre que nous ayons eu un mort par année dans ce collège. 1000 gars dans une boutique. Aussi bien-dire mille débiles qui courent après la mort dans tous les sens.
Nous étions tous, malgré tout, nous de St-Laurent, gâtés par les dieux, à n'en pas douter. Je pense sincèrement qu’après toutes ces années, nous devenions une sorte d'êtres d'exception. La famille Von Trapp passait nous visiter régulièrement, les Compagnons de la chanson aussi ainsi que Félix Leclerc, ami avec le Père Legault des "Compagnons de St-Laurent". Nous avions aussi le plus beau buffet-causerie du grand Montréal, avec d’immenses sculptures sur glace qui représentaient, par exemple, les armoiries pleines couleur du Canada, d’immenses dauphins aussi sculptés dans la glace, etc., etc., etc. Nous avions le Club canadien de Tennis dans nos murs. Les orgues de la chapelle résonnaient avec les plus grands artistes du monde. Nous avions eu l’orchestre de Berlin dans notre chapelle. Bref, un p’tit monde, mais un monde qui bouillonnait d’énergie et d’inventivité, etc.
Nous avions aussi un observatoire officiel du Canada comme celui de Dorval avec ses envois de ballons tous les jours, etc., etc., etc. le tout synchronisé avec l'aéroport de Dorval afin que les fameux ballons énormes n'entrent pas en collision avec un avion. Ça n’avait vraiment pas de fin. Une expérience semblable se déroula des dizaines d'années plus tard dans mon local de classe. Mes élèves et moi avions communiqué avec les astronautes russes qui nous passaient au-dessus de la tête, cela à mon école de Ste-Rose, véritable réminiscence de Saint-Laurent pour moi. L’expérience fut stupéfiante au moment où nous entendîmes prononcer le nom de notre école par un des astronautes. On nous demanda de répondre. Ce fut un tonnerre d’applaudissements dans la classe où nous étions installés, le local qui servait au Réseau d’entraide. De bons mots furent échangés des remerciements, de fraternité, de reconnaissance et de félicitations. Une antenne toute simple avec laquelle nous avions pu nous annoncer pour parler à Soyouz. Et le timbre de voix des Russes qui était bon enfant au possible. Un événement qui n’a jamais été publié, mais il y en avait plein de ces bons coups qui ne paraissaient pas sur les journaux. On préfère, dans ces journaux, donner la préférence aux chroniques des chiens et des chats écrasés. Pour ce qui est de la performance étudiante, on préférait passer à autre chose. Le contact dura 3 minutes 1/2. C’était tout ce que l’on pouvait nous offrir à chaque trois ou quatre jours pour le moment.
 
MAUDIT QUE T’ES CHANCEUX « LABELLE »!
Jeune, au collège, j’avais bien sûr, certains copains qui était très riches...en argent. Pour ma part, à cet âge je savais à peine ce que le mot millionnaire voulait dire. Tout ce qui m’intéressait c’était ma piscine, mon ballon-panier, mes lectures de Bob Morane et de Jules Vernes, l’orgue fabuleux de mon collège, mon hockey et certains champions de sport. Ce jeune riche du collège me regarda et me dit comme dans un cri du cœur, MAUDIT LABELLE QUE T’ES CHANCEUX! Comment? lui ai-je dit. Répète-moi ça que j’entende bien. Il déclina tout ce qu’il trouvait chez moi qui faisait que j’étais chanceux. Cette déclaration régla à tout jamais presque le reste de ma vie! Ce fut toute une leçon pour moi.
LE VOL DANS LES COLLÈGES
Je dois avouer qu’un sérieux problème affectait mes deux collèges que j’ai pourtant beaucoup aimés. On se faisait voler à répétition. Tu ne pouvais rien laisser traîner. On est même venu vider mon portefeuille alors que je dormais, le soir, au dortoir. Le pire de St-Laurent fut lorsque je me fis voler toute ma collection de céramiques, sculptures, peintures, résultat de 3 ans de travail. Sans doute des jaloux, qui nous surveillaient et qui attendaient la bonne occasion pour nous faire la passe. Oui, des p’tits fils de bonne famille, jaloux au point de vous extorquer quelque chose s’ils le pouvaient. Moi qui étais naïf et qui n’aurais jamais pensé prendre quelque chose qui ne m’appartenait pas. Le collège demeura honorable pour moi, mais sa clientèle devint de qualité inégale dans ma tête. La même chose pour St-Jean-Vianney, genre petit séminaire où, pour être accepté, on devait s’engager à penser sérieusement à la prêtrise. Dès le premier soir de mon arrivée, je trouvai une lettre sur mon lit me soulignant la difficulté que la personne avait de voir de l’argent exposé, même un peu de monnaie, à la vue de toute personne qui pouvait entrer dans ma chambre. Donc, la personne en question ouvrait les portes pour vérifier et voler au besoin. Avec moi, elle avait comme senti une certaine culpabilité et s’était ravisée. Je pense bien que la personne en question récidiva des dizaines de fois en me volant des pièces de linge ou des livres. Je dus imprimer mon nom dans une trentaine de pages de chaque livre que j’achetais pour m’assurer de ne pas être volé. On n’osait pas se plaindre tellement on était incrédule de se faire voler dans un séminaire, en plus. Le chat sortit du sac quand un finissant prit conscience du comportement du fameux personnage pendant les examens que nous avions régulièrement. Le triste sire se permettait de copier à tout coup et sortait haut la main de tous les examens difficiles que nous avions à tous les lundis matin que le Bon Dieu amenait. Quel stress nous avions à la venue de chacune de ces épreuves. Une véritable torture. Et le petit monsieur, de son côté, avait des quasi 100 % dans tout ce qu’il faisait. L’élève qui se plaignit avait beaucoup d’influence auprès de la direction. Fils de médecin, ça lui donnait le prestige suffisant pour avoir une influence auprès de l’autorité. Le responsable fut suspendu sur-le-champ et du quitter le collège le jour même. Pour ma part, les vols cessèrent, autant pour les livres que pour le linge. Ceci, ne me ramena pas bien sûr, un enregistrement intégral de toute une communication que j’avais eue avec le chanoine Lionel-Grould, historien, quelques mois avant sa mort. Sans compter les nombreux films, 200 photos à peu près, qui me furent aussi volées. Malheur à celui qui fera entendre l’enregistrement en question à la radio ou ailleurs. Pour les photos, la même chose. Le voleur en question n’eut sûrement pas de difficulté à vendre le précieux butin à quelque amateur, collectionneur ou je ne sais trop. J’en garde encore un souvenir amer même si je sais que le personnage responsable de ces mésaventures dut payer ses méfaits en faisant de la prison. Je le croisai rapidement dans le métro à l’époque de l’Expo 67. Il m’inspira plus de la pitié que d’autre chose. Un « pauvre bougre » qui venait sans doute d’un milieu difficile et qui découvrit tout à coup qu’en trichant, il pouvait plus rapidement gravir les échelons dans la société. Il fut « attrapé » par les moines d’Oka qui firent venir la police provinciale sur-le-champ. Qu’est-ce qui est arrivé après, je ne sais trop, mais notre « ami » en fut quitte pour une période en « cellule » d’une prison de la région de Montréal. Le trichage est encore pire maintenant, me dit-on. Tout le monde veut avoir tout gratuitement. Il faut même des logiciels spéciaux pour pouvoir identifier ceux qui copient dans des publications scientifiques ou autres, question de prendre moins de temps pour atteindre leur but. Sans compter ceux qui font faire leurs travaux par des éditeurs spécialisés qu’ils payent parfois à fort prix. Bien sûr que les universités prennent les grands moyens pour déjouer ces tricheurs.
« CONTRAT » DE CONSTRUCTION POUR LE COLLÈGE
J’ai aussi travaillé sur la construction qui se faisait à Chertsey pour les pères des Saints-Apôtres. André Franche était responsable de ces travaux. Du travail de toiture. Mon chum Robert et moi eûmes les pieds « ronds » pendant des semaines, accablés que nous étions de nous tenir debout sur un toit afin d'y installer solidement des bardeaux de toitures.
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Pas banal non plus. Un Québec qui en bonne partie, à l'origine, s’est fait à cause de la générosité de ses citoyens. Les communautés religieuses. Toute une organisation aussi. Nos missionnaires sont allés partout dans le monde. Oui, y’a eu des erreurs, mais il y a eu de grandes réalisations qu’il ne faut pas oublier. Il me semble rencontrer Gratien Gélinas avec notre père Leduc de St-Laurent, notre petit génie. Il était à la fois architecte, ingénieur et je ne sais quoi d’autre. Il faisait partie de ces créateurs incroyables qui nous faisaient nous dépasser. Et le fameux père Leduc était partout. Nous avions 4000 costumes de théâtre, 5000 chapeaux, des tonnes de « spaghetti » (fils pour la scène, des centaines de projecteurs pour tous les types d’éclairage. Incroyable! J’étais comme un enfant émerveillé à tout coup, tous les jours, de participer à cette « parade » extraordinaire de la marche de nos gens vers leur avenir. Je me sentais comme dans le film, L’EMPIRE DU SOLEIL! Saltimbanque, je découvrais tous les jours sans compter les studios d’art, de télévision, de musique, les sorties régulières dans les musées, les sorties dans des industries et j’en passe. C’était tout un monde. C’est mon Crie du cœur pour tous ceux, celles qui m'ont fait grandir.

Le collège et ses accidents
Une autre petite histoire vraie et comique. Comme je vous disais, je fréquentais un collège huppé de fils à papa. Pas toujours vrai mon affaire, car il y avait aussi des enfants de milieux ordinaires comme moi. Donc,.... 1000 gars pensionnaires, on sort 4 fois par année et qui vivent ensemble 24 sur 24. Vous vous imaginez? 1000 p’tits débiles. Mon ancien directeur d’école, Marcel Giguère de Curé-Antoine-Labelle, qui vient de mourir, était inquiet à toutes les sorties d’élèves de notre école. Je lui ai dit, pour le rassurer, mon cher Marcel, je viens du collège Saint-Laurent. Nous avions au moins un mort par année. L’arbre avait refusé de se tasser! Sortie de ski : 2 morts plus un autre qui avait pris une traîne sauvage pour dévaler la pente. Il eut le cou cassé! Un autre avait oublié de sortir de la piscine. Certains, qui faisaient les p’tits singes dans les câbles aériens du gymnase, deux autres morts : s’étaient aussi cassé le cou. Un autre, qui donna une jambette à son chum qui passa en dessous du « p’tit char, à Montréal. (Tramway à Montréal. Vous savez, les poulaillers sur rue?) Sans compter que la moitié du club de hockey avait la jambe dans le plâtre à l'année ce qui avait fait placer le collège sur la « black list » des assurances. Un javelot, comme ça, qui entra dans le corps d’un élève. Les « futés » ils se le lançaient ça comme une balle de baseball. D’autres, qui se mettent à se courir après en pyjamas, le soir, à la noirceur dans les échafauds devant le collège en rénovation. Ils jouaient à la « tie ». Pas de mort, ils décident d’en finir avant un drame. 1000 gars pensionnaires. Un zoo! 1000 p’tits monstres. Et ça se pétait la gueule, bien sûr. Tout cela se réglait le dimanche matin dans l’arène de boxe. Et les ti-culs qui s’étaient fessés dessus durant la semaine devaient s’exécuter devant tout le monde tout de suite après la messe du dimanche. Personne ne manquait le show. Bon, j’arrête là. C’est assez n’est-ce pas! Ça se passait à mon collège huppé de Montréal. Remarquez que j’ai adoré mon collège. Y’avait de l’action! Vous voyez bien, n’est-ce pas?
 
 UNE HORREUR VÉCUE AU COLLÈGE
Si les collèges du temps, encore aujourd’hui, recelaient des petites perles chez certains et beaucoup d’élèves, il en était tout autrement pour d’autres élèves qui vivaient l’enfer sans en parler à personne.  C’est ainsi que je fis connaissance avec Jacques, qui soi-disant avait perdu son père. Donc, il habitait, lui et sa mère dans un logement confortable de Montréal, mais sans plu. À la maison, c’était un peu le régime militaire. Il ne pouvait découcher, c’est-à-dire, coucher ailleurs que chez lui. Je l’appris malgré moi ce jour où il se ramassa, chez moi, à la maison et que je dus en pleine nuit aller le reconduire chez lui. Il n’y avait pas de problème dans ma tête, c’était un ami et pour moi, un ami, c’est sacré en plus d’être un « frère » de collège. Car nous étions tous un peu frères entre nous. Les mois passèrent et la fin des classes arriva. Ce fut ma dernière année. Jacques et moi restâmes amis, car il habitait Montréal qui était facile d’accès, d’autant plus que je conduisais l’auto. À l’automne suivant, j’y avais déjà fait du bénévolat, je me retrouvai à l’Oratoire St-Joseph pour je ne sais quelle raison. Je passai devant  un confessionnal à l’arrière et subitement, un prêtre en sortit et me fit signe qu’il voulait me parler. C’est un prêtre que je connaissais un peu et lui aussi, me connaissait de réputation comme élève du collège. Il me demanda de le rencontrer après ses confessions au presbytère de l’Oratoire. J’acceptai, un peu médusé par le sujet qui pouvait le motiver à me rencontrer aussi rapidement. Je descendis prendre un café et à l’heure convenue, je me rendis au presbytère. Le bon père, tout de go, me dit qu’il a besoin de moi pour une chose urgente. J’acceptai donc de collaborer. Il me révèle que mon ami Jacques n’est pas orphelin comme il le dit, qu’il a un père. Mais sa mère, de son côté considérait le père comme « mort », car il avait divorcé. Sa demande fut plus une supplication. Il me demandait de parler à Jacques pour le convaincre de rencontrer son père. On m’offrit en même temps l’occasion d’aller rencontrer le père avant d’en parler à Jacques. Ce fut une rencontre d’une tristesse incroyable. Le père me conta ce qui était arrivé. Durant la période des événements du temps, le monsieur devait voyager beaucoup. Il était comptable agréé et n’avait pas le choix que de sortir de son milieu pour aller faire des vérifications un peu partout au Québec. Les sœurs, jalouses de voir un si beau mariage, avec un professionnel en plus, se mirent à inventer toutes sortes d’histoires pour faire déraper la situation. Elles inventèrent que monsieur couchait avec quelqu’un d’autre dans ses nombreuses sorties et confirmèrent le tout en présentait des formes de preuves dont je ne me souviens plus. La situation s’envenima pour finalement se terminer par un divorce déchirant ou le pauvre homme ne put rien faire. C’était un homme malade que je rencontrais. Il ne pensait pas en avoir pour bien longtemps à vivre. Son cœur était dévasté et sa grande peur était que son fils ne puisse toucher à son héritage, car il voulait tout donner à son fils. J’étais tout jeune et on me demandait déjà de régler des problèmes quasi insolubles. Mais, j’avais un atout pour moi, Jacques avait une confiance inébranlable en ma personne. Il me répétait souvent qu’au collège, j’étais considéré comme "pas n’importe qui". Je fus surpris d'apprendre une telle chose. J’avais une "grande gueule" qui se faisait aller pas mal, mais de là à être l’étoile de la place! Après un instant de réflexion, je n’en doutai plus et en fut un peu flatté. Donc, j’ai pris mes « gants blancs » et j’ai parlé à Jacques. J’ai commencé par lui dire que j’avais rencontré son oncle, le père de l’Oratoire en question. Il fut surpris. Et je lui expliquai que le père m’avait raconté toute son histoire pour finir par lui dire carrément, Jacques ton père est toujours vivant. Jacques devint blanc comme un drap et semblait vouloir défaillir tellement il était surpris de me voir au courant de la situation. « Jacques, je suis allé voir ton père, et il t’aime beaucoup. Il pense à toi tout le temps. » Et en plus, si tu ne le sais pas, il est très malade et ne pense pas avoir beaucoup de temps devant lui. La famille était très dangereuse, car elle avait même fait modifier des panneaux de circulation pour éviter qu’une partie de la famille se retrouve pour la lecture d’un testament. C’était donc presque la guerre qui se préparait. Jacques accepta malgré tout de rencontrer son père dans le secret le plus total. Il fit croire qu’il venait chez moi. Il ne faut pas oublier, non plus, que dans le temps, l’âge de la majorité était de 21 ans, ce qui compliquait les choses. De toute façon, il fallait agir vite et secrètement. Une rencontre fut fixée pour le père et le fils. Tout se passa finalement au bureau de son père, centre ville. À la fin de la rencontre, Jacques et moi nous rendîmes prendre un café au restaurant, question de parler un peu. Tout avait marché comme sur des roulettes. Le fils acceptait les arrangements du père, il serait donc le seul héritier. Jacques avait été usé par cette histoire. Car, il n’avait même pas vingt ans et avait une partie des cheveux tout blancs. On lui avait fait promettre de considérer son père comme mort et de l’oublier. Et à ceux qui lui poseraient des questions, il n’avait qu’à dire qu’il était orphelin de père. J’eus des nouvelles du bon père qui m’avait relancé à l’Oratoire. Ce fut une histoire, comme bien d’autres, qui sans doute circula sous cape entre les pères du collège. Pas question de parler de cela à quiconque. Deux semaines plus tard, le père que je devais rencontrer une autre fois, décéda. Crise cardiaque foudroyante et dans le temps on n’était pas du tout équipé pour intervenir énergiquement avec ces patients. Aujourd’hui, le père aurait eu plus de chance de s’en sauver, car il était assez âgé. Je me rendis aux funérailles, bien certain, et m’occupai d’André comme un fidèle ami, son seul. Il hérita de tout. Sa mère ne s’était pas du tout réconciliée avec la situation et fut absente aux funérailles. Je trouvais qu’André se ramassait un peu comme en terrain de « guerre ». On lui ferait de la misère pour avoir de l’argent. Quelques années plus tard, Jacques, marié, qui n’avait pas trente ans, avait désormais les cheveux complètement blancs. Comment une famille peut torturer un enfant qui devient un jeune adulte? Je ne pouvais le croire. Mais telle est, en vérité, une situation réelle d’un jeune, sois disant riche, qui était au collège avec moi. Je devins même pour les bons pères comme une vedette du collège. Et quand j’appris à tout le monde que je voulais faire un missionnaire, on publia ma photo en première, pleine page dans le journal des anciens. C’était ma photo de finissant qui était très belle et qu’ils avaient utilisée pour l’occasion. Ces bons pères, ils furent pour moi très bons pour des années après mon départ du collège. On me gardait à l’œil, on m’invitait pour un repas ou on me donnait des petits contrats d’édition pour des albums d’anciens du collège comme, celui sur lequel je travaillai et qui dressait l’histoire des sports au collège depuis son existence par exemple. Un album de toute beauté que j’ai perdu, avec toutes mes péripéties d’étudiant vagabond, n’ayant pas suffisamment de place pour tout garder. Je n’ai plus de nouvelles de Jacques. Je sais que sa femme est morte. Nous sommes du même âge et nous avons pris des routes différentes. Mais, difficile d’oublier une telle tragédie qui n’était pas la seule à se produire chez des jeunes hommes, pensionnaires, du réputé Collège de Saint-Laurent. C’est ainsi que je découvris que les riches et les humbles pouvaient avoir des déchirements terribles et dans ces cas, l’argent rajoutait à la douleur. À l’usage je découvris même que des jeunes qui vivaient à peu près la même situation de famille que moi, il y en avait beaucoup plus que je pensais.

DES AMIS MAL PRIS
J’ai vu, dans le temps, un entrepôt de 200 pds par 100 et d’au moins 20 pieds de hauteur, pleine de pavot. Le jeune voulait me prouver qu’il ne me mentait pas. Je n'ai jamais parlé de cela à personne. C’était une promesse solennelle faite à un ami de collège, c’était sacré. D’autant plus que c’étaient des gens que je fréquentais très régulièrement et qu’en plus, ils m’aimaient beaucoup. Ce fut totalement réciproque pour moi et ça le reste toujours.
Claude est toujours un très grand ami, mais, sa famille et lui, pognés à la gorge par des menaces et autres, ils s’en sont complètement sortis, toujours riches comme ils l’ont toujours été. Des gens pourtant qui paraissaient « bien ordinaires ». Ils auraient tout fait pour me faire plaisir y compris mon ami Claude, grand personnage public qui a pris sa retraite depuis un bon bout de temps. 
Ce qui m’impressionnait le plus quand j’allais chez Claude c’était premièrement sa grande piscine intérieure de toute beauté. Oui, des gens qui avaient de l’argent, mais qui la cachaient très bien. Personne n’aurait cru.  
La deuxième activité, qui elle était de beaucoup plus grande envergure, était tout cet équipement étourdissant, un immense système de communication internationale, une immense installation d’ondes courtes qui pouvait communiquer dans le monde entier. L’antenne était tellement énorme qu’on aurait dit voir un vaisseau spatial planté en permanence au-dessus de leur maison. C’était difficile à cacher.
Je pris grand plaisir à en faire régulièrement de cette radio, des nuits complètes avec des gens du monde entier, car,  le jour, avec le soleil, les ondes ne fonctionnaient pas. Vous saviez? Je pouvais communiquer partout et l’oncle de Claude était reconnu pour y être un grand amateur. Pour l’ado. que j’étais, je fus grandement fasciné même si j’avais déjà connu le phénomène puisque mon cousin Bob était aussi un grand sans-filiste tout aussi reconnu avec une ancienne antenne de guerre de l’armée italienne aussi énorme et si non plus.
J’appris plus tard, finalement, que le père de mon ami n’était absolument pas impliqué dans l’histoire. Il avait été forcé de servir de « cover up » à son insu, apprenant la chose quand tout fut complété. Mais son histoire ne fut par du tout drôle pour un certain temps, pour cet ami que j'aimais bien.
Comme je vous dis, dans ces bons collèges vous pouviez trouver tous les contacts dont vous aviez de besoin. Ceci me ramena à la période des troubles qui se produisaient toujours à la St-Jean Baptiste, où la bataille prenait dans la foule et les manifestations viraient au vinaigre. J’étais loin de Montréal à l’époque. J’étudiais aux États-Unis, mais je voyais les nouvelles sur les journaux américains. Tout ça, à mon grand étonnement. 
Le seul moment que je trouvai dramatique fut le jour, où en sortant de chez moi, je constatai la présence d’un soldat. Je n’étais au courant de rien. La fameuse loi des Mesures de guerre venait d'être proclamée dans la nuit précédente et voilà que l’armée se permit d’envahir le tout-Montréal, chars d’assaut et tout et tout. Trudeau, le grand brigand, avait décidé de donner une bonne leçon au Québec en nous faisant peur. Plus de 300 personnes totalement innocentes furent incarcérées la nuit précédente, dont Gaston Miron et Guy Godin, tous les deux poètes. Vous vous imaginez. Tout cela, bien certain, orchestré en catimini par Bourassa, et Drapeau qui les deux avaient exigé d’avoir la loi des mesures de guerre. Le gouvernement du Québec avait totalement perdu la carte ce qui m’avait été rapporté par un bon ami, qui, lui-même avait fréquenté le Reine Elizabeth du temps qui logeait à l'époque, un gouvernement en panique totalement. La GRC, n’ayant aucune information pertinente, ce fut aussi le bordel au fédéral.
Je n’ai pas du tout aimé ces moments d’autant plus que de tout bord j’avais des informations comme de quoi, tel ami de collège et tel autre s’était fait arrêté dans les fameuses razzias style nuit de cristal. Ce n’était surtout pas à l’honneur des gouvernements provincial et fédéral et de ses commettants. J’appris entre autres que mes  amis incarcérés n’étaient peut-être pas torturés, mais étaient sérieusement bousculés et qu’on leur faisait manger de la nourriture quasi infecte.
Le temps pour moi, était arrivé, je devais agir. Ce n’est pas vrai que je laisserais « torturer » des amis sans lever le petit doigt d’autant plus que l’un d’eux était handicapé. Ce qui m’inquiéta beaucoup. J’en vins donc à faire appel à une vieille connaissance qui connaissait une autre vieille connaissance qui elle aussi, connaissait une autre vieille connaissance, ce qui me permit d’avoir un contact privilégié pour intervenir auprès de mes amis éplorés. Dans le temps, tous les services pouvaient facilement s'acheter auprès de personnes de l'ombre. Surprise, un de ces soirs imprévisibles, ces amis reçurent tous dans leur cachot, un repas de grand seigneur, t-bone et tout ce qui allait avec. Une vieille connaissance à qui j’avais rendu service sans le savoir qui me fit la surprise de s’offrir « gratis » pour nourrir mes « amigos ». J’en serai toujours grandement reconnaissant, mais malheureusement, tout ce beau monde qui m’a aidé est maintenant décédé.

LE DÉPART DÉCHIRANT DE MON COLLÈGE

Le tocsin se mit à sonner dans mon coeur. Les « rideaux » de la scène de ma vie et de mon collège allaient se fermer sur quatre années merveilleuses vécues à mon collège préféré, le Collège de Saint-Laurent. J'eus la larme à l'oeil toute la journée. C'est tout comme si j'avais réalisé que mes belles années se terminaient. Que mes baignades deux fois par jour, l'orchestre symphonique tous les samedis matin, que mon ballon-panier, mon tennis, ma balle au mur, que mes nombreux amis (frères à vie), mon activité photo, mes randonnées à l'ONF tout juste à l'arrière de notre collège. Nos activités de théâtre, mon club de cinéma, mes expériences scientifiques de toutes sortes. Que tout cela se terminait abruptement sans espoir de retour. Oui, j'eus la larme à l'oeil toute la journée. J'avais beau occuper une place d'honneur pour le banquet des finissants. Mon coeur était tout simplement inconsolable. Tout allait devenir compliqué. Prendre l'autobus et le tramway et l'autobus pour faire tout ce que j'aimais faire alors, qu'au collège, tout était si près. J'avais encore l'impression de redevenir orphelin pour une troisième fois. On me laissa la clé du collège, se doutant que mon coeur était inconsolable. On me disait souvent : « Georges a fait ci, Georges a fait ça. » Tout comme si on avait deviné qu'il était un dieu pour moi. Qu'il avait toute mon admiration. On me faisait parfaitement confiance. On savait bien sûr que, pour moi, le collège, c'était ma famille qui me protégeait, mais que je protégeais à mon tour. Qu'ils furent bons ces bons pères, ces bons frères, ces bonnes sœurs, tous ces laïques qui prirent soin de moi comme de la prunelle de leurs yeux. J'allais donc les quitter pour prendre le chemin de la vie que je trouvais très inquiétant. Un bel hommage aussi que le collège me rendit. Quelques années plus tard, j'eus besoin de pièces de décors, d'éclairage, de costumes pour une pièce de théâtre que des confrères de classe ainsi que moi organisions à notre collège. St-Laurent m'ouvrit les portes en voulant dire, Richard, tu prends ce que tu veux. Tu fais comme si cela t'appartenait. Oui, ils le savaient que j'adorais mon collège et que je lui serais toujours fidèle autant pour sa mémoire que pour tous ces gens que j'y ai connus. St-Laurent fut toujours dans mon coeur, le nec plus ultra de l'éducation au pays. Nous étions d'ailleurs très bien cotés dans l'Encyclopédie de toutes les institutions d'éducation au monde produite par l'UNESCO.

UNE NOUVELLE ANNÉE D'ÉTUDES ET D'ACTIVITÉS
Étudiant aux HEC, je ne savais plus où me cacher pour éviter que ma mère vienne me rejoindre pour me parler, car elle s’ennuyait. Le beau-père avait déjà commencé depuis un bon bout de temps à s’absenter tous les soirs sous prétexte de travail au bureau. Il était menteur, c’est lui même qui s’en vanta devant moi, disant qu’il pouvait dire n’importe quoi à ma mère, qu’elle le croyait. Je sentis un pincement au cœur. Je n’en parlai pas pour ne pas faire du trouble, mais j’aurais dû. Mais, vous savez, en amour, on est toujours naïfs, et les plus grands que soi sont nécessairement bons à moins de preuve du contraire, mais c’est difficile de se faire convaincre. C’est ce qui me retint d’en parler à ma mère. Maudite vie!
Finalement, je coulai mon année aux HEC suite, en particulier, à la perte par décès de mon professeur de mathématique, M. Lajoie. Pas seulement avais-je perdu mes deux pères trois ou cinq ans plus tôt mais j'avais aussi perdu une forme de père de remplacement tellement j'étais attaché à ce prof. Il décéda suite à une intervention chirurgicale qu'il avait eu à l'estomac. Perdre un père et deux ans plus tard, perdre un prof. qui était presque un père pour moi. S'en était trop. Mes notes ne furent pas fameuses et j’avais, en plus, tout à la maison pour me distraire de l’essentiel. Je pense finalement, qu'ont fut heureux que je coule à cette maison de Laval-des-Rapides. On se fiait surtout sur moi pour parfois m’occuper des p’tits et de toutes sortes d'autres choses que de mes études. Il y avait aussi de la jalousie dans l'air. Quand j'avais des succès, ils avaient la face longue et quand j'avais des échecs, on insistait pour me plaindre. Et quand j'obtins mon Bacc. ce fut le silence total. J'allai pleurer tout seul dans mon coin car le beau-père ne souffrait pas d'avoir quelqu'un de "supérieur" à lui! Hé! Les humains! Je compris donc bien vite qu’on faisait du zèle pour me garder, car j’avais un héritage et que je payais une pension, donc que j’attirais les convoitises. Une chance que ma tante Pauline, « l’armée », comme je l’appelais, veillait au grain et que le seul emprunt qu’on me fit du se rembourser très rapidement. Ma tante Pauline ne fut pas de très bonne humeur de cette situation, d’autant plus que le beau-père lui-même s’était emparé de l’héritage de ma mère pour la gaspiller dans un soi-disant « business » qui ne servit finalement que de « cover up » pour des gars saouls. Pendant que le temps passait, je réfléchissait très sérieusement à mon avenir. J'avais surtout compris que mon avenir résidait dans la possibilité d'étudier, pensionnaire dans une institution de l'extérieur, loin des tracas de chez ma mère, à Laval-des-Rapides. Il me restait suffisamment de réserve d'argent pour pourvoir me le payer. Dans ces aventures de mon beau-père, certaines autres personnes furent gravement perdantes suite à cette triste aventure, ne comprenant pas trop comment la fameuse compagnie avait pu faire faillite. J’avais moi-même été témoin, désolé, de soirées aux courses de chevaux où on pouvait perdre 900 $ par personne, pour une soirée. Je ne m’amenai pas aux vues. Je savais que le chemin de la faillite se dressait dans un avenir assez rapproché. Voyant comment se déroulaient les événements et découragé, j’avais 19 ans, je décidai d’aller travailler au CP en attendant de meilleurs jours pour moi.
MON TRAVAIL AU CP
Je fus tout de suite accepté à cause de ma formation, mais aussi de mon service militaire. Ça comptait beaucoup dans le temps,à ma grande joie, chez les Anglais. J'en bénéficiai. Je m’étais donc discipliné dans un autre domaine, les forces armées, qui m’ont terriblement gâté. Toute ma famille avait fait la guerre! Ça me donnait toute une note sur mon CV.

Je trouvai le travail du CP ennuyant. Comme j’avais un bon patron, il me trouva toutes sortes de choses à faire qui pourraient m’intéresser. Je représentai, tout jeune, le CP à la cour. C'est ainsi que je pris contact avec le domaine du droit et j'en profitai pour découvrir de quoi ça retournait. Ça m’impressionnait beaucoup et ça m'a permis d’en apprendre beaucoup dans le domaine de la justice. Je fis connaissance avec une multitude de personnes qui m’informèrent sur un tas de choses.
MON NOUVEAU CONFESSEUR ET LE GOUVERNEUR GÉNÉRAL
C’est l’époque aussi où je trouvai mon nouveau confesseur, Louis Aucoin, curé de la cathédrale de Montréal. Au début, je ne réalisai surtout pas à qui j’avais affaire. Il était un très bon confesseur, plutôt grand conseiller, qui semblait bien impressionné par ma jeunesse et mon sérieux. Il s'intéressa surtout à ma spiritualité. Un confesseur unique, fin théologien qui attira tout de suite mon attention. Il me demanda aussi de l’aide pour ses problèmes comptables, ce qui me fit grand plaisir. Il était aussi question de faire l’inventaire de toutes les œuvres d’art qui étaient logées dans les fameuses grandes caves de la cathédrale. J’y trouvai des choses superbes. Et tout à coup, oh! surprise, je tombai face à face avec le gouverneur général du Canada, monsieur Vanier. Je réalisai que nous avions le même confesseur et que nous aurions à nous saluer régulièrement, l’un sortant du confessionnal et l’autre y entrant. Je me sentis comme une chandelle qui fondait, mon gouverneur général pour qui j’avais une admiration sans bornes, devenait pour moi à portée de main.  Nous nous serrâmes souvent la pince d’ailleurs. Un monsieur dont la bonté sans fin filtrait à travers tout son être. Il m’appelait son Richard et me rappelait, pour m’agacer, qu’il n’était pas seulement « mon général », mais qu’il était aussi «mon gouverneur général ». Je me décidai à lui dire que je ne l’apprendrais jamais, car j’étais toujours trop ému quand je le rencontrais et que les mots disparaissaient comme subitement de mes lèvres.

 

 


Un ami discret, Jacques.

D’un autre côté, j’avais aussi des connaissances qui me permettaient de développer d’autres contacts, mais mon fameux ami Jacques, me fit également la surprise de me présenter aussi au Gouverneur dont il était l’intime de la famille. Décidément, j’étais condamné à rencontrer le gouverneur au moins une fois ou plus par semaine. Pas vraiment! De son côté, mon confesseur était tout heureux, ayant découvert, avec mes confidences, que ma vie se déroulait comme cahin-caha de temps en temps. Ce monseigneur fut pour moi une vraie perle et un vrai protecteur comme dans le film « Le Protecteur ». Il surveillait ce qui se passait. Moi qui ne voulais jamais déranger, j’aurais dû en profiter beaucoup plus surtout à des moments où il aurait pu me conseiller comme personne d’autre. Mon Protecteur décéda vers 2001.De son lit de mort, il me téléphona, car il avait lu un article de journal à mon propos. Il me « caressa » de bons mots, de respect et d’affection. Il avait été un père pour moi.  Je ne pus le voir, car il tomba vite dans le coma. Il fut d’une bonté sans borne et me trouva toutes sortes de "tuyaux". Ça me faisait toujours rire. Et il m’a toujours vouvoyé comme on vouvoie parfois un prince. Je me sentis un être comblé. Il avait eu le temps de baptiser mon dernier p’tit frère, Michel. Il me fit connaître surtout les grands penseurs de notre siècle. Le père Sertillange qui était un classique du temps auprès des jeunes hommes. C’était carrément un must que j’ai toujours dans ma bibliothèque. Sans compter les autres grands classiques, œuvres complètes, d’une panoplie d’auteurs. Ma tante Pauline eut la générosité de me payer tous mes livres du temps. Je devais sûrement dépenser des dizaines de dollars de livres par mois qu’elle payait tout le temps généreusement. La culture pour elle, c’était important. Elle me conseilla de toutes sortes de manières. Et c’est ainsi que de petit étalon échevelé, je devins doucement un homme qui cherchait ses solidités. J’en suis tout fier comme un poussin qui sort de sa coquille et qui crie à tous ceux qui veulent bien l’entendre, comme il est beau et fier de lui et de tout son monde qui l’entoure. Je peux mettre des bémols à cette déclaration, mais je me considère avoir été très chanceux dans ma « malchance ».

 

 

INDIANA
UN MONDE À PART

 

 

 


Un coin de campus que j'adorais. Remarquez les petits
édifices en pignons. C'étaient des bibliothèques spécialisées.
Un vrai monastère où on pouvait étudier et faire de la recherche en paix.

Oui. J'avais décidé d'aller étudier aux États-Unis. Je voulais, en m'expatriant, connaître d'autres horizons que ceux, étroits du Québec du temps. Vous ne pouvez absolument pas vous imaginer la différence que j'ai pu découvrir et qui pouvait exister entre un campus à Montréal et un campus à Bloomington, Indiana. Parler d’Indiana (Campus Bloomington) c'était comme parler d’un autre monde, d'une autre planète comme je vous disais. Fini l'air renfrognée du Québec.
Oui, c'est ce qui me taraude le plus à propos des États Unis. La gentillesse d'une foule d'Américains que j'ai aimés beaucoup. Ils m'ont traité comme un roi alors que j'étudiais à Bloomington. Les occasions sont sans fin sur un campus du genre. Sur le même campus j'avais un copain, futur directeur de banque, de nombreux jeunes dont les parents étaient dans la diplomatie, un voisin vietnamien qui fabriquait ses propres ordinateurs, un autre voisin, responsable du réacteur nucléaire, une chanteuse d'opéra extraordinaire qui a accepté de tourner gracieusement pour moi, un journaliste de haut niveau qui avait perdu une jambe au Vietnam, la fille du gouverneur de l'État, une multitude de personnes des plateaux de production, une foule d'amis de la section des beaux arts et de la télévision et des gens "ordinaires", adorables avec qui j'ai eu beaucoup de plaisir. Un ami, qui apprenait la langue que je voulais. Il ne sait plus maintenant combien de langues il parle. Est resté relativement pauvre toute sa vie ayant refusé ses services aux services secrets. Il était totalement contre la guerre. Protestant, calviniste rigoriste, une personne à principes! Le président de notre « building », Peter Cohen de New-York avec qui j'étais très près. Il était carrément venu me souhaiter la bienvenu en venant me chercher au pied de l'avion qui m'amenait directement sur le campus. Même des bons amis des forces armées américaines qui me traitaient comme un ami de longue date. Un gars de l'armée et son épouse qui m'ont dépanné dans mes recherches. Ça n'en finit pas. Et ce jeune couple de New York. D'un dynamisme épouvantable. Ils avaient New York dans le sang, à n'en pas douter. J'avais une admiration sans bornes pour eux. Pleins d'imagination!
J'eus vraiment le sentiment que tout ce beau monde, d'un milieu d'étude différent, était composé de personnes totalement libres et très ouvertes sur tout. Nous étions donc très loin de ce genre de complexe d'infériorité de la nation canadienne français et de sa peur de l'étranger. Une énergie incroyable que ce campus! Tout le monde s’intéressait à tout le monde. On voulait savoir dans quel domaine un tel, une telle faisait une recherche et il y en avait dans toutes les sphères que l’on peut ou ne peut imaginer. C’était le département des maîtrises, doctorats, post doctorats situés à la périphérie sur le campus. Pas question de se mêler avec la gent étudiante « non civilisée » niveau cegep. Blague! Bien sûr que tout ce beau monde devenait pour chacun de nous un milieu à investiguer où on pouvait se trouver différents contacts pour nos recherches. C’est à une de ces soirées que je rencontrai des chercheurs de l’Armée américaine qui se cherchaient des « p’tits rats » de labo. pour leurs expériences. Je devins donc p’tit rat, tout heureux de l’être à cause de tous les privilèges qui me venaient avec. Des labos à perte de vue, ultramodernes, à la fine pointe de la technologie du temps. Je me promis d’ouvrir grands les yeux et d’apprendre. Je fus comblé et plus. Seul problème, il me manquait d’argent pour continuer plus avant mes études. J’étais condamné à la maîtrise, mais pas plus. Avoir été p’tit fils de riche, c’est sûr que j’aurais pu continuer et il y en avait de ces p’tits fils chéris qui avaient tout cuit dans le bec. Je ne me formalisai pas, au contraire, j’étais plutôt une personne qui acceptait son sort et savait « naviguer » avec.

 

 

 


Étudiant à Bloomington, Indiana.
Il me semble entendre Doris Lussier qui parlait de son père Sertillange. C’était l’auteur préféré des Dominicains qui était de très grands éducateurs, obligés qu’ils étaient d’avoir au moins un doctorat de leur choix dans un délai suffisamment raisonnable, mais qui s’imposait. Les Bénédictins avaient aussi la même obligation, raison pour laquelle j’en ai rencontré plusieurs à l'université d'Indiana, dans différentes facultés. Du monde qui ont l'art de penser et de fameux conseillers aussi. De mon côté, j’aurais voulu en faire autant, étudier pour une maîtrise ou un doctorat, mais l’argent me manquait. Je dois aussi souligner que ma décision d'étudier à l'extérieur s'est prise dans une période très difficile de ma vie. Je venais de quitter la communauté qui m'avait hébergé généreusement, mais à qui aussi j'avais trouvé plusieurs bienfaiteurs. Je pense avoir été un bon communicateur et tout cela m'aida à trouver des bienfaiteurs prêts à aider ma communauté des missions d'Afrique. Malgré tout, l'année s'annonçait pour être catastrophique. De nombreuses peines virent obscurcir mon ciel intérieur sans compter des difficultés professionnelles. Vint s'ajouter à cela, l'assassinat de Robert Kennedy qui était devenu pour moi un véritable icône. Ce fut donc une année où j'eus le coeur en lambeaux pour une bonne partie de l'année et où rien de bon ne s'annonçait à l'horizon. Du côté maternel de ma famille, ce ne fut guerre mieux. Il y avait de la brouille partout. Bref, on voulait ma peu. La jalousie sous toutes sortes de formes faisait ses ravages. Je n'avais pas non plus vraiment de contact avec ma famille du côté de mon père. En tenant compte des deux côtés de ma famille, ça me faisait une fratrie de 11 personnes, douze avec moi. Donc, un bon contrat de relations publiques pour qui veut s'aventurer de tenter de communiquer avec tout le monde.
Donc, je me sentais seul. J'avais un emploi pour le mois de septembre suivant, mais cela ne me satisfaisait pas vraiment. Tout à coup, un événement inattendu se produisit. J'aspirais pouvoir aller étudier aux États-Unis, question de m'élargir l'esprit et à ma grande surprise, le gérant de la Caisse Populaire de Laval-des-Rapides, m’offrit, comme ça, l’argent dont j’avais de besoin pour continuer mes études. C’est ainsi que je décidai sur-le-champ d’aller à l'université d'Indiana. Quelle aubaine! Ça me coûtait moins cher là-bas qu’à l’Université de Montréal. En plus, Indiana avait un campus où tous les services étaient parfaitement synchronisés aux heures que se donnaient chaque cours pour nous éviter de manquer d’autres activités. Je tombai vraiment comme un poisson dans son bocal, tout heureux de découvrir cette merveilleuse université où, le moindrement tu te révélais à avoir des problèmes, on t’offrait tout de suite des services pour reprendre ton retard. C’est ainsi qu’on m’offrit de faire mes examens oraux et non écrits pour me faciliter la vie. Jamais on n’aurait fait une telle chose à Montréal. Mon prof. de psy. découvrit vite que je souffrais d’angoisse grave avec rêves de spectres, ce qui, à son avis, était encore plus grave. Il m’inscrivit rapidement à un programme gratuit de l’armée américaine pour m’aider à ce propos. Et quel programme mes amis! Ils étaient équipés comme je n’ai jamais vu. C’est l’armée qui payait mes services de psy. de tous les calibres inimaginables. On me sensibilisa surtout à l’importance de m’occuper de moi-même. Une ouverture totale d'esprit. J’étais dans un monde d'une maturité exceptionnelle. Ces gens n’avaient tout simplement pas de limites. Et dans tout cela, on fit un film sur moi sans même que je ne m’en rende compte. Le plus drôle était de me voir parler à mon p’tit rat de labo. comme s’il avait été un humain. Je l’avais appelé, Adolphe et je lui disais, qu’avec un tel nom, il n’avait pas de chance qui l’attendait dans la vie. L’équipe de tournage s’étouffa littéralement de rire. Je les entendis même rire dans le film. Jamais je n’aurais imaginé qu’on me filmait constamment sans le savoir. Vous auriez dû voir l’équipement qu’ils avaient. Ils tournaient en 16 mm couleur, mes amis. « Money, money, money. » Ils n’en manquaient pas, c’était l’armée qui payait. J’eus un véritable service VIP même si dans le temps, je ne connaissais pas trop ce que ça voulait dire sauf pour le service aux ambassadeurs que j’avais connu à l’Expo 67 comme page accompagnateur de puissants de ce monde. J’avais vraiment appris l’expression à Expo 67 où, justement j’eus à m’occuper de ces fameuses « bibites rares » (Je veux dire les ambassadeurs! Bien sûr!) qu’il fallait transporter dans de la ouate. Dr. Black, mon psy, s’occupait de tout, avec toute la discrétion possible et pour me faire davantage tomber dans son piège, m’invitait à souper chez lui avec toute sa petite famille. C’était un mormon, donc pas de boisson, donc pas d’inquiétude, il était sincère. Un homme admirable! Et j’arrivais régulièrement aux labos, allait chercher mon p’tit rat, lui faisait les salutations d’usages, toujours filmé, bien sûr et je partais encore expérimenter les approches de Skinner, roi des approches comportementales du temps. Je me suis fait voler mon livre de Skinner, ça ne me surprend pas, c’est un classique mondial. Certain que la personne qui a volé ce livre savait parfaitement ce qu’elle faisait.
À la fin du cours, bien certain qu’on me servit la surprise du fameux film qui devait être utilisé pour la formation d’intervenants dans l’armée. Croyant faire une expérience avec un p’tit rat, c’est plutôt moi qui servi de p’tit rat « stérile » comme on disait, à une série sur Skinner. Quels beaux souvenirs ce fut.

LES PISCINES OLYMPIQUES FABULEUSES DU CAMPUS BLOOMINGTON.
Souvenirs impérissables aussi. Ils me passaient au-dessus, en dessous, partout. C'était les pratiques à la piscine olympique immense de l'université d'Indiana. Mon ami Jacques, qui en avait vu des choses, ne pouvait croire tout ce qu'il voyait. Et j'étais parmi tous ceux-là comme un p'tit fanfaron qui demandait sa place. Mark Spitz était présent. Champion olympique. Cette université en a toute une dynastie. Que de souvenirs. Que de beauté. La jeunesse qui s'exprimait dans sa totalité! Souvenirs. Souvenirs. Aujourd'hui, c'est malheureusement devenu des endroits pour les riches seulement. Les prix sont tels que les universités se sentent obligées de faire passer tout le monde. Triste avenir pour cette soi-disant science où l'argent joue presque le seul rôle.
LA PREMIÈRE CAUSE POLITIQUE QUE J'AI ADOPTÉE : LA PALESTINE.
Souvenir impérissable aussi. Ma rencontre avec un Palestinien qui me suppliait d'adopter sa cause. C'est sans doute la première cause, mais pas la dernière, que j'ai adopté dans ma vie politiquement sensibilisée au monde. Qu'est-ce que vous voulez, les Américains (le gouvernement) sont mariés à Israël ainsi que la chambre des représentants et le sénat. Il me semble entendre le rationnel de 1970. Vous vous imaginez. Il n'a pas du tout changé et l'État sioniste n'a fait que prendre de plus en plus de terrain. C'est tout comme si on ne pouvait rien faire. Oui, c'est comme l'Afrique du Sud. Il fallait un boycottage. Même des membres du gouvernement canadien protégeaient l'Afrique du Sud. Je m'étais fait soudoyer à l'époque à un tel point que je me demandais si "l'ennemi" n'avait pas raison. J'ai continué à soutenir jusqu'au moment où le ciel s'est ouvert, ce qui m'a convaincu de la justesse de ma lutte. Mon dernier argument? Un Palestinien, tout jeune, qui venait me pleurer sur les épaules et me supplier de le soutenir. Ses pleurs déchirants ainsi que des arguments solides, me convainquirent jusqu'au plus profond de moi. J'ai toujours soutenu cette lutte et presque cinquante ans plus tard, je me rends compte de mon bon droit et du bon droit de tous ceux qui appuient cette lutte qui doit en finir avec une victoire totale pour la justice. La Bible, ayant trop souvent servi de talisman à ce peuple sioniste qui en devient infâme. Toute cette histoire est appuyée par une multitude de mensonges de l'État sioniste.

Prévoir une photo de Dzum!

Mon ami Dzum Cao Nguyen de l'université d'Indiana.

Vous aurez deviné que cet ami est Vietnamien et que nous nous sommes connus à l'université de l'Indiana à Bloomington pendant les années de gloire 1968 à 1975. De gloire, pourquoi? Elles furent les années de la grande contestation de la guerre du Vietnam avec en prime le "Peace and Love", etc. C'était devenu un monde fou, fou, fou. Je n'avais pas assez de mes dix yeux pour tout voir. 5000 personnes en tenue d'Adam pour protester pour telle chose et en tenues de toutes sortes de choses pour justement protester sur toutes sortes d'autres choses. C'était carrément un campus de 60,000 Peace and Love. Un environnement que je trouvai des plus fascinant et des plus stimulant intellectuellement. Tout était remis en question. "Dieu est mort" pouvait-on lire! Jésus Christ Super Star d'autre part. La terre est un immense appareil de récupération de déchets disait-on. Elle ne pourra jamais être polluée au point devenir inhabitable. Etc. Etc. Etc. Et dans tout ça, un genre de p'tit bouda, mon frère, mon ami Dzum. Il fut pour moi d'une grande bonté, car il voyait bien que je faisais le p'tit comique, mais qu'à l'intérieur, il y avait des ouragans. Il prit soin de moi comme un père et une mère tout à la fois.Dans le fond, un véritable frère. Il m'apportait même un p'tit cadeau de Washington toutes les semaines. Oui, le petitunet allait rejoindre papa, maman à Washington, car il s'ennuyait. Je dois dire qu'il m'amena quelquefois. J'étais presque en panique, car je n'avais pas prévu du linge pour de grandes sorties. Il m'accompagna chez Sear's pour que je puisse me revamper un peu. Je vous dis. Un vrai frère. Et ce petit rire nerveux qui partout, l'accompagnait.

Nous nous sommes connus drôlement. Il finissait de lire une lettre qu'il venait de recevoir de son père qui lui expliquait comment être un gentleman doit agir avec sa maîtresse. On est en 1968! Vous vous imaginez, au Québec? La mentalité? Il me fit lire la lettre et je tombai totalement en admiration devant celle-ci. Je lui expliquai comment chanceux il pouvait être d'avoir un tel père. Car, de mon côté, j'avais eu un père qui ne parlait pas du tout. Quelle souffrance ce fut pour tous les enfants de la famille et pour ma mère qui était sa fille. La mère qui gueule, pas toujours quand même, surtout pas devant le grand-père, mais, celui-ci, qui ne dit rien! Est-ce que ça vous dresse un portrait suffisant d'une certaine mentalité. Un désastre. Oui, lui expliquai-je, les curés aidés des bonnes femmes avaient castré les mâles. Les chefs avaient été pendus ou envoyés en exil. Tout le peuple se ramassa sur sa terre. Ne parlant plus. On lui avait coupé la parole à tout jamais et presque la queue chez les hommes. La queue et la parole, c'est la même chose pour Freud et toute l'école psychanalytique. D'Zum fut stupéfait d'apprendre une telle histoire. De son côté, il se plaignait de la mentalité des habitants d'Indiana. Je lui expliquai que nous étions aussi pires. Obtus. Pas trop souvent sortis après neuf heures. Les bonnes femmes devenant des machines à faire des p'tits, soumises, sous peine de péchés mortels, à leurs hommes. Un monde rigide, froid où les curés régnaient en maîtres. Je lui soulignai cependant que les choses commençaient à bouger. Je lui parlai des fameux Cyniques qui préparaient l'effondrement de l'Église catholique à une vitesse inimaginable. Il fut très intéressé par le phénomène. 
Ce qui me fascinait chez lui, c'était sa culture différente de la mienne, mais avec beaucoup de ressemblances, car il parlait français. Il avait fait son Bacc à Paris et venait faire son MBA à Bloomington. Je lui fis d'autres surprises en plus de lui parler de la mentalité étroite du Québec. Nous nous sommes croisés un de ces soirs. C'était le vendredi soir, sacré pour tous les étudiants qui travaillaient comme des déchaînés pendant toute la semaine. Il me croisa avec sa petite Mercedez sport, le toit ouvert et à ses côtés, sa « pitoune » préférée. Je lui criai gentiment. Ha! Ha! Ce soir, on s'en va faire le « ti cul »! Pas du tout stupéfait! Il rigola de son petit rire nerveux et il me rétorqua : « Tu m'expliques cela demain, au déjeuner, Richard! » OK, lui dis-je et je lui souhaitai poliment une bonne soirée. Tellement épuisé, j'allai de mon côté me coucher à ma chambre jusque vers 11hs, minuit. Heure du début de notre partie du vendredi soir offert par la résidence immense que nous habitions. Ce grand partie, un plaisir indescriptible qui nous permettait à tous, toutes de décompresser. Nous étions plus de mille personnes dans cette immense salle, justement organisée pour les grandes fêtes. Il y avait aussi une très grande scène et l'incontournable pour les Américains, des bars ouverts et gratuits. La Vodka coulait à flots, sans arrêt! Et en prime, une musique du sud incroyable sur laquelle nous dansions toute la nuit. C'était vraiment la place où décompresser et faire des rencontres pouvant nous aider dans nos recherches et bien d'autres choses. On dansait sans arrêt jusqu'au déjeuner du matin, à 7h30. Ce qui me fascinait le plus, c'est que je rencontrais des gens de dizaines de pays, tous, toutes chercheur(e)s dans des domaines aussi différents que les maths quantiques, la poésie des maths me disait un chercheur, l'informatique (Département ouvert 24 sur 24.) , l'Internet qui commençait à peine et auquel l'université collaborait grandement pour son développement, la musique (plus grosse faculté américaine). Un vrai feu d'artifice. Ne pas oublier que nous avions aussi nos courriels sur le campus, bien avant Internet. Nos profs pouvaient nous joindre facilement. 
J'eus donc une rencontre prévisible, pour le déjeuner, avec mon ami Zum, fils d'une grand général vietnamien. Le déjeuner commença en rigolant et se termina ainsi. Zum, médusé par mon fameux « fêter en ti cul! » me posa la question tout de go. C'est quoi au Québec, fêter en ti cul? Je le regardai avec des grands yeux et je lui appris simplement que « fêter en ti cul, au Québec, c'était fêter avec l'argent à papa dans ses poches. Et je le regardai encore et il éclata de rire. Et devenant « tendre » il m'avoua que j'étais bien la seule personne qui lui avait dit ce qu'elle pensait, mais pensait vraiment, sans l'offusquer d'aucune sorte tout en lui faisant sentir qu'elle le trouvait bien chanceux de vivre ce qu'il vivait, c'est-à-dire, une vie de riche. Je me dépêchai, à ce cher Dzum, de lui faire comprendre qu'il avait toute mon amitié et que j'étais très heureux pour lui de le voir pas seulement riche d'argent. Il se déclara tout heureux de voir une personne qui lui disait ses « vérités » sans aucune acrimonie au coeur. Cet événement nous rendit encore de plus grands amis. Je l'aimais pour ce qu'il était. Riche, pauvre, peu m'importait. Il me souligna sentir de la part de beaucoup d'Américains une jalousie épouvantable, surtout quand il avait des bonnes notes en classes ou sa Mercedez sur la rue. Il venait de comprendre que peu m'importait. Que nous étions tous des êtres vivants en sursis sur cette terre, Mercedez ou pas. 
J'aimerais le revoir ce bon ami. Il est maintenant banquier à Washington. J'espère qu'il vit bien, qu'il est heureux. L'argent n'en n'est surtout pas une garantie. Je t'embrasse mon Zum. Que de rires nous avons connus entre les différentes sessions avec tes maîtresses, cher Zum. I'inoubliable! Quelle chance j'ai eue!
UN MONDE DE MUSIQUE
Il ne faut pas oublier que le campus de Bloomington, Indiana, était situé au beau milieu de toute une série d'États où la musique était privilégiée. Nous étions à moins de cinquante milles de la ville qui vit naître Elvis Presley. Il n'était donc pas surprenant de constater que la presque totalité des étudiants maîtrisait un instrument de musique. Alors, la musique sur le campus, c'était tout simplement une religion. Nous pouvions souvent apercevoir un spectacle incroyable de jeunes instrumentistes, une cinquantaine, par exemple, qui pratiquaient la fameuse guitare russe, tous assis sur le gazon qui faisait face à notre résidence pour étudiants "gradués". C'était de toute beauté à entendre. Nous avions plus de 2 ou 3 différents opéras par été présentés au grand auditorium de quatre milles places. Sans compter le grand centre, auditorium, pour la musique de chambre. Ce n'est surtout pas le seul atout que ce campus nous offrait. Indiana avait une des plus grosses facultés de musique au monde ou avait lieu le vendredi soir, 11 hs, le fameux party où la vodka coulait à flots. Grandes « négresses » à paillettes roses qui nous chantaient ça de plus belle! Les saxos, trombones, trompettes, orgues. C’était la fermeture des clubs et on se retrouvait pour danser toute la nuit. Tous ces musiciens venaient nous rejoindre. Quels souvenirs. Vous vous imaginez, pas loin du Tennessee, Elvis Presly, et les bands de toutes sortes. C’était vraiment la folie furieuse. Quels souvenirs! Impossibles à oublier. C’était la guerre du Vietnam et les étudiants, pour éviter la guerre, venaient étudier. Les campus débordaient et il y avait une activité là! Incroyable! C'est le type d'expérience que j'aurais souhaité à tout le monde. Tu entrais dans un club et on te présentait comme venant de Montréal et tout l’orchestre se levait pour te chanter la bienvenue. « Ho! Wend the Saints, Ho! Wend the Saints go marching In! »…. L’horreur! Oui, la musique, ça rend "malade", dans le bon sens. J’ai un ami dont la musique l’a mené à presque 100 ans. Il me disait souvent, tu sais Richard, ce qui m’a sauvé la vie, c’est la musique. Je trouve qu’il est important de faire étudier la musique à nos enfants. C’est un plus pour leur équilibre moral et leur âme. Et la musique est le seul phénomène qui mobilise toutes les parties du cerveau au complet, tout à la fois.

DR. BLACK À INDIANA
Petite aventure vraie. Mon prof, Dr Black, me demande. Hey Rick, do you want to have fun. Take the Skinner box experiences. Donc, je suis allé chercher mon p’tit rat, je lui ai fait faire une cage, un Skinner box, comme on disait, avec à l’intérieur une petite pédale accrochée au mur, une lumière, un peu plus haute, fixée sur le mur et sur le plancher de la cage, un p’tit trou par lequel arrive à chaque clic que l’on fait, une goutte d’eau. On prive le rat pour une journée sans eau et le tour est joué. On pourrait remplacer le mot rat par client et ça ferait la même chose. 1ière chose, faire réaliser au rat qu’à chaque clic qu’il entend, il y a une goutte d’eau qui arrive par le trou du plancher de la cage. Quelques clics et le rat comprend vite, car il a soif comme un client assoiffé de nouveautés et tout et tout. Un consommateur quoi! Donc, ton rat devient consommateur au moment ou il réalise que chaque clic est un signe de l’arrivée d’une goûte d’eau. À la suite, tu arrêtes tout et ton rat se met à mordre, à gratter. Il cherche quoi faire pour repartir le système. Il s’approche de la pédale, tu fais clic, il a une goûte d’eau. Et finalement, il réalise qu’à chaque fois qu’il pèse sur la pédale, il y a un clic qui apporte une goûte d’eau. Tu exiges plus de ton rat. Avant de peser sur la pédale, il faut qu’il attende que la lumière s’allume, le signe qu’il peut peser sur la pédale et avoir sa goutte d’eau. Suivant. Il doit apprendre qu’il doit tirer sur une petite chaîne qui fait allumer la lumière, ce qui lui permet de peser sur la pédale qui déclenche le clic qui amène la goutte d’eau. Une autre étape, tu rajoutes une bille. Il doit pousser avec sa tête sur la bille pour faire entrer la petite chaîne qu’il va tirer pour allumer la lumière qui lui permet de peser sur la pédale pour déclencher le clic qui apporte une goutte d’eau. Devinez comment ça prend de temps pour dresser le rat? 20 minutes! mes amis! Et vous avez en même temps un consommateur accro au clic et à la goutte d’eau.
 C’est bien gentil. Et Dr. Black, mon prof. n’était justement pas consommateur. Il vivait de façon minimaliste. Quel bonhomme. Il est devenu directeur de la psychologie à l’université des Mormons à Salt Lake City. Il m’appréciait, car je discutais fort et on ne me faisait pas avaler des couleuvres facilement. Il m’avait même filmé sans que je le sache alors que je discutais « fort ». On a dont ri. De beaux moments émouvants à repenser. Et les labos de psycho. étaient payés par l’armée. C’était la guerre du Vietnam. Alors, vous auriez dû voir les installations. J’étais totalement fou de joie de travailler dans une telle ambiance. On pouvait tout faire ce que l'on voulait.
Esalen, Californie.
 J’eus, dans le temps, un privilège extraordinaire, celui de passer une bonne semaine de formation en psychologie de l'intervention à Esalen, Californie. Esalen était, à l’époque, un centre ou il s’expérimentait de tout en psychologie. Un genre de Paradis terrestre avant le temps. On pouvait y rencontrer des experts de tout crin, qui venaient de tous les domaines touchant à la psychologie de près ou de loin. Un site fabuleux, accroché à une immense falaise qui donnait carrément sur la mer et qui contenait des sources thermales époustouflantes où on pouvait, 24 sur 24 se délasser tout nu, dans ces bains à l’eau chaude naturelle qui venait des profondeurs thermiques de la terre, le tout, avec comme paysage de fond, l’immensité du Pacifique agrémentée ici et là de petites îles ayant chacune un nuage blanc les surmontant, provoquée par la différence entre la chaleur de l’île et celle du Pacifique. Je répète, le PARADIS.  Indiana m’avait aidé à trouver, vu mes activités scolaires, une subvention qui couvrit la totalité de mes dépenses pour le projet sans compter, l’aide de ma Commission scolaire qui, consciente de mes intérêts et de mes habiletés se mit aussi de la partie. Bref, je fus comme un gros bébé gâté. Et comble de joie, j’eux la chance d’expérimenter une foule d’approches en psychologies qui, quelques années plus tard me furent très utiles, surtout en prévention suicide, ainsi qu’utiles aux autres. Les approchent qui m'intéressaient le plus, étaient celles qui appelait mon habileté à jouer du théâtre tout en mobilisant l'attention du patient pour le faire "entrer" dans mon jeu. J'eus la surprise de constater que j'avais une habileté incroyable de ce côté. Mon psy. Raymond me demandait toujours, "mais comment tu fais pour détecter un suicidaire?" Je lui répondais toujours la même chose.  Les yeux! Les yeux! Les yeux! Et l’attitude générale du corps qui parle plus fort que toutes les belles paroles que la personne concernée peut utiliser. J'en ai eu un que ne cessa de m'interpeller par son attitude à parler comme du bout de la langue comme s'il avait été mal sevré! Je décrivis la chose à plusieurs spécialistes, psy. et autre. Rien n'y fit. Et pourtant, ce jeune, deux années plus tard, se suicidait. On découvrit dans l'enquête qu'il avait un très grave conflit avec la mère. Le coeur me serra très fort, car, j'avais connu un problème semblable avec les présences et absences répétées de ma propre mère. Le sens de certains mots a donc une importance capitale. Et en plus, j’avais ma formation en thérapie familiale de l’Hôpital Juif de Montréal. J’étais donc assez bien bardé pour affronter les écueils qui s’annonçaient souvent sérieux. Tout cela, je n’en parlais pas sauf à Raymond qui rigolait comme un fou. J’eus donc, avec cette visite, une certification en psychologie de l’Université de Californie. Tout ça pour moi ne fait pas nécessairement l’intervenant qui doit être mis à l’épreuve avant de prétendre l’être. Comme je disais à Raymond, « quand tu as un patient qui colle au plafond, alors faut-il d’urgence avoir l’habileté de le décoller. »  Et Raymond, mon psy. de l’école,  que j’aimai de tout cœur, nous nous connaissions à l’époque avant même qu’il ne soit psychologue. Je l’avais connu comme quelqu’un qui en menait déjà large. Peut-être trop. Ce qu'on pourrait appeler comme la cerise sur le gâteau m’arriva subitement comme en pleine face. La patronne de la section des stages universitaires d'Esalen, une immense dame, neurochirurgienne et psychanalyste, qui m’avait à l’œil depuis un bon moment et que j'avais aussi remarquée. Elle vint me voir pour m’annoncer une nouvelle qui me jeta par terre, pour le moins. Rick, you will have your lunch with Greg. J’ai compris tout de suite le message.  J’étais invité a dîner avec le fameux Gregory Batteson. Je ne cacherai pas avoir eu la larme à l’œil sur-le-champ. Car je savais qu'il avait déjà commencé sa fameuse "phase terminale", il avait le cancer. Et ma docteure, originaire d’une famille de 8 filles du Minnesota, m’a simplement dit : « We love you Richard. » Décidément, je trouvais que j’avais fait ma marque pas mal vite. Gregory Batteson, mari de Margaret Mead, la grande philosophe américaine que les soldats du Vietnam appelaient, MAMAN. Je savais aussi que Greg venait à Esalen pour y mourir. Il était décompté. Cancer fulgurant! On le prolongea d’un an. Richard, ne t’énerve pas m’a-t-il dit, quand la cloche sonne, nous les humains, on est tous égaux! Je lui ai dit, Greg, je ne veux pas que tu partes. Grand scientifique, mais aussi grand philosophe! Et nous nous mîmes à parler de tout et de rien. De nos expériences personnelles. Bref, c’est tout comme si nous nous étions connus depuis des années. Il était très curieux du Québec et je le fis rire pas mal en lui parlant de la société religieuse que nous avions été avec tous les péchés du cul classés par ordre alphabétique, etc., etc., etc. Il me fit remarquer que ce n’était guère mieux chez les protestants, mais mon idée à moi, était de le faire rire. Et nous passâmes une partie de l’après-midi à parler de choses et d’autres sans que personne ne vînt nous déranger. Il y avait une troisième personne à table, un producteur de Hollywood qui m’avait pris en affection et son garçon qui n’arrêtait pas de me tâter les seins, disant qu’ils étaient aussi gros que ceux de sa blonde et que ça le faisait titiller.  Bravo, n’est-ce pas! Un monde totalement libertaire, mais aussi chaleureux, amoureux des gens et prêt à rire pour tout et pour rien. Le grand fanal qui me tâtait les seins, je lui suggérai tout de go de faire venir sa blonde d’urgence de Londres. Hé oui, c’était un grand anglais, mais sympathique et drôle. Impossible de s’ennuyer avec un bonhomme de la sorte. Sa mère, imaginez, était sorcière reconnue. Pas surprenant qu’il me poignait les seins. Il voulait peut-être avoir quelques gouttes d'un lait...pas trop sorcier!  Et Hollywood n'est jamais au bout de ses surprises. Vous vous imaginez, le Star War n’était pas encore sorti que j’eus l’honneur par l'intermédiaire de mon producteur de Hollywood, d’aller serrer la pince à mon ami A2D2 dont je fis, pour la première fois, la connaissance.  Il était tout en bois et totalement laid. Mais, le cinéma avec ses éclairages me prouva qu’il pouvait transformer un personnage avec n’importe quoi. Donc, Greg, devant moi, carrément devant moi, je n’en revenais pas et une conversation qui coulait comme le cristal d’une rivière. Bien sûr que j’abordai sa maladie ainsi que ses expériences sur les dauphins. Il était reconnu mondialement pour ses recherches sur le sujet.  Certaines expériences avec les dauphins avaient été malheureuses, je le savais et évitai d’en parler. Donc, Greg m’adopta, et je fus invité tous les midis à sa table. Et sa phrase-choc me revenait toujours à la tête," tu sais Richard, quand la « cloche sonne » on redevient comme tout le monde. » Difficile à oublier, je vous le jure. Et mon séjour se termina par une « grand-messe » époustouflante ou, la communauté qui t’avait connu te prenait en charge pour un bain dans les eaux thermales du centre, celui-ci, remplie de nénuphars et de toutes sortes d’autres fleurs qui y flottaient. Greg et plusieurs autres me donnèrent mon bain comme presque à un bébé naissant aidé de toute l’équipe de thérapie. Je fus littéralement transporté, je me sentis comme investi de ce mot célèbre : QUE LA FORCE SOIT AVEC TOI. » Je quittai ce centre, grandi de je ne sais pas combien de "pouces".  J’avais totalement le sentiment d’être carrément sur l’Everest, enivré par un air tout autre, qui me pénétrait comme un élixir de l’au-delà. Je fus dans cet été second pendant quasi un mois de temps. Les gens me rencontraient et ne pouvaient y croire. Une sorte d'extase permanente s'était abattue sur moi. Esalen, un paradis, où on pouvait autant s'y promener tout habillé ou tout nu. Il n’y avait pas d’obligation sauf celle d’être « diplômé ». C’était l’Université de Californie. Je dois ajouter que Esalen était situé dans la région de Carmel, en Californie. Un endroit de toute beauté et très fréquenté par une foule d’artistes. Pas surprenant que Esalen était considéré comme « flyé ». Le contraire aurait été surprenant.

Chapitre IV
Ma famille
MON ÉDUCATION, MA FAMILLE.

Oui, un autre texte sur mon papa et grand-papa qui fut le même. Ha oui, les fameux silences des hommes! Oui, une pudeur des sentiments et pourtant, parfois, il s’échappait, mais peu habitué, ça me faisait peur. Je l'avais entendu dire à quelqu'un qu'il se préparait mentalement à me parler. Une peur terrible m'étreignit. Comme il ne m'avait jamais parlé vraiment, j'anticipais que la conversation allait donner sur des propos moins élogieux à mon égard. Je me trompais totalement, car je sais maintenant que mon grand-père était la bonté même et qu'il voulait sans doute me parler de sexe, mais ne savais trop par quel bout prendre le problème. De toute façon, même le sujet en question me faisait peur car, à l'époque, personne ne parlait ouvertement sur ce sujet sauf quand on était entre enfants dans un des hangars de notre quartier, endroit privilégié pour faire des découvertes de toutes sortes en jouant au docteur ou à d'autres choses. Donc, je tins mes distances pour éviter de créer un climat où je serais obligé d'écouter. Mon « vrai père » fut mon grand-père qui m’avait adopté, car sa fille m'avait eu, moi, comme enfant. Elle avait 16 ans à cette époque. Une grande cousine de 90 ans me disait dernièrement qu’elle avait entendu mon grand-père dire à sa sœur, « En tout cas, je ne m’en vais pas abandonner cet enfant-là. C’est mon enfant! Que les voisins disent ce qu’ils veulent, je m’en fou! » Quand il me passait la main sur la tête, j’avais toujours l’impression d’entrer sous terre. Une grosse main « tendre » qui m’aimait. Fais ton possible mon pit. C’est tout ce qu’il ma répété toute sa vie. Fais ton possible. Et sa sœur à mon grand-père m'adorait aussi. J'étais, aux dires de ma cousine, son préféré. « Pauvre p'tit gars! Pas de mère et pas de père! C'est pas humain! » (Propos rapportés par ma cousine Gertrude, le 22 novembre 2015) Tels furent les mots d'Henriette qui m'a aimé toute sa vie. De son côté, mon grand-père fonctionnait simplement par l'exemple. Se levait à 6 h 00 tous les jours pour aller travailler. Jamais malade. J’ai appris à le découvrir avec le temps. C’était un homme d’une tendresse infinie, mais bien cachée. Un vrai toutou. M’amenait partout où il y avait quelque chose d’intéressant à voir. M’a acheté ma première vraie caméra, j’avais 16 ans. Une Leica. Je découvris qu’il avait aussi été photographe, jeune. Comme si l’histoire se répétait! Oui, ça ne parlait pas fort, mais ça agissait. La police était venu le chercher pour qu’il calme deux jeunots qui se menaçaient au fusil. Il revint, tout avait été arrangé avec les deux marsouins, leur père, au désespoir, tous assis dans la cuisine et la police qui attendait. Le grand-père avait rétabli la paix et la police quitta sans plus de problème. C’était le temps ou l’entraide existait pour de vrai. Mais, je devais me chicaner pour pouvoir peinturer moi aussi, comme mon grand-père. Il ne voulait pas que je me salisse les mains, voulait faire un professionnel avec moi! Je chicanais pas à peu près et lui jouais des tours. Il n'allait pas n’empêcher de peinturer. Combien de maisons il a bâties pour rendre service. Je ne le saurai jamais. J’ai fini par découvrir son point faible. Il ne pouvait peinturer la lucarne, car il était trop pesant. Donc, ti pit Richard, devint l’officiel pour la peinture de la fameuse lucarne. Quand il me menaçait de ne pouvoir peinturer, je lui rappelais bien vite la lucarne et tout s’arrangeait instantanément. Bon papa, bon grand-papa. Il fut les deux à la fois.
Photo de Richard Labelle. Photo prise en 1956. J’allais le perdre quelques semaines plus tard. Il était tout fier de voir son p'tit fils, caméra Leica à la main et prêt à le photographier.

 

 


L’autre pôle, ma grand-mère. Le rationnel surtout. Avait eu une expérience dévastatrice en affaires. S’était mariée « forcée », car il s’agissait du fils d’un médecin. Et dans le temps... Elle a donc trouvé la vie rude. Il lui a fait sept petits et à la naissance du septième, il était déjà mort. Elle a toujours eu le sentiment, avec raison, de s’être fait avoir. Elle eut même deux commerces à l’époque. Un magasin de chaussures, propriétaire du « Frégeau C.E. boots and shoes » au 497 rue Centre à Verdun et un magasin de chapeaux, elle était chapelière. J’ai toujours eu le sentiment qu’on lui avait « cassé » les reins. Une femme frustrée, quoi! Elle avait eu une nounou pour tous ses enfants, sauf pour moi. Je pense vraiment qu’elle ne le prit pas. Était extrêmement bonne en couture, très rapide. Tous mes vêtements étaient fabriqués par elle, y compris mon p’tit manteau de fourrure, etc. La couture n’avait pas de secret pour elle, ni la comptabilité, ni l’habileté de savoir négocier serrée. C’était, en résumé, une femme d’affaires très dure.

 

 


Devant le Radio-City de New York pour ma visite à la Pieta.
Pour elle, mon éducation était très importante. Elle m’amena plusieurs fois au théâtre. Les Compagnons de St-Laurent en particulier. Troupe qui avait vu le jour au Collège Saint-Laurent. Ma grand-mère avait une très belle voix. Elle fit partie de la chorale officielle de l'Église Notre-Dame de Montréal.  Elle chantait aussi l'opéra en même temps qu’elle touchait le piano. Se pratiquait occasionnellement avec la voisine d’en face. Donc, le samedi, à une heure, c’était sacré. L’opéra de New York en direct à la radio. Silence total à la maison. Comme je prenais de l’âge, je sentis, à un moment donné, qu’elle changea progressivement d’attitude avec moi. Elle était comme surprise de mes performances et prenait plaisir, à l’occasion, à m’enseigner toutes sortes de choses. C’est elle qui me fit démarrer ma collection de timbres. Pour un jeune de 10 ans?  Quand même. Cette collection de timbres me fit carrément faire le « tour du monde ». J’étais bien impressionné des fameux timbres d’Afghanistan. Je vérifiais dans des livres de géo. (National Geo en particulier.) ce qui se faisait dans ce pays lointain. Je rêvais d’y aller. La grand-mère trouvait très important que je sois au courant des grands événements dans le monde. Elle me parlait des guerres, des conflits de toutes sortes. Elle était très ouverte à la politique internationale et m’en parlait régulièrement. Elle fut ainsi un vrai livre d’histoire, matière dans laquelle j’avais toujours 100 %.  J’eus cependant une grande déception. Elle me refusa d’aller rejoindre mon oncle Camille à Paris. Question d’argent et chicane d’argent surtout. Je dirais que c’était typique à la famille. Typique de certains Frégeau de mon côté. Ceci me fit très mal. Vous vous imaginez?  Invité à Paris, Londres et les merveilleuses Bermudes et ne pas pouvoir y aller. Il me restait le rêve qui me permit de m’imaginer dans tous ces lieux, car je rêvais beaucoup. J’avais ma bulle! Et en plus, j’appris des années plus tard que Camille m’adorait, car j’étais le premier enfant de son plus jeune frère, Charles. Ça ne mentait pas. À chaque fois que je rendais visite à Camille, il finissait toujours par avoir une larme à l’œil. Je t’embrasse mon bon Camille. Je sais que, vivant, tu n’aurais jamais voulu m'embrasser. Beaucoup trop fort!  Mais les émotions, malgré tout, te traversaient la peau facilement. C’est une voisine qui me démarra à la lecture. J’avais un œil aussi sur ma tante Pauline qui était à n’en pas douter « le chef amiral » de la famille. Tout passait par elle, finalement. Elle avait fait la dernière guerre, dans l’Armée canadienne comme infirmière. On lui envoya régulièrement des caisses de lait en poudre pour ses bébés anglais de Londres. Ma tante Pauline me contait les opérations de soldats pendant la guerre, elle était à Londres. Parfois, ils avaient presque peur de se tromper de membres. Et en plus, elle en rencontrait, 2 et 3 ans plus tard et elle se demandait comment ils avaient pu faire les p’tits qui les accompagnaient avec les « morceux » de corps qui leur restaient! Elle était comique ma tante. A fait la guerre, la vraie.

 

 

 


Ma mère vers 3 ans. (1926)

 

 

 

 


Ma petite cousine, 91 ans, qui m’a toujours accompagné dans la vie et vient encore de m’encourager : « Tu sais cousin ce qui t’a sauvé? Ta volonté. Tu es parti pour Indiana avec 5 personnes et tu es revenu seul. Tu avais réussi. Don't give up, Richard! ». Une cousine adorable, photocopie de ma mère. Le Bon Dieu m’a protégé ainsi que mon ange gardien, le p’tit sacripant. Oui, oui, oui, il me jouait des tours. Tu sais Richard, m'a dit Gertrude. Ta mère n'aurait jamais du avoir d'enfant après toi. ( Dit par ma grand cousine Gertrude. C'étaient deux grands amies, ma mère et Gertrude. Il nya a rien qu'on na pas fait pour lui lui faire payer le « déshonneur » qu'elle avait fait à la famille en me mettant au monde comme fille mère. L'arrogance venait surtout de la grand-mère Frégeau. Les gens peuvent être très méchants et ils l'ont été. Elle fut traitée comme une sous humaine. Et je gagerais qu'on lui en voulait pas tellement pour le déshonneur que pour le prix que j'allais coûter pour me faire vivre. Il y avait comme une sorte de rage dans l'air. Les services sociaux prirent du tempss à autoriser l'adoption, avec raison d'ailleurs. Je suis sûr que ma tante Pautline eut un rôle primordial dans l'aventure ». Elle m'a toujours protégé cette tante Pauline. Ma psychologue du temps me recommanda d'essayer de rompre le fameux secret de famille me concernant. Ce fut un très mauvais conseil de sa part. C'est la raison pour laquelle j'ai toujours soupçonné qu'elle était jalouse de moi car, à l'époque, j'allais déjà aux études aux États-Unis. C'est tout comme si elle avait pensé qu'un de ses patients ne pouvait faire de hautes études comme elle, ma chère. C'était pour le moins prétentieux de sa part. J'avais un flair incroyable pour déceler de telles choses. Pour dire ce que peut faire la jalousie. Elle transforme complètement la personne contre vous. Cette personne devient une véritable vermine. Vous ne pouvez avoir un pire ennemi et un pire ami. Je soupçonne que cette thérapeute fut « télécommandée » par son mari. Jaloux aussi! Qui rapportait toutes sortes de choses à tout le monde sur la vie privée des patient(e)s de son épouse. Tout un couple, n'est-ce pas.

MA SAINTE MAMAN BIO, CLAIRE ET MOI...Avec ma mère, je rayonnais!

 

 

 

MA BONNE TANTE PAULINE

 

 

 

LES BOMBARDEMENTS DE LONDRES.
Je me suis malheureusement fait voler, j’en ai bien peur, des photos d’elle en costume militaire. Je fais enquête auprès des Sisters quelque chose qui devraient, me dit-on avoir sa photo. Faire une visite à Pauline, c’était faire une visite à la « reine ». Le p’tit doigt en l’air et la tasse de thé à 5hs. Incontournable. Vous comprendrez, qu’adolescent, ce n’était pas tellement la tasse de thé, mais le repas gourmet et gourmand qui suivait après qui comptait. Pour moi, c’était du filet mignon et rien d’autre. C’était sacré pour ma tante que de m’offrir cela. Une queue de homard en plus? Parfois. Je faisais une « joke » à ma mère bio. Que je m’en vais chez Pauline, à Buckingham Palace! Elle me répondait, en riant, OK!  Bon voyage.

 

 

La Reine
(Je ne peux m’empêcher de parler de la reine en vous parlant de ma tante Pauline. Notre famille fut fournisseur accrédité de lait en poudre pour sauver les bébés anglais bloqués à Londres à cause des bombardements.)
En parlant de la reine, vous comprendrez que, bien certain, pas question de faire ce que l'on veut. Un protocole s'impose. Ce protocole, c’est le simple protocole anglais que je ne trouve pas si bête finalement. J’ai dû l’apprendre pour être de service à l’Expo 67. Faut pas croire que tout ce beau monde est raide comme des « barres de fer ». Ce serait leur faire grande injustice. L’idée, c’est qu’il ne faut jamais prendre l’initiative avec Sa Majesté, car c’est elle qui est reine. Et il faut être prudent, cette reine a été mécanicienne à la dernière guerre pas seulement avec des gants blancs. Elle peut démonter une auto au complet et la remonter elle-même avec aide, mais l’essentiel, c'est elle qui le fait. Il ne faut pas oublier qu’elle s’entoure d’artistes du monde entier. Beaucoup plus colorés donc que notre premier ministre Harper. Cette même reine a dernièrement fait faire un tour d’automobile au roi d’Arabie Saoudite qui a passé proche de faire une crise cardiaque, car, il paraît que Sa Majesté a le pied pesant sur le « citron »! Ce protocole canadien, je l’ai bien aimé, car il m’a souvent sauvé de plusieurs « embardées ». Je n’ai jamais vu personne être offusqué de nous voir l’utiliser. Et en sachant que tu savais bien ton protocole, tout le monde autour se sentait rassuré, car tu savais tout simplement faire les choses. J’ai fait affaire à une majesté de « 8 ans ». Aucun risque, je passai à la bonne vitesse et j’avais bien fait. Cette enfant fut grandement reconnaissante, car elle avait fait affaire à quelqu’un qui sut la protéger tout en la distrayant et la faisant rire. Ses parents furent enchantés. Des gens ordinaires finalement, sans prétention, qui voulaient simplement avoir du plaisir et qui furent tout contents que leur jeune fille « expérimenta » sa liberté en toute sécurité. À l’Expo 67, nous étions vraiment blindés contre tous les imprévus. L’équipe au complet, parlait plus de 68 langues différentes avec souvent des spécialités pour chacune des régions du monde, mais nous étions discrets.  Finalement, cette enfant avait vraiment des parents de la « haute », mais pas hautains. Nous eûmes le privilège d’être reçus pas une fois, mais deux fois pour le dîner du soir. Toute l’équipe fut invitée. Et monsieur vint s’asseoir à côté de moi pour me taquiner à propos de sa fille dont il m’apprit que je lui était tombé dans l’œil. (Blague) Un vrai comique ce type, il voulait simplement rire. Un 2e souper suivit pour continuer nos rires du premier. Une vraie coqueluche! (Je n’ai jamais parlé de ces choses avant aujourd’hui. Discrétion oblige.)
La Reine, je l’ai aussi "connue" toute jeune, en 1959 alors que j’étais cadet à London, Ontario. J’aimais beaucoup les groupes de précision qui donnaient des spectacles pour les dignitaires des forces armées. Ce jour là, ce fut la « cerise » sur la gâteau. Sa Majesté en personne. Quelle émotion! Toute ma famille avait fait la guerre. Donc, je n’étais pas insensible à la présence de Sa Majesté, toute jeune. C’était incroyable! Mon capitaine avait sans doute dit quelques mots à mon sujet, car lorsqu'on me présenta à Sa Majesté, il fut souligné que ma famille avait fait la guerre, dont ma tante Pauline au bloc hospitalier no. 5 de Londres. Je pense que la reine elle-même y avait travaillé m'a-t-on dit.

 

 



Mes petits frérots et ma petite sœurette du côté de ma mère.
Guy, Louise, Jean, Percy. (Labelle-Harper) Quelques années
plus tard, je leur faisais vivre leur première expérience de camping sauvage.

Ha! Si vous saviez comment ça me fait chaud au cœur, mais ces enfants m’ont à peine reconnu comme leur frère. On m’appelait mon oncle, car ma mère, à l’époque où elle m'a eu, était fille mère. Donc, je les traitais comme mes frères et sœur, ce qu’ils étaient, mais je ne pouvais cependant pas les appeler frères et sœur. Il fallait garder le secret. D’une idiotie totale! J’ai un de mes anciens élèves qui trouvait qu’il s’agissait vraiment du viol de l’intégrité de la personne. Bon, c’était le temps.... les curés, la mentalité et tout le « crémage ». Il n'y avait rien à faire et ma mère y a goûté. Sainte maman! J’ai quand même très souvent sauvé les meubles, comme on dit. J’étais ratoureux. Mon objectif, faire rire ma mère dans l’adversité. Et j’ai souvent réussi. J'suis fier de moi.

 

 

LES TERRIFIANTS FANTÔMES DE FAMILLE

Tout ce qui n’est pas « confronté » à une génération réapparaît à la génération suivante... c’est ce qu’on appelle... les fantômes de famille. J’en aurais beaucoup à vous dire sur le sujet, de quoi vous faire dresser les cheveux sur la tête. C’est ce que je vais faire prochainement surtout pour vous démontrer COMMENT LA VIE, C’EST FORT.
Pour m’être occupé de suicide pendant des années en plus d’être l’homme de confiance de l’école quand il s’agissait d’intervenir auprès d’élèves problématiques, je ne vous cacherai pas avoir fréquenté un nombre incalculable de FANTÔMES DE FAMILLES. Qui sont-ils. Ils sont le résultat de conflits de famille non résolus. Les gens qui s’imaginent bien fins de semer la division de leur famille peuvent être assurés d’être de parfaits fabricants de fantômes qui vont s’attaquer, premièrement à leurs enfants et ensuite, à leurs petits enfants. Ils fabriquent donc de parfaites victimes en se croyant au-dessus de toutes les lois de la nature. Prenez garde, personne n’y fait exception. 
Avant d’entamer le sujet, je veux, bien sûr, vous parler des fantômes que j’ai eu moi-même à combattre dans mon intérieur et même à l’extérieur. Je fus parfaitement conscient que j’étais devenu un peu comme ce preux chevalier qui fut fidèle à ce thème développé par les grands philosophes, Socrate, Planton et Aristote : « CONNAIS-TOI, TOI-MÊME. »  Pour mener ce combat, je fus accompagné par un grand ami, psychologue et psychanalyste, intervenant de nuit à l’urgence psychiatrique d’Albert Prévost. Il fut comme ce fil d’Ariane qui me guida dans mon intérieur, véritable labyrinthe, que nous avons tous. CONNAIS-TOI, TOI-MÊME, DISAIT LE PHILOSOPHE. Et c’est bien vrai. Mais quand le soi-même se transforme en épopée, genre film d’un autre monde, alors, là, tu te sens devenir « petit » et tu as besoin d’un accompagnateur sérieux pour ta propre sécurité. Mon ami Raymond fut l’homme de circonstance. Je suis tout fier de vous parler ainsi, car ma bataille, j’en suis sorti victorieux!  Je me sens comme le DAVID QUI A TERRASSÉ GOLIATH et personne ne pourra m’enlever cette victoire qui ne peut pas se traduire sous forme de trophée ou autre. Cette victoire m’appartient en propre et je veux vous la partager pour que vous engagiez le même combat au besoin. Vous avez peur. Vous avez raison d’avoir peur. C’est comme à la guerre, si vous avez confiance en vous, ce sera, au bout du chemin, cette pointe lumineuse rouge qui apparaît dans le ciel, tout juste avant le lever du soleil, ce sera LA LIBÉRATION.
Ma bataille.
Mon principal fantôme qui était plutôt un « spectre terrifiant » fut sans doute fabriqué par toutes les chicanes qui entourèrent mon adoption. Les chicanes créent un vide chez l’enfant et vous ne pouvez pas vous imaginer comment ça peut-être souffrant. L'enfant a toujours l'impression qu'il est responsable de toutes ces chicanes qu'ils l'entourent et va tout faire de sorte pour qu'elles n'aient plus lieu. L'enfant, si on peut dire, se transforme donc comme une Aspirine, portant sur ses propres épaules un conflit qui n'est pas le siens. L’enfant a parfois l’impression d’étouffer tellement le vide l’assaille. »C’est de ta faute, c’est toi qui l’a provoqué! » Bon, on blâmait l’un et l’autre d’avoir provoqué la situation qui engendra cette relation dont je fus le résultat. Chose certaine, ma grand-mère me terrifiait. Elle avait tellement soudoyé ma propre mère, qu’inconsciemment, j’en avais développé une véritable allergie la concernant. Cette guerre que je du déclarer contre mes fantômes devenaient comme un genre de réminiscence de la fameuse série Star War qui est aussi un rappel de toutes les batailles que l’on doit engager contre soi-même dans la vie. Je n’en connais plus l’auteur, mais c’est un passage que j’aime bien : « TON PIRE ENNEMI!  TOI-MÊME! » Et c’est bien vrai. Surtout quand on fabrique des fantômes qui vont « tuer » nos enfants et nos petits enfants, sans le savoir.
La préparation pour affronter mon ou mes fantômes fut très longue. Il me fallait trouver la fameuse personne « pivot » qui allait déclencher la crise. Je cherchai longtemps, surtout dans des groupes de thérapies de toutes sortes pendant des années. Et, surprise, je la rencontrai un jour, ce très grand jour qu'il devint pour moi . Je réalisai à peine qu’elle vînt de me « saisir », comme un pêcheur qui saisit un poisson. Je devinai cependant que quelque chose de sérieux venait de se passer. Elle m’avait « toisé », il lui restait à me faire trébucher, ce qui ne tarda pas. Il y avait aussi, dans l’entourage, des personnes compétentes pour pouvoir me « récupérer » au besoin, me calmer, et me faire revenir doucement à la réalité.

Mon intérêt pour les fantômes date de dizaines d’années. Plusieurs sources en furent l’inspiration. Mon psychologue, des autochtones amis et un psy. du CLSC de Montmagny, spécialistes des maladies « intergénérationnelles. Comme généalogiste, ceci me passionna au plus haut point. Et dernièrement, en faisant une fouille sur Internet où je trouvai d’autres informations fort pertinentes.
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DIFFICILE DE PARLER DE MA FAMILLE SANS PARLER DE LA GUERRE. 

MON ENFANCE EN FUT
BAIGNÉE.

DIFFICILE DE PARLER DE MA FAMILLE SANS PARLER DE LA GUERRE. 
MON ENFANCE EN FUT
BAIGNÉE.
 

 

 

 


Une photo qui me rappelle ma famille qui partait pour la guerre alors que j’étais tout petit. Mon épouse Lise est assise devant le bronze à Halifax un bronze qui me met le coeur en chamade.
Ce bronze me rappelle des membres de ma famille alors qu’ils quittaient pour la guerre. Un bronze qui me fit vibrer le cœur. J’ai utilisé, dans l'aviation, le même type de sac "banane" que j’appréciais beaucoup y compris le sac à parachute. Oui, ça me fait sourciller à tout coup ce fameux bronze. Les départs pour la guerre. L’abandon des siens, de son chum, de sa blonde, de sa femme, de son mari, de ses enfants. Dans ma tête d’enfant résonnait le bruit des avions. La guerre, c’était pour moi un mystère.... d’enfant. Oui, ça me fait sourciller à tout coup ce fameux bronze. Les départs pour la guerre. L’abandon des siens, de son chum, de sa blonde, de sa femme, de son mari, de ses enfants. La guerre, c’était pour moi un mystère.... d’enfant.
Vous vous imaginez tout petit. Mon oncle Jules, en uniforme de l'aviation qui me prend dans ses bras et m'amène dehors pour me faire voir la douce neige qui tombe... lentement. J’étais émerveillé. J’allais lui envoyer mes premiers devoirs à cet oncle qui s’en allait en Angleterre. aaaaaaaaaa bbbbbbbbbbbbb cccccccc dddddddddd. Voilà, c’était moi qui pratiquais. Et la tante Pauline qui me prenait auprès d'elle pour vérifier ma dentition, mon ventre, mes yeux, etc., etc., etc. Elle était garde malade de guerres et contait que parfois l'équipe médicale était comme perdue avec tant de membres arrachés des corps. Quant à ces corps, ils pouvaient presque tous les ouvrir comme des gants qu’on met à l’envers et dont on replace tous les morceaux à l'intérieur. Ils connaissaient le corps humain par cœur. Il fallait mettre les bons membres aux bonnes personnes et pour finir, ils les bourraient d’antibiotiques. Le premier inventé. Le fameux Sulfamul! Ça guérissait tout. Même au collège, j’en avais une réserve sous forme de tubes. Je manquais de mémoire! Sulfamul. Non, pas jusque là, vous aurez compris. Et la grand-mère qui pleurait à chaque courrier que nous recevions. Elle pensait que ça annonçait un mort. Surtout les télégrammes. C’était une crise à tout coup et finalement ça annonçait : «Chère madame, nous avons le plaisir de vous annoncer que votre fils, votre fille a obtenu le nouveau grade de....etc. etc., etc. » Et tout cela avec un beau cadre et la photo du récipiendaire ou de la récipiendaire. » Surtout la récipiendaire qui n’arrêtait pas de courir après les membres de différents soldats qui "les avaient échappés", en route vers l’hôpital. Après, elle se demandait comment ces gens pouvaient faire des p’tits avec tous les morceaux qui leur manquaient. Quelle époque fabuleuse, pourtant c’était la guerre. Fabuleuse à un tel point d'ailleurs, que ma tante Pauline ne s'en est jamais vraiment remise de cette guerre. Elle nous recevait toujours avec un certain style londonien chez elle. On avait même l'impression de visiter la reine en personne. La guerre l'avait donc fait s'épanouir. Elle ne fut pas la seule.

Aussi, nous avions, à Montréal, des toiles noires dans toutes les fenêtres pour éviter qu’un avion allemand nous détecte en pleine nuit. Belle propagande, n’est-ce pas. Nous avions aussi le rationnement. Des timbres et de jetons bleus pour le beurre, je crois. J’allais à une épicerie plus loin pour acheter la 2e livre de beurre, car la grand-mère ne voulait pas éveiller des soupçons. Pourtant, elle y avait droit, tous ses enfants étaient à la guerre. Les Allemands venaient prendre leur bière à Gaspé et prenaient même des bains de soleil à St-John. On a tous réalisé ça après la guerre. Et vous pensez que les Allemands auraient bombardé une taverne? Allons donc! Un poète s'en serait douté bien avant. Allons, enfants de la patrie, le jour de gloire est arrivé!  Un jour de gloire? Comment peut-on faire de la poésie avec la guerre? Je pense que l’humain a besoin de mettre de la vie, même sur la mort...et un peu de bière aussi.

 

 

 

 

 

 

 

GENS DE MA FAMILLE
QUI M’AVEZ SAUVÉ LA VIE
Je rêvais depuis des années de trouver cette photo. De gauche à droite, Cousine Alice, drôle comme un singe et joueuse de cartes comme pas possible. Dès qu’on arrivait à l’hôtel, tout de suite, elle se cherchait des « partners ». Se faisait ramasser sans connaissance régulièrement chez Eaton à Montréal. Les policiers lui disaient, vous devriez rester chez
vous. Pas question, « vous ne me ferez jamais manquer l’occasion de me faire ramasser par des beaux gars comme vous autres. »

 

 


LA GANG DES « TROIS »

 

 

 

 

 

 

Tante Pauline au centre. Je l’appelais « colonel » pour la faire rire. Elle avait pas mal le sang de colonel surtout quand elle décidait que telle chose devait se faire de telle manière. À droite : mon oncle Gaby adoré qui faisait mes devoirs sans dire un mot. Et à gauche, ma grand-cousine "folle", pouvait jouer aux cartes jusqu’à 3 hrs du matin et risquer de vous faire mourir de rire. Une chance, elle était aussi garde-malade. Aucun n’est mort en pleurant. Elle m’avait dit, mon Dieu, Richard, que tu es beau, tu ressembles tellement à ton grand-père Frégeau, médecin, qui était un vrai saint. Une telle déclaration vous enquiquine pas mal positivement le moral d’une personne! Non? Et en plus, sans le savoir, elle venait de faire sauter le fameux secret de famille concernant mes origines. Elle venait d’admettre que j’étais vraiment un Frégeau, descendant du député, médecin, fondateur d’hôpital que fut mon arrière-grand-père. (Je pense que très sincèrement, tous ces événements reliés me sauvèrent littéralement la vie. Je fréquentais des gens positifs et j’en recevais les bienfaits. À retenir. FRÉQUENTER LES GENS QUI VOUS GRANDISSENT, NE VOUS EN DÉPLAISE.
Chère grand-cousine Alice, joueuse de cartes! (Au centre) Pauline. Ma protectrice. (À droite) Mon oncle Gaby, qui me faisait faire mes devoirs pour l’école. On disait qu’il était zinzin. Je pense plutôt, que jeune, il avait fait le zinzin pour ne pas être placé à l’orphelinat. Il a fait le fou comme Nelligan pour éviter de se faire « détruire ». Quand est venu le temps des héritages et qu’on le disait fou, j’ai protesté. Cousine Alice elle, n’arrêtait pas de dire que j’étais dont beau. Elle avait connu mon arrière-grand-père médecin et me disait que je lui ressemblais comme une goutte d’eau et que j’étais aussi brillant que lui. Donc, un voyage avec ces trois, c’était, je vous le jure, tout un boucan. Pour moi, c’est une photo ICÔNE. Rien de moins. Ils m’ont sauvé la vie, car, orphelin, ça n’allait pas toujours bien. Ils étaient des vieux au cœur ultra jeune. Ma cousine Alice. Quand elle était malade à l’hôpital, sa chambre était toujours pleine de monde qui venait... devinez quoi...RIRE. Une vraie marsouine!
La maison de Pauline était devenue de son côté, comme un havre de paix pour moi, quand tout allait mal. Pauline me recevait toujours comme un prince. Gaby, lui, me parlait des familles juives où il allait faire du ménage. Pour le remercier de ses services, on l’habillait des pieds à la tête et pas avec n’importe quoi.

 


  Certificat de naissance d’Alice Préfontaine, ma cousine joueuse de cartes si fine.

 

 

 

 

 

Mon oncle Gabriel qui s’est beaucoup occupé de moi
et qui semblait toujours surpris de me voir grandir et
prendre de l’expérience.
Mon m’oncle Gaby,  qui s’est occupé de moi enfant. On le disait « fou ». Frontal! J’ai jamais vu ni de fou ni de frontal. On a voulu lui enlever l’héritage à cause de sa « folie ». Vous auriez dû me voir. J’étais totalement furieux. Ma tante Pauline s’en mêla et, je vous jure qu’avec l’armée (Oui, ma tante, je l’appelais l’armée!) les choses se sont vite tassées. Cet oncle eut entièrement droit à l’héritage et c’est Pauline, avec toute sa bonté qui en a pris soin jusqu’à sa mort. Il travaillait à faire des ménages chez les Juifs d’Hamstead. Il a été gâté comme un toutou. Je fus très heureux pour lui. Je ne l’avais jamais vu aussi détendu et fier de me voir. Il était carrément un autre homme. Libre!

 

 

Mon oncle Camille. Un de mes défenseurs.
N’avait pas la langue dans sa poche.
Me défendit bec et ongles.

Chapitre V
De bonnes personnes que j'ai connues au collège.

 

 

 

 

 

 

 

 

 


HUMBERTO,
À LA CATHÉDRALE DE WASHINGTON


26 mai 09:34


Le pire, c’est que je pense vraiment que ce Humberto lisait dans ma tête d’angoissé. Il ne donnait pas de commentaire, mais seulement a y voir l’air, je devinais qu’il devinait ma situation. Un champion toute catégorie ce Humberto! Et l’âme mexicaine! Ce n’était pas rien. Richard, « tu vas mourir si tu manges du piment à ta première journée à Mexico.... Je te l’interdis. » Je n'ai pas mangé de piment la première journée. 8000 pieds d’altitude, asthmatique, je ne pouvais prendre de chance. Mais, Mexico n’était pas pollué comme aujourd'hui. Quand j’arrivais à Washington, première chose qu’on faisait ensemble Humberto et moi. On allait voir un film. Il ne portait pas par terre. C’était un acteur et je pense que le cinéma l'a toujours habité. J’aimais beaucoup ça. Et après, il m’amenait chez des amis. Tout un zigoteau ce Humberto. Il en déplaçait du vent. Et des amis, il en avait. Il me faisait vraiment rire. M’a fait visiter Washington de fond en comble et visiter une foule d'amis. Je me souviens d'une visite chez une dame respectable, épouse d'un sénateur du Congrès américain. Vous auriez du voir l'intérieur de la maison. On aurait cru se penser dans un grand hôtel. Et les cuisines qui se trouvaient en arrière. Incroyable par leurs dimensions. Humberto avait des contacts pour entrer à la bibliothèque du Congrès. Voulait que je vois la Bible de Gutenberg, la 2e au monde. Un livre d’une grande beauté tout écrite en lettres stylisées d'un noir profond dont les premières lettres de chaque chapitre étaient tout en couleurs, enjolivées par des traits en or. On m’a permis d’entrer dans les sections de manuscrits. 600 000 manuscrits mes petits amis. On m’avait sorti des manuscrits d’explorateurs québécois du temps de la colonie. Vous dire qu’ils ont tout serait un euphémisme. La plus grosse bibliothèque du monde. 270 milles en mille de long avec des livres de chaque côté. Épouvantable, je vous le dis, épouvantable. Et la madame qui me tournait les pages avec des gants de coton et je devais me tenir à une certaine distance pour ne pas abîmer le manuscrit. Le hall d’entrée de cette bibliothèque peut aisément contenir l’Oratoire Saint-Joseph. Ça n’a pas de fin. Nous avons, à une autre occasion, ma petite famille et moi, passé proche d’y entrer dans cette grande bibliothèque, sur le tapis rouge et en plus, les serviteurs en queue-de-pie qui servaient des canapés aux invités, mais Humberto n’était pas là. Leur réception fut très gentille, mais ils me firent comprendre que la bibliothèque était fermée au public à cause d'une réception pour la Maison Blanche qui se préparait.
90e anniversaire joyeux Humberto Almazán
Humberto Almazán est né le 16 février 1924 à Mexico, au Mexique. Humberto a commencé sa carrière en tant qu’acteur dans le cinéma mexicain avec le film 1944 « Corazones de México » sous la direction de Roberto Gavaldón. Humberto est apparu dans un total de 24 films, ses films les plus mémorables sont ceux où il a travaillé aux côtés de Pedro Armendáriz dans la trilogie de Pancho Villa, où il a joué Luisito, Secrétaire général dans « Cuando ¡Viva Villa ..! es la muerte » (1960). Dans les années précédentes, il a travaillé avec Armendariz dans « retours Vuelve Pancho Villa » (1950). Il a également travaillé sur la trilogie « Chucho el Roto » (1960-1962) avec Carlos Baena et dans « Los Tigres del Desierto » (1960), « La Cucaracha » (1959) avec Maria Felix, mais son meilleur film, il sera toujours était connu pour où il dépeint le Père des Amériques « El joven Juárez » sous la direction de Emilio Gómez Muriel.
Avant de devenir un acteur de cinéma, il a travaillé sur la scène pendant plusieurs années, il avait épousé une orpheline de guerre nommée Ginette en 1950, mais elle est morte en couches avec le bébé. Avec sa carrière cinématographique stagnante, il tourna sa vie à la religion et est devenu prêtre en 1966. Il a poursuivi sa carrière d’acteur en utilisant ses talents pour l’Eglise. En 1969, il est apparu dans les seuls « Guns de la Révolution » euro-occidentale avec Ernest Borgnine jouer Miguel Pio martyrisé qui a commencé une révolution contre le général tyrannique qui proscrit la religion.
Aujourd’hui, le Père Almazan vit en semi-retraite près de Huelva, en Espagne. Ici, il travaille avec un groupe de bébés et les enfants qui sont nés séropositifs. Aujourd’hui, nous célébrons son 90 e anniversaire.
Je n’aurais jamais pensé qu’il était rendu si vieux. Comme je vous dis, il se teignait les cheveux, se faisait arranger la peau, prenait des genres de mélanges de fruits exotiques venus directement de Hollywood, soignait vraiment son apparence. Ancien acteur, il avait gardé son habitude. Plus tard, il est devenu prêtre. C’était un gars d’une générosité inouïe et d’une facilité de communication sans pareille. Je vous jure que j’en ai appris des affaires avec lui. Le monsieur était sorti après 9 heures depuis longtemps. Il avait fait la vie. Pas peu dire.
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Gilles-O. Bloivin et le violoncelliste, Poulin, originaire de Val-d’Or en Abitibi.
 
Je pense à Gilles-O. Boivin, moins connu, mais qui fut directeur de l’ONF pendant des années. Je pense aussi au fameux violoncelliste du nom de famille de Poulin qui se noya tragiquement dans le lac ou se trouve les fameuses JEUNESSES MUSICALES de la région de Orford.  J’eus la grande émotion, quelques années plus tard de rencontrer la mère du jeune. Quelle tragédie cette femme avait-elle vécue. Elle était toute transportée de rencontrer un confrère de son fils quelques années plus tard. J’avais un travail chez Hydro Québec en Abitibi pour avancer les travaux qu’on appelait, « La conversion » » On convertissait le système électrique des villes du 25 cycles au 60 cycles. Autant dire que la civilisation entrait dans ces villes comme Val-D’or, Malartic, Rouyn et d’autres milieux, plutôt bourgades que villes. Et j’étais habillé comme les circonstances le voulaient, avec un gros casque de la construction à l’effigie d’Hydro, casque dont j’étais bien fier. J’avais eu l’emploi à cause de mes références comme séminariste, comme travailleur expérimenté qui connaissait la construction et l’électricité et comme personne fiable et prudente. On me fit passer des tests de conduites qui s’avérèrent plus des cours adaptés pour la conduite du camion avec une nacelle d'Hydro telle que l’on voit partout au Québec. J’avais donc aussi la responsabilité de tout l’outillage. Tout était verrouillé. J’étais un petit patron. Je sentais qu’on m’équipait pour être compétent au travail. J’étais tout heureux de tout cela. Donc, Mme Poulin me reçut dans les bureaux de Bérubé Dimond Drill à Val-D’Or, bureaux chics s’il en était et m’offrit un thé dans des belles tasses de porcelaine et un et service en argent, chic au possible. C’était le respect qu’elle manifestait pour un ami de son fils était décédé quelques années auparavant. Nous avons entretenu une conversation d’une bonne heure. Je me souvenais de son fils parfaitement même si je ne le fréquentais pas. Je ne cacherai pas que j’avais les larmes aux yeux de voir cette mère éplorée, toute ragaillardie par la présence d’un ex-ami de son enfant. Elle percevait la situation comme cela et je l’acceptai. Je n'allais pas contredire une pauvre mère dans le malheur. Cette rencontre me marqua à vie. Un « p’tit pit » impeccable, grand garçon pour sa mère et reconnu comme grand violoncelliste au Canada et qui, accidentellement, perd la vie en jouant de son instrument préféré, mais dont la chaloupe qu'il occupe coule subitement. C’était aussi simple que cela et à toutes mes visites aux Camp des Jeunesses musicales, je ne pouvais et ne peux pas oublier ce drame. Vers la fin de la conversation, j'ai du faire bifurquer nos propos concernant l’installation du nouveau système électrique. Je promis à Mme Poulin mon attention de tous les instants pour que tout aille bien d’autant plus que, moi-même, j’avais l’entière confiance de mes patrons de projet ontariens. Ils étaient impressionnés de voir un jeune de bonne éducation, qui savait se présenter, s’adapter et à qui on pouvait parler de n’importe quoi, car ils étaient ouverts à tout. Je m’occupais de la santé de mes travailleurs même si ceux-ci n’aimaient pas beaucoup ça, car, ils ne le disaient pas, ils avaient une peur bleue des médecins. Gros, grands, forts, étaient prêts à se battre à tout moment, mais qui à la vue d’une tite tite aiguille s’étendaient de tout leur long par terre devant la garde malade décontenancée. J’en ai vu des bonnes et je riais pas mal dans ma « barbe ». Car, moi, à côté d’eux, j’avais l’air d’un ti-cul de 16 ans sur lequel on aurait pu souffler pour le terrasser. Ils agissent malheureusement comme des animaux, il faut donc savoir très vite tracer son territoire et s’imposer. Je leur fis un mauvais coup et ce fut la « GRANDE PAIX DE VAL-D’OR » qui dura jusqu’à la fin de l’été. Malgré tout, c’était des gens que j’aimais beaucoup, ils étaient tellement démunis qu’ils en étaient désolants. À un tel point qu’à chaque fois que je parlais à mon patron de chantier, ils en tremblaient presque pensant que je parlais d’eux et qu’ils allaient perdre leur emploi. Me rendant compte de la chose, car ils ne cessaient de me dire qu’on ne parlait pas à un patron, que ça ne se faisait pas. Je leur fis comprendre tout de go que si j’avais quelques réprimandes que ce soit, c’est moi qui m’exécuterais pour le faire et qu’il n’était surtout jamais question dans ma tête de faire des mises à pied surprises. Je leur donnai ma parole d’honneur. Ils ne comprirent pas tout à fait mon terme « parole d’honneur », mais me firent confiance. Donc, les choses avançaient, s’amélioraient, changeaient tout en ayant de plus en plus leur adhésion au travail. Un chose qui les surprenait tout le temps, je ne sacrais pas. Ça les impressionnait. Je crois qu'ils pensaient que plus on sacrait fort plus on était dangereux. Je leur ai dit, "Empy barrels make noise ". Et je tâchai de leur expliquer mon propos, mais il n’y comprirent pas grand-chose. De pauvres bougres qui avaient toute mon affection en plus d’avoir l’appui de tous les patrons du chantier. Je faisais du travail social tout en faisant de l’électricité. Je les aimais. C’est tout. Y’en a un qui m’arriva un matin avec la main très enflée et toute bleue. Je le suspendis du travail et m’occupai de l’amener à l’hôpital avec toutes les autorisations nécessaires. Il sacrait comme un démon. Dans le fond, il me disait qu’il avait peur. Nous arrivâmes vite à l’hôpital ou un ancien de mon collège était médecin. André regarda la plaie. C’est la mère du gars qui lui avait enveloppé la main avec une forme de terre glaise, le tout recouvert de chiffon pour que le pansement tienne. Une vieille méthode indienne qui était en train d’infecter la main à un tel point que la gangrène risquait de s’y mettre dans la journée. Sur le chemin du retour de l’hôpital il m’engueula comme jamais on me l'avait fait de toute ma vie. Je me mis presqu'en colère et lui cria :" Maudit cave, je viens de te sauver la vie! » Un silence terrifiant s’imposa. Je le sentis tout repentant comme un enfant en détresse et quand il sortit du camion, il me remercia en disant :" Merci monsieur! » Le corps me glaça complètement, je constatais la vulnérabilité de ces gens comme sans espoir. Ce gars ne me fit plus jamais de menace d’aucune sorte et je sentis que le sentier s’aplanissait. C’était comme une histoire d’amour, d’amitié, avec des gars désemparés. Donc, je continuai mon travail chez Diamond Drill, je vérifiais tout et Mme Poulin, la secrétaire du patron s’en trouva toute ragaillardie, car son patron n’était pas du tout rassuré de voir une gang d’Hydro venir manipuler ses fils de machines de toutes sortes avec le risque d'avoir des explosions.
VICTOR CHARTIER, ptr


Victor fut le genre de grand ami qui resta toujours discret avec moi, mais je savais qu’il m’estimait au plus haut point. Je l’ai eu comme patron à la pastorale de l'école Curé-Antoine-Labelle. Un gentleman. Jamais un mot plus haut que l’autre et d’une distinction impeccable. Quand il avait un blâme à me faire, il était prudent. Il fonctionnait avec des questions, me demandait mon opinion avant de me donner la sienne. C’était un homme prudent. Avec Victor, je me suis toujours senti en entière confiance même aux jours où les choses se corsèrent alors que je commençais à faire du syndicat. Ceci causa de sérieuses frictions, mais pas avec Victor. Comme je me sentais tout à fait à l’aise avec lui, je ne tardai pas a lui faire connaître mes intentions profondes. Il en fut toujours totalement satisfait et se déclara souvent totalement d’accord avec moi. Il me faisait aussi totalement confiance d’ailleurs même si j’avais pu « bousculer » certains patrons, pas beaucoup, qui n’avait pas trop aimé l’expérience. À ma grande surprise, j’avais toujours une demande pour diriger tel atelier dans un congrès ou pour représenter le département de catéchèse à Québec ou ailleurs dans toutes sortes de rencontres-écoles, organismes divers, etc., etc. Il m'a fait toujours entièrement confiance moi,qui n’avait pas dans le temps, une parfaite confiance en moi. Il me poussa littéralement dans le dos pour m'encourager. En plus, dans le temps, Victor avait un genre de poste politique « intouchable ». Il avait la sagesse d’avoir l’habileté de marcher sur des œufs sans en casser un. Parfois, il m’appelait pour me demander mon opinion sur tel ou tel sujet. Je le trouvais bien humble de me consulter de la sorte. Je ne me trouvais pas plus futé qu’il le fallait. Donc, sous l’égide de Victor, j’appris carrément à grandir. Vous savez, ces gens que vous fréquentez et qui vous grandissent malgré vous. Victor en fut un.  

 

 

 

 

 

 

 

 

Agathe. Son cancer commençait à paraître. Elle avait la figure légèrement gonflée.
Agathe qui a combattu un cancer terrible du cerveau. La photo a été prise au Saint-Hubert tout à côté de Renaud Bray, sur la rue St-Denis, le 29 décembre 2011 environ. Agathe pleurait au téléphone, elle voulait faire son magasinage du temps des fêtes. Je décide donc de la sortir, le soir de ma fête alors que je suis reçu chez Hélène qui m'a préparé un beau gâteau de fête. La photo a été prise à ce moment. Figure boursouflée, car elle était à la cortisone. J’eus profondément le sentiment que c’était notre dernière sortie et ce le fut. Elle entra en palliatif, y resta six semaines et en ressortit, car elle avait du nerf et ne voulait pas mourir. À sa naissance, on l’avait mise de côté la croyant morte. Le lendemain, on entendit un bruit qui venait de la boîte de carton. C’était Agathe qui voulait vivre et qui faisait des sons. Un grand personnage combatif. Quelle leçon ma chère Agathe. Agathe était une fille que j’admirais beaucoup. Elle avait cependant la manie de vouloir inventer la bombe atomique tous les jours. Non, pas possible une bombe atomique tous les jours. Elle s’est fait avoir par un sorcier qui voulait profiter d'elle et de son état de santé. Mais elle s’en est rapidement rendu compte de l'arnaque. La seule différence avec un médecin, le sorcier l'a « dépochée » de pas mal d’argent. Je l’admirais Agathe, parce que c’était une femme qui CHERCHAIT. On l’avait mis dans une boîte de carton à sa naissance, croyant qu’elle était morte. Elle s’est battue toute sa vie pour rester vivante. Quelle héroïne elle fut. Je repartirais tout de suite.... faire du shopping avec elle.

Georges Brossard, une amitié d’admiration depuis nos 14 ans d’âge au collège Saint-Laurent

 

 


Le Georges pétillant! Le Georges réfléchit. Il se posait sans doute des questions sur son avenir
< Georges a maintenant “la chance” (c’est ce que lui disent ses parents) d’aller étudier à Montréal. À 12 ans, vêtu de son plus bel habit et sous le regard attendri de sa mère, le jeune campagnard entame le cours classique, abandonnant la nature pour devenir pensionnaire dans la grande ville. Ses espoirs sont grands, l’avenir lui appartient!  Malheureusement, les déceptions seront grandes aussi. » (Tiré du livre sur Georges.)


Parler de Georges ado, c’est parler d’un personnage qui a la rage de vivre et de se faire valoir. IL FAUT LIRE SON LIVRE même si Georges n’y est pas au complet, car Georges, c'est plus qu'un livre. J’arrive sur le coin du corridor et je vois Georges qui marche sur les mains. Il fait du trapèze, il fait tous les sports. Habillé à la. »Zut suite", rien ne l’arrête pour épater. Chemise rose (dans le temps!), veston de velours noir étoilé, pantalons du même style. Vous regardez cet enfant et vous êtes transporté, vous ne pouvez résister. D’une candeur pleine de vie, Georges fera tout pour se faire aimer. Courir en pyjamas dans les échafauds extérieurs de construction pour rénover le collège (5 étages de haut) Nous avions d’ailleurs à peu près, un minimum de un mort par année à ce collège. Accidents. Noyade. Casser le cou pour avoir joué dans les cordages du gymnase, doigts qui explosent à la dynamite (expérience d’étudiants qui veulent découvrir COMMENT ÇA MARCHE...la dynamite!), les arbres qui ne se tassent pas en ski (2 morts au mont Gabriel). 1000 ti-culs dans une boutique du genre, la même chose que 1000 tits débiles dans un camp de fou. Nous étions, au sens propre, dangereux! Georges était plus habile. Il donnait des spectacles de trapèze avec ses frères. Semblait être fait de caoutchouc tellement il était souple comme ça ne se peut pas.  Un vrai p’tit monstre à batteries Duracel Qui n’arrêtait jamais. Une figure ouverte, généreuse. Et vif. La vie le comblait. Était milionnaire! Quand même! C'est un bon commencement! Collectionnait les animaux. Son faucon, distraction, il l’échappe et celui-ci lui donne un coup de griffe qui traverse son coupe-vent en cuir, traverse son veston (blaser) et sa chemise et lui laboure le bras. Heureusement, pas une catastrophe. Ne pas oublier que nous étions dans le temps de l’hystérie pour Elvis. Alors, Georges n’était pas seul à chercher la vedette, car c’est vraiment ça qu’il aimait. Mais je soupçonne que quelque part, il voulait par tous les moyens se faire aimer. Et nous l’avons aimé comme des frères. Il fut l’admiration de la majorité du collège. On lui rendait bien l’effort qu’il faisait. Oui, regarder Georges, c’est regarder un cœur qui cherche à se faire aimer. Il a tout, mais ce n’est pas suffisant, il veut donner davantage. Georges est une véritable constellation de générosité, d’énergie sans fin, en plus d’être fort physiquement, mais petit de corps, mais pas d’âme. J’ai des photos dans mes archives, bien sûr, et je vous les communiquerai quand je les aurai trouvées.  Tout un travail qui me reste à faire, ces fameuses photos. Georges aime les bibites, les animaux de toutes sortes. C’est un chasseur chevronné. Habite en campagne. Brossard, ville Brossard, c’est son père. Pas rien hein! Donc, il a de l’argent, mais on sent qu’il n'y a pas que ça. On lui donne sa Corvette neuve à tous les mois de septembre que le Bon Dieu amène. Mais oui, ça lui fait plaisir, mais ce n’est pas ça qui le fait carburer. La Corvette sèche plutôt dans son coin, Georges a d’autres choses à faire. Si Georges trouvait dur d’être au collège à cause de son goût prononcé pour la nature, de mon côté, le collège c’était ma famille, j’étais orphelin. Après mon coma, suite à la mort de mes deux parents, le père Lalande, directeur, m’avait donné les clés du collège pour me permettre d’y retourner l’été au cas ou il n’y aurait eu personne pour me recevoir. Ces pères étaient d’une générosité sans borne. Ils devaient être impressionnés de voir ces p’tits monstres s’affirmer et se dépasser constamment.  De mon côté, quand j’y allais, j’avais toujours quelque chose à faire. Sans doute que Georges ne sut jamais que j’avais fait du coma au collège, à la rentrée de septembre 56, suite à la perte de mes deux parents. Toujours est-il que lorsque nous nous sommes parlé il y a environ 10 ans, c’était comme si nous nous étions parlé la veille. Plusieurs années dans le même collège, nous devenons des frères. Rien d’autre. C’est sacré. Et être de Saint-Laurent, c’est avoir un style, une âme spéciale. Personne n’y échappe. Le théâtre, la littérature, Radio-Canada dans nos murs, un gymnase de toute beauté avec un immense département de musique, un pavillon de philosophie qui est un chef-d’œuvre d’architecture, un immense terrain, la piscine deux fois par jour, le hockey, trois fois par semaine, le ballon-panier presque à tous les jours, la balle au mur, la balle molle, une discipline de fer, la forme physique mise à l’honneur, mais aussi la forme morale et intellectuelle, tout cela nous façonne à vie. Quand nous nous rencontrons, nous nous reconnaissons comme si nous nous étions vus la veille. C’est évident. Être de Saint-Laurent c’est avoir fait un des collèges des plus prestigieux au Canada. C’est ce que m’a dit le registraire d’Indiana à mon acceptation comme étudiant dans cette institution américaine. St-Laurent était lié d’une certaine façon à l’Université américaine Notre-Dame pour ses performances au football et dans bien d'autres domaines. Le fameux Tom Doolie y étudia. Pas rien. Georges me fait aussi penser à Tom Doolie, cette grande âme généreuse qui s’occupa des enfants du Vietnam. Il y a toujours de ces espoirs qui apparaissent dans l’adversité et qui vous font malgré tout croire en l’être humain. Georges en fut un grand. D’une énergie sans fin. Une véritable constellation qui attire les yeux et sollicite les cœurs. C’était mon ami, je l’aimais. C’est mon frère. La première fois que nous nous sommes « toisés » il m’a donné un bon coup de pied au cul avec une vitesse telle que je n’ai jamais rien vu venir. C’était un fougueux! Une boule d’énergie. Marchait aussi bien sur les mains que sur les « pattes », tournait sur la tête. Un vrai panda. La rumeur du milieu disait que son frère Benoît l’étirait comme du caoutchouc et « y faisait même des nœuds dans les jambes » pour le rendre plus souple. Faisait du trapèze et en donnait des démonstrations avec ses autres frères avant les parties de hockey. À cet égard, nous pouvons vraiment dire que c’était un show man en plus d’être millionnaire, car, il venait d’un milieu très riche qui pouvait tout se permette. Je ne faisais pas vraiment partie de sa gang. Je venais d’un milieu humble et je ne me sentais surtout pas du même niveau. Georges ne m’a jamais snobé, mais on s'est peu connu et peu parlé. Je ne fréquentais pas le même secteur que lui au collège. Nous étions un peu pareil, chacun de notre côté. Je parlais à tout le monde et j’aimais tout le monde et j’en admirais plusieurs qui étaient vraiment des gens d’exception à n’en pas douter. Nous pouvons affirmer sans en douter non plus une seconde qu’une partie du Québec fut façonnée par plusieurs des nôtres qui avaient à cœur leur PAYS. Je pense à Claude Charron qui n’est pas le moindre. Il fut ministre émérite dans le gouvernement de René Lévesque. Je pense à Ti-Guy Latraverse qui ne fut pas le moindre non plus. Devint imprésario et administrateur pour Yvon Deschamps et plusieurs autres artistes dont la liste serait trop longue à donner. D’ailleurs, Ti-Guy m’offrit un emploi à répétition, car c'était un homme très généreux. Une fois, assis dans un restaurant de la place Ville-Marie, il se mit à me courir après moi pour m’inviter à manger avec lui. J’acceptai, mais j’étais trop perdu intérieurement pour m’embarquer dans quoi que ce soit. Autant, je pouvais paraître au-dessus de mes affaires extérieurement, autant, intérieurement, c’était la tempête pour ne pas dire un tsunami. Je souffrais beaucoup. Et allez dont expliquer ce que vous vivez à des gens du temps. Mission impossible. Peu de gens pouvaient comprendre, il aurait fallu que j’eusse affaire à un psy. chevronné, très expérimenté pour m’aider à m’y retrouver. Et les psy chevronnés, il n'y en avait tout simplement pas.


PLUS DE BONNES CONNAISSANCES

Quand George entra en communauté, sa physionomie avait beaucoup changé. Il reflétait ce qu’il vivait intérieurement. Une profonde réflexion sur sa vie. Je pense aussi qu’il avait beaucoup besoin de notre affection et de notre attention. Je trouvais ça beau, il nous disait par son agir qu’il avait besoin de nous. Pas rien! Ce gars songeur devint un entrepreneur formidable. Son objectif maintenant, c’était les pauvres. Des gros dix roues plein de matériel à donner. Une structure organisationnelle qui faisait en sorte que les pauvres eux-mêmes étaient impliqués dans l’aide qui leur était donnée. Pas question de donner des « poissons », il fallait leur montrer à pêcher. Pas bête du tout. C’était Georges dans toute sa générosité de jeune qui voulait à tout prix se faire accepter. Je ne savais pas qu’il avait été mis à la porte du noviciat. Quand j’ai su ça, dans son livre, le cœur m’a littéralement viré de bord. Georges n’a sûrement pas dû facilement accepter ça. Dans le temps, l’avoir su, j’aurais bien fait une crise. Et quand le « trappe » m’allait, ce n’était pas rien. Mais défendre Georges, ce personnage plus grand que nature pour moi, j’aurais sûrement tremblé dans mes culottes comme on disait dans le temps. Que Georges ait continué à s’habiller à l’original le restant de sa vie m’a surpris. Je concède cependant qu’il était un esprit totalement libre et en plus, la façon dont il était en contact avec la nature l’invitait, d’une certaine manière à imiter l’excentricité de ses découvertes animales. J’ai rencontré, il y a des années, un bonhomme du genre au Saguenay, Lac St-Jean. Nous allions sur son domaine et il nous faisait carrément faire le tour du monde avec tous ses costumes et ses mises en scène de toute beauté à la recherche des pyramides d’Égypte, d’une visite chez les Olmèques, les Mayas, les Toltèques et finalement les Aztèques, sans compter l’île de Pâques, la Patagonie, le cap Horn et j’en passe. J’y avais amené un petit neveu qui avait été porté pendant quelques jours dans ce nouveau monde d’aventure. Je ne me souviens plus du nom du Monsieur, je pense vraiment que c’était un monsieur Pilote. Original, une partie du centre-ville de Montréal lui appartenant, il avait décidé de prendre sa retraite dans le rêve pour éblouir les jeunes et les intéresser à la géographie. Tout était gratuit même le logement et le déjeuner du lendemain. Spécial n’est-ce pas? J’avais un ami qui m’accompagnait à l’époque avec mon p’tit neveu Stephen, Bruce et Monsieur Pilote furent tout surpris de constater que cet ami parlait de nombreuses langues, car Bruce avait fait son doctorat en Roumanie. Il parlait donc, roumain, russe, anglais, espagnol, et se débrouillait dans quelques autres langues slaves, car, comme il me disait, t’en connais deux, tu risques d’en connaître trois. Etc. Ce qui fut une surprise aussi, c’est notre voyage à Philadelphie, il rencontra des Russes et se mit à leur parler en russe. « Tu m’avais pas dit que tu parlais russe Bruce! » Ha! C’est tout pareil m’avait-il dit. Il m'avait juré de venir me visiter en français à Montréal. C’est ce qu’il fit, mais il l’a trouvé dure notre langue.
 
Georges, donc, fut toujours pour moi un homme d’exception. Sa souffrance intérieure produite par son grand désir d’être aimé, fit de lui un homme à part. C’est ainsi que les grandes citées et civilisations se construisent. Michel Ange qui se battait de rage avec le pape dont il était l’ami, souffrit pour produire des œuvres telles qu’elles provoqueraient l’admiration inconditionnelle de tous ceux toutes celles qui les verraient. Georges, c’est la même chose. Ni plus fin ni moins fin, il ne souffre que pour nous offrir du beau qu’il laissera en héritage avec toute la générosité qu’on doit lui reconnaître. C’est mon ami Georges dont je suis bien fier. Un monument immense de la générosité d’un homme qui voulait nous faire découvrir son univers intérieur et extérieur. Comme je te disais, orphelin de mère et de père, je te trouvais bien chanceux, cher Georges, de faire tout ce que tu désirais. C’est ce que tu continues à faire cher Georges a en faisant profiter le Québec et le monde. Il voulait.... SAUVER LE MONDE.... comme on nous avait appris au collège.

UN AUTRE PAPA
Collège Saint-Laurent. Je venais de perdre mes parents adoptifs et le père Arbour devint comme mon autre papa. Le plus beau mot que je puis dire de lui, vient de ses paroissiens qui disaient, « Il avait dont l’air heureux cet homme. Il nous apporta le bonheur pendant toutes les années de sa présence en paroisse. » Il semble qu’il avait pris la paroisse en main au moment de la crise du verglas et avait transformé l’église en centre d’accueil pour tous les paroissiens qui le désiraient. Il avait une très belle voix et savait s’accompagner d’accordéon, de piano ou de guitare. Je n’hésitai pas à descendre serrer sa tombe dans mes bras comme bien d’autres paroissiens firent. Il fut aumônier des pompiers de Ville Saint-Laurent. C’est moi qui souvent mangeait le poulet qu’on lui livrait en secret à sa fenêtre. Je fus très bien nourri par les pompiers de Ville St-Laurent du temps, je vous jure. Trop drôle.

AU CAMP DE BÛCHERONS DU CURÉ LABELLE OÙ J’Y AVAIS ÉTÉ INVITÉ.


Gabriel et moi à l’ancien camp du Curé-Labelle au Lac Lacoste.
Que de souvenirs. Ça se trouvait à être dans un ancien camp de bûcherons du Curé Labelle. Le camp a brûlé quelque temps après et je n’ai donc pu photographier les pages olographes du curé. Je fus très déçu! C’était dans le chalet de Justine, fondatrice de l’hôpital Ste-Justine. Une véritable fin de semaine historique, je vous jure. J’ai rencontré un « gros homme d’affaires » dernièrement, qui aurait été, dans le temps, près à tripler mon salaire à cause de mes contacts comme il disait. J’y ai pensé, mais, « transformer » des amis en « contacts », ce n’était pas du tout mon genre. Un ami c’est un ami, un point, c’est tout. Bête mon affaire, n’est-ce pas? Et Justine, vous ne saviez pas, était baronne espagnole. Donc, en arrivant au chalet il fallait aller faire notre petite « steppette » devant sa « majesté ». J’aimais ça, car je la trouvais bien sympathique cette majesté, mais c’était du gggggggggggggggrand monde. Mais tout ça se faisait dans une ambiance, bon enfant, et on retournait en vitesse à nos chambres pour se mettre en jeans bleus, la mode d’Elvis du temps.
Justine Lacoste
Je sais qu'elle avait le titre d'une princesse espagnole. Je n'ai jamais su tout à fait comment l'appeler. Je l'appelais Justine et je la vouvoyais, bien sûr.
Une « grande famille » du Québec

 
                          Famille adorée. Mme, à gauche, en petit chemisier
                          jaune pâle et, monsieur, avec sa pipe, tout à côté de la
                          dame en rouge à la droite. Et, au centre, avec le chien,
                          véritable icône, mon bon ami Gabriel, qui m’avait invité.  Je ne veux
                          pas mettre de noms par respect pour l’intimité qu’ils ont 
                        eue la grande gentillesse de me faire partager quelques fois. Je 
                        pourrais presque tous les nommer. Je suis à droite. Je venais
                        de déclencher ma caméra sur l’automatique. Tout le monde
trouvait ça bien drôle.


Il va de soi qu’en fréquentant un collège prestigieux comme le Collège Saint-Laurent, à Montréal, je devais m’attendre à être invité chez des gens de « prestige ». C’est le mot qu’utilisa Mme Brossard quand son « jeunot » Georges (Fondateur de l’Insectarium de Montréal, fit son entrée dans cette institution peu commune.) Donc, je fréquentais un collège de la haute pourtant pas dispendieux du tout pour mon grand-père, camionneur, qui faisait quand même un bon salaire. Il était très fier de me voir rendu dans un collège de prestige. Cette famille qui m’invitait fut un modèle pour moi. Mon grand-père ne cessait de me répéter « Tu deviens ceux que tu fréquentes, me disait-il. »  Et je pense sincèrement qu’il avait parfaitement raison surtout comme étudiant de collège où on nous enseignait l’intégrité, le savoir-vivre, l’éducation, le goût des belles choses, et..
Dans une journée au collège, je pouvais commencer par la piscine, suivre mes cours, retourner à la piscine, etc. etc. etc. Tout cela, avant souper. Et après souper, gymnase, pratique de théâtre dans un environnement professionnel, musique, arts (peinture, sculpture, gravure, fusain et la pratique des armes, si on le désirait.  Donc, nous avions vraiment une formation intégrale.
Je reçus l’invitation par téléphone, chez moi. C’est mon bon ami qui m’invitait, encouragé par son père, pour la fin de semaine au chalet.  J’étais tout heureux. Il m’indiqua tout de suite que nous serions à peu près une centaine de jeunes, tous amis avec de ses frères ou sœurs ou cousins, cousines. Donc, nous ne serions pas seuls. Il fallait apporter sa tenue de ville, car la fin de semaine commençait par une petite « steppette » pour rendre hommage à la grand-mère qui était baronne et maîtresse des lieux. Cela m’impressionna un p’tit peu, mais elle fut tellement gentille avec moi que ma gêne disparut quasi totalement. On lui avait parlé de moi sûrement, en lui disant, sans doute, que j’étais orphelin et patati et patata. Plein de gentillesses.
Les courbettes d’honneur terminées, ce fut la ruée vers les chambres pour tout de suite nous mettre en jeans (bleus à la Elvis ou en costume de bain). Et la fin de semaine venait d’officiellement commencer. Les espaces étaient immenses et il y en avait pour tous les goûts. Mon bon ami en profita pour me faire visiter les lieux. Il y avait la maison mère, immense, tout en bois rond, ancien camp de bûcherons du Curé-Labelle. C’était la raison principale qui avait motivé mon invitation. Je leur en suis très reconnaissant. Monsieur, Jean pour les intimes, me demanda d’aller ramer  pour eux. Lui et sa femme voulaient faire un tour du lac en chaloupe. Devinez! La randonnée engagée, Monsieur Jean sortit son livre de poésie pour lire des poèmes à sa femme. C’est, ce qu’il appelait, « aller à la pêche ». Il avait un receuil de vers inspirés de différents poètes. N’est-ce pas beau? Des gens de cœur qui sèment comme la « dolce vita » dans leur environnement. Et je n’en fus pas au bout de mes surprises, je vous jure.

LES ANIMAUX QUI M'ONT FAIT DES VISITES IMPROMPTUES.

Un très bon campeur que j'ai eu.

 

 


Avait un « gps » en quelque part!
Une autre histoire d'ours avec mon bon jeune ami. (Plouffe, son nom de famille.) Si vous le trouvez, de grâce, m'avertir. Car c'était un enfant adorable en plus d'être un véritable coureur des bois, impossible à perdre dans le bois, justement. Vraie boussole vivante, qui apprit à ses dépens que les ours aimaient les chips. Il découvrit vite que son moniteur avait l'expérience de la chose. Toujours est-il qu'en croisant le jeune, je lui appris qu'il n'avait pas le droit d'avoir de la nourriture dans sa tente. Il acquiesça très respectueusement avec la conviction que les chips, ce n’était pas de la nourriture. Quelques jours passèrent. Je me demandais sincèrement si j'aurais eu le courage de tirer un ours même si celui-ci m'avait foncé dessus. Encore partiellement adolescent dans ma tête, je pouvais donc encore utiliser mon don de télépathe (Car les ados sont télépathes. Ne pas oublier. Vous ne saviez pas? Oui, moi ado., j'étais éternel dans ma tête, mon âme et mon coeur! ) Je pouvais deviner les adultes, les jeunes et les animaux. On aurait dit que ces animaux, parfois, me comprenaient, davantage que les humains. Je leur parlais régulièrement. À mes ours, mes loups, mes renards, mes moufettes, mes oiseaux, les arbres autour (ce sont des vivants, ne pas oublier), etc. Oui, je parlais vraiment à mes frères, soeurs humaines et à mes frères et soeurs animaux. Toujours est-il que mon p'tit Plouffe, tout respectueux de mes recommandations, continua quand même à garder des chips dans sa réserve, sous son lit, convaincu que des chips ne faisaient par partie de la nourriture appréciée par un ours même ceux qui sont "civilisés"! L'expérience qu'il eut a subir lui prouva le contraire. Pourtant, excellent campeur, ce jeune n'aurait jamais pensé que des friandises pouvaient intéresser un animal sauvage. Mal lui en pris, car, surprise! En pleine nuit, il eut la visite d'un petit ours...tout gentil! Celui-ci faisait peut-être des "menums, menums" agréables, mais n'hésita quand même pas à foncer sur la tente du p'tit Plouffe et s'emparer de ses chips bien cachés. J'entendis les cris de mon jeune ami. Je laissai ma carabine et courrai à la tente du jeune en criant, pour faire peur à l'ours. Apeuré, notre ours sortit par l'arrière de la tente accrochée à son dos, car il n'y avait pas de porte arrière à celle-ci. Je vis donc le plantigrade se diriger vers la forêt tout « équipé » pour faire du camping. Et le jeune qui criait à fendre l'âme. Je le rassurai bien vite et il se calma tout aussi vite. Il se sentit en parfaite sécurité, mais ne pensa plus du tout garder des croustilles dans sa cachette. C'est la seule occasion où j'aurais pu utiliser une arme, à part mes randonnées dans les bois de Colombie-Britannique. Il faut dire aussi qu'en ce lieu, nous avions la possibilité de rencontrer des grizzlis. Or, c'est évident, le grizzli est un animal très dangereux, mais assez curieusement, en général, quand les animaux voyaient votre arme, très souvent, ils rebroussaient chemin. Ils reconnaissaient les armes. Il faut dire aussi que mes randonnées dans l'ouest se faisaient à cheval. Celui-ci pouvait facilement aviser du danger qui approchait. Je fis aussi des randonnées nu-pieds à cause du tapis merveilleux des épines de pin, mais je ne me rendais jamais aussi loin qu'à cheval. J'étais quand même armé. Je n'avais pas le choix.

 

MON OURS

Cela se passa surtout en colonie de vacances ou sur la route de Val d'Or Rouyn-Noranda, en Abitibi ou sur une piste de la Cabot Trail en Nouvelle-Écosse ou le nounours de Saint-Félicien en 1964 . Ce n'était un secret pour personne d'affirmer que j'aimais les animaux et que ceux-ci me le rendaient bien aussi. Véritable roman d'amour, on aurait pu dire! La première péripétie que j'eus, ce fut avec un ours. Je faisais du camionnage entre Val-D'Or et Rouyn-Noranda pour le compte d'Hydro-Québec. Je transportais des objets lourds. Dès 5 hs le matin, j'étais sur la route. Travailler si tôt le matin me "rentrait" vraiment dans le corps. Je trouvai ça très douloureux. Je commençai mes voyages vers le milieu du mois de mai. Rien sur la route, sauf cette brume que le matin amène, résultat de la différence de température entre celle de la forêt et de l'air ambiant. C'était plate, plate, plate, sauf, un bon matin où ma vie « chavira » presque. Sur le bord de route, j’aperçus un copain inhabituel qui "faisait du pouce ». Il avait sans doute faim. C'était un bel ours noir, jeune adulte, pas très gros. Tout excité, je stoppai le camion un peu plus loin et vins à sa rencontre, pas trop près quand même. Tout excité lui aussi, il courrait vers moi à toute allure. Je lui fis signe de stopper. Il s'exécuta immédiatement. Avait sans doute fréquenté une société quasi civilisée qui lui permettait de comprendre les signes des blancs. Je ne voulais pas être son prochain « steak » même si je savais que l'ours est un herbivore. Un copain de cette race avait quand même déjà mangé un jeune pré-ado. qui avait les poches pleines de poissons. L'ours a sans doute pensé qu'il mangeait un gros poisson, il mangea le p'tit gars en même temps. Blanc averti, en vaut deux, dit la chanson. L'ours et moi, on se regarda pendant un moment et subitement, je retournai à mon camion. J'avais une surprise pour mon gentil plantigrade. Ma réserve de 6 Coke et un gros sac de chips. En me revoyant apparaître, celui-ci se mit quasiment à danser. Bien sûr qu'il reconnaissait le produit. Du Coke! C'est banal pour un ours d'Abitifi et tous les ours de la province. Et des chips! Encore plus banal. Par prudence, je lui fis signe de reculer et je lui ouvris les 6 Coke et le sac de chips et je retournai à mon camion. Croyez-le ou non, j'eus droit à un spectacle incroyable. Mon beau nounours enfila les six Coke, un après l'autre, assis sur son gros derrière avec ses pattes de devant qui dépassaient sa tête, tout juste assez pour avoir chaque Coke à hauteur de sa gueule. Il tentait, après avoir terminé à chaque bouteille, de la remettre dans le carton. Civilisé! N'est-ce pas pour un ours! Finalement, d'un coup de patte, il s'attaqua au sac de chips et le bouffa en un temps record. Je sortis encore de mon camion presque prêt à aller flatter mon nouvel ami. Mon réflexe ne dura qu'un instant, car je savais pertinemment que ces bêtes sauvages, tout aussi sympathiques qu'elles puissent paraître, pouvaient nous bouffer en un temps record. J'en pleurai presque de joie. Je venais de me faire un nouvel ami, "unusual" comme dirait les Anglais, qui fut fidèle tous les matins durant à attendre sa pitance le long de la même route. La police d'Hydro m'aperçut sur le bord du chemin, avec mon ours. Ils n'eurent jamais le courage d'arrêter. "L'homme qui dansait avec les Ours tout en leur donnant du Coke!" Un titre qui fait moins champêtre quand même!

 

 

 

 

 


MA MOUFETTE
Un autre conte, cette fois-ci avec une moufette qui vint établir son "condo" sans me demander mon opinion, le tout, sous mon chiffonnier que j'avais dans ma grosse tente cloche du camp de vacances où je travaillais pour les jeunes. Un dimanche après-midi normal, comme tous ceux que j'avais connus. J'avais de la visite, et nous étions assis devant ma tente cloche, tous placés en rond comme autour d'un feu de camp. Nous parlions, discutions, prêts à changer le cours du monde et tout à coup, s'amena, sans s'annoncer, une nouvelle invitée au palabre. (Histoire tout à fait vraie.) Une moufette toute gentille passa au milieu du groupe, se dandinant comme toutes les moufettes, question d'augmenter l'ampleur de son prestige quand elle déambulait devant de nouveaux invités médusés. Ça va de soi dans les circonstances. Bon, me suis-je dit, une nouvelle pensionnaire de passage! Pas plus grave que ça! Mais, ô surprise, la pensionnaire s'annonça pour être "persistante". Je ne lui avais pourtant pas signé de bail, mais ça n'allait pas tarder. Et la "bibite" continua son stratagème, sortie le matin et entrée vers 4 à 5hs le soir. Je ne pouvais le croire, d'autant plus qu'elle me regardait avec un tel regard de commisération quand elle entrait pour se coucher. Donc, mon coeur fondait littéralement. Qu'advienne que pourra, je décidai sur-le-champ de garder ma pensionnaire pour l'été. Quand la fin de l'été arriva, il fut, bien sûr, question d'adieux. Elle ne voulut rien savoir et me mordit pour se venger. Pour moi, il ne fut pas question de répliquer, mais plutôt, de lui faire mes adieux dans le fond de mon cœur. Je me rendis rapidement chez le médecin pour me faire donner une piqûre de tétanos, car sa canine m'avait totalement transpercé le doigt. Ce fut la fin de mon aventure amoureuse avec cette moufette que j'avais aimée, somme toute, et trouvée bien sympathique.

UN « FLAT » EN ABITIBI (1965)

Mais, quand je me retourne, dans ma tête, pour considérer le chemin parcouru, alors là, je dois dire que parfois j'ai la gorge serrée par l'émotion. En me parlant, je me dis, tu as fait "bonne route mon gars! Bravo!" Je suis rendu au fameux passage de mes ours en Abitibi. Quelle poésie! La nature, les grands lacs, les castors qui tissent leurs barrages. Je ne le cacherai pas, je m'y baignais tout nu régulièrement. Parfois, les policiers venaient me surveiller. Ils avaient peur que je me noie! C'était l'Abitibi du temps où tout le monde se connaissait et où, quand tu avais une crevaison...une auto....une deuxième...et plus s'arrêtait pour te donner un coup de main. "Ouais! C'est un flat!" On va t'arranger ça! Tiens! Prends une bière en attendant. Autant d'autos, autant de valises ouvertes avec des deux douzaines de broues qui attendaient d'être dégustées. Le palabre terminé, je n'avais même pas touché au pneu et tout le monde se saluait chaleureusement et ça se terminait en se souhaitant une autre bonne occasion "heureuse". Et vlan mon ami. C'était l'Abitibi du temps où on ne pouvait se "snober", car c'était gênant ensuite d'aller voir le voisin en plein hiver pour lui demander de l'aide alors que tu n'avais plus rien pour chauffer chez toi et que tu l'avais "écoeuré" auparavant. Aujourd'hui, l'argent est arrivé. Il y a deux classes de gens. Ceux qui gaspillent, pas habitués d'avoir de l'argent et ceux qui ne parlent pas fort, n'ayant parfois rien à se mettre sous la dent. Et comme toutes ces petites villes et les grandes villes pareilles. Les riches d'un bord, Bourlamaque et les pauvres de l'autre, Val-D'Or. Et ça snobe les autochtones! Mais, il y a encore du bon monde malgré tout.

MA LISTE D'AMIS
De bonnes gens qui m’ont fait vivre

IL Y A DE NOMBREUX AMIS À QUI JE NE RENDS PAS JUSTICE EN NE LES NOMMANT PAS, MAIS JE VAIS FAIRE MON POSSIBLE MÊME SI C'EST IMPOSSIBLE DE TOUS, TOUTES LES NOMMER. JE SUIS VRAIMENT DÉSOLÉ.

Plein de gens ont été bons pour moi depuis que je suis tout petit….Essayer de donner leurs noms m'est totalement impossible Je pense à un genre de liste par ordre alphabétique et description brève de chaque amitié.Ça fait tellement longtemps. Mme Piette (1947; J'avais 7 ans.) qui avait refusé de me voir avec une simple petite boucle blanche à ma première communion. Elle m’en avait acheté une grosse. J’étais tout beau même si j’étais triste, car à ma première année du primaire, je m’y sentis perdu comme jamais. Ma mère n’était pas là. Elle était semble-t-il « malade ». J’ai toujours pensé qu’on faisait l’impossible pour l’éloigner de moi, car il y avait une compétition entre elle et ma mère adoptive qui était ma grand-mère. Je priais le « p’tit Jésus » de venir me chercher. Je trouvais que le ciel qu’on me présentait était plus beau que ce que je voyais sur la terre. Mme Piette, une personne effacée, mais qui ne manquait pas l’occasion de me faire sentir que je n’étais pas seul au monde. J’ai rencontré un membre de cette famille des années plus tard. J’étais chargé de cours à l’UQAM et je devais me présenter à la secrétaire du département pour confirmer ma présence pour ce premier cour. La dame en question fut stupéfaite en me voyant. « Mais, Richard! C’est toi! Que je suis dont contente de te voir. » C’était une des Piette qui s’était occupée de moi alors que j'étais tout petit. Elle semblait toute heureuse de me voir prof. d’université. J’avais comme charge d’enseigner le droit scolaire. Les lois qui régissent ce système et les droits et obligations de toutes les personnes qui y participaient. Je n’ai pas aimé cette expérience, car je n’avais vraiment pas la liberté intellectuelle suffisante pour rendre mon cour intéressant. Je n’avais pas le droit de faire ci, de faire ça et je ne sais trop. J’ai fait sentir aux élèves que j’avais les deux mains liées et que je devais me conformer à la règle. C’était pour rendre service à un ami que j’avais pris ce cour et je fus tenté bien des fois de laisser tomber, mais il y avait les élèves. Je me souviens en particulier de la maudite courbe de Gauss qui était complètement dépassée comme mentalité, mais que celui que je remplaçais appliquait encore comme une règle immuable. Ça m'a frustré pas à peu près. J’avais l’impression d’enseigner au Moyen Âge. Ce qui sauva cet ami de mes frustrations, fut, malheureusement mon amitié pour lui. Et en amitié, je ne déroge pas. J’aurais dû cependant tout faire sauter.

Je ne peux non plus, bien certain, oublier nos fameux voisins, de bons amis. Mme Dussault ainsi que son mari et leur fille Claire, qui devint Claire Chassé, (nom de femme) très grande amie de ma mère. Quand celle-ci décéda, ma mère eu une peine incroyable et comme on peut dire des choses qui ne plaisent pas à ces occasions, le mari de Claire et les enfants furent vexés de certains mots de ma mère. Ce n’était pas le sens de la nuance, faut-il le dire, qui les étouffait. Cette chère Claire était bien fine et s’occupait de moi et me parlait beaucoup. Dans le fond, on avait tellement peur que j’aie un accident que la grand-mère me gardait sur la galerie, cloisonnée. Quelle vie! Et pour ne pas frustrer la grand-mère, j’obéissais. Mais plus tard, la grand-mère fut obligée de laisser du lest, car j’avais certains amis qui venaient me chercher pour aller jouer avec eux. Ceci me sauva de ma réclusion.

UN GRAND AMI.


Mon grand ami Louis que j’appelais ainsi dans l’intimité, mais en utilisant toujours le « vous » pour lui parler. Vous, Louis! M’a définitivement dirigé de main de maître dans la vie. Avec lui, je rencontrai le Gouverneur général du Canada, le général Vanier. Le général et moi avions le même confesseur, Louis. Quelle histoire? Pur hasard! Je me « brassais » la tête pour être sûr de bien vivre dans la réalité. Oui, mon Louis, grand merci. Confesseur, mais surtout, grand mandarin (qui avait fait toutes ses études à Rome, en plus d’un doc. en psy.) pour me diriger. Il me téléphona quelques jours avant sa mort, il ne voulait pas que je le voie dans l’état où il était. J’ai fait parler mon cœur à plein. Bon voyage Louis. Merci pour tout. Vous m’avez gâté! Il avait passé une partie de sa vie à m'éduquer, m'intéresser à une foule de lectures. C'est avec lui que j'ai découvert plusieurs écrits de grands saints de notre église. C'est avec lui aussi que j'ai su déguster des textes d'auteurs extraordinaires.
MICHEL CHAMPAGNE

 

 

 

 

 

 


Il fut mon plus vieil ami d’enfance, même si les dernières années nous ont éloignés pour différentes raisons. Je m'en veux profondément de cet éloignement. Il n'y avait vraiment pas de raison pour que cela arrive. Parfois, la vie nous fait faire des choses, non pas pour se faire plaisir, mais pour plutôt faire plaisir aux autres. Je me sens totalement impardonnable. Michel ne méritait pas ça. Je m'en veux et m'en voudrai toujours. Que l'ami plaise aux autres ou pas, l'amitié c'est sacrée. Cette fois-là, je l'ai oublié pour faire plaisir à des gens qui n'en valaient vraiment pas la peine. Non, Michel ne méritait pas ça! Comme événement spécial que nous avons vécu ensemble, Michel fut présent à la mort de ma mère adoptive, ma grand-mère qui lui avait demandé, la veille, de prendre soin de moi.


MARCEL FUGÈRE
16 mai 1938 - 28 septembre 2015

 

 

 

Une lettre à Renabe, Allemagne, à propos de Marcel.  Renate. Thank you so much to answer this question I was asking to me. So, Marcel is in the center of the picture. I hardly recognize him but we quit each other in 1960. I quitted for university and he quitted for ballet. Tragic is the life some time. So, Marcel looks good on this picture. I think he was happy. I hope. You always want you friends to be happy when your a human with a hart. I never had any news from him since then. I was very busy studying and it was the same thing for him. For sure, he never notice that I was considering him as a god, a hero. As I said before, I was taking the plane, I was an Air Force student. So, it was easy for me to find a plane for few days. I was a lucky guy. And went to se Marcel dancing in Toronto. I wouldn't be surprise that he was having some pictures of me because as I was, me too, a photograph for nearly all my life. I had my first Leica at 12. Worked for Kodak and in films for NFB (National Film Board). Studied filming in Bloomington, Indiana, U.S. Could you imagine? A very sad thing I herd from his brother Jacques that he was taking very badly that he was an adopted child like I was. He never talked to me about that. I am surprise because he did know for sure that I was adopted myself, It was never hidden by myself. Everybody at college were aware. It seems that he felt "revolted" about that. If I would have been there, nothing like would have been possible. I think so. I think that Marcel was so admirative for me that he was shy to talk to me about being adopted. I think it is a sad story. I expect to pay a visit to his brother very soon. Good guy. He understood all the respect I had for him. I expect too, to go in Hamburg too. For few days and pay respect to you people and to Marcel. Millions of hugs to everybody and to you. Thanking you so much to write me. Marcel, was like a loving brother for me. (Marcel with a white hat holding my hand at the end of a play on the largest Canadian scene at the time. It was at the same time, the main CBC TV scene and our college scene.)


Mon Marcel. My Marcel. A great, great college friend who learned me a lot of things on every subjects you could not imagine. He was a genius and a BROTHER. Et en plus, il m'aidait alors qu'il était bien davantage en détresse que moi.

Un deuil difficile à vivre, surtout quand c'est le "grand-frère" qui part, celui qui m'a initié aux arts et aux
lettres. Bon Marcel. Je ne pourrai jamais t'oublier, tu le sais bien. Salutations aussi à toute sa famille.
Ils ont tous ma sympathie. Salutations aussi à ses amis d'Allemagne qui lui ont fait des funérailles
très dignes. Des artistes qui portaient en terre un des leurs. Incroyable aussi. Je ne peux vraiment
le croire que Marcel est parti. Un ami qui m'a construit à une période tragique de ma vie.
Si je suis ce que je suis, en bonne partie, c'est à cause de toi Marcel.
Mon ami Marcel décédé récemment! Une tragédie! Nous avons été de grands amis de collège. Bien sûr qu'avec ma "grande gueule", je ramassais derrière moi une kyrielle de personnes qui m'admiraient, etc. etc. etc. Exemple, j'ai toujours été président de classe à Saint-Laurent. Marcel a dû être très impressionné de mes performances et pourtant, en toute objectivité, je n'avais jamais le "tonus" qu'il avait comme personnalité, mais nous étions ados quand même. Je viens de découvrir avec son frère que ce cher Marcel était un enfant adopté comme moi, mais le plus triste, c'est qu'il ne l'a jamais accepté. Il a donc claqué la porte à sa famille après son départ du collège. Je n'ai jamais rien su de tout cela. Avoir su, il est évident, comme je disais à son frère, que je lui aurais parlé "serré" et qu'en plus, j'avais un ascendant certain sur lui à l'époque. Donc, Marcel est resté révolté de sa situation toute sa vie. Il a fait une belle carrière, mais le coeur partiellement dévasté. Ça me fait beaucoup de peine. Hé que la vie est bête parfois. Son frère, désolé, n'en savait plus quoi dire. 42 ans sans avoir de nouvelle de Marcel et quelques milliers de dollars pour réussir à régulariser ses papiers en Allemagne, car il n'était pas citoyen allemand. En plus, on l'a trouvé mort, chez lui, dans sa maison, environ 3 jours après son décès. Terrible. J'imagine que mon admiration pour lui l'a bloqué pour pouvoir se révéler auprès de moi. Mais, malheureusement, je n'étais pas thérapeute. Il ne voulait pas perdre la face ce pauvre, j'imagine. Que c'est épouvantable! Pourtant, j'étais quelqu'un de très tendre qui n'envoyait pas dire ces bons sentiments à tous ceux, celles que j'aimais. Pauvre Marcel, il ne saura jamais ce qu'il a manqué en ne me parlant pas. Pourtant aussi, il connaissait toute mon histoire de famille. Pas de secret. Son frère m'a carrément dit que Marcel était décédé, encore en révolte contre sa famille. Comme je le disais. La vie peut-tu être bête parfois. Bon repos mon Marcel. Je suis bien triste. Dire que nous étions des êtres innocents qui ne demandaient qu'à être heureux. Cette histoire est presque impossible. En plus, dire que dans le temps, j'avais déjà sauvé des vies du suicide! Incroyable.(Aimons-nous les uns les autres...comme la chanson!.)

Marcel a été mon Mentor! Un gars extraordinaire que j'allais voir danser aux Grands Ballets canadiens à Toronto alors que j'étais dans l'aviation. Un homme libre comme ça, je n'en ai jamais plus vu. D'une force morale incroyable ainsi que physique. Il pouvait prendre au vol une ballerine avec un seul bras. Je l'ai vu faire. C'était, paraît-il, très rare à l'époque. 1956. On s'est malheureusement perdu de vue surtout à cause de mes changements d'adresses nombreux. J'allais communiquer avec Claire Brind'Amour, soeur de Yvette qui était très proche de Marcel. Mais, c'est tout du monde de mon âge et bien certain que plusieurs ont quitté.
Marcel Fugère, confrère au collège de St-Laurent est décédé à Hambourg où il était directeur de scène pour l'opéra. J'allais le voir danser aux Ballets Canadiens à Toronto, dans le temps que j'étais dans l'Aviation. 1958, 1959. Marcel fut un Mentor pour moi qui me présenta à une foule d'artites de Montréal dont chez Yvette Brind'Amour et Mercedez Palomino, propriétaire du Rideau Vert. C'étaient des amis, de bons amis. Marcel me pilotait dans ce monde comme une main de maître. On s'est perdus de vue et ça m'a toujours fait mal au coeur. Je pense que je viens de prendre contact avec une de ses amies à Hambourg, Allemagne. Ils ont beaucoup de photos, me disent-ils. Je ne veux surtout pas que ces photos soient détruites. Je tenterais de trouver des proches Fugère à New-Calisle, Baie des Chaleurs. Sur la photo, il me tient par la main. Un bonhomme puissant qui a fait le monde à la danse. Y faut le faire. Son prof....Tatiana Lipovska De Koudriatsef. Hum! Je l'ai connue cette grande dame. Je riais comme un fou à voir son originalité. Elle avait dansé pour les ballets russes. L'armée russe est venue chanter à Montréal pour la première fois, à cause d'elle. Des gens qui avaient des contacts! Faut-il le dire. Ça me fait encore rire.

J'aimerais entrer en contact avec la personne dont tu me parles. J'ai des photos et j'en aurai d'autres suite à mes recherches. Avoir su que Marcel était en Allemagne, c'est certain que j'aurais été le voir. J'ai eu un peu de nouvelles de ses amis et de nombreuses photos de ses funérailles, car ils ont fait un site Facebook posthume. Ils sont très surpris d'avoir de mes nouvelles. Il n'est pas dit, en plus, que je n'irai pas à Hambourg le saluer. C'était un gars avec une personnalité telle que dans sa tête, il n'y avait pas de frontières. Il m'a amené visiter premiers chanteurs de l'Armée russe venus à Montréal. Il avait des contacts partout. Il me fournissait régulièrement des billets gratuits pour des spectacles à Montréal, dont l'Armée russe. Y faut le faire. Une personnalité pétillante, mais en même temps, très réfléchie. Il a décidé de rester en Allemagne, je n'en suis pas du tout surpris. 

Marcel, mon Mentor. J'en aurais des heures à conter nos périples. J'ai de la misère à le croire. Marcel était un danseur né. Incroyable! J'allais le voir danser aux Grands Ballets à Toronto. 1956. Toronto, comme Montréal, était un "village". Quelle époque! Je n'en reviens tout simplement pas. Marcel, ce fut mon éducateur dans à peu près tout. Pas rien, n'est-ce pas. Je vais en avoir à conter pour le reste de ma vie. C'était vraiment un super héros. Courait son mille tous les jours. Un athlète! Mais, en plus, un danseur passionné incroyablement par la danse. Ses pratiques aux Grands Ballets Canadiens, à Toronto à l'époque, était un spectacle à ne pas manquer. Prenait la ballerine au vol avec un seul bras comme il aurait pris un oiseau léger dans ses mains. C'était totalement stupéfiant. Nos routes se sont quittés à mon grand désespoir, mais je ne pouvais le suivre. Et comme, nous deux, nous changions d'adresse régulièrement, nous nous sommes donc perdus de vue. Quelle tristesse! Mais, il m'avait donné la Force de suivre mon destin. Un moraliste dans toute la force du mot. Être intègre comme personne d'autre ne pouvait l'être. J'arrivais à Toronto et c'était le rire. Oui, deux amis qui aimaient rire. Il se moquait de moi avec mon uniforme de l'aviation qui me servait d’alibi pour faciliter mes déplacements sur le pouce à part les avions gratuits de l'aviation canadienne qui me servait de transport très efficace pour être à Toronto à temps pour les pratiques. Jouait un peu de piano et, tout à coup, sautait sur la piste et dansait sans arrêt pendant des heures. Un vrai carnaval de la bougeotte emplissait mes yeux émerveillé pour finalement, se terminer, en fin d'après-midi par un bon expresso. Et le soir, je remettais mon uniforme d'officier pour m'assurer de faire saluer tous les marins que je rencontrais, question d'impressionner Marcel. Un fou rire général éclatait à chaque rencontre car j'enlevais ma casquette au moment où tout le monde se préparait à me saluer. Et la, c'était les salutations entre militaires australiens, norvégiens, danois, etc. etc. etc. Nous étions jeunes. La fatigue! Nous ne connaissions pas. Le retour à la maison se faisait en douce où les tenanciers nous attendaient pour nous servir un bon thé. La Dolce Vita. Rien de moins. Marcel était bon dans tout. Tout ce qui était arts. Il m'a donc initié à tous les arts qu'on puisse imaginer. Incroyable n'est-ce pas. C'était mon MENTOR!
Do not stand at my grave and weep
I am not there. I do not sleep.
I am a thousand winds that blow.
I am the diamond glints on snow.
I am the sunlight on ripened grain.
I am the gentle autumn rain.
When you awaken in the morning's hush
I am the swift uplifting rush
Of quiet birds in circled flight.
I am the soft stars that shine at night.
Do not stand at my grave and cry;
I am not there, I did not die.
Marcel Fugère
4 janvier · 
Traduit de l'allemand.
Tom, Michael, Niko, Andreas, Klaus, Claus et Britta ont presque fait de chercher le travail de la vie de Marcel ensemble, à peu près à organiser et à stocker. Fin Janvier est son aimant appartement chaotique du propriétaire les mains vides. Il est triste d'effacer ces traces d'un être humain. Mais nous avons un nombre infini de belles photos trouvées et ils veulent mettre à profit.
Voir la traduction
Marcel, mon Mentor. J'en aurais des heures à conter nos périples. J'ai de la misère à le croire. Marcel était un danseur né. Incroyable! J'allais le voir danser aux Grands Ballets à Toronto. 1956. Toronto, comme Montréal, était un "village". Quelle époque! Je n'en reviens tout simplement pas. Marcel, ce fut mon éducateur dans à peu près tout. Pas rien, n'est-ce pas. Je vais en avoir à conter pour le reste de ma vie. C'était vraiment un super héros. Courait son mille tous les jours. Un athlète! Mais, en plus, un danseur passionné incroyablement par la danse. Ses pratiques aux Grands Ballets Canadiens, à Toronto à l'époque, était un spectacle à ne pas manquer. Prenait la ballerine au vol avec un seul bras comme il aurait pris un oiseau léger dans ses mains. C'était totalement stupéfiant. Nos routes se sont quittés à mon grand désespoir, mais je ne pouvais le suivre. Et comme, nous deux, nous changions d'adresse régulièrement, nous nous sommes donc perdus de vue. Quelle tristesse! Mais, il m'avait donné la Force de suivre mon destin. Un moraliste dans toute la force du mot. Être intègre comme personne d'autre ne pouvait l'être. J'arrivais à Toronto et c'était le rire. Oui, deux amis qui aimaient rire. Il se moquait de moi avec mon uniforme de l'aviation qui me servait d’alibi pour faciliter mes déplacements sur le pouce à part les avions gratuits de l'aviation canadienne qui me servait de transport très efficace pour être à Toronto à temps pour les pratiques. Jouait un peu de piano et, tout à coup, sautait sur la piste et dansait sans arrêt pendant des heures. Un vrai carnaval de la bougeotte emplissait mes yeux émerveillé pour finalement, se terminer, en fin d'après-midi par un bon expresso. Et le soir, je remettais mon uniforme d'officier pour m'assurer de faire saluer tous les marins que je rencontrais, question d'impressionner Marcel. Un fou rire général éclatait à chaque rencontre car j'enlevais ma casquette au moment où tout le monde se préparait à me saluer. Et la, c'était les salutations entre militaires australiens, norvégiens, danois, etc. etc. etc. Nous étions jeunes. La fatigue! Nous ne connaissions pas. Le retour à la maison se faisait en douce où les tenanciers nous attendaient pour nous servir un bon thé. La Dolce Vita. Rien de moins. Marcel était bon dans tout. Tout ce qui était arts. Il m'a donc initié à tous les arts qu'on puisse imaginer. Incroyable n'est-ce pas. C'était mon MENTOR!
L'urne funéraire de mon grand ami Marcel, inhumé à Hambourg, Allemagne, son pays de prédilection où il était directeur de scène de l'Opéra. Ça me fait penser à un jeune, de passage au Québec, québécois d'origine, qui me disait. Tu sais, je m'en retourne en Allemagne, c'est mon pays. Ici, au Québec, ça vaut pas grand chose. Les Allemands, ça c'est du monde! Donc, je suis heureux pour toi Marcel. Tu as choisi le meilleur.

Marcel était un grand ami d'enfance. Un homme d'exception. Il fit une partie de mon éducation. M'initia aux arts en général. La danse, la peinture, la sculpture, le cinéma, la photo, le théâtre, etc. etc. etc. J'allais le voir danser régulièrement à Toronto dans la grande salle des Ballets canadiens. C'était de toute beauté. Il a dansé dans toutes les grandes villes du monde. A été enterré chez lui, à Hamburg, Allemagne. La planète était son pays. Un bonhomme superbe avec plein de talents. Il aimait la danse et il a fait ce qu'il a voulu dans sa vie. Il fut mon Mentor. Nous parlions de tout. De la morale, c'était un gars parfaitement intègre qui semblait planer au-dessus de tout. J'aurais, à un moment donné, des photos de lui et moi, ensemble, au collège. Il fut mon plus grand prof. de morale. Une puissance physique incroyable. Pouvait vous lancer une ballerine dans les airs et la prendre au vol. Il n'a jamais manqué son coup. À Montréal, il se tenait surtout avec l'équipe du Théâtre du Rideau Vert et au Studio Koudriavtsev. J'allais souvent le rejoindre là. Un ami qui m'a construit. Bon voyage mon Marcel.


1-Sur la scène de l'opéra de Hambourg. À gauche. Il porte une ballerine dans ses bras. Cré Marcel.


2-Ses cendres. J'irai sûrement le voir un jour dans pas grand temps. L'été qui vient, sans doute.


3-Le repas pour fraterniser. En Allemagne, une nappe blanche, c'est un must. C'est vraiment européen et la classe n'y manque pas.


4- Le fils à Marcel. Tel père, tel fils. Incroyable!


5- La photo de Marcel au fond.


Do not stand at my grave and weep
I am not there. I do not sleep.
I am a thousand winds that blow.
I am the diamond glints on snow....
I am the sunlight on ripened grain.
I am the gentle autumn rain.
When you awaken in the morning's hush
I am the swift uplifting rush
Of quiet birds in circled flight.
I am the soft stars that shine at night.
Do not stand at my grave and cry;

I would be so happy to have some photos from Marcel. I can pay if it costs something. Marcel was a real brother while we were at college together. He was a Mentor for me, not less. In 65 or around, he quitted for Europe. I was very sad because we were going to have the World Exposition in Montreal, the next year and I was expecting many contracts for him. For sure, some people helped him deciding to quit. I think, Claire Brind'Amour helped him deciding. She was a very good friend too. My hart was broken. And I went to University in Education and psychology. I took my Master in Bloomington, Indiana, production of films. I am on pension but still official seacher in teen suicide prevention. We had terrific discoveries wich helped a lot of teens. I discovered the news about Marcel on Internet. Is it possible? Could'nt beleive it yet. He took care of me while I was in coma and after even if himself was living a real life drama. We were real brothers for each other but I feel sad to imagine that I never saw him since 1960, about. If I would have knowed that he was in Hamburg he would have seen me coming very soon. I take the Marcel's "sole" and hug him thight, very thight. So long mon bon Marcel. You will reside in my sole and friends ones for ever. Richard Your brother who loved you most. I talked to his brother Jacques. I was devastated to hear about the family problems. Felt very sad. Thanks to you all. I've got a lot of pictures on Marcel but I was a photograph too. So, pictures are far but I will start to search. Thanks to all of you again. Sorry for my English, because I am French speaking Canadian from Montreal. Richard Labelle Je parle surtout français. Merci. Big hugs to you all.

 


Richard Labelle a partagé la publication de Marcel Fugère.
12 avril, à 23:24 · 


All my most profound sympathy to you all. Marcel was a God for me. He helped me deciding for my life. The most difficult thing was to separate myself from this Mentor in 1960. What a hard time I had. I hope he was happy in his life. The most important thing for me. I kiss Marcel and you all. Richard Labelle from Montreal.

Marcel Fugère
4 janvier · 
Tom, Michael, Niko, Andreas, Klaus, Claus und Britta haben es fast geschafft , Marcels Lebenswerk zusammen zu suchen, grob zu ordnen und zu lagern. Ende Januar wird seine liebevoll chaotische Wohnung dem Vermieter leer übergeben. Es ist traurig, diese Spuren eines Menschen zu verwischen. Aber wir haben unendlich viele schöne Fotos gefunden und wollen sie zur Geltung bringen.
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Caro Bär

Richard Labelle I would be so happy to have some photos from Marcel. I can pay if it costs something. Marcel was a real brother while we were at college together. He was a Mentor for me, not less. In 65 or around, he quitted for Europe. I was very sad because we were going to have the World Exposition in Montreal, the next year and I was expecting many contracts for him. For sure, some people helped him deciding to quit. I think, Claire Brind'Amour helped him deciding. She was a very good friend too. My hart was broken. And I went to University in Education and psychology. I took my Master in Bloomington, Indiana, production of films. I am on pension but still official seacher in teen suicide prevention. We had terrific discoveries wich helped a lot of teens. I discovered the news about Marcel on Internet. Is it possible? Could'nt beleive it yet. He took care of me while I was in coma and after even if himself was living a real life drama. We were real brothers for each other but I feel sad to imagine that I never saw him since 1960, about. If I would have knowed that he was in Hamburg he would have seen me coming very soon. I take the Marcel's "sole" and hug him thight, very thight. So long mon bon Marcel. You will reside in my sole and friends ones for ever. Richard Your brother who loved you most. I talked to his brother Jacques. I was devastated to hear about the family problems. Felt very sad. Thanks to you all. I've got a lot of pictures on Marcel but I was a photograph too. So, pictures are far but I will start to search. Thanks to all of you again. Sorry for my English, because I am French speaking Canadian from Montreal. Richard Labelle Je parle surtout français. Merci. Big hugs to you all.
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All my most profound sympathy to you all. Marcel was a God for me. He helped me deciding for my life. The most difficult thing was to separate myself from this Mentor in 1960. What a hard time I had. I hope he was happy in his life. The most important thing for me. I kiss Marcel and you all. Richard Labelle from Montreal.

Marcel Fugère
4 janvier · 
Tom, Michael, Niko, Andreas, Klaus, Claus und Britta haben es fast geschafft , Marcels Lebenswerk zusammen zu suchen, grob zu ordnen und zu lagern. Ende Januar wird seine liebevoll chaotische Wohnung dem Vermieter leer übergeben. Es ist traurig, diese Spuren eines Menschen zu verwischen. Aber wir haben unendlich viele schöne Fotos gefunden und wollen sie zur Geltung bringen.
I would be so happy to have some photos from Marcel. I can pay if it costs something. Marcel was a real brother while we were at college together. He was a Mentor for me, not less. In 65 or around, he quitted for Europe. I was very sad because we were going to have the World Exposition in Montreal, the next year and I was expecting many contracts for him. For sure, some people helped him deciding to quit. I think, Claire Brind'Amour helped him deciding. She was a very good friend too. My hart was broken. And I went to University in Education and psychology. I took my Master in Bloomington, Indiana, production of films. I am on pension but still official seacher in teen suicide prevention. We had terrific discoveries wich helped a lot of teens. I discovered the news about Marcel on Internet. Is it possible? Could'nt beleive it yet. He took care of me while I was in coma and after even if himself was living a real life drama. We were real brothers for each other but I feel sad to imagine that I never saw him since 1960, about. If I would have knowed that he was in Hamburg he would have seen me coming very soon. I take the Marcel's "sole" and hug him thight, very thight. So long mon bon Marcel. You will reside in my sole and friends ones for ever. Richard Your brother who loved you most. I talked to his brother Jacques. I was devastated to hear about the family problems. Felt very sad. Thanks to you all. I've got a lot of pictures on Marcel but I was a photograph too. So, pictures are far but I will start to search. Thanks to all of you again. Sorry for my English, because I am French speaking Canadian from Montreal. Richard Labelle Je parle surtout français. Merci. Big hugs to you all.

Renate Rabe The very best friend of Marcel was Lutz McKenzy, a phantastic wellknown German actor in lots of films ( and he was the German actor who spoke the James Bond, in which many of these films I have forgotten). I don`t know if Tom told you about this. Lutz knew Marcel long time before me and lived together with Marcel in the Rentzel Str. But now since long time Lutz lives in Berlin. There is also another friend of Marcel of the times before I met Marcel called Dieter Kehler. This stage-manager is also very famous here in Germany. You can Google both men in the internet. If I see the above picture in my inner eye I can see Marcel before me laughing and being happy and that is so allive that it hurts me very very much that there is not more this laughing and the special glitter in his eyes. I do not like to write our story here on face-book. Pls Richard take care and listen to your daughter in consideration what she wrote as comment to one of your comments. I will ask Caroline or Tom if they got your address or mail it then to you. Marcel always asked me to write, because I have been or am still a journalist who made exclusive interviews with prominents and wrote also several reports about voyages and travelled together with Marcel who made then wonderful photos. The thing is: Marcel always asked and begged me: "Renate schreib darüber, Du musst das schreiben ....." I should write about our crazy time but I was too busy .....
Le meilleur ami de Marcel était lutz phantastic mckenzy, un acteur allemand connu dans beaucoup de films (et il était l'acteur allemand qui parle le James Bond, dans laquelle un grand nombre de ces films, j'ai oublié). Je ne sais pas si tom vous a parlé de ça. Lutz savait marcel longtemps avant moi et vécu ensemble avec Marcel dans le rentzel str. Mais maintenant, depuis long temps lutz vit à Berlin. Il y a aussi un autre ami de Marcel du temps avant que j'ai rencontré Marcel appelé Dieter Kehler. Cette étape-Manager est également très connu ici en Allemagne. Vous pouvez google les deux hommes dans l'internet. Si je vois la photo ci-dessus dans mon regard intérieur et je peux voir Marcel avant moi rire et être heureux et c'est donc en vie que ça me fait mal, très très bien qu'il n'y a pas plus ce rire et le spécial des paillettes dans les yeux. Je n'aime pas à écrire notre histoire ici sur face-Book. Pls Richard prends soin de toi et écoute ta fille en considération ce qu'elle a écrit comme commentaire à l'un de vos commentaires. Je vais demander à Caroline ou Tom si ils ont eu ton adresse mail ou alors à vous. Marcel toujours m'a demandé d'écrire, parce que j'ai été ou je suis encore un journaliste qui a fait des interviews exclusives avec l'absence et écrit aussi plusieurs rapports sur les voyages et voyagé avec Marcel qui a fait alors merveilleuses photos. Le truc c'est que : Marcel toujours demandé et m'a supplié : " Renate Schreib Darüber, vous devez das plainte....." Je devrais écrire à propos de notre époque folle, mais j'étais trop occupé..…
Jacques seemed to be overwhelmed by the whole situation. That was, I think, nearly a "normal" conclusion of being to long time before meeting each, other. Don't forget that we were kept in college for about a whole 10 months in a row during a whole year. So, the guy was getting in his familiy without having, least and least the same talk and vision about everything. I live the same thing with my wife's family. I do not speak their language any more. We don't have the same culture. They couldn't understand any more my language. That's sad but if you've got people liking problems in such a situation, the whole thing becomes worst. That's what happened to Marcel and in some way, to me. We had very good colleges. Near the best in America but we were isolated from our families for about 8 years in a row. You come back and don't really recognize anybody. For sure you don't have the same language anymore.
How people could recognize you if for years you studied in outstanding places like I did for example. Life is cruel sometime. You want to be the best and your family blames you of being like you are, the best. I am sure Marcel felt this in some way. He was so proud that, I think, you could not tolerate to be treated like in inferior. I loved so much this Marcel who was an idealist. He was and I was too, but left on our own roads to live our career. Being an orphan, I decided to take care of them for all my life. Marcel was more artistic and so beautiful he was for me. An art dedicated person to dance and later, photograph. I laugh a little bit because, when he was a college friend, I was already a photograph working for Reuter for example. I was lucky. And you think, that working in a library environnement like the picture I attach makes you the same as everybody? Not possible. Myself, I use to read at least a book per two weeks and more and I know them by hart. For sure, you could't be the same as everybody in life. You're a part of the "elite" in some way. A word I don't like because I am an easy going guy with people. I love everybody. Hard to understand, this phenomenon. Take care Renate. God bless you. (An atheist friend was always telling me that when we were to leave. Quite a person this guy I loved so much. A friend!) Yes, I am a crazy people lover and I like me like that.
here is a big archive of the photos made by Marcel which are at Tom's house. I was in Greece when the brother of Marcel came to Tom and do not know the brother only from statements of Marcel. Marcel always loved most of all his sister and his ant Marimae who must be 93 or 94 years old but is still tuff. I phoned her but my French got so worse during all the years, I am sorry abt that. The sister of Marcel lives alone and has no connection to others of the family a woman which wanted to be allone Marcel told me.

For the leave of my friend Marcel Fugère by Renate Rabe
 
An old Hopi-wisdom says, that everything, what was once upon a time, is there still only in another form.
 
This also to be valid for my friend Marcel, the dancer and photograper, who ich met 1980 in the Pub „zum Tropfen” in Hamburg, Germany. This was a meeting place for artists, authors, critic reviewers, philosophes, world improver, giver of ideas and some tipsy creatures.
 
*Marcel just celebrated the publication of his pages long follows of pictures in the German Stern Magazine, which had been obtained via his friend Molle. Marcel was at that time not one, but THE TOP free lanced photographer in Germany. He photographed beside lots of prominents his friend Marcel Marceau, with whom he always met together when he was in Hamburg. He made sensational exclusive photos frpm Rainer Werner Fassbinder, the conductor Guiseppe Sinopoly and the big stars of the Hamburger Opera, i.e. Mikhail Baryshnikov, Ivan Liska and of course the Ballet director John Neumeier.
 
Marcel at that time set together in sociable party together with the dancer Ralph Grant, with whom he danced together with Judi Winter in Bremen and with Lutz Mackensy, who was always his best friend. I give into the bargain that I was fascinated and carried away from Marcel, who full of élan took mostly all guests of the pub into this maintenance in a hilarious way. Therefore I was glad, that I was just new entered into his neighbourhood and was invited by him. Soon I became to know his coloured environment.
 
He brought me to his friend Hanne Mogler into the „Foolsgarden“ a German small theatre in Hamburg. This theatre was open for every artist to play there and was a little bit also for su-culture. Within the passing time I met also the German stagemanager Rosa von Praunheim , who enrolled at those days for the Outing of the homosexuals, what was increadible at those days. Most of the homosexuals hid their way of life. So did Marcel in a certain way and he suffered of course due to that.
 
 
Marcel photograped at that time „mens under a head“. The men wear heads, often ladies-heads. Marcel had managed it to get lots of men under the head, but there was one, who fought against his nature because of his catholic belief. Therefore he became the dream man of Marcel at those days and he could understand that young man best, because he told that he himself had to suffer under the harshness and fanatism of catholic nunnes.
 
 
 
According to his documents Marcel was born on May 16, 1938 in Maria/Canada. He told often to me, that he would love to know, whether these dates are true, as he had been raised as a orphan boy in a mission boarding school, in a residential school. To that place were brought children who where token of from Indian, for instance Nakota, Cree or Anishinabe and mestizos in order to teach them in the Christian belief and according to the standards of the white people.
 
These schools were existent in the second half of the 19th Century and Marcel was, according to his statement, one of those pupils, who was degrated, beated and abused by nuns. When Marcel told that to me he was often crying and extremely sad.
 
So you live in Canada and you will probably know about that horrible chapter of your history. The last school was closed 1996 in Saskatchwan. I heard at first from Marcel about this and was very sad that this terrible time comes sometimes back in his mind, even when he was already nearly 50 years old.
 
Marcel suffered at his quest on a wall of silence. In the mission boarding school there were allegedly all documents disappeared according to a fire.
 
Details about that time he told often to me, mostly when he told me of his life in Canada and his adoptive family. Also from them never got an answer about his real parents.  Marcel loved his very conservative adoptive parents and had one brother and a sister who he loved very much. He told me that his sister wanted to get separated from the family and lived alone and lives in seclusion.
Most of all he loved his very old aunt Marie Mai.  Only this beloved aunt is 93 or 94 years old now. I phoned sometimes with her together with Marcel and also informed her about the pass away of Marcel. But my French speaking and writing is so terribly now, because I didn´t speak or write it for so many years.
According to Marcel aunt Marie May was the only person in the family who understood his passion for ballet dancing and supported him. So Marcel sudiet dancing in Canada and was tought by a very severe Russian Ballet Master Lady. I have forgotten her name. But she had demanded everything what was possible from Marcel.
 
In the beginning 60th Marcel left Canada, in order to complete his dancing studies in Great Britain. At that time he met his long (many years)  lasting friend Robin Anderson.
 
On October 29, 1967 Marcel danced with Les Grands Ballets Canadiens at the University of Michigan. Via this ballet he came to London, where he told me from his performance at the Royal Balley. There he had also a very good girl frind Anne, from which he told me very often and together with her he had lots of fun. You may find something in the Internet about Marcel`s dancing with Les Grands Ballets Candiens at the a.m. date.
 
The stagemanager Dieter Kehler met Marcel in France on a train voyage. Marcel was on a dancing-casting  at Tatjana Gsovsky at the Berlin Ballet and the Balletdirektor Gert Reinholm (Deutsch Oper Berlin). Later on Marcel was engaged as dancer differently abt. two years in Dortmund, Wuppertal and Beyreuth. Then he travelled back to Montreal. We have to thank Dieter, that Marcel came back to Germany and found a new home here. That was a begin of a lasting friendship by men.
 
Later Marcel came together with his friend Ralph Grant to Bremen. There he danced at the theatre together with Judy Winter and his lasting friend Art Hutchinson, which Marcel often visited in Bremen, not seldom in terms when there where too many Hamburger fans who want to visit or see Marcel’s in his home in Hamburg.
 
According to an injury Marcel had to give up his career as a dancer. His frinds from the Ballet helped him to follow his further destination. Therefore he began his orbit as a photographer at the Hamburger Staatsoper at the ballet. Later Marcel also went with the Ballet of John Neumeier i.e. to Japan.
In the beginning the Hamburger well known photographer Günter Zint helped him and show him how to keep the camera in extreme critical situations. Also Lutz Mackensy, the best friend of Marcel, was always there for Marcel, at the construction phase or when there was need of a man (sorry I have not the correct translation it is a German idiom “wenn Not am Mann war” and it can have two meanings, extended it means if someone is there to help you or if you need a man to help you.)
 
Marcel and I we had monstrous occurrences, travelled together, he photographed, I wrote stories and travel-reports which we published. If we met he always asked me to write about our special experiences: “Renate, you must write about this, write about it!” And I always thought there is time for us and our adventures to write about.
 
Marcel wanted three days before he died to travel together with his fellow Michael Germershaus to Turkey. Marcel was so happy and told me when we met 3 weeks before( that was before I travelled to Greece) that he is fine and I should not worry. He was so happy that Tom Todd and Michael woul digitalize all his photos and put them into the internet.
 
I was so sad that instead making the little trip to Turkey with Michael Marcel made the very big trip into the universe.
And yes, as Marcel ever asked me to say:
“Marcel for me is the greatest photographer on earth.”
 
And than I wrote the Lakota-poem which was adapted by Tom Todd in English and is shown there in connection with the farewell of Marcel:
 
„Steht nicht an meinem Grab und weint, ich bin nicht da, nein ich schlafe nicht. Ich bin eine der tausend wogenden Wellen des Sees,
ich bin das diamanten Glitzern des Schnees,
wenn ihr erwacht in der Stille am Morgen,
dann bin ich für euch verborgen,
ich bin ein Vogel im Flug,
leise wie ein Luftzug,
ich bin das sanfte Licht der Sterne in der Nacht,
Steht nicht an meinem Grab und weint, ich bin nicht da,
nein ich schlafe nicht.”
 
And I mentioned in my memorium for Marcel:
 
Pilamayaye  wakan tanka nici un ake u wo, ahoe!
Auf Wiedersehen und möge der Große Geist mit Dir sein und Dich führen!
Good bye and may the big ghost be with you and guide you.
 
Je t'aime.
yours Renate Rabe
 
 
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And again I have to thank Tom Todd who wanted and arranged nearly everything with the disentanglement and the burial.
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So in order to understand my connection with Marcel:
 
I was born in Hamburg and after my devorse of my first husband I lived in a flat in Hamburg. At that time I had an official job as a recovery and claim adjuster in a assurance clearing big damages according to the Warshaw Conventions for flights, and shipping companies and carriers. I was very busy, travelled a lot around Europe and told surveyors how to make their reports or adjusted big claims for lots of money. That was my official side where I got my payment for a wonderful life.
My second part was my artist side, hidden from the official side under my artist name Renate Rabe. I made a cartoons book with a raven, wrote lyric, sang with a band or with two different musicians. One played guitarre and more folk or lyric songs (we made together a record for doctors for freedom) or I sang with the other piano player who was a very excessive person and we made lots of humoristic songs.
I had lots of parties in my flat and Marcel often came to me once there was also Craig Russel in my house. Perhaps you know him.
1984 I decided to quit the assurance and hired on a cruise ship as an “Entertainment Officer” as shown in my seamans registration book, which makes lots of officers very jellows and angry because they did not like that I got that officer in my book. At that time I lived together in the flat with Marcel because I decided to quit mine in order to spend some money for the living at Marcel`s end as I was mostly on board of the ship and Marcel very often was happy to get the money as artists are mostly all short of this. Also Marcel spend a lot for his 1000 friends and we made also lots of wild surreal parties in his flat. These are special stories.
On board I had to look after the band, actors and D`j and making a programm, very little not like on big cruise ships. I very often took Marcel with me on board and we travelled together. You know probably you won’t stay on a dry dock if you work on a ship. Also when I came home to Marcel we walked out to see lots of friends sitting always around other pubs and there were many in our area.
I was asked to make as a freelancer several reports for newspapers and magazines and therefore I started as a freelancer. Getting of from the ship 1985 I took me a new flat and worked for an American insurance company again as recovery and claim adjuster. Beside now I was artist and journalist, made tours with Marcel and came home in the morning sometimes at 4 or 5 o`clock. As I was very tuff at that time I came to work always punctually like the German’s are normally. I had so much power …..
Together with Marcel and another photographer named also Marcel I travelled and made beside my job lots of interviews with prominents, sang and was invited around everything what was going on. Than the American insurance company went to Frankfurt and I decided to stay in Hamburg.  I often met Marcel, he told me what’s going on and so did I. Later I met my husband (also a funny story because we knew us when I was 17 years old and he studied) and he is someone who likes not so much publicity so I did not go out so much anymore. Marcel came to visite us and we had lots of fun together. Marcel and I we became more quiet after all the years in excessive life. Marcel did not like to go out so often in the evening because the time had changed and there came too much bad on the streets in the night.
 
Well, Richard, execuse my English there are lots of failures and my husband would have critizised me because he likes perfection, but I am what I am unperfect. The very special things I have survived together with Marcel I will tell you probably if you come to Hamburg or if we are on the way to visit Canada or going to New York.
 
Now I will have a look into facebook, perhaps you are there,
Until than,
Greetings to all of your family
Renate
 In the later times the photographer Marcel never danced not even a little standard, but when we made a visit back stage where there was also Harry Belafonte and others and we tasted several glasses of Italian wine he made as far as I can remember the last inofficial public dance like an happy flying angel. It was enormous.
Un grand ami allemand de Marcel.
 


Chapitre VI
Les expériences et habiletés que j'ai eues
L’IMPRIMERIE ET LA GRAVURE
Mon dieu que j’en ai fait de cette fameuse gravure. J’adorais. C’était au collège. Je ne me souviens plus du nom qu’on donnait à la première feuille imprimée qui sortait de cela. On disait, corriger les « galées ». C’était le terme utilisé. Hé que les pères avaient le tour de nous impliquer dans toutes sortes d’activités pour nos faire grandir. J’ai adoré l’imprimerie et la gravure que j’ai pratiquées pendant quelques années. Mon grand copain Michel est devenu un artiste reconnu du domaine de la gravure. Le grand plaisir de trouver des sortes différentes de papiers pour nous permettre de mettre en valeur l’œuvre que nous voulions exécuter. Tout un monde aussi. La grosse rotative qu’on prenait une, deux, trois jours complets à ajuster pour une seule couleur. Quel travail! Mais plaisant. Ces grosses machines allemandes qui vous donnaient l’impression d’une locomotive entrant en gare tellement elles étaient bruyantes. Mais la senteur des encres, du papier, ça nous enivrait d’un espoir de voir surgir une belle œuvre.
D'Zum Cao N'Guyen
D’AUTRES HABILETÉS QUE J’EUS
(Avion, collection de timbres, géographie, photographie, etc [Mon National Geo et ma collection de timbres qui m’aidait.], dactylo. typo, imprimerie, histoire, photo, théâtre, généalogie et sans compter tous les sports que j’aimais beaucoup.)

MA PASSION DES AVIONS DONT J’INVENTAIS DES MODÈLES RÉDUITS.
Oui, les adultes qui m’entouraient étaient tout heureux de m’initier à toutes sortes de choses et j’étais bon dans tout. J’avais 12 ans. Quand les choses allaient bien, j’avais 100 % dans tout ou presque. Surprenant! Mais, quand ma mère n’était pas là, que je m’ennuyais, c’était le désastre.
Un voisin de chez moi réalisa toute la passion que j'avais pour les avions. Parlant seulement anglais, mais qui semblait tout ému de me voir évoluer, décida de m’initier aux modèles réduits d’avions et de planeurs, tout cela pour répondre à ma profonde passion pour l'aviation. Pour tout dire, je ne fabriquai que des planeurs, car j’avais le truc pour les faire planer parfaitement. Je lançais l’avion avec force et s’il était bien ajusté, il pouvait facilement faire le tour de tout un champ de baseball. Quel « trill » ça me donnait! C’est moi qui faisais les plans, qui les découpais et qui les assemblais, tout fier de moi. Mon ingénieur me supervisait avec force signes, car je ne parlais pas anglais et il ne parlait pas français. Qu’à cela ne tienne, notre passion des avions nous réunissait comme deux vieux pros qui voulaient que ça « marche » et ça marchait. Je gagnai même des prix, étant le seul à faire mes propres modèles imités des avions anglais, américains, japonais et russes. Oui, les Russes étaient sur ma liste. Les plus grands avionneurs du monde. Imbattables sur toute la ligne et des avions à vous couper le souffle. Les Américains avaient de gros morceaux de tôle qui volaient, les Russes, des chefs-d’œuvre d’architecture. Un vrai plaisir à reproduire. Encore aujourd’hui, aucun avion ne passe dans le ciel, sans que je lève la tête. Mon père mourut en travaillant sur un avion! C'est vous dire.

COLLECTION DE TIMBRES
J’eus aussi une collection de timbres qui n’eut rien à envier à personne de mon âge et beaucoup d’adultes. Ma grand-mère exigeait que je me perfectionne en géographie (à 10 ans) et me suggéra donc de démarrer une véritable collection de tous les pays. Un autre bon voisin, dont le fils travaillait aux postes à Washington, crut bon de devenir mon fournisseur dans le domaine. Son produit était du très haut de gamme, car il me fournissait toujours des « blocs » no. 1. Le nec plus ultra des collectionneurs. Je n’aurais pu avoir mieux. Un bloc, c’est un ensemble de quatre timbres qui fait le coin de la page qui elle, contient tous les timbres et qui est aussi du côté où il y a toutes les informations concernant ces timbres.
Cette collection me permit admirablement d’apprendre toute la géographie politique du monde entier. À douze ans, je pouvais vous décliner à peu près tous les pays du monde, une partie de leur histoire et le nom de leur président. L’Afghanistan m’intriguait beaucoup avec ses cultures de pavots qui étaient le seul produit qui pouvait pousser sur ces terres arides. (1952) Quand on me parle d’un pays aujourd’hui, je me ferme les yeux et j’imagine très bien sa configuration. J’ai toujours eu 100 % en géo. J’eus aussi très tôt mon abonnement au National Geographic Magazine dont les copies manquantes furent comblées par mon adoré oncle Napoléon. Il avait beaucoup de problèmes cet oncle, disait-on, mais adorait les enfants. C’est tout ce qui m’intéressait.
LA PHOTOGRAPHIE
Inutile presque de vous parler de la photographie. J’ai un appareil dans la main depuis mes 12 ans et j’en suis tout fier. Je savais que mon grand-père se créait, en Angleterre, en pleine guerre, des chambres noires improvisées en déposant sur une table des tapis tout le tour. Des centaines de ses photos furent détruites par des gens de la famille qui n’y connaissaient rien. Les quelques-unes que j’ai, je les ai subtilisées, sachant bien que c’était ma seule chance.

Mon style de photos préférées? Les « snap shots » comme on disait. L’expression inusitée d’une personne, sa figure, son sourire, ses yeux, sa peine, sa joie. J’entrais totalement dans son « personnage ». Les enfants! Je n’en parlerai pas. Ils me bouleversaient à tout coup, même le p’tit prince de Monaco de qui j’ai tiré une expression unique. Jamais je n’ai vendu cette photo. Les sportifs, j’aimais bien. L’expérience la plus bouleversante fut mon séjour avec Althea Gibson, la championne du monde au tennis. Elle fit la première page du magasine Sport Illustrated. Elle aimait bien venir se pratiquer au collège. Pas rien n’est-ce pas? Et je lui ai demandé un rendez-vous. Elle m’a offert une après-midi complète avec en prime quelques athlètes.

 

 

 

 


Lorn Maine, champion canadien, Althea Gibson, championne du monde de tennis, Mariette Laframboise, championne canadienne et Bob Bédard, aspirant champion canadien.
(Photo montage par moi)
Toute une brochette! Je passai à la séance de photo après l’interview. Toute une femme, cette Elthea, qui était d’une gentillesse! J’avais vraiment l’air d’un enfant à côté d’elle, dans le temps, « baby face » comme on disait. Elle était tout attentive à toutes mes demandes et finalement, je lui demandai de me faire la faveur d’un « slap shot » à un pied max. de ma caméra et de ma tête. Je n’étais pas du tout inquiet, je savais qu’elle était d’une précision chirurgicale. Elle s’exécuta. Sur la photo, la balle apparaît comme un gros ballon de marque Watson. Ado, c’était ma marque fétiche. Je portais du Watson, bref, j’avais du Watson des pieds à la tête. Trop drôle. Et mon « fan club » se fit un devoir de porter du Watson aussi, des pieds à la tête. C’était, pour moi, comme un incontournable. Les caprices d’un ado!
J’eus le plaisir aussi de photographier et interviewer Maurice et Henri Richard (j’allais chez le même barbier que Maurice!), dont j’obtins l’équipement de hockey trop usé pour moi (c’était un gars qui « ménageait »') et le grand Jean Béliveau. Maurice et Henri étaient d’une telle gêne que j’eus toutes les difficultés du monde à leur tirer, ne serait-ce qu’un seul mot. Ils étaient, ma foi, dix fois plus gênés que moi. Une chance qu’on m’avait préparé à la chose. Donc, j’avais ma série de questions et mon équipement pour enregistrer. Je ne me souviens pas vraiment des mots utilisés qui furent plus des "heu! j’sus pas certains, j’aime ben ça, j’sé pas, peut-être." Tout ce qu’il faut pour écrire un article intelligent et produire une belle photo, n’est-ce pas? Avec le grand Jean, tout fut différent : « Bonjour mon beau Richard, ça me fait dont plaisir de te rencontrer. Je savais que tu voulais m’interviewer et devine ce que j’ai fait. Je me suis préparé. » Il me donna un texte tout fait, ce qui me permit de prendre le temps qui me restait pour faire des « mitrailles » de photographies. Une beauté. Les photos vendues étaient parues je ne sais trop où. C’était Reuther et mon agent qui s’en occupaient. Jean eut la plus belle. J’avais avisé mon gérant. Grand gâté que j’étais, vous vous imaginez? Un agent à 16 ans! J’étais vraiment genre le ti-kid protégé, je le savais et je remerciais sans arrêt ces gens qui m’aimaient. Vous vous imaginez, je publiais sur Ruther! Un grand privilège. Et en plus, les systèmes s’amélioraient de plus en plus. Il devenait de plus en plus facile d’acheminer les films pour le développement, autorisation et ventes. Tout se faisait par l’agence. J'ai touché d'assez bons cachets. Les bons pères de St-Laurent m’avaient tricoté toutes sortes d’amanchures pour que mes « affaires » roulent bien. Que je fus gâté par ces gens qui sacrifiaient carrément leur vie pour mon éducation! Que nous avons été injustes, mais tellement injustes pour ces gens qui vivaient dans la plus totale pauvreté et l’abnégation! Ils recevaient un cadeau. Ils nous le donnaient, car ils n’avaient pas le droit de le garder. C’était une règle suivie à la lettre. Mon père Arbour, le p’tit père Thétreault à qui j’avais passé proche de couper un bras avec une grosse presse de l’imprimerie du collège. Nous avions été quelques semaines sans nous voir, mais les choses se replacèrent, car il avoua qu’il avait besoin de moi. Quelle fierté ça me faisait!
Je ne peux non plus ne pas souligner ces nombreuses nuits passées dans les chambres noires pour arriver à temps dans l’édition des photos. Nos chambres noires avaient même développé du film pour l’ONF. D’ailleurs, nous étions voisins de l’ONF, ce qui me permit à l’occasion d’aller voir McLaren peindre ses petits films, image par image, pour les transformer en des animations totalement extraordinaires. Je fus totalement envoûté par ses fameuses danseuses qui se multipliaient comme par magie à l’écran. On aurait vraiment cru que c’était du numérique alors que ce n’était vraiment pas le cas.
Ma compétence en la matière était telle que toute la série de cours de photos/montages et tout le reste me furent crédités à l’Université d’Indiana, car je pouvais facilement donner le même cours et plus. Et surprise, ils se rendirent compte que j’avais travaillé pour Kodak et les profs de la section d’Indiana photo étaient tous des anciens de Kodak. Alors, j’eus vraiment l’impression de faire partie de la même famille.
Et l’autre compétence que je pus développer aussi à Indiana, connexe à la photo, furent le journalisme et le film. J’ai été passionné par ces deux matières. Le journalisme fut très dur d'apprentissage pour moi. Au début, ce me fut quasi impossible d’écrire sans l’aide d’un « editor » comme on appelait, ou plus simplement un correcteur, mais pas n’importe lequel. Il vous garantissait à 100 % son travail et faisait ressortir votre talent à travers tout ça. Mon prof. était un bonhomme qui avait travaillé dans les alentours des Kennedy. Bien sûr que nous fûmes très vite au courant de toutes les aventures scabreuses du président, mais aussi de ses bons coups. Yokam, le nom de notre prof., qui avait perdu une jambe sur-le-champ de bataille au Vietnam. Il pouvait vous parler de la guerre de long en large. Il m’aimait beaucoup et insista souvent pour me faire choisir un cours de golf afin de jouer avec lui plutôt qu’un cours régulier pour moi. J’avais peur que ce choix me fût refusé par la suite. Et finalement, je n’allais pas à Indiana pour apprendre le golf. Avec la bibliothèque, une des plus grosses du monde, j’étais mal à l’aise de ne pas en profiter. On m’y trouva régulièrement endormi, mort de fatigue, à minuit à la fermeture de la bibliothèque. Quel privilège c’était pour moi que de baigner dans plus d’un million de livres sur les connaissances de toutes sorte, sans compter les 100,000 parchemins qui avaient été des dons de riches Américains! Donc, je me serais trouvé totalement ridicule d’abandonner cette option extraordinaire pour des parties de golf intéressantes, sûrement, car il s’agissait du journaliste haut de gamme du campus. Je fus totalement surpris quand Richard Yocam me déposa dans les mains des caisses d’imprimés et de bobines qui représentaient la totalité de ce qui avait été publié sur la Crise du FLQ par Radio-Canada, CKAC et d’autres. Il me demanda d’en faire l’analyse. C’était le mémoire de maîtrise qu’on me demanda. J’ai pris deux ans et demi pour le faire. Un travail épouvantable où je dois dire que la bibliothèque de McGill me fut d’un grand secours. Je ne fus pas très impressionné de mes découvertes. J’aurais dû avoir plus de culot et vraiment dire ce que je pensais. De toute façon, j’eus la chance de me reprendre à la défense que je devais présenter à propos du document. Yokam me fit sortir le « jus » comme on dit et j’en fus bien fier. Pas question de golf pour célébrer la fin, un bon champagne fut ma surprise. Il m’achala en me disant que, sûrement, j’avais du sang français dans les veines. Un bonhomme charmant qui me « botta » le cul pour que je me dégêne et que je sorte le meilleur de moi-même. Il avait des mots d’encouragements incroyables. Je n’avais jamais vu ça au Québec. Enlève ta cravate, me disait-il. Mets tes pieds sur mon bureau pour être plus à l’aise. Je regardais parfois le golf avec lui à la télévision. Vous auriez dû voir l’appareil! Énorme! Pour les Américains, Il n’y a rien de trop gros n'est-ce pas? J’étais mort de rire, mais je les aimais comme un p’tit fou, car ils m’encourageaient tellement. Ce n’était pas du tout la mentalité « enfermée » du Québec du temps. Tout ce que j’entendais : « You're great Richard », « You will make it », « Don't panic », « So beautiful what you produce at the campuse t.v. », « You wera so funny and adorable last night » (J'avais honte, car les bonnes sœurs m'avaient vu un peu « saoul » la veille, entretenu par mon fameux capitaine de l'Armée américaine qui ne cessait de me « poncer » au Whisky Cristal canadien. Vous me voyez l’allure. Je m’y fis prendre qu’une fois, mais les bonnes sœurs m’ont justement « pincé » cette fois-là. J’étais tout en excuse, mais elles ne voulaient rien savoir, elles me trouvaient adorable et j’étais juste drôle d’être un peu « pompette », pour elles, ce soir-là. Il faut dire que le vendredi soir, c’était le soir du défoulement. Y fallait bien, car nous étions toujours sous une pression épouvantable toute la semaine. 1000 personnes dans une grande salle, avec la buvette de vodka qui coulait à flots, sans arrêt. C’est l’école de musique qui fournissait la musique, l’ambiance et le rythme et tout et tout ce que vous pouvez imaginer. Les noires en paillettes roses, deux, trois orgues sur la scène, six, sept trombones, saxo., flûtes, tam tam, et tout et tout. Ça dansait jusqu’au matin, au déjeuner. Nous avions absolument besoin de ça pour nous « évaporer », ne serait que quelque heures de ces travaux qui n’en finissaient carrément pas, mais que j’adorais.
Oui, je fis aussi du studio. J’ai bien aimé. C’était un tout autre monde pour moi et c’était vraiment un cours donné par des artistes superbes et offert par l’école des Beaux Arts à l’école de photographie. J’en ai vraiment profité et j’ai développé une technique bien personnelle pour aller chercher « l’âme » de mes sujets. Tout cela se faisait dans un respect et un silence total. J’avais besoin de ça pour bien travailler et vraiment tisser une intimité exceptionnelle avec mon monde. J’ai beaucoup appris avec ceux et celles qui posaient et avaient eux-mêmes une expérience exceptionnelle. Bref, on me traita comme quelqu’un de respectable et j’y donnai mon max. C’était typiquement américain.
Pour une présentation à la télévision du campus, je pensai à une série de photos typiquement canadiennes, de la poésie québécoise et une chanteuse d’opéra reconnue qui s’offrit pour le chant. Quel succès! De toute beauté. Tout s’enchaîna sans aucun accro et ce fut un chef-d’œuvre dont je suis encore très fier.
LA DACTYLOGRAPHIE
Je découvris aussi une autre chose qui me rendrait d’immenses services toute ma vie. Un p’tit « frère » du collège St-Laurent m'en convainquit après discussions. Aucun homme n’a jamais dit aussi vrai. J’appris à dactylographier très rapidement. Ma grand-mère qui en était fascinée me loua une machine à écrire pour que je puisse me pratiquer durant l’été. Le p’tit frère avait raison. Je commençai à prendre des contrats de plusieurs profs au collège qui voulaient faire dactylographier des textes pour les étudiants de philo. Avantage pour moi, je me mis à apprendre la philo. Alors que dans mes études, j’étais bien loin de là. Ça me fait penser à Michel Tremblay qui, typographe, se mit à apprendre toutes sortes de choses sur toutes sortes de sujets, surtout des romans, je crois. Quel monde extraordinaire! Je me mis aussi à faire fonctionner l’appareil de typo. Les galés et tout. Les lettres de plomb. Quels souvenirs! J’étais tout fier de moi. J’arrivai au sommet quand je pus faire du « key board » comme ils appelaient, des cartes perforées qui fournirent les premiers « ordinateurs », plutôt compilateurs IBM, ce qui annonçait la venue prochaine des fameux ordinateurs. Donc, à Indiana, je n’eus qu’à me fier sur moi pour produire tout le matériel à entrer dans l’ordinateur. À deux heures du matin, j’étais donc au centre d’info. du campus ouvert 24 heures par jour. On prenait donc, déjà en 1969, l'informatique très au sérieux. Je vous souligne que l’écran n’existait pas encore et que l’imprimante et le compilateur nous servaient d’entrée et de sortie dans l’utilisation de l’ordi. Je peux me vanter d’avoir été parmi les premiers à utiliser celui-ci, dont certains programmes furent les premiers pas vers Internet. Le Réseau ARPA en fut un et mon nom y figura comme membre à cause de mes services gratuits dans des programmes de recherche de l’armée américaine. Mon p’tit rat et toute son histoire. Je me fis surprendre à facilement prendre des nuits blanches pour arriver dans mes travaux de labo le jour et l’info. la nuit. Je trouvai ça tellement grisant d’autant plus que ça me permettait aussi de rencontrer des petits génies qui faisaient toutes sortes d’entourloupettes avec leurs ordis construits de toute pièce, à la main, et avec lesquels ils sortaient des résultats faramineux. Je n’y compris pas grand-chose, mais ils finissaient toujours par m’apprendre un truc particulier. Je me disais que c’était à fréquenter les gens futés que je le deviendrais. J’avais bien raison. C’était vraiment les débuts de l’ordi. qui, avec la venue de l’écran, se propulsa dans le monde entier et la venue d'Apple qui ne se fit pas attendre pour s’imposer, sous-produit de HP. Ce n’est pas peu dire. Oui, mon p’tit frère de « dactylo » avait bien eu raison. C’est ce qui me projeta dans le monde de l’info, surtout à l’aide de mes élèves qui furent mes meilleurs profs d’informatique. Comme Roger et Pauline, qui m’endurèrent des nuits « quasi » complètes à apprendre toutes sortes de choses sur la « pitonnerie » sans compter nos discours à transformer le monde en une nuit. Merci Pauline. Merci Roger. Pauline, maîtrises en informatique et physique de McGill et Roger du même calibre. Mais, à la maison, Pauline n'aimait pas tellement l'informatique que la cuisine chinoise dans laquelle elle se délectait. J'ai lu dernièrement que les Chinois ont toujours quelque chose à faire mijoter dans leur cuisine. Donc, chez les Dubois, Pauline, pratico-pratique, qui fournissait l’énergie en faisant la cuisine et l’autre, Roger, en pitonnant et réessayant toutes sortes de montages, tout cela pour la préparation de ses cours du lendemain. Et on me dira qu’un prof., ça ne travaille pas. De retour à l’école, mes élèves futés qui me tapaient sur la tête pour me dire; « t’a pas encore compris ça! » J’étais devenu élève de mes élèves avec la plus grande joie. Tout le monde a quelque chose à nous apprendre. N'est-ce pas? C’est la vie!

MON SENS DE LA COMMUNICATION
Par marxiste après l'avoir enseigné et en plus, détaché de cet enseignement comme si de rien de s'était passé. Y faut le faire. Ce ne fut pas mon cas. Je fus tellement "converti" que j'ai même "converti" un évêque d'un diocèse pas mal important au Québec. J'avais été très franc, très vrai et surtout chaleureux faisant comprendre que la misère ne venait pas de nulle part. Cet homme fut une véritable révélation pour moi, ses sermons ayant pris une couleur "marxiste". Je lui avait même recommandé d'être prudent car j'avais encore en tête l'histoire de Mgr Charbonneau de Montréal. À remarquer que cet histoire a sonné l'église de Rome car Mgr Charbonneau n'a jamais démissionné. Je ne sais trop si on a ramené ses "restes" en chapelle ardente à Montréal. Je pense qu'il a lui-même refusé avant sa mort et je n'ai pu à ma dernière visite constaté la chose. J'avais bien d'autres choses en tête car j'ai eu le même confesseur que le gouverneur général du temps. (Texte à travailler.)

 

Colonies de vacances

Une randonnée avec une petite troupe et Denis. Cré Denis, ils nous avait promis un steak à la fin de l'expédition. Je perdis presque connaissance quand je vis Denis sortir ses bananes. Une banane valait un steak nous disait-il. J’en perdis presque le souffle d’autant plus que j’étais asthmatique et que je ne le savais pas. Je fis donc des années de sports, toujours au bout de mon souffle, jusqu’au moment fatidique où je fus hospitalisé d’urgence, presque mort. Crise d’asthme! On m'avait carrément intubé.

 

 

 

 



Le jeune m’aimait comme responsable de camp
et décida de me le faire sentir. Il me sculpta
un totem tout en couleurs. Crés enfants!
Comment un jeune peut vous décrocher le cœur!

 Toujours p’tit gars de collège! J’eus le grand plaisir de travailler dans des camps de vacances huppés à l'occasion. Certains campeurs arrivaient en hydravion avec leurs deux chevaux à l’intérieur. Rien de trop beau pour la classe ouvrière! Jeunes, nous ne voyons pas les finasseries des adultes qui se snobent entre eux. Bien sûr que nous avions des nouveaux riches à ce camp. Détestables! Bon, c’est simple, il faut se tenir loin de ces gens. Toujours est-il que j’avais une grosse tente cloche style de l’armée avec tout mon bagage dedans. J’y avais mon bureau, tout équipé. J’y recevais ma visite.

Initiation de la petite famille au camping
 


 

 

 

Jeune et gros comme un pou, j’ai fait tous les lacs du Parc du Mont-Tremblant en canot. Quelle beauté! Je peux même me vanter d'avoir été le premier à voir s'installer une barrière pour contrôler l'entrée du public dans ce parc. Pour cette première journée où on devait payer pour entrer, le fameux bonhomme qui collectait l'argent était totalement saoul. C'est devenu, pour un bon laps de temps un genre de marque de commerce du parc (Côté St-Donat) que tous ces gars saouls qui avaient des petits contacts politiques pouvais se permettre d'avoir un petit revenu, ne serais-ce que le 1$ qu'on leur donnait. Ils devaient être membres d'un quelconque organisme civil respectable, question de s'en servir comme couverture. Je n'en serais pas surpris du tout. Oui, le camping et le canotage devinrent une sorte d'ascèse pour moi. Je me frottais à la nature. Elle me laissait des marques. Mais aussi un sentiment de libération incroyable. J'avais l'impression de communiquer directement avec tous ces esprits qui m'entouraient. Je savais fort bien que tout ce qui m'entourait était parfaitement vivant et que tous ces êtres tentaient de communiquer avec moi à leurs façons. Je n'étais pas encore loin de mon adolescence et j'eus vraiment le sentiment d'avoir encore été télépathe, comme capable de communiquer par mon esprit avec d'autres êtres. Je me sentais comme bercé, cajolé, aimé, quasi en état second. L'eau qui coule! Peut-on entendre une plus belle symphonie. Les rapides qui crient! Le loup qui appelle. L'ours qui grogne parce qu'il a peur. L'orignal, ce grand seigneur qui se dirigeait doucement vers moi tout en mâchant lentement ses feuilles. Il voulait me voir de près, car... il voulait me connaître. M'avait sans doute déjà rencontré quelques jours auparavant ou dans une autre vie. Au moment où je fréquentais Mont-Tremblant, le Parc n’existait même pas officiellement. Cette photo est prise avant l’existence du parc. J’étais au lac Herman avec toute la p’tite famille. Mon beau-père, ses fils, Percy jr. Jean et Guy et tout notre attirail. Je les connaissais tous par cœur, ces fameux lacs ayant tous leur personnalité propre. La petite famille fit donc sa première initiation à la nature. Ils sont tous, par la suite, devenus campeurs. Il n’y avait aucune route dans le temps. Seulement des sentiers de bûcherons, l’eau des lacs et le portage. D'ailleurs, très souvent, les fameux parcs servaient de caches aux compagnies forestières qui faisaient de la coupe à blanc. Quelle vie! Je n’étais pas gros, mais en super forme. Je n’ai jamais eu a me servir d’aucune arme. J’aimais trop les animaux et la nature pour ça. Un peu irréaliste, je pense. Je ne cacherai pas que cet épisode de ma vie fut pour moi une façon de me faire découvrir mon intérieur. Mon amour pour la nature fabuleuse de Mont-Tremblant de l'époque et des humains, dont je me suis tellement occupés.

 

 

 

Mes trois petits frères et ma petite soeurotte!
Un canot, dans le temps, ça ne m’impressionnait pas, et cela, sur des kilomètres qu’on appelait des milles à l'époque. Toute la nuit, on avait entendu crier mon vieux loup que j’aimais bien. Pas dangereux du tout. Et mon vieil ours n’était pas venu nous voir ni mes orignaux, pourtant très curieux. À l’époque, j’étais aussi garde forestier de l’endroit. J’avais donc mon « pad »(Calepin faut-il dire.) pour donner des contraventions. Le camp scout, pas très loin, je ne les aimais pas beaucoup, car ils couraient après les animaux pour leur faire peur. Je leur ai donné une contravention assez salée. N’ont pas du tout aimé.

MES QUELQUES PAS AU THÉÂTRE.

 

 

 

 


Malade Imaginaire de Molière. St-Jean Vianney,
avec tous les équipements et costumes que j’avais empruntés du Collège Saint-Laurent.
En bas, mystère, je faisais 8 personnages différents sur la
plus grande scène du Canada, à Saint-Laurent.
Ce fut la rigolade du temps.

Une pièce de théâtre où je jouais de multiples personnages. C’est tout seul, derrière le rideau que je démarrai la comédie. Un « fun » ainsi qu'une crainte épouvantable et des gens drôles à la tonne. De gauche à droite : André Couture, Robert Rousseau, (ces deux dont je ne me souviens pas, mais que j’estimais grandement), Marcel Fugère (un grand ami.), Richard (moi), Maurice D’Anjou (tout un comique), Jacques Cardinal (si sympathique), Yves Charron (un bon ami) et Jacques Desjardins qui ne cessait de me dire, « Labelle fait ci....Labelle fait ça », car au collège on m’appelait Labelle. Je trouvais Jacques formidable. Il n’avait pas la langue dans sa poche et ne vous envoyait pas dire ce qu’il pensait. Je suis allé pas mal à son école. Chaque groupe classe du collège avait le droit de monter au moins une pièce de théâtre par année. Vous imaginez l’ambiance qu’il y existait et en plus un journal que chaque classe pouvait publier. Nous avions trois auditoriums. Pour entrer au grand journal, il fallait lentement gravir les étapes. C’était un imprimé format tabloïd. Un pour les élèves et un pour les anciens, plus les publications spéciales. Très nerveux sur la scène, j’avais toujours peur d’oublier mon texte. J’en cachais partout sur moi avec en plus, des « souffleurs » professionnels. Et un souffleur professionnel, je vous jure que ça ne souffle pas à peu près. Ça me sauvait à tout coup.
J'avais 17 ans.(1957) 3 rôles différents que je jouais en changeant de costume. Marcel, qui vient de décéder, me tenait la main. Un ami extraordinaire. Mort à Hambourg en Allemagne. À l'époque, on jouait sur la plus grande scène du Québec et je ne suis pas sûr si ce n'était du Canada. C'était une scène tournante fabriquée à New-York. On était les seuls au Québec. Incroyables, n'est-ce pas? De très belles années où j'ai connu des bonheurs et des malheurs, comme tout le monde. La télévision du Canada a commencé sur cette scène. Et pour y jouer, on devait réserver à Radio-Canada. Incroyable!
Debout, nerveux, derrière l’immense rideau de 30 pieds de haut et d'une tonne et demi de pesanteur de la scène de Radio-Canada à Montréal, j’attends, fébrile, que cette porte (Les professionnels l’appellent le quatrième mur. Il faut dire que c’est le mur le plus difficile à « traverser ».) mystérieuse s’ouvre pour me permettre de donner mon premier « punch » comme je l’appelais, façon de briser la glace ainsi que le trac qui me déchirait littéralement le corps. J'ai jamais compris pourquoi ces pères m’ont fait tellement confiance car Je n’avais jamais joué sur scène avant. C’était la première fois. Et de l’autre côté de ce rideau, rouge vin, les éclairages qui commençaient à s’ajuster avec cette équipe d’éclairagistes cachés, tous en petite tenue, tellement les rhéostats dégageaient une chaleur insoutenable. Ces appareils, dont le rôle était l’ajustement de la force des éclairages sur la scène. Et dans la grande salle, 1200 personnes. Tous les élèves du collège et des parents et du public. À l’époque, St-Laurent avait la plus grande scène et la seule scène tournante au Canada, de quoi donner des vertiges à n’importe quel artiste, pro. ou amateur. Nous avions, dans le temps, une scène, directement commandée de New York. Nous n’avions rien à envier aux Américains, sauf Broodway. Le père Leduc, debout, pas très loin de moi m’entretenait de mots pour me calmer et n’arrêtait pas de dire que j’allais être très bon. C’est lui qui m’avait pratiqué en partie, mais surtout le père Arbour. Oui, notre scène venait de Broadway, tout ce qu’il faut pour me donner davantage un trac fou. Démarrer une pièce, c’est comme amorcer un plongeon. La pleine confiance doit nous envahir dès le début de celui-ci. On m’avait bien averti qu’à la levée du rideau, je ne verrais personne. La force des éclairages m’empêchant de voir quiconque. Ces bons pères, quelles expériences uniques ils m’ont fait vivre. Ils m’aimaient, je n’en doute plus maintenant. J’ai enterré mon dernier « père » presque moi-même, tout seul. Un vrai papa. Le père Arbour qui me comblait de cadeaux.
Et subitement, le premier coup de bâton donné sur le plancher de la scène, annonce le début pour tout le monde, la salle et l’arrière-scène. C’est un départ. Deuxième coup. Je prends mon souffle et je me sens déjà devenir comique. Troisième coup. L’orchestre, dans la cage de l’orchestre qui joue, les éclairages, et cet immense rideau d'une tonne qui peut vous casser une jambe si en s’ouvrant, vous êtes sur son chemin. Et les applaudissements, dès le début, quelle gentillesse. Et je me mets à crier, parler, gesticuler. C’est un tonnerre d’applaudissements et de rires. Oui, y fallait être fou, mais j’étais comique et j’avais une voix extraordinaire me disait-on, qui portait parfaitement. On nous enseignait à « cracher dans le masque » comme on disait. J’en « crachais » tout un coup. Et ces premiers rires furent le réel démarreur de mon enthousiasme. Je savais que je venais « d’avoir » ma salle, car, dans tout ça, il y a beaucoup de séduction. Et je voyais tout ce monde dans les coulisses qui me regardait et qui m’envoyait des « bécaux » d'encouragement, etc. Je me sentais aimé. Il ne fallait pas que je me fasse distraire, sinon, j’aurais eu les larmes aux yeux. Pas question. Il fallait jouer. « The show must go on! »
Et avant tout cela, la fameuse salle de maquillage qui faisait la réputation de Saint-Laurent. Une dizaine de chaises, style chaises de barbier, en deux rangées et les miroirs et les lumières autour. Tout comme à Broadway. Et devinez. Je m’assoyais en tenue légère et tout à coup, surprise, on m’inondait de poudre blanche qui faisait disparaître tous mes traits. Sur l’instant, je m’appelais « personne » et progressivement, les maquilleurs, maquilleuses y ajoutaient des traits qui me rendaient le personnage que je devais être. La première fois qu’on me fit le coup, je ne savais vraiment pas comment on allait me refaire une figure. À deux, trois maquilleurs, maquilleuses à la fois, mon personnage prenait vie très rapidement. C’est le père Leduc qui dirigeait les opérations. Spécialiste dans le domaine et bien d’autres. Architecte, ingénieur, spécialiste en scénographie, il s’occupait de commander les costumes à New York, Paris et Londres. Nous avions des robes de bal conservées dans des écrins tels de gros violons d’orchestre. Tout ce qu’il fallait pour impressionner le jeune ado. que j’étais. Quelle merveille! Je me rendis saluer Gratien Gélinas pour lui apporter quelque chose. Surprise, le père Leduc était là, à discuter des décors de la fameuse comédie musicale de Broadway, Hair, ou la moitié des personnages étaient quasi nus, un seul était tout nu dès le début, jusqu'à la fin de la pièce. C’était presque la révolution à Montréal. On se demandait comment les autorités allaient réagir. Il n’y eut rien. Tout le monde qui voulait protester avait compris qu’ils n’avaient plus du tout le vent de leur bord. C’était la « Révolution tranquille », pas toujours si tranquille. Le père Leduc fut aussi responsable de la sonorisation de la salle Wilfrid-Pelletier (Bolth, Beranek et Newman) , de la Place des Arts. C’est lui qui compléta aussi les travaux de l’Oratoire St-Joseph à la demande expresse du pape en personne, car la chicane était « pognée » chez les bons pères qui ne s’entendaient pas sur le comment terminer les travaux de l'oratoire et le père Leduc, qui de son côté, était scandalisé de toutes les bavures qu’il y avait eues. (Secret d’État! Personne n’a jamais su ça. Et vous aussi, vous gardez ça « top secret ».) Merci, à genoux, mes bons papas et mamans cachées, les bonnes sœurs, pour avoir tant pris soin de moi.
Et la pièce se termina dans un tonnerre d’applaudissements. Bien certain qu’une pièce de théâtre à St-Laurent c’était comme une partie de hockey, tout le monde devait être là pour encourager les leurs. Une manie que les gars du hockey avaient prise après m’avoir ramassé dans le coma. À la fin d’un événement, pour me remercier, on m’embrassait par l’arrière, sur le cou. Cet événement dramatique nous avait tout rendu, frères... d’armes. Ce fut vraiment le moto du tous pour un et un pour tous. J’ai dernièrement parlé à mon bon Georges (Brossard). M’a téléphoné le matin et j’entendais un bruit qui faisait waw waw waw waw. J’ai dit, c’est qui l’animal qui est au téléphone? Et la grosse voix m’a répondu, « C’est Georges, Georges Brossard. » « Comment ça va mon Richard? » « T’es dont fin mon Georges! T’es dont fin! Tu ne changeras pas. Toujours généreux, cher Georges des papillons de l’Insectarium et du monde entier! Tous des cadeaux que tu as pu nous donner.  Nous sommes frères pour l’éternité. Je te serre fort mon Georges. On doit se voir prochainement. Incroyable. 62 ans plus tard! Oui, frères pour l’éternité.

UN GRAND AMI QUI ME QUITTE
MARCEL FUGÈRE DE NEW-CARLISLE, BAIE DES CHALEURS, GASPÉSIE
À l'instant, Marcel, un grand ami qui me quitte. Tout un artiste en plus. M'a appris beaucoup au théâtre et à la danse. A fait partie des Grands Ballets canadiens à Toronto à l'époque. Il pratiquait dans une grande salle de toute beauté, entourée de miroirs, de l'Université York de Toronto. J'allais le voir régulièrement pour l'encourager, car j'étais dans l'Aviation, à Centralia, tout près à l'époque. Était à contrat avec l'Opéra allemand de Hambourg. C'est lui, à gauche sur la photo ci-bas. Danseur étoile.

 

 

 

 

 


Tout un bonhomme que ce Marcel. D'une morale à quasi foudroyer un pape. Bref, un être intègre, être d'exception greffé à un grand humaniste. Un esprit grand ouvert.

Photo 2. Marcel, c’est lui qui me tient par la main. Avait une personnalité incroyable. Me présentait à une tonne d'artistes. Pouvait bien me tenir la main. Merci Marcel. « Cré » Marcel.
(Tom, Michael, Niko, Andreas, Klaus, Claus et Britta ont presque réussi à vie Marcel chercher ensemble, GROSSIÈREMENT CLASSER ET STOCKER. La fin du mois de janvier est chaotique affectueusement son appartement au loueur remis vide. C'est triste, ces traces d'un homme. Mais nous avons une infinité de belles photos trouvées et voulez-vous mettre en valeur. ) (Mot à mot de l'allemand.)

Photo no. deux (Voir la photo ci-haut.) La pièce de théâtre où je jouais de multiples personnages. C’est tout seul, derrière le rideau que je démarrai la comédie. Un « fun » ainsi qu'une crainte épouvantable et des gens drôles à la tonne. De gauche à droite : André Couture, Robert Rousseau, (ces deux dont je ne me souviens pas, mais que j’estimais grandement), Marcel Fugère, (un grand ami.), Richard (moi), Maurice D’Anjou (tout un comique), Jacques Cardinal (si sympathique), Yves Charron (un bon ami) et Jacques Desjardins qui ne cessait de me dire, « Labelle fait ci....Labelle fait ça », car au collège on m’appelait Labelle. Je trouvais Jacques formidable. Il n’avait pas la langue dans sa poche et ne vous envoyait pas dire ce qu’il pensait. Je suis allé pas mal à son école. Chaque groupe classe du collège avait le droit de monter au moins une pièce de théâtre par année. Vous imaginez l’ambiance qu’il y existait et en plus un journal que chaque classe pouvait publier. Nous avions trois auditoriums. Pour entrer au grand journal, il fallait lentement gravir les étapes. C’était un imprimé format tabloïd. Un pour les élèves et un pour les anciens, plus les publications spéciales. Très nerveux sur la scène, j’avais toujours peur d’oublier mon texte. J’en cachais partout sur moi avec en plus, des « souffleurs » professionnels. Et un souffleur professionnel, je vous jure que ça ne souffle pas à peu près. Ça me sauvait à tout coup.
J'avais 17 ans.(1957) 3 rôles différents que je jouais en changeant de costume. Marcel, qui vient de décéder, me tenait la main. Un ami extraordinaire. Mort à Hambourg en Allemagne. À l'époque, on jouait sur la plus grande scène du Québec et je ne suis pas sûr si ce n'est du Canada. C'était une scène tournante fabriquée à New-York. On était les seuls au Québec à avoir un tel équipement. Incroyables, n'est-ce pas? De très belles années où j'ai connu des bonheurs et des malheurs, comme tout le monde. La télévision du Canada a commencé sur cette scène. Et pour y jouer, on devait réserver à Radio-Canada. Incroyable!

"Choura" and Mikhail Baryshnikov in the Hamburg Opera House, Hamburg, Germany, 1976. -Collection Marcel Fugere.
Caro, I am an internationalists! I love every one. Could be some bad people, few, but most of them GOOD. I am a people lover. This is what make me sad about Marcel. I suspect he was afraid to be judged by me because I was going to be a priest few years later. That literally breaks my hart. I was a Marcel lover, he was a god for me. I feel sad, very sad, about that. He did'nt know that I was working with the most fragile people of the town. Poor people. I did work with people working in sex, trying to help them especially for their children.Yes, I am a people lover and a Marcel lover. I quitted priesthood few years after but worked for needed people all my life. I am an expert in suicide prevention. I published on the subject as a researcher. So, Marcel didn't know, but he was having a loving friend. My dear Marcel. So are Marcel's friends who are my friends, I love you. For the last ten years I did visit a rough jail to listen prisoners talking to me. I am a people lover.
LA SÉDUCTION ET LE THÉÂTRE

Certains diront que ça ne sert à rien dans la vie, le théâtre. Si vous dites ça, c’est que vous ne connaissez rien, je dirais... à la vie. Le théâtre, c’est surtout l’art de séduire et on ne séduit pas avec la baboune et les grosses voix. On séduit en allant chercher la personne sur son terrain, sur ce qu’elle aime, sur ce qui la fait vibrer, sur ce qui la préoccupe le plus, sur la vie, quoi. Je vais déraper un peu si vous permettez. J’arrivais en classe et je me demandais vraiment comment j’allais commencer mon cour et faire pleurer mes élèves. Oui, oui, oui, oui. Faire pleurer. Ça m’arrivait parfois. Et je braillais aussi, alors, ils en étaient quittes. Et je commence le cour... « Vous ne trouvez pas qu’aimer, c’est souffrant? leur demandais-je? Et vlan, je les avais tous piqués au vif. Ne savaient plus comment s’asseoir. Ils étaient déstabilisés. On se mit à parler de nos histoires d’amour. Du flirt. De la gêne. Ils en tremblaient presque. J’embarquai dans le jeu pleinement. Et en plus, je parlais de mes enfants. Bien oui…. L’AMOUR avec un grand A. Ce fut un cour dévastateur. Tout le monde pleurait, mais aussi, riait. Des niaiseries que j’avais faites, je leur disais. Ça riait. Et les gars? Devinez? Devenaient beaucoup plus émotifs que les filles. HA! HA! HA! HA! Je vous ai eu hein? Un cour sur le sexe, pas vraiment, mais un cour sur le vécu comme femme ou comme homme avec toutes les variables qui peuvent exister. Car oui, la sexualité humaine est un domaine privilégié d’expression de soi comme tous les domaines humains. (Vous saviez. Nous sommes le seul peuple (québécois) d’Amérique du Nord qui a les adolescents sexuellement les plus épanouis du continent. Canada anglais! Pas fort! Américains! Pires!

L’AVIATION. MON EXPÉRIENCE.

 

 

 

Moi et mon avion préféré, mon
Dakota. J’aimais voler avec
en pleine nuit. Quel tril!

C’était à Centralia, Ontario, au nord de London,
tout près des rives du lac Érié qui dans le temps
étaient superbes. La mention de la Reine,
qu’est-ce que vous voulez, quasi toute la famille avait fait la guerre.

Du temps que je fus dans l’aviation, on m’affecta au groupe d’élèves pilotes de l’OTAN. Quelle expérience! Donc, j’eus le grand plaisir de travailler avec plusieurs nationalités, dont des Suédois et des Norvégiens, des Turques, des Danois et j’en passe. Cette après-midi-là, on venait tout juste d’avoir un accident d’avion à l’école de pilotage. Le jeune Norvégien s’était trompé de piste et avait plutôt pris le champ des vaches. Il fut blessé au cou. Comme c’était un Norvégien, flegmatique, calme, tempéré, observateur, etc., etc. Une demi-heure après l’accident, il était déjà assis avec nous pour le dîner comme si de rien ne s’était passé. Il riait et avait dit entre autres, tu aurais du voir les vaches quand elles m’ont vu arriver. Un Anglais aurait été en choc nerveux et bien d’autres nations aussi. Un Norvégien, calme, respectueux et surtout, rieur. J’ai appris beaucoup de ces gens qui se vantaient d’avoir commencé à téter non pas leurs mères, mais la bouteille de bière à leur naissance. Car ça buvait, et pourtant, jamais saouls ou presque. Bien lire l’article ci-bas. C’est un peuple qui n’est pas prêt à se laisser fouiller dans la culotte pour abandonner sa liberté. Pas tout à fait. Ce fut pour moi, une vraie leçon de vie. En plus, c’étaient des pilotes extraordinaires. Pas des  peureux.
« La Norvège.  C’est un pays modèle. L’une des nations les plus riches du monde, tolérante, sociale démocrate, citée en exemple à tout propos. Et pourtant, c’est au cœur de cette douce Norvège, qui décerne chaque année le prix Nobel de la paix, que s’est déroulée l’une des pires tueries de l’histoire moderne. »
« Le carnage a commencé avec un attentat à la bombe visant les immeubles gouvernementaux du centre d’Oslo, le 22 juillet 2011. Anders Behring Breivik s’est ensuite rendu dans l’île d’Utoya, près de la capitale, où étaient réunis des centaines de jeunes sociaux — démocrates. Armé d’une mitraillette, le terroriste d’extrême droite a tiré de sang-froid sur les jeunes, bloqués sur l’île. Comme dans un jeu vidéo. La tuerie a duré deux heures et a fait 77 victimes. »
« Malgré l’horreur du massacre, les autorités ont refusé de céder à la panique. « Notre marque de fabrique, c’est une société ouverte, et c’est cela qui est attaqué aujourd’hui », a déclaré le premier ministre Jens Stolenberg. Son gouvernement n’a pas resserré les mesures sécuritaires, pas plus qu’il n’a adopté de lois antiterroristes. « Nous ne sacrifierons pas nos valeurs. Notre réponse est plus de démocratie, d’ouverture et d’humanité, mais jamais de naïveté », a promis le premier ministre. »
« Sa réaction a été bien différente de celle du président George W. Bush au lendemain des attentats du 11 — septembre aux États — Unis. En Norvège, pas question d’espionner les citoyens, ni de restreindre leurs libertés au nom de la sécurité. Cette attitude d’ouverture a fait l’unanimité parmi les politiciens – et la population norvégienne. »
« Après la tuerie, personne n’a remis en cause la compétence des services de sécurité. Et personne n’a tenté d’instrumentaliser l’émotion suscitée par l’attentat à des fins politiques, a constaté le quotidien français Le Monde avec une pointe d’envie : « Dans son malheur, la Norvège reste fidèle à elle même. Elle s’interroge, mais ne se renie pas. Une leçon pour nos démocraties. » (Tiré d'un article que je ne trouve plus.) Un véritable hommage à la Norvège.

 

 

 



Une approche où j’étais assis sur le bord de la porte, tout heureux, tout
juste sur le bord de la porte pour sauter en parachute à Trenton.
Trenton, dans le temps, était la plus belle base militaire de l’aviation au Canada, sur le bord du Lac Ontario, un paradis. On y mangeait dans la grande salle à manger de la reine. Vous auriez dû voir l’ameublement. Pas possible! Quand je descendais de l’avion, je devais déposer ma casquette dans un plat d’argent qu’un jeune page gardait avec lui pour m’accompagner, finalement, jusqu’au mess des officiers. Il y en avait plein pour ébrouer tout le monde mes amis, c’est certain! Moi, j’étais très intimidé, pas habitué à un tel décorum. Et mes amis, il y avait une marina.... les officiers s’en payaient des bateaux, pas seulement des avions. J’étais vraiment émerveillé. Mais, l’avion pour moi, c’était le summum. J’ai fait mon premier voyage d'avion, en pyjamas, direction Churchill, car plusieurs pilotes devaient faire leurs heures et me forçaient à embarquer même si je n’étais pas convenablement habillé. Tout un monde!

ST-JEAN-VIANNEY
Oui, c'était typique de nos collèges. St-Jean-Vianney ne fut pas très différent de Saint-Laurent à cet égard. Nous étions bien sûr dans un séminaire, mais je vous dirai tout de suite qu'une gang de gars, c'est une gang de gars et qu'une gang de gars, c'est dangereux! Pas toujours, mais souvent. Ce furent les années 1960 à 65. Cinq ans d'étude acharnée avec les examens tous les lundis matin. Ce qui voulait carrément dire que toute la fin de semaine, on étudiait comme des fous. Une discipline de fer. Ces examens me rendaient quasiment toujours malade. Un stress épouvantable que m'évita, plus tard, mon université américaine tellement ils trouvaient terrible ce que je vivais. Ce n'était plus le même monde, c'était un monde très au fait de toutes les dernières parutions scientifiques. Indiana fut le sommet pour moi, mais St-Jean-Vianney fut le summum pour ma spiritualité, mais aussi, la littérature, les centaines de lectures, le latin, géographie (dont j'étais fou), l'histoire, la géométrie, les maths modernes, etc.. J'étais un enragé de lecture et j'ai eu l'occasion de lire au moins partiellement quasi tous les grands saints de l'Église sans compter mon année de silence, le noviciat, qui me donna l'occasion aussi d’enrichir grandement ma vie intellectuelle et ma spiritualité.
Bien certain qu'on m'avait bien « inspecté » à mon arrivée. Interview serré par le père Bouchard sur ma spiritualité. Après cette inspection, le père Bouchard, qui m'avait interviewé devint quelqu'un dont j’eus toujours la confiance durant toutes mes années de séminaire. Je lui avais parlé à coeur ouvert. Il avait été presque traumatisé de connaître tous les périples que j'avais faits en plus des nombreuses aventures que j'avais connues. J'étais très sérieux, je voulais faire un prêtre et pas n'importe lequel. Alors, je prenais les moyens. La prière en particulier et la lecture. Une lecture sans fin des grands saints de l'Église y compris de Saint-Exupéry, tout cela pour faire rire mon directeur spirituel, comme on appelait ça dans le temps.

Je dois avouer avoir eu des éducateurs et des professeurs en or. La majorité de ceux-ci étaient des laïcs, spécialistes de haut vol dans chacun de leur domaine. St-Jean-Vianney ne payait pas du tout en apparence, mais un esprit incroyable y résidait. On faisait vraiment des merveilles avec quasi rien. Tout le monde mettait la main à la pâte. Quelle solidarité. En plus, j'arrivais avec ma formation du collège Saint-Laurent et les pères s'en rendirent compte tout de suite. On me sollicita donc pour toutes sortes de petits services qui allaient enrichir le curriculum de St-Jean-Vianney, quoique notre collège n'avait pas à apprendre du grand monde pour la qualité de son enseignement.

Il arrivait régulièrement des accidents dans nos collèges. Bien sûr, comment faire différent avec des gars. Y faut surtout jamais dire à des gars que telle chose est dangereuse. Ce n'est pas du tout un conseil que vous donnez mais plutôt un défi que vous lancez à la « horde ». Un bon confrère de collège fut accidentellement « perforé » par un javelot « perdu ». Panique! Mais malgré tout j'ai pu rapidement le rassurer. C'était certain qu'il n'était pas en danger de mort comme il me le demandait. Je pris la peine de passer le doigt autour du dard du javelot pour lui démontrer qu’il n’y avait pas du tout de plaie ouverte. Il n’y avait d’ailleurs pas une seule goûte de sang. Le javelot a fait « pluk! » et tout s’est refermé instantanément autour de la pointe, bien logée dans un muscle du dos. L’ambulance arriva, on embarqua mon copain et une fois parti, je me suis étendu de tout mon long par terre. Je venais de perdre connaissance, quasiment en état de choc. Le plus curieux, mon état fut considéré plus grave que mon copain au javelot. C'est tout comme si la pointe au bout du javelot m’avait comme « brisé » le cœur. Il avait pour nom de famille, Poisson. Il devint plus tard, prof. d’éducation physique à Sherbrooke. Quelle aventure!

 

 

 

 

 

Un très bon ami de St-Jean-Vianney, Robert Brosseau à l’Expo 67

Pauvre Robert. Il était mal à l’aise à notre dernière rencontre? Il avait peut-être peur que je parle trop, car nous avons assez souvent fait la fête à l’Expo 67. Rien de mal n'a été fait. Je lui présentais, à l'époque, des fameuses de belles femmes. Katerina ne fut pas la moindre. Elle connaissait à peu près tous les p’tits marins qui arrivaient de divers pays de par le monde. Oui, elle était "internationale" et oui, oui, oui, j’avais des contacts. Peut-être, Robert avait-il peur que je parle trop pourtant, il n'a rien fait de mal ce cher Robert. En tout cas, il pourra dire qu’il en a profité et que c’était très souvent son chum (moi) qui l’alimentait en beautés fatales. Il était souvent pâle le lendemain. Pas surprenant. L’année d’avant, pour aider mes finances, j’avais fait du taxi. Deux années plutôt qu’une. Or, si tu veux faire de l’argent avec le taxi il faut que tu connaisses les « milieux douteux ». Je me fis rapidement une collection enviable. C’est comme savoir parler anglais chez les Anglais. Or, mon agenda de séminariste fut plein de toutes ces adresses exotiques qui me permettaient de faire de l’argent, pas mal, et Robert le grand, en bénéficia indirectement. Un grand 6 pieds et 3 vers le 4pcs, blond, yeux bleus, etc., etc., etc. Il m’a suivi à l’œil pendant toute l’Expo. Il fut toujours intéressé et gratifié, bien sûr. Nous étions de très grands amis. Et moi, futur prêtre, je comprenais bien mon « p’tit copain »! J’avais le fou rire. Alors, oui, oui, oui! Il n’a pas manqué aucune occasion le grand six pieds. C’était un copain de collège, mais un peu plus jeune que moi. Y pouvait bien avoir l’air en panique quand je lui ai dit mon âge. Cré Robert. Il ne perd rien pour d’attendre. À la prochaine occasion, je vais lui servir la « soupe », assez chaude, merci. C’est un bonhomme que j’estimais énormément et que j’estime encore. Son frère allait en vitesse en avion nous chercher du chevreuil dans l’ouest et revenait, tout cela en dedans de 2 heures et demie, trois heures. Il était pilote de chasse pour l’aviation canadienne. Il s’appelait Richard comme moi et les avions, on en mangeait. Ouais, ouais, ouais, le grand maudit, y peut bien se sentir mal. Pour bien des raisons d’ailleurs. C’était aussi un gars très d’affaires. L’avoir écouté, j’aurais sans doute eu une vie plus facile, mais pas dans mon domaine. Je voulais vous faire rire un peu, chers amis. Mais, là, mes chers, si vous aviez vu les femmes qui m’entouraient à cette Expo 67! C’est ce qui est arrivé à Robert. Blague! Subjugués par les beautés. Y paraît que j’avais l’air innocent, me disait-il. C’est vrai. À savoir si je l’étais.... pas tout à fait!
Et « pi » t’es encore là, p’tit maudit! Vous raconter les six mois de l'Expo que j’ai vécus! Ça ne se peut quasiment pas. Ma patronne est devenue vice-présidente de Esso en sortant de l’Expo et j’étais son adjoint. Dire que Robert était pas à peu près en maudit contre moi que je ne profite pas de l’occasion pour avoir une belle job. Il avait, en plus, parfaitement raison. C’était vraiment un gars d’affaires qui voyait toutes les occasions. J’aurais eu beau me donner un bon coup de pied à la bonne place, ça ne changerait rien. Oui, je suis sûr qu’il trouva dur de me voir vieillir en pensant à tout ce qu’on avait vécu de fun d'autant plus que j’avais la réputation terrible d’être un peu le fêtard qui ne se couchait pas ou si peu. Robert, lui-même, n’arrivait pas à me suivre et tombait endormi. Trop drôle. Je ne peux plus rien faire de tout cela, maintenant. Même, ma fille Sarah pleure de me voir vieillir. Bon, c’est la vie.
 Il y a d’autre chose au fond de tout ça, je pense. Robert avait une grande admiration et amitié pour moi. Un genre de gêne, de retenue, je ne sais trop quoi, mais aussi une grande amitié. Il m’a toujours eu en grande estime voyant peut-être que j’avais du « poil » aux pattes depuis un bon bout de temps. On pouvait rire, s’amuser et tout ça, mais je sentais qu’il me prenait toujours très au sérieux et n’aurait osé me demander une rencontre, car pour lui, c’était à moi à lui demander comme dans l’ordre des choses. Son frère était pareil. Il me donnait des conseils très pertinents, mais sans arrogance et je lui ai dit... » tu avais raison Robert! » Mais, je n’ai jamais dit, j’aurais du. Curieux la vie! J’espère que j’aurais la chance de me reprendre entre-temps, car j’aimerais bien ça le revoir ce Robert. Curieux aussi, l’amitié!

L’OUEST

 

 

 


La magnifique forêt de l'Ouest, près du Yukon, nous attendait. Nous étions
tout près de Dawson Creek avec son hôtel Montréal, style French Cacan. Celui
dont la tête dépasse au milieu de la photo, mesurait 7 pieds et avait 15 ans.
Venait de San-Francisco. Il avait peur de moi. Je n'aimais pas ça du tout. Il a
appris à me connaître. Main ferme dans un gant de velours! Expérience
extraordinaire! J'en ai un qui avait l'air triste. Sa blonde n'était pas encore
arrivée, le pauvre! Cré Bob! Est devenu directeur de Radio-Canada anglais
à Toronto. Si je l'avais écouté, j'aurais sans doute été directeur de d'autre
chose mais, pour moi, ma liberté passait avant tout.

Oui, ma vie a été un peu genre vie de bohème. Il fut un temps où on pouvait me décrire à peu près dans le genre. Je me levai un matin, j’étais décidé, je partais pour l’ouest, Vancouver, etc. Je voulais voir mon pays et y trouver un job en même temps. On me fit comprendre à l’époque, que dans l’ouest, les jobs poussaient dans les arbres. Ce fut presque ça. Je téléphonai à mes amis Bob de Montréal et Paul de Toronto. Je savais, en particulier, que Paul avait du nerf. Il avait vu les grizzlys passer depuis longtemps et il n’avait surtout pas du tout froid aux yeux. C’était l’homme qu’il me fallait. Des arrangements furent pris et finalement Bob m’avait trouvé un "deal" formidable. On me payait mon billet de train. Le truc, prendre en charge une bande de petits morveux d’Anglais pour les amener jusqu’à Prince-George. J’avais l’expérience avec les jeunes et on me croyait facilement capable de remplir la commande. Bob ne se sentait pas les nerfs suffisamment solides pour prendre le relais. J’acceptai avec plaisir. Le premier rendez-vous fut à l’école des jeunes et le deuxième, à la gare Centrale. L’aventure vers l’ouest commençait. Les "ti kids" ne perdirent pas de temps pour m’éprouver et connaître mon « adresse ». Ils la connurent. Après Toronto, dans un délire de rage, je leur fis comprendre que je ne voulais plus entendre le mot « fuck ». Que s’ils avaient le goût de me tester, je les... en dehors du train de la plus belle façon. Que leur retour à Montréal se ferait à pied. Un grand malaise se créa. Le boss, le seul qui parlait français, allait leur donner des coups de pieds au cul s’ils avaient le malheur de le tester. Mais j’étais surtout, dans mon âme la plus profonde... UN ÉDUCATEUR et je les aimais beaucoup. Vous vous imaginez, certains pleuraient parce qu’ils s’ennuyaient de leur mère. Je devins alors, assez vite, un genre « nounou » pour tous ces jeunes Anglais canadiens. Et la forêt de pins de Colombie avec son tapis d’or (6 pcs d’épaisseur d’épine pin) et son toit fait de touffes de quelques branches vertes à quasi 100 pieds au-dessus de vous et le lac tout vert qui nous regardait. (Bear Lake dont les eaux se déversaient dans l’océan Arctique). C’était une véritable cathédrale qui nous invitait à retrouver notre innocence. Je ne le cache pas, dans ce lac, je m’y baignai souvent malgré le froid. Mais, ce froid n'était pas du tout du style de Montréal. C'était un froid particulier qui s'endurait assez bien. Dans cette eau, j’avais l’impression de retourner dans le sein de ma mère. Dans mon inconscient, je crois, c’est ce que je faisais. J’embrasse bien fort ma maman qui est en haut. Elle doit sûrement être émerveillée de voir tout ce qui m'entoure!  Oui, nous allions vers l’ouest, mais cette fois en train, genre parfait train western avec la petite fournaise à bois dans le coin et les fameuses lampes à l’huile que l’on trouvait dans les bars de cowboys. Un décor fantastique. Mais, mes petits Anglais voulaient encore me tester. Ça parlait un peu cru. Ils ne savaient surtout pas ce qui les attendait ces petits « marsouins ». Je gardai le silence total, mais j’avais remarqué qu’on venait d’embarquer une autochtone qui se préparait d’urgence à mettre au monde un beau p’tit bébé.  Quand elle commença à crier, la panique prit chez mes jeunes. Ils voulaient partir. Nous étions quand même à l’autre bout du wagon. Alors, je leur ai dit, vous avez parlé assez crûment depuis quelque temps, alors, je veux que vous entendiez un enfant arriver au monde. J’avais avisé les responsables du wagon qui furent d’accord avec moi. Et je m’installai avec mes "ti-culs" qui en tremblaient. Une heure plus tard oui, oui, oui un enfant adorable nous était né comme ça. Et mes jeunes qui passaient par toutes les couleurs de figure, mais qui doucement reprirent leur souffle et tombèrent plutôt en mode admiration. Ils trouvèrent ça tellement beau. Je fis signe à la maman pour qu’elle accepte de les recevoir, un à la fois, pour les félicitations. Et les p’tits maudits, certains, c’étaient faufilés pour aller acheter des cigares... pour le père. Je les trouvai vraiment superbes. Ils furent tous reconnaissants après l’événement de ce que je venais de leur faire vivre. Ces jeunes étaient tout en admiration de voir que j’avais un peu anticipé l'événement et me préparais à leur en mettre plein les yeux. Ce fut un événement de plus à ajouter à leurs aventures qui débutaient dans l’ouest. On reconnaît les bateaux aux tempêtes qu’ils affrontent. J’avais trouvé mes jeunes pas mal extraordinaires et on avait vraiment organisé un pique-nique de fête pour le souper. Et ça jasait là, mes amis!!! Y compris moi! Bien sûr.   Le fameux train qui n’existe plus aujourd’hui, je crois, était le genre qui « pissait » à tous les poteaux. Il fallait être très patient, car il ravitaillait tous ceux qui en avaient de besoin. Donc, arrêts dans à peu près tous les groupes autochtones qui jalonnaient cette route. etc. Cette aventure, je l'ai aimé comme un p’tit fou, mais quand j’arrivai à Montréal après ce tintamarre, je fus du pour un bon trois jours de sommeil d’affilé, caché chez ma tante Pauline qui savait bien garder le secret, tout heureuse de m’avoir avec elle.
L'initiation
Il fallait bien un jour que ça m'arrive et ça m'arriva. Je fus vraiment gâté dans l'ouest. Vous vous imaginez. Le matin, mon cheval, à l'occasion, me réveillait. Il hennissait de plus belle. Quand je lui disais "chut up" il revenait les dix minutes suivantes et ainsi de suite. Un vrai « snoozer » à quatre pattes. Et le pire, quand je daignais me lever, mon cheval m'attendait. C'est lui qui m'amenait au lac avec toute ma trousse pour que je puisse m'y laver et me baigner. Pas un chat, sauf un cheval, bien sûr. Je me mettais tout nu, me lavais et me baignais pendant un 15 minutes avant de daigner m'assécher, remonter sur mon cheval pour aller déjeuner. C'est le luxe que je me payai pour être le patron d'une bande de petits morveux que j'adorais. Ceux-ci le savaient que je me payais ce que je voulais. Parfois j'en embarquais un ou deux avec moi pour la saucette matinale. Il fallait qu'ils souffrent de me voir en petite tenu, car il n'était pas question dans ma tête de changer mes habitudes. Mais ces jeunes étaient tout simplement émerveillés de voir la beauté du lac. Ces jeunes s'acclimatèrent à moi et finirent par bien m'aimer. Je le sentais. Ils vivaient avec une personne juste qui les aimait, mais qui ne laissait pas passer les bourdes. Le plus important pour moi, je voulais qu'ils apprennent. Je ne fus pas du tout le seul patron de la place. Bob O'Reilly, mon copain le fut aussi. Quelques années plus tard, il devint directeur de Radio-Canada anglais pour tout le Canada, à Toronto. Il avait un « mon' oncle » sénateur. Ça aide, bien sûr. Mais nous étions de grands, très grands amis et rien n'y fit pour semer la zizanie entre nous deux. Il était chanceux, il avait sa blonde avec lui. Quand il protesta pour mon cheval, je mis sa blonde dans la balance. Tout se replaça comme si rien n'était arrivé.

Dans le temps, l'amour en Réserve autochtone.
Mais, moi aussi, je voulais une blonde. J'étais peut-être séminariste, mais je n'avais pas du tout l'impression d'être fait de plâtre. Je le savais depuis longtemps. Mon Bob, qui était un spécialiste des intrigues en parla à mon bon ami autochtone avec qui j'étais très proche. Ingénieur en électronique, diplômé de Simon-Frazer University de Vancouver, celui-ci venait réfléchir sur la réserve à savoir s'il était pour retourner travailler chez les Blancs ou retourner à sa trappe. Ceci me troublait terriblement. J'essayai de comprendre. Vivre « riche » chez les Blancs. Heureux? C'est une autre chose. Ou pauvre et heureux, fidèle à sa culture, en vivant de sa trappe au Yukon ou quelque part ailleurs. Je manquais vraiment de maturité pour comprendre un tel enjeu. Vivre, fidèle à son âme, ou courir toute la vie après l'argent. Car celle-ci est un maître impitoyable qui nous taraude tellement que nous n'en n'avons jamais assez. Donc, mon Bob trafiqua quelque chose avec ce bon ami ou lui « joua du violon » dans le genre « Poor Richard! You know, he's alone and need a girld friend. Même si j'avais été d'une autre orientation, Bob aurait fait la même chose pour moi, car chez les autochtone et chez Bob, ça n'avait pas vraiment de différence. Un monde très ouvert sur ce point, les enfants étant libres jusqu'à 14 ans. Et pour toute sa vie, on ne donne jamais d'ordre à un autochtone. Il sont totalement libres, à vie, dans leur âme et dans leur corps. Donc, bien difficile pour les blancs que de comprendre ces peuples. Ils vivent tout simplement au rythme de la nature qui est leur seule horloge. Finalement, j'appris par mon bon ami qu'on me cherchait une femme. Il n'aurait jamais osé dire ce qu'il pensait vraiment, mais je le devinai. Quand je me levais le matin, mon cheval me parlait! Pas bête un cheval. Non, mon cheval ne me parlait pas, mais me permettait, en s'occupant de me trimbaler partout, oui, il me permettait de réfléchir. Je devins craintif, car, je savais très bien, pour connaître ces autochtones, qu'ils pouvaient, à l'usage, t'offrir les services de leur propre femme. Ca me faisait vraiment peur, car je ne me voyais surtout pas coucher avec la femme de mon meilleur ami qui avait quand même plus d'une femme, tout cela bien caché. On est coureur des bois ou bien on ne l'est pas ou coureur après d'autres « choses ». Et quand ces gens t'offrent leur femme, ils peuvent être très sérieux, car pour eux, c'est un honneur qu'ils te font d'agir ainsi, car ce processus favorise l'échange des « liquides » qui vont améliorer la race autant pour eux que pour toi. Ils sont aussi convaincus que dans la relation avec la femme, l'homme retire et retient quelque chose de celle-ci. Son organisme à lui aussi est modifié selon les liquides différentes nations autochtones. N'est-ce pas les autochtones d'Amérique qui nous initièrent à l'amélioration de la race chez les chevaux par exemple. Ils savaient comment mettre en réserve un mâle exceptionnel pour attendre une jument, qui elle-même en réserve à cause de ses performances, pourrait être présentée au mâle. La même chose pour les fermes dans le monde. Des catalogues de millions de bêtes offrent les spermes de tel ou tel autre animal pour qu'il puisse être utilisé afin d'améliorer la race. Pour certains autochtones, le rationnel est le même.

 

LE MÉTIER DE TAXI
J'ai aussi fait, en particulier comme métier, un chauffeur de taxi. Étudiant au grand séminaire de Montréal. Vous imaginez, collet romain, veston noir, chemise blanche, le parfait petit gars straight. Mais le p’tit gars straight se posait beaucoup de questions. J’étais chanceux, j’avais un confesseur qui avait déjà vu les "p’tits trains passer" et que je faisais rire aux larmes. J’aimais rire. Je pense que c’est le résultat d'une intoxication venant de ma grande cousine Alice qui était folle à attacher. 82 ans et ça ne tenait pas en place. Incroyable! Sa chambre d’hôpital était toujours pleine de visite quand elle était malade. Tout le monde y allait pourquoi, vous pensez?  Pour rire! Et parfois, pour jouer aux cartes.
Oui, chauffeur de taxi à Montréal, tout juste avant l’Expo. (1966) Montréal était un véritable bordel, plein de boue partout. Au Ritz, on avait couvert toute cette cochonnerie d’un immense tapis rouge question de protéger le prestige de la place. Un américain qui voulait y séjourner devait me donner 50 $ minimum (pourboire). Tout dépendait du soir. Ce n’était que l’entrée. J’allais voir le « Door man ». Question de négocier. Mon client, un juge américain célèbre avait une femme qui en m’entendant dire que le Riz était le rendez-vous du jet set mondial a dit tout de go à son mari, « Chérie, we should go to the Ritz. » Bien certain. Ce soir-là, le Tout-Montréal était en véritable infervescence. C'est complet, me dit-il. C'est exactement là que mon 100$ américain tout neuf que je lui faisais miroiter devant les yeux eut tout son poids. Je parle discrètement dans l’oreille de mon client et la réponse fut : "No problem, no problem Richard, you make it. » J’ai fait le « you make it » et vlan, le juge et sa femme avaient une chambre première classe au Ritz. Limousine à 6 portes, pleine de manteaux d’hier en plein été. Y sont fous ces Américains, ils croyaient que nous étions le pôle Nord. C'était l’impresario de Liberace qui arrivait. Oui, vous auriez du voir. Deux limousines de six portes chacune. Pire que le magasin Eaton. La première, pour l’impresario et ses invités. Et ça ne buvait pas ordinaire ce petit monde-là en plus. Et la deuxième limousine, pleine de gros manteaux de fourrure d’hiver, en plein mois de juillet à Montréal. C’était, rien de moins, que le congrès international de l’American Bar Association. L’argent et bien d’autres choses coulaient à flots. C’était la partie brillante de mon job. La moins brillante, les bordels. Mais pas vraiment moins brillante. Est-il nécessaire de dire que si tu veux faire de l’argent dans le domaine du taxi, tu dois connaître madame une telle et l’autre une telle, etc., etc., etc. Toutes tenancières de distingués bordels. Cela s'entend. Comme je n’étais pas du tout du genre à cacher mes accointances, elles savaient toutes que j’étais étudiant pour devenir curé. Elles m’appelaient d’ailleurs leur petit curé adoré. J’avais droit à des redevances pour tous les petits « cochons » que j’amenais. J’étais mort de rire. Bien sûr qu’à ce moment-là je ne portais pas mon collet romain. Il est vrai que j'aurais pu avoir mon goupillon pour les bénir avant les divines jouissances. Mais, il n’était jamais bien loin ce fameux collet, au cas d'urgence. On ne sait jamais. Il pouvait bien certain me servir dans des affaires plus sérieuses. Je dois dire que ces gens m’aimèrent vraiment et jamais n’essayèrent de me flouer dans les redevances qu’ils me devaient. Tellement que, l’année scolaire commencée en septembre au grand séminaire, je recevais encore des enveloppes. Oui, oui, oui.... des enveloppes, pas brunes celles-là. Souvent blanches ou roses. Pas cute, non? Quand venait la fin de la nuit, vers 4hs du matin. C’était le job d’éviter à certains, certaines de se faire battre. Nous étions plusieurs taxis à être de connivence pour ramener chez eux, par exemple, les trans genres et autres, plus facilement la cible de certaines têtes fêlées. Nous avions développé un système radio qui, avec la collaboration de nos patrons, pouvait acheminer rapidement un, deux ou trois taxis quérir une personne en difficulté. Un milieu dur? Pas vraiment. J’avais parfois la larme à l’œil. Pas évident toujours, la vie de certains. Même des étudiant(e) s de McGill gagnaient leurs études en se faisant vivre par leur travail aux bordels ou accompagnateurs de bonnes dames. Ils vivaient très bien, je vous jure. L’idée, c’était de donner un bon sprint l’été tout en gardant une certaine vitesse de croisière durant l’hiver. Et il y avait du beau monde dans ça, je vous jure aussi. J’avais dépanné un jeune homme d’une mauvaise aventure. Pour me remercier, il m’invita au restaurant, genre place où la faune en question se donne rendez-vous. 2e étage, très belle place. Après le souper, le jeune se met en train de m’offrir gracieusement ses services. Tellement pris dans ce rouage infernal, ils ne peuvent se débarrasser des réflexes qui les accompagnent. Non, merci, lui dis-je. Il avait l’air déçu. Je lui ai simplement dit : "Listen guy, you make your job well. So, let me make mine too. You understand for sure » C’était mon étudiant de McGill.  Seul mon confesseur connaissait ma combine. J’en profitai pour donner quelques sous aux œuvres, question de me faire pardonner ce « moyen » péché. Mais dans ce monde, vous allez trouver ça curieux, j’ai rencontré des gens attachants. Finalement, c’étaient des humains comme vous et moi. Facile d’enseigner la vertu quand tu as été élevé dans la ouate. Pour d’autres, c’est plus difficile comme celle qui voulait se débarrasser de sa drogue. Beaucoup de drogues dans ces milieux. Épouvantable. Elle avait un gros problème. Elle avait un enfant et ne voulait pas lui dire le vrai métier qu’elle faisait. Vivait très bien. Gros condo de luxe, vie trépidante. Travaille plus la nuit et s’amuse le jour. Bon, me dit-elle, j’ne veux quand même pas être obligée de lui dire que je suis une pute à mon enfant de 7 ans. C’était un très gros problème moral pour elle. Elle a fini par quitter le métier, mais pas pour longtemps, car ses dettes de drogues lui commandaient de revenir au travail. Pas évident, hein? Je ne sais trop si le p’tit pit a su la « vérité », mais je trouvais cette situation triste à en mourir. Et moi, je me serais permis  de juger cette personne?  Allons dont. Elle avait des qualités extraordinaires. Gagnait sa vie. GAGNAIT SA VIE!  Oui, dans la vie, nous sommes tous conviés à GAGNER NOTRE VIE, ce qui est plus qu’honorable. Ce que je répétais régulièrement à mes étudiants(e) s. GAGNER VOTRE VIE. Y avez-vous déjà pensé. GAGNER, GAGNER, GAGNER....VOTRE (pas celle du voisin), VIE.  Fabuleux! Toujours est-il que j’ai quitté le milieu avec beaucoup d’attachements au cœur de ces gens que l’on juge trop souvent de haut. En finissant. Je veux vous dire que parmi mes anciens directeurs d’école, au début de mon enseignement, j’en ai eu plusieurs qui étaient d’anciens bar Man. Ils furent parmi mes meilleurs, car, au moins, ils connaissaient leurs limites et avaient un sens incroyable de la communication humaine.  Le Lovers à Laval, le gérant me fut d’un grand secours pour m'aider avec certains de mes élèves gravement à problème. J’allais parfois y passer la nuit à parler. Il me payait mon déjeuner du lendemain et hop! J’entrais en classe en pleine forme, car j’avais beaucoup parlé et je m’étais beaucoup défoulé.  Je venais de passer une nuit blanche. Pas grave, c’est quelque chose que je faisais régulièrement. Les Anglais appellent ça des night owls.  Vous avez déjà observé cet oiseau. Une beauté d’un flair incroyable.  Oui, c’est bien beau des diplômes universitaires, mais la communication s’apprend comme on apprend la nage, pas dans les livres, mais en communiquant. Bien beaux les principes de Freud, mais, comme me disait mon Raymond, mon psychologue, intervenant durant 20 ans à l’urgence psychiatrique de nuit à Albert Prévost. (Hôpital du Sacré-Cœur de Montréal, à Cartierville.) Quand tu as un patient qui vient d’arriver et qui en pleine crise, qu'il colle au plafond. Freud et l’inconscient y sont bien loin. Ça s’appelle, pense vite et bouge vite. Et voilà un autre petit bout de vie fascinant que je remercie à dix genoux le p’tit Jésus de l’avoir vécu. J’ai appris, appris, appris, appris. Je me sens un gros toutou gâté même si certains jours furent sombres. Mais après la tempête, ton bateau se place, les flots radoucissent prêts à te consoler des peurs de toutes sortes qui t’ont habitées.  Merci, merci, merci à tous ceux, toutes celles qui  m’ont éduqué, aimé, tarabiscoté et je ne sais trop, en plus de m’aimer. Jacques Grandmaison qui était souvent à mâcher son prochain livre, comme il disait, m’a beaucoup appris sur l’humilité et l’ouverture d’esprit. Ça va ensemble. Comment peux-tu apprendre si tu crois tout savoir, tellement tu es prétentieux. Dans le fond, le prétentieux est anti-scientifique comme la certitude.  Jacques, je le rencontrerais demain et il serait toujours le même qu’il a été avec moi. Simple, intelligent, communicatif et porteur d’une interrogation constante sur la vie et tous les phénomènes qui s’y apparentent. Merci, merci, merci. Que c’est beau la vie.
Pas facile ce métier, je vous jure. Je faisais surtout les sorties de club à la fin de la nuit. On y rencontrait toutes sortes de monde que j’appris à apprécier, car le monde, pour moi, c’est du monde. Je n’avais pas vraiment de préjugés, j’étais surtout ignorant de ce milieu. Tout un milieu. Je me souvins surtout des bons mots de ma grand-mère qui me disait toujours qu’il y avait en tout être humain, des secrets à découvrir. J’en découvris à la tonne, je vous jure.
Les clubs! Hétéros, homo, chrono, chromos, pot, hach, lsd, cocaine, etc., etc., etc. Un monde bigarré où tu pouvais rencontrer le mieux et le pire. Comme exemple, je dirais que l’homosexualité est un « problème¨ envers lequel tout le monde est sympathique sauf quand il est dans leur cour. Un beau frère se vante d’avoir été à une noce “gay” de son cousin, mais met son gars à la porte parce qu'il ne lui convient plus. Et avec le Réseau, j’en ai vu des tristes histoires en général et des exceptions... en particulier. Chez les Indiens d’Amérique, l’homosexualité était une forme d’exceptions des dieux qui permettait à la personne visée d’avoir des dons et des communications exceptionnelles avec l’au-delà. Dans le fond, la culture homosexuelle est une autre culture. Un lis c’est un lis et une rose, c’est une rose. Demandé à un homosexuel ou lesbienne d’être “un autre ou une autre”, c’est carrément contre nature. Je m’échappais parfois en classe et disait toujours la même chose, » Si le Bon Dieu t’a fait homo... tu as le devoir de l’être. Et les autres? Tu ne peux pas être les autres comme les autres ne peuvent pas être toi. » Cet argument amena une file d’élèves chez Raymond le psy. de mon école. J’en étais tout fier. Pas de noms donnés, bien sûr, mais me disait, tu as visé dans le mille Richard. Raymond, Hélène, Monique, les deux Marie, Marie et moi et d'autres étions sur ce dossier. Quel travail ce fut. Pouvez-vous croire? Vous saviez? Le yogourt s’est implanté au Québec par les enfants du primaire. Une première mondiale en publicité du genre. Oui, nos enfants peuvent nous éduquer et beaucoup plus qu’on pense. Il suffit d’avoir les écoutilles bien ouvertes. Pour l’homosexualité, sujet plus corsé, je pense que l’éducation des gens est faisable.
Donc, je ramassais toutes sortes de monde. Un jeune avec son violon selle, une fille qui sortait d’une aventure ou un autre qui s’amenait, tout pressé, il voulait aller à Québec. Montréal-Québec mes petits amis! Vous imaginez? Je me mis aussi ami avec des transgenres. Je ne connaissais pas ce que c’était. Le sujet devint « brûlant » quand ces gens se mirent à me parler de leurs enfants. Oui, des enfants qu’ils avaient. J’eus le cœur tout bouleversé. Le problème, ils se faisaient souvent battre à la sortie de clubs. Les gars ne leur pardonnaient pas leurs « fausses représentations ». Je devins donc fidèle à en « ramasser » régulièrement à la même heure au même endroit pour éviter, justement, qu’ils se fassent battre en fin de nuit. Nous étions une dizaine de taxis à le faire. Et les bordels!
J’avais aussi ma collection de cartes de visite qui me permettaient d’amener monsieur, madame, aux endroits qui leur convenaient. Oui, le sexe, ça fait vivre bien du monde. Du méchant monde? Pas toujours! Du monde pogné? Souvent, car la drogue y était souvent mêlée. Le domaine des drogues, je ne connaissais pas beaucoup. Ça me faisait un peu peur et je ne le cachais pas. Comme le grand séminaire était en plein centre-ville, je n’étais pas non plus loin de mes intérêts pour visiter ces gens que j’aimais toujours. Le grand autochtone, d’une beauté dévastatrice, qui gagnait ses études avec la chose, voulut savoir comment il pourrait s’en sortir. Le problème, ça le faisait très bien vivre. Je ne me gênai pas pour lui dire de ne pas changer pour le moment, d’attendre de finir ses études avant de faire un changement. Il était fort bien entretenu le monsieur. Déjeunait régulièrement au Ritz. Qu’est-ce que tu veux de plus avec ça, lui demandai-je. Il était dans une situation ou il retomberait dans la misère. Pour moi, il n’en était pas question. J’en parlai à l’intervenante le lendemain et elle me rassura en me disant qu’ils étaient tous comme ça, qu’elle se faisait faire la même chose. Ils t'offraient leurs services gratis pour te payer finalement. Cette Marie qui me conseillait dans une foule de choses, je lui fais mes tendres salutations, car elle nous a quittés tragiquement suite à un cancer virulent.

VAL-D’OR POUR UN TRAVAIL ÉTUDIANT D’ÉTÉ.

 

 

 


Sur la photo, je suis au centre droit, en chemise
blanche. Une bonne famille qui m’hébergeait à Val-D’or.
Je ne me souviens plus de leur nom.

Je n’avais pas réalisé qu’on venait de m’envoyer en enfer. Persistant pour avoir un emploi, on se débarrassa de moi en m’offrant le pire, un travail à Val-D’Or. L’enfer! Non pas que Val-D’Or soit pire qu’ailleurs, mais je tombai sur une véritable bande de mal dégrossis que j’eus à endurer pendant tout un été. Un véritable supplice.
Je fus camionneur, conducteur de nacelle comme Hydro Québec en possède encore. La bande avec qui je travaillais n’avait pas du tout fait son cour classique, je vous jure. Ça sacrait comme des déchaînés (Un sacre aux trois mots!) et tu ne pouvais parler au patron, car on te soupçonnait tout de suite de collusion. Comme j’étais petit patron, il fallait bien que je parle à mes « gros patrons » pour leur faire rapports. Des gars costeaux, violents, sacreurs, paresseux, mais aussi, j’avais découvert, très peureux. Je venais de découvrir enfin où je pouvais frapper... là où ça fit mal. Ces garnements pouvaient prendre toute une journée pour poser un simple petit moteur. C’est tout juste s’ils ne le flattaient pas pendant deux heures avant de le déposer sur le socle qui allait le recevoir. Une vraie vie de fou. On me demandait régulièrement de stopper mon travail, car j’étais trop rapide pour eux. Vous avez bien sûr reconnu Hydro dans toute sa splendeur. L’incompétence magistrale et la crasse, tout autant. Je ne les aimai pas du tout d’autant plus que les sous-traitants, je le remarquais, faisaient de l’argent comme des cochons sur le dos des Québécois. On avait prévu une somme de 12 millions. Il en coûta au moins le quadruple et plus, car on ne vit jamais la fin de l’histoire. Nous avions même nouvellement reçu un « cul » électrique, le logo d’Hydro qui a une « queue » électrique. On l’appelait de cette façon quand c’est sorti. Je travaillais avec le "ti kid" dont le père avait fait le fameux dessin. On l’appelait le « ti kid » électrique aussi. Riait jaune, mais pas trop, car je n’aime pas être cinglant ou méchant. Ben du fun, en plus de ça en Abitibi, avec ma gang de tueurs qu’on m’avait donnés pour travailler avec moi. Je leur ai fait la peur de leur vie quand j’ai fait sauter un câble de grue en acier. Les fenêtres de dix maisons en ligne ont sauté. J’étais furieux. Les gars ont eu la peur de leur vie, car un câble qui saute de la sorte peut sectionner des corps humains en deux et arracher des têtes. Tout cela a calmé la gang, je vous jure et il me regardait en voulant dire que j’étais : « peut être très dangereux. » C’étaient de vrais animaux, il fallait vraiment les faire marcher par la peur.
Les ingénieurs, faut-il en parler. On ne les voyait pas et on n’y tenait pas non plus, même de les apercevoir. L’incompétence était souvent au rendez-vous. Ce fut tel, qu’Hydro fut obligée de faire venir du lac Saint-Jean un de leur plus brillant technicien à sa retraite qui avait une réputation qui n’était plus à faire. Curieux comme j’étais, je ne manquai pas de lui coller aux fesses pour apprendre. Première constatation. M. Gilot, nom du technicien, me fit approcher. Il voulait me montrer comment manipuler le 550 volts. Je ne voulus toucher à rien, mais je ne voulais surtout pas non plus manquer le spectacle. Toujours est-il, qu’on réinstalla le 550 et monsieur Gilot, connaissant bien son électricité, se mit les mains dans l’immense contenant d’huile qui isolait tous les gros connecteurs de l’usine d’acétylène de Union Carbide à Noranda. Il se rendit vite compte que le système manquait de force pour permettre le libre passage du courant. Il fit donc arrêter le 550 et se mit à défaire les bobines qui devaient activer le contact solide des bornes. Ho surprise, il découvrit rapidement ce qui n’allait pas. On avait fait semblant de refaire les bobines, mais seule la surface de celles-ci avait été changée, mais pas du tout l’intérieur. Tout cela aurait pu produire l’explosion de l’usine si on ne s’était pas rendu compte de la négligence du fournisseur qui perdit, sur-le-champ, tous ses contrats. Les bobines furent refaites en urgence et installées le lendemain après-midi et tout se mit à fonctionner normalement et l’usine, finalement, pouvait redémarrer. Aucun ingénieur n’avait vu le problème ou même deviné celui-ci. D’autres erreurs beaucoup plus graves auraient pu faire des morts en série, mais, heureusement, personne ne fut la lors de l’explosion d’une petite centrale. Pure négligence qui fut, bien sûr, cachée. Postes politiques, postes de préférés, etc., etc., etc. Une véritable caverne d’Ali Baba. Ça sentait la vermine à plein nez.
Ces grands travaux coûtèrent aussi une fortune en vies humaines. Les « ti-kids » chauffaient comme des fous et les nouveaux camions Éconoline qui venaient d’arriver sur le marché étaient beaucoup trop instables pour pouvoir faire de la vitesse avec. Une douzaine de morts au moins à part des électrocutions. Il y en eut au moins une demi douzaine et plus. Tout cela caché, car les distances, trop grandes. Et ça continuait à sacrer comme des cochons. J’en eus presque des hauts le cœur.
À Val-D’Or, mes amis, pour vraiment y connaître les gens, il fallait presque toujours y fréquenter les clubs de nuit. On y rencontrait les familles au complet : le père, la mère, les enfants, le bébé en chaise haute et le chien. Tous dans le même club et la police provinciale à deux tables plus loin. Pour un étranger, c’était simple, pas de club, pas d’amis, le vide total. Je m’ennuyai comme un fou. J’aurais préféré retourner à Prince-Georges avec les grizzlis et compagnie plutôt que de travailler dans cet enfer. Ce qui ne n’empêcha pas d’avoir aussi de bons amis... civilisés. M. Gilot en fut un. Un orphelin comme moi et pire même, car la ville qu’il habitait fut pulvérisée par un volcan qui tua toute sa famille. Je fis la connaissance aussi, d'un bon gars de mon âge, Pierre, qui terminait son classique. Sa famille me fut bien sympathique. Plus tard, j’allais connaître une autre partie de cette famille dont le principal métier était « videur d’hôtels ». Des mastodontes « éduqués » qui pouvaient vous vider un hôtel plein de malfrats en un temps, deux mouvements. Mais surtout, des gens comiques et chaleureux qui avaient en plus de l’éducation.
Les animaux qui me rendaient visite en Abitibi.

Cela se passa surtout en colonie de vacances ou sur la route de Val d'Or Rouyn-Noranda, en Abitibi. Nul secret pour aucun de mes amis de dire que j'adorais les animaux et je pense aussi un peu qu'ils m'adoraient. Un roman d'amour, quoi! Première péripétie que j'eus, avec un ours. Je devrais plutôt dire que l'histoire commença avec un premier ours. Je faisais du camionnage entre Val-D'Or et Rouyn-Noranda pour le compte d'Hydro-Québec. Je transportais des objets lourds. Dès 5 hs le matin, j'étais sur la route. Travailler si tôt le matin me rentrait vraiment dans le corps. Je trouvai ça très douloureux. Je commençai mes voyages vers le milieu du mois de mai. Rien sur la route, sauf cette « boucane » que le matin amène, résultat de la différence de température entre celle de la forêt et de l'air ambiant. C'était plate, plate, plate sauf, un bon matin ou ma vie « chavira » presque. Sur le bord de route, j’aperçus un copain inhabituel qui faisait du « pouce ». Avait sans doute faim. Un bel ours noir, jeune adulte, car pas très gros. Tout excité, je stoppai mon camion un peu plus loin et vins à sa rencontre, pas trop près quand même. Tout excité lui aussi, il courrait vers moi à toute allure. Je lui fis signe de stopper. Il s'exécuta immédiatement. Avait sans doute fréquenté une société quasi civilisée qui lui permettait de comprendre les signes des blancs. Je ne voulais pas être son prochain « steak » même si je savais que l'ours est un herbivore. Un copain de cette race avait quand même déjà mangé un jeune ado. qui avait les poches pleines de poissons. L'ours a sans doute pensé qu'il mangeait un gros poisson, il mangea le p'tit gars en même temps. Blanc averti, en vaut deux dit la chanson. L'ours et moi, on se regarda pendant un moment et subitement, je retournai à mon camion. J'avais une surprise pour mon gentil plantigrade. Ma réserve de 6 Coke et un gros sac de chips. En me revoyant apparaître, celui-ci se mit quasiment à danser. Bien sûr qu'il reconnaissait le produit. Du Coke! Banal pour un ours. Et des chips! Encore plus banal. Je lui fis signe de reculer, par prudence et je lui ouvris les 6 Coke et le sac de chips et je retournai à mon camion. Croyez-le ou non, j'eux droit à un spectacle incroyable. Mon beau nounours enfila les six Coke, un après l'autre, assis sur son gros derrière avec ses pattes qui dépassaient sa tête, tout juste assez pour avoir chaque Coke à hauteur de sa gueule et, finalement, d'un coup de patte, s'attaqua au sac de chips et le bouffa en un temps record. Je sortis encore de mon camion presque prêt à aller flatter mon nouvel ami. Mon réflexe ne dura qu'un instant, car je savais pertinemment que ces bêtes sauvages, tout aussi sympathiques qu'elles puissent paraître, pouvaient nous bouffer en un temps record. J'en pleurais presque. Je venais de me faire un nouvel ami, "unusual" comme dirait les Anglais, qui fut fidèle tous les matins durant à attendre sa pitance le long de la même route. La police d'Hydro m'aperçut sur le bord du chemin, avec mon ours. Ils n'eurent jamais le courage d'arrêter. "L'homme qui dansait avec les Ours tout en leur donnant du Coke." Un titre qui fait moins champêtre quand même!

 

 

 

 

 

L’EXPO 67 ET SES PÉRIPÉTIES
 
 Je travaillai pour les projets spéciaux d’Expo 67, en plus de la garderie, en partie dirigée par la GRC. J’aimais beaucoup la discipline du collège, j’en ai gardé la formation intégrale pour au moins une partie de ma vie. L’aviation fut pour un endroit que j’aimai de tout mon cœur. La discipline me plaisait beaucoup. Je fis toujours partie de l’escadron de précision. Nous faisions des présentations de toutes sortes, dont une, devant la reine. J’aimai ça comme un p’tit fou. Les projets spéciaux de l’Expo s’occupaient de la sécurité. J’étais souvent en service commandé sur des projets précis. C’était la discrétion absolue. Ça me plaisait. Bien certain, qu’à certaines occasions, je croisais du grand monde. La personne qui m’impressionna le plus fut une éminente prof. de Bible de l’université de Tel-Aviv. Elle me parla de la Bible pendant un bon trois heures. Nous eûmes des échanges incroyables. J’apprenais comme un p’tit fou. Minuit arrivé, je la fis monter dans une limousine accompagnée d’autos à gyrophare de la GRC, direction Dorval. Je l’accompagnai jusque dans l’avion. C’était une VIP et nous avions ordre d’accompagner ces gens d’une façon « top » sécurité. J’apprenais beaucoup et j’aimais ça, mais c’était un travail qui pouvait me demander d’être debout pendant 24 heures et plus. Pas de problème.  J’avais la couenne dure. Mon poste n’était pas vraiment à risque. Il était plutôt soft. Des accompagnements de toutes sortes surtout. Je fus souvent requis pour dormir à l’Expo vers la fin de celle-ci. On voulait avoir des personnes disponibles sur demande. Ceci me fascinait. J’étais toujours curieux de voir quel serait le prochain événement.
 
Non, par prudence.
En fait, il m’est arrivé bien des choses du genre. J’avais des contacts incroyables. Je venais d’un collège prestigieux, mais je restais le Richard ordinaire, tout simplement. Personne n’aurait pu imaginer les sorties que je faisais sauf le supérieur du grand séminaire ou mon supérieur de communauté et c’était motus complet. Secret total. De toute façon, mon supérieur de communauté ne parlait pas, car je lui amenais des bienfaiteurs (trices) qui lui amenaient pas mal d’argent. Il devait se douter que j’avais pas mal de contacts. J’ai rencontré des gens de Malartic l’été dernier. Ils en étaient gênés. Je connaissais plus de gens importants dans leur coin de pays qu’eux-mêmes. Lise, mon épouse, est toujours surprise de ces histoires. Ça ne fait pas longtemps que je me suis mis à parler. Je vieillis, 76 ans, et tout en respectant la confidentialité, je peux quand même parler un peu.  Je n’ai jamais parlé de mes aventures avant, mais jamais. 

Ron, du grand séminaire.
C’était au grand séminaire. J’avais fait connaissance avec un américain. Un bolé. Ingénieur, diplômé de West Point (the top aux U.S.A) et Marine, parlant plusieurs langues dont un français à la québécoise impeccable. Il avait été espion particulièrement à Berlin Est, côté russe de la division de la ville. Tout un bonhomme. En me disant qu’il avait été un genre d'espion, je comprenais tout de suite que j’entrais dans le secret. Si tu parles, c’est 20 ans de prison fermes aux U.S.A. J’arrive au grand séminaire un matin et monte à l’étage pour rejoindre mon ami. Surprise, il s’en vient tout naturellement comme ça en plein corridor. Tout nu, il s’en va aux douches. Je ne dis rien et va dans sa chambre chercher sa robe de chambre et lui apporte aux douches. Et je lui dis, Ron, « better putting something on you before you get out ». J’aimais pratiquer mon anglais avec lui. Je lui fais comprendre qu’à Montréal, au grand séminaire en plus, on ne va pas aux douches tout nu. Ce n’est pas le vestiaire du club canadien de Hockey. Personne n’a jamais rien vu et su. Ouf! Mais voilà que le supérieur le fait venir. On remarque qu’il reçoit des lettres, dont une, tous les mois, du State Department des U.S.A. C’est sans doute son salaire d’ancien espion qui entre. Car un espion américain a un salaire à vie pour éviter qu’il soit acheté par un autre pays. Quelques semaines après, il m’apprend qu’il est transféré à Berlin comme secrétaire du cardinal archevêque et qu’il fera aussi son grand séminaire à Berlin. Le Vatican, sans doute, ne voulait pas voir un espion à Montréal. On se fit non pas des adieux, mais des aux revoirs. Un être d’exception, tout ordinaire, jeune, éduqué comme ça ne se peut pas. Sans doute que le cardinal allemand voulait en savoir davantage de ce que Ron savait des communistes et autres. J’eus quelques nouvelles par le consulat américain à Montréal, mais finalement on se perdit de vue. C’est la première fois que je parle de cette chose. Ça fait quand même plus de 45 ans. Le mur de Berlin est tombé. Le régime communiste s’est effondré et Ron doit être comme moi, il est à sa retraite. C’est curieux la vie. Éduqué dans un collège de riches, le collège St-Laurent, il est certain que cela me plaçait de telle façon que je rencontrais des gens de la haute et de la très haute. Mais cette expérience fut tout à fait spéciale et inoubliable. Mais ce ne fut pas la seule. Bien sûr que j’avais rencontré Ron dans un milieu spécial. Car le sachant secrétaire du cardinal de Berlin au beau milieu de la moitié d’un pays communiste, je voulais éviter de le compromettre. J’ai toujours pensé qu’il était retourné à une autre mission spéciale. Il parlait russe comme un citoyen de la banlieue de Moscou ou comme un citoyen qui avait fait un long séjour en Allemagne donc, avec un fort accent allemand. Juste à l’entendre parler un parfait français québécois, je comprenais bien vite qu’il avait le don des langues. En fait, c’était un génie qui a vingt ans, était sorti de West Point (La plus grande école militaire au monde, quasi) et avait déjà ses titres comme membre des Marines. Comme je vous dis, sa bibliothèque me parla plus de lui que lui même. Y’avait de tout. De la littérature de différents pays, etc. Il me donna un livre tout relié à son nom, mais je ne sais trop ce que j’en ai fait. J’ai dû le donner en cadeau. Mais personne ne sut jamais rien à propos de ce livre.  Quelques années plus tard, j’étudiais à Indiana et je rencontrai de ces gens des services secrets qui avaient leur école de langues sur le campus. 68 langues différentes. Le chinois, tu commences par apprendre par cœur les 500 idéogrammes et leurs prononciations. Etc. J’eus le plaisir souvent de parler à de nombreux fils et filles d’ambassadeurs. Je me doutais pas mal que Ron était de cette partie de la haute. Comme il avait été espion, il m’avait conté des descentes auxquelles il avait participé. Je vais vous dire, il fallait avoir des nerfs d’acier.  C’était : tu tues ou tu te fais tuer. Ça jouait dur à Berlin Est. La disparition du mur de Berlin?  Je n’aurais pas été surpris de savoir qu’il était un de ceux qui étaient derrière cela. Je parlai du problème à un haut gradé des Marines à Indiana. C’était mon voisin de chambre. Il était tout à fait d’accord avec mon point de vue me disant que de toute façon, si Ron voulait me rejoindre, il pouvait sans doute pouvoir le faire. Il était un peu plus vieux que moi mais pas beaucoup de crois. J’ai toujours pensé, tenant compte de ses expériences, qu’il avait environ 35 ans. Je l’ai connu à Expo 67, il s’occupait de la sécurité du pavillon américain. Il avait son costume de grande tenue des Marines. Tout un costume. Tout à fait paradoxal, il voulait faire un prêtre. C’était un grand croyant. Il est peut-être dans les hautes sphères de l’Église. À Berlin, c’est officiel, car j’en ai eu confirmation, il était vraiment secrétaire du Cardinal catholique de Berlin. Sans doute que l’Église, le Vatican entre autres, avait titillé en voyant un personnage semblable et à Montréal en plus. Il était sans doute sincère et a dû faire un prêtre pour monter rapidement les échelons et se retrouver dans la haute hiérarchie de l’Église. Toute une histoire! Il demeura un modèle pour moi. Devenir une personne impeccable, quoi! Merci Ron.

Un autre Américain que je rencontrai, à Montréal, centre-ville cette fois. Il me fut présenté par une jeune fille que je fréquentais à l'époque. Une femme pleine de dons, ce qui faisait d'elle une quasi-femme à "contacts". Elle avait des connaissances partout et tint absolument à ce que je rencontre le fameux soldat, en congé de maladie. La soirée était toute jeune et ce bonhomme, devant moi, qui semblait avoir une formation générale hors du commun.
Il venait à Montréal pour se reposer ou plutôt, pour se sortir d'une grave dépression. Il était pilote d'avion de chasse des États-Unis et revenait d'une « session » sur les champs de bataille du Vietnam. Il avait tout simplement connu l'horreur. Et tout ça lui collait à la peau, dans le coeur et le cerveau. Il ne pouvait oublier ce qu'il avait vu. Il me contait que ces avions étaient d'une rapidité telle que très souvent, il avait déclenché le tir d'une bombe avant même de vraiment apercevoir la cible. Le téléguidage de la bombe était simplement opéré par infra-rouge ou autre, le tout, ciblé par une personne à distance qui faisait parvenir l'information au pilote, ce qui permettait d'atteindre la cible et ce, en quelques secondes. Donc, le pilote lui-même, ne connaissait à peu près rien de la cible qu'il devait détruire. Inutile de dire que cette guerre, fut pour les Américains, l’initiation par le feu d'une guerre hautement psychologique. Les Vietnamiens en étaient rendus des spécialistes.
Donc, mon pauvre pilote, je le compris bien vite, était complètement dévasté par cette expérience inhumaine. Complètement vidé de lui-même. Il avait tout simplement vécu l'horreur. Je le fis parler doucement et je vis vite apparaître des larmes. Une peine incroyable. Ne pouvait pas se pardonner. Et, pourtant son rôle n'avait été que le rôle de celui qui tire sur la manette, mais ne connaît pas l'objectif. Or l'objectif devint pour lui tragique ce jour là. Il aperçut subitement un pont apparaître devant ses yeux avec un vieux monsieur tenant une bicyclette, qui le traversait accompagné, on imagine, de son petit fils, de l'autre main. Il fut totalement terrifié de réaliser que sa bombe était justement destinée à ce pont. Panique. Il tenta d'éviter l'irréparable, mais, peine perdue. Tout juste traversé le fameux pont, il vit apparaître une immense flamme produite par l'explosion de la fameuse bombe. Le vieux monsieur, l'enfant et le bicycle! Volatilisés! Un serrement terrible au coeur. Des hurlements épouvantables lancés par une voix pleine de rage. Non, le pire était à prévoir. Arrivé à l'aéroport, le pilote désemparé fait rapidement le tour de son avion, espérant contre toute espérance un tissu quelconque qui pouvait contenir désespérément encore de la vie. Il ne trouva finalement que le fameux pédalier du bicycle, soudé à l'arrière du fuselage de son avion. Ses cris revinrent, son désespoir augmenta. On dut le transporter d'urgence à l'hôpital. Ses « fusibles » n'avaient pas résisté.Il était aussi, lui aussi, père de famille! Une catastrophe épouvantable. Et il se mit à pleurer doucement, sans arrêt. (Histoire vraie d'une soirée passée avec une victime "collatérale" de la guerre du Viet-Nam.)

 


Ma vie spirituelle, mon travail social... le noviciat, le grand séminaire et l’Expo.

Je ne pouvais pas du tout tomber dans la banalité après avoir connu Ron, ce bon confrère de grand-séminaire qui fut un exemple impeccable pour moi. C'était un peu comme le grand-maître que l'on croise sur le chemin qui mène à l’Everest. Le grand maître qui vous encourage à monter alors qu'il est, lui, sur la pente descendante. Il fut un vecteur dans ma vie comme bien d'autres personnes qui m'ont bien aimé. Le point central de ma spiritualité était simplement de réserver mon intérieur le plus beau possible pour que mon Seigneur puisse y habiter. Je n'aurais jamais du tout imaginé de ne pas avoir un attachement particulier à la prière. Je priais et j'ai toujours prié. Du fond de mon coeur, avoir une spiritualité, c'était premièrement avoir une fidélité à mon grand Seigneur, me tenir debout devant lui prêt à servir. Croire, c'est aussi avoir une fidélité historique, une fidélité à tous mes ancêtres, mes éducateurs et tous ceux qui m'ont aimé. Si je n'avais pas été croyant, je serais mort depuis longtemps. Ma foi m'a littéralement sauvé la vie. J'ai commencé à prier vers l'âge de sept ans, ce qu'on appelle l'âge de raison. Le déclencheur le plus intense dont je me souvienne est la fameuse visite que la Vierge du Cap-de-la-Madeleine avait faite à Montréal pour souligner le Congrès eucharistique qui s'y tenait en 1947. Je priais la Vierge de venir me chercher, car je trouvais la terre bien triste pour moi. Ce fut le début d'une spiritualité trouble. J'avais aussi une ferveur certaine pour mon ange gardien.

Mon ange était devenu pour moi une sorte de soldat protecteur. Un genre de garde prétorienne qui me protégeait. Non seulement je le suppliais de me protéger de tout mal et de toutes les personnes qui m'en voulaient. Je m'aperçus, à un moment donné, que mon ange se révélait drôlement efficace pour ma protection. C'est tout comme si le malheur s'était abattu, comme par hasard, sur des personnes qui m'en voulaient. Mon ange en arriva presque à tuer pour me protéger. La panique me prit. Quand même, tuer! Lui dis-je, tu ne trouves pas que c'est un peu fort. Je n'ai jamais demandé au Bon Dieu de me donner un ange « délinquant »! Lui répétai-je plusieurs fois. Je n'eus aucun signe de mon ange pour un certain temps. J'avais l'impression qu'on l'avait envoyé en pénitence. Tout ce qui peut passer par la tête d'un enfant, dans le fond, tout à fait innocent. Je suppliai mon ange de revenir. Je m'en ennuyais. Il revint. Je sentis ses ailes me serrer, fort, fort, fort, très fort. Tout comme si mon père, après ma première embrassade, m'avait pris sur lui et m'avait serré fort. Mon ange était revenu.
Je commençai aussi à en avoir une dévotion pour Marie. Je me sentais bien seul dans la vie comme enfant. C'est sans doute ce qui me motiva à meubler mon « entourage » de « personnes  spirituelles ». À l'époque, l'allais à la messe tous les matins avec ma mère et cela dura jusqu'à l'âge de 27 ans 1/2. Cette pauvre mère, j'avais l'impression qu'elle aussi était beaucoup perdue dans la vie, comme moi, et que cette fidélité à la messe la confortait énormément. Elle était souvent malade. Dépression, je crois. Sa santé fut frêle. Souvent, par des attitudes terribles, on la bafouait. Donc, j'accompagnai ma mère tous les matins sans savoir qu'elle était ma mère. Je la prenais plutôt pour ma sœur, mais j'y étais comme paradoxalement attaché. Mystérieux, n'est-ce pas, le flair d'un enfant dont l'inconscient devine sa mère.
Ma dévotion se tourna donc surtout vers Marie. N'était-elle pas apparue à des enfants de Fatima? Je risquais peut-être d'avoir sa visite, rien n'est impossible, je me disais. Je me mis donc à prier cette mère d'emprunt sans savoir que je fréquentais ma vraie mère que je ne connaissais pas encore. Je devins finalement un dévot qui ne manquait aucune manifestation religieuse consacrée à Marie. Je m'accrochai à cette dévotion à défaut d'avoir l'attention nécessaire dont aurait eu besoin tout enfant de mon âge. Je vivais dans un monde rempli d'adultes et quasi vide d'enfant. Je devins presque un petit adulte à défaut de pouvoir vivre mon enfance. J'imagine que cette façon d'agir était encore une ruse inconsciente de ma part pour aller chercher l'affection d'autres personnes à défaut d'en avoir chez moi. Je rencontrai nombre d'adultes qui furent très bons pour moi. Je pense à M. et Mme Brunelle, (Mon premier souper dans un hôtel, à St-Eustache.) Melle Trudel qui faisait la promotion du rosaire en récitant 3 fois le chapelet au complet, Monsieur Dubé qui me pilota comme bénévole à l'Oratoire St-Joseph. J'étais tout petit et j'avais des occupations de grands. Ceci rassurait aussi ma grand-mère qui me trouvait en sécurité avec tout ce monde d’adultes. De mon côté, je trouvais que j'apprenais plein de choses, pas seulement de la spiritualité.
À cette époque, les plus puissants vecteurs qui orientèrent ma vie spirituelle furent donc mes dévotions à Marie et à mon ange gardien. Cet ange gardien m'habitait vraiment intérieurement. Je lui parlais comme j'aurais parlé à mon meilleur ami. Il m'arrivait même de le semoncer. J'avais vraiment remarqué qu'il se produisait, depuis quelque temps, de drôles de phénomènes dans mon entourage. Je soupçonnai même mon ange d'allumer parfois des feux pour se venger contre des gens qui n'avaient pas été très gentils avec moi. J'eus vraiment la conviction que cet ange se transformait en garde du corps. Il me protégeait et malheur à celui qui oserait me faire du mal. Je n'avais pas du tout l'esprit revanchard et je ne voulais surtout pas que mon ange gardien le devienne. Je le chicanai donc. Pauvre lui. Être un ange et se faire chicaner.
Ma vie spirituelle se traduisit aussi sous forme de dévouement pour servir toutes les messes qu'on me demandait. Comme je n'étais pas très fort physiquement, il m'arriva quelques fois de perdre connaissance au moment où je servais une messe. Mon bon curé eut vite le réflexe de me protéger en me faisant manger du pain et boire un peu de vin. C'était dans le temps où on ne pouvait communier que complètement à jeun. Plus vieux, le curé n'hésita pas à me faire boire du vin après toutes les messes pour m'éviter, justement, de défaillir. Je fus aussi responsable de la distribution d'un dépliant à propos de la Vierge de Fatima. Tous les mois, je distribuai donc celui-ci au maximum de portes de mon quartier Villeray. Ce fut une première étape dans le développement de ma spiritualité.
Celle-ci fut appelée à se développer avec l'augmentation de mes contacts qui s'approchaient davantage de l'âge adulte. Ma spiritualité se teinta très tôt d'interventions que j'aimais faire pour rendre service aux autres. J'offris ainsi mes services au jeune Barbeau qui recevait régulièrement, tous les soirs, son éminence qui allait y réciter le chapelet, à sept heures, au poste de radio CKAC. Cette émission eut un succès incroyable et fit se mettre à genoux à peu près toute la province qui récita le chapelet. On était dans les années, début, cinquante. Je trouvai parfois l'exercice assez pénible. Réciter bêtement des formules ne me convenait plus. C'est seulement plus tard que je découvris le côté bouddhique du chapelet. La personne était appelée à réciter à haute voix jusqu'au moment où elle intériorisait cette récitation et la transformait en une sorte de fil conducteur silencieux qu'elle imaginait présent à l'intérieur de son cerveau, ce qui favorisait une sorte de vide qui faisait place à une vigile devant une sorte de trône imaginaire, celui de Dieu ou autre.
Avec mon entrée au collège, la musique sacrée se greffa à ma spiritualité. Bach fut l'élu de mon coeur. Les grandes orgues de la chapelle de mon collège me « transportèrent » souvent sous « d'autres cieux ». J'eux aussi un goût prononcé par les chants choraux qui avait aussi beaucoup d'effet sur moi. La prière eut aussi une place de choix. Mon ange était toujours présent dans les parages. Je le priais avec ferveur. Je lui parlais aussi très souvent. Il fut toujours comme un p'tit frère qui me suivit fidèlement. Parfois, je me surprenais à lui demander, « Qu'est-ce que tu en penses, l'ami? » Il me répondait souvent dans les jours qui suivaient. Soit à travers des événements ou des conseils qui m'étaient donnés par des personnes. Je fus donc très fervent à la prière et très fidèle aussi. Je dois dire aussi que le collège me fit découvrir des mondes que je ne m'attendais pas de découvrir. La musique symphonique, le théâtre, les arts de toutes sortes, les nombreux sports attirèrent beaucoup mon attention et m'aidèrent beaucoup à apprécier la vie et à moins m'ennuyer. Je me fis aussi de nombreux amis. Mais, mon solide fond de spiritualité n'a jamais disparu. J'ai toujours été fidèle à la prière qui est la marque par excellence du croyant.
Avec mon arrivée dans les ordres, bien certains que ma spiritualité avait pris un élan. Ce fut une spiritualité d'homme mature. Je lisais et méditais les grands saints. Saint-Jean de Lacroix, Sainte Thérèse de Jésus, le Père de Foucauld. Mon intérêt pour toutes sortes d'autres lectures augmenta. Ces lectures apportèrent aussi leur nourriture spirituelle. Antoine de Saint-Exupéry eut la cote, mais aussi, de nombreux autres. La priorité de celle-ci fut, en tout premier lieu, mon prochain. Mon entrée au noviciat et au grand-séminaire se fit sous l’emblème du service au prochain, nul autre. Tout humain était pour moi l'incarnation du Christ sur la terre, rien de moins. Je me mis donc au service de plusieurs organismes d'intervention en milieux pauvres. Je ne tardai point à être secoué très profondément par la misère humaine. Dans ma tête, il n'était surtout pas question que je demeure un p'tit gars à la chemise blanche, cravate, veston, pantalons pressés et souliers bien cirés. Équipé comme je pouvais l'être, je commençai à me trouver un peu périmé. Cette entrée dans le milieu de la grande misère fut un moment très éprouvant où un sentiment de révolte profonde s'empara de moi. Comment pouvait-on, à Montréal, tolérer que des humains, de simples êtres humains, soient dans une telle misère?
Donc, une spiritualité qui n'oriente pas vers l'action est une spiritualité vaine. C'est un blâme que je peux faire à l'Église, de ne pas avoir ou d'avoir peu dirigé les gens vers une action constructive de la création. Et pour ce faire, il nous faut des contacts, voir des amitiés. Rares sont les amitiés qui m'orientèrent vraiment dans ma spiritualité. La première qui me vient à l'esprit, Vladimir Boltirev et moi, passions des heures à discuter de la virginité de Marie. Lui, était orthodoxe. J'avais beaucoup d'admiration pour ce groupe religieux. Et moi, j'étais à tout le moins chrétien, car je n'ai jamais exclu aucun croyant qui prie. Prier est le signe par excellence du croyant. Donc, ce bon Vladimir, Russe d'origine et équipé comme une armoire à glace,passait des heures à marcher avec moi. Nous discutions souvent de spiritualité et souvent, nous étions toujours en voie de régler le sort du monde. Quels souvenirs et quelle reconnaissance je lui dois. Son père à Vladimir, était évêque orthodoxe de Winnpeg. Il venait régulièrement nous rendre visite au collège et participait comme tout évêque aux cérémonies religieuses. Comme on disait dans le temps, tant que le cardinal ne l'apprenait pas, on pouvait faire ce que l'on voulait! Les bons pères étaient très habiles dans le domaine. Et c'était motus sur bien des sujets...d'abord que le cardinal ne l'apprenait pas. La même chose pour la partie de notre bibliothèque que l'on appelait l'enfer. Très souvent, ce département jouait à guichet fermé...sans l'autorisation du cardinal et celui-ci ne l'apprit jamais, bien certain.
Ma spiritualité s'orientait aussi vers l'action tous les jours de ma jeune vie. Je considérais mes confrères et consœurs comme des p'tits frères et des petites sœurs. Ce fut de tout temps, ma pensée de toujours.
GRAND-SÉMINAIRE : INITIATION AU TRAVAIL SOCIAL
Ce fut la même chose dans ma première expérience en travail social et les leçons qui allaient en découler. Quelle expérience! Grand merci aux Soeurs Grises du service social de St-Henri!

Et finalement, j’eus le grand honneur de rencontrer une spécialiste de la misère. Directrice d'un service social. Elle me référa à la pire adresse de Montréal. Une bonne soeur grise, costaude comme un vrai cowboy et qui me disait, "Mon p'tit, cette famille est tellement dans la misère, qu'elle ne peut plus rien recevoir, on doit lui permettre de donner. J'ai vécu une véritable horreur avec ces gens! Je revenais en pleurant aux services sociaux et la bonne soeur, comme ma barmaid me disait:"Braille mon p'tit gars! Tu as bien raison de brailler!" Et finalement je retournais deux semaines plus tard et c'était la même chose. La maison sur le bord de la "track". Tout tremblait dans la maison quand le train passait. J'étais sûr que la maison s'effondrerait. J'avais peur. La mère pleine d’eczéma, son grand de 14 ans semi-débile qui jouait au hockey dans la maison et frappait les jambes de ses p'tites soeurs avec sa rondelle. Trois petites filles! Un frigidaire avec un pain, un pot de beurre de peanut, une petite pinte de lait pour mon café disait la madame et finalement, un p'tit pot de café Maxwell House. Un escalier tellement tout croche que je me demandais à tout coup, s'il allait tenir. Et la puanteur de la pisse. Car le grand pissait comme un cochon et sa mère passait son temps à laver des couvertures grises de l'armée toutes imbibées de l'urine de son fils. La laveuse fonctionnait à journée longue et fournissait à peine la famille. Les mêmes couvertures grises servaient aussi de rideaux à la maisonnée et de draps dans les lits. Vous devinez le travail de lavage qu'avait cette pauvre mère de famille. La misère noire quoi! Et ma job? Aller les entendre me parler, moi qui était en veston, cravate, chemise blanche. Toutes les chaises branlaient et sur le plancher, les clous ressortaient de partout tellement c'était usé. La misère qui s'accroche. La suie partout. Le père en prison. Décidément, cette pauvre femme, elle avait choisi l'enfer. Oui, mon seul travail, les écouter me parler pendant une heure ou un peu plus et partir pour revenir deux semaines plus tard. C'était mon mandat qui faisait partie d'une recherche de doctorat. Ces mois me firent me révolter contre cette société de riches pervers qui ne savaient pas partager. Je vomissais en sortant de cet enfer et devait retourner faire rapport à chaque fois. C'était à Saint-Henri. Même paysage que le film avec le train qui passe à l'arrière de la maison. Et la "grosse soeur" qui me disait, ne lâche pas Richard, tu vas les avoir, tu vas voir ça. Tu n'as pas du tout le droit de donner des conseils. "Vous devriez" était la phrase à bannir. Ho, c'est merveilleux! Dit pour un p'tit rien, ils ont besoin de ça mon Richard. Et ton sourire et ta beauté et ta propreté et ton savoir-vivre et ton amour qui transparaît mon Richard. Elle me faisait pleurer à tout coup cette soeur. Moi, qui me sentait sans coeur. Narcissique! Débile! Non, débrouillard! Même pas capable de leur trouver quelque chose de mieux. Non, Richard, ils n'ont pas besoin de ça, ils ont simplement besoin de ta présence. Et finalement, je rapportai à la bonne soeur. "Il faut sortir le grand "débile" de là, il va violer ou tuer toute la famille!" La soeur me regarda d'un air, elle avait compris qu'il fallait sortir le "grand" débile, car il risquait de gravement blesser des gens. Ce fut un véritable chemin de Damas que je cherchai tellement à rencontrer! Je fus servi, à n'en pas douter. J'avais donc trouvé quelqu'un qui me mettrait sur la "track"! Quel bonheur!L'expérience se continua donc avec mes visites toutes les deux semaines environ. Et surprise! Lors d'une visite subséquente, quelle surprise j'eus de constater la disparition du jeune « dangereux ». Les trois petites filles avaient repris du poil de la bête et n'avaient plus toutes leurs jambes pleines d'ecchymoses. Un point d'amélioration! Je réalisai que je venais d'entreprendre un véritable tournant dans l'opération. Surprise! Tout juste avant Noël, la bonne dame m'annonça avec fierté qu'elle déménageait. Je fus un peu pris de panique, mais à la joie qu'exprimait sa figure, je ne pouvais qu'être heureux. Elle me demanda en plus d'aider au déménagement. J'en fus ravi. Je m'amenai donc, pour la circonstance, avec plusieurs autres amis que j'avais sensibilisés à mon problème de famille pauvre. Nous avions l'air de toute une « gang » de gars de la construction et le déménagement se fit de façon toute professionnelle. Le tout se termina par un bon lunch à la pizza, comme tous les déménagements. Et de la pizza, en plus, il y en avait pour tout le monde. La bonne dame avait sagement prévu un budget. On ne s'en allait pas, nous de la gang, faire de la charité. Hors de question. Cette bonne dame avait tout prévu et était comme un peu émerveillée de voir tous ces beaux jeunes hommes lui rendre service. Nous étions tous devenus plus à l'aise et elle ne se gênait pas du tout de nous dire que nous étions beaux. J'étais bien impressionné de toute cette situation. Retour au service social avec un rapport hors du commun. Notre famille venait de quitter sa misère et en prime, la bonne madame s'était trouvé un moulin à coudre qu'elle savait utiliser avec art. Elle se mit donc en frais d'habiller toutes les fenêtres de son logement. Elle avait demandé à une multitude d'organismes de lui donner un coup de pouce pour s'équiper de tout de dont elle avait de besoin. Un vrai miracle!
Mes visites prirent une tout autre dimension. Cette « petite » personne abandonnée, terrassée par la misère, s'était relevée et avait décidé de se reprendre en main. Beaucoup moins de dépression et d'eczéma. Les trois jeunes filles virent leurs notes scolaires prendre du mieux avec en prime, la disparition pure et simple de leur propre eczéma. Comme si tout ça avait tenu du hasard. Vous savez bien que bien sûr que non. Terrible! La misère entraîne la misère.Quelques mois plus tard, avec simplement mes visites d'une heure d'écoute à chaque fois, aux deux semaines, je voyais carrément un miracle se réaliser devant mes yeux. J'en pleure encore. Ce fut un grand choc dans ma vie. La leçon, RIEN DE PIRE QUE D'ÊTRE SEUL AVEC SA MISÈRE. L'isolement, rien de plus terrible. Cette bonne dame m'avait réservé tout un choc. À ma dernière visite officielle, il y en eut plusieurs autres officieuses, car c'étaient devenus des amis que je gardai pendant des années. Cette bonne dame me réserva la surprise d'un gros gâteau de fête qu'elle avait faite elle-même. Pas question d'acheter quelque chose de tout fait. J'en fus littéralement foudroyé. J'avais tellement appris, que je ne me trouvais pas vraiment digne de me faire fêter. La vie m'avait appris la vie. Ma "grosse bonne sœur" me l'avait aussi drôlement apprise. Après cette expérience, je me mis carrément à voir le monde avec de nouveaux yeux. Merci...la vie et merci mes bonnes Soeurs grises, qui après m'avoir hébergé à la crèche d'Youville à ma naissance, m'apprenaient maintenant ce que c'était la vie.

LE NOVICIAT
Le noviciat est cette partie de la formation religieuse avant d'officiellement entrer en communauté. Nous nous isolons dans un silence total pendant un an pour prier. Je suis très reconnaissant aux pères des Missions D'Afrique de m'avoir permis de vivre cette année exceptionnelle. Qui peut se vanter aujourd'hui de s'être payé une année de réflexion, loin de tout bruit et j'allais presque dire, de toute civilisation. Pour moi, cela se passa à Shawinigan Sud, sur la 125 rue, en septembre 1965. Nous étions en plein champ. Cet isolement me permit de faire un retour sur moi et une relecture de ma personne et de bien des ouvrages de spiritualité écrits par des grands saints des temps passés et d'autres des temps plus présents. Je me suis sûrement rapproché de mon Créateur pour lui dire que je l'aimais. Merci de m'avoir donné la vie Seigneur! Ce fut presque ma seule prière. Elle fut comme une disponibilité totale, me tenant debout, près à faire la volonté de mon Seigneur. C'est, bien sûr, plus facile à écrire qu'à faire. Croyez-moi. Je me suis toujours cependant considéré comme très chanceux auprès de mon Seigneur. Qu'est-ce que je pouvais lui demander de plus. Oui, j'ai eu de grands malheurs, mais, il y avait toujours cette « main tendue », comme immatérielle, sans compter mes nombreux amis qui se transformèrent souvent en anges gardiens. Je soupçonnais même mon ange de les manipuler. Y faut l'faire, n'est-ce pas?
Qu'est-ce qu’être croyant? C'est d'être habité par une solide conviction que nous ne sommes pas un hasard de l'histoire. Notre existence de toutes les secondes de notre vie est produite par la présence infinie d'un Dieu qui nous aime, justement, à toutes les secondes de notre vie. Dieu n'est pas en dehors de nous. Il est à l'intérieur de nous, nous habite. Ce qui fait que nous sommes comme ces grandes et belles cathédrales construites de tout temps pour rendre gloire au Créateur. Nous-mêmes sommes une cathédrale prête à recevoir Celui qui nous fait vivre. C'est à nous de la parer pour la rendre belle et digne de recevoir ce Grand Maître au-dessus de tout.
Et qu'est-ce que j'aimerais faire actuellement pour m'épanouir davantage spirituellement. Partir pour le désert et aller prier. Quel désert? Je réfléchis! J'irais sûrement dans un monastère du désert, tout simplement.

IMPLICATION POLITIQUE EN MARGE DU FLQ
La GRC vint me rendre occasionnellement visite au grand séminaire au sujet du problème délicat du FLQ du temps. Ce groupe ne m'était pas antipathique mais je n’aimais pas les bombes. Et Trudeau en profita pour faire des conneries sans bon sens et la GRC aussi. Je fus informé très indirectement sur cette affaire, mais nullement impliqué d'aucune sorte. Le seul hic, j'avais quelques connaissances, anciens confrères de collège, dans ces rangs. J'étais au grand-séminaire. J’y étudiais pour être prêtre. Bien certains que j’avais de bons « contacts », genres informateurs. D'anciens confrères d'études.  Fort heureusement, ça ne se savait pas trop. Un de mes amis fut emprisonné pour soi-disant avoir dissimulé de la dynamique. Je n’ai jamais cru en cette arnaque d’autant plus que je savais la GRC capable de mettre de la dynamite dans une auto et quelques rues plus loin, arrêter le chauffeur et après vérification, emprisonner la personne soi-disant "responsable". Je suis sûr qu’ils firent la même chose à un vieux copain de collège. Je n’en dis pas plus, car l’histoire fit les grandes manchettes des journaux de l’époque. En plus, j’appris que ce copain était maltraité en prison. Pour un bonhomme déjà handicapé physique, j’en fus totalement révolté. C’est exactement là que je me prévalus d’un privilège peu commun, j’avais des contacts qui avaient des contacts, lesquels avaient des contacts dans un certain secteur du crime organisé. Je m’en suis servi et exigeai qu’on s’organise pour servir des repas convenables à mon ami. Il était en prison. Le jour même, sans que personne le sache, comme par hasard, celui-ci eut son steak d’un restaurant de Montréal, tout cela dans sa cellule de la prison de Bordeaux. Dans le temps, tout s'achetait et la police tout en le sachant, n'y pouvait rien. Ni vu ni connu, le stratagème dura pendant toute la période de l'emprisonnement qui fut très longue. Trudeau avait de la hargne  contre le Québec et ses jeunes et il en a profité pleinement. Je riais dans ma barbe, car un certain crime organisé du temps en a remis d’une façon peu ordinaire, ils choisissaient des grands restaurants de Montréal pour fournir les repas nécessaires. Il est certain, que de mon côté, la GRC se doutait de quelque chose, mais être l’ami qui a le contact, qui lui-même a un contact. C’est quasiment introuvable, d’autant plus qu’aucun téléphone ne se fit. Rencontres comme par hasard, etc. Aucun risque n’était permis et en plus, moi, qui recevait la GRC toujours habillé en soutane comme un prêtre avec l’air innocent que je pouvais avoir. Tout passa comme du beurre dans la poêle. À la fin, alors que j’étais à Trois-Rivières comme chercheur, la chose se déroula pendant tout le temps que les besoins se firent sentir à cause de mon 2e ou 3e contact, je ne me souviens plus. Et comme une cerise sur le gâteau, mon ami gagna toutes ses causes en cour supérieure pour dommage et  intérêt à sa réputation et tout et tout. La Presse de Montréal du, dans le temps, payé quasi un million suite à cette poursuite. Bien sûr que nous étions tout un groupe d’anciens du collège pour défendre notre copain. Comme il était considéré petit génie, dès que René Levesques gagna ses élections, ce bon copain entra au bureau du premier ministre comme attaché politique. Ce cher, ce qu’il y a de pire, c’est que j’en entendais parler parfois, mais je ne l’ai jamais revu sauf aux funérailles de sa femme. Mon ami était un p’tit futé extraordinaire et j’étais vraiment un ignorant à côté de lui. Mais, je sais, il m’aimait beaucoup et sut toujours que ses soupers au steak venaient en direct de son bon copain. Paraît-il que j’avais rendu un grand service à un « gros » du crime organisé, sans doute à cause de mon genre « baby face » et qu’à ma vue, les policiers n’y virent que tu feu, car je n’avais aucun contact avec ces organismes douteux, sauf par l’intermédiaire de certaines personnes que je connaissais, mais ne fréquentais pas. Alors que je travaillais à Trois-Rivières, une personne vint me saluer bien respectueusement et me fit sentir qu’on me devait beaucoup pour les steaks servis en prison. J’ai appris à ce moment qu'une certaine pieuvre avait décidé de nourrir tout mon monde plutôt que seulement Michel.  Dans le temps, est-il nécessaire de souligner que le crime en menait large à Montréal. J’ai surtout compris que pour un service rendu, ce groupe t’avait toujours à l’œil pour te faire sentir que tu lui étais sympathique ou pas. Je préférai les savoir loin, mais je n’y pouvais rien à propos de ce qui se passait. Je n’en demandai pas plus. Je vous raconte ça pour vous faire rire un peu et vous montrer comment je pouvais avoir l’air innocent! Finalement, après ces événements, je suis resté copain avec un policier de la GRC car celui-ci me trouvait bien sympathique.  Pas dangereux du tout, il s’occupait de compter les oiseaux de Cap-Tourmente qui filaient vers les États-Unis et vérifiait s’il en revenait autant. Ça faisait aussi partie de mon emploi à Trois-Rivières. Que le monde est petit et ce policier s’était attaché à moi, car, c’est vrai que j’étais comique et avait l’art de tout dédramatiser. C’est ainsi que mon patron a eu droit à un gros yatch de la GRC pour compter ses oiseaux des îles de Sorel. Preuve que, même le crime, mène a tous les chemins. Je vais arrêter ce conte, car je suis mort de rire. Et pour en rajouter un peu, j’eus la désagréable surprise, dans le temps, de constater qu’il y avait un soldat qui surveillait à ma porte le lundi matin, en partant pour travailler. Je ne la trouvai pas drôle du tout et pour « piquer » un peu le militaire, je lui rappelai qu’il avait oublié de changer les feuilles vertes de son casque pour des feuilles rouges, car nous étions en automne. Il ne l’a pas trouvé drôle. C'était un genre, plutôt "grogeux"! Mais je fus vite informé quoique révolté, en apprenant que Trudeau venait de proclamer les mesures de guerre et qu'en tant que prof. on nous adressait une MISE EN DEMEURE, nous donnant l’ordre ne de pas du tout parler de politique en classe, etc., etc., etc. Donc, je compris que l’armée venait d’envahir Montréal et que la police avait arrêté plus de 300 personnes tout à fait innocentes dont aucune ne fut reconnue coupable d'aucun délit. Trudeau se vengeait. Vous comprendrez que le fils Trudeau qui se présente au fédéral, je l’ai à l'oeil.
MES ANNÉES DE SYNDICALISME
NOTRE EXÉCUTIF
SYNDICAL
1976-1977

Le principal objectif de mon engagement syndical fut de servir! Et apprendre. Tout fier, je fus élu trésorier d’un des plus gros syndicats de la province. J’avais donc un pouvoir qui me permettrait de rendre service à bien des gens et j’en étais conscient. Je faisais peur à bien du monde. On m’a même menacé de mort. Ceci ne m’impressionna pas du tout. Je suscitais des jalousies bien humaines. Il y en a toujours. Ce furent des années emballantes, mais aussi les plus souffrantes de ma vie, car j’avais tout à apprendre dans bien des domaines et je le savais.
À l'époque, j'étais beaucoup trop émotif pour cette activité. Je n'aurais vraiment jamais du toucher à ce domaine. Je le fis pour rendre service! Quelle folie! Oui, des gens m'appréciaient pour mon sens de la justice, mais beaucoup, genre téteux de patrons, m'haïssaient à me tuer justement. Je fis, bien sûr, beaucoup d'erreurs, mais, justement, j'apprenais. Faire du syndicat c'est comme faire de la politique. Il faut être articulé surtout, émotif le moins possible et savoir utiliser les bonnes occasions. Faire du syndicalisme, c'est dans le fond, attendre les bonnes occasions pour agir. J'aurais eu besoin d'un bon cours de science po. au minimum. J'étais plus habile dans l'organisationnel. Les lignes de piquetage par exemple et les services à apporter aux piqueteurs. J'y étais passé maître, 24hs par jours. Quelle vie, mais c'était la grève. Bien certain que j'apprenais aussi de la part des avocats. Les limites qu'on avait, mais aussi les droits qui nous protégeaient. Tout un monde, je vous le jure. Sans compter les rencontres merveilleuses avec des gens merveilleux comme Simone Monet-Chartrand, Michel Chartrand, l'avocat Lebel de Québec devenu juge à la Cour suprême et l'avocat Grondin, directeur de ce même bureau.

Le premier mot dont je me souviens. Ma secrétaire me l’avait dit. « Pas la peine Richard, de dire que vous vous êtes trompé. Il y aura toujours quelqu’un pour vous le dire. » Et hop! Je venais de commencer ma formation syndicale, monde qui ressemble étrangement à la politique. Je ne peux pas ne pas remercier tous ceux, celles qui mon assuré leur encouragement. Je savais pertinemment que j’avais beaucoup à apprendre et j’ai appris. Merci à André Marcoux en particulier. Ce fut un véritable mentor qui me poussa à apprendre beaucoup. Quelle ne fut pas ma grande surprise lors de ma première rencontre comme trésorier avec les avocats du syndicat. Nous avions des manifestations en cour à ce moment à la GM. Je me souviens de René Carrière dont on s’inquiétait beaucoup. On avait peur que la SQ fonce dessus ce qui risquait carrément de le tuer. Des téléphones se firent à une vitesse incroyable pour rejoindre le maire de la ville concernée et toute une série de personnages qui permirent de calmer le jeu finalement. Je dois dire que nous étions très près de la GM surtout avec les encouragements d’André qui était beaucoup pour la défense du monde ouvrier. André avait tout mon respect. J’avais tout à apprendre de lui. C’est vraiment lui qui m’a ouvert, les yeux grands ouverts au syndicalisme que j’ai bien aimé, mais que j’ai aussi trouvé très essoufflant. J’avais été élevé en communauté religieuse. Donc, ignorant tout de la politique des gouvernements vis-à-vis les travailleurs. Si vous aimez les problèmes dans la vie, faite du syndicat. Vous allez apprendre pas à peu près. Quand j’ai quitté, mon auto était finie, tellement j’avais fait de la route avec, pour presque exclusivement la cause syndicale. Le plus bel événement que j’ai vécu fut ce voyage à Québec, en pleine tempête de neige, pour aller manifester devant le parlement contre le bill 61 ou autre. Je ne me souviens pas exactement. Comme trésorier, j’étais de toutes les manifestations. Donc, tempête, nous avions élu domicile au beau campus de Cap-Rouge. La manifestation fut calme, nous étions une vingtaine de personnes. En prime, le soir, nous eûmes le grand plaisir d’avoir une soirée de poésie avec Simone Monet Chartrand qui nous fit lecture de poésies de tous genres. Quelle soirée. Quel personnage que cette femme. Pas surprenant que, lui-même, Michel Chartrand adorait la poésie. Je gardai toujours ce tendre souvenir dans mon cœur. C’était le nec plus ultra du syndicalisme engagé que je vivais. (J’ai beaucoup à écrire encore sur le sujet. Je vous reviendrai.) La plus grande consolation que je puisse avoir actuellement, c’est de voir que des jeunes ne se laissent pas abattre. J’ai été bien sympathique aux Carrés Rouge, très ému aussi, de voir des jeunes comme mon courageux Gabriel, se battre comme un démon pour maintenir la « barque » à flot. Ce n’est pas rien. Lisez son livre si vous avez du cœur. Car il s’agit surtout de cœur. C’est Franklin qui disait que les gens qui ne sont pas prêts à se battre pour leurs droits ordinaires ne méritent tout simplement pas d’avoir aucun de ces droits.
Ma grand-mère me disait, mon pit, aime tes ennemis, car ils te disent tes vérités que les amis n'osent dire. J'ai souvent appliqué cette recommandation dans mes activités syndicales. J'ai aussi retenu cela toute ma vie. Et sans être un ennemi, c'est un directeur d'école saoul paf qui m'a dit mes vérités. Il se traînait par terre. Comme je suis bibliste, je savais que les prophètes se saoulaient toujours avant d'aller dire ses vérités au roi, car, furieux de se faire dire la vérité, souvent, ce roi coupait la tête du prophète. Nous avons tous des passages "prophétiques" dans notre vie. Or, aucune personne ne m'a tant dit mes "vérités" que ce jeune directeur d'école. J'allai le voir le lundi suivant dans son école. Il en tremblait, pensant que j'allais lui sauter dessus. Il fut totalement surpris de m'entendre le remercier à répétition et nous sommes même devenus de grands amis. Aimer ses ennemis, c'est partir à la recherche de soi et de la vérité. Dans ma vie, presque tous mes ennemis sont devenus de grands amis et j'imagine que c'est ce qui m'a aidé à grandir. Je pense à un, mon pire critique que je n'ai eu de toute ma vie. En apprenant que je prenais ma retraite, il est carrément venu pleurer dans mes bras. C'était pourtant une force de la nature. Le pire critique! C'était de la politique y faut dire. Ce cher "ennemi" savait que je l'aimais beaucoup. Comme trésorier, je n'ai jamais vérifié ses comptes, je savais que c'était l'honnêteté même, même si nous nous engueulions régulièrement. Il faut dire que je n'étais pas tendre non plus. Oui, aimons nos ennemis. Ils nous parlent souvent de choses que nous préférons ne pas voir, mais que nous devrions changer.


Représentant syndical, on m’avait demandé d’aller vérifier un chantier de construction. Y’avait des problèmes syndicaux disait-on. J’aimais les gars de la FTQ et les filles aussi, car c’étaient peut-être des gens rustauds, certains, mais ils ne t’envoyaient surtout pas dire ce qu’ils pensaient. Et cela, ça me plaisait beaucoup. Toujours est-il que je tombe sur un homme mature de la construction, cinquante ans environ, et sur un jeune, vingt et quelques années. Et les deux se chicanaient. Le vieux avait appelé le jeune, son « pit ». Oui, mon pit, tu dois faire ça de même. Le bon papa quoi, dont le cœur s’exprimait ouvertement et le jeune qui protestait. « J’pas ton pit! C’est pas vrai! » Donc, chicane affectueuse entre deux gars de la construction, l’un qui veut appeler l’autre « son pit » et le jeune qui protestait. Genre AFFECTION pour costaux. J’avais trouvé ça tellement beau. J’aurais tellement aimé que mon grand-père m’appelle son « pit ». Tu t’imagines, s’aurait été dévastateur. Mais, dans le temps, la retenue était de règle. Pas chez tout le monde, mais chez moi, oui. Mais pas tout le monde non plus chez moi. Camille! Mon oncle! Dangereux! C’est un danger que j’aimais beaucoup. D’ailleurs ce fut mon grand problème dans l’enseignement. À la visite des parents, les parents qui venaient me parler de leurs jeunes. J’étais traumatisé de voir toute l’affection que ces gens avaient pour leurs jeunes... chose que je n’ai jamais vraiment connue.
LE MEXIQUE APRÈS UN DRAME
Après un drame épouvantable, un contact m’avait fait passer une vacance dans le voisinage du chalet officiel du président du Mexique. Nous étions à peu près toujours deux sur la plage privée et gardée par des soldats. Le gardien du palais et moi. Il était toujours nu et noir comme du charbon tellement il était grillé et moi, style « Gringo », blanc comme un drap. J’ai fini par succomber à la tentation. Un bibliste sait qu’au Paradis, l’homme et la femme étaient nus. Et en plus, j’étais seul. C’est ainsi que mon bon ami, le gardien, me photographia et plus tard, nous prenions le voilier. Non, pas du tout, je ne voulais surtout pas m'exhiber! Je n’aime pas parader, mais cette fois, je sentis en moi un genre de vengeance contre le mauvais destin qui m'accablait et je rendis grâce au SEIGNEUR.
Finalement, comme dans toute tempête, le vent tourna, le ciel se libéra de ses nuages et, finalement, le beau temps s’annonça pour revenir. Beaucoup d’amis s’occupèrent de moi pour me venir en aide et passer le plus rapidement possible à travers ce drame qui m’avait jeté par terre, pour le moins. On m’organisa même un autre voyage quasi gratuit au Mexique où j’eus l’activité qui me plaisait le plus, accompagner des ethnologues professionnels et faire le tour de certains sites totalement inconnus dans le fin fond de la forêt mexicaine du côté du Yucatan. J’ai quelques photos superbes de ces visites. Je ne peux m’expliquer pourquoi je n’en n’ai pas prises davantage. Mystère.
"Il semble, à mon grand bonheur, que les Mexicains profitent plus de la manne touristique actuellement." C’est Hélène qui m’écrivait que..."Aussi, je suis admirative de leur mobilisation quant à l’invasion touristique. Notre première visite à Cancun était en 1989. Il y avait beaucoup de pauvreté, les taxis étaient vieux, il nous est même arrivé de voir défiler la route entre nos pieds, car le fond du taxi était percé, les chauffeurs dormaient dans leurs véhicules pour faire plus d’heures et espérer envoyer leurs enfants faire des études, maintenant les chauffeurs sont regroupés, les prix sont plus uniformes, les jeunes étudient plus longtemps. Certains touristes se plaignent, mais, je crois que tous en bénéficient davantage. Il y a des troupes de théâtre, de danse. Il me semble que les Mexicains participent à la manne touristique plutôt que de la subir."
Le Mexique, je l’ai fait d’un bout à l’autre. Comme je voyageais à la PAUVRE, très important, il est rare que j’avais des problèmes. Pour surveiller mon auto le soir, rien de mieux qu’un CHICO qui s’adressait à moi. Seignor.… Je sortais la piastre américaine et la donnait au chico pour qu’il surveille mon auto pendant la nuit. La mère n’était jamais loin, ce qui fait que, la piastre qui valait de l’or pour eux, avait mobilité tout le quartier qui surveillait mon auto pour toute la nuit. Et le lendemain, en arrivant sur place, bien sûr que rien n’avait bougé et la maman était sur la galerie pour me remercier. Je lui faisais sentir que c’est moi, plutôt qui la remerciait, et je cherchais son fils, le chico, pour lui remettre une autre piastre que j’avais promise. N’aiment pas les Américains, ces gringos, mais, Georges Washington sur le billet de banque a un tout autre effet. (Chico : jeune garçon de 12 à 14 ans, commissionnaire, fiable et je dirais, adorable. Piloté par son parent, question de l’initier aux affaires. » Je trouvais ça sympathique et chaleureux. Ha! Ces Mexicains, ils me font tomber dans les pommes.... littéralement. Vous connaissez mon ami Humberto? Mexicain! Une bombe. Fût primé deux fois à Canne et à Venise. 30 films à son actif avant de devenir prêtre. Deux femmes dans sa vie! Il ne s’en cachait pas, sang bouillant n’est-ce pas. Il admirait au plus haut point une actrice aux seins généreux dont je ne me souviens plus du nom et, mère Thérésa qui lui téléphonait pour lui donner des commissions à faire. Rien de moins. Et là, on cherche Humberto. Mort? On ne sait plus. Il peut tjrs nous faire des surprises tant qu’on n’aura pas la preuve formelle. Mon ami André a mis une avocate espagnole à sa recherche. Un vrai roman policier! Le top du top.
Je suis à Acapulco, au bureau de Aero Mexico. Des belles hôtesses, je vous jure. Donc, agréable! Nous parlons. Finalement, elles me font réaliser que je pourrais quitter Acapulco une journée plus tôt et prendre l’avion pour Mexico, question de visiter le fameux Musée anthropologique. Je trouve ça génial, ma blonde aussi, et nous changeons nos billets. Le lendemain, départ pour Mexico avec en tête ce fameux musée incroyable à voir, le Musée Enthropologique de Mexico. Je me fais ami avec un jeune couple de Mexicains qui sont enchantés de me connaître. J’ai le malheur de leur dire que j’aimerais dont voir Mexico du haut des airs, le soir, mais à très basse altitude afin d’y voir les édifices historiques, etc., etc., etc. Sitôt dit, sitôt fait. La jeune fille est chum avec le pilote qu’elle va retrouver dans la cabine. Ouais, ouais, ouais, tu es au Mexique, tu salues le pilote dans sa cabine, rien de moins. Elle revient, grand sourire et me dit qu’elle a une surprise qui m’attend. Je pensais à un possible tout de ville à mon arrivée. Ce ne fut pas le cas. À l’approche de la grande citée, surprise, toutes les lumières s’éteignent dans l’avion sauf celles du plancher et hop là. La fameuse musique, très forte, la « Couceracha »! C’est la fête dans l’avion et je sens qu’on perd drastiquement de l’altitude et je vois, ho! surprise, les maisons coloniales de Mexico apparaîtrent à ma fenêtre comme si j’y étais. Et le pilote, qui se doute que je connais un peu le Mexique, revient sur ses pas pour me voir admirer le fameux soccalo et la magnifique cathédrale de Mexico que l'on apperçoit dans la pénombre. J’ai le cœur qui me ballotte et les larmes aux yeux. De toute beauté. Et mes amis mexicains, crient, dansent, ils sont tous émus de me voir ému. Donc, on me fait faire, le tour complet de Mexico, rien de trop beau pour la classe ouvrière. Je viens de recevoir en pleine figure cette âme mexicaine d’une richesse inouïe. Les amis, me donnent en prime, un cadeau, mais j’avais prévu le coup, moi aussi je leur en offerts quelques-uns. Nous nous embrassâmes! Quel souvenir! Et je sentais dans tout ça l’âme de mon ami Huberto qui planait quelque part. Grand cœur, ces Mexicains. Ils vous font littéralement défaillir. Et moi qui a la larme à l’œil facile, ils ne cessaient de m’embrasser et de dire Ricardo, Ricardo, ne pleure pas, c’est si beau. Totalement inoubliable! TOTALEMENT! TOTALEMENT! TRÈS, TRÈS BEAUX SOUVENIRS DE CE MAGNIFIQUE VOYAGE OÙ JE FUS TRAITÉ CARRÉMENT COMME UN PRINCE AINSI QUE TOUS MES AMI(E) S.
Je suis très heureux d’entendre que malgré tout, certaines choses se placent, car il y a encore beaucoup d’assassinats commandés au Mexique, y compris à Cancún. C’est la pègre qui tue la pègre. Il faut se souvenir que pour une certaine élite qui défendait le droit des pauvres, Cancún pour eux  était sur le point de devenir un nid de la mafia en provenance de Mexico. Ils n’eurent surtout pas tort. Les drogues! Un carnage épouvantable. Oui, j’irais à Cancún encore, car le Yucatan malgré tout est plus sécure, mais j’ai bien peur que je ne pourrais faire comme dans le temps, me louer une auto, genre canne de conserve, et me rendre à Mérida au sud, ville typiquement espagnole, de toute beauté, surtout les monastères avec leurs cours intérieures et tout ces p’tits pits qui portent tous le même costume de l’institution qu’ils fréquentent et qui déambulent sur les trottoirs de la ville sans compter la fabrique à « tombes », tout juste placée devant mon hôtel. Ils sortaient les tombent carrément dans la rue pour avoir suffisamment de place pour les décorer. Bon, la mafia tue, les faiseurs de tombes produisent. Pas drôle mon affaire. Mais quand même, pas grave à ce point-là. En arrivant à mon hôtel (tombeau) le soir, vers minuit, je me frappais le nez sur une haute clôture de fer forgé, bien barrée et enchaînée avec, à son pied, un personnage immense, le gardien, avec son gros chapeau à la mexicaine qui lui servait de toit et qui poliment, se levait pour me débarrer le tout et rendu à l’intérieur, me servait la tasse de thé, un rituel incontournable. Propreté parfaite, planchers en « théraseau », (typique de la maison mexicaine) pour éviter les bibites. C’était un spectacle époustouflant qui s’offrait à moi, comme dans un film genre « VIVA ZAPATA ». Un incontournable du cinéma mexicain.

Chapitre VII
Mon métier d'éducateur
L’École
Le travail à l’école
         
Mes premières années dans l’enseignement furent parmi les plus émouvantes et éprouvantes de ma vie. Problème de famille, angoisse récurrente, affectation imprévisible à un poste que je n’avais jamais demandé bref, ce fut l’enfer. L’idée maîtresse de tout ça, c’était simple, on donnait le max. de « merde » aux derniers venus des profs, le tout en parfait accord avec les syndicats. Justice disait-on! Grande épaistitude, je crois, qui ne fait surtout pas honneur à ceux qui semblaient vouloir prendre la place de l’église pour atteindre à une rectitude politique. Ces syndicats, dans le temps, tu ne pensais pas comme eux, tu étais excommunié sur-le-champ.
Ma première tâche fut donc dans le genre. 3e secondaire, (récupération) en enseignement religieux. L’objectif était de remettre l’élève dans le régulier. 1 groupe de trisomiques. 8 élèves qui en valaient 1000 à eux seuls. Quoi faire avec? De l’occupationnel comme on disait. Faut avoir de l’imagination pas à peu près, je vous le jure. Et finalement, un groupe de bollés de 5e secondaire que je voyais une fois la semaine. Ce ne fut pas un problème, je décidai de leur faire faire leur propre programme selon leurs intérêts tout en respectant les grandes lignes du programme vaseux du ministère de l’Éducation. Très souvent, en revenant de mon enseignement, je courrais vite aux toilettes pour vomir tellement je trouvais ça dur. Personne n’aurait jamais imaginé que je puisse vivre un tel stress. Il y avait des profs sur les pilules d’ailleurs, j’aurais dû faire pareil. J’aurais au moins été moins stressé. Mais les préjugés. C’EST CHIMIQUE! Bande de sans dessin, chimique au pas, quand le bateau coule, mieux vaut prendre les grands moyens. Toujours des gens pour vous enseigner la vertu qui ne leur a jamais demandé d’effort à pratiquer puisqu’ils viennent de milieu plein de ouate. Incroyable comme les gens souvent peuvent être imbéciles. À un moment donné, il faut devenir pratico-pratique et ne pas tomber dans une morale stérile.
Malgré tout, j’ai appris à apprécier bien du monde dans l’enseignement. Nous étions un petit groupe, genre THINK THANK, des p’tits futés qui réfléchissions fort sur l’éducation. Un de nos lieux de rendez-vous était le fameux « LOVER'S » sur le Boul. Labelle, à Ste-Rose, à l’époque. Le gérant nous adorait et exigeait qu’on s’amène chez lui à toute les fois que la discussion devenait assez chaude pour durer une bonne nuit. À partir de minuit, le gérant payait tout. Déjeuner inclus le lendemain matin et retour en classe tout de suite après. Nous étions jeunes, nous étions « tough »! Rien pour nous arrêter. Il y avait Jules Martel, un nommé St-Pierre, très sympathique, un futur avocat dont je ne me souviens pas du nom. Je me souviens, Jean Berthiaume futé et très fin. Nous avions aussi Jacqueline, très futée aussi, qui ne laissait pas sa place. Elle nous hébergeait souvent pour un bon dîner chez elle et moi finalement et en toile de fond, notre bien-aimé Jacques Grand-Maison. Tout un futé aussi, je vous le jure.

Quelques aventures dans mon métier d’éducateur.


Je disais dernièrement que je ne serais sûrement pas prof....

Éducateur! Y faut avoir du nerf, surtout avec les gouvernements que nous avons et le peu d’intérêt du peuple pour la question. Ça paraît qu’on n’est pas chez les Anglais, je vous le jure. Les curés faisaient tout à notre place et nous on ne faisait rien et maintenant, très souvent, nous du Québec, on ne fait rien pour l'école non plus. Vous auriez dû voir mes parents d’Hochelaga dans le temps. Ils étaient pour sûr des exceptions. En fait, ce furent les meilleurs parents que je n'ai jamais eus par la suite. En plus, je me ramassais avec une bonne quantité de 26 oz dans mon auto à la fin de l’année. Le secret, être près des parents, mais avec toutes les folies administratives et le genre « tout m’est du» , l’enfer! Y’a pas un maudit concombre qui se lève pour appuyer les profs. « Y font plus de salaires que nous autres! » on les entend dire. Ce qui est totalement faux. Faut-il le dire, ce peuple, l'éducation, ça ne l'intéresse pas. Il préfère fonctionner à la petite semaine. Petit secret, dans l’enseignement, j’ai travaillé pendant trente ans de 50 à 60 heures par semaine. La majorité des parents, ils s’en fou. T’es payé pour ça. Seul un directeur se rendit compte du travail incroyable, de la recherche, et tout et tout que je faisais pour être à la hauteur dans mes cours. S'en était un au moins, qui n'était pas placé par la politique. Très sincèrement, c’était un choix réel, l’éducation pour moi, car j’étais orphelin et avais connu de rudes épreuves. Les parents? Sauf quelques-uns, le tiers max, disons. Une horreur! Les enfants, parfois, étaient plus futés que les parents. Non, en Ontario par exemple, toute autre mentalité. Chez les Juifs aussi d’ailleurs. J’y ai travaillé. Non, j’ai eu le choix dans la vie, c’est exceptionnel, d’enseigner ou de devenir millionnaire. Je choisirais, aujourd’hui, devenir millionnaire et je me le serais fait servir sur un plateau d’argent en plus, ce fameux million. Il ne faut surtout jamais attendre après les autres pour se faire dire qu’on est bon. Les gens sont en général, très jaloux. Ma grand-mère avait parfaitement raison. Quand tu as de l’argent... les gens te respectent me disait ma grand-mère et elle avait  aussi bien  raison. Mais je ne regrette rien du bien que j’ai fait en plus de préserver des vies contre le suicide. Les parents vont dire.... y’é payé pour ça. Je m’en fou. Allez vous faire foutre sauf pour certains. De toute façon, c’est toujours les exceptions qui ont fait avancer cette maudite société.

Réponse à mon cri de détresse!

Non, c’est faux, je ne ferais pas un millionnaire, je ferais encore un prof. Je préfère un compte de banque d’amour qu’un compte de banque de piastres. On dit, actuellement, en certains milieux que l’on s’en va doucement vers une faillite générale du système économique mondial. Je pense plutôt que l'on s'en va vers une faillite générale de la générosité des humains. Le coeur? Disparu! Et en plus, au cas de crash économique, plus rien ne vaudra quelque chose même nos piastres dans nos poches. Moi, j’aurai encore l’amour de tous ceux, toutes celles qui m’aiment. J’ai une amie qui m’a fraudé déjà. La police m’a donné le choix, poursuite? Ou, vous gardez l’amitié? Tout oublié, j’ai gardé l’amitié, ça valait beaucoup plus que des milliers de dollars que j’ai totalement oubliés depuis le temps. La vie! L’Amour! Que voulez-vous de plus? Un p'tit peu d'argent, peut-être. Mais, pas suffisamment pour nous corrompre.


Les secrétaires d’école me disaient souvent, t’es fou Richard, tu ris tout le temps. Le problème? Mes élèves me donnaient souvent le fou rire. Des enfants, comme ça peut être innocent dans le bon sens. J’avais souvent quelques petits marsouins, marsouines qui étaient plus vite que les autres. Une fois, ils m’avaient caché mon auto dans un local de l’école. Décidément! Je n’étais pas inquiet, du tout, je reconnaissais la « signature » du mauvais coup et je les attendais au détour... mais je les adorais. Ils devaient le savoir les petits sacripants.

 


Quand les p’tit(e) s marsouins (nes) s décident d’aller visiter un Upper Westmount.
 
Pas surprenant que j’aie été éducateur, car je vous jure en avoir fait UNE BONNE TONNE de « mauvais » coups dans ma vie. Quelle joie, quelle joie! Et souvent, les p’tits « monstres » ils me le remettaient au centuple.Comme cette aventure à un moment donné. Classe d’enfance mésadaptée. Plutôt, école mésadaptée, disons. Quand tu as 80 % de noirs dans tes classes mésadaptées, je pense sincèrement que c’est plutôt la société qui est totalement malade et mésadaptée. Ces enfants n’ont pas demandé à venir au monde. Et notre devoir comme éducateur :" leur créer un ESPACE où ils vont s’épanouir. »

Un point, c’est tout. J’arrive en classe et tout à coup je m’aperçois que personne n’était au rendez-vous. Je flaire tout de suite un « mauvais » coup. Mes élèves m’adoraient et ils savaient en plus que j’entendais à rire et qu’en plus, je riais souvent comme un fou. Lise Barrette me l’a dit comme
secrétaire d’école. (Cette chère Lise, morte sur un coin de rue en plein hiver, car le Médicar l'avait déposée par erreur à cet endroit! Pauvre Lise! Elle ne méritait surtout pas ça, elle qui comme secrétaire d'école avait tant aimé les enfants que nous avions dans nos classes.) « Richard, quand tu sors de ta classe, m'avait-elle dit, cette chère Lise, première chose que tu faisais, tu t’en venais me faire rire de toutes les “conneries”comiques qui c'étaient faites durant le cour. Et tu riais, riais, riais. S’en était presque “désespérant”. Toujours est-il que je trouve mes “petits marsouins et marsouines” tous cachés dans mon camion dont ils m’avaient subtilisé la clé. Ils étaient si nombreux que je voyais des p’tites têtes qui dépassaient. Ils avaient décidé que je les amenais, centre-ville, pour leur montrer la "cabane" d’un millionnaire située sur le Mont-Royal avec, devant le petit château, deux gros lions que le monsieur s’était fait sculpter et livrer du Liban à Montréal en Boing 747. Rien de trop beau pour les “pauvres syriens”. Je m’exécutai
et amena ma petite tribu sur la montagne, en face de la maison de cet ami.C’était un peu gênant, car il recevait des invités, des camions des services culinaires du Ritz étant à la porte pour apporter la nourriture... mes amis! Et l’ami sort et me salut. Je lui explique ce qui m’arrive. Il ne peut nous recevoir, mais nous pouvons admirer les superbes lions et, délicatesse ultime, on se fait aussi servir à même les camions, des petits canapés pour tout le monde ainsi que des liqueurs douces. Ultra, grande gentillesse. Qu’est-ce que vous voulez, monsieur est condamné à être riche, car, on a trouvé dans sa cour, en Arabie, des supers puits de pétrole qui lui crachent à la face des milliers de dollars par mois. Triste destin, condamné à être riche même si tu n’y tiens pas. Et l’Arabie, ce n’est pas le Canada. Le pétrole qu’on trouve sur ton terrain, il t’appartient. Nos bourgeoisies canadiennes nous enfirouapent, pas à peu près, avec ces lois toutes croches. C’est carrément les riches qui se protègent entre eux de connivence avec les gouvernements. Je téléphone donc à l’école pour parler à mon directeur Bernard,
un homme à l’esprit très ouvert. Il ne me fait pas du tout de sermon sur les assurances de protection au cas d'incidents lors d'une sortie avec les élèves et tout et tout. Il sait bien que je connais tout ça, mais je voulais au moins le rassurer et faire un retour glorieux à l’école. Bien sûr que toutes mes autres classes voulaient avoir le même privilège, mais c’était, premier arrivé, premier servi. Just too bad! Et en plus, mon camion ne pouvait surtout pas en contenir plus que 8, max. max. max. Au début de mon enseignement, je n’en pouvais plus. J’arrivais avec mon “toaster” sous le bras, avec mon beurre, mes pains obtenus gratuitement à la boulangerie tout près de l’école et mon beurre de peanut. (L'incontournable des pauvres!) Le fun que j’ai eu... tellement... que tout le monde s’est mis à faire la même chose que moi. Trop de fun et des enfants attentifs. La charité? C’est quoi ça avec tout le fun que j’ai eu. Des enfants que j’adorais et de qui j’apprenais toutes sortes de choses. Me jouaient des tours... Non. Il faut faire quelque chose. Les Français et leurs fameuses baguettes que j’aime bien. Le pain financé par l’État pour ne pas que le peuple meure de faim. Ça n’existe plus? Déchéance! Et la Révolution? Cela a servi à quoi? La Bourgeoisie! Voilà! Ça m’écœure! Mais, il en reste de cette révolution. Les Français sont peut-être gueulards, mais ils obtiennent ce qu'ils veulent. J'avais une Française dans l'avion qui m'amenait à Paris. Elle se vantait. Ses petits marmots étaient tous les deux dans les Alpes à faire du ski aux frais de l'État alors que madame se pavanait, au gré des vents, entre l'Amérique et l'Europe. Vous ne trouvez pas que l'on est "épais", nous les Canadiens et Québécois? Je pense très sérieusement que oui. Vous devriez entendre les riches de France se plaindre d'ailleurs. Ils en râlent tout un épisode! Et nos médecins spécialistes qui viennent d'avoir la parité avec les médecins du Canada, et cela, de la part de la province la plus pauvre du pays. Ça leur fait toute une jambe cette fameuse gang. J'aurais honte d'être spécialiste au Québec à leur place. /////Ben voyons dont, ça leur est dû mes amis. Ma femme qui s'est fait arracher quatre mille dollars au moins par les mesures de Lucien Bouchard. Du vol! On la punissait d'avoir fait la grève soi-disant illégale! Des cochons aussi. Bouchard, en plus, qui a toujours été l'avocat parmi les mieux payés au Canada. Et il se promène élégamment après avoir "organisé" tout le monde. "Ha, ça ira, ça ira, ça ira! Les aristocrates on les pendra!" (Tiré du film, "Si Versailles" m'était conté.)
Avant 1982 j’avais même un p’tit groupe d’étudiant(e) s de 2e secondaire qui avait fondé un petit parti communiste à l’école Curé-Antoine. Je leur imprimais leur journal en secret, aux locaux du syndicat, la nuit. Nous avions un tout petit budget pour aider les groupes d’avant garde. Les têtes dirigeantes de ce groupe ont toutes fait des missionnaires laïques en Amérique du Sud pour une durée de 3 ans environ. Pas n’importe quoi, n’est-ce pas, et pas n’importe qui. La crème de la crème quoi! Le plus drôle, c’est que la haute direction de la commission scolaire était au courant de mes tractations diverses à cet égard, mais connaissant les élèves engagés dans l'action. Ils ne dirent mot de la situation. La Commission n’a donc pas bougé. Je pense qu'on m'estimait vraiment beaucoup en hauts lieux. Ils m'ont toujours aimé, je le sais. J'ai été gâté, gâté à cette Commission scolaire, je n'aurais jamais suffisamment de reconnaissance envers eux.

L’école d’avant la crise de 1982.
 
CINQUANTIÈME ANNIVERSAIRE DE L’ÉCOLE CURÉ-ANTOINE-LABELLE À ST-ROSE DE LAVAL. MERCI AUX ORGANISATEURS (TRICE) S.
Bien certain que nous avons parlé d’enseignement. MON DIRECTEUR PRÉFÉRÉ, GILLES DESLAURIERS, PENSEUR, m’a appris quelque chose qui m’a stupéfait. Avant 1982, les jeunes étaient communautaristes, ouverts à tout. À partir de 1982, ils sont devenus individualistes. C’était la crise! Chacun pour soi. Tu fais ton job, je fais le mien. Les adultes, baby-boomers sont devenus pareils. L’argent, l’argent, l’argent. Le tout pour moi et le rien pour les autres. C’était incroyable les classes dynamiques que j’avais avant 82, mais subitement, comme un tsunami, tout a changé. Peur de parler pour ne pas être jugé par les autres. Dans les familles, c’est devenu pareil. Tout faire pour impressionner l’autre. Dans le fond, ce que j’avais vu en Californie et que je ne voulais pas voir venir ici, c’est arrivé en 1983. Une société qui rejette le spirituel, les bondieuseries dit-on, mais qui s’accroche à l’argent. Plutôt d’accompagner ses petits enfants au Musée on préfère leur garrocher une tablette par la tête, pensant faire leur éducation. Matérialiste, matérialiste, matérialiste. Une autre qui arrive d’Afrique me disait qu’elle avait 60 enfants dans sa classe. 1 seul livre par trois enfants. Des petites roches pour calculer et finalement des directeurs qui exigent le 80 % plutôt qu’humblement passer de 20 % à 30 % réalistement sans en faire d’éclat. On n’est pas les seuls mal pris avec le ministère de l’éducation tout croche ou la politique mène en grand. Inodore, incolore sans saveur et vous avez des ignorants dont presque la moitié de la population du Québec est analphabète fonctionnel! Wouf!
De toute façon, c’est inévitable, il nous faudra une meilleure répartition des richesses. Mon ancien directeur, car nous avons eu une rencontre d’anciens, me rappelait la grande césure entre les deux années 1981 et 1982, période de la crise. En 81, nous avions des classes (communautaristes) incroyablement dynamiques ou tout était partagé, etc., etc. 1982 arrive. C’est le chacun pour soi. L’arrivée du je, me, moi. J’avais bien remarqué ce qui se passait en Californie et je me disais, pourvu que ça ne nous arrive pas à nous, ici. Quelques années, c’était fait. L’individualisme, le plan de carrière, la peur constipante de s’impliquer. Nous ne sommes pas en Suède, ni en Norvège. J’ai déjà travaillé avec ces gens dans l’aviation. La préoccupation d’autrui, la politesse, le partage, l’honnêteté « intégrale ». La Suède a créé un fond d’au moins 150,000 $ pour chaque citoyen au cas de catastrophe personnelle. Comme gestionnaire je ne la trouve pas drôle de voir aller les choses. Gouvernements faibles dont le seul but est la réélection dans 4 ans. Le Québec vit au-dessus de ses moyens et n’a plus de priorités. Les dernières élections? Un désarroi total ou les gens ne savent plus où se diriger. Je suis allé en Italie! Beaucoup plus riches que nous autres, ça ne se compare pas.
« Si notre système actuel fait arriver tout en haut, aux commandes, les moins vertueux, pourquoi continuons à croire en cela? Ce système a organisé depuis des décennies, notre dépendance à son égard : ne cultivez plus, d’autres le feront pour vous, ne cuisinez plus, d’autres le feront pour vous, ne lisez plus, ne réfléchissez, ne pensez plus, d’autres le feront pour vous? Mais ces « autres », ces pseudo spécialistes de tout et de rien, sont ils vraiment au service de la société, sont ils vraiment animés par l’intérêt général? »
Et le monde s'agrandit!
Il suffit de voyager qu’un p’tit peu pour savoir que le monde devient multilingue. J’ai toujours de l’admiration pour mon ami Bruce qui se mit à parler russe à des Russes. Je lui dis, mais tu ne m’avais pas dit et il m’a répondu, je ne me souvenais plus que je parlais russe. Pour Bruce, la terre est ronde et il faut la transformer en une immense ronde de fraternité. Parler plus d’une langue est aussi un bon traitement contre l’Alzheimer. Personnellement, je n'aurais jamais imaginé fonctionner dans un monde où je ne serais pas bilingue. On m'a offert de l'apprendre dans l'aviation. J'ai sauté sur l'occasion. Non, je ne me suis pas ennuyé de maman, j'avais plein d'amis!
LES PARENTS
Aujourd’hui, le parent est PROPRIÉTAIRE de l’enfant et le défend comme sa propriété. Ce que les gens ne savent pas c’est que cette attitude et quelques autres affaiblissent l’enfant, il va faire un mou dans la vie. J’ai rencontré un de mes élèves syriens avec son père, incroyablement costeau! Je sentais de leur part un respect quasi éternel pour l’autorité et je me sentais énormément respecté. Le père venait me remercier et cet homme costaud adorait son fils. Celui-ci avait eu un cancer et la force intérieure qu’il avait lui a permis de supporter le moral de toute sa famille dans l’épreuve qu’il passait. Oui, le respect de l’autorité et des règles, la discipline, font des enfants forts. Va dire ça aux parents PROPRIÉTAIRES DE LEURS ENFANTS! Désolant!

 

 

 

 

 


Photo prise à l’école des Marines, Parris Island, en Caroline du sud. Tout un monde. En entrant, j’ai eu affaire à un quasi-enfant. Soldat à 17 ans. Je l’ai appelé “son” ou “sun” aurait été la même chose. “You know what I think son?” “No sir.” “I think, you've got courage! Take care. » J’ai senti le cœur lui virer. Et j’ai ajouté : "Don't forget, that a Canadian told you such a thing. » Et vlan. Un enfant soldat. J’étais un peu scandalisé. Mais j’imagine qu’il était cadet. Cette île est aussi le premier lieu d’arrivée des Huguenots français fuyant les guerres de religion d’Europe. Je voulais voir et m’incliner devant ce mémorial. Mais, l’île est aujourd’hui un camp militaire prestigieux. Je suis moi-même huguenot de descendance. Les huguenots étaient protestants et je suis dont fier d'avoir une descendance protestante. Une véritable épine dans le pied. Je proteste toujours, pas surprenant mon affaire.

J’ai fait du collège, de l’armée... quelle fierté tu as quand tu performes et que tu es à ta place. Quelle valorisation ça te donne. Vous aimez votre enfant? Mettez-le à l’épreuve. Pas seulement au hockey où tu vois des parents, trop souvent, aussi enfants que leurs enfants. Grand'Maison disait que le 50 % du Québec était adulescents. Bien certain que cette nouvelle, on l’a passé sous le tapis. On ne voulait pas savoir. Désolant. Mais, je pense sincèrement que le vent commence à tourner surtout avec les ethnies qui nous enseignent un certain savoir-vivre. Non, y faut sortir après 9 hs dans la vie... pour apprendre. 40 ans d’expérience dans l’éducation. Je dois savoir quelque chose! Non! C’est Einstein qui disait qu’il n’y a rien de plus anti-scientifique que la certitude d’avoir raison. Ouvrons nos yeux, sortons les voiles et partons faire des découvertes. J’ai travaillé chez les Juifs. L’éducation.... une priorité ainsi que l’ouverture d’esprit. Dans un stage à l’hôpital juif, je suis arrivé et tout le monde parlait anglais et subitement, tout le monde se mit au français par respect pour moi, pourtant je parlais déjà anglais. De toute façon m’a dit le psychiatre, le prochain client parle français. Et vlan. Voilà de l’ouverture. Un de mes anciens, p’tit génie, « Je ne pouvais pas ne pas VOUS saluer M. Labelle. » Parle plusieurs langues, fait son internat en chirurgie du cerveau. Un p’tit québécois élevé à la dure! C’est du solide. 

Victor Lévis-Beaulieu
Mon cher Victor, pour vous consoler je dois vous souligner que Facebook et ses semblables sont en train de ressusciter nos langues et notre langue. Grâce à Facebook, j’ai commencé à écrire pour ceux, celles que j’aime. Ce sera sans doute un livre assez costaud. Titre temporaire : « Ma vie comme un roman. ». Vous ne devez pas paniquer cher Victor, car vous écrivez tellement bien. » Vos premières lignes finissent toujours par me transporter comme si j’arrivais devant une immense sculpture romaine, par exemple, et que j’allais m’évanouir devant sa beauté. Vous écrivez comme un archange du ciel dont nous ne pouvons deviner l’origine tout en sachant que cette origine est céleste. De grâce, ayez pitié de nous, nous sommes peut-être ignares à vos yeux, je vous comprends, mais jamais nous ne pourrons vous rejoindre dans la qualité de votre écriture. Nous écrivons mal, mais au moins, nous écrivons. Et c’est en écrivant mal qu’on finit par bien écrire. Je le pense. Moi-même, j’ai toujours dû me battre à armes inégales avec ma langue. Je l’aime, mais je suis malhabile, je ne me souviens pas toujours des règles, mais ma langue, je l’aime et vous aussi. BONNE ANNÉE CHER VICTOR et j’apprécie votre lutte. Vous savez, il y a un côté très affectif dans la langue et c’est justement là que je succombe.
C’est absolument très vrai. L’ignorance, quelle catastrophe. Mais je suis toujours impressionné de voir ces jeunes se lever et protester. Je suis vieux et je suis bien conscient que l’avenir de ma nation est dans les jeunes. Donc, j’y suis très sensible. Je regarde Gabriel Nadeau-Dubois. Pas nono, n’est-ce pas? Y’a sûrement beaucoup de ses semblables autour de lui. Bon, je ne me serai pas battu pour rien. J’y ai passé ma vie. Quelle consolation j’ai, quand je vois cette nouvelle génération prendre le flambeau. J’ai le cœur qui bat plus vite et la confiance en la vie me revient.
 

LA RELIGION, LA POÉSIE
Qu’est-ce que ça donne la poésie Richard? Ça fait vivre mon cher, ça fait vivre. Et la religion? Ça fait vivre mon cher, ça fait vivre! « Encore faut-il regarder du bon côté. En parlant de Dieu.... »Les « divinités imaginaires » comme vous dites, sont peut-être des symboles, des archétypes que nous utilisons depuis la nuit des temps afin d’essayer de comprendre... Sauf que nous sommes coincés dans cet univers et que nos sens ne peuvent que nous donner une minuscule portion de la réalité. « Les « divinités imaginaires » sont peut-être comme les ombres qui se projettent dans la caverne de Platon... Il y a peu de personnes qui sont en mesure de mieux comprendre ces choses... Dans les intelligences multiples, il y a aussi l’intelligence spirituelle et il y a bien des cancres dans ce domaine, tout comme il y a des cancres en intelligence logico-mathématiques... Ce n’est pas parce que quelqu’un ne comprend pas les maths qu’il peut affirmer que les maths n’existent pas. » (J'ai perdu le nom de l'auteur.)


 
Autre expérience qui me préparait a être éducateur et comprendre davantage ce qu’est un enfant!
 
Ça me tente de vous conter une histoire vraie à propos du genre fouineur que je pouvais être, enfant. Ce fut une grande consolation pour moi. Peut-être qu’on n’avait pas toujours le temps de s’occuper de moi, eux, les adultes, mais il certain que j’ai pris beaucoup de temps à m’intéresser à eux. J’ai appris, en thérapie familiale comme stagiaire à l’Hôpital Juif de Montréal avec un fameux psychiatre réputé qui avait toujours son no. matricule des camps de concentration imprimé sur son bras gauche, en haut au début de l’épaule. Un homme qui revivait les horreurs des camps toutes les nuits et ne pouvait coucher que sur une planche de contre-plaqué, car sur les matelas, il ne pouvait pas dormir. Il me répétait souvent, tu sais Richard, il n’y a pas de secret de famille pour les enfants. There is no family secret for children, Richard. J’avais le fou rire, car c’était bien vrai pour moi. On vit arriver une jeune famille avec de jeunes enfants et la plus jeune, donc la plus fragile en terme de thérapie, se tenait les fesses bien serrées et à deux mains. Le psychiatre me donna un coup de coude. Regarde Richard, on a du lui dire avant de partir de la maison, de se retenir le clapet, si non qu’on lui en passerait une bonne en revenant. (Non verbal! J’ai appris en titi.) « And listen what will happen. » Le show commençait. Tout le monde se mit à parler. Le grand de 18 ans, insulté, disait que non, son père n’avait pas et n’avait jamais eu de maîtresse! Et d’un enfant à l’autre en allant vers la plus jeune. Surprise, la plus jeune apprit à tout le monde la nouvelle. Ha oui! Il y avait eu beaucoup des matantes à profusion qui étaient passées à la maison depuis quelque temps. Matante une telle, telle autre qui lui apportait un cadeau, etc., etc., etc. Le tout à la grande stupéfaction du père, de la mère, des frères et des sœurs. Un enfant ne voit rien. HA! HA! HA! HA! Il voit tout et ce fut la même chose pour moi qui aimait comme un p’tit fou ratisser les fonds de tiroirs de tout le monde. Des condos... des condoms plutôt,, des revues douteuses, mais intéressantes, même pour un enfant! etc., etc., etc. Et quand je voyais ce beau monde se regarder avec tout le respect qu’on peut imaginer, je me disais en moi-même :" bande de maudits cochons. Sans compter la fameuse valise interdite de l’oncle Philippe que j’avais fouillée de fond en comble avec un intérêt qui grandissait à chaque découverte que je faisais. J’en ai appris des choses la mes amis. Je fus surtout surpris par un attelage en forme de pénis et de crème l’accompagnant. Sans doute que c’était pour les queues souffrantes. Et je regardais encore ce monde et je me disais, MAUDITS COCHONS! Écoutez ce que je vous dis. c’est le « thérapeute » qui vous parle....Si votre enfant n’a pas à l’âge de sept ans fait le tour de toute la maisonnée, dites-vous qu’il y a des problèmes. L’animal est ainsi fait et c’est notre animal qui se défend en tentant de prendre le contrôle de son environnement. Même mes petits rats que je mettais en cage. Pendant une bonne demi-heure et plus,  ils mordaient partout dans la cage, question d’investiguer leur environnement. J’étais comme ces petits animaux, je vérifiais tout. C’est beau la nature mes amis.


L'avant Réseau. Le début des horreurs.-----


J'étais telle furieux que, par mégarde, j'ai tout effacé. Pour résumer, ce n'est qu'un début. C'est le point de vue d'un éducateur, expérience de 40 ans, qui veut vous livrer sa pensée concernant son opinion sur la maladie mentale. Premièrement, les malades mentaux ne sont pas ceux qu'on pense. Ce sont surtout ceux qui les fabriquent par du harcèlement, menaces de toutes sortes et ajoutez-en tant que vous voulez. Le patron qui font travailler leur monde dans la crainte. 50% de la maladie mentale au Canada. Et j'en passe. Et l'autre pan, les abus sexuels et violents de toutes sortes. J'ai ai tellement dans la tête que je ne sais pas ou commencer. Tiens, je vous parle de "mon p'tit pit adoré"! J'en ai pleuré des jours. Il m'arrive dans le corridor et me dit comme ça, "je suis le mal incarné, l'ange de la destruction! Méfiez-vous de moi. Houuuuuuuuuuu!" Je lui dis rapidement, entre ici, (dans une classe) que l'on discute de ça. Psychose! Ça va de soi! Je lui mets la main sur l'épaule. Je voudrais dont le sortir de ses vapeurs toxiques. Rien n'y fait, il est froid comme une glacière. Toutes les émotions ont été "siphonnées" de l'intérieur. Plus rien à faire. Je courre chez le directeur qui me connaît bien. J'ai un cas d'Albert Prévost, je lui dis. Pas de problème Richard me répond-t-il. Je fais monter mon jeune dans mon auto et c'est Albert Prévost en vitesse. Je ne voulais pas l'envoyer en contention dans une ambulance. Je savais que je prenais un risque. On arrive à Albert Prévost, psychiatre tout de suite et dix minutes plus tard, il est interné. Il habite maintenant dans des logements supervisés et demande la charité à tout le monde sur la rue Ste-Catherine. Un beau bonhomme, beaucoup plus costaud que moi. Démoli complètement. Il était un enfant adopté, un manuel. Ça ne convenait pas à un des deux parents. On l'a rendu "fou"! Adopté! Ça venait me chercher, bien sûr puisque moi-même je l'étais. J'ai dont pleuré! Le plus fou de tout ça, c'est qui, vous pensez? Vous me comprenez, j'espère? Que la vie est dont injuste parfois! Et en plus, ces gens font souvent trop confiance aux autres et deviennent ainsi des victimes faciles pour les agresseurs.

Oui, il faut se méfier. Dans mon enseignement, ce qui me révoltait, c'était ces parents qui envoyaient leurs enfants à l'école, le trou du cul presque à l'air libre. (Je m'excuse) Mais c'est la vérité. Comme un directeur qui était pour les toilettes mixes. Inutile de vous dire que le bonhomme s'est fait "pincer". Je dirais, qu'avec le québécois, vous pouvez tout faire. Peur de s'affirmer. On peut nous faire avaler n'importe quelle couleuvre. C'est vraiment désolant. Sans compter, bien sûr, le manque d'éducation de beaucoup de parents et même d'adultes qui travaillent dans le réseau de l'éducation. Qu'est-ce qu'on ne ferait pas pour paraître gentils avec les élèves. Il est certains que ces gens mous n'étaient absolument pas équipés pour affronter des crises graves comme j'en affrontais avec certains autres intervenants, intervenantes compétentes. J'étais souvent seul d'ailleurs. Le monde a peur, ils ont peur d'avoir peur. Pourtant, quand on a de l'expérience, le risque est très minime et moins dangereux que de ne rien faire. (Brouillon, je m'excuse, mais je vais corriger à la file. Pourquoi j'écris ça. Pour l'amour que j'ai de l'humain. Tout simplement.
Chapitre VIII
1991-2002 HISTOIRE D’UN RÉSEAU D’ENTRAIDE QUI A EFFICACEMENT PROTÉGÉ LES JEUNES DE L’ÉCOLE CURÉ-ANTOINE-LABELLE DE SAINTE-ROSE DE LAVAL CONTRE LE SUICIDE. CE MÊME RÉSEAU A PERMIS D’ÉTABLIR UNE THÉRAPIE QUI IMMUNISERAIT EFFICACEMENT LES JEUNES CONTRE LE SUICIDE

LE RÉSEAU DE L’ÉCOLE CURÉ-ANTOINE LABELLE VIT LE JOUR DANS LE BUT DE PRÉVENIR LE SUICIDE CHEZ LES JEUNES.

Sept astuces pour se sentir « bien dans sa tête »
S'accepter, se ressourcer, créer des liens, découvrir, ressentir, agir et choisir permettent de maintenir une bonne santé mentale au quotidien.

Au moment de la fondation du Réseau, l’école CURÉ-ANTOINE DE STE-ROSE DE LAVAL connaissait une véritable « crise » de suicides qui se traduisit par la mort de plusieurs jeunes en peu de temps. Voici donc le récit, l’histoire incroyable de cette aventure qui mobilisa plus de 350 personnes au moins. À la toute fin, le Réseau pouvait se vanter d’avoir donné de la formation (De JEVI Sherbrooke et de la Cité de la Santé avec Sylvaine Raymond comme responsable du programme lavalois.)  de 40hs de prévention suicide à plus de 350 jeunes. (La liste complète de ces jeunes et des adultes qui les ont accompagnés paraît à la fin de ce volume) le tout étalé sur dix années. Avant de s’éteindre, discrètement, en collaboration avec des intervenants, intervenantes chevronnées, le Réseau joua un rôle majeur dans la formation d’une thérapie cognitive et comportementale qui était ni plus ni moins qu’un vaccin énergique pour « enlever de la tête du jeune » l’idée de suicide. Cette découverte fut présentée au Congrès international de Genève en juin 2002. Plusieurs formes qui ressemblent étrangement à cette approche sont maintenant appliquées dans le monde entier.
Vous vous doutez bien que de démarrer un Réseau bien structuré n'est pas du tout une sinécure. J'ai commencé à me préparer à cette aventure à l'automne 1989 suite à une rencontre avec une équipe de JEVI, Sherbrooke, qui avait un kiosque à notre congrès d'Enseignement religieux au Reine Élizabeth, à Montréal. J'ai eu l'honneur de saluer monsieur Thibault, le fondateur ainsi qu'une bonne partie des membres de l'équipe. Pour moi, il ne s'agissait pas seulement de faire de la prévention, mais bien aussi de tenir compte de tout l'aspect organisationnel avec comme fond, une formation articulée et solide pour permettre à notre monde d'intervenir avec compétence. Il fallait donc tout prévoir. Je me donnai comme mandat pour l'année qui venait de consulter le plus large spectre de tous les gens de la communauté. Il n'est pas nécessaire, vous en conviendrez de vous dire que j'en profitai pour faire du recrutement, mais je n'avais encore aucune idée de la formation précise qu'exigeait cette démarche.
Pour éclairer votre lanterne, ne serait-ce que sur un point. J'eus le fastidieux travail de préparer un genre de liste des criminels potentiels qui pouvaient fréquenter l'école. Connaître, par exemple, ceux qui sont à risque de compromettre des gens et de faire croire qu'on voulait les abuser. Un exemple parmi tant d'autres. Ce travail m'amena même auprès du corps policier de Laval, section filature pour en savoir davantage. Les deux seuls qui furent au courant de ces démarches et le leurs résultats fut Raymond, mon psychologue attitré et moi-même. Personne, mais personne des dix ans du Réseau ne se douta qu'on pouvait être informés comme on l'était. Donc, trafic de jeunes, rencontres nocturnes entre adultes et jeunes recrutés pendant les heures de classe. J'avais toute l'information, le tout, complété par des filatures régulières. L'objectif? Se prémunir contre des individus mal intentionnés qui auraient fait des approches auprès de nos jeunes du Réseau ou d'autres personnes à risque. Sans compter, les voleurs, etc. etc. etc. Nous en avions un qui avait volé quasi pour un million à son patron. Vous auriez du voir, il avait l'air d'un ange, mais ça ne durait pas trop longtemps. Il se transformait vite en diable. Il dévoilait son jeu malgré lui. Donc, il nous fallait connaître ce genre de « soupe » dans laquelle nous aurions à mettre la main très occasionnellement. Ça se produisit, mais le tout fut vite transmis à la police très efficace de Laval et à la DPJ.
Donc, les gens qui s'imaginent qu'être patron d'une telle boutique est facile et sans risque devront réviser leurs connaissances, car, non, régir un tel système est complexe et exige de vous des talents sûrs et une vigilance sans relâche et une équipe qui vous supporte. Car, notre réseau a toujours fonctionné de façon collégiale, ce qui n'était pas vraiment facile non plus. Vous avez toujours au moins une personne qui n'est pas d'accord avec vous et qui parfois peut se mettre à faire de l'intervention isolée, à sa façon. Car une faiblesse des bénévoles selon toutes les recherches faites sur le sujet est de croire qu'ils savent tout à cause de leur amour des jeunes par exemple. Certains élèves se sont même payé la tête d'une de ces personnes en lui faisant croire qu'ils étaient des enfants abusés. Le plus triste est que la personne en question tomba dans leur jeu. Et ces mêmes élèves allaient par la suite se vanter de leur « arnaque » auprès d'une psychologue en particulier. Il n'en fallut pas plus pour discréditer un peu le Réseau auprès de la direction, affirmant qu'une telle organisation pouvait aussi être dangereuse dans le milieu. Il fallut donc se « battre » pour corriger le trajet. Quels troubles! Tout ça, pour un seul adulte qui voulait faire cavalier seul et se prenait lui-même pour le Réseau.

 

 
Merci Hélène. Merci encore pour la très belle fête du cinquantième de l'école Curé-Antoine-Labelle que j’ai beaucoup aimée. J’ai eu un échange avec Christian, mais je ne sais trop ce qu’il a. Il a été fort surpris d’apprendre que le réseau avait participé à la formation d’une thérapie spéciale qui inoculait les jeunes contre le suicide. Bien certain que tout cela baignait dans la confidentialité complète, car il n’était pas question d’ébruiter les noms des jeunes qui y participaient. Mais quelle joie de voir des jeunes s’en sortir. J’ai été dans le secret des dieux. On voulait même que je participe comme intervenant à cette nouvelle thérapie. Pour moi, il n’en était pas question, je voulais respecter l’intimité de ces jeunes que « j’avais » recrutés grâce à des personnes comme toi et Marie. Le nom qu'on donna à la thérapie fut le mot Astuce. En d'autres termes, développer des astuces pour affronter la vie et ses problèmes. On m'offrit d'agir aussi comme chercheur. Suite à cette offre, je dois vous dire que je me sentis infiniment reconnaissant à tous les membres adultes du Réseau ainsi qu’aux jeunes qui m’ont toujours fait confiance. Nous pouvons, sans l'ombre d'un doute, affirmer que nous avons sauvé des vies. Grand, grand merci à tous les nombreux particpant(e)s. Le Logo, ça vous rappelle des souvenirs?  Donc, cette activité particulière de recherche a pris toute l’énergie pour les deux dernières années du Réseau. C'est la raison pour laquelle le Réseau ne figura pas autant sur la place publique même s'il était actif. Il n'a jamais cessé de l'être.

MON ENFANT QUI SE DÉFIT EN MORCEAUX. Le texte est à composer.
C’est Robert Kennedy qui disait que la vie était souvent bien injuste. Il avait totalement raison. Seulement constater la répartition des richesses dans le monde et on voit bien que les riches mènent et que les pauvres, bavent.

Histoire d'un jeune que j'ai accompagné!
Le Réseau et les médias.

Photo du premier camp du Réseau 

 

 


Des intervenants du Réseau. Marie, Madeleine, notre
bonne psychologue, stagière extraordinaire, Raymond
(Décédé. Quelle perte!) Et à droite complètement. Une
grande amie dont j'ai complètement oublié le nom.

 

8e camp du Réseau, presque 10 ans plus tard. C’est de l’énergie mes amis.
 
          Rencontre émouvante à JEVI SHERBROOKE pour un colloque d’échanges sur
          la prévention du suicide. J’y avais presque passé la nuit complète à parlemen —
          ter sur toutes sortes de sujets avec mes grandes amies et des responsables de
          JEVI, Sherbrooke. Voir 6e et 7e à partir de la droite vers la gauche. Des adultes
          et des jeunes très dévoués ainsi que la présence, avec nous, du fondateur de
          JEVI.  Quel honneur! (6e personne à partir de la gauche.)

PARTICIPATION DU RÉSEAU À UNE RECHERCHE SUR UNE NOUVELLE APPROCHE.
« Le deuxième focus groupe réunissant la plupart des intervenants du Réseau pairs-aidant de l’école Curé-Labelle à Laval, ressource reconnue comme proactive dans cette région, nous a permis de cibler des jeunes anciennement à risque suicidaire. À cet effet, l’implication riche de cette ressource pourra s’avérer bénéfique pour confronter le modèle proposé à des jeunes ayant déjà eu des problèmes émotionnels. » (Ce fut la dernière recherche très intéressante qui faisait suite au Réseau d’entraide et qui finalisait les activités du Réseau en 2002.) Pour ceux, celles qui doutaient que nous étions actifs, il n’y a qu’à vérifier. Le résultat de cette recherche fut présenté à Genève.. Quand même! Pas rien n’est-ce pas?

DÉFENDRE LE RÉSEAU D’ENTRAIDE PAR LES PAIRS SUR LA PLACE PUBLIQUE.
Dans la première situation vécue, je pense que le journaliste qui s'était engagé a faire du travail pour le Réseau, était jeune, débutant et il fut très honnête. Il était sous contrat. Mais j’ignorais quelle forme ça allait prendre. Pas grave. J’ai relu l’article et elle rapporte précisément ce qui s’est passé. Pas d’invention. J’aurais l’occasion de vous conter une autre histoire qui, celle-là, ne fut pas drôle du tout. Bon, je ne fus pas très heureux, mais ça m’a valu une interview avec Lisa Frula comme prix de consolation, ce que j'appréciai énormément. J’ai passé des heures à me préparer à cet interview. Quel message précis, essentiel et court, j’allais passer. Je fus très fier de moi tout en étant en maudit contre moi, car j’aurais pu lancer une pierre dans la marre et j’aurais sans doute fait toutes les pages des journaux du lendemain, mais au moins, la vérité serait sortie. Pour faire une omelette, il faut toujours casser des œufs m'a-t-on dit. Comme je l’ai déjà dit aussi, il m’aurait fallu un attaché de presse. La commission scolaire avait de la misère a s’en payer un. Il m’aurait sans aucun doute fallu tout simplement un bénévole compétent dans le domaine, car il ne faut jamais "dealer" avec la presse comme un collégien. C’est toujours du sérieux et ça peut-être dangereux. Ils peuvent te tourner en ridicule comme ils veulent. Le meilleur pour moi, ce fut le canal TQS. C’étaient des jeunes qui voulaient vraiment produire du sérieux et je le sentais. Ils savaient aussi que j’étais « allumé », qu’on n’allait pas me passer n’importe quoi. D'autre part, j'eus droit à deux cochonneries de journaliste : un article qui n’aidait pas sur L’Actualité et un film de l’ONF fait par une écervelée qui s’est calmée quand elle s’est rendu compte, que j’avais des contacts à l'ONF. Alors, là, la madame a perdu de l’altitude. Mais quand même, je ne l’ai pas trouvé drôle du tout. Et pendant ce temps, je m’occupais toujours du Réseau. Houf! Des nuits à travailler et le pire, c’est que ça ne paraissait pas du tout ce travail que je faisais. Le monde ordinaire n'y voit généralement que tu feu. Il y avait aussi mes classes à préparer et ça aussi, je prenais ça très au sérieux. J’ai plus souvent qu’autrement, durant toute ma carrière, travaillé souvent jusqu’à deux heures du matin. L’enseignement, c’était pas du tout payant si je calculais les heures travaillées. J’avais eu de grosses offres du privé. Je doublais, triplait et même quadruplait de salaire, mais, dans les affaires. Et pourquoi je faisais tout ça? C’est simple, pour assurer la survie du Réseau en flattant les patrons. Tu ne peux faire autrement. Seul, un patron a été à la hauteur, Gilles Deslauriers, accompagné de mon adjoint Richard Cloutier. Je ne dis rien des autres, mais Gilles fut celui qui épousa la cause comme je l’avais épousée. Tout un homme. Ce n'était pas le genre à faire des show off et vouloir remonter sa cote de popularité De toute façon, vu son calibre, il fut nommé directeur général de la commission scolaire une ou deux années plus tard. C’est le gros problème des organisations dans les écoles. C’est au bon vouloir du directeur et comme on change souvent de directeur, alors le vent change souvent de direction. Je ne peux m’empêcher cependant de souligner les mots d’encouragement de plusieurs personnes qui participèrent au Réseau. Marie me dit merci (à propos du Réseau d’entraide de C.A.L.), «c’était riche en émotion et tellement important, tous y ont donné de cœur plein d’amour les uns envers les autres pour intervenir le plus adéquatement possible, merci encore. » Merci chère Marie pour ces bons mots.
J’ai malheureusement souvent eu le cœur brisé par des situations de toutes sortes y compris une photo terrible où on voit deux gars qui viennent de faire une tentative de suicide. Il sont d'ailleurs pas mal amochés, les deux, sur la photo en question. Deux semaines plus tard, il y en a un qui s’essaie à nouveau. Il meurt. Différence, le père s’est occupé de l’un et le père de l’autre n’a rien fait. Pourtant, les deux, pleins d’un talent fou. Après leur tentative, après leur sortie de l’hôpital, ils étaient venus rejoindre les amis du Réseau, car j’organisais un party à la pizza. Ils ne voulaient pas manquer ça. Curieux la vie. Le psychiatre en chef de Prévost appelait ça : « la pizza thérapie » Charles Bedwani. Il me faisait bien rire. Nous étions une équipe, je dois dire, extraordinaire. Des gens adorables que j’adorais et ils me le rendaient bien.

LE BÉNÉVOLAT EN PRISON

J’ai fait dix ans de prison comme bénévole au fédéral. Je voulais voir une autre réalité de la vie. Un bon ami m'en offrit l'opportunité moyennant un service que je devais rendre, être secrétaire d'un comité. Il avait besoin de mes services pour rendre le fameux comité plus opérationnel. Je ne vous cacherai pas que ce comité n'avait à peu près aucun pouvoir, sinon de soumettre des attentes concernant certaines situations à l'interne. Par contre, ils nous étaient toujours possible de tisser des liens pour venir en aide à telle ou telle personne. Ce fut la partie du travail que j'appréciai le plus même si mon temps était limité.
Il y avait, bien certain, toutes sortes de problèmes qui nous étaient soumis. Un exemple parmi tant d'autres. Dans ces prisons, il y a toujours eu de la drogue. On avait même acheté un machin qui coûtait 1,000,000 $. Il pouvait identifier des traces de drogues sur à peu près un 20 $ sur quatre. C’était la monnaie avec laquelle se payait la drogue dans le temps. J’avais trouvé intelligente l’intervention d’un professionnel qui disait que la prison était de toute façon comme une société et qu’aspirer à complètement éliminer la drogue nous apporterait des troubles encore plus sérieux. Je pense sincèrement que rendre les drogues légales nous éviterait les gaspillages astronomiques que nous faisons, tout cela sous la pression des Américains, chrétiens invétérés de la pureté évangélique qui ne veut plus rien dire, car complètement déconnectée de la réalité. Et tout cela n’est-ce pas pour faire plaisir aux amis du parti qui vont faire un argent fou avec des désintox qui vont plus ou moins fonctionner et des thérapies douteuses. Quand je pense qu’on a fermé le Leclerc qui offrait à moitié prix les services de buanderie aux hôpitaux du Québec et offrait aussi un p’tit travail aux prisonniers et qui avait pour effet indirect de limiter les évasions. Mais là où il y a de la politique, il y a aussi des enveloppes brunes n’est-ce pas. C’est vrai que l’argent en plastic ne passe plus dans les bols de toilette. Mais il y a beaucoup d’argent qui passe ailleurs.
Augmenter la sévérité des sentences. Allez voir quels sont ceux qui vont profiter de cette manœuvre de Stephen. Les avocats et tout l’appareil judiciaire et pénitentiel qui vont s’en mettre dans les poches. Le peuple! Mon œil. Il y a quelques années, au Leclerc, on avait

voulu faire construire l’hôpital de l’établissement par les prisonniers pour limiter les coûts. Vous auriez dû voir la vermine libérale, dans le temps, mais il y a de la vermine partout. Finalement, voyant que le tout se transformait en scandale, les politicailleux décidèrent de laisser faire les prisonniers. Ce fut un succès total. Pour se venger de la manœuvre on trouva moyen de chercher des puces au directeur qui fut finalement éléminé de la carte. Harper, la même chose. Cherche des « criminels » pour faire plus d’argent et faire croire au peuple naïf qu’il y a vraiment justice surtout avec le fameux sénateur Boisvenu dont nous avons payé des frais non justifiés pour entretenir sa secrétaire. Toute une justice!
Sénateur Boisvenu! Oui, faire payer les frais de sa maîtresse en la nommant sa secrétaire à Ottawa et en plus, abuse dans les demandes de remboursements de frais de représentation. Oui, il a décidé de se faire vivre par son esprit de vengeance. C’est beau hein? Avez-vous déjà été en prison pour quelques mois? Vous devriez. Peut-être changeriez-vous d’idée sur les soi-disant Hilton où on vous sert des petits amuse-gueules tout moisis. C’était écœurant à un tel point qu’un Hells un peu plus « civilisé », je ne blague pas, a décidé qu’on réglerait le problème en alternant les dépenses. Bon, ce n’était pas festif à ce point, un quart de poulet avec frites et salade de choux de St-Hubert. Vous connaissez sûrement. Et le fameux Poirier de la radio, grand « spécialiste » des causes criminelles se mêle de l’affaire et fait tout un boucan avec ça à la radio, question de divertir les esprits bien pensants de ce siècle. Poirier, a-t-il déjà expérimenté la prison pour quelques jours. Ce ne sont pas tous des anges. Non, car ils seraient au ciel ou dans les musées. Mais quand même. Vous voulez savoir? La misère humaine dont les 80 % viennent de familles dysfonctionnelles. Ça va bien n’est-ce pas. Y’en avait un qui avait toujours connu les institutions durant toute sa vie. Crèche, orphelinat, école de réforme ou équivalent, petite prison, cachot de la police municipale et, maintenant, rendu à 60 ans, ne savait plus où aller. Je lui amenais de la visite. Une classe complète de 30 étudiant(e) s. Il était heureux à chaque fois. Tout le monde entrait dans son cachot. C’était tassé pas ordinaire. Je ne préparais jamais mes élèves. Il le rencontrait fret, net, sec, comme ça. Ils sortaient tous en pleurant. Ils ne pouvaient croire. Et pourtant, ce monsieur, il était heureux... qu’on vienne le visiter, comme ça, sans avis. Je ne sais pas quel âge il a aujourd’hui. Ça fait quinze ans. On a dû lui trouver une autre institution ou est-il déjà mort.
Oui, j’ai vu des « irrécupérables » en prison. Rien à faire comme on disait. Ils étaient rares ou peut-être qu’on les dérobait à ma vue. Je ne sais trop. Mais le pire, je n’aurais jamais osé, car cela allait contre une certaine espérance qui m’habitait et qui m’interdisait d’imposer à l’autre mon jugement. J’ai vu un grand-père mourant, 90 ans passés, qui avait toute sa vie ou presque, battu tout son monde et à la vue du bien que je faisais à son petit fils, fut ébranlé profondément et exigea de me voir. Ce fut une véritable « confession ». J’ai battu tout mon monde M. Labelle, me disait-il. Je le regrette. Merci de vous occuper de mon p’tit fils. Je sais qu’il s’améliore avec vous. Moi, j’ai été un père infâme.... etc. J’en pleure encore. Cet homme s’était amendé, une journée avant sa mort. Tous ses enfants virent le « spectacle » ainsi que son p’tit fils dont je m'occupais. Oui, le père s’était amendé. Ce qui faisait dans ma tête toute la différence. Avec mes prisonniers, je ne me faisais pas d’illusion, mais parfois la réalité dépassait toute mes illusions. Tant qu’il y a de la vie, il y a de l’espoir. Je pense à ce jeune Hell’s que nous avons fait sortir de la confrérie. Quelle job! Il m’a dit au revoir et est disparu. On allait changer son identité, sa figure, ses coordonnées de toutes sortes, son pays, et tout et tout. J’eu l’impression que les Hells me suivirent pendant un certain temps. Ce qu'ils firent, bien sûr. Cela ne m'inquiéta pas car je suis une personne qui adore les humains et qui les accepte comme ils sont. J'aurais été très surpris qu'ils s'attaquent à moi de quelque façon que ce soit. Ma femme avait été très impressionnée de voir un autobus Provost de 2 ou 3 millions, venir se stationner à côté de notre site de camping aux U.A.S. J’évitai que le pauvre Hell’s qui conduisait l’autobus n’entre dans un arbre. Il vint m’offrir une bière tout en me saluant. Sur la licence était écrit : CHAPTER II. Je rigolais intérieurement et en plus, le zigoteau qui venait de m’offrir un bière, je le connaissais par son nom. Le pauvre « bougre » se disait poseur de tuiles... avec une carriole de 3 millions! Et jamais on a utilisé quelque violence que ce soit avec moi. Des grognements, oui, mais rien de plus et plus ça grognait, plus j’aimais ça, car je savais les neutraliser, ce qui faisait rire les gardiens qui me surveillaient quand même avec des gros fusils. Je ne peux vous en dire plus, car les fusils, ce n'est pas ma tasse de thé.
Le jeune qui avait coupé son père en morceaux, vous vous souvenez? Tout cela avait passé à la radio dans le temps. Oui, oui, oui, à la hache en plus. Bon, j’ai eu de ses nouvelles dernièrement. Il est sorti de prison, car il a fait ses 16 ans. Un bénévole de la prison à qui j’avais parlé de mes inquiétudes au sujet de ce jeune avait pris la peine de se renseigner. Quand, il rencontra le jeunot en question, celui-ci se préparait à sortir. Tout ce qu’il m’a dit dans les nombreuses rencontres qu’il a eu avec moi, ce jeune, ce fut de pleurer à chaudes larmes dans mes bras. Des biceps aussi gros que mes cuisses et finalement, c’était simplement un enfant qui pleurait de rage et de tout devant moi. Oui, il va bien, m’a dit le bénévole. Il est sorti et te remercie pour tout. Dit, qu’il ne t’oubliera jamais. Je n’ai jamais su son nom. C’était souvent ce qui arrivait, car on nous demandait de ne jamais répéter le nom à l’extérieur et son histoire, c’est pourquoi que je suis très évasif quand je parle des ces choses par respect pour les personnes. Va, mon jeune. Fais ta vie! Tu le mérites bien! Un p'tit martyr qui refait sa vie.
C’est tellement terrible la prison. Je voyais en particulier, à la prison où je faisais du bénévolat, le déchirement des enfants qui, à la fin de leur visite, voulaient ramener leur père à la maison avec eux. Ces enfants, dans le fond, ne méritaient pas d’être punis. Ce ne sont pas eux les coupables. Je me souviens d’une petite fille en particulier, qui fit une crise épouvantable. Elle ne voulait pas laisser son papa en prison. Je n’ai pas de mots pour exprimer toute ma sympathie pour ces parents en deuils. Des amis aussi, des amoureuses aussi. Et quand je vois la haine entretenue par des gens qui ne connaissent rien au système carcéral, ça me brise le cœur. Et pourtant, il y a aussi des succès. Exemple : un Hells qui sort de prison en gentleman. S’est fondu dans la foule. Erreur de jeunesse me disait-il! Et c’était vrai. Avait des enfants. Voulait refaire sa vie et il l’a refaite. On s’est toujours promis de se faire un clin d’œil si jamais on se croiserait dans la rue. Car, comme bénévole, je n’avais pas le droit d'entretenir aucun lien. Mais quelle joie intérieure! Un autre qui est heureux et qui fait le bonheur autour de lui.
Ce qui me frappait beaucoup en prison, c’est qu’il y avait plein de monde, des « connais tout » et qui font un dommage grave à la vérité. Oui, bien sûr, il y a de vrais criminels, jusqu’à un certain point irrécupérables. Il y a ceux, par exemple qui souffrent du syndrome de la mère alcoolique. Deviennent des suiveux qui sont prêts à faire n'importe quoi sur une simple demande. Tragique! J’en ai vu un se « défaire » progressivement au fil des années. C’est comme si mon propre enfant devenait comme un « déchet ». Épouvantable. Je l’avais accompagné en psy. À un moment donné, le psy me fait venir discrètement et me dit, vous savez monsieur, ce jeune était déjà ici à l’âge de 8 ans pour une thérapie spéciale.
Pour un gars de collège, il lui reste toujours quelques contacts qu’il peut utiliser, le moment venu. Suite à d’autres rencontres que j'eus dans d’autres milieux, certains douteux, je me mis à remarquer une certaine parade qui débuta une dizaine d’années au moins avant un "grand événement " que je devais vivre. On voulait sans doute savoir où je campais et les rencontres que j'y faisais J’imagine que les Hells avaient des rencontres avec certains petits « cocos » du milieux que je fréquentais très prudemment comme bénévole, en prison. Pas besoin d’être une mille watts aussi pour deviner que la présence de certains « grands » personnages à l’endroit où tu habites, en vacances sur un camping, ne sont pas des hasards même si tout ce que je souhaitais à l’époque, c’était la paix et je ne voulais voir personne car j'étais alors en vacances. Mais un policier à la retraite pour le moins loufoque me fit remarquer la présence d’une bonne cohorte de certains personnages que je connaissais pas en plus de la présence de certains Hells Angels. Je n’aimais pas beaucoup ça. Non pas que j’avais peur, mais pas du tout. Je voulais simplement qu'on respecte ma vie privée. J’étais en vacances et dans ma vie régulière, je n’avais jamais eu de contacts avec ces gens. Mais le fameux policier à la retraite dont je n’aimais pas beaucoup la présence, car il avait une trop grande gueule à mon goût et semblait vouloir se mêler des affaires de tout un chacun. De toute façon j’ai fini par m’en débarrasser, mais les informations qu’il me donna furent très précieuses. J'avais appris par ce bonhomme que nombre de gardiens de prison où je faisais du bénévolat se ramassaient,comme par hasard, dans le même petit parc d'État que je fréquentais aux États-Unis. Ils avaient entendu parler du parc pas moi-même et jamais je n'aurais imaginé qu'ils auraient envahit ma place de prédilection pour mes vacances, endroit que je fréquentais depuis 1973.
Le temps passa et tous les étés, à l’endroit où j’allais prendre mes vacances, je remarquais toujours quelques Hell’s et quelques fois mon policier à la retraite, toujours achalant, mais qui, tout à coup, disparut de la scène à ma grande satisfaction. Ce fut un demi-plaisir, car je vis s'amener subrepticement quelques Hell’s qui s’installèrent sans avis. J’eus vraiment le sentiment que ceux-ci s’étaient carrément trouvé une planque idéale pour venir se reposer sans avoir les policiers ou autres à leur trousse. Je dois cependant dire qu'ils ne me firent aucun trouble et gardèrent respectueusement leurs distances, sauf une fois où j'eus "le grand honneur" d'avoir un "full patch" comme voisin. C'était à peu près le seul qui ne s'était pas fait écrouer dans l'opération Shark. Je n'allai surtout pas l'appeler par son nom. Je fis semblant de ne pas le reconnaître. D'autant plus que le petit monsieur avait passé proche de lourdement percuter un arbre en reculant son immense autobus Provost d'au moins une valeur de un million, avec un garage sur roues, attaché au convoi, contenant une auto de luxe et deux motos Harley, pour le monsieur et sa blonde. J'avais lancé un cri terrible afin que le Hell's freine et évite ainsi de percuter un arbre qui était sur son chemin. Une autre surprise m'attendait.
Le rendez-vous eut lieu au même endroit. Je suis sûr qu’il s’agissait de Vito à qui on avait permis cette sortie pour faire ses adieux à la famille américaine, pour raison humanitaire, ce qui se fait régulièrement dans les prisons lorsqu'on sait que le prisonnier n'a plus beaucoup d'avenir devant lui à cause de sa santé déclinante. On savait déjà que Vito avait le cancer du poumon et que c'était fini. Je ne l’avais jamais rencontré avant, mais il me parut un peu fragile pour un homme de sa trempe, accusé de trois meurtres. Avec le cancer il savait sans aucun doute que son heure avait sonné, surtout qu’il avait la réputation de fumer comme un engin. Pas question pour moi de lui parler des Hell’s que je connaissais, rien de cela, mais je remarquai, en passant à proximité de la troupe, que nos deux voisins Hell’s étaient bel et bien présents à la fête. Pas de doute. Notre endroit de vacances était devenu avec le temps un lieu discret de rencontres pour une certaine « haute » d'une certaine société de l'ombre. D’abord qu’on me laissait la paix, tout le monde pouvait bien faire ce qu’ils voulaient, car j'étais en vacances comme tout ce beau monde. . Vous auriez dû voir le chic de ces gens. Je me pensais au Ritz, rien de moins. C’était la « grande » rencontre d’adieu avec le parrain que j’allais saluer bien respectueusement en lui disant bien respectueusement, « take care my friend. I will pray for you. »  Peut-être quelqu’un lui avait-il parlé de moi. Je ne sais vraiment pas. J’ai prié pour lui jusqu’à sa mort. On est dont petit devant la mort.
Toute une histoire où j’ai parfois croisé des gens importants du milieu sous-terrain, mais je n’en ai connu qu’un seul personnellement, un patron Hell's. En général c’était toujours par personne interposée. Celui que j’ai connu personnellement, je peux me vanter d’avoir été de ceux qui l’ont encouragé à prendre le droit chemin. Quand on sait ce que valent les banquiers aujourd'hui, parler du "droit chemin" devient une banalité pour un Hell's. Tout ce que je me dis, si j'avais vécu ce qu'il a vécu, peut-être que j'aurais fait pire. Car le crime organisé a plus d’un tour dans ses poches. Je peux vous l’affirmer. Une bête erreur de jeunesse, c’est ce qu’il avait fait, mon jeune. Ça lui avait valu 16 ans fermes. C'était sans doute un meurtre au second degré. Le 16 ans devient donc typique dans ce cas. Et s’il advenait qu’il me lise dans ce livre. Tout ce que je lui dirais:"Va mon ami, va! La vie est devant toi!" Lise fut un peu étourdie par la quantité de personnes présentes à l'entrée du parc, toutes habillées chics qui attendaient l'arrivée de celui qu'on voulait fêter. Mais elle ne se rendit compte de rien, car tout était civilisé et les gens, très corrects. Mon voisin, de son côté , après s’être bien installé avec mon aide, sortit avec deux bières dans les mains, une pour lui, et gentilment, une pour moi. Il venait faire de la réparation de tuiles dans la région, me disait-il. Ce qui justifiait sa présence. Comme je ne suis pas tout à fait une valise, je devinai bien vite que « mon ami » avait quelques autres activités saugrenues derrière la tête.
Je compris finalement la situation quand, en revenant d’une soirée en ville, nous nous sommes ramassés, Lise et moi, à la clôture d’entrée principale du parc d'État, avec un groupe très impressionnant de personnes, toutes bien habillées pour la fête. Limousines ultra-luxueuses à quatre portes, Hummer, tout nickelés, des personnes en quasi tenues de bal et des jeunes qui sautaient tendrement au cou de leur oncle ou autre. Cette rencontre n’avait rien d’une rendez-vous ordinaires avec en plus, d’immenses roulottes (gros autobus de luxe Provost) situées au début du terrain, à l’intérieur de la propriété. C’était évident pour moi qu'il s'agissait d'un gros partie qui s’organisait pour la fête de quelqu’un sans doute, et qui devait débuter un peu après la fermeture de l’établissement afin d'éviter d’attirer l’attention de yeux « malveillants ». On vint donc me voir pour me faire ouvrir la clôture qui était fermée au cadenas. J’avais la « combinaison ». J’étais donc le seul à pouvoir l’ouvrir et, encore une fois, quelques enfants tout près venaient sauter au cou de celui qui semblait être le personnage qu’on se préparait à fêter. J’ai une très bonne mémoire des figures. Le plus bel exemple est quand je suis comme un visuel dangereux, que je retiens tout. C'est moins vrai maintenant rendu à mon âge. Je blague. Bien des années auparant, J’avais été témoin d’un genre d’immense « fraude ». La police m’interrogea. Je leur demandai de me donner du temps et un coin tranquille pour réfléchir, car je devais me concentrer. Mémoire photographique. Après une demi-heure, je sortis en vitesse du local et leur donnai le no. de téléphone dont ils avaient de besoin et que j’avais vu sur les fameux papiers qui avaient transités dans plusieurs mains. Le no. de téléphone s'avéra être le bon et je le revis comme s'il avait été devant moi. Aux examens du collège, c’était la même chose. Une vraie caméra. Et cette fois, je remarquai très bien ce soir là que c'était Vito qu’on avait sans doute fait sortir de l’ombre, pour le temps de quelques soirs, pour raisons humanitaires, car, à son retour au Canada, il ne dura pas un an. Et il s’approcha de moi et me dit en anglais : "Don't tel me that a guy from Montréal will stop me to get in this place. » Tout cela dit, avec un air jovial. Aucune menace dans le ton. J'éclatai de rire. Car, c'est ma signature, d'éclater de rire par hommage pour les gens que je rencontre et les rendre joyeux. J'ai toujours été ainsi et mes amis qui me connaissent bien, le savent que je suis dangereusement charmeur, mais pour faire plaisir. Pas pour profiter des gens. « Listen, I've got a real problem. For sure one of the two numbers is the good, but I couldn't tell you wich one. So, we've got to try both. » Lui, dis-je dans un assez bon anglais dont j'étais très fier. Lui, de son côté avait un léger accent newyorkais, ce qui me confirmait davantage son origine. "Alors, vous allez tenir mon papier de notes et je vais tenter d’ouvrir le cadenas." Aucune menace dans l'air. Il ne m'a jamais fait sentir, par exemple, que le tout allait tourner mal si je ne réussissais pas. Ça ne m'a jamais passé par la tête. Il tint donc mon papier et j’essayai le premier numéro. Ça ne marchait pas. On passa donc au second et.... tout fonctionna. La grande porte s’ouvrit. « You see, we made it¨ Je venais d’avoir affaire à Vito en personne. En plus, il sentait la cigarette à plein nez. Un autre signe révélateur confirmant son identification. C’était presque sa marque de commerce. Seulement aussi, de voir tourner autour les jeunes et les moins jeunes de la famille, certains ados qui lui sautaient au cou, tous, un après l’autre m’en disait plus sur le personnage que toutes les plus belles paroles qu’au aurait pu me dire. Il se passait quelque chose de pas normal. Un tel attroupement chic n’était pas du tout un hasard en plus des autobus Provost (de luxe) que j’avais vues année après année sur notre camping. Bien certain qu’il y aurait d’autres explications que je pourrais donner, mais je me discipline à une retenue que je qualifierais de professionnelle pour respecter certains secrets que je dois garder à propos de certaines choses. Car j’étais placé parfois pour en savoir plus que tout le monde sur certains sujets. Je n’ai jamais parlé. J'avais donc, ce soir là, serré la pince à Vitto en personne. Était-ce pour me remercier pour services rendus. Chose, certaine, dans ce milieu, rien n'arrive par hasard. Souvent, en prison, il m'était souvent demandé d'offrir mes services, des petits services, à propos de tout et de rien. Je savais par contre très bien ce que j'avais le droit de faire et pas le droit de faire. Cela va de soi quand on travaille dans un tel milieu. On vous fait tout un « brieffing » sur ce que vous avez le droit de faire et pas le droit. J'ai toujours parfaitement et toujours respecté ces consignes et j'en suis bien fier. Je me référais toujours au maître de la sécurité en prison. C'était mon meilleur atout même si je trouvais qu'il parlait beaucoup parfois.
 
MERCI POUR LES HOMMAGES

JE PENSE QU’IL FAUT AVOIR LA SIMPLICITÉ D’ACCEPTER CE QUE LES GENS DISENT DE BON À NOTRE PROPOS. CE N’EST SURTOUT PAS DE L’ORGUEIL MAL PLACÉ OU JE NE SAIS TROP.  C’EST DE TOUT LEUR CŒUR QU’ILS NOUS LE DISENT ET ILS S’ATTENDENT QU’ON EN PRENNE BONNE NOTE. MERCI POUR MOI ET MA GRANDE ÉQUIPE QUI SE COLLE SUR MON CŒUR DEPUIS LONGTEMPS. JE SUIS VRAIMENT GÂTÉ.  GRAND MERCI. (Voir le texte à la fin.)
 
UN ADIEU ÉMOUVANT AUQUEL JE N’AI JAMAIS RÉPONDU TELLEMENT LES ÉVÉNEMENTS S’ÉTAIENT BOUSCULÉS.  GRAND, GRAND MERCI FRANÇOIS DE LA RÉGIE RÉGIONALE.
Quoi dire de plus. Je savais que le grand saut était proche, mais
quand même. Je suis heureux pour toi. Tu vas manquer à ASTUCES. Tu 
vas
manquer aux partenaires avec qui on travaillait et je suis sûr à 
beaucoup
de tes collègues et élèves de l’École Curé-Antoine Labelle. Tu vas me
manquer. Des leaders comme toi, c’est une denrée rare. Je me console 
en
me disant que lorsque quelqu’un comme toi sème avec autant 
d’énergie et
de générosité le désir d’aider ses proches, ça ne peut s’oublier et ça
laisse des traces.
Je pars pour vacances vendredi et je serai de retour le 5 août.
J’aimerais
bien que nous dînions ensemble aux Menus plaisirs un midi au cours du 
mois
d’août. En attendant, profite bien de l’été et savoure les premières
heures de cette nouvelle vie qui s’inaugure. C’est plus que 
mérité.
Au plaisir
François Godin
Directeur des programmes CSSS Laval
MERCI ENCORE MON FRANÇOIS. ON SE FERA UN CLIN D’ŒIL À UN MOMENT DONNÉ, J’EN SUIS SÛR. TU ME CONNAIS, N’EST-CE PAS. J’ATTENDS LE CONGRÈS INTERNATIONAL DE PRÉVENTION DU SUICIDE DU MOIS DE JUIN PROCHAIN. PAS RIEN N’EST-CE PAS.
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L’OBÉISSANCE AVEUGLE MÈNE AU FASCISME EN DIRECT. MAIS POUR BIEN DES GENS, ELLE EST PRATIQUE, CAR ELLE ÉVITE DE RÉFLÉCHIR ET DE S’IMPLIQUER. CI-BAS, UN CLIN D’ŒIL QUE VICTOR LÉVIS BEAULIEU M’A FAIT PARVENIR.

IL EST VRAI QUE JE FAISAIS DU BIEN, MAIS IL Y AVAIT TOUTE UNE ÉQUIPE AVEC MOI. J’ÉTAIS PRESQUE RIEN À CÔTÉ D’EUX, JE N’ÉTAIS PAS SEUL. J’AVAIS MON « FAN » CLUB, MAIS JE TROUVE QUE J’ABUSE QUAND JE DIS ÇA. CE SONT DES GENS QUI SIMPLEMENT ME FAISAIENT CONFIANCE ET M’AIMAIENT. MERCI.
 
 

JE SAIS QUE GASTON ÉTAIT TRÈS ÉMU DE TOUT LE TRAVAIL QUE FAISAIT L’ÉQUIPE DANS TOUTES SORTES DE DOMAINES, PAS SEULEMENT POUR LA PRÉVENTION DU SUICIDE.
Je comprends Gaston surtout quand il découvrit que nous faisions de l’intervention auprès d’enfants « limités » de toutes sortes de façon. Je lui avais particulièrement conté l’histoire qui m’était arrivée avec un de mes élèves qui tenait absolument à s’occuper d’une enfant qui s’étouffait à tout coup avec sa nourriture. Donc, qu’il fallait quelqu’un d’aguerri pour s’occuper de l’élève en question. Je demandai à tous mes jeunes présents si quelqu’un se sentait la compétence pour s’occuper de cette enfant. Un jeune garçon leva la main. Je lui demandai en aparté quelle compétence il pouvait avoir pour s’occuper d’une telle enfant. Il me répondit simplement, Richard, j’ai une petite sœur qui est pareille. Les larmes me « pissèrent » instantanément des yeux, trop émus que j’étais de la situation. Donc, les miséreux qui aident les miséreux. C’est l’image qui me venait à l’esprit. Un jeune garçon d’une finesse inouïe, tout en douceur et tout dévoué pour la cause. Le projet eu un gros succès auprès des profs qui s’occupaient de ces enfants que je voulais absolument sortir de leur coqueron tout en permettant aux profs de prendre un peu leur souffle. Je dois dire que le projet, tout en devant être supervisé très serré, le projet fut un succès total. Une autre action extraordinaire, mais discrète que plusieurs jeunes du Réseau avaient réalisée brillamment. Je fus très ému de tout cela. Je ne peux passer sous silence les beaux cadeaux que l’École d’Hôtellerie fit au Réseau et cela, de façon quasi coutumière. On m’envoyait, en surprise, des montages de fine cuisine extraordinaire que je réservais aux enfants les plus abandonnés ainsi qu’aux jeunes du Réseau qui offraient leur temps pour accompagner personnellement chacun de ces jeunes. C’est ce qui fait dire à Gaston que je traitais les plus abandonnés comme des princes et c’était vrai. J’adorais tout simplement ces jeunes et j’apprenais beaucoup d’eux. Ils me le rendaient bien, je vous le jure.
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Correspondance pour le Réseau en prévention du Suicide.+++++
From :
        « Jacques Larose » <jlarose@csmi.qc.ca> 15:16
 Subject :
        rép : Copie conforme d’un fax au coroner adjoint du Québec : S...
     To :
        <rlabelle@virtuel.collegebdeb.qc.ca>
Bonjour Richard,
        Voilà une nouvelle bien triste! Jusqu’où peut-on ou doit-on préserver
la condidentialité d’un dossier? C’est la question!
        Je crois qu’il n’y a pas beaucoup de monde au Québec capable de gérer
vraiment ce genre de crise, conduisant au suicide tant de jeunes... sauf
quelques spécialistes comme toi. Je te souhaite beaucoup de succès!
Salutations d’encouragement!
Jacques+++++
-------------
Original Text
De « rlabelle » <rlabelle@virtuel.collegebdeb.qc.ca>, le 15/02/98 21 h 49 :
SUBJECT too long. Original SUBJECT is
Copie conforme d’un fax au coroner adjoint du Québec : Serge Turmel.
----------------------  Original Message Follows  ----------------------
Bonjour Jacques,
En souhaitant que tu ne sois pas trop occupé! J’imagine que oui et je te
comprends.  Je veux, par cette copie conforme, simplement t’informer
d’une problématique qui existe sûrement encore dans notre milieu, mais à
moindre échelle que dans certains autres. Sûrement qu’il nous faudra
encore beaucoup de ¨morts¨... malheureusement, avant que toutes les
directions d’écoles de notre nouvelle commission ne soient suffisamment
sensibilisées.  Je rajoute bien vite, pour notre consolation, qu’il y en
a qui le sont... mais très peu. 
Tu trouveras donc, ci-attachée, un copie conforme d’un fax que je fais
parvenir à Serge Turmel, adjoint au coroner du Québec. J’avais les
cheveux ¨droits¨sur la tête quand j’ai appris la nouvelle du décès de
cet élève.  Quelle histoire! 
Mes salutations.
Richard Labelle
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Chapitre IX
Anecdotes


VIE DE FAMILLE (A travailler plus tard.)
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LE CAMPING AVEC LES ENFANTS
Plutôt que d’avoir une piscine, nous avons préféré voyager avec les enfants à travers le Canada et les États-Unis. Nous trouvions ça plus éducatifs.

Expérience à Washington
Nous avons fait du camping un peu partout. Même visité Washington, au complet, avec les enfants. Je leur avais fait croire que le McDonald de Bill Clinton était tout près de la maison blanche. Et, Ho! Malheur! Ou plutôt bonheur! En arrivant tout près du fameux McDo, une immense limousine, motos autour, tous gyrophares allumés et faisant entendre leurs sirènes s’immobilisaient devant le fameux McDo, en route vers la maison blanche à quelques pas de là. Les enfants furent tout énervés et motivés. On alla donc manger des frites à la Bill. Elles boudèrent quand même encore un peu, mes filles, bien sûr, mais deux ans plus tard, toutes fières, elles m’apprirent que le prof. avait demandé en classe si quelqu’un avait déjà visité la maison blanche. Elles levèrent la main et découvrirent, toutes fières, qu’elles étaient les seules à l’avoir fait. Et vlan! Papa était content. J’ai passé cette époque de continuelle "reconstruction" de maison, de nouvel aménagement, etc., etc. J’en ai eu pour mon voyage, pas à peu près. Toujours à recommencer. J'ai préféré de beaucoup plus, voyager. C’est ce que nous avons fait avec nos enfants, nous avons donc fait une petite partie l’Amérique du Nord, avec une maison moins olé! olé! Un budget solide, c’est très important et des priorités avec. Pour nous, la priorité, c’était la mer sauvage et le voyage.

 

 

 

 

 

 


1 bon mille et demi de belle plage complètement sauvage.

Et les musées de toutes sortes sans compter toutes les expositions que les enfants ont vues à Montréal, MBA, pavillon de la France dans le temps, Pointe à Calière, les musées d’Ottawa, Halifax, Louisbourg, le zoo St-Filicien et tout et tout. La Maison-Blanche et ses alentours, les fameux musées de Washington.. Je suis un fou de musées et mon épouse aussi et en plus un conteur d’histoires. Cinglés complètement! Les enfants adoraient mes histoires sur les pirates où, ils croyaient, la nuit venue, entendre ce pauvre Barbe noir chercher sa tête dans l’océan. Que de plaisir! Sans compter les voyages en Californie, Floride et autres et le McDo du président. On en courre tu avec les enfants mes amis! Nous avions une vieille amie qui nous accompagnait et qui adorait le faire, ce qui nous permettait de coucher à l’hôtel de luxe quand ce n’était pas un hôtel aux quatre vents. La piscine était un must dans ces hôtels et notre lunch était caché dans nos valises. Dans la chambre, c’était un vrai Hilton. Pas besoin de restaurant. On ménageait sur ça. Un hôtel dans la brume complètement, c’était une belle occasion de conter mes histoires à faire peur que mes enfants adoraient toujours. Plus ils avaient peur, plus ils aimaient ça. J’étais toujours crevé de rire. Sur la route, à toutes les deux heures, stop, relax, jouer au ballon, se rouler sur le gazon. Au départ, c’était déjà le début des vacances pour moi. Pas question de rusher. Dans l’auto, des contes, des jeux de toutes sortes, Lise en profitait pour leur faire résumer leur année scolaire sans que nos filles ne s’en rendent trop compte. Des p’tits cadeaux surprises, le fameux bingo de Simone et toutes les platitudes qu’on pouvait leur conter en plus. En prime, LE RIRE mes amis et au bout de la route, la mer sauvage qui nous attendait sans compter parfois les chevaux sauvages qui entouraient la roulotte le matin. On les entendait brouter, mâcher. Les filles étaient toutes excitées de sortir en vitesse pour voir ces gentils chevaux qui nous rendaient visite tôt le matin. Ils nous réveillaient tellement ils mâchaient fort. Et les lapins, les renards, les crabes qui nous piquaient les pieds ainsi que les horse shoe crabs que des p’tits monstres s’amusaient à se passer dans la figure et celles de nos filles. Des p’tits monstres qui ont bien faire rire les filles qui en avaient vu d’autres avant. Elles avaient déjà du « poil » aux pattes, nos filles. Bon, j’arrête ici, que de bons souvenirs.

MA SANTÉ, MON MÉDECIN
Il y a quelques années déjà, ne me sentant pas tout à fait bien, je me présente à l’hôpital de la petite ville de Beaupré. On m’installe dans un cubicule. J’entends le médecin parler de l’autre bord et tout à coup il arrive. Je lui explique simplement que je ne me sens pas bien, mais que ce n’est pas dramatique, porté à minimiser mes bobos. Écoutez M. Labelle, vous ne faites pas de la maladie imaginaire, je vous ai entendu tousser et respirer très fort. Donc, y’a quelque chose qui ne va pas. Le médecin m’ausculte, prends mon pouls, pression, nez, bouche, yeux. Il me met en observation. L’infirmière qui arrive me souhaite la bienvenue, hum! Et commence par m’offrir un café. C’est chaud dit-elle, ça va vous faire un bien. Jamais eu un accueil comme ça ailleurs. Oui, mais ça fait longtemps. Quelques minutes à peine et c’est la radio des poumons, prise de sang, le tout envoyé au labo. Deux heures plus tard, le médecin vient me voir. Je lui fais comprendre que j’habite tout près et que si quelque chose se pointe, je rappliquerai à l’hôpital. Il me confirme que de toute façon, il va faire suivre. De retour à Montréal, une semaine plus tard, mon médecin me téléphone pour une scintigraphie. Je vais à l'hôpital Jean-Talon. Grande gentillesse aussi. Une semaine après, on me confirme que c’est négatif. Je venais, hors de tout doute de découvrir que le système de santé ne fonctionne pas si mal, et plutôt bien. Même chose pour la Citée. Une fois entré, c’est professionnel et plus. Et actuellement, je suis suivi en pneumo, recherche scientifique, alors là c’est de la très grande performance. Un médecin m’a « tâté » comme une soupe chinoise tout en disant à haute voix tout ce qu’il « voyait ». Je n’avais jamais vraiment vu ça de ma vie. Avec un médecin du genre, pas besoin de rayon X, y voit tout. Super grande compétence. En plus, c’est un comique chaleureux. Après la visite, j’en parle à l’infirmière. Je lui dis mon enchantement. Elle me répond que ça fait 25 ans qu'elle travaille avec ce médecin. Il est toujours pareil. Il dévore son métier. C’est beau n’est-ce pas? Oui, j’ai rencontré des « Teutons », mais dans ma tête, les grandes compétences effacent tout. Après tout, tout ce monde est humain et l’erreur aussi... est humaine. Comme je dis à mon médecin traitant, si vous me tuez par accident dites-vous que votre patient vous aimait beaucoup. Un point, c’est tout. Bien sûr que ce médecin c’est un grand ami. Des fois, je me surprenais à lui donner des conseils de santé. Bon! Il faut le faire. Il est présentement à l’hôpital. Sans doute pour n’avoir pas suivi mes conseils. Ha!!!!!!!!!!!!!!!! Les médecins!

MON EXPÉRIENCE DE VOYAGEUR ET D’OBSERVATEUR.
EST-CE QUE NOUS VIVONS TOUS DANS LE MÊME MONDE AUJOURD'HUI? JE NE CROIS PAS.

Et je suis souvent renversé de constater que les gens ne connaissent, mais pas du tout, la charte des droits. La Déclaration universelle des droits de la personne.... ils se la mettent, vous devinez où? Peuvent rapporter n’importe quoi sur n’importe qui d’abord que ça leur donne du pouvoir. Incroyable. Dans les chicanes et les rivalités presque morbides, on en trouve en masse.
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DE L’ESPOIR ET DU NOUVEAU

Une bonne amie, voyant mes efforts pour rencontrer quelqu’un, eut la gentillesse de me présenter une de ses connaissances. La gentille personne qui me fut présentée avait, il me semble, beaucoup d'intérêts en commun avec moi et tous les deux,nous voulions rencontrer quelqu’un pour faire notre vie. Elle s’appelait Lise. Le premier rendez-vous eut lieu au pied des escaliers de l’église St-Edouard, coin Saint-Denis Beaubien, à Montréal. Comme St-Edouard n’était pas loin de la maison mère du St-Hubert sur la rue St-Hubert, c’est là qu’eut lieu notre premier souper en tête en tête. Ce fut très agréable et avant de se quitter, nous nous donnions un rendez-vous pour une prochaine fois.

 

DEUXIÈME PARTIE
MA PREMIÈRE PETITE FAMILLE
Quand la vie vous accable de ses malheurs.
LA MALADIE LA PLUS TERRIBLE QUI SOIT.

Découvrir que l’être que vous aimez le plus au monde puisse souffrir d’une maladie mortelle irréversible vous fait vous sentir totalement seul et fragile. Votre esprit se tourne complètement vers l’ennemi pour l’affronter, prêt à engager le combat.
Je veux vous raconter la fin de cette soirée fatidique ou j’ai perdu mon amoureuse adorée. C’est mon beau-frère Jean (Juge à la cour.), un gars d’une profondeur et d’une dignité sans borne, qui s’amena dans la cuisine de l’étage avec le coroner qui était un de ses amis. « Richard, est-ce que tu viens la voir une dernière fois avant qu’on amène son corps à la morgue. »  Je fus premièrement surpris de la demande, mais, rapidement, Jean me fit comprendre par ses paroles :" Viens Richard, n’aie pas peur, elle est très belle a voir. Viens, je te jure, tu vas comprendre ce que je veux dire quand tu vas la voir. » Je me levai donc, doucement, accompagné de Jean, du Coroner et du jeune policier qui m’avait à l’œil pour ne pas que je me fasse mal en tombant. Il ne me lâcha pas de la soirée pour assurer ma sécurité. Décidément, je peux dire que ce soir là, je fus entouré, plein d’amis, qui étaient accourus pour me prêter main-forte dans le drame qui me frappait.  Je descendis donc au sous-sol ou on avait étendu le corps de celle que j’aimais sur un immense drap blanc qui n’avait rien de morbide, au contraire. Et Jean, de me dire, « Richard, regarde là, regarde là bien, ton amoureuse. Regarde comme elle est belle. Regarde comme elle est rayonnante comme si elle s’était finalement libérée de ce qui la faisait la plus souffrir,.... la vie! » Je serrai Jean très fort et je me mis à pleurer doucement. C’était dont vraie. Elle était dont belle. Partie! La bouche légèrement ouverte, ses grands yeux ouverts qui regardaient vers le haut comme pour pointer les étoiles d’un ciel qui venait de la libérer. » Et le policier, de me faire remarquer, les petites étoiles bleues qui étaient sur ses jambes et qui indiquaient qu’il n’y avait plus rien à faire, Que ces étoiles, c’étaient toutes les petites veines qui avaient éclatées sous la pression interne du sang, signe, que même le cerveau était fatalement touché par le même genre d’étoiles. C’est la première chose que le policier m’avait dite en me voyant faire les manœuvres de RCR pour tenter de la ramener à la vie. Le jeune policier était lui aussi sous le choc, puisqu’il nous connaissait et on a du le transporter à l’hôpital pour être soigné.

Ce drame m’habite toujours et me rend plus fort pour pouvoir aider d’autres personnes qui vivent des situations semblables. Je me souviens, comme d’hier, de cette soirée que j’appelai « Veillée d’Armes », à la mémoire d’une élève de Curé décédée par suicide. J’avais organisé cette soirée, au pied du corps, pour tous les amis touchés par le drame. Raymond, notre psy, m’avait beaucoup aidé par sa présence et les précautions qu’il avait prises advenant des incidents chez certains élèves. Une ambulance fut mise en « stand buy » au cas où. Raymond me trouva bon, mais comme je lui rappelais... je n’étais pas tout seul. J’étais tout heureux d’avoir fait sortir « le pire » de ce qui habitait les jeunes et le meilleur de ce qui pouvait les soutenir dans leur  futur. Est-il nécessaire de vous dire qu’en cette soirée, ces chers élèves, je les appelais mes bons enfants, car dans le drame et la souffrance... nous sommes tous des enfants. Raymond qui n’arrêtait pas de dire que j’étais bon, je lui rappelai que j’avais eu tout un prof. pour être si bon, lui-même. Raymond, tout un colosse de formation impeccable qui nous enlignait à tout coup sur l’essentiel de l’intervention. Je ne pourrai jamais l’oublier. Fais attention à ci.... fais attention à ça.... Il me semble encore de l’entendre. Claudine, qui vers la fin ne s’entendait plus bien avec Raymond, je la forçai a admettre qu’il fut un prof. impeccable pour nous apprendre l’intervention d’urgence. Elle du, peut-être un peu à contrecœur, admettre que j’avais parfaitement raison.

Chapitre X
Histoire et opinions politiques@@@@@@@@@@@@@@@@@@@

Christophe Colomb selon Serge Bouchard dont je crois parfaitement le récit.
En parlant de Colomb, il déclare sans hésitation que cet homme était mythomane, grand parleur, menteur, peut-être le plus perdu des hommes de son temps, égaré dans sa tête, écarté dans ses voyages. Mais il noua a fallu fabriquer le héros à tout prix... Isabelle de Castille l’a trouvé beau et séduisant... Il n’a pas découvert l’Amérique, cet homme petit... L’Amérique n’a pas été découverte, elle a été tuée. Elle a été assassinée, torturée, violée... Colomb, le mystère : sa jeunesse se perd dans le mensonge et dans les fables. Il mentait tellement. Comme Jacques Cartier, comme Verrazzano, comme Samuel de Champlain, ces hommes n’avaient pas de passé avant d’entrer dans l’espace de leur mythe... Colomb est fou d’honneurs et maniaque d’insignes. Baptista Bermejo, un marin basque, fut le premier homme à voir la TERRE D’AMÉRIQUE. » C’est t’y assez fort. Une histoire construite sur le pur mensonge mur à mur. Où sont nos historiens? Disparus!

OPINIONS POLITIQUES

LE CANADA, ce faux pays.
 
Je suis un maniaque d’histoire, je ne peux donc éviter d’en parler dans mon livre. Je vous prie donc de conversations, recherches et tout autre. Le problème de l’histoire que l’on nous enseigne est qu’elle est idéalisée et transformée ainsi en mensonge grossier. Il faut l’admettre, une certaine tranche de notre société aime déformer pour mettre les choses à leur avantage et ainsi profiter de nous. L’histoire devient alors un outil de répression, de magouille dont le contenu n’est que mensonge. Il faut donc se méfier de ces beaux faits d’armes, etc. Ils sont souvent plus le fait de gens qui veulent se glorifier ou glorifier un proche, mais dont la réalité n’est que fabulation. Méfions-nous donc de cette histoire « épurée » pour sauver la face d’une classe exploitante en particulier. Qui de vous a entendu dire que nous avions un bon 4000 esclaves dans notre me croire que ces différentes réflexions ont été mûries pendant des années d’étude, de lecture, Non, pour moi ce pays, le Canada, fut fondé artificiellement par une élite « anglaise » qui prit soin de s’adjoindre quelques vendus Canadiens français comme pour valider le mouvement qui devait s’appeler le Canada qui devint une fédération en 1967, la fameuse confédération qui n’en est même pas une.
Un pays fabriqué artificiellement par une bande d’hommes d’affaires pour tâcher de sauver les comptoirs de la Hudson Bay Company, compagnie british, qui a des établissements dans tout le pays, y compris l’État de Washington et de l’Oregon. Devinez quels sont ceux qui règnent sur ce grand territoire? Nos Canadiens! On fête ces Canadiens courageux à tous les ans à Chicago. C’est clair qu'ils veulent dire les Canadiens de langue française en bonne majorité. Il y avait aussi des gens d'expression anglaise, des Écossais et d'autres. Tous étaient considérés comme Canadien, qu'ils soient écossais d'origine, français d'origine ou tout autre. Les Anglais (certains de Montréal, mais surtout ceux de Toronto), eux, ne couchaient qu’avec l’Angleterre. Voir Harper et ses toiles de la reine qu’il pose après avoir enlevé des toiles d’artistes canadiens. L’incident de Salabery contre les Américains fut plus fabriqué que réel. Le roi d’Angleterre avait fait venir des cohortes d’une quinzaine de milliers d’Allemands pour protéger les frontières du Québec au cas ou la tentation nous aurait pris de sauter la clôture avec les Américains. La grande générosité de nos Canadiens français à défendre le Canada?  Mon œil!
À propos du drapeau canadien
 
Ça me laisse un peu, très froid, car j’ai suivi les palabres concernant le choix d’un drapeau pour le Canada, à Ottawa. Ce ne fut pas très gentil pour un des deux peuples fondateurs. La mesquinerie fut au rendez-vous tout le long et ces anglais qui voudraient que l’on soit bons jours. Ils me font rire. Chose certaine, ils ne l’ont absolument pas été. Et Trudeau qui en rajouta quelques années plus tard. J’en ai eu mon voyage. Le Canada, comment a-t-il été fondé? D’une manière mesquine où les hommes d’affaires eurent priorité sur le peuple. Ce ne sera pas la première fois. MacDonald? Un des plus mesquins personnages de la politique canadienne. Tout le monde savait surtout qu’il était premièrement raciste.

OPINIONS POLITIQUES
L'histoire du Canada réécrite.
Actuellement, il y a une tendance « Canadien » à imaginer l’histoire comme Ottawa la veut. Ça fait dur. Ils veulent faire passer le Canada pour un pays glorieux. Ce sont des épais qui ne savent tout simplement pas que la confédération fut une question d’hommes d’affaires qui étaient à peu près tous saouls quand ils se sont rencontrés à Charlottetown. L’autre moitié du Canada appartenait à la Compagnie de la Baie d’Hudson. Ils ont du faire toute une piastre avec ça. Quant à la révolution américaine, nous n’y avons à peu près pas participé. Il y avait plus d’autochtones que de Canadiens français. D’ailleurs, les Américains avaient même à Montréal un bureau ou pour mille dollars tu faisais la guerre pour les Américains. Simplement vérifier la liste des morts et on voit bien qu’il y en avait une bonne gang de Montréal. Les anglais, on les avait à la bonne place. Harper et sa gang nous font des à croire. En 1960, j’étais à Vancouver. La parade de l’exposition venait presque au complet de Seattle et d’autres villes américaines. Le Canada, on l’avait, vous devinez où? Ce gouvernement est une truie qui essaie par tous les moyens d’acheter nos âmes. Ils y gagnent à cause de notre pure ignorance. Nos Canadiens français ont été la bien avant tout ce beau monde sur les terres d’Amérique. Il faut se déniaiser. Allez voir. Et cesser de croire la putain d’Ottawa. Les Américains sont pareils. Ils s’imaginent que rien n’existait avant eux. C’est sûr qu’après avoir assassiné tous les Indiens, ils ont pris de l’expansion ces chers et on s’est aussi fait avoir sur la ligne de démarcation de nos territoires. Ottawa! Mou, mou, mou, mou. Bon, c’étaient les British qui menaient. Tout un deal. Regardez Harper avec ses photos de la reine préférés à des artistes canadiens. Épais, épais, épais. Et vous allez croire leur interprétation de l’histoire. J’aimerais voir ces historiens. Ils ne perdent rien pour attendre ma visite au musée canadien de l’histoire. Encore une tout crocherie. Le commentateur va avoir besoin d’être blindé, je vous le jure.

 

L’ACCOUCHEMENT, LA SOUFFRANCE ET LA TORTURE.

 


UN HOMME D’EXCEPTION
PRISONNIER À GUANTÁNAMO, TORTURÉ PENDANT 14 ANS SANS ARRÊT. ILS ONT PEUR DE LE FAIRE SORTIR, CAR IL POURRAIT NOMMER DES NOMS... DE TORTIONNAIRES. 
Décidément. Je suis sûr que la nature a tout prévu. Le mari ne connaît pas les souffrances de l’accouchement, mais connaît d’autres souffrances. Je pense à ces jeunes Arabes de Quintanamo que les Américains torturent de toutes sortes de façons : au frigidaire pour 12 hrs, 24 heures debout sans bouger, sons assourdissants démarrés en pleine nuit sans compter les coups de barre de fer sur les barreaux de leur cellule, la technique régulière de quasi-noyade, les coups violents donnés aux côtes en y mettant tout de suite après, des sacs à glace pour ne pas laisser de traces, des années avec les mêmes questionnaires répétitifs à vous rendre fou, des menaces vis-à-vis ces prisonniers qu’on ne réussit pas à condamner par absence de preuves.. Ils vivent à leur façon l’accouchement de la liberté, car personne n’a l’exclusivité face à la souffrance. Ce jeune que je suis, 14 ans en prison, kidnappé de sa famille dans son pays d’Afrique, la Mauritanie, par les Jordaniens. 6 mois de torture intense. Ils ne trouvent rien. On le retourne chez lui, dans son pays qui lui non plus ne trouve rien. Les Jordaniens reviennent le chercher, la Mauritanie accepte en violation de sa propre charte,  pour l’amener à Bagram avec toutes sortes de menaces incroyables vis-à-vis sa famille surtout. On voudrait s’attaquer à sa mère en la transformant en monnaie d’échange pour que son fils parle. Ne trouvent rien. L’achemine finalement à Cuba ou tout recommence. Ne trouvent rien. Depuis 14 ans, toujours à Cuba. Vous lisez son histoire toute simple, même ses geôliers ont eu pitié de lui et se sentaient coupables de le torturer. Leur a tous pardonné. La même chose pour ses gardiens. Son livre, un chef-d’œuvre d’humanité écrit par un jeune qu’on a torturé durant 14 ans et ce n’est pas fini. Et il a toujours fait ses prières pendant 14 ans. Le problème, les Américains ont peur que ce jeune se mette à trop « parler » de sa torture après sa libération et se mette à nommer des noms.
Parizeau ne pouvait pas ne pas être de son temps. J’ai vécu dans les parages de ces gens. Dire qu’ils étaient racistes, c’est un peu fort, je trouve. Surtout avec l’éducation et l’information qu’ils avaient. Oui, il y avait bien les nounous qui venaient de Jamaïque, mais je n’en ai jamais vu une, triste ou je ne sais quoi. Elles étaient toutes traitées avec dignité. On tenait à ce que les enfants apprennent l’anglais. La nounou, c’était l’idéal. Et puis le tout Westmount et une partie d’Outremont vibraient à cette mode. C'est l'époque où j’ai assisté à des échanges assez corsés concernant la nationalisation d’Hydro par des Anglais qui étaient contre, bien sûr. Dire que nous sommes racistes! Vous auriez du entendre les propos des Anglais. Vous n’avez pas lu Diane Francis à propos de Jacques Parizeau? « Ennemi public numéro un et même renégat à abattre, selon certains, dont la chroniqueuse Diane Francis, qui avait écrit qu’il faudrait arrêter et pendre Jacques Parizeau pour trahison. Il n'y a pas si longtemps, dans l’histoire, que les Anglais nous courraient après avec des fusils dans les rues de Montréal... pour nous tuer. 1850 Ils mirent le feu à notre parlement pour pouvoir le déménager hors du BAS CANADA ma chère. Chose certaine, Je fais de la généalogie et pour moi ces événements se sont passés comme avant hier. Chose certaine aussi, en prenant de l’âge, Jacques Parizeau n’a jamais déserté son cœur.… Il nous l’a prouvé à tous les jours de sa vie. Au CP, quand je voulais avoir une job, je me présentais pour commencer en français. Automatiquement y'avait pas de job. Une semaine, plus tard, je me présentais en anglais seulement et, surprise j’avais la job tout de suite. 1959 RACISTES LES QUÉBÉCOIS? Allez dont voir le monument aux morts de la 1ière guerre mondiale à la gare Windsor et vous reviendrez me parler de racistes. Le jugement rendu à propos de la mort de mon père, de l’anglais ma chère.1954. (Dans ce texte, je réponds à une dame qui donnait des commentaires en réponse à votre article.) En résumé, on en avait plein les bras seulement des problèmes du Québec, les Indiens viendraient plus tard. Avez-vous lu le dernier de Louis Bernard qui parle des autochtones. Vous allez vous trouver raciste. Les cheveux m’en dressaient sur la tête de mon ignorance. Je connais bien les Iroquois, leur politique, leur diplomatie, mais les Inus. Totalement ignorant et pourtant! Louis Bernard me fit avoir honte de moi. Je suis curieux comme une maudite belette depuis la nuit des temps. Consolation! On a toujours à apprendre. N’est-ce pas beau la vie! Toujours à apprendre. L’environnement de Parizeau... j’y rencontrais François-Albert sur qui je me fiais pour comprendre mes mathématiques. Vous vous imaginez. Moi, orphelin, il était toujours disponible pour moi le matin avant de partir travailler. Houf! Et Lionel-Groulx qui sortit pour la dernière fois de sa vie. Rencontrer des élèves pour nous parler, nous de la génération qui suivait. C’étaient des gens qui n’arrêtaient pas, mais.... les Indiens, les pauvres, on y pensa plus tard. Lévesques ne fut quand même pas si mal! Mais le fédéral aime les problèmes. Ça emmerde les provinces et ça donne le temps de souffler au fédéral. Ce fut toujours comme ça.
Il faudrait faire un petit effort pour se resituer dans le temps, c’est-à-dire les années 50. Ça ne tirait pas fort. Nous n’étions pas du tout informés et la classe dominante, c’était une petite bourgeoisie parallèle à la grosse. Les deux ne pouvaient se comparer. J’ai fréquenté les deux dans le temps. Et il y avait Duplessis, les curés, ça sentait le « renfermé » je vous jure. Tous les livres intelligents étaient à l’index. Vous ne vous souvenez pas. La partie de notre bibliothèque du collège qui les contenait s’appelait l’enfer, par dérision bien sûr. Nous avions la seule bibliothèque du Canada classée avec le système du congrès, mais inutile de vous dire que les bons pères se faisaient rabrouer régulièrement par son Éminence. N’oubliez pas que les curés avaient signé un pacte pour nous tenir tranquilles. J’assistai à nombre de « réunions » nationalistes de la haute. Il ne fallait pas crier trop fort, mais, dans les années soixante, ça se mit à chauffer. Je ne vous apprendrai rien en vous disant que le mot célèbre de "Vive le Québec libre!" avait été préparé de longue date à Paris même. J’avais un bon ami qui ne fut pas loin de l’événement. Vous avez entendu le discours de Bourgeault sur le sujet? On voulait faire ravaler aux Anglais les maudites parades de la reine. Nous n’étions pas parfaits, mais avez-vous déjà assisté à une fin d’élection où les Anglais étaient gagnants. À Rosemère, j’y étais, ce fut un véritable carnage et pourtant, ils étaient très minoritaires, mais habitués à avoir le pouvoir. Trudeau régnait en maître pour les Anglais. Les pauvres Indiens dans ça, on n’avait tout simplement pas le temps de s’en occuper et j’ai vu, de mes yeux vus dans tout le Canada, j’y ai travaillé, des horreurs se faire. N’oubliez pas que les Indiens étaient de juridiction fédérale. La sirène partait en 9 h le soir et ça voulait dire, toi blanc, sacre ton camp. Le fédéral protégeait son territoire d’exploitation. J’allais jouer au Baseball régulièrement à la prison de Prince-Georges. 95 % des prisonniers, des Indiens, de pauvres Indiens qui vivaient dans la misère noire.

OPINIONS POLITIQUES
AVANT ET APRÈS 1981
De toute façon, c’est inévitable, il nous faudra une meilleure répartition des richesses. Mon ancien directeur, car nous avons eu une rencontre d’anciens, me rappelait la grande césure entre les deux années 1981 et 1982, période de la crise. En 81, nous avions des classes (communautaristes) incroyablement dynamiques ou tout était partagé, etc., etc. 1982 arrive. C’est le chacun pour soi. L’arrivée du je, me, moi. J’avais bien remarqué ce qui se passait en Californie et je me disais, pourvu que ça ne nous arrive pas à nous, ici. Quelques années, c’était fait. L’individualisme, le plan de carrière, la peur constipante de s’impliquer. Nous ne sommes pas en Suède, ni en Norvège. J’ai déjà travaillé avec ces gens dans l’aviation. La préoccupation d’autrui, la politesse, le partage, l’honnêteté « intégrale ». La Suède a créé un fond d’au moins 150,000 $ pour chaque citoyen au cas de catastrophe personnelle. Comme gestionnaire je ne la trouve pas drôle de voir aller les choses. Gouvernements faibles dont le seul but est la réélection dans 4 ans. Le Québec vit au-dessus de ses moyens et n’a plus de priorités. Les dernières élections? Un désarroi total ou les gens ne savent plus où se diriger. Je suis allé en Italie! Beaucoup plus riches que nous autres, ça ne se compare pas.

Si notre système actuel fait arriver tout en haut, aux commandes, les moins vertueux, pourquoi continuons à croire en cela? Ce système a organisé depuis des décennies, notre dépendance à son égard : ne cultivez plus, d’autres le feront pour vous, ne cuisinez plus, d’autres le feront pour vous, ne lisez plus, ne réfléchissez, ne pensez plus, d’autres le feront pour vous? Mais ces « autres », ces pseudo spécialistes de tout et de rien, sont ils vraiment au service de la société, sont ils vraiment animés par l’intérêt général?
Remplir bla, bla, bla, bla
LE PARTI COMMUNISTE
Avant 1982. À l'époque, la mentalité des élèves étant beaucoup plus ouverte, j’eus même un p’tit groupe d’étudiant(e) s de 2e secondaire qui avait fondé un parti communiste à l’école Curé-Antoine. Je leur imprimais leur journal en secret, aux locaux du syndicat, la nuit. Nous avions un tout petit budget pour aider les groupes d’avant garde. Les têtes dirigeantes de ce groupe ont toutes fait des missionnaires laïques en Amérique du Sud pour une durée de 3 ans environ. Pas n’importe quoi, n’est-ce pas, et pas n’importe qui. La crème de la crème quoi. Le plus drôle c’est que la haute direction de la commission scolaire était au courant de toute l'histoire et connaissait les élèves concernés. La Commission n’a jamais bougé sur le sujet. Et dernièrement, un ancien patron d'une grande bonté, dans le temps, me disait : « On se doutait bien que tu étais dans ça. » C'est Gilles Deslauriers. Un homme futé que j'estimais au plus haut point. Je l'ai toujours aimé cet homme, car il ne demandait jamais qu'on l'encense avant d'agir. Tout un patron. Premièrement, un humain très chaleureux, bien sûr. Et pour moi, un ami, que j'ai toujours considéré comme tel.
LA CONCENTRATION DU CAPITAL
La concentration du capital! Nos gouvernements qui ne bougent pas. Ils en sont tous criminellement responsables. Ils couchent avec les banques et « fourrent » le peuple. Le secret bancaire suisse! Un bel exemple de la couardise d’un pays. Se sont enrichis avec l’or nazi taché de sang. Noam Chomsky, lui, il n’est pas le seul à réfléchir sur ce système. Il est bien sûr persona non grata aux U.S.A.


Chapitre dernier

MES FUNÉRAILLES

JE VEUX QU’ON PROCÉDE COMME JE LE DEMANDE DANS CE TEXTE. MES DEMANDES SONT TRÈS SIMPLES. VOUS ÊTRE TOTALEMENT LIBRES POUR TOUTE CHOSE QUE VOUS VOUDREZ AJOUTER.
Prévoir un programme imprimé pour tout le monde. (Ou un maître de cérémonie qui explique le pourquoi des choses.)
On doit commencer avec la Tocade et Fugue de Bach en tout premier lieu. Seul, un gros lampion allumé reposera (Cierge pascal probablement) près de la tombe ou autre. (Ceci me rappelle mon collège, St-Laurent.) Et un thème d’entrée pour tambourine en même temps qu’on entre la tombe ou autre dans l’église (avec fils de métals en-dessus pour la tambourine). Bach qui me rappelle mon collège et la tambourine que j’ai aimé toute ma vie.
  DONC : TOCATE ET FUGUE DE BACH AVANT L’ENTRÉE DE LA TOMBE OU AUTRE.
TAMBOURINE QUI BAT LA MARCHE POUR L’ENTRÉE DE LA TOMBE.
LE PRÊTRE QUI SUIT AVEC L’ASSEMBLÉE QUI SUIT LE PRÊTRE QUI COMMENCE
À OFFICIER SUIVI DE LA MESSE ET AUTRE.

Chant de l’Ave Maria à votre choix, un « must ». (Une seule voix. Peut-être Chantal.) Je laisse les gens de la paroisse, je leur fais totalement confiance. J’aimerais bien avoir Chantal, mais je lui laisse ainsi qu’à tout le monde le choix qu’ils veulent bien faire.
 
Pour la fin de la cérémonie. « Si le monde vivait d'amour, il n'y aurait plus de misère. » de Raymond Lévesque, ou « Let it Be » des Beatles par Paul McCarney OU Guy Béard:  « Ma petite est comme l’eau, elle est comme l’eau vive », elle court comme un ruisseau que les enfants poursuivent... Courez, courez, si vous   jamais, jamais vous ne les rattraperez. Ou les deux chants, à votre goût.
N’oubliez pas de dire à ceux, celles qui vous entourent, que vous les aimez et restez à proximité d’eux. Quand on aime, ça nous rapproche.

Je veux avoir du drum par Daniel. Ce qui lui tente de jouer. Tout de suite après Bach du début, au son du « drum » on fait entrer doucement le cercueil ou autre jusqu’en avant. Le curé attend pour démarrer la cérémonie à l’Église Monfort.
 
Texte de la Bible que j’aime beaucoup pour mes funérailles.
 
Ecclésiaste 3 

3 Il y a un temps pour tout et un moment pour toute chose sous le soleil.
2 Il y a un temps pour naître et un temps pour mourir, un temps pour planter, et un temps pour arracher le plant,
3 un temps pour tuer et un temps pour soigner les blessures, un temps pour démolir et un temps pour construire.
4 Il y a aussi un temps pour pleurer et un temps pour rire, un temps pour se lamenter et un temps pour danser,
5 un temps pour jeter des pierres et un temps pour en ramasser, un temps pour embrasser et un temps pour s’en abstenir.
6 Il y a un temps pour chercher et un temps pour perdre, un temps pour conserver et un temps pour jeter,
7 un temps pour déchirer et un temps pour recoudre, un temps pour garder le silence et un temps pour parler,
8 un temps pour aimer et un temps pour haïr, un temps pour la guerre et un temps pour la paix.


Aussi : la prière du roi David
Oui, Le Seigneur est mon berger : je ne manque de rien.
 Sur des prés d’herbe fraîche,
il me fait reposer.
 
Il me mène vers les eaux tranquilles
et me fait revivre;
il me conduit par le juste chemin
pour l’honneur de son nom.
 
Si je traverse les ravins de la mort,
je ne crains aucun mal,
car tu es avec moi;
ton bâton me guide et me rassure.
 
Tu prépares la table pour moi
devant mes ennemis;
tu répands le parfum sur ma tête,
ma coupe est débordante.
 
Grâce et bonheur m’accompagnent
tous les jours de ma vie;
j’habiterai la maison du Seigneur
pour la durée de mes jours.
  TEXTE DU GRAND ROI DAVID, MON ADMIRATION.
 
Pour les funéraille, tout le reste, à votre goût total et merci.
Un petit goûté à l’arrière de l’Église à la toute fin avec vin rouge. Coupes de verre si possible. Et, on vient au même moment chercher la tombe pour l'incinération si elle n'a pas eu lieu déjà. Ou comme les organisateurs le veulent bien. C’est le retour à la « maison ».
 Blogue de Richard Merci de votre visite.

LES ARTICLES DE MON BLOGUE
Je vis! Bravo!  Un petit extrait de quelque chose qui va s’appeler un livre...
LE MATRIARCAT DU QUÉBEC.
VOTRE FILS, VOTRE FILLE, MADAME, MONSIEUR? LE DJIHAD OU AUTRE!
RENCONTRE AU SOMMET AVEC LE « PARRAIN ».
MERCI POUR LES HOMMAGES DE TOUT BORD, TOUT CÔTÉ.
MA PREMIÈRE BELLE FAMILLE. QUELS SOUVENIRS!
L’ACCOUCHEMENT, LA SOUFFRANCE ET LA TORTURE.
1991-2002 HISTOIRE D’UN RÉSEAU D’ENTRAIDE QUI A EFFICACEMENT PROTÉGÉ LES JEUNES DE L’ÉCOLE CURÉ-ANTOINE-LABELLE DE SAINTE-ROSE DE LAVAL CONTRE LE SUICIDE. CE MÊME RÉSEAU A PERMIS D’ÉTABLIR UNE THÉRAPIE QUI IMMUNISAIT LES JEUNES CONTRE LE SUICIDE
FRANÇOIS, UN HOMME DE COURAGE QUI VOUS FAIT « CHIER » LES AMÉRICAINS AVEC LE SOURIRE AUX LÈVRES.
LA FIERTÉ DE CEUX QUI AGISSENT! EN VOILÀ UN JEUNE QUI A DÉCIDÉ D’AGIR.
SOMMES-NOUS VRAIMENT POUR L’ÉDUCATION AU QUÉBEC.
COLLÈGE ST-LAURENT
MES ANNÉES DE SYNDICALISME
LES NARCISSIQUES. PAS DE PIRES AMIS, PAS DE PIRES ENNEMIS... MALHEUREUSEMENT.
AU CAMP DE BÛCHERONS DU CURÉ LABELLE OU J’Y AVAIS ÉTÉ INVITÉ.
ACLU? Vous connaissez? VOUS ÊTES HONNÊTES? VOUS ÊTES EN DANGER.
MON ÉDUCATION, MA FAMILLE.
LES TERRIFIANTS FANTÔMES DE FAMILLE
VISITE CHEZ UNE GRANDE FAMILLE FONDATRICE DU QUÉBEC
MYTHES FAMILIAUX Ce n’est qu’un début. Réflexion sur les différentes dynamiques des familles.
Omar Khadr
LA SÉDUCTION ET LE THÉÂTRE
MES QUELQUES PAS AU THÉÂTRE.

 

ORGANISMES QUE JE SUPPORTE AVEC TOUT MON POSSIBLE :

ACLU  AMERICAIN CIVIL LIBE
AMINISTIE INTERNATIONAL
Archevêché de Montréal
CECI
Cité de la Santé
Croix Rouge
Dir. Général des élections.
Equiterre
Fondation des maladies du cœur
Greenpeace
Humanitarian coalition
IU FOUNDATION
JEVI   PRÉV. SUICIDE
Julien Docteur
Léger
Les Ailes de l’Espérance
Mission Bon Acceuil
Mission Étrangères
Moisson Montréal
Mouvement Québec français
Nat. Geo.  Les gros chats et les éléphants
Orchestre symphonique Mtl
Organisation catholi. Dévelo Paix
Paroisse
Le Précurseur
Radio Ville Marie
Reporters sans Frontières

St-Vincent-de-Paul
UNICEF
Université de Montréal
Wikipedia
Nez Percés  us
 
D’autres textes a développer…………………………...
La gang à Ti Nègre
Ma liberté+++++

En ce premier juillet, je fais la proposition suivante : que ce jour soit déclaré la fête nationale du Castor. C’est lui qui a fait l’Amérique, le Canada, la Banque de Montréal, le Canadien Pacifique. Il est l’animal de l’Histoire, des explorations, des amours libres dans les grandes prairies et les forêts, le petit père des Métis, des Indiens et des coureurs de bois. Vive le castor libre! L’Ineffable Serge Bouchard.

Nous voulions changer le monde et nous avons réussi!

Nous voulions changer le monde et nous l'avons fait.
Expérience déterminante à St-Henri. Visite dans une famille très pauvre, dans la grande misère. Et visite chez un couple de personnes âgées qui s'ennuyaient.
L'homme qui venait de l'Atlantide avec ma photo de la mer.

 

 

 

 

 

Ha oui. Je me souviens. J'étais étudiant aux États-Unis et notre grande de pour les présentations était pleine avec d'immenses écrans. Ce qui m'a le plus frappé, c'est que les Américains pratiquaient beaucoup d'auto-dérision. C'était trop comique. Ils avaient même fait un concours pour deviner quelle serait la phrase prononcée au moment où on toucherait la lune. Plusieurs gagnèrent le prix. La chose était facile à imaginer. Tout un souvenir.

Le Post traumatique. Ça me taraude toujours beaucoup, quand je vais aux États, de voir ces jeunes qui ont des "tics" nerveux graves, résultat d'un post-traumatique vécu en Afghanistan ou ailleurs. J'en ai "accroché" un. Hé! Brother! You tell me..... Je les fais parler. Ils ont tous un point en commun. "On besoin d'écoute!" Je leur en ai servi. Avec un autre, c'est non seulement le gars, mais sa blonde. Je les ai "taraudés" doucement, bien sûr. J'ai revu le couple un mois plus tard, ils étaient tout énervés de me revoir. Émouvant cette affaire. Preuve que 5 minutes d'écoute, ça peut changer le monde. Nous en avons aussi chez-nous de ces post-traumatiques. Cinq minutes?

Grand merci pour vos propos chaleureux. C'était une période ou j'avais une énergie épouvantable. Je voulais "changer" le monde.Quand on est jeune! Mais, je pense, que je l'ai changé un peu avec ma "gang" de collège. Allez voir les Ailes de l'Espérance sur Internet. Vérifiez à André Franche. A passé sa vie à construire pour les pauvres dans les hautes montagnes du Pérou. André, bon confrère de collège. Gros coeur!

 



Quand je me confessais et que j'abordais le "sexe", il me disait, "passons à autre chose
Richard" je veux vous entendre sur votre spiritualité. Et vlan! Le vent tournait! Confesseur
du général Vanier, lequel je croisais régulièrement et mon confesseur. J'étais toujours
très intimidé à la vue du général qui était d'une bonté incroyable. Mon "Richard" me
disait-il, mais avec le vous. Pas de tu. Tout un monde....qui m'a aimé. C'est l'essentiel!
N'est-ce pas?

 

 


À propos de la confidentialité des dossiers psychologiques surtout quand lees personnes visées sont suicidaires.

Bonjour Richard,
Voilà une nouvelle bien triste! Jusqu'où peut-on ou doit-on préserver 
la condidentialité d'un dossier? C'est la question!
Je crois qu'il n'y a pas beaucoup de monde au Québec capable de gérer 
vraiment ce genre de crise, conduisant au suicide tant de jeunes ... sauf 
quelques spécialistes comme toi. Je te souhaite beaucoup de succès! 
Salutations d'encouragement!
Jacques
-------------
Original Text
De "rlabelle" <rlabelle@virtuel.collegebdeb.qc.ca>, le 15/02/98 21:49:
SUBJECT too long. Original SUBJECT is
Copie conforme d'un fax au coroner adjoint du Québec: Serge Turmel.
Des encouragements! Il faut dire que nous étions une équipe formidable. C'était, très souvent, le genre de correspondance que je devais administrer et avoir le plaisir de distribuer des félicitations. Très dangereux de faire de la prévention seul. Impossible en fait.

 

Je faisais un peu genre Robin des Bois. Garde chasse en plus. Je donnais des amendes. Un peu joke quand même. Je ne me prenais surtout pas au sérieux. Je n'ai donné qu'une amende à des gens qui pourchassaient la maman orignal, le papa et les deux bébés. Amende salée! Il y avait eu plusieurs avis avant.

Richard Labelle a commenté sa proprevidéo.Sur le bord du Lac au Rat, Mont-Tremblant, 1961. Houf! Mon vieux loup était venu me voir et mon ours avait eu son Coke et ses chips. C'était le temps ou les ours étaient "civilisés"! J'avais amené
Sur le bord du Lac au Rat, Mont-Tremblant, 1961. Houf! Mon vieux loup était venu me voir et mon ours avait eu son Coke et ses chips. C'était le temps ou les ours étaient "civilisés"! J'avais amené toute la petit famille en camping. Toute un job, mais toute une initiation qui les a marquée pour la vie.

 

 

 

 

 

 

 

 


Les animaux qui me rendaient visite.

 

 


Mon ami Bob de Colombie

Mon ange n'est pas du tout de même. Il est à sa retraite de la CSST. Épuisé. Les ailes tout écorchés. A été très occupé avec moi. Je le prie seulement pour le remercier. Je le soupçonne même d'avoir fait de très mauvais coups pour me protéger. En fait, j'ai eu mon ange "officiel", mais des dizaines d'anges officieux chez des gens qui m'ont simplement aimé. A distance, éloignées par la vie, vous mes soeurs en particulier, furent des anges et le sont encore. Votre maman Laurette fut tout un ange, je vous jure.

 

Les hommes et les femmes de notre nation originaient de la Bretagne, de la Normandie, de la France, de l'Irlande, de l'Écosse et de l'Angleterre. Étaient Canadiennes et canadiens tous celles et ceux qui provenaient du peuple et étaient le peuple de cette nouvelle nation qui s'est constituée au fil du temps et des luttes pour son développement indépendant, à la défense de son droit à la souveraineté. Il est nécessaire et juste de rappeler que, dans les années 1830-1839, les patriotes de toutes origines et leur Parti patriote, dans leur projet d'édification nationale, ne se divisaient pas en fonction de l'origine nationale ou de la langue d'expression. Ils n'ont jamais promu ou agi de façon sectaire, sur la seule base de la langue, la religion ou l'origine nationale dans leur projet d'édification nationale. Ils n'ont jamais déclaré être des « Canadiens-français », ou ne se sont jamais déclarés ou portés à la défense des « Canadiens-français » au détriment des Canadiens d'autres origines.

Les écrits des patriotes, du Parti patriote et de ses dirigeants les plus éminents tels les Nelson, De Lorimier, Chénier, Côté, Duvernay (La Minerve), O'Callaghan (The Vindictator), etc. n'ont jamais utilisé le vocable ou concept de « Canadiens-français ».

Rappelons-nous que les fondateurs de sociétés fondées sur la base des origines ethnoculturelles, linguistiques ou religieuses de leurs membres furent au XIXe siècle en nos terres des gens tels que les McGill, les Molson et les Moffat, desquelles sociétés ils se servirent pour diviser le peuple et pour combattre l'union des Canadiens à la défense de leur patrie, de leur économie nationale, engagés dans leur projet d'édification de leur république.

Ce concept de « Canadiens-français » et les concepts de « Québécois de souche » et « Québécois » dans le sens voulant dire seulement les Québécois « de souche » ont leur origine dans la politique de l'empire qui consistait à diviser le peuple et la nation pour perpétuer le pouvoir des exploiteurs et oppresseurs. Plus spécifiquement, il est le fait de l'émissaire et administrateur de l'empire britannique Lord Durham qui, suite à la suppression de la république naissante du Québec par le feu et par le sang, divisa de façon arbitraire et injuste notre nationalité en « Canadiens-français » et « Canadiens-anglais ». Il a falsifié l'histoire en prétendant qu'en tant qu'émissaire de l'empire britannique, il avait trouvé en nos terres une « guerre fratricide entre deux peuples », et non pas la lutte d'un peuple contre l'occupation et la domination par un empire étranger, contre un État et un gouvernement absolutiste et tyrannique, une lutte pour que sa patrie soit indépendante et pour une république démocratique. Cette falsification vient tout droit de son imaginaire.

La division marquée ou, dit autrement, la ligne de démarcation franche, ce n'est pas entre « deux peuples » chimériques, inventés de toutes pièces par les monopolistes et capitalistes de l'empire britannique et de leurs administrateurs, mais bien entre, d'une part, une nation dans la conquête de son indépendance et de sa souveraineté et sa détermination à établir sa république démocratique et, d'autre part, un empire colonialiste qui niait le droit d'être de cette nation.

Le génie et la force de caractère de ce peuple qui s'est constitué en nation en ces terres déjà habitées par des nations autochtones et qui a adopté la qualité de canadien, héritée des Premières Nations sont, entre autres, d'avoir refusé la négation de sa nationalité par les occupants de l'empire britannique, de ses administrateurs anglais et de leurs collaborateurs et conciliateurs canadiens qui firent tout pour la diviser sur une base ethnoculturelle et linguistique avec leurs appellations outrageuses « Canadiens-français » et « Canadiens-anglais ».

Le peuple refusa la négation de son droit d'être une nation constituée de tous les membres de sa société quelles que soient leur origine nationale, leur langue et leurs croyances. Il a plutôt adopté et promu le mot ou concept issu d'une langue autochtone, soit « kebek », pour s'affirmer comme nation, la nation québécoise.

La célébration de la Fête nationale du peuple du Québec inclut la célébration de nos patriotes du XIXe siècle, tels que les Nelson, De Lorimier, Côté, Chénier, Duvernay, O'Callaghan, etc., qui ont combattu pour une patrie indépendante et une république qui investit le peuple de la souveraineté. Elle inclut la célébration de tous ceux qui ont épousé la cause des patriotes du Québec et en particulier ceux qui sont résolus à élaborer un projet d'édification nationale conforme aux exigences de l'heure.

Aujourd'hui encore une fois la nation est appelée à se définir dans le contexte du bouleversement planétaire provoqué par le néolibéralisme, et la résolution du problème historique sera guidée par les mêmes principes qui ont inspiré les patriotes et en opposition à l'interprétation contemporaine des vieux dogmes hérités du passé colonial. Ce projet est encore une fois intimement lié au besoin de conquérir notre droit de décider et de faire éclater les vieux obstacles à l'épanouissement d'une nation moderne qui reconnaît et défend les

 

 

Je n'ai jamais vraiment étudié pour avoir un "job", mais plutôt pour me rendre un meilleur humain éduqué. Le "job" est venu après. J'étudiai souvent par dilettantisme et non par besoin. Je voulais, jeune, faire de moi un être idéal. Quand on est jeune, incroyable tout ce qui nous passe par la tête. Voilà ce qui se passait dans ma tête et j'en suis fier. L'argent, l'argent, l'argent, j'avais trop vu des familles s'entre-déchirer pour l'argent. Complètement fou.

Dans la vie, il y a toujours deux forces qui t'aident ou te nuisent pour avancer. Les gens qui t'encouragent et t'orientent dans le bon sens, prennent ta défense, sont ceux, celles qui te font vraiment avancer et sont sources de succès. L'inverse, les jaloux, mesquins, ambitieux qui ont peur de se faire devancer, sont de véritables freins pour toute personne qui veut réussir dans la vie. Il faut dès lors être très alertes pour identifier les deux à défaut de quoi nous sommes comme un capitaine d'un bateau de guerre qui ne sait faire la différence entre les bateaux amis et les bateaux ennemis.

Michel Labelle Incroyable tes aventures, Richard. Tu es bien chanceux d'avoir vécu tout ça. La plupart des gens n'ont pas eu ce privilège.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Encouragez mon André, je vous supplie. Je répète, A DONNÉ SA VIE POUR LES PAUVRES. Nous étions au collège et nous avons fait la promesse de changer le monde! Ça vous dit quelque chose. Tout cela avec notre naîveté d'enfants dont l'avenir était brillant. Croyez le ou non, certains ont vraiment changé le monde. Le juste milieux de Proulx (le journaliste) , qu'il se le mette ou je pense, on change le monde avec des gens passionnés. Vous vous imaginez le pape et Michel Ange qui se chicannaient. Le pape lui donnait des coups de canne et Michel Ange, lui envoyait ses pots de peinture par la tête. Des êtres passionnés. Avec quoi on change le monde mes amis? AVEC LA PASSION! J'AI UNE PARTIE DE LA GANG QUI EST PAS MAL BEIGE!

Merci du partage, Richard.

Et tant qu'à parler des moutons, je veux en ajouter un peu. Car nous étions un groupe qui adorait cet animal. Bien certain que les Juifs pour leurs fêtes venaient nous solliciter, car justement, eux aussi sont des gens qui aiment les moutons. Et quand venait le jour de l'abattage, c'était toujours pour nous tous une catastrophe renouvelée, car tous nos moutons, avaient tous leur nom et leur mort nous catastrophait pour une bonne semaine, y compris, bien sûr, celle qui les nourrissait au biberon au tout début de leur vie. Le petit David aimait sûrement ses moutons et devait comme nous, pleurer pour quelques jours au moins de la perte de ceux-ci. Nos moutons, ce n'était pas de l'élevage mécanique, mais bien de l'élevage amoureux. Nous dûmes abandonner le projet, car il nous arrachait trop le coeur.

 

 

 

 

 

 Chère Hélène, avec toutes mes distractions j'ai toujours eu de la difficulté avec mon écriture. Je prends toujours soin d'utiliser mon dictionnaire (Antidote) qui m'aide beaucoup et m'apprend beaucoup aussi. Je suis sûr d'avoir été un enfant avec des problèmes d'attention, mais le Ritalin n'existait pas à l'époque. Je devais étudier comme un démon pour finir par avoir une relative bonne note. Je fus de même toute ma vie. Tu avais remarqué, à un moment donné, que mon écriture changeait selon les circonstances. C'est un autre handicap grave que tu as détecté sans le savoir. Je n'ai osé t'en parler, car je ne voulais pas te peiner. Mon ami Georges, de l'Insectarium, avait les mêmes problèmes. Ses notes n'étaient pas évidentes non plus. Cré bon Georges!

Je fus envoyé dans une famille pauvre de St-Henri. À vrai dire, je me sentais ignare de toutes ces choses et c'est la raison pour laquelle, à vingt ans, j'avais rendu visite à un service social de St-Henri, dirigé par des sœurs. Je devais servir «de petit rat blanc » dans une recherche en intervention dans des familles pauvre. Tout un petit rat blanc, je vous jure.


 Merci bon Jean-François. Oui, je me suis dont battu pour faire avancer des causes. J'ai dont pleuré. Toute ma vie. Mais j'avais des âmes fortes qui me supportaient. La dame qui me disait elle avait 60 ans passées. À tout coup, c'était comme un coup de fouet qu'elle me donnait comme on le donne au cheval qui ne veut pas avancer. Elle avait connu la vie, la bonne dame. Et de tous ces gens dont j'étais presqu'amoureux et qui me supportaient, c'est eux-autres qui m'ont fait avancer. Tous, je les serre très fort sur moi. Je leur doit mon courage qui impressionnait bien des gens.

Le coeur me saigne à tout coup en pensant à toutes ces gens qui dépendent de l'aide publique pour survivre. Je dis bien, pour survivre. Voilà pourquoi vous avez tout mon attachement. J'ai déjà fait du service social comme "petit rat de labo" pour les services sociaux. Ça m'a complètement bouleversé de constater cette misère humaine dont la pire des misères est d'être seul avec celle-ci. Bravo pour votre travail. "Hugs" à tout votre monde. Il faudrait bien que je vous fasse une visite.


Y'en a qui sont millionnaires dans la gang. Vous ne trouvez pas qu'il est temps de "cracher".  Vous savez que mon ami Georges Brossard de l'Insectarium sommes frères depuis notre tendre enfance, 12 ans. Bien, je dois vous dire que ce Georges, je le connais jusqu'au fond de son âme et de ses tripes. Nous n'avons pas de secret.  Quand il me téléphone, il est tout énervé de me dire tout ce qu'il a réalisé...avec ses millions, mais aussi avec son coeur, car c'est principalement un homme de COEUR.  Un grand COEUR. On ne s'est jamais parlé d'argent. Interdit?  Pas vraiment. Jeune, au collège, on s'était promis de CHANGER LE MONDE.  De son côté avec ses papillons et l'amour de la nature et de mon côté avec une technique d'intervention qui a changé l'approche mondiale en prévention suicide. Et nous sommes une trentaine de cette race qui voulions fabriquer un monde meilleur. Vous ne pouvez imaginer ce qu'on prépare pour la ville de Québec. Ce sera unique au monde. Je n'en dis pas plus. DONC, EST-CE QUE VOUS AVEZ DU COEUR?  Fouillez dans vos bas de laine et donnez pour LA MISSION BON ACCUEIL. Ce sera mieux que de snober les autres en parlant des services VIP qui n'en sont vraiment pas. Vous n'y connaissez rien. J'ai travaillé comme hôte pour le Canada. VIP voulait dire la limousine avec girophares, six motos avec girophares, deux autos de sécurité. Une en avant et l'autre en arrière. Et la sirène pour se rendre au lieu où on allait. Très souvent, l'aéroport. On descendait au pied de l'avion. Mon invité me suivait pour monter dans l'avion, car en arrivant au pied de la porte, je demandais tout suite, champagne et première classe. Le tout payé par le Canada. Et j'invitais la personne à venir s'asseoir. Je l'accompagnais jusqu'au moment du départ. Alors, je descendais de l'avion accompagné par des gens de la GRC. Je retournais à mes bureaux de l'Expo 67 et vlan!  Mon travail était terminé pour le moment. J'ai aussi fait de l'intervention sociale dans ces coins, St-Henri entre autre. Ces "pauvres" m'ont révélé toute la richesse de leur âme, beaucoup plus riche qu'un compte de banque. DONC, IL EST TEMPS DE "CRACHER" (S'il vous reste encore du coeur.) pour aider ces gens "miséreux" qui ont pourtant tellement de choses à nous apprendre. En passant, mon meilleur prof. de maths a été un itinérant. Je lui payais sa bière...  .05 le verre dans le temps et il m'enseignait tout un après-midi à la taverne des itinérants qui était sur St-Catherine, près St-Hubert dans le temps. Ce fut surtout mon premier contact avec la vraie vie. Avez-vous déjà pris contact avec ces gens dont vous avez peur quand vous les rencontrez. Il faut bannir ses peurs et oser. C'est très payant, je vous jure. C'est très payant, je vous le jure. Tu risques d'avoir un cour sur la vraie vie. J'ai aussi fait l'expérience avec les homos, des hétéros tout croches, des trans-genres qui me parlaient de leurs enfants. Vous vous imaginez. Parler de ses enfants, ses la meilleure méthode pour s'approcher d'eux. On se parle alors, d'égale à égal. Car avoir des enfants, c'est pas évident pour personne. Qu'en Pensez-vous?  PITONNER "BON ACCUEIL" DANS GOOGLE ET VOUS ALLEZ TROUVER TOUT DE SUITE. UN DÉFI QUE JE VOUS LANCE. ALLER MANGER AVEC UN ITINÉRANT QUE VOUS CHOISISSEZ COMME ÇA SUR LA RUE ST-CATHERINE OU AILLEURS. VOUS CHOISISSEZ BIEN SÛR CELUI QUI VOUS DIT OUI. ET VOUS OUVREZ GRANDE VOS OREILLES ET VOUS GARDEZ POUR VOUS VOS CONSEILLES DE GENS QUI PRÉTENDENT TOUT CONNAÎTRE. « Vous devriez » ne doit pas exister dans votre langage.


 

Marcelle, dont je parle dans le texte, était la directrice exécutive du bureau du syndicat dont j'étais le trésorier à l'époque. C'est moi qui la nomma et les filles du bureau protestèrent, car elles voulaient avoir un homme comme patron. Moi, j'avais décidé que c'était une femme et ce fut une femme qui fut nommée.  Elles ne le prirent pas! Elles ont été obligées de s'y habituer d'autant plus que la patronne avait du nerf et une autorité indiscutable. Pour elle, directrice, elle m'appelait toujours "Monsieur Labelle", car j'étais son patron. Mais, quelle patronne extraordinaire fut-elle. Tout redevint en ordre au bureau et les filles furent obligées d'avouer que l'atmosphère du bureau s'était beaucoup améliorée. Macelle était une femme blonde, mais qui faisait pas mal athlétique.  Elle s'entraînait. Elle avait tout pour impressionner et j'eus la paix. Et son mari était aussi dans le domaine des affaires. Donc, Marcelle était une personne habituée à diriger.

Dr Cartier
Oui, c'est lui qui s'occupe de moi pour mes poumons et pour les recherches auxquelles je participe. Ce médecin est une vrai bombe. M'a tâté partout et donnait des commentaires à chaque bidule qu'il touchait dans mon ventre ou ailleurs. Du bout des orteilles jusqu'au bout des cheveux. Faisait le comique en me disant, qu'est-ce que vous en pensez Monsieur Labelle. La classe d'étudiants avait le fou rire à nous entendre nous lancer des jokes les deux ensemble. QUEL MÉDECIN. UN MÉDECIN SUPER. Et d'une courtoisie épouvantable. Se lève pour vous recevoir dans son bureau, il vient à votre rencontre et vous indique poliment si cela vous convient de vous asseoir à tel ou tel endroit. Un véritable gentleman! Impeccable.

Ma « maiiiiiire » a couché avec Richard

 

 

Labelle Richard <richardlabelle2000@yahoo.ca>

To
Diane Fallon Doris Cloutier Denise Cloutier Raymond Yergeau Michel Cloutier Henri Cloutier
 Today at 3:39 AM

 

 

@@@@@J'étais orphelin, intelligent, aimant les gens, j'avais déjà un ami que j'avais sérieusement
aussi ce don extraordinaire de communication que j'ai eu l'honneur, mais le grand honneur de
me faire reconnaître par un ami de vieille date, multimillionnaire, qui aurait tant voulu
que je parte en affaires avec lui. /////Robert Brosseau de l'Industrielle Alliance et un autre qui disait m'aurais quadruplé mon salaire s'il m'avait connu. Voyage Laval, Floride toutes les semaines pour se permettre de faire du bateau. Caprice de riche je lui disais, mais rajoutais:"C'est  ton plaisir, et ton plaisir t'appartient. Je lui ai "extorqué" "un mille" pour mes oeuvres. Je suis RICHE DE COEUR par choix. L'argent, j'en trouve quand j'en ai besoin. Psychiatriques, tous les triques possibles. Tout le monde a le droit d'être ce qu'ils veulent. C'est une démocratie, ils sont donc propriétaires de leurs problèmes.  La mère de Tex Lecors que j'ai bien connu en traitement!  Une femme extraordinaire qui m'a éduqué drôlement sans compter les nombreuses barmaids, en faisant du taxi surtout, qui m'ont consolé et éduqué. Elles m'appelaient leur petit curé adoré. Je ne devais pas faire peur à grand monde sur la Catherine avec mon taxi. Un jeune homo que je transportais et que je trouvais presque chanceux. Se faisait payer toutes ses études de McGill par son mac. M'a demandé ce que j'en pensais comme curé. Je lui ai dis, reste avec ton mac, les études, c'est important. Et en plus, beau comme un dieu! Doit être avocat aujourd'hui, sûrement. Oui un monde bigaré que j'adorais, car on m'apprenait toutes sortes de choses qu'on ne voit pas à l'université. Et je ne cachais rien, je leur disais simplement qui j'étais. M'ont jamais fait la moue. Dans un drame épouvantable que j'ai vécu, la meilleure, une barmaid qui m'a dit tout doucement, vient t'asseoir ici mon grand et pleure, ça va te faire du bien. Elle connaissait le malheur qui m'avait frappé.  Oui, l'université de la vie m'a frappé de plein fouet en même temps que l'université des diplômes. Un bonne soeur grise, costaude comme un vrai cowboy et qui me disait, "Mon p'tit, cette famille est tellement dans la misère, qu'elle ne peut plus recevoir, elle doit donner. J'ai vécu une vraie horreur avec ces gens! Je revenais en pleurant aux services sociaux et la bonne soeur, comme ma barmaid me disait:"Braille mon p'tit gars!  Tu as bien raison de brailler!" Et finalement je retournais deux semaines plus tard et c'était la même chose. La maison sur le bord de la "track". Tout tremblait dans la maison quand le train passait. J'étais sûr que la maison s'effondrerait. J'avais peur. La mère pleine d’eczéma, son grand de 14 ans semi-débile qui jouait au hockey dans la maison et frappait ses p'tites soeurs avec sa rondelle. Trois petites filles. Un frigidaire avec un pain, un pot de beurre de peanut, une petite pinte de lait pour mon café disait la madame et finalement, un p'tit pot de café Maxelhouse. Et la puanteur de la pisse. Car le grand pissait comme un cochon. La misère noire quoi. Et ma job. Aller les entendre de parler, moi qui était en veston, cravate, chemise blanche. Toutes les chaises branlaient et le plancher, les clous ressortaient de partout tellement c'était usé. La misère noire. La suie partout. Le père en prison. Décidément, cette pauvre femme, elle avait choisi l'enfer. Ma job, aller les écouter me parler pendant une heure et partir pour revenir deux semaines plus tard. C'était mon mandat. Ces mois me firent me révolter contre cette société de riches pervers qui ne savent pas partager. Je vomissais en sortant de cet enfer et devait retourner faire rapport à chaque fois. C'était à Saint-Henri. Même paysage que le film avec le train qui passe à côté de la maison.  Et la grosse soeur qui me disait, ne lâche pas Richard, tu vas les avoir, tu vas voir ça. Tu n'as pas du tout le droit de donner des conseils. "Vous devriez", c'est la phrase à bannir. Ho, c'est merveilleux! Dit pour un p'tit rien, y'ont besoin de ça. Et ton sourire et ta beauté et ta propreté et ton savoir-vivre et ton amour qui transparaît mon Richard. Elle me faisait pleurer à tout coup cette soeur. Moi, qui me sentait sans coeur. Narcissique! Débile! Non débrouillard. Même pas capable de leur trouver quelque chose de mieux. Non, Richard, ils n'ont pas besoin de ça, ils ont simplement besoin de ta présence. Et finalement, après un seul conseil que je rapportai à la bonne soeur. Il faut sortir le grand "débile" de là, il va violer ou tuer ou les deux à la fois ses p'tites soeurs!  La bonne soeur Grise comprit très vite que j'avais raison. Vous vous imaginez, la mère toute pauvre qui partait de St-Henri pour visiter son grand "fanal" à l'hôpital Rivière-des-Prairies où il était hospitalisé et son mari, par la suite, qui était en prison. (Histoire tout à fait vraie, n'est-ce pas.) Je servais de "petit rat blanc de labo." pour les services sociaux et je fus fidèle jusqu'à la fin glorieuse. Le but, prouver que ce qui y a de pire dans la misère, c'est l'abandon, la solitude. Quand on sent de l'appui, on finit pas s'en sortir. C'est ce qui est arrivé à cette bonne dame pleine d’eczéma qui finalement l'avait perdu suite au départ de son grand "débile"  qui la déstabilisait complètement. Elle se trouva toute seule un moulin à coudre, car elle savait coudre cette dame. Se trouva plus tard, un nouveau logement. Fit toutes les démarches elle-même. Les enfants commencèrent  a voir leurs notes de classe prendre du mieux et la dame, finalement, se trouva un petit emploi temps partiel, pendant les absences des enfants qui étaient à l'école. Et moi, toutes les deux semaines, je retournais toujours les écouter me parler sans ne donner aucun conseil. Ils avaient besoin de donner ces gens me disait la soeur, pas de recevoir. Donc, quand la bonne dame m'offrait du café, c'était un café de moins qu'elle avait pour elle et je devais répondre oui à au moins, trois de ses offres. Moi qui aime le café, ça ne me déplaisait pas du tout. Du nouveau!  Une maison habitable au premier, aérée, des rideaux dans toutes les fenêtres que la dame avait fabriqués. De nouveaux lits de métal avec des matelas neufs. Couvertures fabriquées par la dame. Un an plus tard, cette famille s'était complètement sortie de la misère avec mes visites une fois aux deux semaines. Et comme cerise sur le gâteau, ils me fêtèrent. J'ai jamais tant braillé de ma vie, mais j'ai jamais tant ri non plus. Ce fut une famille avec qui je gardai contact pendant des années. Je leur avais trouvé des carnets pour Expo 67, etc. J'avais aussi un couple de vieux que je visitais pour la même raison. Mais eux ce n'était pas la grande misère, mais plutôt de l'ennuie. Qu'ils étaient gentils. Ils receuillirent mes pleurs à tous les coups que je revenais de ma famille "épouvantable"!  L'argent!  Mais non, la solidarité fait des merveilles. C'est ce qui m'a décidé davantage à faire un prof. moi orphelin pas seulement une fois, mais deux fois dans la vie. Malheureux? Oui!  Mais tellement de bonnes gens pour m'aider. Et pendant un certain temps, ce furent dans les clubs de toutes sortes que je les trouvai. Beaucoup de barmaid...des vraies psychologues. J'appris mes trucs pour mes p'tits bums dans l'enseignement. Devinez!  Le gérant du Lover's de Laval et sa femme barmaid. Mon cour commençait à minuit et finissait avec le déjeuner du lendemain matin. Tout cela aux frais du gérant. Là, j'en ai appris des affaires mes amis. Ils m'ont "décrotté" le nez. J'étais dorénavant sorti après neuf heures depuis un bon bout de temps et je n'étais surtout pas le p'tit gars à maman. De toute façon, quand j'arrivais chez ma mère, c'était souvent le ménage, repassage, la "mup" à passer partout, balayeuse, repas à préparer. Question de donner du temps à ma pauvre maman pour reprendre ses esprits. Et vlan, fin de semaine, je partais pour le Carnaval de Québec avec ma gang. Merci mon Dieu pour cette énergie folle que j'avais. Et à Québec, je passais la première nuit, ainsi de suite, et j'étais en classe le lundi matin, à l'université. Un peu poqué, c'est normal. Et mon cour préféré?  Donné par un sous-ministre à l'aide sociale sur la "misère humaine". Ça me taraudait l'esprit pas à peu près. J'AI FAIT UN PROF!  T'es pas riche, le monde te chie dessus. Qu'ils aillent se faire foutre. Combien de parents j'ai vu me laisser des 26 onces dans l'arrière de mon auto pour me remercier. Il connaissaient ma sorte. Le wiski Canadian je ne me souviens plus tout à fait. Je ne les compte plus, tous les "flas" que j'ai eu. Des parents ouvriers en passant. Hochelaga. Jamais eu du fun comme ça. Faut être riche de coeur pour donner. L'agent ne rend surtout pas généreux en général. Elle rend radin. Et vlan!
Racisme vis-à-vis des Juifs**********
Je n'aime pas démoniser les situations. Ça nous fait perdre la raison. Comme si tous les Juifs étaient des haineux! Décidément. Je pense toujours à ma grand-mère qui disait souvent "maudits juifs", mais qui ,finalement, confronté à la réalité du "pedler" qui passait pour lui vendre toutes sortes de choses. Tout à coup, la RAISON lui revenait, et me disait, "ce pauvre homme, il a deux enfants à McGill. Il faut bien qu'il paye leurs études." Et elle m'a toujours habillé chez le "pedler" juif qu'elle aimait beaucoup. La réalité s'imposait à ses émotions. C'était pour elle, tout simplement un père de famille honorable comme tous les pères. D'ailleurs, nos enfants, nous ramènent souvent à la raison. Je me souviens, en prison, rien comme parler de ses enfants ne nous rapprochaient de ces pauvres personnes qui s'étaient fait prendre par les tentations du criminel qui trop souvent étaient des erreurs de jeunesse. Les "motels" des prisons, ont très souvent aidé à orienter beaucoup de jeunes sur le bon chemin. Ils fréquentaient et démarraient une famille. Quand il sortait de prison, leur famille les attendaient. C'était une belle façon de briser leur isolement et de les réintégrer à la société. Quelle expérience! On parlait de nos enfants et tout ça, nous rapprochait les uns des autres pour le plus grand bien de nous tous. Fameux! Et ajoutez à ça, un directeur de prison en or et vous avez le "truc".
NOS MOUTONS
Et tant qu'à parler des moutons, je veux en ajouter un peu. Car nous étions un groupe qui adorait cet animal. Bien certain que les Juifs pour leurs fêtes venaient nous solliciter, car justement, eux aussi sont des gens qui aiment les moutons. Et quand venait le jour de l'abattage, c'était toujours pour nous tous une catastrophe renouvelée, car tous nos moutons, avaient tous leur nom et leur mort nous catastrophait pour une bonne semaine, y compris, bien sûr, celle qui les nourrissait au biberon au tout début de leur vie. Le petit David aimait sûrement ses moutons et devait comme nous, pleurer pour quelques jours au moins de la perte de ceux-ci. Nos moutons, ce n'était pas de l'élevage mécanique, mais bien de l'élevage amoureux. Nous dûmes abandon
LE POST TRAUMATIQUE
Le Post traumatique. Ça me taraude toujours beaucoup, quand je vais aux États, de voir ces jeunes qui ont des "tics" nerveux graves, résultat d'un post-traumatique vécu en Afghanistan ou ailleurs. J'en ai "accroché" un. Hé! Brother! You tell me..... Je les fais parler. Ils ont tous un point en commun. "On besoin d'écoute!" Je leur en ai servi. Avec un autre, c'est non seulement le gars, mais sa blonde. Je les ai "taraudés" doucement, bien sûr. J'ai revu le couple un mois plus tard, ils étaient tout énervés de me revoir. Émouvant cette affaire. Preuve que 5 minutes d'écoute, ça peut changer le monde. Nous en avons aussi chez-nous de ces post-traumatiques. Cinq minutes?
L'ATTITUDE VIS-À-VIS LA VIE
" Plus je vis , plus je réalise l'impact de l'attitude sur la vie . Attitude , pour moi, est plus importante que les faits. Elle est plus importante que le passé , l' éducation, l'argent , que les circonstances , que l'échec , que de succès , que ce que les autres pensent ou disent ou font . Il est plus important que l'apparence, la douance ou la compétence . Il va faire ou défaire une entreprise ... une église ... une maison . La chose remarquable est que nous avons un choix de tous les jours en ce qui concerne l'attitude que nous adopterons pour cette journée. Nous ne pouvons pas changer notre passé ... nous ne pouvons pas changer le fait que les gens vont agir d'une certaine façon . Nous ne pouvons pas changer l'inévitable . La seule chose que nous pouvons faire est de jouer sur la seule chaîne que nous avons, et qui est notre attitude . Je suis convaincu que la vie est de 10% ce qui se passe pour moi et 90 % de la manière dont je réagis . Et il en est la même chose pour vous ... nous sommes responsables de nos attitudes " . Je pense vraiment que c'est ce qui m'a sauvé. Si les couteaux volent bas, mais que je suis en pleine santé, qu'est-ce que cela peut changer à mon quotidien. c'est moi qui en ait le contrôle après tout.

 

 


Que de bonté cher Michel. Oui, quelque part j'ai été ce tronc d'arbre qui plie, mais ne casse pas. Ma plus jeune qui pleurait pour s'excuser auprès de son père. C'est quoi ça, lui ai-je dit? Tu as été voir la vie et tu t'es frottée dessus. C'est ton devoir de jeune. Bravo ma belle enfant. Les inquiétudes de ton père, c'est une autre choses mais, tu le sais "p'tite maudite!" je t'adore. Jamais utilisé le mot "tu devrais" avec mes enfants. Et dans la vie, il faut payer pour apprendre. Merci mon bon Michel, j'en suis bien ému.


La concentration du capital! Nos gouvernements qui ne bougent pas. Ils en sont tous criminellement responsables. Ils couchent avec les banques et enfirouapent le peuple. Le secret bancaire suisse! Un bel exemple de la couardise d’un pays. Se sont enrichis avec l’or nazi taché de sang. Noam Chomsky, il n’est pas le seul à réfléchir sur ce système. Il est aussi persona non grata aux U.S.A.

L'Église des hommes

 

Je pense que quand les choses vont mal, il faut faire l'effort pour s'éloigner énergiquement de tout ce qui peut ressembler à du négatif. Avec le suicide, par exemple, j'ai dû faire des "deals" assez souvent. J'étais très près de Raymond (mon psy.) à cause de ça. Raymond et moi étions amis depuis 40 ans. Il me connaissait sous toutes mes coutures. "Tiens-toi loin de ça Richard!" Me disait-il. Je l'écoutais parfaitement, car je devais surtout être efficace. Vous devriez voir mes archives. Stupéfiant. Je n'avais donc pas le temps de me faire distraire par du négatif et Raymond à qui je disais tout comme à mon confesseur corrigeait la "barre" si je divaguais. Me connaissait! Donc, se tenir loin de tout ce qui est "plaignages", ça va mal, les handicaps de toutes sortes que le monde peut avoir (des plaignages peuvent nous empoisonner la vie. Se méfier.) , des amis dangeureux malgrés eux! Tout. POSITIF, POSITIF, POSITIF. Mon truc, aller voir des films ou je pouvais rire aux larmes et pleurer, presque crier. Une véritable thérapie. C'était une obligation morale incontournable le dimanche soir au Outremont, Ouimetoscope, Élisée, Avenue du parc. On fait sa vie. Y faut y croire. On doit aussi se manipuler, parfois comme un enfant. Un bonbon nous attire, on saute dessus. On doit tenir à toujours être le maître de sa destinée. Malheur à nous si on fait autrement. Il faut utiliser des ruses avec soi-même. Ne pas se laisser aller. Bien sûr, que ce que je dis, c'est moi, c'est pas le voisin. Chacun sa technique. Et la lecture. Quand je lis, je ne suis plus là. Je suis dans le livre. Un coup de pied au "cul", je vais marcher dehors. La Grande Ourse, je l'embrasse, elle me surveille. C'est ma première blonde qui est là. Non, non, non, ne pas se laisser faire. On doit à tout prix être le capitaine de son bateau et ne laisser personne prendre notre place, ni les événements non plus. C'est moi, c'est pas le voisin. Qu'il pense ce qu'il veut. J'ai eu l'immense honneur d'avoir l'amour de beaucoup de monde, votre aide et tout et tout dans ce Réseau adoré. Je ne dois pas le gâcher. On apprend tous les jours. Donc, on fait des gaffes tous les jours...et des bons coups. Pas de gaffes, pas d'expérience, ne connaît rien. Beige pour la vie. Oui, on court pour se faire aimer. Faut en être conscient pour ne pas courir pour rien. Voilà, c'était un bout de chemin. Toujours se réserver des bornes d'urgence. Un ami chaleureux, une activité qui me sort de moi. Y faut pas se laisser faire, quoi! Avoir l'esprit critique, être aux aguets. S'autocritiquer sans limite. "Est-ce que j'ai eu de l'allure dans telles circonstances?' Quels étaient ceux qui étaient pour moi et ceux qui étaient contre moi. Savoir découvrir les vraies intentions des gens. Leur agir nous parle plus fort que leurs plus belles paroles. Jamais être naïf. Ce n'est surtout pas un signe d'intelligence. Comme le capitaine de bateau de guerre. Savoir reconnaître ses amis de ses ennemis ou si-non, on se fait couler. Savoir ne jamais exposer son jeu comme au poker. Tu révèles ton jeu, tu es fini, tu n'as plus rien à négocier, surtout avec les patrons. Être doux comme un mouton, rusé comme un renard et féroce comme un lion. Il faut être les trois. Ne pas oublier que ce n'est pas la dépresse qui surtout apporte le suicide. Ce sont surtout les fausses conceptions que nous avons de la vie et si on ne se réveille pas, on tourne en rond comme les deux chevaux, ÉMOTIONS ET RATIONNEL. On doit tenir la bride très solidement et également. À retenir!


Les animaux qui me rendaient visite.
Cela se passa surtout en colonie de vacances ou sur la route de Val d'Or Rouyn-Noranda, en Abitibi. Nul secret pour aucun de mes amis de dire que j'adorais les animaux et je pense aussi un peu qu'ils m'adoraient. Un roman d'amour, quoi! Première péripétie que j'eus, avec un ours. Je devrais plutôt dire que l'histoire commença avec un premier ours. Je faisais du camionnage entre Val-D'Or et Rouyn-Noranda pour le compte d'Hydro-Québec. Je transportais des objets lourds. Dès 5 hs le matin, j'étais sur la route. Travailler si tôt le matin me rentrait vraiment dans le corps. Je trouvai ça très douloureux. Je commençai mes voyages vers le milieu du mois de mai. Rien sur la route, sauf cette « boucane » que le matin amène, résultat de la différence de température entre celle de la forêt et de l'air ambiant. C'était plate, plate, plate sauf, un bon matin ou ma vie « chavira » presque. Sur le bord de route, j’aperçus un copain inhabituel qui faisait du « pouce ». Avait sans doute faim. Un bel ours noir, jeune adulte, car pas très gros. Tout excité, je stoppai me camion un peu plus loin et vins à sa rencontre, pas trop près quand même. Tout excité lui aussi, il courrait vers moi à toute allure. Je lui fis signe de stopper. Il s'exécuta immédiatement. Avait sans doute fréquenté une société quasi civilisée qui lui permettait de comprendre les signes des blancs. Je ne voulais pas être son prochain « steak » même si je savais que l'ours est un herbivore. Un copain de cette race avait quand même déjà mangé un jeune ado. qui avait les poches pleines de poissons. L'ours a sans doute pensé qu'il mangeait un gros poisson, il mangea le p'tit gars en même temps. Blanc averti, en vaut deux dit la chanson. L'ours et moi, on se regarda pendant un moment et subitement, je retournai à mon camion. J'avais une surprise pour mon gentil plantigrade. Ma réserve de 6 Coke et un gros sac de chips. En me revoyant apparaître, celui-ci se mit quasiment à danser. Bien sûr qu'il reconnaissait le produit. Du Coke! Banal pour un ours. Et des chips! Encore plus banal. Je lui fis signe de reculer, par prudence et je lui ouvris les 6 Coke et le sac de chips et je retournai à mon camion. Croyez-le ou non, j'eux droit à un spectacle incroyable. Mon beau nounours enfila les six Coke, un après l'autre, assis sur son gros derrière avec ses pattes qui dépassaient sa tête, tout juste assez pour avoir chaque Coke à hauteur de sa gueule et, finalement, d'un coup de patte, s'attaqua au sac de chips et le bouffa en un temps record. Je sortis encore de mon camion presque prêt à aller flatter mon nouvel ami. Mon réflexe ne dura qu'un instant, car je savais pertinemment que ces bêtes sauvages, tout aussi sympathiques qu'elles puissent paraître, pouvaient nous bouffer en un temps record. J'en pleurais presque. Je venais de me faire un nouvel ami, "unusual" comme dirait les Anglais, qui fut fidèle tous les matins durant à attendre sa pitance le long de la même route. La police d'Hydro m'aperçut sur le bord du chemin, avec mon ours. Ils n'eurent jamais le courage d'arrêter. "L'homme qui dansait avec les Ours tout en leur donnant du Coke." Un titre qui fait moins champêtre quand même!


J'avais de l'énergie à revendre. Et ma mère bio. était bien fière de moi. Je dois dire que je l'ai dorloté pas mal. Je faillis mourir de ses coups de poing qu'elle me donnait quand elle riait à une pièce de théâtre. Quelle fierté elle rayonnait quand je jouais, dans le temps, sur la scène à Saint-Laurent. Une sainte maman.

Combien de pits pits sauvés. Tu aurais dû voir les "cas". C'était presque terrifiant. Sur 8 sujets, ont a du en hospitaliser 6, sous contentions, le premier soir de la rencontre. Je les considérais tous comme mes propres enfants. Comme j'étais le recruteur ayant un statut particulier auprès de ces jeunes, il ne fut pas question, pour moi, de faire partie de l'équipe de thérapeutes. Cela aurait modifié ou déformé mon rapport avec ces "enfants".


Et en plus Michel, j'ai terminé en participant comme intervenant à une série de recherches dont la dernière fut présentée à l'international, à Genève. Il nous fallait sauver des vies et nous l'avons fait en changeant les approches conventionnelles pour appliquer des méthodes d'avant-garde.
Tu as parfaitement raison Michel. Ma grande cousine de 95 ans me dit toujours que j'étais pétillant! Mais, cher Michel, je dois te dire que j'ai toujours été un amoureux des gens. Chaque personne est un trésor a découvrir. C'est souvent à nous de "l'actualiser". J'avais aussi le réflexe de l'orphelin. Chaque cadeau qu'on me faisait durait des années dans ma tête. J'ai vu mon oncle Napoléon 2 ou trois fois. Il m'avait fait des cadeaux. J'en ai parlé une partie de ma vie. J'avais comme une bulle qui perpétuait les bons souvenirs et les faisait revivre. Et en passant, je suis aussi très chanceux de croiser ton chemin, cher Michel. Je suis un privilégié. Georges Brossard de l'insectarium est un vrai p'tit frère pour moi. Dernier téléphone, Georges n'a cessé de me conter toutes ses réalisations. On doit se voir. Ça va être "l'enfer"! Que de choses à apprendre Michel. Je regardais les titres de Karl Marx. J'ai trop de livres en attente! Oui, je suis chanceux de te connaître. Grand merci. Dernier livre lu, "Mohamedou". Ce jeune incarcéré à Guantánamo. Un saint, ce jeune. Je l'ai lu 4 fois. Nadeau-Dubois! Une grosse "pochette" 1000 watts. Ce qui me frappe chez lui, parle avec sa tête, mais aussi son coeur. C'est un séducteur! De toute façon, pour être chef, il faut être séducteur. Quel bonhomme. Tu ne trouves pas Michel qu'on est chanceux d'être si bien entourés. Bonne journée et grand merci.

Ma belle fratrie, du côté de mon papa. Hé! Les soeurs et frérot! Que vous êtes belles et beau. Bravo! Bon, on prend tous un peu d'âge. Ça me met en maudit. Lise m'a passé une crème anti-âge hier au soir. Rien de trop beau pour la classe ouvrière. Ne riez pas! Je suis le plus vieux. donc, j'ai mes privilèges. Y faut bien rire n'est-ce pas?

Le Post traumatique. Ça me taraude toujours beaucoup, quand je vais aux États, de voir ces jeunes qui ont des "tics" nerveux graves, résultat d'un post-traumatique vécu en Afghanistan ou ailleurs. J'en ai "accroché" un. Hé! Brother! You tell me..... Je les fais parler. Ils ont tous un point en commun. "On besoin d'écoute!" Je leur en ai servi. Avec un autre, c'est non seulement le gars, mais sa blonde. Je les ai "taraudés" doucement, bien sûr. J'ai revu le couple un mois plus tard, ils étaient tout énervés de me revoir. Émouvant cette affaire. Preuve que 5 minutes d'écoute, ça peut changer le monde. Nous en avons aussi chez-nous de ces post-traumatiques. Cinq minutes?

Merci vous tous, toutes. Ce fut une période difficile. Les deux parents disparus. Risque d'être au Pôle Nord à leurs décès. Perte de ma maison. Le retour au collège que j'aimais bien fut une grande consolation. Les bons pères me prirent en charge pas à peu près. Je fis un coma de 2 jours en arrivant en plus. Décidément, les planètes n'étaient pas tout à fait enlignées en ma faveur, mais ce ne fut que passager. Et sur le bateau, ce n'était que des anglais qui sacraient comme des déchaînés. Soi-disant des étudiants de Mc-Gill. Ça leur faisait toute une "jambe". On me transféra vite de bateau et tout alla mieux. Les Anglais étaient "chez-eux" au Canada et nous, non.


Tu lui vois la grosseur! On dirait d'un enfant. C'était tout un homme, faut pas se tromper. Mais je l'avais étiré sur son argent. Il avait été séduit par la vérité que je disais. Nous sommes instamment devenus amis. Spécial la vie! N'abandonna pas ses maîtresse, jamais de la vie. Blague!


Trop drôle! Vont avoir les fesses chaudes! Mais ne seront pas très exigeants, car les "petits Chinois" ce ne sont pas les gros Américains! Blague totale! Mon copain Vietnamien, à l'époque. Gros comme un pou. Toujours une maîtresse en vue! Je me demandais toujours comment il pouvait faire à la grosseur qu'il avait. Il s'appelait, D'Zum! Un grand, grand ami. Drôle, notre amitié a commencé par des "coups de pied" au "cul". Pas tout à fait, mais presque. Mais on a ri, je te jure. Toute une civilisation ces gens. Il m'avait fait lire la lettre que son père, pressentant qu'il avait des maîtresses, lui avait envoyée sur le respect de la femme. Je fus totalement terrassé. C'était d'une beauté, d'une réserve, d'une profondeur. Le général "costeau" avait toute une âme. Je lui avais écrit...en français, bien sûr. D'Zum m'avait aidé.
Le Potemkine. Non, non, non, ce n'était pas le Potemkine. J'avais peur de couler au port avant de partir. D'ailleurs, il y en a un qui a flambé en bonne partie, au port, avant qu'on quitte. Le C D Howe. .Je les ai trouvé tellement épais. C'était de la pure négligence qui a passé proche de coûter des vies en plus. Et bien sûr, on a dit que c'étaient des espions russes qui avaient mis le feu! Allons dont!

Je reviendrai avec mes commentaires. Je suis ému de ton engagement. Mais je pense Michel que finalement, ce sera toujours une lutte à maintenir. Je dois dire cependant que tout ce système, cette dictature de l'argent. Même mon bon ami Bruce, pourtant très réservé, le dit, ce pays est devenu une plutocratie. Venant de Bruce, ce n’est pas peu dire. Bruce, mon fameux polyglotte qui a "évalué" mon espion. J'étais naïf, mais pas tant que ça. C'est Bruce d'ailleurs qui m'a dit, pas de doute possible. Alors! J'étais lié par un secret. Oui Michel, j'ai étudié un peu en Californie et je me disais, pourvu que ça n'arrive pas au Québec. Hé bien, c'est arrivé et en pire. Oui, une crise des valeurs profondes. Ce petit monde, ils ont tous raison en plus. Mon neveu, éthicien pour le ministère de la Santé, section des dossiers médicaux. S'est fait prendre à ouvrir une lettre qui ne lui était pas destinée. Je lui ai envoyé les termes clairs de la loi. Semblait descendre du 7e ciel et jamais d'excuse ou de rétractation. Ont toujours raison ce monde. On dirait toute une bande de petits "contrôleurs". Je ne sais trop si ça te dit quelque chose, en psychologie. Alors, là, dans ces cas, il faut prendre la règle pour taper sur les doigts, le seul langage qu'ils connaissent ou les prendre en défaut et encore. La culture du petit moi, moi, moi. La Suède fait payer par les jeunes qui en ont bénéficié, les frais de cegep. Le jeune doit faire un ou deux ans de service civil. Pas de danger qu'on fasse ça au Québec et pourtant, je suis sûr que ça changerait la mentalité du tout m'est du. Pourtant, il y a des fleurs et beaucoup.J'ai vu aller le "p'tit" Dubois, je devrais dire, le grand, pendant les "carrés rouges". M'a impressionné le jeune et pour avoir organisé des centaines d'événements de toutes sortes moi-même, je savais qu'il travaillait et travaillait fort cet "enfant". J'en fus totalement bouleversé. Et la brutalité qu'on a utilisée à son endroit. Barbare! Tout simplement barbare. Façon de forcer les politiciens qui se sentent en péril à augmenter leur paye, à ces barbares!


Je suis très fier d'avoir trouvé cette photo. C'est presque ma seule preuve comme de quoi j'ai été marin pour la marine canadienne. La vie fut difficile à bord, car je ne parlais pas anglais et c'était tous des anglais. C'est ce qui amena le capitaine à m'envoyer sur le N.B. McClean qui était français à 100%. J'eus de petits problèmes, bien sûr. Car les ados "baby face" sont des proies pour les marins qui manquent de femmes depuis un certain temps. J'appris très vite à me faufiler comme une anguille. Ne m'ont jamais attrapé! c'est vraiment le métier qui m'entrait dans le corps. Pas méchants, mais me faisaient des "beaux yeux". Je devenais que ce n'était pas innocent, mais pas du tout. Mon flair m'a vite orienté et j'ai sauvé la "mise" encore une fois!
Le premier bateau sur lequel j'ai travaillé comme marin à 16 ans. Sur le Edward Cornwalis qui me faisait peur tellement il avait l'air d'une coquille que seule la peinture gardait à flot. On n’avait pas prévu que mes deux parents décéderaient le même été. C'est l'appréhension de mon nouveau capitaine du N. B. McClean qui me convainquit de rester à terre. Je lui en suis totalement reconnaissant, car mes deux parents devaient mourir, ma mère, le 17 juillet, et mon père, le 8 août. Ça ne s'oublie jamais.
Le soleil et le vent disputaient ensemble à qui des deux pourrait faire quitter à un homme ses habits. Le vent, se déchaînant avec la plus grande furie, excita la plus forte tempête. L'homme voyant s'accroître la violence du vent, resserra ses vêtemens autour de lui, et s'en enveloppa de tous les côtés : mais le jour ayant paru, et l'ardeur du soleil s'étant augmentée, l'homme fut peu-à-peu forcé par la chaleur de dépouiller ses habits et de les porter sur son épaule.

Cette Fable signifie que celui qui réunit la modestie à un heureux naturel, obtient dans la société tous les succès qu'il désire.
Statistique sur les valeurs en 1997. 8 groupes classes. Le dernier chiffre à droite de chaque ligne, représente le total. Exemple: Amitié, total: 104.
Acharnement Grand total 
Amitié 22 24 16 22 20 104
Amour 22 14 14 18 8 76
Argent 3 3 5 11
Autonomie 1 2 4 7
Bonté 1 1
Compétition 1 1
Compréhension 1 2 3
École 1 1 2
Écoute de l'autre 4 1 1 6
Égalité 1 2 6 3 12
Famille 24 27 17 19 27 114
Fidélité 3 3 6 7 6 25
Fierté 3 2 5 
Générosité 1 1 2 2 6
Indépendance 1 2 1 4
Justice 2 3 7 5 17
Liberté 2 10 3 13 11 39
Loisirs 2 4 3 3 12
Mariage 1 1
Musique 1 5 2 5 13
Nature 1 1 2 4
Opinion des autres 1 1
Paix 4 1 3 2 7 17
Pardon 2 3 1 6
Partage 3 1 1 5
Persévérance 3 4 5 12
Prestige 2 2 4
Respect de soi 10 5 2 5 3 25
Respect des autres 5 2 6 3 16
Réussite 1 9 1 4 8 23
Santé 18 19 9 13 16 75
Savoir 2 4 1 3 10
Sécurité 1 1 2
Sexe 1 1
Tradition 1 1
Travail 2 
Science 1
On nous a tellement lavé le cerveau avec toutes sortes de niaiseries que le monde a perdu le sens de l'essentiel! Pas d'ordre dans leurs têtes, je pense. Et pourtant, je rencontre de belles personnes. J'ai rencontré des jeunes de Québec qui me disaient, "Ho monsieur! tout a bien changé. Le monde n'est plus de même." Y a-t-il une grille d'analyse qui existe pour évaluer une population. Même en prison, on me disait, les jeunes c'est "pu" pareil! Et c'était vrai. Ils me donnaient des exemples. Ma grand-cousine qui me disait," ils veulent tout avoir. Pas de fin dans leur tête sauf quand ils meurent d'une crise cardiaque à 30 ans. Ne pouvaient arrêter." Son gars n'est pas mort, mais il a passé proche. Nous sommes esclaves des médias! Nous n'avons aucune éducation les concernant. Je ne sais trop.
Tu es prolifique mon Michel. Je courre pour te suivre. À 75 ans, quand même et quelques points de rouille. Je ne peux plus faire le marathon et les haute montagnes et le "scuba". Pas question me dit le doc. de façon agressive. Lui, qui a marché à 100 milles à l'heure tout le temps. Mal placé pour me faire la leçon. Il vient de tomber malade aussi.

Je suis toujours stupéfait de ces choses comme si nous, humains, étions si différents les uns des autres. D'une tristesse épouvantable. Le peuple a bien pu chanter le jour des funérailles ou de la sentence comme ces noirs qui en échange de notre violence envers eux, nous ont laissé le "Sole", le Jazz et les chants religieux. Me donne des frissons. Je m'en vais en vacances dans cette région. Je les connais ces gens et ils me reconnaissent. D'une douceur qui me trouble. Et une vrai douceur!

Mon école adorée. Celle qui m'a sauvé la vie. St-Gérard, comme oublié et les Verroneaux qui n'habitaient pas loin et avait une grosse piscine. La seule du quartier et de Montréal à l'époque, peut-être. On me cousu un costume de bain à ma taille et hop. Je fais partie des la famille...dans la piscine. C'est dans le temps qu'il y avait presque une solidarité de village. Villeray, je ne peux oublier.


Et mon vieil écossait rouquin et moustachu, genre "mon cher Watson" est sans doute décédé. Je ne peux dire que la GRC m'a soudoyé. Y faut dire que j'étais "curé" avec des jeans en dessous de la soutane à cause du sport qui m'intéressait plus que la Bible à l'époque. Et on était plein de jeunes de la sorte. Des gars! Ça toujours besoin d'en "planter" un autre. Football, baseball, hockey...Blague!

Y faudrait quand même pas que ces êtres très privilégiés par l'État se mettent à demander des excuses à leurs victimes. Non! Je ne le prendrais pas. Devant une telle tragédie, tous les collets montés n'ont absolument pas leur place. Surtout avec des victimes qui font partie d'une population déjà ostracisée. Je n'ai jamais entendu dire que la SQ ait été ostracisée. Peut-être, mériterait-elle de l'être un peu pour goûter à la sauce qu'ils ont fait goûter à leurs victimes. Non, je suis outré! C'est le moindre que l'on puisse dire. À fréquenter les bandits, je me demande vraiment si on ne le devient pas un peu soi même. Le tout nous est du devient comme une règle. Il faut se souvenir aussi que cette garde prétorienne a le privilège de toujours négocier à la fin des négociations du public et para-public, question d'avoir la meilleure position pour abuser de la situation. Oui, il y a des bons policiers. J'en ai connu plusieurs. La question n'est pas là. Il faut que ces "babouins mal dégrossis" soient extirpés de ce corps de police qui prétend être honorable, mais qui n'a pas du tout démontré son aptitude a corriger ses membres de façon efficace. C'est carrément la culture de l'impunité. Ça ne fait pas du tout honneur à la SQ. Je pourrais dire la même chose de la famille Cloutier qui ont fait très piètre figure aux dernières funérailles.

L'HOMME ET LE MAL
Oui, il n'y a pas si longtemps, je rencontrais de ces vétérans qui se promenaient sur la montagne à Montréal. Quand je voyais dépasser leurs numéros matricules indélébiles dépasser de leur manche de chemise, je me serais agenouillé et je finissais toujours par leur adresser un petit mot de tendresse. J'étais finalement toujours bouleversé. Peut-on imaginer des humains qui font de telles choses à des humains. Je ne peux aller au musée, je pleurerais tout le temps.
Il ne faut pas attendre après dieu, il faut se battre. "Ce ne sont pas ceux qui disent Seigneur, Seigneur qui vont entrer dans le Royaume des cieux." Ce sont surtout ceux qui se "grouillent" le cul et foncent. Il ne faut pas prendre le Christ pour un bêta qui avait seulement les yeux dans la graisse de "bin"! Là où il s'est rendu nous indique clairement la voie à suivre. Je suis de la théologie de la libération. Ne pas oublier que les RICHES SONT LES RESPONSABLES DE LA PAUVRETÉ DANS LE MONDE. Le calcul est facile à faire. Certains riches le comprennent, mais les paradis fiscaux m'apprennent que la majorité est pour le moins chiche!

Beaucoup d'autochtones du nord sont présents à Montréal. J'en ai rencontré un, il était totalement intoxiqué à la "boisson". Un grand six pieds! Il voulait jouer et faisait peur à tout le monde dans la toilette des hommes de la Place des Arts, attenante au mail piétonnier qui donne sur la Place Desjardins. Quand des jeunes se sont rendus compte que je m'occupais du bonhomme, ils en profitèrent pour se sauver. Le grand en question ne me faisait vraiment pas peur même si avec une chiquenaude, j'aurais sans doute fait du "millage" sur les bottines. Non, il était comme un enfant, il voulait jouer. Il bloqua donc la porte de sortie des toilettes pour m'empêcher de sortir. Habitué à de tels événements, j'entrepris de lui parler dans un langage chaleureux. "Hé! Brother!" If you want to play, you must open the door, so I could see you and we could talk together." ...genre. Il ouvrit dont la porte. Et tout ce qu'il cherchait, c'était un peu d'attention et disons le donc, un peu d'affection. Je lui mis la main sur l'épaule et commençai à lui parler. Il était comme enfant! Vraiment! Après cette rencontre, je fus tout fier de moi! Oui, nos autochtones itinérants de Montréal ont grandement besoin d'aide.

Richard Labelle Ça fait quatre fois que je lis son livre, cet "enfant"! Car dans la peine et la douleur, on est tous des enfants. Son livre, un vrai livre de spiritualité et de profondeur humaine. Un "enfant" sans aucune méchanceté qui finalement devient toujours ami avec ces tortionnaires tellement il est humain. Certains tortionnaires vont jusqu'à pleurer de devoir le quitter, car il est devenu leur ami. Un "enfant" innocent! Totalement! Un grand livre "spirituel", mais rempli d'un humanisme profond qui à cause de son amour intense pour les humains, nous glacent littéralement. Un "enfant" tout simplement sage qui malheureusement n'était pas à la bonne place quand les services secrets zélés sont passé. (Cette publication est le fait de l'ACLU (American Civil Liberties unions) dont je suis membre. Leur équipe d'avocats garantissent tous les faits qu'il y a dans ce livre. Un "enfant" je vous dis. Un "saint" des temps modernes. Musulman! Je m'en fou! C'est plutôt un bon enfant des temps modernes. Son récit me fait penser au P'tit Prince de St-Ex.

René Ducharme comme directeur….

Moi, en route vers Bloomington, Indiana, mon
université.  C'est là que j'ai réalisé qu'au Québec,
on était pas à peu près des retardés dans tous
les domaines sauf dans le colportage... Les Américains m'ont gâté et déniaisé,
je vous jure.
 
 
 

 
J'ai toujours su qu'être un enfant élevé pensionnaire pour faire son cour classique est un défi peu commun qui demande une réadaptation à la fin des études. J'ai été prof. d'université en recherche à Trois-Rivières et c'était rendu que je parlais un langage tel, que personne ne me comprenait. Je du me poser des questions très sérieuses qui m'amenèrent à accepter mon état tout en aidant mes étudiants a s'adapter à leur rôle de chercheur. Le domaine de la recherche a son propre jargon, on n'y peut rien. C'est international.
 
Une situation comme je vois dans certaines familles, je n'ai jamais connu ça. J'oserais dire qu'il s'agit sans doute du plus vieux modèle québécois engendré par la disparition d'une classe canadienne-française dominante et remplacée par les curés et les "bonnes femmes" qui les suivirent. Pas pour rien que nos ancêtres mâles et forts, bien sûr, se firent un malin plaisir de ne jamais rester pour le sermon. Ils sortaient sous prétexte de fumer une cigarette. C'était une forme larvée de signifier à l'Église et aux femmes qu'elles n'étaient pas toutes puissantes. Ma grand-mère, elle, n'allait tout simplement pas à la messe. On la menaça de l'excommunier. Le duré savait bien qu'il venait de perdre tout son monde s'il avait fait une telle chose. Homme intelligent et de coeur, il s'abstint donc.
 
Le modèle, il se décrit aisément. La bonne femme écartille les jambes au bon vouloir du bonhomme et celui-ci, contenté, n'en demande pas plus. C'est le pouvoir des femmes et des curés. J'ai connu ça à mon mariage par l'abbé Gervais. Il aurait mangé ma claque sur la gueule. Il pouvait faire des niaiseries à d'autres, mais pas à Richard Labelle. Ma propre mère a refusé le curé sur son lit de mort. Celui-ci a dû négocier le droit de la bénir en restant sur le portail de la porte de chambre de l'agonisante.
 
Je viens donc d'un milieu haut de gamme, parmi le meilleur collège au Canada. Nous dépassions à l'époque le fameux Brébeuf dont la réputation ne reposait que sur sa bourgeoisie qu'il servait. C'était l'époque du "mon père est juge", "je deviendrai donc juge. J'ai donc été élevé en me faisant dire que je faisais partie de la crème de la crème et que j'en étais. Exemple. Georges Brossard de l'insectarium de Montréal qui en a fondé 10 autres à travers le monde, Georges c'est mon p'tit frère. Car 8 ans dans le même collège, tes confrères deviennent des frères. Tous pour un, un pour tous. On ne s'est jamais lâché de la vie. Georges, je le répète, c'est mon p'tit frère. On doit se revoir prochainement. Je n'arrête pas de lui acheter des cadeaux, car un p'tit frère, tu combles ça. Et tout notre groupe classe, aujourd'hui à peu près tous millionnaires, sauf moi, par choix, a décidé en quittant le collège que nous allions changer le monde. C'est pas mal vrai pour le Québec. Ti Guy Charron, ministre du gouvernement Lévesques, Ti Guy Chevrette, un autre p'tit frère, Ti Guy Latraverse, celui qui a lancé Yvon Deschamps. Bref, ce sont tous des p'tits frères pour moi. On s'est toisé sous toutes nos coutures. Nous avions 12 ans. Dernier téléphone de Georges avec sa grosse voix. Je dis, "c'est qui l'animal qui me parle de même au téléphone". Me répond, "c'est Georges mon Richard!" Venait de prendre les services d'un ami à moi qui allait gérer un petit montant oublié dans un tiroir, 25 millions pour les enfants autistes. Mon ami André administre le tout.
 
Chez les Cloutier, les hommes sont omnipotents. En échange de leur silence, ils exigent l'adoration envers leur personne de la part de leur femme, enfants, amis, etc. Et c'est d'une rigidité mes amis, quasi cadavérique. Je me laisse sauter tant que tu veux, mais après, semble lui dire les femmes, tu te fermes la gueule. Le phénomène remonte aux patriotes. Ce qui nous fait dire, en histoire, qu'avec les patriotes, les hommes se sont fait couper la queue et la langue. Pour Freud, queue et langue c'est la même chose. Or la formation "romaine" que j'ai reçue fait de l'homme équilibré, quelqu'un capable de s'adresser dignement en public et quelqu'un aussi capable de manier les armes avec dextérité. À Saint-Laurent, j'ai fait du tir. Le maniement des armes faisait partie de notre curriculum, mais on ne le disait pas fort. La salle de tir était au sous-sol de notre gymnase ultra moderne.  Chez les Cloutier...la langue manque. Une autre funérailles sans voir un seul des frères Cloutier pour  s'adresser à l'assistance. C'est scandaleux et proprement lâche...dans mes valeurs à moi, les valeurs que mes éducateurs mon enseignées.
 
Nous étions au restaurant Lise et moi et tout à coup elle décide de mettre du p'tit change comme pourboire. Je lui dis tout de suite....c'est impoli de faire ça. On agit ainsi avec les esclaves, mais pas avec les humains. J'ai été élevé dans le respect intégral des droits de la personne. J'ai aussi enseigné en droit à l'Université du Québec à Montréal. J'ai finalement passé ma job à un ami qui n'avait pas d'emploi et qui était de beaucoup plus compétent que moi dans le domaine. Il y fit carrière.
 
Qu'une nièce se mette a mener tout le monde par le bout du nez, c'est totalement infâme. Elle invite qui elle veut, comme elle veut. Même son frère se fait refuser l'invitation à cause de sa femme, etc. Une famille qui agit de la sorte est totalement dans la marge pour moi. Chez les Iroquois, qui étaient paraît-il NON CIVILISÉS, une telle chose était un affront et méritait une déclaration de guerre. Frontenac s'est permis une fois une erreur du genre et à du se rendre en délégation à Syracuse pour aller chercher le chef qu'il avait oublié et cela avec toutes les excuses prévues au protocole et un nombre faramineux de cadeaux pour réparer la gaffe. Oui, chez les Iroquois on exigeait des réparations en argent sonnant. On pouvait aussi appliquer la même loi à l'inverse. Des erreurs de la part des Iroquois devaient se payer aussi en argent sonnant. Non civilisés les Iroquois?  Allez dont voir. Chose certaine, ils étaient plus civilisés qu'à Mascouche. Une bande ou tout le monde de fourre le nez dans les affaires de tout le monde, le tout dirigé par une "travailleuse sociale" improvisée dont le seul but inavoué est de contrôler parfaitement son monde.
 
Donc, pas du tout les mêmes valeurs que moi et je vous jure que j'en ai vu des vertes et des pas mûres. Qu'est-ce que c'est que cette idée de bavasser sur la vie privée d'un couple. Qui ça regarde, pensez-vous? Je pense que ça regarde le couple, un point c'est tout. Mais comme les "bonnes femmes", encouragées par les curés ont été habituées à tout rapporter. Bien sûr qu'elles s'en remettent à qui mieux mieux rapporterait la chose la plus croustillante du canton. LES DROITS DE LA PERSONNE. Comme elles sont croyantes et vertueuses, elles s'en "crissent" comme le dernier de leurs soucis. On peut ouvrir le courrier de n'importe qui, c'est pas grave!  On va trouver une raison. Criminel ou pas, ça ne les intéresse carrément pas.
 
Pour Denise ont s'est ému. Il y avait un vent de la dernière glaciation aux funérailles de Richard, lequel vent ne m'impressionna absolument pas. Des grandes mégères contrôleuses pour ne pas dire d'autre chose et en psy. on apprend que les contrôleurs, contrôleuses sont des gens qui ne peuvent aimer, car le contrôle est exactement le contraire de l'amour. Big deal, elles se le mettent dans le cul et se "disent" on va faire semblant...qu'il ne s'est rien passé par exemple. N'oubliez pas que nous avons demandé à Doris une médiation avec un professionnel de la chose. Ne peut faire ça, car elle perdrait du pouvoir de son point de vue. Elle n'a surtout jamais parlé de la chose aux autres membres de la famille molle à souhait et manipulable, tu peux lui passer un char d'assaut comme tu passerais une tartine à une enfant.
 
Bref, il faudrait premièrement que les gars mettent leurs culottes. Ils n'en n'ont pas, car avec des contrôleuses, ils n'ont besoin de leur machin qu'au moment ou celles-ci le décident. Tout un monde, n'est-ce pas. Et comme l'intelligence n'est pas tout à fait au rendez-vous, c'est simple, pour se débarrasser d'un ennemi encombrant, elles décident simplement de le salir en contant des histoires de cul sur son dos. Donc, dans ces petites têtes, le cul est roi.
 
Je n'ai pas été éduqué de même. Ma grand-mère (mère adoptive) me chantait de l'opéra en s'accompagnant au piano, question de me consoler de l'absence de ma vraie mère. Mon grand-père, lui, camionneur, avait décidé de m'envoyer au meilleur collège au Canada. "Je l'aime cet enfant, je vais l'adopter. Et si les voisins ne sont pas contents, ils iront se faire foutre." Rapporté par ma grande cousine de 95 ans aujourd'hui, photo copie de ma vraie maire que j'ai toujours aimée comme un fou. Elle me l'a bien remis.
 
Bref, ce que je cherche, ce sont des gens "intelligents" de coeur. C'est mon principal besoin dans la vie. Je pense à Gérard Cloutier. A su faire la paix avec son frère Raymond. J'étais très ému. Parlez-moi des hommes de coeur. S'en est un. Et il n'est pas le seul. Mais le pétarage de toutes sortes de conneries, comme d'avoir la plus belle maison, le meilleur salaire, d'être millionnaire ou pas, d'avoir la plus belle pitoune, etc., etc., etc. Je m'en contre fou. Je n'ai pas été élevé de même. À la maison, on m'enseignait la compassion, la générosité, la transparence, le respect des autres, etc., etc., etc.
 
Est-ce que les choses vont changer?  Je le souhaite. Mais pas en devenant l'établissement qui se spécialise dans le salissage des réputations, etc., etc., etc. Le Pape François appelle ces gens, DES TUEURS. Les cheveux m'ont levé sur la tête quand j'ai lu le sermon. Pitonner TUEUR sur Google et peut-être que ça va vous amener directement au sermon en question, donné par François. Chacun sa job et la nièce à qui on donne un rôle pour lequel elle n'est pas du tout préparée. Y faut que ça change. C'est de la véritable magouille. Dans une famille NORMALE, il me semble qu'avant toute organisation, les frères et soeurs doivent se consulter respectueusement. Ce n'est pas le rôle de neveux et nièces. J'écris et je suis stupéfait de constater que je dois écrire une telle chose. Il me semblait que le monde "normal" savait ça depuis longtemps. Il semble bien que non. J'en ai mon quota! À chacun, chacune d'agir, car la famille regarde tout le monde. Mais pour moi, famille c'est un bien grand mot après qu'on m'eut fait sécher pendant 4 ans avant que j'écrive ma première lettre pour tenter de faire bouger les choses. Pas fort les affaires! Pas fort du tout. Je n'ai même jamais vu ça de ma vie même avec mes communications que j'ai eu occasionnellement avec la Mafia. Car, comme bénévole en prison pendant 15 ans, vous devinez que j'ai parfois eu des petites invitations. Tous ces gens savaient très pertinemment que j'étais un homme de "top" confiance et qu'ils pouvaient me dire tout ce qu'ils voulaient. Le grand chef m'a d'ailleurs remercié pour ma sincérité. Il m'a fait l'honneur d'une visite. Je ne peux en dire plus. Or si la Mafia est flexible...vous comprenez ce que je veux dire.
 
 
 
Pour les gens qui peuvent comprendre.
 

 
 Jésus nous suggère «trois critères». Le premier est justement «un critère de sain réalisme»

Jésus nous suggère «trois critères». Le premier est justement «un critère de sain réalisme»

Les lobbys et tout et tout. Pour vous faire rire. Dans une autre vie, j'ai eu l'honneur d'être nommé sur un comité consultatif du gouvernement ayant pour objectif de proposer des avenues dans le but de la rédaction de la loi sur la prévention du suicide du gouvernement du Québec. Je fus oui et non surpris de ma nomination. J'en étais bien reconnaissant au ministre de la santé. Je ne tenais pas vraiment à ce poste, je ne l'avais jamais sollicité, je ne savais tout simplement pas qu'il existait, mais je savais pertinemment que ça me donnerait des ouvertures pour faire avancer la cause de notre Réseau en prévention suicide de notre grosse école et ma prévision se réalisa grandement.(Plus de 2000 élèves!) Des centaines de portes s'ouvrirent pour me venir en aide. Ce qui transforma mon travait de prof. en double job. Enseignant d'une part et bénévole à temps plein d'autre part. J'ai travaillé quasi jour et nuit. En en plus, vous allez être surpris. A ma première rencontre avec la sous-ministres Nolin, femme d'une grande gentillesse et très pertinente dans son travail, quelle ne fut pas ma surprise de me faire dire par celle-ci qu'il n'était du tout pas question de m'enlever ce poste. J'y étais pour rester me disait-elle. Et en plus, elle m'affirma, que le fait que le gouvernement me place là, confirmait mon statut comme "expert en prévention suicide". Elle ajouta en plus, qu'elle avait reçu plus de 50 appels de personnes qui protestaient de ma nouvelle fonction. À la toute fin, le plus bel hommage qu'on a pu me faire a été de me faire signer des recherches, en tant que chercheur, sur la prévention du suicide. Vous vous imaginez, petit Richard! Cinquante appels! Vous croyez que les lobbys dorment! Vous êtes naïfs!
C'est bien gentil cher Jean-François, mais tu sais, j'ai la couenne dûre sauf quand il s'agit de mes enfants. Alors, j'ai fait une dépression. Pourtant, si tu savais la pression énorme que j'avais à Québec. Ça me coûlait comme sur le dos d'un canard. Oui, j'ai fréquenté des hauts rangs du gouvernement. Les gens ont tous été gentils, qu'est-ce que tu veux, je n'étais qu'un consultant, donc pas dangereux. Tu t'imagines, j'étais chum avec le bonhomme qui connaissait tous les dessus et dessous du Ministère de la santé et des affaires sociales. Il nous fut d'une très grand utilité au comité, car il n'était pas question pour nous de piler sur une orteille fragile de qu'elle qu'aparachik que ce soit. Ce fut cependant un travail épouvantable qui me demandait beaucoup de préparation jour et nuit. Trop fatigué, j'ai malheureusement laissé passer des choses, genres grosses roches que j'aurais pu lancer dans la marre pour faire des gros titres dans les journaux le lendemain. Mais, dans ces officines, il faut toujours être prudent, car les choses te reviennent souvent comme un boomerang. Quand même, j'étais en fin de carrière, donc j'aurais pu me permettre ce caprice...de péter la gueule à certain. Mais qui sait si le comité aurait accepté que je le fasse. Je t'écris longuement, car je sais que tu a fais du travail et tu fais encore du travail exemplaire auprès des jeunes. Tu sais bien, comme moi, qu'il faut toujours être prudent. Ma grand-mêre me disait toujours:"Aime tes ennemis mon enfant. Ils te disent toujours ce que tes amis n'osent te dire!" Elle avait dont raison. Donc, quand j'ai pris ma retraite, j'avais autant d'ennemis présents à ma fête que d'amis." En fin de carrière, ils avaient découvert que j'aimais tout le monde. Et d'aimer ces ennemis, en plus, ménage le coeur. Bonne carrière à toi cher Jean-François que j'ai l'honneur de toiser sur Facebook. Quelle invention extraordinaire que ce logiciel!

l ne faut pas attendre après dieu, il faut se battre. "Ce ne sont pas ceux qui disent Seigneur, Seigneur qui vont entrer dans le Royaume des cieux." Ce sont surtout ceux qui se "grouillent" le cul et foncent. Il ne faut pas prendre le Christ pour un bêta qui avait seulement les yeux dans la graisse de "bin"! Là où il s'est rendu nous indique clairement la voie à suivre. Je suis de la théologie de la libération. Ne pas oublier que les RICHES SONT LES RESPONSABLES DE LA PAUVRETÉ DANS LE MONDE. Le calcul est facile à faire. Certains riches le comprennent, mais les paradis fiscaux m'apprennent que la majorité est pour le moins chiche!

Je serais surpris qu'il y ait jurisprudence, car il y avait sans être un vice de forme, mais une irrégularité dans le premier procès. Les experts de la couronne étaient très faibles comparées aux experts de la défense. Tous les gens de métier l'avaient remarqué. Le fil est ténu quand il s'agit de plaider l'aliénation mentale. Il faut cependant être "froid" et comprendre que la situation de monsieur Turcotte n'était pas du tout aisée. Il prenait mal la séparation et en plus, il avait été trompé. Ce qui m'a beaucoup fait "titiller" dans cette histoire. Si j'avais été la victime, je ne m'aurais surtout pas transformé en justicier. J'ai trouvé l'épouse très déplacée. Quand on marie la haine à la peine, c'est comme Bush avec les événements de New York. Ça devient une vengeance et il n'y a plus de justice possible. Je pense bien qu'il sera condamné, car le plaidoyer de folie tient mal la route, d'autant plus que peu de temps après les événements, monsieur était déjà rétabli. J'ai beaucoup de mal avec la folie si "temporaire"

Celui qui va représenté l'Université d'Indiana aux prochaines olympiques.
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 Michel Labelle Incroyable tes aventures, Richard. Tu es bien chanceux d'avoir vécu tout ça. La plupart des gens n'ont pas eu ce privilège.


Michel Labelle, journaliste.


Ma réponse.
Tu as parfaitement raison Michel. Ma grande cousine de 95 ans me dit toujours que j'étais pétillant! Mais, cher Michel, je dois te dire que j'ai toujours été un amoureux des gens. Chaque personne est un trésor a découvrir. C'est souvent à nous de "l'actualiser". J'avais aussi le réflexe de l'orphelin. Chaque cadeau qu'on me faisait durait des années dans ma tête. J'ai vu mon oncle Napoléon 2 ou trois fois. Il m'avait fait des cadeaux. J'en ai parlé une partie de ma vie. J'avais comme une bulle qui perpétuait les bons souvenirs et les faisait revivre. Et en passant, je suis aussi très chanceux de croiser ton chemin, cher Michel. Je suis un privilégié. Georges Brossard de l'insectarium est un vrai p'tit frère pour moi. Dernier téléphone, Georges n'a cessé de me conter toutes ses réalisations. On doit se voir. Ça va être "l'enfer"! Que de choses à apprendre Michel. Je regardais les titres de Karl Marx. J'ai trop de livres en attente! Oui, je suis chanceux de te connaître. Grand merci. Dernier livre lu, "Mohamedou". Ce jeune incarcéré à Guantánamo. Un saint, ce jeune. Je l'ai lu 4 fois. Nadeau-Dubois! Une grosse "pochette" 1000 watts. Ce qui me frappe chez lui, parle avec sa tête, mais aussi son coeur. C'est un séducteur! De toute façon, pour être chef, il faut être séducteur. Quel bonhomme. Tu ne trouves pas Michel qu'on est chanceux d'être si bien entourés? Bonne journée et grand merci.

 

 

 


Mais, nous sommes dont peureux! L'arrivée de l'hiver ne nous fait pas sans doute. Hé! La gang! Nous nous enrichissons de 25000 vies. Et en plus, vous pouvez être certains! Des gens débrouillards. Mon jeune Pakistanais qui m'a livré ma pizza. Il travaille! A du se sauver de New York à cause du racisme de l'après 9/11. Tout gentil! Vivant! Et autonome. Ce sont déjà qui font des merveilles avec des riens. Allez faire un tour dans le Mille End! Le monde en miniature. Ça va vous déboucher le nez! Je vous le jure! Et la cuisine, en plus, y est très bonne. Non, non, non, n'ont pas de bombe! C'est fou votre affaire! C'est long, traverser l'Atlantique pour venir nous porter une bombe sous le bras. Vous ne seriez pas fatigués! Je sais qu'il y a un dessert qui porte le nom de bombe! N'ayez crainte, il n'explose pas! Tout ce qui peut arriver, c'est que, Jean-Talon et l'Avenue du Park, vous y faisiez "bombance"!

Gabriel Nadeau-Dubois
3 h · Montréal · 

"La politique américaine, vous savez ce que c'est? C'est "on aime les fondamentalistes religieux, s'ils sont économiquement libéraux". C'est comme ça depuis des années. C'est leur credo. C'est super les saoudiens, c'est super le Qatar...parce qu'ils commercent! Parce qu'ils sont libéraux économiquement. C'est tous ce qui nous intéressent. C'est un paradoxe total."
- Marc Trevidic, juge d'instruction au pôle antiterrorisme de Paris de 2006 à 2015.
Essai sur le djihadisme comparé au suicidaire.

Le djihadisme me fait beaucoup penser au processus du suicide. Le jeune est désœuvré, sans travail, se faisant dire par tout le monde qu'il est un pas bon. C'est le genre loup solitaire qui ne cherche pas à attirer l'attention. Il ou elle est seul(e). Principale caractéristique. Et tout à coup! Hop! On lui trouve une vocation, l'objectif ultime qui va lui donner sa raison d'être. Je pense à un élève qui rêvait à la Légion Étrangère. Je n'osais lui dire que c'était français, cet organisme et qu'en plus, il n'y avait pas vraiment plus. Un genre de disjonction de la personne face à la réalité. Une forme d'hystérie. Disons plutôt, une grande souffrance intérieure qui vous fait sauter les fusibles et vous pousse vers le "vide". Certains des élèves à qui j'ai eu affaire étaient tellement de stress, qu'ils en perdaient la vue. Ils devaient s'asseoir par terre, appuyé sur le mur, dans le corridor. Question de reprendre leur souffle. (1ier flash, comme pour le suicide.) Et tout à coup, tout se transforme comme un bulldozer qui vous pousse tranquillement vers le précipice. La tension monde. Et tout à coup, une idée! On m'offre de devenir un martyr! "On va me construire un mausolée, se dit le jeune!" C'est la porte de sortie par excellence. "Par ma mort, je vais devenir un héro!" Il me semble d'en entendre un qui me disait, "Tu vas voir Richard. Je vais connaître ceux, celles qui m'aiment quand ils vont venir pleurer à ma tombe." "Mais, mon pauvre enfant, lui ai-je dit. Tu n'entendras rien, tu vas être mort! C'est ici que suicidaire et djihadiste se rejoignent. "Tu vas voir Richard!" "Vous allez voir mes amis...qui je peux être. Vous allez m'aimer!" Épouvantable n'est-ce pas. Et n'allez pas croire que le processus est à ce point volontaire. Pas du tout. C'est le désespoir intérieur qui pousse vers le précipice. "Ne me laisse pas seul Richard. J'ai peur de mourir." Même un jeune qui me cherchait et m'ayant trouvé, sauta dans la douche où j'étais. "J'ai peur de mourir Richard!" Ce fut un cas de 911 bien sûr. Il tremblait. Il avait peur de la mort! Pour transformer la peur de la mort, le djihadiste s'exponentialise en héro! Je vais vivre pour l'éternité!" se dit-il! "Je vais vous voir venir pleurer à ma tombe." Bien certain que j'ai fréquenté le suicide d'ado. J'en ai perdus. On n'oublie pas. Ce texte, je l'offre à Martial...parti voir si les anges existaient. C'est pas loin du djihadiste, n'est-ce pas? Épouvantable! (Des commentaires seront bienvenus!)

Notre société a tout ce qu'il faut pour absorber 6000 personnes. Je parle du Québec. Et si ce n'est pas possible, alors, mieux vaut fermer boutique. Le gouvernement va devoir cracher! Bien certain. Et vous n'êtes pas prêtes à cracher un peu. Je me souviens de la crise en Hongrie. Vous n'étiez sans doute pas née. Le Québec s'est serré les coudes et tout à marché. Notre collège avait hébergé je ne sais plus combien de familles. Quelle solidarité ce fut. Les Hongrois d'aujourd'hui se souviennent sûrement. De toute façon, les coupures actuelles sont plus pour satisfaire un philosophie que la réalité. Nous sommes riches et les coupures actuelles sont faites justement pour satisfaire les plus riches. Regardez où ils habitent, Westmount, et vous saurez qui ils servent! L'ARGENT! Votre petite vie! Ils s'en "fou". Trop de pauvres dans le monde! Signe qu'il y a trop de riches. En morale naturelle on apprend que lorsque certains meurent de faim, c'est que nous sommes dans des sociétés immorales, car le principe fondamental, dans la nature, c'est le partage. Regarder les gaz à effet de serre. Vous pensez que ça ne vous touchera pas. Allons dont. L'imbécillité des gouvernements n'a pas de fin. C'est le peuple qui doit mener. Il faut avoir observé les Carrés rouges et constater la panique de nos élites. Pour nous le peuple? Mais pas du tout, pour leurs portes-feuilles. Nous sommes riches, mais ça peut vite changer. Les banques à zéro demain matin, c'est possible. Il faut être naïfs pas à peu près mes amis. Le p'tit bas de laine peut sauter au moment ou on s'y attend le moins...et pas à cause des Syriens ou d'autres migrants. J'arrive de Cosco! Plein! Nous sommes pauvres? Nous sommes de gros dépensiers pour des peccadilles. Ça nous coûte cher pour être heureux, mes amis. Nous sommes en pleine crise des valeurs mes amis. On louerait sa mère plutôt que de la vendre, car ça serait plus payant. (Un jeune de Québec qui me parlait.) Ha! Monsieur Labelle, c'est plus de même aujourd'hui! Un jeune! "C'est dû chacun pour soi maintenant, monsieur!" Un jeune visionnaire! Ça m'a coupé le "siflette"! Alors, coupons un peu sur nos repas. Nous en gaspillons la moitié! Vous saviez. Et donnons aux pauvres....d'argent, pas de coeur. Nous, peut-être, notre coeur est pauvre. C'est triste et ça me révolte. J'ai dont de l'affection pour ces étudiants de McGill qui se nourrissent des poubelles de Montréal pour démontrer comme nous sommes pourris. Et, vous ne saviez pas? Ils mangent très bien.

Paris ma mère!
Paris mon frère!
Paris mon père!
Paris ma soeur!
Paris martyr!
Paris que j'aime!
Oui, quand je suis allé te visiter! Il y a de cela bien longtemps. Je fêtais mes cinquante ans et je ne voulais pas franchir ce cap sans te voir. Oui, te voir. Ma douce France! Les roues du 747 touchèrent au tarmac et, très ému, mes yeux devinrent pleins d'eau! Je visitais ma mère pour la première fois. Et pour un orphelin, sa mère, ce n'est pas n'importe quoi. L'hôtesse me glissa discrètement un Kleenex. Tient, prend ça mon cousin! Et pendant dix jours, ce fut l'émerveillement. On aurait dit que l'organiste de Notre-Dame voulait m'en mettre plein les oreilles. Les gros tuyaux crachaient et la terre tremblait. C'était Notre-Dame, comme si elle avait voulu m'étreindre! Je pris 7 heures à visiter, ausculter, comparer ces arches, ces figures hideuses de toutes sortes, la mâchoire de mon préféré, St-Louis, le catéchisme tout sculpté dans une pierre très dure. Vous vous imaginez, dans le temps, sculpter dans une telle pierre. Le gros bourdon qui se mit à bourdonner, j'étais tout à côté. Victore Hugo et le "Bossu"! Ha! Mais Notre-Dame de Montréal est belle me dit un français. Ému! Je dis à un autre cousin comment je me sens revenir à mes origines, comme ça, à Paris. Tout énervé, il me couvre de toutes sortes de cadeaux du Louvre. Ha! Ce cher cousin! Et finalement, pour me surprendre, on m'ouvre les portes des bijoux de la royauté! Je ne m'y attendais pas du tout. Et un cousin soldat me fit même l'honneur de m'aider à installer ma caméra, appuyé sur la vitrine qui contenait les fameux bijoux. On exigea de vider mon sac d'équipement photo. Je voulus le faire moi-même. Pas question. Le soldat cousin me rassura. N'ayez pas peur. Tout fut fait de façon professionnelle. Je lançai, comme ça, affectueusement. Ha! Mes cousins, cousines...ils sont débrouillards! Un sourire en se pinçant la bouche. Mon soldat cousin me disait ainsi qu'il appréciait. Paris! Tout se fait à pieds. Une ville pour femmes. Inutile de parler du métro. Il est partout. Et les gens qui se penchaient pour m'écouter, moi et ma femme. Semblaient éblouis d'entendre notre accent. Ha! Je m'excuse monsieur. Mais c'est tellement beau tellement c'est harmonieux. C'est comme de la musique, mais je n'y comprends rien. Nos accents ne sont pas aux mêmes endroits! Quelle gentillesse! Et le déjeuner chez les bons pères. Alors, là. J'ai failli devenir parisien. La fameuse baguette, quatre sortes de fromages, quatre sortes de cafés et la très grosse cafetière pleine d'un bon lait chaud. Et l'accent de ces marchands qui m'informent de leurs produits. J'ai tout ce qu'il faut. Il ne m'en faut pas tellement plus. Paris! Blessé! C'est terrible! Tu ne mérites pas ça. Je suis avec toi. Je te serre bien fort. Oui, oui, oui...Je t'aime. Paris adorée! Oui, je veux retourner pour te serrer bien fort et te consoler. On a tué tes enfants. Nonchalants, gorgés de bonheur! Et, tout à coup. Le malheur! Oui! Paris! Ho! mon Paris. Je t'aime. Je te serre fort. Les larmes aux yeux, pour toutes ces pertes! Épouvantable!

FRANCHÈRE, GABRIEL, trafiquant de fourrures, négociant et auteur, né le 3 novembre 1786 à Montréal, fils de Gabriel Franchère, négociant, et de Félicité Morin (Miron, Marin), décédé le 12 avril 1863, à St Paul, Minnesota.

L’ancêtre de Gabriel Franchère, médecin de bord, vint de France à Québec au milieu du xviiie siècle. Son père réussit moyennement dans le commerce, finit par devenir maître du port de Montréal et, quand il mourut dans cette ville en mai 1832, on lui décerna le titre de « doyen des marchands et des marguilliers ». Gabriel reçut vraisemblablement une certaine instruction, mais on ne connaît rien de sa vie avant le printemps de 1810. C’est alors que, espérant connaître de l’avancement dans le projet d’entreprise de John Jacob Astor* sur le fleuve Columbia, il s’engagea comme commis – l’un des nombreux commis et voyageurs recrutés à Montréal – et fit voile de New York dans une aventure qui décida du reste de son existence.

La fondation de la Pacific Fur Company et l’établissement d’un poste de traite de fourrures à l’embouchure du Columbia faisaient partie du projet d’Astor de dominer le commerce des fourrures aux États-Unis et peut-être sur le continent. L’empire d’Astor reposait sur les ventes et achats de fourrures, de thé, de bois de santal, de provisions pour les postes, d’articles de traite, de fournitures générales et aussi sur l’expédition de marchandises, et s’étendait des États-Unis jusqu’à l’Europe et l’Orient. Ses activités dans le Pacifique ainsi que l’essor du commerce des pelleteries dans l’ouest de l’Amérique du Nord nécessitèrent l’établissement d’un quartier général fortifié. On construisit à cet effet le fort Astoria en 1811, mais le risque d’hostilités par suite de la déclaration de guerre avec la Grande-Bretagne en 1812 et la concurrence agressive de la North West Company contraignirent la Pacific Fur Company à vendre son actif aux Nor’Westers, en octobre 1813.

Franchère, simple commis dans le vaste projet d’Astor, fut membre du groupe de Duncan McDougall * qui, en 1810, fit le voyage difficile vers le Columbia en contournant le cap Horn, sous la conduite orageuse du capitaine Jonathan Thorn à bord du Tonquin. Franchère démontra ses capacités et son sens commun dans les luttes quotidiennes à l’avant-poste, surveilla la concurrence entre les deux compagnies et, finalement, retourna au Canada avec quelques-uns des survivants de l’entreprise d’Astor qui faisaient partie d’un groupe de Nor’Westers, en 1814. Mais le rôle qu’il joua au cours de l’expédition fut de moins grande portée que le précieux récit qu’il laissa de celle-ci, seules annales tenues par une personne dont le service entier s’effectua au fort.

Franchère avait tenu un journal dans la simple intention de décrire d’une façon précise, pour sa famille et ses amis, ce que, selon ses propres mots, il avait « vu et appris », et il prépara un manuscrit pour publication, exactement cinq années après les événements. Le manuscrit fut édité par un journaliste et auteur respecté de Montréal, Michel Bibaud *, qui fit des additions et des révisions considérables pour sa publication en 1820. Le livre devint rapidement rare et recherché dans le Bas-Canada, et il établit la notoriété de Franchère comme voyageur et écrivain. Étant le récit le meilleur et le plus complet de l’entreprise d’Astor, il fut la principale source de Washington Irving pour son livre sur Astoria, un élément secondaire dans les débats du Congrès des États-Unis au sujet des frontières de l’Oregon en 1846 – Franchère fut alors invité à se rendre à Washington parle sénateur Thomas Hart Benton – et un ouvrage fréquemment cité sur la traite des fourrures avec les Indiens à l’époque. Le différend sur l’Oregon et la publication des récits sur Astoria, non seulement par Irving, mais aussi par Ross Cox* et Alexander Ross*, provoquèrent la traduction en anglais de l’ouvrage de Franchère, qui fut publiée en 1854. Basée sur le texte de Bibaud, elle fut préparée par Jedediah Vincent Huntington, écrivain américain en vue, qui travailla avec l’auteur à éclaircir la perspective et dramatiser davantage l’action. Depuis, au moins quatre versions du récit de Franchère ont été publiées, chacune augmentée d’une introduction et de notes considérables.

Après son retour du Pacifique, Franchère s’était apparemment installé parmi la société des commerçants de fourrures à Montréal. Le 24 avril 1815, il épousa Sophie Routhier, la « jeune fille fidèle » qui « l’attendait encore », et les archives familiales laissent à penser qu’il demeura dans la ville ou à proximité pendant les 19 années suivantes. Il est certain qu’il fut l’agent principal de l’American Fur Company à Montréal de 1828 à 1834. Pendant ces années, la compagnie connut une grande prospérité, déclarant des profits annuels de quelque $200 000, et son bureau de Montréal joua un rôle modeste en fournissant quelques-uns des 400 à 500 engagés qui travaillaient pour le compte d’Astor à raison de $80 à $200 par année. Franchère faisait de la publicité pour recruter des hommes, allait d’une ville à l’autre pour les engager, payait les notaires pour la rédaction des engagements, prévoyait l’achat de la farine, du porc et des spiritueux nécessaires pour effectuer le voyage au quartier général de Mackinac (Michigan), et s’occupait des problèmes inévitables de recherche et d’arrestation créés par les nombreux « déserteurs et délinquants » qui acceptaient une avance en argent et disparaissaient dans les bois.

Quand Astor quitta le commerce des fourrures en 1834, un autre astorien, Ramsay Crooks*, prit la direction de l’American Fur Company. Franchère accepta de gérer l’agence de la compagnie à Sault Ste Marie (Michigan) et fut, une fois de plus, commerçant et trafiquant dans des avant-postes. En 1842, il devint agent à New York de la Pierre Chouteau, Jr, and Company. Il fonda sa propre maison de commission en fourrures à Brooklyn, en 1857, et, à son décès, il était probablement encore dans cette affaire.

Pendant ces années à New York, Franchère connut des moments difficiles, particulièrement après la faillite de l’American Fur Company en 1842, alors que, selon un ami, il agit envers celle-ci « d’une manière très honorable et sacrifia sa fortune personnelle pour l’aider à faire face à ses obligations ». Mais à la même époque, Franchère noua aussi des relations plus étroites avec la population canadienne-française des deux côtés de la frontière. On l’a reconnu comme le fondateur de la première section américaine de la Société Saint-Jean-Baptiste, vers 1850. Il encouragea les soirées littéraires à l’échelon local et écrivit divers articles pour des journaux montréalais. En 1853, il fut l’objet d’un accueil public lors d’une visite à Montréal, et on lui présenta une adresse signée par 100 citoyens en vue, afin de souligner son œuvre comme président de la société de New York.

Pendant leur séjour à Montréal et à Sault Ste Marie, Franchère et sa femme eurent huit enfants, dont six atteignirent l’âge adulte. Quand Sophie Routhier décéda en 1837, Franchère s’inquiéta au sujet de ses deux jeunes filles, mais ayant été fortuitement présenté à une veuve, Charlotte Prince, à Detroit, ses difficultés connurent une fin heureuse en 1839. Franchère mérita l’estime des gens avec lesquels il vécut. Dans une juste appréciation, l’une de ses connaissances, Benjamin Parke Avery, du Minnesota, le décrit comme étant « de mœurs simples et correctes, qui lui valurent une bonne santé physique et mentale. Il possédait une nature joviale, teintée d’humour inoffensif ; il était très actif et intelligent, bienveillant à l’extrême, loyal envers sa patrie d’adoption et était profondément attaché à la foi chrétienne. »

Gerald Friesen

Le récit de voyage de Franchère a connu au moins cinq éditions : Gabriel Franchère, Relation d’un voyage à la côte du Nord-Ouest de l’Amérique septentrionale, dans les années 1810, 11, 12, 13 et 14, Michel Bibaud, édit. (Montréal, 1820) ; Narrative of a voyage to the northwest coast of America in the years 1811, 1812, 1813, and 1814 ; or, the first American settlement on the Pacific, J. V. Huntington, trad. et édit. (New York, 1854), reproduit dans Early western travels, 1748–1846 ; a series of annotated reprints of some of the best and rarest contemporary volumes of travel ...], R. G. Thwaites, édit. (32 vol., Cleveland, Ohio, 1904–1907), VI ; A voyage to the northwest coast of America, M. M. Quaife, édit. (Chicago, 1954) ; Journal of a voyage (Lamb) ; Adventure at Astoria, 1810–1814, H. C. Franchère, trad. et édit. (Norman, Okla., 1967).

Plusieurs dépôts américains possèdent des documents sur Franchère : Bayliss Public Library (Sault Ste Marie, Michigan), documents sur l’American Fur Company et lettres de Franchère de 1834 à 1840 ; Clarke Historical Library (Central Michigan University, Mount Pleasant), Franchère papers, 1834–1840, J. R. Livingston papers, 1832–1848, dans la Sault Ste Marie coll. ; Detroit Public Library, Burton Hist. coll. ; Minn. Hist. Soc. (St Paul), Franchère papers et H. H. Sibley papers ; Mo. Hist. Soc. (St Louis), American Fur Company papers, 1802–1858 ; N.Y. Hist. Soc., American Fur Company papers. [g. f.]

APC, MG 19, B2, 1–6.— [Washington Irving], Astoria ; or, anecdotes of an enterprise beyond the Rocky Mountains, E. W. Todd, édit. (Norman, Okla., 1964).— Une lettre au chirurgien Jacques Franchère, É.-Z. Massicotte, édit., BRH, XXXVII (1931) : 348–351.— La Minerve, 5 mai 1863.— New York Times, 15 avril 1863.— F.-M.-U.[-M.] Bibaud, Le panthéon canadien ; choix de biographies, dans lequel on a introduit les hommes les plus célèbres des autres colonies britanniques (2e éd., Montréal, 1891), 100.— Tassé, Les Canadiens de l’Ouest, I, II.— Alexandre Belisle, Histoire de la presse franco-américaine ; comprenant l’historique de l’émigration des Canadiens français aux États-Unis, leur développement, et leurs progrès (Worcester, Mass., 1911), 12, 45, 432.— K. W. Porter, John Jacob Astor, business man (2 vol., Cambridge, Mass., 1931 ; réimpr., New York, 1966), 11 : 819, 830–832.— F.-J. Audet, En marge d’un centenaire : André Jobin, Benjamin Holmes, Gabriel Franchère, régisseurs, La Presse (Montréal), 23 déc. 1933.— B. P. Avery, Death of a remarkable man, Minn. Hist. Soc., Coll., VI (1894) : 417–420.

Richard Labelle
29 mai · Modifié

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Michel Labelle
57 minutes · 
Ben Laden Toute son histoire. L'État Islamique
Le débat sur les origines de l’Etat islamique a largement oscillé entre deux points de vue extrêmes. Certains accusent l’Occident : l’Etat islamique n’est rien de plus qu’une réaction prévisible à l’occupation de l’Irak, un autre contrecoup de la politique étrangère occidentale. D’autres attribuent purement et simplement l’émergence de l’Etat islamique à la barbarie historique ou culturelle du monde musulman, dont les croyances et les valeurs médiévales arriérées sont un incubateur naturel de ce type d’extrémisme violent.
Alors que ce débat banal se poursuit d’un ton monotone, la plus grosse évidence que personne ne veut voir concerne les infrastructures matérielles. Tout le monde peut nourrir des pensées mauvaises, horribles ou dégoûtantes. Mais elles restent de simples fantasmes à moins que l’on ne trouve un moyen de les manifester concrètement dans le monde qui nous entoure.
Ainsi, pour comprendre comment l’idéologie qui anime l’Etat islamique a réussi à rassembler les ressources matérielles nécessaires pour conquérir un espace plus grand que le Royaume-Uni, nous devons inspecter de plus près son contexte matériel.
Suivez l’argent
Les fondements de l’idéologie d’al-Qaïda sont nés dans les années 1970. Abdallah Azzam, mentor palestinien d’Oussama ben Laden, a alors formulé une nouvelle théorie justifiant la poursuite d’une guerre continue et de faible intensité par des cellules moudjahidines déployées en faveur d’un Etat panislamiste. Les doctrines islamistes violentes d’Abdallah Azzam ont été popularisées dans le contexte de l’invasion de l’Afghanistan par les Soviétiques.
Comme on le sait, les réseaux moudjahidines afghans ont été formés et financés sous la supervision de la CIA, du MI6 et du Pentagone. Les Etats du Golfe ont apporté des sommes d’argent considérables, tandis que l’Inter-Services Intelligence (ISI) pakistanais a assuré la liaison sur le terrain avec les réseaux militants coordonnés par Azzam, ben Laden et les autres.
L’administration Reagan a par exemple fourni 2 milliards de dollars aux moudjahidines afghans, complétés par un apport de 2 milliards de dollars de l’Arabie saoudite.
En Afghanistan, l’USAID a investi des millions de dollars pour fournir aux écoliers « des manuels remplis d’images violentes et d’enseignements islamiques militants », d’après le Washington Post. La théologie justifiant le djihad violent était entrecoupée de « dessins de fusils, de balles, de soldats et de mines ». Les manuels vantaient même les récompenses divines offertes aux enfants qui « arracheraient les yeux de l’ennemi soviétique et lui couperaient les jambes ».
Selon la croyance populaire, cette configuration désastreuse d’une collaboration entre l’Occident et le monde musulman dans le financement des extrémistes islamistes aurait pris fin avec l’effondrement de l’Union soviétique. Comme je l’ai expliqué lors d’un témoignage au Congrès un an après la sortie du rapport de la Commission du 11 septembre, cette croyance populaire est erronée.
Le chantage de la protection
Un rapport classifié des services de renseignement américains, révélé par le journaliste Gerald Posner, a confirmé que les Etats-Unis étaient pleinement conscients du fait qu’un accord secret avait été conclu en avril 1991 entre l’Arabie saoudite et ben Laden, alors en résidence surveillée. Selon cet accord, ben Laden était autorisé à quitter le royaume avec ses financements et partisans et à continuer de recevoir un soutien financier de la famille royale saoudienne à la seule condition qu’il s’abstienne de cibler et de déstabiliser le royaume d’Arabie saoudite lui-même.
Loin d’être des observateurs distants de cet accord secret, les Etats-Unis et la Grande-Bretagne y ont participé activement.
L’approvisionnement massif de pétrole en provenance d’Arabie saoudite est au fondement de la santé et de la croissance de l’économie mondiale. Nous ne pouvions nous permettre d’être déstabilisés, et nous avons donc dû accepter ce compromis : pour protéger le royaume, il fallait le laisser financer ben Laden hors de ses frontières.
Comme l’historien britannique Mark Curtis le décrit minutieusement dans son livre sensationnel, Secret Affairs: Britain’s Collusion with Radical Islam, les gouvernements des Etats-Unis et du Royaume-Uni ont continué de soutenir secrètement des réseaux affiliés à al-Qaïda en Asie centrale et dans les Balkans après la guerre froide, et ce pour les mêmes raisons que précédemment, à savoir la lutte contre l’influence russe, et désormais chinoise, afin d’étendre l’hégémonie américaine sur l’économie capitaliste mondiale. L’Arabie saoudite, première plate-forme pétrolière du monde, est restée l’intermédiaire de cette stratégie anglo-américaine irréfléchie.
En Bosnie
Curtis relate qu’un an après l’attentat du World Trade Center de 1993, Oussama ben Laden a ouvert un bureau dans le quartier de Wembley, à Londres, sous le nom d’« Advice and Reformation Committee », depuis lequel il a coordonné des activités extrémistes dans le monde entier.
Vers la même époque, le Pentagone a acheminé par avion des milliers de moudjahidines d’al-Qaïda de l’Asie centrale vers la Bosnie, violant ainsi l’embargo sur les armes imposé par l’ONU, selon des fichiers des services de renseignement néerlandais. Ces combattants étaient accompagnés par les forces spéciales américaines. Le « cheikh aveugle » qui a été condamné pour l’attentat du World Trade Center était profondément impliqué dans le recrutement et l’envoi de combattants d’al-Qaïda en Bosnie.
En Afghanistan
A partir de 1994 environ et jusqu’au 11 septembre, les services de renseignement militaire américains ainsi que la Grande-Bretagne, l’Arabie saoudite et le Pakistan, ont secrètement fourni des armes et des fonds aux talibans, qui abritaient al-Qaïda.
En 1997, Amnesty International a déploré l’existence de « liens politiques étroits » entre la milice talibane en place, qui venait de conquérir Kaboul, et les Etats-Unis. Le groupe de défense des droits de l’homme a fait référence à des comptes-rendus crédibles « sur les madrasas (écoles religieuses) fréquentées par les talibans au Pakistan », indiquant que « ces liens peuvent avoir été établis au commencement même du mouvement taliban ».
Amnesty a rapporté que ces comptes-rendus provenaient de Benazir Bhutto, alors Première ministre du Pakistan ; cette dernière, aujourd’hui décédée, avait « affirmé que les madrasas avaient été mises en place par la Grande-Bretagne, les Etats-Unis, l’Arabie saoudite et le Pakistan au cours du djihad, la résistance islamique contre l’occupation de l’Afghanistan par les Soviétiques ». Sous la tutelle américaine, l’Arabie saoudite continuait de financer ces madrasas.
Les manuels rédigés par le gouvernement américain afin d’endoctriner les enfants afghans avec l’idéologie du djihad violent pendant la guerre froide furent alors approuvés par les talibans. Ils furent intégrés au programme de base du système scolaire afghan et largement utilisés dans les madrasas militantes pakistanaises financées par l’Arabie saoudite et l’ISI pakistanaise avec le soutien des Etats-Unis.
Les administrations Clinton et Bush espéraient se servir des talibans pour établir un régime fantoche dans le pays, à la manière de leur bienfaiteur saoudien. L’espoir vain et manifestement infondé était qu’un gouvernement taliban assure la stabilité nécessaire pour installer un pipeline trans-afghan (TAPI) acheminant le gaz d’Asie centrale vers l’Asie du Sud, tout en longeant la Russie, la Chine et l’Iran.
Ces espoirs ont été anéantis trois mois avant le 11 septembre, lorsque les talibans ont rejeté les propositions américaines. Le projet TAPI a ensuite été bloqué en raison du contrôle intransigeant de Kandahar et Quetta par les talibans ; toutefois, ce projet est désormais en cours de finalisation sous la direction de l’administration Obama.
Au Kosovo
Mark Curtis indique que l’OTAN a continué de parrainer les réseaux affiliés à al-Qaïda au Kosovo à la fin des années 1990, lorsque les forces spéciales américaines et britanniques ont approvisionné en armes et formé les rebelles de l’Armée de libération du Kosovo (UÇK), parmi lesquels figuraient des recrues moudjahidines. Ces effectifs comptaient une cellule rebelle dirigée par Mohammed al-Zaouahiri, frère du bras droit de ben Laden, Ayman al-Zaouahiri, qui est désormais le leader d’al-Qaïda.
Dans la même période, Oussama ben Laden et Ayman al-Zaouahiri ont coordonné les attentats de 1998 contre les ambassades américaines au Kenya et en Tanzanie depuis le bureau de ben Laden à Londres.
Il y avait toutefois quelques bonnes nouvelles : les interventions de l’OTAN dans les Balkans, conjuguées à la désintégration de la Yougoslavie socialiste, ont ouvert la voie à l’intégration de la région dans l’Europe occidentale, à la privatisation des marchés locaux et à l’établissement de nouveaux régimes en faveur du projet de pipeline trans-Balkans, destiné à transporter le pétrole et le gaz d’Asie centrale vers l’Occident.
Une réorientation de la politique au Moyen-Orient
Même après les attentats du 11 septembre 2001 et du 7 juillet 2005, la dépendance des Américains et des Britanniques aux combustibles fossiles bon marché pour soutenir l’expansion capitaliste mondiale les a poussés à approfondir cette alliance avec les extrémistes.
Vers le milieu de la dernière décennie, les services de renseignement militaire anglo-américains ont commencé à superviser les financements apportés par les Etats du Golfe, menés une fois de plus par l’Arabie saoudite, aux réseaux extrémistes islamistes à travers le Moyen-Orient et l’Asie centrale pour contrer l’influence chiite iranienne dans la région. Parmi les bénéficiaires de cette entreprise figuraient des groupes militants et extrémistes affiliés à al-Qaïda de l’Irak au Liban en passant par la Syrie, soit un véritable arc du terrorisme islamiste.
Une fois de plus, les militants islamistes furent involontairement entretenus en tant qu’agents de l’hégémonie américaine face aux rivaux géopolitiques émergeants.
Comme Seymour Hersh l’a révélé dans le New Yorker en 2007, cette « réorientation » de la politique consistait à affaiblir non seulement l’Iran, mais aussi la Syrie, où les largesses des Etats-Unis et de l’Arabie saoudite ont contribué à soutenir les Frères musulmans syriens, entre autres groupes d’opposition. Evidemment, l’Iran et la Syrie étaient étroitement alignés avec la Russie et la Chine.
En Libye
En 2011, l’intervention militaire de l’OTAN pour renverser le régime de Kadhafi a emboîté le pas au soutien important apporté à des mercenaires libyens, qui étaient en fait des membres de la branche officielle d’al-Qaïda en Libye. La France se serait vu proposer le contrôle de 35 % des ressources pétrolières de la Libye en échange de son soutien aux insurgés.
Après l’intervention, les géants pétroliers européens, britanniques et américains étaient « parfaitement prêts à tirer profit » des « opportunités commerciales », d’après David Anderson, professeur à l’université d’Oxford. Les contrats juteux signés avec les membres de l’OTAN ont pu « libérer l’Europe occidentale de l’emprise des producteurs russes qui pratiquent des prix élevés et dominent actuellement leur approvisionnement en gaz ».
Des rapports secrets établis par les services de renseignement ont montré que les rebelles soutenus par l’OTAN entretenaient des liens étroits avec al-Qaïda. La CIA s’est également servie des militants islamistes en Libye pour acheminer des armes lourdes aux rebelles du pays.
Un rapport de 2009 des services de renseignement canadiens décrit le bastion rebelle de l’est de la Libye comme un « épicentre de l’extrémisme islamiste », à partir duquel « les cellules extrémistes » ont agi dans la région. Selon David Pugliese, dont les propos sont repris dans l’Ottawa Citizen, c’est cette même région qui était « défendue par une coalition de l’OTAN dirigée par le Canada ». D’après David Pugliese, le rapport des services de renseignement a confirmé que « plusieurs groupes d’insurgés islamistes » étaient basés dans l’est de la Libye et que beaucoup de ces groupes ont également « exhorté leurs partisans à combattre en Irak ». Les pilotes canadiens plaisantaient même en privé, se disant qu’ils faisaient partie de l’armée de l’air d’al-Qaïda « dans la mesure où leurs missions de bombardement ont contribué à ouvrir la voie aux rebelles alignés avec le groupe terroriste ».
Selon Pugliese, les spécialistes des services de renseignement canadiens ont envoyé un rapport prémonitoire à l’attention des officiers supérieurs de l’OTAN en date du 15 mars 2011, quelques jours seulement avant le début de l’intervention. « Il est de plus en plus possible que la situation en Libye se transforme en une guerre tribale/civile à long terme, était-il écrit. Cela est particulièrement probable si les forces d’opposition reçoivent une assistance militaire de la part d’armées étrangères. »
Comme nous le savons, l’intervention a quand même eu lieu.
En Syrie
Au cours des cinq dernières années au moins, l’Arabie saoudite, le Qatar, les Emirats arabes unis, la Jordanie et la Turquie ont tous apporté un soutien financier et militaire considérable à des réseaux militants islamistes liés à al-Qaïda qui ont engendré l’« Etat islamique » que nous connaissons aujourd’hui. Ce soutien a été apporté dans le cadre d’une campagne anti-Assad de plus en plus intense dirigée par les Etats-Unis.
La concurrence pour dominer les tracés potentiels des pipelines régionaux passant par la Syrie et contrôler les ressources inexploitées en combustibles fossiles en Syrie et en Méditerranée orientale (au détriment de la Russie et de la Chine) a fortement contribué à motiver cette stratégie.
Roland Dumas, ancien ministre français des Affaires étrangères, a révélé qu’en 2009 les responsables du ministère britannique des Affaires étrangères lui avaient indiqué que les forces britanniques étaient déjà actives en Syrie pour tenter de fomenter la rébellion.
L’opération qui se poursuit actuellement a été étroitement contrôlée dans le cadre d’un programme secret toujours en cours, coordonné conjointement par les services de renseignement militaire américains, britanniques, français et israéliens. Des rapports publics confirment qu’à la fin de l’année 2014, le soutien apporté par les Etats-Unis aux combattants luttant contre Assad s’élevait, à lui seul, à environ 2 milliards de dollars.
Ce soutien aux extrémistes islamistes est communément considéré comme une erreur, et les faits parlent d’eux-mêmes. D’après des évaluations classifiées de la CIA, les services de renseignement américains savaient que le soutien apporté aux rebelles anti-Assad dirigé par les Etats-Unis à travers ses alliés au Moyen-Orient a toujours fini entre les mains des extrémistes les plus virulents. Toutefois, il a continué.
L’année précédant le lancement de la campagne de l’Etat islamique pour conquérir l’intérieur de l’Irak, les responsables du Pentagone étaient également conscients que la grande majorité des rebelles « modérés » de l’Armée syrienne libre (ASL) étaient en fait des militants islamistes. Ainsi que l’ont reconnu les responsables, il était de plus en plus impossible d’établir une frontière fixe entre les rebelles dits « modérés » et les extrémistes liés à al-Qaïda ou à l’Etat islamique en raison de la fluidité des interactions existant entre ces deux composantes.
De plus en plus, les combattants frustrés de l’ASL ont rejoint les rangs des militants islamistes en Syrie, non pas pour des raisons idéologiques, mais simplement en raison de leur plus grande puissance militaire. Jusqu’à présent, la quasi-totalité des groupes rebelles « modérés » formés et récemment armés par les Etats-Unis sont en cours de dissolution et de défection, et leurs membres n’en finissent plus de passer du côté d’al-Qaïda et de l’Etat islamique dans la lutte contre Assad.
En Turquie
Grâce à un nouvel accord avec la Turquie, les Etats-Unis coordonnent actuellement l’approvisionnement continu en aide militaire aux rebelles « modérés » pour combattre l’Etat islamique. Pourtant, ce n’est un secret pour personne que pendant toute cette période, la Turquie a directement parrainé al-Qaïda et l’Etat islamique dans le cadre d’une manœuvre géopolitique destinée à écraser les groupes d’opposition kurdes et à faire tomber Assad.
On a fait grand cas des efforts « relâchés » de la Turquie pour empêcher la traversée de son territoire par les combattants étrangers souhaitant rejoindre l’Etat islamique en Syrie. Ankara a récemment répondu en annonçant avoir arrêté plusieurs milliers d’entre eux.
Ces affirmations sont imaginaires : la Turquie a délibérément abrité et acheminé le soutien apporté à l’Etat islamique et à al-Qaïda en Syrie.
L’été dernier, le journaliste turc Denis Kahraman a interviewé un combattant de l’Etat islamique recevant un traitement médical en Turquie ; ce dernier lui a dit : « La Turquie nous a ouvert la voie. Si la Turquie n’avait pas fait preuve d’autant de compréhension à notre égard, l’Etat islamique n’en serait pas là où il en est actuellement. Elle [La Turquie] a manifesté de l’affection à notre égard. Un grand nombre de nos moudjahidines [djihadistes] ont reçu un traitement médical en Turquie. »
Plus tôt cette année, des documents officiels de l’armée turque (le Commandement général de la gendarmerie) divulgués en ligne et authentifiés ont révélé que les services de renseignement turcs (MIT) avaient été surpris par des officiers militaires à Adana alors qu’ils étaient en train de transporter par camions des missiles, mortiers et munitions anti-aériennes « à destination de l’organisation terroriste al-Qaïda » en Syrie.
Les rebelles « modérés » de l’ASL sont impliqués dans le réseau de soutien turco-islamiste parrainé par le MIT. L’un d’eux a expliqué au Telegraph qu’il « gère désormais des refuges en Turquie hébergeant des combattants étrangers qui cherchent à rejoindre le Front al-Nosra et [l’Etat islamique] ».
Des responsables politiques ont cherché à attirer l’attention sur ce sujet, en vain. L’année dernière, Claudia Roth, vice-présidente du parlement allemand, a fait part de sa consternation face au fait que l’OTAN autorise la Turquie à abriter un camp de l’Etat islamique à Istanbul, à faciliter les transferts d’armes à destination de militants islamistes à travers ses frontières, et à soutenir tacitement les ventes de pétrole de l’Etat islamique. Rien ne s’est passé.
La coalition menée par les Etats-Unis contre l’Etat islamique finance l’Etat islamique
Les Etats-Unis et la Grande-Bretagne ne sont pas seulement restés étrangement silencieux face à la complicité de leur partenaire de coalition qui parraine l’ennemi. Au contraire, ils ont renforcé leur partenariat avec la Turquie et coopèrent âprement avec ce même Etat-mécène de l’Etat islamique pour former les rebelles « modérés » afin de lutter contre l’Etat islamique.
Ce n’est pas uniquement la Turquie qui est en cause. L’année dernière, le vice-président américain Joe Biden a indiqué lors d’une conférence de presse à la Maison Blanche que l’Arabie saoudite, les Emirats arabes unis, le Qatar et la Turquie, entre autres, fournissaient « des centaines de millions de dollars et des dizaines de milliers de tonnes d’armes » aux « éléments djihadistes extrémistes du Front al-Nosra et d’al-Qaïda » dans le cadre d’une « guerre par procuration entre sunnites et chiites ». Biden a ajouté qu’il était impossible, à tous égards, d’identifier les rebelles « modérés » en Syrie.
Rien n’indique que ce financement s’est épuisé. Pas plus tard qu’en septembre 2014, alors même que les Etats-Unis ont commencé à coordonner les frappes aériennes contre l’Etat islamique, les responsables du Pentagone ont révélé qu’ils savaient que leurs propres alliés de la coalition finançaient toujours l’Etat islamique.
Ce même mois, le général Martin Dempsey, chef d’Etat-major des armées des Etats-Unis, a été interrogé par le sénateur Lindsay Graham lors d’une audience du Comité des forces armées du Sénat. Quand ce dernier lui a demandé s’il connaissait « un allié majeur arabe qui embrasse l’idéologie de [l’Etat islamique] », l’intéressé a répondu : « Je connais des alliés arabes majeurs qui les financent. »
Malgré cela, le gouvernement américain n’a pas seulement refusé de sanctionner les alliés en question, mais les a récompensés en les incluant dans la coalition qui est censée combattre cette même entité extrémiste qu’ils financent. Pire encore, ces mêmes alliés continuent de se voir accorder une grande marge de manœuvre dans la sélection des combattants appelés à être formés.
Des membres clés de notre coalition contre l’Etat islamique bombardent l’Etat islamique par la voie aérienne tout en parrainant le groupe en coulisses au vu et au su du Pentagone.
L’arc des Etats musulmans défaillants
En Irak et en Syrie, où l’Etat islamique est né, l’état de dévastation dans lequel la société se trouve suite à une situation de conflit prolongé ne peut être sous-estimé. L’invasion militaire et l’occupation de l’Irak par l’Occident, avec leur lot de torture et de violence aveugle, ont joué un rôle indéniable pour ouvrir la voie à l’émergence d’une politique réactionnaire extrême. Avant l’intervention occidentale, al-Qaïda était totalement absent du pays. En Syrie, la guerre brutale menée par Assad contre son propre peuple continue de justifier la présence de l’Etat islamique et d’attirer des combattants étrangers.
L’apport continu aux réseaux islamistes extrémistes d’importantes sommes d’argent et de ressources matérielles à hauteur de centaines de milliards de dollars (que personne n’a encore été en mesure de quantifier dans leur totalité), coordonné par cette même interconnexion entre gouvernements occidentaux et musulmans, a eu un impact profondément déstabilisant au cours du dernier demi-siècle. L’Etat islamique est l’aboutissement post-moderne surréaliste de cette histoire sordide.
La coalition occidentale contre l’Etat islamique dans le monde musulman se compose de régimes répressifs dont les politiques nationales ont creusé les inégalités, écrasé les dissensions légitimes, torturé des activistes politiques pacifiques et attisé des rancunes profondes. Ce sont ces mêmes alliés qui ont financé l’Etat islamique, et qui continuent de le faire, au vu et au su des services de renseignement occidentaux.
Ce, malgré l’escalade de crises convergentes qui sévissent dans la région depuis une décennie. Le professeur Bernard Haykel, de l’université de Princeton, s’est exprimé à ce sujet : « Je vois l’Etat islamique comme un symptôme d’un ensemble structurel de problèmes beaucoup plus profonds dans le monde arabe sunnite... [C’est] lié à la politique. A l’éducation et notamment au manque d’éducation. A l’autoritarisme. A l’intervention étrangère. Au fléau du pétrole... Je pense que même si l’Etat islamique venait à disparaître, les causes sous-jacentes qui sont à l’origine de l’Etat islamique ne disparaîtraient pas. Et ces causes devraient être abordées par des politiques, des réformes et des changements menés sur plusieurs décennies non seulement par l’Occident, mais aussi par les sociétés arabes. »
Pourtant, comme nous l’avons vu avec le Printemps arabe, ces problèmes structurels ont été exacerbés par une véritable tempête de crises politiques, économiques, énergétiques et environnementales interdépendantes, toutes couvées par l’aggravation de la crise du capitalisme mondial.
Dans une région en proie à des sécheresses prolongées, à une défaillance de l’agriculture, à une chute des revenus pétroliers due au pic pétrolier local, à la corruption et à une mauvaise gestion économique aggravées par l’austérité néolibérale, et ainsi de suite, les Etats locaux ont commencé à s’effondrer. De l’Irak à la Syrie, de l’Egypte au Yémen, c’est cette même interconnexion entre des crises climatiques, énergétiques et économiques qui défait les gouvernements en place.
L’aliénation en Occident
Bien que l’Occident soit beaucoup plus résistant à ces crises mondiales interconnectées, les inégalités persistantes aux Etats-Unis, en Grande-Bretagne et en Europe de l’Ouest, qui ont un effet disproportionné sur les minorités ethniques, les femmes et les enfants, s’aggravent.
En Grande-Bretagne, près de 70 % des musulmans issus d’ethnies d’Asie du Sud et près de deux tiers de leurs enfants vivent dans la pauvreté. Un peu moins de 30 % des jeunes musulmans britanniques âgés de 16 à 24 ans sont sans emploi. Selon Minority Rights Group International, la situation des musulmans britanniques en termes d’« accès à l’éducation, à l’emploi et au logement » s’est détériorée au cours des dernières années au lieu de s’être améliorée. Cette dégradation a été accompagnée d’une « augmentation inquiétante de l’hostilité ouverte » exprimée par les communautés non-musulmanes et d’une propension croissante des services de police et de sécurité à cibler de manière disproportionnée les musulmans en vertu de l’autorité qui leur est conférée dans le cadre de la lutte contre le terrorisme. Les reportages constamment négatifs diffusés par les médias sur les musulmans, auxquels s’ajoutent les frustrations légitimes provoquées par une politique étrangère agressive et trompeuse dans le monde musulman, créent chez les musulmans britanniques un sentiment d’exclusion sociale associé à leur identité.
C’est l’ensemble de ces facteurs qui a un effet destructeur sur la formation de l’identité, et non chacun de ces facteurs pris séparément. Observés seuls, la pauvreté, la discrimination, les reportages négatifs sur les musulmans, et ainsi de suite, ne permettent pas nécessairement de rendre une personne vulnérable à la radicalisation. Toutefois, conjointement, ces facteurs peuvent forger un attachement à une identité marquée par l’aliénation, la frustration et l’échec.
La persistance de ces problèmes et leur interaction peuvent contribuer à la façon dont les musulmans de Grande-Bretagne issus de divers horizons commencent à se voir en tant que tout. Dans certains cas, cela peut générer un sentiment ancré de séparation, d’aliénation et de désillusion par rapport à la société en général. L’effet de cette identité d’exclusion sur un individu dépendra de l’environnement spécifique, des expériences et des choix de l’individu en question.
Les crises sociales prolongées peuvent jeter les bases du développement d’idéologies destructrices et xénophobes. Ces crises ébranlent les mœurs traditionnelles de certitude et de stabilité enracinées dans les notions établies d’identité et d’appartenance.
Alors que les musulmans vulnérables pourraient se tourner vers la culture des gangs ou, pire, vers l’extrémisme islamiste, les non-musulmans vulnérables pourraient adopter leur propre identité d’exclusion liée à des groupes extrémistes comme la Ligue de défense anglaise, ou d’autres réseaux d’extrême-droite.
Chez les groupes d’élites plus puissants, le sentiment de crise peut enflammer les idéologies néoconservatrices militaristes qui épurent les structures du pouvoir en place, justifient le statu quo, défendent le système déficient qui soutient leur pouvoir, et diabolisent les mouvements progressistes et ceux des minorités.
Dans ce maelström, l’injection de milliards de dollars au sein de réseaux extrémistes islamistes ayant un penchant pour la violence au Moyen-Orient donne du pouvoir à des groupes qui, auparavant, ne disposaient pas de soutiens locaux.
Alors que plusieurs crises convergent et s’intensifient tout en compromettant la stabilité de l’Etat et en attisant de plus grandes frustrations, cet apport massif de ressources dont bénéficient les idéologues islamistes est susceptible d’attirer dans le vortex de l’extrémisme xénophobe les individus en colère, aliénés et vulnérables. Ce processus se conclue par la création de monstres.
Une déshumanisation
Tandis que ces facteurs ont élevé à un niveau critique cette vulnérabilité régionale, le rôle joué par les Etats-Unis et la Grande-Bretagne après le 11 septembre 2001 dans la coordination du financement secret fourni par les Etats du Golfe aux militants islamistes extrémistes à travers la région a jeté de l’huile sur le feu.
Les liens dont disposent ces réseaux islamistes en Occident signifient que les services de renseignement nationaux ont périodiquement fermé les yeux sur leurs disciples et infiltrés dans leur propre pays, ce qui a permis à ces derniers de croître, recruter et envoyer les candidats au djihad à l’étranger.
C’est pourquoi la composante occidentale de l’Etat islamique, bien que beaucoup plus petite que le contingent de combattants qui rallient le groupe depuis les pays voisins, reste largement imperméable à tout débat théologique significatif. Ils ne sont pas mus par la théologie, mais par l’insécurité d’une identité et d’un psychisme fracturés.
C’est ici, dans les méthodes de recrutement minutieusement calibrées de l’Etat islamique et des réseaux qui soutiennent l’organisation en Occident, que nous pouvons voir que le processus d’endoctrinement psychologique s’est affiné à travers les années grâce aux formations menées sous la tutelle des services de renseignement occidentaux. Ces services de renseignement ont en effet toujours été intimement impliqués dans l’élaboration d’outils violents d’endoctrinement islamiste.
Dans la plupart des cas, le recrutement de l’Etat islamique se fait en exposant les individus à des vidéos de propagande soigneusement élaborées, développées au moyen de méthodes de production avancées, et dont les plus efficaces sont remplies d’images réelles de massacres perpétrés par la puissance de feu occidentale contre les civils irakiens, afghans et palestiniens, ou par Assad contre les civils syriens.
L’exposition constante à ces scènes horribles d’atrocités perpétrées par l’Occident et la Syrie peut souvent avoir un effet similaire à ce qui pourrait arriver si ces scènes avaient été vécues directement, à savoir une forme de traumatisme psychologique qui peut même entraîner un stress post-traumatique.
Ces techniques de propagande sectaire contribuent à attiser des émotions accablantes de choc et de colère, qui à leur tour servent à anéantir la raison et à déshumaniser l’« Autre ». Le processus de déshumanisation est concrétisé à l’aide d’une théologie islamiste pervertie. Ce qui importe, ce n’est pas l’authenticité de cette théologie, mais sa simplicité. Cette théologie peut faire des merveilles sur un psychisme traumatisé par des visions de morts massives et dont la capacité à raisonner est immobilisée par la rage.
C’est pourquoi le recours à une littéralité poussée à l’extrême et à une décontextualisation complète est une caractéristique si commune aux enseignements islamistes extrémistes : en effet, pour un individu crédule ayant une faible connaissance de l’érudition islamique, à première vue tout cela semble vrai sur le plan littéral.
Basées sur des décennies d’interprétation erronée et sélective des textes islamiques par les idéologues militants, les sources sont soigneusement extraites et triées sur le volet pour justifier le programme politique du mouvement : un règne tyrannique, des massacres massifs et arbitraires, l’assujettissement et l’asservissement des femmes, et ainsi de suite ; des éléments qui deviennent tous partie intégrante de la survie et de l’expansion de l’« Etat ».
Etant donné que la fonction principale de l’introduction du raisonnement théologique islamiste extrême est de légitimer la violence et de sanctionner la guerre, celui-ci est conjugué à des vidéos de propagande qui promettent ce dont la recrue vulnérable semble manquer, à savoir la gloire, la fraternité, l’honneur et la promesse du salut éternel, peu importent les crimes ou délits pouvant avoir été commis par le passé.
Si vous ajoutez à cela la promesse du pouvoir (le pouvoir sur leurs ennemis, le pouvoir sur les institutions occidentales censées avoir éliminé leurs frères et sœurs musulmans, le pouvoir sur les femmes), ainsi qu’un habit religieux et des revendications de piété suffisamment convaincants, alors les sirènes de l’Etat islamique peuvent devenir irrésistibles.
Cela signifie que l’idéologie de l’Etat islamique n’est pas le facteur déterminant de son éclosion, de son existence et de son expansion, bien qu’il soit important de la comprendre et de la réfuter. L’idéologie est simplement l’opium du peuple dont il se nourrit et nourrit ses potentiels disciples.
En fin de compte, l’Etat islamique est un cancer du capitalisme industriel moderne en plein effondrement, un sous-produit fatal de notre dépendance inébranlable à l’or noir, un symptôme parasitaire de l’escalade des crises de civilisation qui secouent à la fois le monde musulman et le monde occidental. Tant que l’on ne s’attaque pas aux racines de ces crises, l’Etat islamique et ses semblables ne sont pas prêts de disparaître.
- Nafeez Ahmed est journaliste d’investigation et auteur à succès. Titulaire d’un doctorat, il s’est spécialisé dans les questions de sécurité internationale, examinant ce qu’il appelle les « crises de civilisation ». Il a obtenu une récompense de la part de l’organisation Project Censored dans la catégorie « Outstanding Investigative Journalism » (« journalisme d’investigation d’exception ») pour un reportage d’investigation, publié par le journal The Guardian, sur l’intersection des crises globales de nature écologique, énergétique et économique et des conflits et géopolitiques régionales. Il a également écrit pour The Independent, Sydney Morning Herald, The Age, The Scotsman, Foreign Policy, The Atlantic, Quartz, Prospect, New Statesman, Le Monde diplomatique et New Internationalist. Son travail sur les causes profondes et les opérations secrètes liées au terrorisme international a officiellement contribué à l’établissement de la Commission nationale sur les attaques terroristes contre les Etats-Unis du 11 septembre 2001 et à l’enquête du Coroner sur les attentats du 7 juillet 2005 à Londres.
Les opinions exprimées dans cet article n’engagent que leur auteur et ne reflètent pas nécessairement la politique éditoriale de Middle East Eye.
Légende photo : un groupe de combattants de l’Etat islamique (AFP PHOTO/HO/SITE INTELLIGENCE GROUP).
Traduction de l’anglais (original).
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Notre société a tout ce qu'il faut pour absorber 6000 personnes. Je parle du Québec. Et si ce n'est pas possible, alors, mieux vaut fermer boutique. Le gouvernement va devoir cracher! Bien certain. Et vous n'êtes pas prêtes à cracher un peu. Je me souviens de la crise en Hongrie. Vous n'étiez sans doute pas née. Le Québec s'est serré les coudes et tout à marché. Notre collège avait hébergé je ne sais plus combien de familles. Quelle solidarité ce fut. Les Hongrois d'aujourd'hui se souviennent sûrement. De toute façon, les coupures actuelles sont plus pour satisfaire un philosophie que la réalité. Nous sommes riches et les coupures actuelles sont faites justement pour satisfaire les plus riches. Regardez où ils habitent, Westmount, et vous saurez qui ils servent! L'ARGENT! Votre petite vie! Ils s'en "fou". Trop de pauvres dans le monde! Signe qu'il y a trop de riches. En morale naturelle on apprend que lorsque certains meurent de faim, c'est que nous sommes dans des sociétés immorales, car le principe fondamental, dans la nature, c'est le partage. Regarder les gaz à effet de serre. Vous pensez que ça ne vous touchera pas. Allons dont. L'imbécillité des gouvernements n'a pas de fin. C'est le peuple qui doit mener. Il faut avoir observé les Carrés rouges et constater la panique de nos élites. Pour nous le peuple? Mais pas du tout, pour leurs portes-feuilles. Nous sommes riches, mais ça peut vite changer. Les banques à zéro demain matin, c'est possible. Il faut être naïfs pas à peu près mes amis. Le p'tit bas de laine peut sauter au moment ou on s'y attend le moins...et pas à cause des Syriens ou d'autres migrants. J'arrive de Cosco! Plein! Nous sommes pauvres? Nous sommes de gros dépensiers pour des peccadilles. Ça nous coûte cher pour être heureux, mes amis. Nous sommes en pleine crise des valeurs mes amis. On louerait sa mère plutôt que de la vendre, car ça serait plus payant. (Un jeune de Québec qui me parlait.) Ha! Monsieur Labelle, c'est plus de même aujourd'hui! Un jeune! "C'est dû chacun pour soi maintenant, monsieur!" Un jeune visionnaire! Ça m'a coupé le "siflette"! Alors, coupons un peu sur nos repas. Nous en gaspillons la moitié! Vous saviez. Et donnons aux pauvres....d'argent, pas de coeur. Nous, peut-être, notre coeur est pauvre. C'est triste et ça me révolte. J'ai dont de l'affection pour ces étudiants de McGill qui se nourrissent des poubelles de Montréal pour démontrer comme nous sommes pourris. Et, vous ne saviez pas? Ils mangent très bien.

Et chose moins drôle, vous savez qu’à 75 ans, on risque toujours de perdre des amis de route ou des gens que l'on aime. J’en ai perdu 7 cette année dont deux qui ont été d’une bonté infinie pour moi. Cela m’a fait beaucoup de peine. Le train avance et change doucement de passagers. C’est la vie que j’accepte pleinement. Je ne suis pas encore rendu au départ, pas de panique, mais je n’ai quand même plus 20 ans. Pendant la vie, j’ai fait mon possible et j’ai bavé, bavé, bavé, mais j’ai passé à travers et je peux me battre encore. Je suis chanceux, je m’en vais à Rome. Et tout cela après les pyramides d’Égypte et le musée du Caire (époustouflant!), Jérusalem, le lac Tibériade, la Turquie (de toute beauté), Athènes, Rome et Paris. J’y avais rêvé, mais jamais je n’aurais imaginé pouvoir le faire. Le hasard! Alors, il faut se dire que la vie nous réserve des belles surprises. Il faut se battre. Ma vieille madame me disait ça, il faut se battre Richard. Houf! Comme elle disait vrai. Ce n’est pas parfait, mais c’est de tout cœur malgré les erreurs, les gaffes, mais aussi les très bons coups dont je suis bien fier.
Je ne savais pas, mais pas du tout, que nous avions eu un bataillon canadien. C'est tout à notre honneur. Et-ce que Normand Bethune en faisait partie. Car il a fait la guerre d'Espagne et y a inventer le premier système de transfusion sanguine de l'histoire de la médecine! Ce Normand! Qui venait d'un milieu très dur où le taux de suicide était très élevé. Des petites villes ontariennes à la hauteur du lac Temiscaming. En généalogie l'Ontario a un plus que le Québec. On donne la raison de la mort sur le certificat de décès, ce que l'on ne fait pas au Québec. Pleins de suicides déclarés sur ces certificats. Normand était lui même un "tough". Ça se cassait la gueule dans son milieu. Un milieu très dûr en passant. J'ai trouvé ça tragique de "travailler" comme généalogiste, sur cette région. J'en ai prié tout un coup! J'y avais, en plus, déjà travaillé. Il me semble de voir ces enfants plein de suie dans la figure. Ils habitaient près du "smelter" (Immense équipement qui fait fondre l'acier.) de Rouen. La grande misère.

Richard Labelle C'est couper les morceaux un peu gros. Je trouve ça désolant! Mettre tout le monde dans le même panier, c'est faire un peu, pas mal beaucoup le jeu de l'État Islamique. Ils ne demandent que ça. Prenons la France par exemple. Il est prouvé qu'à peu près tous les musulmans de France sont des républicains tout à fait convaincus. J'ai plein d'amis musulmans ici, j'en ai même un catholique, mais qui pratique aussi le Coran. Mon ami en question, Tony, un saint en passant, ne tolérerait pas du tout le moindre soupçon de violence. C'est épouvantable d'écrite de telles sotises. C'est de la complète désinformation. Et puis, en passant, je suis bibliste. Voulez-vous que je vous sorte des passages ambiguës de ce texte. Il y en a. Et tant qu'aux systèmes qu'on transporte. Vous n'avez pas visité la petite Italie à Montréal? le petit Portugal? Le Mile End et toutes ces races que vous croisez et qui vous enréchissent. La diversité enréchit et l'uniformité, c'est le facisme, tout simplement. Hitler voulait avoir tout son monde avec le même signe sur le front. On a vu ce que cela à donné. Et il y avait bien sûr des "caves" qui applaudissaient. Ford, a donné des millions pour que le juifs disparaissent. Lynberg la même chose. Aurait-on cru? National Geographic vanta les Jeunesses Hitlériennes. Et Chamberlan revint de Berlin convaincu de la bonne foi des Nazis. Quelques semaines plus tard, c'était la guerre. L'UNIFORMITÉ déclarait la guerre au monde. Tout le monde pareil? Vous ne trouvez ça pas plate, vous? Lisez le livre de mon jeune "saint", musulman. On le garde à Guantanamo, justement, au cas où il serait coupable. Car c'est ce que vous faites avec les musulmans. Coupables par affiliation. Tu es musulman, tu meurs. C'est d'une ingnorance incroyable. Quand je pense à mon ami Bruce, génie des langues, qui est atterré de ce qui se passe. Il parle 10 langues. En fait, il ne sait plus exactement combien, car, comme il me dit, ces langues s’entretoisent. On rencontre des amis qui parlent russe, se met à leur parler en russe. Je lui dis, hé Bruce, tu parles russe? Ha! Me dit-il, j'avais oublié.Bien sûr qu'il fait le monde pour apprendre les différentes langues dans leur pays d'origine. Un bonhomme avec une volonté de fer. "Tu vas apprendre mon vieux, tu vas te décrotter le nez et tu vas découvrir la beauté de tous ces gens si différents."

Votre affaire, c'est malheureusement de la pure hystérie! La plupart de ces musulmans sont justement innocents. Ils le sont tellement que les cinglés djihadistes recrutent chez nous. Non. La maladie dont vous parlez peut se retrouver n'importe où, dans les "cocos" des humains. Exemple. Les Américains se sont bien servi des "tours" pour écœurer le monde entier. L’Afghanistan, je comprends, mais l'Irak, pas rapport. Et ce que nous mangeons maintenant c'est la merde fait par les américains et les français en Libye. Tant qu'à Hitler. Vous n'avez pas vécu dans le temps, ça parait. Plein de monde était pour lui. J'ai connu les chemises noires à Montréal. Même IBM a collaboré à l'élimination des juifs, avec leurs fameux compilateurs. Soi disant qu'il vendait la chose innocemment à l'Allemagne. Quand on ne veut pas voir, on ne voit pas. Y faut sortir. Je pense à mes nuits au Caire. Fabuleux! Tous des tueurs. Allons dont! Je rencontre un jeune avec turban et tout et tout et en-dessous de tout, un beau jean. Surprise aussi, il me sort un I Phone. Je lui dis:"Ha! Ha! Tu veux parler à ta blonde?" Part à rire et me montre la photo de sa blonde sur son téléphone. J'aurais pu rencontrer le même phénomène partout dans le monde. Ces jeunes qui nous ramènent à la réalité toute "réelle" du quotidien. Je fais le même coup à un noir de New York! Surprise, il part à rire comme mon jeune du Caire. Il me montre la photo de sa blonde. C'est curieux comme les gens se ressemblent quand ils se rapprochent les uns des autres.

Il y a eu un "bémol" de la part de votre direction l'an dernier. Je vous réinvite à consulter la page 2, du cahier A de La Presse. Assez paradoxal qu'on la cache à la page 2, cette article fort troublant. Vous en conviendrez. Dans le fond, faire la charité, sert toujours à déresponsabiliser nos gouvernements. C'est la classe dominante qui oriente les dons et influence le gouvernement par les retombées à l'impôt, dépendant où "LA MAJORITÉ" les orientent. Pourquoi ne pas se battre pour un salaire garanti, par exemple? Pas du tout, ça va froisser les riches. Donc, maintenir les femmes abandonnées et leurs enfants, question de distraire les riches une fois par année! Lisez bien l'article qui n'est surtout pas le propos de "communistes" écervelés ou je ne sais trop. Et le gouvernement qui coupe à "bras raccourcis" sur les écoles et garderies. Pendant mes dix ans de prison, je peux vous affirmer que le facteur qui était le plus présent, était l'ignorance des ces pauvres bougres et à d'autres endroits, (Prince Georges, BC.) le racisme! J'en étais scandalisé et je le suis encore. Disons que la pauvreté qui nous afflige comporte aussi beaucoup de raciste...comme par hasard. Et nous ne sommes responsables de rien. Y faut l'faire. Pouvez-vous croire que mes jeunes élèves (2e secondaire, mes amis!) "communistes" des années soixante et dix me tenaient le même discours. Et je me rends compte, qu'en plus, ils avaient parfaitement raison.

Ha! Que c'est beau Fattoum! Que c'est beau! Merci, merci, merci!

Fattoum Abidi Poésie.J’aime cette page
Hier à 01:37 · 
Les nerfs crient
Les nerfs crient,
Ils sont contre les délits,
Commis par les débiles.
Et ils sont contre les crimes commis par les imbéciles.
Les nerfs crient,
Ils me font mal,
Ils tapent fort,
Mes sensations et mes émotions pleurent le sort.
Les nerfs crient,
On tue des gens,
Dans notre planète, on assassine les âmes innocentes.
Arrêtez-vous assassins.
Les nerfs crient,
Ils me font perdre,
La boussole
De la quiétude.
Les nerfs crient,
Ils me font mal,
Mon corps
Perd son équilibre.
Les nerfs crient
Et la raison
Est troublée
Le monde est étourdi.
Les nerfs crient,
Le rire fuit,
Il fait la grève
Et la sagesse est fâchée contre la rage,
De la guerre, la raison cherche,
Les rêves ambitieux et paisibles.
© Fattoum Abidi 2.12.2015.

Mes soirées syndicales. Comment le syndicalisme m'a fait évoluer. J'ai appris mes amis.
Les éléphants Une petite histoire vraie qui me fait toujours rire. C'était dans le temps. On était convancus que la terre était un genre de grosse machine à compostage qui s'auto régulait comme par magie. Des scientifiques américains me "garrochaient" ça à la figure régulièrement. Toujours est-il que je me ramasse au zoo de Washington, chez les éléphants! J'avais apporté avec moi ma réserve de Whippet. Car, oui, les éléphants adorent les Whippets. J'en donnai donc et en gardai en réserve pour plus tard. Tout à coup, le bébé éléphant pas content me met sa trompe carrément sur le nez. Voulait avoir ses Whippets. Après m'être exécuté, il se mit à danser comme un enfant. Je dansai presque avec lui! Ces éléphants! Ils me taraudent toujours.
Les chats
Les chiens
Les oiseaux
Les ours
Les oiseaux
La forêt
Les chutes d'eau

Une petite histoire vraie qui me fait toujours rire. C'était dans le temps. On était convancus que la terre était un genre de grosse machine à compostage qui s'auto régulait comme par magie. Des scientifiques américains me "garrochaient" ça à la figure régulièrement. Toujours est-il que je me ramasse au zoo de Washington, chez les éléphants! J'avais apporté avec moi ma réserve de Whippet. Car, oui, les éléphants adorent les Whippets. J'en donnai donc et en gardai en réserve pour plus tard. Tout à coup, le bébé éléphant pas content me met sa trompe carrément sur le nez. Voulait avoir ses Whippets. Après m'être exécuté, il se mit à danser comme un enfant. Je dansai presque avec lui! Ces éléphants! Ils me taraudent toujours.
Richard Labelle
4 décembre, à 22:04 · Modifié · 


Comme trésorier, j’étais de toutes les manifestations. Donc, tempête, nous avions élu domicile au beau campus de Cap-Rouge. La manifestation fut calme, nous étions une vingtaine de personnes devant le parlement de Québec. La télévision de la CBC était présente. En prime, le soir, nous eûmes le grand plaisir d’avoir une soirée de poésie avec Simone Monet-Chartrand qui nous fit lecture de poésies de tous genres. Quelle soirée! Quel personnage que cette femme. Pas surprenant que, lui-même, Michel Chartrand, adorait la poésie. Toute une école mes amis.

Toujours est-il que je tombe sur un homme mature de la construction, cinquante ans environ, et sur un jeune, vingt quelques années. Et les deux se chicanaient. Le vieux avait appelé le jeune, son « pit ». Oui, mon pit, tu dois faire ça de même. Le bon papa quoi, dont le cœur s’exprimait ouvertement et le jeune qui protestait. « J’pas ton pit! C’est pas vrai. » Donc, chicane affectueuse entre deux gars de la construction, l’un qui veut appeler l’autre « son pit » et le jeune qui protestait. Genre AFFECTION pour costaux. J’avais trouvé ça tellement beau. J’aurais tellement aimé que mon grand-père m’appelle son « pit ». Tu t’imagines, s’aurait été dévastateur. Mais, dans le temps, la retenue était de règle. Pas chez tout le monde, mais chez moi, oui. Mais pas tout le monde non plus chez moi. Camille! Mon oncle! Dangereux! C’est un danger que j’aimais beaucoup. D’ailleurs, ce fut mon grand problème dans l’enseignement. À la visite des parents, les parents qui venaient me parler de leurs jeunes. J’étais traumatisé de voir toute l’affection que ces gens avaient pour leurs jeunes... chose que je n’ai jamais vraiment connue. En tout cas, pas beaucoup.

Le plus bel événement que j’ai vécu fut ce voyage à Québec, en pleine tempête de neige, pour aller manifester devant le parlement contre le bill 61 ou autre. Je ne me souviens pas exactement. Comme trésorier, j’étais de toutes les manifestations. Donc, tempête, nous avions élu domicile au beau campus de Cap-Rouge. La manifestation fut calme, nous étions une vingtaine de personnes. En prime, le soir, nous eûmes le grand plaisir d’avoir une soirée de poésie avec Simone Monet Chartrand qui nous fit lecture de poésies de tous genres. Quelle soirée. Quel personnage que cette femme. Pas surprenant que, lui-même, Michel Chartrand adorait la poésie. Je gardai toujours ce tendre souvenir dans mon cœur. C’était le nec plus ultra du syndicalisme engagé que je vivais. (J’ai beaucoup à écrire encore sur le sujet. Je vous reviendrai.) La plus grande consolation que je puisse avoir actuellement, c’est de voir que des jeunes ne se laissent pas abattre. J’ai été bien sympathique aux Carrés Rouge, très ému aussi, de voir des jeunes comme mon courageux Gabriel, se battre comme un démon pour maintenir la « barque » à flot. Ce n’est pas rien. Lisez son livre si vous avez du cœur. Car il s’agit surtout de cœur. C’est Franklin qui disait que les gens qui ne sont pas prêts à se battre pour leurs droits ordinaires ne méritent tout simplement pas d’avoir aucun de ces droits.

Je ne sais pas ce qu'il y a de tellement différent qu'avant, car les jeunes, certains, ont toujours aimé le "sport" de la guerre. Combien dans ma famille, du côté américain, ont servi de mercenaires. Chez les Iroquois, les jeunes étaient toujours furieux contre les vieux qui osaient signer un traité de paix. Encore, pour eux, une saison qui s'annonçait monotone. Car la guerre était leur sport préféré. Il n'y avait pas de hockey dans le temps. Washaki qui était gros comme un pou et qui se battait avec furie et terminait toujours la bataille en mangeant le coeur de son adversaire. Quelle désolation quand il n'avait pas de "steak" à s'offrir. Tous les gouvernements le savent, tous ces jeunes sont prêts à mourir pour une belle médaille. Combien de mes élèves rêvaient à la Légion étrangère? D'ailleurs, il n'y a que très peu de suicides en temps de guerre. Saviez-vous? Bien sûr qu'il nous faut ici parler de motifs. C'est ici que ça devient tragique. Un de mes élèves qui me disait:"Je vais les voir Richard, ceux qui m'aiment vraiment quand ils vont venir prier à ma tombe!" (Histoire vraie!) "Mais tu ne verras rien mon pauvre enfant lui ai-je dit. Tu vas être mort! Le djihadisme...une sorte de "mélange" du genre qui est vraiment tragique et difficile à comprendre. Il faut quand même admettre que les humains deviennent cinglés pour bien d'autres choses. C'est comme "tomber" en amour.

Tu parlais de dinde Michel et j'ai malheureusement j'ai tout perdu mon texte. Une dinde congelée, c'est un pro qui te parle, tu mets ça dans le fourneau, direct, après le réveillon à 200 degrés, la grille placée sur le 2e cran à partir du bas. Tu ne décongèles pas, mais pas du tout. 6hs du matin, tu peux vérifier. Mieux vaut avoir un bon thermomètre à viande et tout dépend de la pesanteur de la volaille. Si tu te trompes de 2hs, pas grave. Ça commence à être prêt généralement vers 10hs ou 11hs du matin. Pas avant. Car, à 200, ça ne peut pas brûler. De toute façon, mieux vaut un peu plus qu'un peu moins. C'est ma recette depuis 30 ans et plus. Tu dois avoir un bon thermomètre, mais à défaut, une dinde cuite, c'est évident. La peau est dorée, vraiment et croustillante. Malheureusement, ma méthode ne donne pas une dinde à la Betty Croker. Il ne faut pas s'y fier. Tu vas voir, ta viande va être très juteuse et très tendre. Un p'tit secret. J'ai la manie du mettre du vin et du cognac partout. Dernièrement, mon beau fils a "sauté" dans ma sauce à base de cognac! N'y croyait pas. Pourtant, bien simple...tu ne fais qu'en rajouter. Ma plus jeune est responsable d'hôtellerie! Un hasard? Je ne pense pas. Elle a vu son père fricotter des nuits dans les casserolles. Quelle joie j'ai eu de voir ces yeux jeunes, briller en voyant apparaître des champignons de sucre que je fabriquais pour la bûche de Noël. Mais c'est du temps, du temps, du temps. Tu, tu es plus jeune. Tu peux te lancer sans problème.

Je ne sais pas ce qu'il y a de tellement différent qu'avant, car les jeunes, certains, ont toujours aimé le "sport" de la guerre. Combien dans ma famille, du côté américain, ont servi de mercenaires. Chez les Iroquois, les jeunes étaient toujours furieux contre les vieux qui osaient signer un traité de paix. Encore, pour eux, une saison qui s'annonçait monotone. Car la guerre était leur sport préféré. Il n'y avait pas de hockey dans le temps. Washaki qui était gros comme un pou et qui se battait avec furie et terminait toujours la bataille en mangeant le coeur de son adversaire. Quelle désolation quand il n'avait pas de "steak" à s'offrir. Tous les gouvernements le savent, tous ces jeunes sont prêts à mourir pour une belle médaille. Combien de mes élèves rêvaient à la Légion étrangère? D'ailleurs, il n'y a que très peu de suicides en temps de guerre. Saviez-vous? Bien sûr qu'il nous faut ici parler de motifs. C'est ici que ça devient tragique. Un de mes élèves qui me disait:"Je vais les voir Richard, ceux qui m'aiment vraiment quand ils vont venir prier à ma tombe!" (Histoire vraie!) "Mais tu ne verras rien mon pauvre enfant lui ai-je dit. Tu vas être mort! Le djihadisme...une sorte de "mélange" du genre qui est vraiment tragique et difficile à comprendre. Il faut quand même admettre que les humains deviennent cinglés pour bien d'autres choses. C'est comme "tomber" en amour.

Richard Labelle Il y a de cela bien longtemps. J'eus le grand plaisir de passer une nuit complète, dans le temps, au mont Palomar. À chaque fois que quelque chose de nouveau apparaissait à la lunette, la cloche d'alarme sonnait pour nous avertir. Et tout les vignobles qui étaient autour. Ça ne se pouvait tout simplement pas de voir un tel paysage.

Avec Sarah, "Papa, porte moi!!!" Je crois que cette enfant avait du plomb dans les souliers. Combien de fois j'ai fait tout Carrefour avec mon "alpiniste" dans les bras. Elle pouvait bien facilement gravir les hauteurs. Il faut dire que ça m'a fait du muscle pour un bout de temps. On a dû changer le frigidaire qui lui servait de Mont Everest, car il s'est tout démantibulé avec ces nombreuses expéditions pour le gravir.

Un réseau d’entraide
Richard Labelle, Raymond Gingras et Julie Paulhus
Introduction
L’école Curé-Antoine-Labelle est une institution de niveau secondaire de la ville de Laval qui, à chaque année, reçoit plus de 2000 élèves de secondaire 3, 4 et 5. Au début des années `90, la prévention du suicide commencait à être une thématique abordée dans ce milieu scolaire, mais il n’y était pourtant pas encore une priorité. Comme partout ailleurs au Québec, les statistiques commençaient à faire peur, mais les chiffres n’avaient pas encore une résonance personnelle ... Par contre, au courant des années scolaires 1989-1990 et 1990-1991, une série d’événements se succéda et vint changer à jamais la vision qu’avait l’école du suicide.
De cette prise de conscience naquit le Réseau d’entraide de l’école Curé-Antoine-Labelle, un groupe d’adultes (professeurs et intervenants) et de jeunes qui investissent, depuis maintenant huit ans, temps et efforts à prévenir le suicide dans leur milieu. Leur action préventive tente d’atteindre cet objectif à l’aide de cinq approches différentes:
1.      Sensibilisation du milieu: élèves, personnel, direction
2.      Dépistage de jeunes en mal de vivre
3.      Consultation avec les professionnels du milieu, entre entraidants, entre pairs
4.      L’amélioration des compétences personnelles des jeunes
5.      L’amélioration de l’environnement scolaire: augmentation de la qualité de vie et amélioration de l’organisation scolaire
L’historique du Réseau à l’école Curé-Labelle:
… un besoin se fait sentir: le pouvoir de la concertation

Chronologie des événements qui ont amené la création du Réseau
C’est au mois de mai 1989, après la tenue du colloque organisé par Mme Sylvaine Raymond du DCS de l’hôpital de la Cité de la Santé, lequel avait pour thème, “Dis-nous comment” prévenir le suicide des jeunes à Laval, qu’une vague idée de Réseau d’entraide devait germer au fil des jours à l’école Curé-Antoine-Labelle.
Suite à ce colloque et encouragé par le directeur adjoint de la 4ième secondaire de l’époque, M. Richard Cloutier, je fis des sensibilisations dans plusieurs de mes groupes classes afin de vérifier si le ton allarmiste employé par certains conférenciers pouvait se vérifier dans les faits. Quelle fut ma surprise de découvrir plus de sept suicidaires dont un se proposait de passer à l’acte le soir même. Ces différents événements devaient m’amener à réfléchir au problème avec plusieurs autres personnes du milieu. La question que nous nous posions était: quoi faire pour prévenir le suicide dans notre école? Nous formions déjà un petit groupe de membres du personnel intéressés à agir pour soulager la souffrance de certains de nos jeunes.
Notre groupe de trois adultes devait s’élargir l’année suivante et la question concernant quel moyen prendre pour faire de la prévention du suicide demeurait entière en ce début d’année scolaire 1990-91. Nous avions donc décidé d’utiliser cette année pour réfléchir, dresser des plans, consulter le milieu et, à la rigueur, aller se perfectionner et bien certain, créer des liens avec des élèves intéressés et expérimenter avec eux. Deux événements devaient cependant secouer coup sur coup notre milieu scolaire et faire prendre conscience du sérieux de notre démarche: une élève de 5e secondaire se suicidait en mi-décembre 90 et un autre au début juin 91 de la même année scolaire. Inutile de vous dire que notre motivation de faire quelque chose prenait une tournure des plus urgente.
Comme nous en étions toujours à nous demander si des ados pouvaient développer des habiletés dans le domaine de l’entraide, c’est alors que nous avons découvert la formule de l’organisme JEVI qui proposait un programme complet de formation pour les pairs aidants. Sylvie Chaumont et moi-même devions nous rendre à Sherbrooke pour recevoir la formation en question au printemps 91. D’autre part, Suicide Action Montréal, dans le cadre de la campagne “Dis-nous comment”, avait aussi offert à tout le personnel intéressé de l’école, la formation de deux jours en prévention du suicide.
1991-1992: L’année de l’implantation
Le premier camp du Réseau se fit à la fin octobre 91. L’équipe adulte s’était élargie, nous étions devenus un véritable groupe multi-disciplinaire: professeurs, infirmière, surveillante d’élèves, psychologue. Comme nous en étions à nos premières armes, nous avions bien sûr demandé la collaboration de la trentaine d’élèves participants, leur faisant comprendre que nous ne pouvions prétendre maîtriser tout le programme que nous avions à dispenser. L’esprit de ce premier camp demeure inoubliable. Pendant qu’un adulte faisait la cuisine, que deux autres se préparaient à présenter le prochain exercise, les jeunes participaient avec un entrain peu commun à la formation qui leur était donnée. Finalement, tout le monde aidait tout le monde, ce fut un véritable camp de l’entraide. Une étudiante écrivait à ce sujet:
« Le réseau de Curé-Antoine-Labelle.. De bouche à oreille, tu as sûrement déjà entendu parler de notre réseau d’entraîde à l’école. Et oui, c’est confirmé! Ce réseau est formé d’une trentaine d’étudiants (es) de l’école et de membres du personnel. Durant plusieurs semaines, nous avons suivi une formation qui nous a demandé une disponibilité de trente heures, incluant une fin de semaine inoubliable. »
Après ces quelques semaines de formation, nous sommes maintenant aptes à te consacrer une écoute plus attentive et fiable. En effet, nous nous sommes engagés à aider les autres. N’aie pas peu, viens te confier à nous. Au local 3124, tu trouveras quelqu’un de sensible à tes problèmes de jeune."
Les années suivantes: la tradition se poursuit…
Les années qui suivirent furent tout aussi embalantes. Les adultes et les jeunes qui s’ajoutèrent nous amenèrent plein de surprises et de personnes prêtes à agir pour prévenir le suicide dans notre milieu. Environ 35 élèves firent le camp de la deuxième année. La troisième année nous réservait une surprise. Plus de 160 élèves s’inscrivirent pour faire la formation. C’est évident, iIs étaient trop nombreux. Après avoir augmenté nos exigences, quatre-vingt quatre de ceux-ci, divisés en deux groupes, devaient à leur tour suivre la formation du troisième et quatrième camp du Réseau. Nous formions une équipe de plus de vingt adultes. Le premier camp eut lieu à la fin octobre et le deuxième, à la fin novembre. Que de travail, mais aussi, que de joie.
Et c’est ainsi qu’au fil des ans, depuis 1991, à chaque début d’année scolaire, les adultes se réunissent, sollicitent la collaboration de d’autres adultes et relancent les jeunes du réseau de l’année précédente. Tout ce monde fait équipe et fait un nouvel appel dans le milieu pour recruter de nouveaux jeunes pendant le mois de septembre et la première semaine d’octobre. La formation débute généralement à la mi-octobre et le camp a lieu à la fin du même mois ou un peu plus tard, dépendant des disponibilités du calendrier scolaire. Et ceci dure depuis déjà huit ans.
Bien certain qu’à chaque année, il y a différentes activités qui se font tout au long de celle-ci. En plus des réunions régulières de formation, le local du Réseau fut, pendant les premières années, un lieu de rencontre prévilégié. Des campagnes de sensibilisation pour toute l’école furent aussi organisées: formation dans toutes les classes, à tous les niveaux, semaine du mieux vivre ou du goût de vivre, pièces de théâtre, soirées pour les parents avec conférences, panels, artistes invités, témoignages de personnes qui avaient vécu des tentatives ou perdu des êtres chers par suicide. Les jeunes et les adultes étaient aussi invités à participer à des formations, soit lors de colloques organisés par Suicide Action, par JEVI, ou celui de l’ACSA. Nous étions une dizaine d’adultes à celui de l’an dernier. Nous avons aussi participé à la rencontre provinciale des réseaux organisé, il y a trois ans, par JEVI.
L’histoire de notre Réseau une histoire passionnante qui demanderait plusieurs livres pour la raconter. Une histoire premièrement humaine, faite d’un quotidien où l’attention à l’autre est cultivée patiemment. Une histoire de complicité, où des jeunes et adultes acceptent de travailler ensemble pour rendre leur milieu plus humain et tisser comme un grand filet qui assure la sécurité de tous dans un milieu que l’on veut accueillant et plus humain. Pendant toutes ces années, nous avons formé plus de 300 jeunes à l’entraide et près de soixante-et-quinze adultes formé ont apporté leur collaboration selon les moyens et la disponibilité qu’ils avaient.
Et pour terminer, nous voulons simplement vous dire que vous serez toujours bienvenues chez nous si le coeur vous dit de venir nous visiter.
Le fonctionnement du Réseau d’entraide:
... à chaque année, un nouveau début

La concertation du milieu et le recrutement des adultes
En milieu scolaire, une partie du personnel se renouvelle à chaque année: certains partent à la retraite, d’autres sont assignés à une école différente, et ainsi de suite. De nouveaux visages viennent alors les remplacer. Au cours des huit dernières années, le groupe d’adultes du Réseau a aussi vécu son lot de changement. Mais, au milieu de tous ces départs et ces arrivées, un noyau d’environ 6 personnes aidé de plusieurs alliés occasionnels a su assurer la continuité du Réseau à l’école Curé-Antoine-Labelle.
Malgré la stabilité de cette équipe, il a été important pour eux (afin de ne pas s’essoufler) d’aller recruter de nouvelles énergies à chaque début d’année scolaire. Le début de cette année, en septembre 1998, n’a pas fait exception à cette règle. Le recrutement de nouveaux alliés s’est donc déroulé de façon à la fois formelle et informelle. En effet, l’existence du Réseau est maintenant devenu une tradition connue de tout le personnel de l’école. Il est donc possible pour l’équipe de compter, en partie, sur le bouche-à-oreille et les discussions de salles de prof. pour intéresser de nouveaux adultes. Mais cette approche ne peut suffir à la tâche. Depuis plusieurs années, le Réseau peut aussi compter sur l’appui du directeur de l’école. Celui-ci, lors de la première assemblée générale du personnel en septembre, ré-explique ce qu’est le Réseau d’entraide et invite lui-même toutes les personnes intéressées à une réunion d’information organisée par l’équipe. De plus, il permet aux adultes du Réseau de réitérer cette invitation à l’aide d’une lettre qui est ensuite distribuée dans tous les pigeonniers, à la grandeur de l’école. Ces simples démarches amènent inévitablement une dizaine de nouveaux intéressés à la première réunion des adultes de l’année, et plusieurs d’entre eux continuent à s’impliquer durant l’année qui suit.
Le recrutement des jeunes
Tout comme pour les adultes du Réseau, le recrutement des jeunes est aussi une étape importante qui accompagne chaque mois de septembre. En effet, puisque l’école Curé-Antoine-Labelle est une institution secondaire de 2e cycle (sec. 3-4-5), au moins un tiers de la population étudiante quitte donc ses murs à chaque année pour évoluer dans d’autres milieux (cégep, milieu du travail, etc.). Cela signifie, par le fait même, que plusieurs membres étudiants du Réseau disparaissent. Si on ajoute à cela le désintéressement de quelques jeunes toujours à l’école, il est facile de comprendre que le Réseau d’entraide ne peut refuser de se renouveler à chaque année s’il veut espérer survivre.
Le recrutement initial des membres se fait en deux temps. Tout d’abord, une lettre de bienvenue comportant une invitation à la première réunion est remise individuellement à tous les membres du Réseau de l’année précédente qui sont toujours à C.A.L., et ce, dès les premières semaines du mois de septembre. Après avoir ainsi rejoint les anciens, tous (adultes comme étudiants) s’organisent pour répandre la nouvelle d’une première réunion d’information ouverte à tous les intéressés: certains des professeurs faisant partie de l’équipe du Réseau font une annonce dans leur classe, d’autres lancent une invitation plus personnelle à des élèves qu’ils croient susceptibles d’être intéressés, les jeunes en parlent à leur amis, etc. Bien sûr, il serait possible pour l’équipe du Réseau d’utiliser des moyens rejoignant une population beaucoup plus importante (ex: messages à l’intercom, lettre d’invitation à tous les étudiants, etc), mais cette diffusion à grande échelle aurait probablement pour conséquence de mobiliser plus de jeunes que l’équipe ne pourrait en former et en encadrer.
La sélection des participants
Une fois tous les jeunes intéressés réunis lors d’une rencontre d’information, comment peut-on identifier ceux qui auront la motivation nécessaire pour mener à terme le processus de formation ? Sur ce point, la philosophie du Réseau d’entraide de l’école Curé-Antoine-Labelle diffère de la prise de position initiale de la Fondation JEVI. En effet, ces derniers proposent de se fixer préalablement des critères de sélection des candidats qui pourront mesurer les points suivants:
·       motivation du candidat
·       ses attentes face aux activités
·       son ouverture face à son
·       sa position face au suicide
·       expérience personnelle
·       sa capacité à respecter la confidentialité
·       les caractéristiques de la population-cible
·       confidentialité
·       sa capacité à fonctionner dans un groupe
Si les candidats ne répondent pas aux critères précédents, ils ne seront pas retenus pour suivre la formation à l’entraide. Par contre, JEVI suggère de profiter des ressources qu’offrent ces personnes en les engageant dans la mise sur pied d’un Comité du Mieux-Vivre ou dans la préparation d’une semaine de promotion de la vie.
Pour sa part, le Réseau d’entraide de C-A-L préfère opter pour une sélection naturelle de candidats. En effet, nous avons décider d’imposer des conditions de formation assez rudes (plusieurs séances se donnant le soir de 19 à 22 heures, le camp comprenant une journée pédagogique, etc.) afin d’éliminer les jeunes à la motivation plutôt fragile et de ne conserver dans le Réseau que les plus sérieux. Malgré cette sélection naturelle, les adultes du Réseau se garde tout de même le droit de refuser un adolescent qui viendrait nuire au bon fonctionnement de tout le groupe par des attitudes ou des comportements inappropriés.
Le processus de formation
La formation principale offerte à tous les membres du Réseau de C-A-L est presqu’entièrement fondée sur le programme proposé par la Fondation JEVI. Elle est composée de deux grandes thématiques d’une durée de 15 heures chacune; la première, SE CONNAÎTRE D’ABORD, étant un pré-requis à la deuxième, DEVENIR UN BON CONFIDENT. En effet, la session I propose une méthode d’analyse et de résolution de problèmes qui permet aux jeunes de mieux comprendre et gérer leur propre croissance personnelle, tant dans leur processus individuel de maturation que dans leurs relations à autrui. La session II (DEVENIR UN BON CONFIDENT) est une application de cette méthode d’analyse et de résolution de problèmes à autrui pour le stimuler, le supporter à son tour dans le processus de croissance psychologique ou dans la recherche de solutions à un problème spécifique.
Au Réseau d’entraide de Curé-Antoine-Labelle, cette formation est offerte aux jeunes sous deux formes différentes: 5 blocs de trois heures donnés à l’école (3 blocs offerts le soir et 2 blocs donnés lors de matinées où les étudiants et les adultes sont dégagés de leurs cours), ainsi qu’un camp intensif de 3 jours sur une base de plein-air où les jeunes reçoivent plus de 15 heures de formation. C’est habituellement lors de ce camp qu’est présenté le bloc de formation portant plus spécifiquement sur la problématique du suicide.
L’encadrement
Une fois que tous les jeunes ont reçu une formation suffisante pour faire d’eux de bonnes sentinelles, le travail des adultes du Réseau ne doit surtout pas s’arrêter là. En effet, il serait utopique de croire, qu’après uniquement 30 heures de formation, des adolescents seraient assez solides pour intervenir seuls auprès de leurs pairs en détresse. C’est pourquoi le Réseau d’entraide de Curé-Antoine-Labelle assure à tous ses membres un encadrement en 3 volets tout au long de l’année: supervision en relation d’aide, formation continue et activités sociales.
Le premier volet, la supervision en relation d’aide, est primordial dans un réseau d’entraide étudiant. Il s’agit pour les adultes du Réseau d’assurer une présence et un accompagnement à tous les jeunes entraidants qui servent de confident à l’un de leurs pairs. Lorsqu’un cas est trop lourd pour un jeune du Réseau, il est important qu’un adulte soit disponible pour le prendre en charge, ou même le référer à un professionnel si nécessaire. Le deuxième volet, la formation continue, vise à offrir aux jeunes des ateliers de perfectionnement sur différentes problématiques comme l’écoute active, l’abus de drogues, l’orientation sexuelle, etc. Enfin, le troisième volet consiste à organiser conjointement avec les jeunes des activités sociales afin de leur permettre de se retrouver en groupe et de favoriser leur sentiment d’appartenance. De telles activités peuvent comprendre l’ouverture d’un local réservé au Réseau, des soupers, un dîner de Noël, une remise de certificats à la fin de l’année, etc.
Les activités du Réseau:
...un pouvoir de spécialisation

Introduction
Les activités du réseau portent sur 3 niveaux d’actions impliquant des personnes différentes et pouvant faire appel tant aux ressources internes qu’aux ressources externes. Chacune des activités du réseau sera expliquée: prévention/sensibilisation; détection/évaluation; intervention interne ou externe et postvention/suivi. Par la suite, on tentera d’identifier les forces et les faiblesses du réseau et les possibilités d’amélioration tout en maintenant les forces au même niveau.
Prévention/sensibilisation
Les membres du réseau ( élèves/adultes) organisent chaque année des sessions de sensibilation du milieu-école en informant chaque niveau scolaire ( sec III, IV et V) de la problématique du suicide: données statistiques sur le suicide des jeunes; mythes et réalités concernant le suicide; conseils pratiques quand il y a dévoilement de l’intention suicidaire; explication du processus suicidaire et, finalement, les ressources internes et externes. De plus, nous sommes actifs lors de la semaine de prévention du suicide: affiches, signets, annonces par l’intercom de l’école de différentes activités pendant la période du dîner. Certaines années, nous avons offert des témoignages ( M. Eric Sirois) et des spectacles pendant ces périodes. En ce qui concerne les membres du réseau, différentes activités de formation leur sont offertes en cours d’année.
Détection/évaluation
Les jeunes du réseau sont les mieux placés pour détecter d’autres jeunes qui présenteraient un risque suicidaire. Ils ont été formé pour cette activité,principalement, car, ils cotoient les autres jeunes de l’école et de ce fait, peuvent avoir accès à une foule d’informations sur les facteurs de risque.
De plus, les enseignants sont invités, en début d’année et périodiquement, à être sensible à toutes sortes de signaux. Tous ces intervenants, jeunes et adultes, sont invités à référer un jeune à risque, à un adulte du réseau.
A partir de là, une première évaluation du risque suicidaire est faite. Si le risque nécessite un suivi spécialisé, le jeune est aussitôt référé au psychologue de l’école qui fera une évaluation plus approfondie.
Intervention interne et externe
Suite à l’évaluation du risque suicidaire, le psychologue établit la stratégie d’intervention avec quelques adultes du réseau. La première stratégie peut se résumer à un suivi à l’interne et à des interventions auprès de la direction pour diminuer la pression académique.A ce stade, on peut faire appel à certaines ressources externes selon les problématiques (CPIVAS-agressions sexuelles;CLSC-accompagnement; projet 10-orientation sexuelle; Suicide-Action-Montréal…) Si l’évaluation du risque suicidaire se situe à un niveau moyen à élevé, les parents sont alors contactés et rencontrés. On leur recommande d’utiliser certaines ressources externes.
Postvention/suivi
Depuis la fusion des commissions scolaires à Laval, la Régie Régionale en collaboration avec le CLSC Normand-Béthune, a mis sur pied une équipe qui intervient en postvention dans les milieux qui vivent un décès par suicide. Le réseau pourrait alors être utilisé pour identifier les élèves les plus sensibles à ce décès et qui réagissent mal à cette situation. De même, les ressources internes pourront être utilisées dans les groupes-classes concernés.
Suite à la postvention, certains élèves identifiés auront besoin d’être suivis un certain temps et les ressources de l’école pourront continuer le travail.
Les forces et les faiblesses du réseau
Commençons par les faiblesses ! C’est un peu comme les défauts, on en trouve souvent plus que des qualités !
Je dirais que tous ces nombreux filets de sécurité ne sont pas étanches et des incidents malheureux peuvent survenir malgré tout. Mais, comment réduire les mailles du filet ?
Les points faibles peuvent changer d’une année à l’autre, mais pour l’année scolaire 98-99, les faiblesses sont les suivantes :
Manque de visibilité dans le milieu :
Les membres du réseau ont déjà été plus visibles dans le milieu : Chandails particuliers, foulards…etc. Cette année peu de chose ont été fait de ce côté.
Les parents sont difficile à rejoindre:
On a l’impression qu’un sujet comme le suicide fait peur et les parents préfèrent ne pas en parler.
Les nouveaux adultes qui s’intéressent au réseau ne sont actifs qu’à leur début:
Ils quittent après le camp de fin de semaine et il ne reste que le même noyau d’adultes qui finit par s’épuiser.
L’appui de la direction n’est pas toujours cohérente et constante avec engagement , et elle manque de continuité d’une année à l’autre.
Maintenant, les points forts :
On constate que le milieu réagit plus devant des signaux de détresse, de dépression, de suicide.
Le plan de formation est bien rodé : 30 heures en 3 semaines et 15 heures de formation en cours d’année.
Le noyau d’adultes est stable et présente une bonne cohésion.
La structure organisationnelle du réseau est organique plutôt que mécanique :
personne n’est officiellement responsable du réseau, mais tous ceux qui en font partie se sentent responsables.
 
Il ne faut pas être trop noir mon Michel. Tu as quand même bénéficié de la belle éducation donnée par tes parents. Tu es profondément bon. J'ai beaucoup fait de pouce quand j'étais jeune. Je n'ai pas vraiment eu de mauvaise aventure, mais plutôt un gros "party", devine où? Par une gang de Toronto. Voulaient tous m'offrir une bière. Ma table en fut pleine. Ils savaient très bien que j'étais québécois français. Ça ne les intéressaient pas eux, les anglais, une seule chose, ils voulurent me fêter et le firent. Mon père est mort en réparant un avion. Ils le savaient, tous des gars de l'"Air Force"! J'ai été très impressionné. Conclusion: il y a du bon monde partout et un peu de mauvais monde partout. Ça n'a rien à voir avec les races, les langues, les religions. C'est ma Bible!
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Quand la famille devient traître! Ils se cachent!


Non, non, non, il n'y a pas assez de ressources pour fournir toutes les hystéries de riches. Il y a cependant assez de ressources, partagées raisonnablement, pour rendre heureux tous les humains, SOUHAITONS-NOUS LE VRAI BONHEUR. Ça me rappelle un bon copain américain. Riche comme Crésus. Étudiait avec moi et voulait retourner chez lui, en Alaska, à la fin de ses études. M'amena voir des avions usagés, car il voulait s'en acheter un pour retourner à la maison. S'acheta une vraie "poubelle" volante. Il me fit comprendre qu'il pouvait très bien la réparer. Ne voulait surtout pas dépenser inutilement, par principes. S'envola à la fin de la session. Heureux comme un pinson. Libre comme l'air et non esclave de l'argent. Se promettait de revendre son avion en arrivant, chez lui, à la maison. Le moins de dépense possible! PAR PRINCIPE, par respect pour les gens qui n'en ont pas suffisamment de cet argent. Il était amoureux de la nature dans l'âme. Pouvait vivre avec presque rien, mais...avait les montagnes et les grands glaciers de l'Alaska pour s'amuser.

Je fréquentais certains salons du temps. "L'élite" était en pure panique! On voyait des "Mohaks" partout. Façon de parler. La GRC était totalement dans la marge. Bourgeault avec ses troupes avait trompé tout le monde. Tellement actif. On crut qu'il dirigeait l'armée soviétique. Bande de caves. Cournoyer était aux abois. (J'étais au Chanteclerc!) Pas à la même table, mais j'ai un copain qui m'a refilé le message. Tout le monde est en panique, Richard. C'est fou! Tellement, que les soldats avaient oublié de mettre leurs feuilles de couleurs sur leurs casques! C'était l'automne. Belle occasion pour un hystérique de profiter de l'occasion. Trudeau ne manqua pas son coup. Vous avez vous son message à la télévision. Psychotique! Et vous pensez que le fils est meilleur? Mon oeil! (Financé par Toronto!) Sois "belle" et tais toi...sauf pour dire des banalités et des vas de soi!

Richard Labelle Je regarde mon chat, je l'observe de très près et je pense que l'humain a beaucoup besoin de rituels pour être atteint par des nouveautés. Malheur à moi, si je ne respecte pas le rituel de mon chat. Y veut rien savoir. Je me pose sérieusement des questions. La religion, à sa façon, est une recherche d'éternité et il ne faut surtout pas croire que la religion juive était unie! C'est pas vrai et pas plus aujourd'hui. La recherche de la "vérité" se fait même à l'intérieur de factions juives ou musulmanes, etc. J'ai dirigé un groupe d'anti suicide. Nous avions pourtant un objectif bien simple. J'eus toute les difficultés du monde à maintenir ce groupe d'adultes dans l'objectif visé. C'est ce qui a été le plus dur pour moi... tenir solidement la barre de la barque! Des recherches avaient été faites à l'époque sur le bénévolat!!! Même les bénévoles étaient des problèmes selon la recherche. Chacun, chacune se sentant comme imbu d'une sorte de connaissance immanente qui l'habitait à cause de sa forte dévotion intérieure de vouloir faire du bien. En résumé, cela voulait dire:"Nous sommes compétents, car nous aimons les enfants par exemple!" Vous comprendrez, qu'on peut aimer et être totalement incompétent. Quel trouble ce fut! Et c'est souvent moi qui écopait car aucun psy. par exemple ne voulait intervenir. Ça me mettait en maudit. Dur, dur,...le coco humain!!!

 


LA CONFESSION

Se confesser, se confier, s'avouer! Tout cela rejoint très souvent nos souffrances intérieures. Inutile? C'est une croyance personnelle mon affaire, mais je suis certain, par exemple, qu'il y aurait moins de cancer si les gens prenaient la peine de se confier sur ce qui les fait souffrir, nos bêtises non avouées. N'est-ce pas beau d'ailleurs de voir les visages "ouverts" de ces personnes qui vivent une harmonie intérieure sans précédent. Elle vous souffle le bonheur en pleine figure. C'est ce que l'on appelle les personnes aux visages ouverts. Une générosité incroyable les habite ayant découvert que donner n'est pas un don, mais un placement pour le bonheur. Ma dernière confession, c'est à un jeune que je l'ai faite, bien malgré moi, car ce jeune me posa une question qui devint comme l'équivalent d'un bistouri dans la partie de mon âme souffrante et dont j'étais complètement inconscient. Des hurlements se firent entendre de ma part. Sa question me ramenait à un drame épouvantable que j'avais vécu il y a déjà plus de quarante ans et que je pensais classé. Mon confesseur? C'était un jeune de trente ans, un jeune transparent. Il a reçu ma confidence surprenante, et pour lui et pour moi. Il venait de toucher un point sensible comme on dit dans notre langage. Non, le mal de s'était pas tout à fait discipé. Il y avait encore une plaie ouverte. Oui, il nous faut des confesseurs. On en a tous de besoin. Je dois dire que j'eus aussi des "confesseuses". J'avais découvert les talents hors du commun de ces "bar maid" qui pour plusieurs avec un talent fou de la confession. Un couple de Laval, gérant et gérante du Lovers. Rien qui n'annonce la présence d'un quelconque confessionnal. Ce couple fut pour moi d'une bonté sans bon sens. Habile avec le public, il m'initia au tabac. La session commençait à minuit le soir et se terminait au déjeuner du lendemain, lequel déjeuner était offert gracieusement par ces deux personnes. Peut-être étaient-elles en admiration devant un jeune qui cherchait la "vérité". C'est vaste la vérité. C'était un couple très heureux, ça transparaissait dans leurs attitudes. Ils pouvaient donc me recevoir dans leur "foyer" chaleureux, sans peur aucune. Ils m'aidèrent particulièrement à dealer avec toutes les sortes de jeunes que je fréquentais comme éducateur et dont les multiples situations que ces enfants vivaient me troublaient terriblement. (A suivre.) Merci de m'avoir lu. Il y aura un autre article, sous peu, sur le même sujet. Oui, j'ai toujours eu la profonde conviction qu'on peut trouver des confesseurs un peu partout dans notre vie. Ils deviennent des portes, presque des exutoires qui nous permettent de nous libérer de fardeaux incompréhensibles

 

SYNDICAT
J'avais eu beaucoup de peine à la mort de Robert Lemieux. Combien de grosses enveloppes d'argent je suis allé porter à son bureau pour lui donner un coup de pouce dans toutes les causes qu'il devait mener gracieusement.
@@@@@
Je vais me sentir coupable. Je vais tous vous faire devenir communiste. Confidence, je l'ai déjà été de coeur pendant longtemps et je le suis encore aujourd'hui. J'ai même converti un évêque du Québec à ce rationnel. D'un côté il y a les profiteurs et de l'autre, les victimes. Rien de plus marxiste que cette phrase. Mais je pense, l'important, c'est de changer le coeur des gens en particulier par les arts que l'on est malheureusement en train de détruire dans nos écoles. J'ai été éduqué, entouré d'artistes et explorant de mon côté tout ce domaine qu'on appelle les arts. Quel plaisir de se lever le matin et de "retomber" dans ce fil qui traverse notre cerveau. Le fil d'une histoire que l'on a commencé à lire la veille et qui nous habite le lendemain. Et la musique? Tout jeune, j'ai connu les grandes orgues de mon collège. Il y avait en fait deux grands orgues dans la chapelle de notre collège. Une, immense, à l'arrière et une immense en avant. Le plancher tremblait aux sonates et fugues de Bach. Tous les dimanches, j'attendais, cette musique, qui inconsciemment me structurait et me construisait, petit homme que j'étais. Je l'entends encore aujourd'hui et je l'écoute régulièrement. Le livre de Nagano est justement à lire. Il nous fait réfléchir sur l'orientation de notre société. La disparition des arts dans les écoles est un drame, une catastrophe. Nous allons payer pour. Il y aura un mauvais retour d'ascenseur. Nos écoles spécialisent tellement, qu'elles produisent des ignorants éduqués. Je vous le répète, je l'ai vu en prison, beaucoup de mes prisonniers étaient très victimes de leur ignorance et toutes sortes de mauvaises conception de la vie. J'en visitais un, un ours! On le surveillait à la mitrailleuse tellement on avait peur qu'il me fasse mal. Je n'ai jamais eu peur, mais j'avais parfois l'impression d'être un dresseur. Ce prisonnier voulait toujours me voir pour avoir mon opinion sur des plaintes qu'il voulait formuler à l'autorité. Il m'arrivait avec 5 à 6 pouces d'épais de dossiers. Je lui disais, "one file at a time my friend". Je l'invitais chaleureusement à s'asseoir en le prenant gentiment par le bras. Deux minutes après, il était calmé et je réussissais à le faire rire et je savais aussi que je venais d'offrir une période d'au moins deux semaines de calmes aux gardiens qui s'occupaient de lui dans l'aile qu'il habitait. Je respectais beaucoup le travail des gardiens, car certains trouvaient très dur de faire affaire à des "ours" parfois. Oui, l'humanisme, l'écoute, peut changer le monde. Bien sûr qu'il y aura toujours des fous pour bouleverser le monde, mais cela ne nous empêchera jamais de communiquer avec les autres. Merci Roger pour tes propos. Vous deux, personnages sages qui cherchent la paix. BONNE ANNÉE.

LES ARTS

Les arts m'ont toujours aidé à vivre malgré toutes les déboires que j'ai connus comme tout un chacun dans sa vie. Ici, UNE CAVALCADE DES DIEUX. Je m'imagine moi-même à chevaucher ces êtres célestes qui m'amènent vers de nouveaux horizons. Oui, l'art peut même nous diriger, nous imaginer dans l'action de notre propre vie. Ce monument me fait tressaillir à tout coup. Je ne suis pas neutre, mais pas du tout, devant. Je deviens moi-même un dieu prêt à s'envoler dans sa propre aventure de la vie. UNE CAVALCADE FANTASTIQUE que j'ai déjà eu le plaisir de vivre sur des plages sauvages. Et tout cela construit ma vie et peut construire la vie de quiconque se laisse envahir par la beauté. La formation aux arts est plus importante que toute autre formation. Elle dépasse la science et de combien. Einstein disait bien que c'est l'imagination qui est le génie qui nous dépasse et non la raison.

Les arts m'ont toujours aidé à vivre malgré toutes les déboires que j'ai connus comme tout un chacun dans sa vie. Ici, UNE CAVALCADE DES DIEUX. Je m'imagine moi-même à chevaucher ces êtres célestes qui m'amènent vers de nouveaux horizons. Oui, l'art peut même nous diriger, nous imaginer dans l'action de notre propre vie. Ce monument me fait tressaillir à tout coup. Je ne suis pas neutre, mais pas du tout, devant. Je deviens moi-même un peu, beaucoup, comme ce dieu prêt à s'envoler dans sa propre aventure de la vie. UNE CAVALCADE FANTASTIQUE que j'ai déjà eu le plaisir de vivre pour de vrai sur des plages sauvages. Et tout cela construit ma vie et peut construire la vie de quiconque se laisse envahir par la beauté. La formation aux arts est plus importante que toute autre formation. Elle dépasse la science et de combien. Einstein disait bien que c'est l'imagination qui est le génie qui nous dépasse et non la raison. Pas pour rien que la langue et les arts en perdent dans nos écoles. C'est simple, la classe dirigeante nous veux les plus ignorants possible afin de se garder le pouvoir pour elle. Soyons donc vigilants en ne nous laissant pas faire. Plus de télé-théâtres à Radio-Canada. C'est pour mieux te garder ignorant mon enfant! Seules les cotes d'écoute comptent, les cotes d'épaistitude!

MES VOYAGES
L'ÉGALITÉ DES DROITS
L'égalité des droits. J'y croirai quand il n'y aura plus de pauvres. Car, c'est bien beau la laïcité, mais quelle importance ça peut avoir quand tu vois la misère qui te saute à la figure. Je suis prof. et on m'a toujours enseigné que ventre affamé n'a pas d'oreilles ce qui fait qu'au début de mon enseignement, j'apportais mon grille-pain pour nourrir mes enfants qui avaient faim. La Liberté! C'est rendu que ça me laisse froid. C'est de FRATERNITÉ que nous devrions parler...y compris en France. Et curieux, c'est dans les pays pauvres que nous trouvons le plus de fraternité...chez les pauvres. L'argent corrompt. Plus je vieillis plus ça me frappe. C'est le cas de le dire. Nous sommes dans un monde où il nous faut trop d'insignifiances pour être heureux. UN MONDE OÙ LE SPECTACLE PRIME. LA PENSÉE, ELLE? ON REPASSERA. UN MONDE DE M'AS-TU VU

MEXIQUE

Histoire vraie. J'étais au Mexique et je venais de me faire voler ma serviette de plage. Étudiant, je n'avais pas un sou. Le "bar man" me confia que j'étais dans une partie très pauvre du Mexique et que le jeune m'avait sans doute volé pour payer un cadeau à sa blonde. Je retins la leçon et oubliai tout même si le bar man, comme pour s'excuser m'avait offert le service du bar ouvert gratuit. J'étais trop gêné d'aller parader devants des gens chics, mais que je savais pauvres. Quelques années plus tard, Acapulco. Nous sommes le samedi midi et je vois un jeune unijambiste passer avec sa boîte de bijoux à vendre. Y sont débrouillards ces Mexicains! J'avais aussi remarqué qu'il reluquait ma serviette de plage. Je le fis revenir et, pour le faire rire, lui proposai ma serviette de plage qu'il pourrait donner à sa blonde. Il devint tout mal. Qui vous a dit que j'aimais votre serviette de plage. Je lui répondis, c'est simple, j'ai une blonde moi aussi! Il me répéta, à répétition....si, si, si, si "seignor"! Tu m'appelles Ricardo mon jeune. Je lui donnai rendez-vous le lendemain midi, même heure, même endroit. Ce fut une rencontre foudroyante. Il avait les larmes aux yeux et voulait me donner toute sa boîte de bijoux en échange. Pas question, lui dis-je, c'est ton gagne pain. Et il partit, après que je l'eut serré sur moi, tout énervé avec SA serviette de plage, don d'un ami du Canada comme je lui avais dit.

LOBYISTE

C'est tout un monde que le lobbyisme! Je me suis fait offrir, il n'y a pas si longtemps, un poste dans le genre à cause, disait-on, de tous les contacts surprenants que j'avais, surtout auprès d'hommes politiques ou de grands décideurs. Je n'ai pas voulu, car je ne voulais surtout pas devenir esclave d'un agenda même si je l'étais déjà, mais pour une bonne cause. Je considérais faire un salaire pas si pire, mais l'intéressé m'offrait de me quadrupler celui-ci avec, en plus, un bonus substantiel pour que je dise oui. Vous vous imaginez? Il y a de l'argent dans ces boutiques et nos élus n'attendent que le moment ou ils vont sauter dans la mare à piastres. Je ne cacherai pas avoir été tenté par l'offre d'autant plus que le fameux patron de la compagnie m'était des plus sympathique. Bien certain, que première chose, il m'offrait, quasi sur-le-champ, de prendre son avion pour me rendre à son voilier dans les îles. Nous sommes restés de très bons amis et il a toujours eu la gentillesse de ne pas rappliquer. Il voyait bien que j'étais passionné dans mon travail.


LA BIBLE
Je pense aussi la même chose. Israël n'était surtout pas un État monolithique. Je n'y ai jamais cru. Il faudrait avoir dans la Bible, autant de passages que le vécu séparé de chaque tribu d’Israël. On ne s'explique pas non plus ce fameux exode de Joseph et Marie en Égypte. On trouve non plus, pas vraiment de signes, que les Juifs aient été esclaves en Égypte. Le grand problème, c'est de comprendre comment ce livre a pu s'écrire à travers les siècles qu'il a passé. On était à cheval entre la culture orale et la culture du texte à partir des Sumériens qui écrivaient sur la pierre ou l'argile séché. Le Christ savait sa Bible par coeur comme plusieurs musulmans qui aussi, connaissent leur Coran par coeur. N'allez pas vous demander pourquoi les Juifs ont une mémoire phénoménale pour retenir le nom de leurs clients. Pas besoin de vous expliquer ce qui me fascine dans ces études. Vous devez connaître une multitudes de choses. Exemple. L'allemand, le grec, le latin, l'hébreu (relativement facile), l'ethnologie, la géographie, un peu de tout, quoi! UBISOFT peut bien courrir après des biblistes reconnus qui peuvent facilement documenter leurs jeux du Moyen Âge, etc. etc. etc.

JEAN-PAUL L'ALLIER

Bien ici, vous parlez d'un homme d'exception. J'ai connu M. L'Allier alors qu'il était à sa retraite temporaire à Saint-Eustache. Nous étions du même âge. Lui, faisait de la politique et moi du syndicat, mais avec le détail, que je n'y connaissais rien. J'étais un débutant. Ce grand seigneur m'a toujours reçu avec tous les honneurs dus à mon titre que je trouvais minime à mes yeux. Oui, c'était le genre d'homme au contact duquel vous vous sentiez toujours grandi. Que de bons conseils il m'a administrés en toute humilité, je vous le jure. Je ne suis pas seulement triste, je pleure vraiment sa mort. Il fut un bon papa aussi. Admirable. À n'en pas douter n'est-ce pas avec les paroles que ces fils nous ont fait entendre. J'ai pleuré tout le temps tout en sachant que je devais aussi penser à mon possible "départ". Nous étions du même âge. Mais, je suis serein vis-à-vis tout ça. C'est comme une pièce de théâtre, il y a un début et des débuts, mais il n'y a qu'une fin. Et le rideau, l'immense rideau, va se fermer. Ce sera le temps de tirer sa révérence. Alors, l'important devient quoi? Aimer le plus fort qu'on peut.

MES FRÈRES ET MES SOEURS

C'EST DÉJÀ ÇA
Je sais bien que, rue d'Belleville, 
Rien n'est fait pour moi, 
Mais je suis dans une belle ville : 
C'est déjà ça. 
Si loin de mes antilopes, 
Je marche tout bas. 
Marcher dans une ville d'Europe, 
C'est déjà ça.
Oh, oh, oh, et je rêve 
Que Soudan, mon pays, soudain, se soulève... 
Oh, oh, 
Rêver, c'est déjà ça, c'est déjà ça.
Y a un sac de plastique vert 
Au bout de mon bras. 
Dans mon sac vert, il y a de l'air : 
C'est déjà ça. 
Quand je danse en marchant 
Dans ces djellabas, 
Ça fait sourire les passants : 
C'est déjà ça.
Oh, oh, oh, et je rêve 
Que Soudan, mon pays, soudain, se soulève... 
Oh, oh, 
Rêver, c'est déjà ça, c'est déjà ça.


Alain Souchon - C'est déjà ça (Clip officiel)
Alain Souchon clip officiel Suivez toute l'actu surhttp://www.alainsouchon.net Nouvel album "Ecoutez d'où ma peine vient" sortie le 1er décembre 2008
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Michel Labelle
10 janvier, à 07:21


 

 

 

 

 

 

 

 


Je pense bien. Je suis bien chanceux. Ce sont des voisins qui m'ont donné le goût de la lecture à la bibliothèque Shamrock de Montréal, marché Jean-Talon. Mme Piette, une des fondatrices de l'Université du Québec, m'amenait par la main (1948) à cette bibliothèque qui était de toute beauté. Style, art déco. Tintin, bien sûr! Et tout à coup! Jules Verne. Je devins alors passionné. Tous les Bob Morane. Toutes les civilisations aztèques, mayas, toltèques, incas. Et au sommet. Heyerdal! Celui, qui le premier, a traversé le Pacifique sur un flotteur de bambou, tout cela pour prouver qu'il était possible que des civilisations du coin de l'Australie se soient déplacées vers le Chili, par exemple. Oui, je suis bien chanceux. Quand je me lève le matin, j'ai souvent comme une présence furtive d'un fil, le fil d'une histoire que j'ai lue la veille. Que chanceux je suis.

Vous savez que j'enseignais les modèles de communication à l'université! Hum! Un petit principe. Nul ne peut comprendre l'autre s'il n'a pas un peu de l'autre en lui ou en elle. Ce qui veut dire que, comme pour la musique classique, c'est comme la saucisse Hygrade. Plus t'en mange, plus elle et fraîche et plus elle est fraîche, plus t'en mange. Peut-être que le coeur te lève à la première saucisse. Pas grave! Ça s'appelle l'adaptation. C'est à peu près ça. Dixit par mon voisin italien, adorateur d'opéra, je le comprends dont. Il est simple ouvrier, mais Italien, donc, avec un verni de plus sur sa personne et ça paraît. On aurait tous besoin d'ajouter une couche de verni à l'occasion. Ça s'appelle...apprendre. Et il n'y a pas d'âge. J'ai enseigné à des petit "mongols" et devinez? J'en avais un qui parlait trois langues. Vous savez que ces petits "chenapans" que j'adorais, on une mémoire d'éléphant. Imaginez, ça me prenait tout mon temps de cour pour les asseoir un par un à leur place et quand ils étaient tous assis, surprise, la cloche de la fin du cour sonnait! Le cour avait donc été une période émouvante de calins. Très sincèrement, parfois je me cachais pour pleurer tellement tout ça m'émouvait. Certains étaient des enfants extraordinaires.

Je dois dire que cette photo m'a toujours beaucoup réconforté. Malgré les cachotteries de toutes sortes, etc. etc. etc. je fus un enfant aimé. Et je découvre que la famille était divisée en deux. Ceux qui appelaient ma soeur Claire, ma mère, en révolte contre le mensonge et les autres qui faisaient comme si de rien n'était. Exemple. Mon oncle Camille qui m'adorait m'a toujours parlé de "ma mère Claire!" Et j'ai aussi découvert que mon grand-père n'a jamais rien caché aux gens du quartier. Spécial, n'est-ce pas? Donc, à un moment donné, je fus presque le seul à ne pas savoir la vérité! Je dois avouer que j'ai été adoré par mon quartier, car les gens étaient bons. Et jamais un mot tout croche à mon propos sauf du côté riche de la famille pour qui "l'honneur" était primordial. Le monde, on ne le changera pas vite, n'est-ce pas? Bref, j'ai été aimé. (Toutes ces vérités révélées par ma jeune grand-cousine de 91 ans, Gertrude. Ha! La vlimeuse qui m'a en tant caché! Je l'adore, c'est comme ma p'tite soeur!) Comment ne pas tous vous embrasser!

 

 

 

 


LES ARTS

Les arts m'ont toujours aidé à vivre malgré toutes les déboires que j'ai connus comme tout un chacun dans sa vie. Ici, UNE CAVALCADE DES DIEUX. Je m'imagine moi-même à chevaucher ces êtres célestes qui m'amènent vers de nouveaux horizons. Oui, l'art peut même nous diriger, nous imaginer dans l'action de notre propre vie. Ce monument me fait tressaillir à tout coup. Je ne suis pas neutre, mais pas du tout, devant. Je deviens moi-même un peu, beaucoup, comme ce dieu prêt à s'envoler dans sa propre aventure de la vie. UNE CAVALCADE FANTASTIQUE que j'ai déjà eu le plaisir de vivre pour de vrai sur des plages sauvages. Et tout cela construit ma vie et peut construire la vie de quiconque se laisse envahir par la beauté. La formation aux arts est plus importante que toute autre formation. Elle dépasse la science et de combien. Einstein disait bien que c'est l'imagination qui est le génie qui nous dépasse et non la raison. Pas pour rien que la langue et les arts en perdent dans nos écoles. C'est simple, la classe dirigeante nous veux les plus ignorants possible afin de se garder le pouvoir pour elle. Soyons donc vigilants en ne nous laissant pas faire. Plus de télé-théâtres à Radio-Canada. C'est pour mieux te garder ignorant mon enfant! Seules les cotes d'écoute comptent, les cotes d'épaistitude!

Tu me rappelles mon vieil oncle aujourd'hui décédé. Nous allions à la peche ensemble dans une chaloupe semblable à celle de ta photo. Le Lac Nominingue à l'époque n'était pas aussi pollué qu'aujourd'hui. Les poissons ne peuvent plus y vivre et la vie communautaire là-bas est rendu au point mort. Quel désastre! C'est peut-etre le prélude à ce qui nous attend pour les années à venir avec toute cette satanée pollution et réchauffement climatique, non ?

Je vous demande pardon! C'est un premier jet, mais je ne pouvais pas m'empêcher de crier mon bonheur! Vous vous imaginez?
Comment exprimer cette joie, cette grande joie d'un anniversaire spécial, très spécial d'un "enfant" que nous adorons et dont le 41e anniversaire est un symbole fulgurant de la victoire de la vie sur la mort. Car à 1 an et quelque, il fut "attaqué" par un ennemi sournois. 90% de chance d'en mourir. "He's not dead Richard?" Une amie chirurgienne de Californie qui me donnait son opinion toute professionnelle! "He's not dead Richard?" Ça commence mal. Transport d'urgence, de toute urgence à Ste-Justine. Le ventre, gros quasi comme un ballon de soccer. Marche difficilement sur le bout des pieds. Ses nerfs moteurs des jambes sont touchés. C'est le cancer! Mot maudit par excellence. C'est la panique toute. Oui, le verdict est sans pitié. 90% de chance de ne pas passer à travers. Réunion avec les parents. C'est la consternation. La troupe est sous le choc. Ça ne peut nous arriver. La panique passée, les choses se placent, doucement. Et, surprise! Quelques jours plus tard le 90% s'est transformé en 8%! Les choses se mettent en place pour engager le combat, un combat terrible. Plusieurs parlent à Dominique. Sa mère, bien sûr. Une femme forte. Et moi qui ai le privilège de lui parler la veille. "Mon Dominic, tu vas te battes! Tu m'entends!"..."Tu ne te laisseras pas faire! Tu vas lutter et tu vas vainnnnnnnnnnncre mon Dom." "Tu n'as pas le choix, car tu es fort! Très fort. Tu vas vaincre l'ennemi!" Je réalise finalement que la force que j'ai pour lui parler, c'est lui qui me la donne. Pas d'idée ce qu'un enfant peut être fort. "Tu vas terrasser ton ennemi mon enfant!" "C'est un ordre!." Nous allons t'aider, nous tous et tous les dieux avec nous!" Non! Nous vaincrons. Il me fixait, immobile, avec ses grands yeux noirs, tout cela pour intérioriser le message important qu'il devra garder en lui. Surprise en plus! J'ai une amie qui m'apprend que sa soeur est secrétaire du fameux chirurgien qui va opérer. Nous serons donc tous aux premières loges pour les nouvelles, mais je suis parfaitement confiant. Je sais que notre Dominique, c'est la FORCE qui l'habite. 41 ans! Déjà 41 ans qu'il a vaincu le mal. Oui, j'étais sûr. Non, vous ne pouvez imaginer la force d'un enfant. Le lendemain, en arrivant à l'hôpital, on me dit qu'il est en observation, mais le lendemain. Surprise! Il court dans le corridor avec d'autres enfants, opérés comme lui. Il court en transportant son poteau plein de sacs de solutés de toutes sortes. Pas fort un enfant? Il joue à la cachette avec ses amis tous "plastrés" comme lui de ces fameuses agrafes qui lui retiennent la peau du ventre, le tout, scellé par d'immenses sparadraps transparents au cas d'un écoulement de sang. Ne lui parlez plus d'opération, il mène avec brio cette cavalcade des enfants victorieux. Tous les mauvais esprits, les valkyries qui peuvent faire du trouble. Plus rien! C'est la vie qui s'impose. Un enfant, c'est faible? Il peut vous transporter des montagnes. Bravo mon Dom. Tu le sais bien qu'on t'aime et que d'une certaine façon, tu nous soudes tous ensemble. Oui, nous sommes condamnés à être ensemble et cet anniversaire qui nous revient tous les ans pour nous rappeler cette magie de la vie dont tu es un symbole flagrant. P'tit maudit! Que de sueurs tu nous as fait avoir. Oui, un enfant, ça vous transforme une vie. J'arrive alors, pour la fête, et il se lève et s'approche de moi comme pour me dire, "toi aussi Richard tu as un combat à vivre!" Et tu vas vaincre! Merci Dominique pour tout nous autres. Les soudés ensemble!
Vous savez que j'enseignais les modèles de communication à l'université! Hum! Un petit principe. Nul ne peut comprendre l'autre s'il n'a pas un peu de l'autre en lui ou en elle. Ce qui veut dire que, comme pour la musique classique, c'est comme la saucisse Hygrade. Plus t'en mange, plus elle et fraîche et plus elle est fraîche, plus t'en mange. C'est à peu près ça. Dixit par mon voisin italien, adorateur d'opéra, je le comprends dont. Il est simple ouvrier, mais Italien, donc, avec un verni de plus sur sa personne et ça paraît. On aurait tous besoin d'ajouter une couche de verni à l'occasion. Ça s'appelle...apprendre. Et il n'y a pas d'âge. J'ai enseigné à des petit "mongols" et devinez? J'en avais un qui parlait trois langues. Vous savez que ces petits "chenapans" que j'adorais, on une mémoire d'éléphant. Imaginez, ça me prenait tout mon temps de cour pour les asseoir un par un à leur place et quand ils étaient tous assis, surprise, la cloche de la fin du cour sonnait! Le cour avait donc été une période émouvante de calins. Très sincèrement, parfois je me cachais pour pleurer tellement tout ça m'émouvait. Certains étaient des enfants extraordinaires.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 


L'ÂME DU SUD! PAS ÉVIDENT À DÉTECTER, JE VOUS LE JURE. JE L'AI RENCONTRÉE L'ÉTÉ DERNIER. JE N'AURAIS JAMAIS CRU. UN MARINE! J'AI PARLÉ À SA BLONDE DE COEUR À COEUR, CAR TU NE PARLES PAS À UN MARINE COMME ÇA. BEAUCOUP TROP FORT LE GARS "FRAGILE". Oui je faisais une intervention concernant le choc traumatique. Donc, j'ai parlé à la blonde, mais le gars a bien compris que je lui parlais à lui surtout. Quelques jours plus tard, on se rencontre et tout à coup...il me fait sentir cette âme du sud qui l'habitait. Toute cette musique m'est revenue et m'a complètement envahi. J'ai été sous le choc presque pour le restant de la journée. Par après, j'ai revu la blonde:"Ho my God!" lui ai-je dit. "Ho! What a beautiful "mornin"* , Ho! What a beautiful day! I've got a wonderful felin*, every goes in my Way!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!! (Écrit comme prononcé.)*

J'aurais dû être plus mauvais, mais, de toute façon, ces gens ne furent pas très heureux de mon intervention vigoureuse en plein 5 à 7 où ils n'avaient surtout pas le goût de se faire rappeler à la réalité. "Ha! J'ne peux pas endurer l'hiver Richard! Petits détails! Je vous rappelle que les propriétaires de Cascade restent au Québec en hiver pour justement y dépenser leur argent au Québec. Reste les paradis fiscaux. Une horreur. Un engrenage à faire des pauvres! Rien de moins. Une honte épouvantable sur nos gouvernements voleurs. VOLEURS! Petit conseil. Lisez les rapports de nos banques. Elles s'en vantent de toutes les opportunités qu'offrent leurs paradis fiscaux. Oui, oui! Nos grosses banques.

Oui, dans le filon de mon inspiration pour écrire un livre sur moi, il me vient une histoire cocasse, très cocasse, mais dans laquelle je ne voudrais vexer personne. Gérard Bouchard, frère de l'autre a publié sur le même sujet. J'ai bien ri, car c'est très drôle. C'est une histoire de collège. C'est aussi une histoire...vous devinez de quoi. Oui, oui, oui, nous avions l'air de petits innocents. Plusieurs l'étaient. Mais comme les riches ont le privilège de se payer des surplus par rapport aux pauvres. Voici le surplus que se payaient les étudiants riches de Saint-Laurent. Innocents! Pas tant que ça.
Bien sûr que, moi, naïf, ça m'a pris du temps à découvrir et les gens en général, surtout, ne s'en vantaient pas. Ils se faisaient plutôt discrets, surtout qu'ils ne voulaient pas vendre la mèche. Bien certain qu'il y avait des privilèges à la tonne dans nos collèges. Le fils d'un juge par exemple, avait des passes droits qui le plaçait bien au-dessus des autres. Le père médecin était d'une évidence absolue. Ses enfants avaient tous les passes droit qu'on peut imaginer. C'était le temps où si ton père était médecin, tu le devenais automatiquement à moins d'être un niais absolu. Ce fut un temps de privilèges. Mais les bons pères étaient des rusés et s'organisaient pour gâter certains autres élèves qui "méritaient" leur attention et cela, en conformité avec les coutumes du milieu. Je dois me vanter sans hésitation d'avoir été le seul élève qui avait les clés du collège douze mois sur douze par année. Orphelin! Ce fut mon privilège. Les pères m'aimaient beaucoup et ne voulaient pas que je m'ennuie à la maison. Et en plus, on me donnait des billets qui me donnaient droit à des repas gratuits chez St-Hubert à proximité du collège. Je n'ai jamais parlé ce ça à personne par respect pour toutes ces bontés qu'on me faisait. Les bons pères, je le sentais, appréciaient beaucoup ma discrétion. Il faut dire que j'étais très attaché à mon collège et que dès mon entrée dans ce grand édifice, la première chose que je faisais était d'en faire le tour complet pour m'assurer que tout était en ordre. Je connaissais les bâtiments par coeur. Gymnases, aréna, les trois auditoriums, le pavillon de philo. la bibliothèque, et j'en passe, n'avaient pas de secret pour moi. Une seule clé m'ouvrait toutes les portes. Et j'en passe sur les petits privilèges. Quand vint le temps d'avoir des costumes et équipements électriques pour des pièces de théâtre. Les pères m'ouvrirent les portes tout simplement et me dirent, tu peux te servir. Je fus traité comme leur enfant et considérai ainsi le collège comme ma famille. J'y suis profondément resté attaché. Saint-Laurent fut un vecteur important du développement du théâtre à Montréal, de la télévision et de bien d'autres choses. Les pères avaient même des plans pour de possibles Olympiques à venir à Montréal. Ils avaient même prévu, avec le gouvernement, des constructions de partie d'autoroute qui auraient conduit au village olympique et à tous les sites sportifs requis. Les maquettes avaient même vu le jour. c'est vous dire. Je fus en partie dans le secret des dieux, mais Saint-Laurent n'avait surtout pas dit son dernier mot dans le temps. Nous avions des éducateurs visionnaires et nous le savions. Nous pouvions même nous targuer d'avoir un observatoire météo ayant le même statut que celui de Dorval. Nous en étions très fiers. (More to come soon et la rigolade avec! Vous allez apprendre quelque chose d'intéressant sur l'histoire du Québec à laquelle j'ai été assez mêlée. Je vous tiens donc pas la ganse pour une prochaine fois. Pas sérieux quand même.)


(Suite de mon histoire. Si vous avez apprécié, simplement me le dire.) Oui, mon collège St-Laurent fut ma famille et l'est encore. Difficile pour moi de me remémorer ces jours tendres sans réagir intérieurement. Je pourrais écrire des centaines de pages à propos de toutes les folies que l'on a pu faire sans compter les bons coups dont nous étions bien fiers. Oui. Nos petits riches pouvaient se payer des privilèges que nul autre ne pouvait avoir. Pour faire bref, si vous lisez Bouchard et son "histoire" du Lac St-Jean, Saguenay, etc. vous allez vite découvrir que les élites de ces régions se payaient des écarts loin des yeux du peuple ordinaire. La même chose en Abitibi et dans tous les coins de la province. J'ai même connu une famille de riches dont les gars se tapaient la servante assez souvent pour que la servante aime ça. Ils étaient quatre gars. Je ne sais trop s'ils faisaient un tirage à savoir qui passerait le premier. (Je veux vous faire rire. Oui, rire. Vous aurez compris, je suis sûr.) Faites attention, une très bonne famille. Des gens que j'ai beaucoup aimés. Mais...de chauds lapins sans la surveillance des parents pourtant bons parents. Mais j'ai toujours soupçonné madame d'avoir comme créé la situation de telle façon que ses gars seraient "délurés". Je vous jure qu'ils le furent. Un de ceux-là était un ami, un grand ami. C'est par lui, bien certain que j'ai connu le stratagème. Pas du mauvais monde. A même obtenu un prix prestigieux à l'international. Riches! Ça peut tout se payer. Vous comprendrez que je fonctionne à pas feutrés pour ne pas susciter aucun doute chez personne. Donc, cette élite s'était trouvé un gite...de luxe pour épancher son "surplus" d'hormone. Ce fut en particulier un hôtel de Montréal qui remporta la palme. Pas question d'aller à Québec, un grand village ou tout le monde savait tout sur tout le monde. À Montréal, c'était plus facile. Multi ethnique. Donc, l'un, ne comprend pas tout à fait ce que l'autre fait, etc. Et l'hôtel qui remporta la palme et la garda pour un bon bout de temps fut le prestigieux hôtel Mont-Royal. Les riches des régions qui voulaient se taper un spécial n'avaient qu'à se présenter à cet endroit où l'on offrait toutes les suites imaginables avec tous les services possibles loin des yeux indiscrets de quiconque. Là où j'arrive avec ma petite nuance, c'est que même nos "petits adolescents riches" du collège avaient eux aussi accès à ces services spéciaux adaptés aux besoins de chacun. Tout cela dû à la naïveté des parents ou la complicité de ceux-ci. Donc, le petit mousse qui voulait se taper un spécial fin de semaine, tout garni, n'avait qu'à téléphoner à l'hôtel pour réserver la suite "familiale" en s'assurant, bien certain, que personne ne s'annonçait pour passer la fin de semaine à cet endroit. Et le tour était joué. Il suffisait d'aviser les bons pères qu'il allait rejoindre ses parents à l'hôtel. Donc, pas de problèmes. "L'histoire" duran un bon bout de temps jusqu'au moment où, deux ans plus tard, un impair se produisit. Ti kid se fit prendre et sema en même temps la consternation dans le milieu informé du collège. Je savais tout depuis longtemps et bien sûr que je n'avais jamais dit mot à personne. C'est justement là que je réalisai que ces riches pouvaient vraiment se payer tout ce qu'ils voulaient, mais vraiment tout. Pas seulement les riches du collège, mais les riches en général, y compris ceux des régions. Nous étions des "petits monstres" innocents, vous pensez? Pas tous! Vous l'aurez compris surtout quand on apprend que l'hôtel Mont-Royal était devenu le lupanar des régions. Faut rigoler. Oui, oui, oui, rigoler. Je goûtai un peu à la formule de mon côté avec les petits privilèges que des personnes pouvaient m'offrir. Des personnes qui m'aimaient. Le fameux "Jos", millionnaire, surtout de coeur, qui s'était attaché à moi pour une raison en particulier. Il était lui-même un orphelin et était tombé de sa chaise en apprenant que je l'étais. Un bonhomme d'une énergie épouvantable qui m'aurait payé tout ce que je voulais. Pas question pour moi, je ne voulais pas. Je le respectais trop et ne voulais surtout pas abuser Il mourut prématurément et on me cacha sa mort. Vous voyez! Des riches...comment ça fonctionne. Ils avaient, paraît-il des problèmes d'héritage. Trop de millions, sans doute. J'ai vite compris que Jos était "parti". Je le priai dans mon coeur, lui demandant d'avoir pitié des siens. Partout ou il y a de l'hommerie, "y'a" de l'humain. J'aurais un au brin du Québec à vous conter sous peu.

Fantastique! Pour moi c'est toujours un "enfant", 15 ans. Que je suis dont content. Il faudrait lui dire que le ski c'est comme les bombes. (blague pas méchante du tout, j'ai moi-même joué avec de la dynamite avec mon grand père, dans le temps. Mon grand-père était vraiment enfant. Il aimait faire sauter les souches d'arbres.) Il faut se pratiquer avant pour ne pas avoir d'accident. Pauvre Omar! C'est vraiment un blague pas sérieuse que je fais. Je suis tellement heureux de te voir libre. Je dis bien, libre! Tu va redevenir à un moment donné...un "p'tit gars" de Toronto tout simplement. Tu l'es déjà avec ton nouveau papa de Calgary. Pas n'importe qui comme papa.
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J'avais décidé que mes p'tits frères et sœurette seraient de vrais campeurs. Nos deux filles nagent comme des dauphins. Pas rien n'est-ce pas? Surtout Josie-Anne, sans aucune éclaboussure d'eau. Sarah est très bonne aussi. Elle en déplace de l'eau mes amis! Je les adore toutes et tous.

 

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Roger Dubois aime ceci.

Richard Labelle Je pense que j'avais une âme idéaliste de missionnaire! On est ce que l'on est. Mais, je cherchais, je n'avais pas la vérité. Je la cherchais et je voulais dont apprendre. Les syndicats m'ont "décrotté" le nez pas à peu près avec en prime, l'adorable femme de Michel Chartrand avec qui j'ai eu l'honneur plusieurs fois d'organiser des soirées de la poésie, post manifestation. Vous vous imaginez? Quelle honneur!
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Mon dieu que le temps passe. Je ne me souvenais plus. Une grande dame. Extraordinaire. Il me semble l'entendre. "Viens t'asseoir avec nous autres, mon Richard!" Et c'était du rire toute la soirée. On avait quelques "chenapans" qui ne donnaient pas leur place. Que de chaleur humaine. Des temps inoubliables. Nous en avions un, avec nous, qui avait la dimension d'Obélix, mais avec aussi, l'âme d'Obélix et de son petit chien. Il avait une santé fragile et nous étions toujours inquiets que la police s'attaque à lui. Certains c'étaient offerts pour devenir ses "protecteurs". Donc, le plus "dimensionné" et pourtant le plus fragile. Il était grand ami de Simone. Certain(e)s du groupe qui me lisent vont le reconnaître tout de suite. Extraordinaire ce temps!

 

 

 

 

 

 

 

 


Notre portier un peu fêlé de Saint-Laurent. « Le collège St-Laurent? » « Lui-même à l'appareil » répondait-il!

Qand j'ai commencé à faire du syndicat, c'est là que j'ai vu qu'il était bien difficile de faire plaisir à tout le monde et à son père
Ma grand-mère : Les gens sont jaloux mon Richard. Je te répète, jaloux. Méfie-toi toujours, surtout de ceux, celles qui te flattent. Ce sont les pires

Roméo Bouchard
4 h · 


Le CANADA que j'aime.… Résumé extraordinaire de l'histoire de mon « pays ».
Le Canada que j'aime, 
c'est celui qu'a baptisé un Jacques Cartier émerveillé, 
c'est celui que Champlain a fondé et exploré avec les nations indiennes, celui des coureurs des bois, commerçants de fourrures et défricheurs qui ont occupé la vallée du Saint-Laurent et pénétré le coeur de l'Amérique en canot,
c'est celui des soldats et colons qui ont résisté des mois aux canons et à la terre brûlée du général Wolfe,
c'est le Bas-Canada du Parti Canadien de Papineau qui s'est battu pour la démocratie et la République contre le Parti breton des Torys de Montréal, acharnés à nous maintenir en situation de minorité et de bûcherons exploités dans leurs nouveaux chantiers forestiers,
c'est celui qu'à défendu Papineau jusqu'à sa mort, même quand ses compagnons eurent consenti à ce que nous soyons réduits au statut de province dans une Confédération qui consacrait à jamais notre infériorité comme nation fondatrice,
c'est celui de René Lévesque et de Parizeau qui ont refusé que nous soyons réduits au statut de minorité culturelle dans un pays multiculturel anglophone, monarchique et capitaliste,
c'est celui que j'ai hérité de la Révolution tranquille et qui continue sa marche vers l'indépendance, la démocratie, la tolérance et la solidarité avec tous les nouveaux venus et tous les peuples du monde.
Le Canada que je n'aime pas, c'est celui qui a toujours voulu et continue à vouloir nous ignorer et nous faire disparaître comme peuple fondateur, distinct, de culture française et solidaire.
Jean Provencher et Jean Hamelin résument très bien cet antagonisme dans leur Brève histoire du Québec à propos de le polarisation qui prévalait en 1837, au moment de l'insurrection des Patriotes:
"D'un côté, le Parti breton [tory] propose une société coulée dans le modèle britannique et caractérisée par la domination politique d'une aristocratie de la terre et de l'argent, par une intense activité commerciale, par un attachement inconditionnel à la monarchie et au lien impérial et par une culture imprégnée de la réforme protestantes. À l'opposé, le Parti canadien prône une société régie par une souveraineté locale, exercée au nom des classes populaires, par une moyenne et une petite bourgeoisie, et arc-boutée dans l'agriculture, le commerce intérieur, la coutume de Paris, le catholicisme et le marché local." p.54
Je suis de ceux qui pensent qu'on ne peut ignorer cette histoire pour concevoir le Québec indépendant de demain, fidèle à lui-même. 
Nous avons perdu notre Canada: sauvons au moins notre Québec. C'est une dignité élémentaire.

Raymond Gravel
Cet homme m'a toujours impressionné. Nous avons eu un peu le même parcourt de vie. Oui, je voulais faire un prêtre mais près de tout son monde. J'ai aussi fait du taxi pour être près du monde, du vrai, qui souffre et que les gens rejettent. Oui, j'ai fait du service social et on m'a donné des tâches épouvantables dans la pire des pauvretés que je n'aurais connue. Je vomissais en sortant de ces places et je me sentais totalement révolté contre cette société prétentieuse d'avoir réussi alors que des sujets sont dans la pire des misères. Partager! Mon oeil! Plutôt un mon du juste pour soi. Écœurant! Je comprenais parfaitement Raymond pour qui j'avais beaucoup d'affection et de respect. Comment un cardinal peux-t-il comprendre des pauvres quand il vit ans l’opulence et ne daigne pas laver son linge sale lui-même. Comment comprendre un transgenre qui en plus a des enfants et qui vous parle de sa terrible vie, se faisant battre tous les soirs à la sortie de club! Tu lui parles du p'tit Jésus de plâtre. Tu lui fais un sermon? Certains pleuraient sur mes épaules de séminariste, je n'avais que cette écoute à leur offrir étant totalement terrifié par ce qu'ils vivaient. Non, le Christ était près du monde. Il allait chez l'un et chez l'autre. La Parole était pour tout le monde. L'Église n'a pas été à la hauteur de la tâche. Elle a été un très mauvais porteur de message et on voit le désastre que ça provoque.

Les gens du Témiscamingue sont des gens adorables. Dire que je quittais Montréal pour m'y rendre afin de jouer aux cartes. Il fallait être jeune et un peu cinglé mais que de plaisir avec ces gens chaleureux. Vers minuit, on entendait la vaisselle brasser dans la cuisine. C'était le temps du 4e repas bien arrosé qui se préparait. Comment oublier Jacquelin Bastien (St-Eugène de Guige) et sa famille qui nous recevaient comme des princes. Tout le monde était aux fenêtres du village pour nous voir arrivés. Oui, il y avait 8 familles par ligne téléphonique. Donc, tout le monde était au courant de tout. Tout cela se passa en pleine hiver, tempête de neige carabinée, la dernière fois que je m'y suis rendu. Un monde extraordinaire où m'attendait toujours ma crème de plus de 35% dans un pot et la cuillère qui tenait debout dedans.

QUAND JE CONVERTIS UN ÉVÊQUE!
Pas marxiste après l'avoir enseigné et en plus, détaché de cet enseignement comme si de rien de s'était passé. Y faut le faire. C'est ce qui est arrivé à un certain prof. Sur le marxisme de l'Université du Québec à Montréal. Ce ne fut surtout pas mon cas. Je fus tellement "converti" que j'ai même "converti" un évêque d'un diocèse pas mal important au Québec. J'avais été très franc, très vrai et surtout chaleureux faisant comprendre que la misère ne venait pas de nulle part. Cet homme fut une véritable révélation pour moi, ses sermons ayant pris une couleur "marxiste". Je lui avait même recommandé d'être prudent car j'avais encore en tête l'histoire de Mgr Charbonneau de Montréal. À remarquer que cet histoire a sonné l'église de Rome car Mgr Charbonneau n'a jamais démissionné. Je ne sais trop si on a ramené ses "restes" en chapelle ardente à Montréal. Je pense qu'il a lui-même refusé avant sa mort et je n'ai pu à ma dernière visite constaté la chose. J'avais bien d'autres choses en tête car j'ai eu le même confesseur que le gouverneur général du temps.

 

Mémoires de jeunesse

de

Richard Labelle
Ma vie comme un rêve!

 

 

Pour Lise, mes deux filles et ceux, celles qui m'aiment et qui m'ont aimé. À mon filleul Dominic et son épouse que j'aime beaucoup. De bons jeunes.
« Rejoice O young man
in thy youth... » Ecclesiastes

 

 

 

 

 

 

 

 

 


Écrit par Richard Labelle
Corrigé par François Fortier, correcteur attaché.
PROLOGUE

"Nous avons besoin du regard de l’autre pour devenir bons, pour nous épanouir!"

-Marguerite Yourcenar : ''À travers certains êtres, Dieu m'a beaucoup aimée''
-Michel Labelle, journaliste."Incroyable tes aventures, Richard. Tu es bien chanceux d'avoir vécu tout ça. La plupart des gens n'ont pas eu ce privilège."
-"Richard, même tout petit, tu avais un don épouvantable! Celui de te faire aimer." Ma grand-cousine, Gertrude, 92 ans.
-Michel Labelle  « C'est triste ton histoire, Richard, même si tu n'es pas le seul à avoir vécu pareille misère humaine... » 
-Grande cousine Alice qui avait connu mon arrière-grand-père, le docteur Frégeau. « Tu sais, mon Richard, tu es une photo copie de ton arrière-grand-père et tu es aussi beau. Cet arrière était un saint homme. Tu le deviendras comme lui mon Richard! » Un tel discours, ça vous allume-tu un homme, mes amis!
-« Comment tu fais pour être un saint Richard? » Question demandée par Rolland, frère de mon beau père, qui avait une admiration sans bornes pour moi. Cher Rolland en or. Quelle surprise il me fit avec sa question.
 -J'ai eu tellement de gens qui autour de moi m'ont aimé et encouragé! Ma grand-cousine me disait dernièrement:"Tu sais Richard, tu as toujours eu le don de te faire aimer. Et nous autres aussi Richard, on t'a aimé." Parfois, la cousine me regarde d'un air comme si elle était surprise que je sois encore vivant. Je suis tenté de lui dire, "C'est à cause de toi et bien d'autres! Ma vlimeuse!" Donc, soyez sûrs que j'ai beaucoup ri dans ma vie. C'était sans doute mon antidote injecté par ceux, celles qui m'ont aimé. Ce fut ma marque de commerce!
-Oui, pendant vingt ans, à partir de l'âge de six ans, j'ai été à la messe tous les matins. J'allais saluer mon Seigneur et lui demander de me protéger, moi et ma mère.
-Un de ces matins, je me levai et décidai que je partais sur le pouce pour découvrir mon pays, le Canada, d'est en ouest. Je sollicitai l'aide d'un bon ami anglo de Toronto pour m'aider à y mettre un peu plus de perspective. Ma grand-mère m'avait très éduqué à cette conviction qu'il y avait plein de choses à découvrir sur cette terre. Une pulsion terrible me poussait à découvrir. C'est ainsi que je téléphonai à mon ami Bob qui me trouva quelque chose pour simplifier le voyage.
Quand je pense à ce que mon patron à l'INRS me disait, "Si tu veux être civilisé Richard, va habiter avec les "tribus" des Monts-Atlas et tu vas découvrir la vie. Par M. Savignac, patron à l'INRS.
Caro, I am an internationalists! I love every one. Could be some bad people, few, but most of them GOOD. I am a people lover. This is what make me sad about Marcel. I suspect he was afraid to be judged by me because I was going to be a priest few years later. That literally breaks my hart. I was a Marcel lover, he was a god for me. I feel sad, very sad, about that. He did'nt know that I was working with the most fragile people of the town. Poor people. I did work with people working in sex, trying to help them especially for their children.Yes, I am a people lover and a Marcel lover. I quitted priesthood few years after but worked for needed people all my life. I am an expert in suicide prevention. I published world around on the subject as a researcher. So, Marcel didn't know, but he was having a loving friend. My dear Marcel. So, my friends of Marcel who are my friends, I love you. For the last ten years I did visit a rough jail to listen prisoners talking to me. I am a people lover.
OUI, JE ME RETROUVE DANS VOTRE TEXTE. OUI, UN ENFANT, SE FAUFILE DANS LA VIE COMME IL VEUT. COMBIEN DE CHOSES LE QUARTIER M'A LAISSÉ FAIRE. J'ÉTAIS UN ENFANT! DANS DES HABITS PLEINS DE POUSSIÈRE, EMPRUNTÉ AU CHIFFONNIER, QUE DE PLAISIR, DE RÊVES.
Michel Labelle LOL... tu en as connais donc bien, du monde, Richard, toute sorte de monde en plus, du premier au dernier de l'échelle sociale...
Richard, mon ami, tu tiens un discours digne des grands politicien de l'Histoire…. C'est dont gentil, Michel.
«I was so much like Jim as a kid. The boy who loved airplanes." À propos de l'Empire du Soleil. Très beau film. Oui, j'étais comme Jim.
Ç’aurait pu être un cauchemard. Ma vie! Ce le fut mais plein de ces fragments enlevant que moi enfant, je ne pouvais laisser passer. J'étais tout simplement émerveillé de mes rêves que j'avais de la difficulté à prendre seulement pour des rêves. Oui, je fus un enfant rêveur qui pleurait souvent. Découragé de l'insouciance de certaines personnes. Je riais souvent aussi...quand j'étais heureux, que ma mère n'était pas loin. Je n'avais jamais fait ce lien entre la présence de ma mère et le bonheur que je ressentais. Je fus, justement, très souvent, un enfant seul. « L'enfant sans parent! » comme on disait dans le quartier.. ………………….

« MON COLLÈGE FABULEUX, SAINT-LAURENT, QUI M'A SAUVÉ LA VIE. »

Dimanche matin, à la chapelle du collège Saint-Laurent (ancienne cathédrale anglicane de Montréal), assis à mon banc, en attendant la messe. Le dimanche, au collège, c'était spécial pour moi. Une grande fête intérieure. C'était aussi une grand-messe avec en prime, les grandes orgues du collège qui jouaient à tout rompre. Tout était grand! Nous avions deux orgues. Un gros à l'arrière et un double à l'avant. Le plancher de la chapelle en tremblait. Et pour compléter le tout, les grandes orgues entonnaient la cantate et fugue de Bach à la fin de chaque grand-messe du dimanche. J'étais littéralement transporté par cette musique que toutes mes années de collège en furent marquées. J'avais treize ans.

LE GRAND DÉPART
Dans le quartier, on m'appelait l'enfant sans parents. Ce qu'ils ne savaient pas, un peu tout le monde était mon parent, car j'avais le nez "fourré" partout. Oui, j'avais des chiffonniers comme voisins, genres "gypsies". Ils me déguisaient en toutes sortes de personnages. J'arrivais à la maison et je sentais la poussière à plein nez. Jamais je n'aurais dit ce que j'avais fait. Oui, un enfant, c'est libre. C'est ce que j'ai aimé d'être orphelin. J'étais mon propre maître.
Orphelin, je n'ai jamais oublié tous les gens qui m'on aimé. Jamais. Et j'ai remarqué cela chez tous les orphelins. Ils vous collent à la peau. Vous avez été bons, bonnes pour eux. Un enfant que j'avais reçu chez ma mère. Il était tellement heureux qu'il avait défait en morceaux le bicycles de mon p'tit frère. Mon p'tit frère, tout décontenancé n'en revenait pas. Mais, le jeune, se remit à remonter le bicycle et à réparer en route, tous les défauts qu'il avait. Mon p'tit frère en avait été sidéré. Oui, un orphelin a une bonne mémoire, beaucoup plus que vous ne croyez. En plus, je pense que l'orphelin, libéré de l'attachement primordial, a une vue particulière sur tout le genre humain. Amoureux des humains!
J'ai beau avoir n'importe quel âge, je veux vous assurer que j'ai toujours été le même qui a prêté serment sur la tête de sa mère adoptive mourante, d'être un homme honnête, franc, droit et amoureux. Tout enfant, j'accompagnai ma mère à la messe à partir de 6 ans. Donc, trop jeune pour communier. Je me souviens avoir été un enfant adoré par son quartier. Toutes sortes de personnes s'occupaient de moi. Je n'était surtout pas une possession de mes parents. J'étais plutôt un genre de possession amoureuse de mon quartier. Oui, je le sais, les gens m'aimaient. On me connut surtout pour mes excentricités de toutes sortes, toutes sortes de costumes de mon cru ou qu'une famille style « gypsie » me fabriquait. Je m'intéressais à tout et était une véritable petite encyclopédie ambulante. J'ai quasi toujours eu cent en histoire, géo. Physique et maths. Tout cela fonctionnait quand ma mère était là. Son absence me faisait un vide tel que j'arrêtais quasi de vivre. Mes notes s'en ressentaient terriblement. Maman revenue, tout revenait à la normale. Elle se sentait tellement coupable de m'avoir mis au monde qu'elle ne pu jamais m'appeler « son fils ». C'est un « privilège » auquel je n'eus pas droit. Il y a encore un trou dans mon coeur, provoqué par cette absence. Chère maman souffrante et adorée. Je ne peux évidemment pas la blâmer.
Je suis toujours aussi l'enfant prêt à rendre service et qui jouait avec tout le monde. J'avais développé cette conviction que chaque enfant avait un secret à me révéler.
Je suis toujours l'enfant qui fidèle à ses obligations, marchait matin, midi et soir vers son école St-Gérard adorée ou au retour, à la fin des classes ou pour le dîner.
Je suis aussi toujours l'adolescent sérieux que j'étais, intéressé à tout et prêt à prendre des risques énormes pour apprendre davantage. J'avais pris goût à visiter mon pays d'un océan à l'autre...sur le pouce pour commencer. Devenu orphelin, je n'avais pas le choix que de réussir. J'ai tout fait pour apprendre toutes sortes de choses. Apprendre, apprendre, apprendre devint mon maître mot.

Il est certain que lorsqu'un nouvel enfant arrive dans une famille reconstituée, en plus, sa venue cause toujours certaines turbulences. Ce fut la même chose pour moi. La famille a du premièrement déménager pour ne pas alerter le voisinage sur mon histoire. Les membres de cette famille furent aussi obligés de me faire de la place. Donc, leur propre place s'en trouva diminuée et en plus, c'était la guerre. Ma grand-mère avait décidé de garder mon oncle Gabriel comme nounous afin de se faire aider dans les travaux domestiques. Une autre place de moins pour les « locataires » légitimes. Mon oncle Jules, le plus jeune de la famille, revenant de la guerre aussi, dut abandonner sa place de plus jeune au profit du nouveau venu, ma propre personne. Autre frustration! Mon propre père coucha un peu à la maison avant de finalement se marier. Lui aussi revenait de la guerre. Et ma mère Claire couchait aussi à la maison dans la même chambre que ma tante Pauline qui très tôt devait se trouver un endroit ou se loger. Elle venait de revenir de la guerre aussi. Ne me demandez pas comment les lits étaient répartis, j'en serais incapable de vous le dire. Un seul événement vint, beaucoup plus tard, m'enseigner comment un enfant peut deviner les « vraies » choses qui se passent autour de lui. Une de ces nuits où mon vrai père coucha à la maison alors qu'il était en visite ou autre. Je ne savais pas du tout que c'était mon père. C'était un secret de famille bien gardé. En pleine nuit, tout enfant de 3 ans que j'étais, j'allai m'étendre, somnambule, joue contre joue, de tout mon long sur le corps de mon vrai père comme si j'avais su qu'il était effectivement mon père alors, qu'en réalité, je ne savais absolument rien, mais mon inconscient avait tout deviné. C'est tout comme si j'aurais voulu me faire caresser par celui qui était mon géniteur. Ce fut mon seul contact intime avec mon père. Cette image me revient tout le temps lorsque je vois des enfants se faire cajoler par leur père. Mon coeur devient un peu « serré » à tout coup! Comment agir autrement? Il me semble encore entendre la grosse voix de mon père qui m'a simplement dit d'aller me coucher dans mon lit sans me donner aucune caresse. Après, on dira qu'un enfant ne saisit pas toute la vérité d'une situation à travers son inconscient. Le logement donc, contenait six pièces, mais avec plusieurs adultes et un enfant en plus. Nous étions donc, comme occupant d'un logement, neuf personnes en tout. La maison faisait sans doute style d'auberge espagnole plutôt que d'une maison normale. Je sais que mes grands-parents couchaient dans la chambre du fond, la cuisine tout à côté. À l'avant, de part et d'autre, c'étaient des pièces doubles comme c'était la mode dans le temps. À droite, au fond, c'était ma chambre ainsi que celle de Gabriel. En entrant à gauche, c'était la chambre de ma mère et de ma tante Pauline. Finalement, à droite en entrant du côté avant, c'était la chambre des deux gars. Jules et Charles, mon père, qui ne resta pas longtemps avec nous autres. Il allait se marier quelques semaines plus tard. J'imagine que c'est à cette même période que mon grand-père décida de nous construire une maison convenable.

J'oserai malgré tout vous dire que celui qui vous écrit est comme un revenant des enfers! Suicidaire pendant une partie de mon enfance, j'ai tenté, autant que faire se peut, de me battre à armes inégales contre ces "monstres" qui voulaient ma peau. C'était ma vision d'enfant. J'ai d'autre part passé une autre bonne partie de ma vie à recoller les morceaux du puzzle. Ce fut laborieux. Certains, certaines furent conscients qu'il se passait quelque chose dans ma « p'tite » tête. Ils se doutaient que je vivais une guerre intérieure terrible. Merci à ces personnes qui m'ont encouragé dans cette bataille sans savoir, bien certain, tout à fait ce qui se passait au dedans de moi. Je veux rendre un grand hommage à bien des amis, en particulier à Lise Barette, son mari, Alain et une foule d'autres amis à l'époque où je m'occupais de syndicat. Des gens adorables qui me trouvaient bien drôle, mais devinaient aussi mes terribles combats intérieurs. Merci! Ils m'ont simplement aimé tel que j'étais. Des gens simples, mais qui cherchaient comme moi, la vérité. Je sais que Lise est décédée. J'ai dont pleuré quand j'ai appris la nouvelle quelques mois après l'événement. J'ai vu la photo d'Alain, son mari, sur un journal local, quelque temps après la mort de Lise. Quand tout allait tout croche, c'est à eux que je payais une visite qui se prolongeait jusqu'à tard dans la nuit. Je leur parlais de politique, de poésie, de films, de livres, d'articles de Foglia, de syndicat. Ils le savaient, je les adorais. Je les soupçonne même d'être intercédé très souvent en ma faveur pour calmer le jeu, auprès « d'ennemis politiques ». J'eus d'autres amis du genre. Je ne peux les oublier, mais vraiment pas. Je pense à Jules Martel, St-Pierre (je ne me souviens plus de son p'tit nom! Décevant!) Jacqueline Veillette, Hélène et Benoît Brochu, Lise Pomminville et plusieurs autres dont les noms ne me reviennent pas. Je pense aussi à ce couple du Lover's de Ste-Rose qui m'offrirent souvent l'opportunité de parler éducation à partir de minuit le soir jusqu'à l'heure du déjeuner du lendemain qu'ils m'offraient gracieusement. Car, faut-il le dire, l'université ne nous apprenait pas grand-chose sur la façon d'intervenir auprès de différents types d'enfant. J'ai toujours pensé que le Québec avait une bien mauvaise habitude quand il s'agissait de former des éducateurs. On nous enseignait plus de la philosophie que des pratiques adaptées d'intervention. On enseignait justement de belles théories, mais on oubliait de nous équiper pour les appliquer. Dans le fond, on était tous une bande d'ignorants dont certains nous faisaient croire qu'ils en savaient plus que nous à cause, bien souvent, de leurs aquintances politiques. Ce fut toujours comme ça au Québec. Ouvrier pour Hydro, j'avais été frappé de voir comment les travailleurs refusaient carrément de travailler s'ils n'avaient pas les outils pertinents. En éducation c'était différent. Les beaux discours, puis, plus rien après.
En fait, ce texte se veut un ramassis de toutes sortes de lettres et d’articles écrits au fil de mes inspirations du moment, jour et nuit, ayant toujours en tête d’y mettre de l’ordre pour les publier pour ceux et celles que j’aime. Comme dans mon évolution d’enfant, j’ai toujours été en retard pour de multiples raisons, y compris ma situation familiale fragile. C’est donc maintenant que je me décide à écrire, pressé de ne pas me faire dépasser par la droite par ce temps inexorable. Je m’exécute donc, comme d’habitude, au moins, dix ans en retard. Dans mon quartier, Villeray, on m’appelait « L’enfant sans parents ». J’ai appris cette chose, plusieurs dizaines d'années plus tard, par un ami de collège, Pierre Bélisle, qui habitait à au moins une dizaine de rues de la mienne à Montréal. C'est dire que nos quartiers étaient comme de grands villages où toutes les nouvelles, qu'on le veuille ou pas, circulaient. J'ai donc réalisé dernièrement que, finalement, tout le quartier savait que j'étais le fils de "Claire", ma vraie mère, car mon grand-père n'a jamais fait de secret de cet état de chose. Il se "foutait" complètement de ce que les gens pouvaient penser. On était pas loin de la vérité puisque sur mon premier baptistaire, il était inscrit : « NÉ DE PARENTS INCONNUS. » Oui, salut ma maman Québec et mon papa Québec, aussi. Ils m’ont pris dans leurs bras à ma naissance. Né sans père ni mère. Qu’à cela ne tienne, mes grands-parents m’ont pris dans leurs bras pour m’amener à la crèche, car j’étais officiellement orphelin. MES PREMIERS PARENTS. MON QUÉBEC. Ma vie fut ainsi une guerre terrible, un combat de tous les instants. Le deuxième jour de ma naissance, j'attrapai déjà une bonne bronchite, phénomène que j'allais garder toute ma vie. Il y avait heureusement des anges qui m’encourageaient, qui prenaient ma défense, qui m’orientaient dans le bon sens, qui voulaient que je vive, que j’existe. Ce sont ces derniers qui m’ont permis d’avancer. Ils furent ma source de succès. C’est en apprenant la différence entre les bateaux ennemis et amis que j’ai pu avancer et ça n’a pas toujours été facile d’être très alerte pour identifier les deux. Aussi, je n’ai jamais vraiment étudié pour avoir un « job », mais plutôt pour devenir un meilleur être humain, éduqué qui saurait dirigé les gens. Le « job » est venu après. C'est ma grand-mêre qui m'a enseigné ça. "Mon p'tit gars, tu vas étudier pour avoir une belle tête. Je me mis donc à m'intéresser à tout. Je voulais tout apprendre et j'étais souvent bon dans presque tout. Cent dans tout quand ma mère était là. J’étudiai souvent par dilettantisme et non par besoin. Mon grand ami, Marcel Fugère, pensait la même chose qui moi. Nous passions des heures à parler philosophie, intégrité, esthétisme, arts. Je voulais, jeune, faire de moi un être idéal. Quand on est jeune, incroyable tout ce qui nous passe par la tête. Voilà ce qui se passait dans la mienne et j’en suis très fier. L’argent, l’argent, l’argent, j’avais trop vu de familles s’entre-déchirer pour l’argent. Complètement fous, ces gens. J’ai aussi été toute ma vie à me chercher un père et une mère. Alors, ne vous demandez pas pourquoi je cherchais à être aimé… comme tout le monde, finalement. J’ai vécu comme un saltimbanque à la recherche de la connaissance humaine sur toutes les routes de la vie que j'empruntai. J'avais même connu une famille de chifonnier qui, pour s'amuser, se servait de leurs chiffons pour me déguiser en toutes sortes de personnages. Costume à la style Mille et une Nuits, je me promenais dans les rues pour inviter les gens à la pièce de théâtre que nous organisions. J'étais tout heureux de ma plume sur mon turban et ce cette grosse immitation de pierre précieuse collée sur le devant. Chaque personne m’apportant sa connaissance sur ce qu’elle savait. J’eus même l’impression d’être ce pit du fameux film, L’EMPIRE DU SOLEIL. Je m’émerveillai pendant des années de tout ce qui m'entourait, le tout entrecoupé de creux dangereux. Je devenais alors très dépressif presqu'absent mentalement. Pas de mère! C’était ma mort. Mais j'avais une énergie épouvantable. Merci mon Dieu. Quand, dans une auto, je m'asseyais du côté du chauffeur l'hiver, mon côté devenait tout givré par la chaleur que mon corps dégageait. Mes vestons tombaient même en lambeaux. C'était l'énergie que le bon Dieu me donnait sans relâche. Merci, merci, merci.
Pourquoi écrire ce livre? Pour mes enfants, mon épouse, ceux et celles qui veulent savoir. Un auteur disait qu’écrire une biographie, c’était nécessairement mentir, embellir les choses.  Qu’une biographie c’était du faux. Je vous dis tout de suite qu'un orphelin a besoin d'embellir les choses, car il faut qu'elles existent pendant suffisamment de temps dans sa tête afin de lui donner le souffle nécessaire pour le motiver à survivre. Oui, l'orphelin a besoin d'embellir pour se créer une bulle suffisante afin de se motiver à avancer dans la vie. J’écris mon histoire avec l’intention de vivre une simple histoire personnelle. J’ai commencé à lire Georges Brossard, fondateur de l’insectarium de Montréal et confrère au collège de St-Laurent. Ce qui m’a complètement bouleversé, car nous avons justement fréquenté le même collège. Ce collège fut pour moi une véritable famille, car je m’y étais retrouvé en deux ans, orphelin de mon père biologique et, deux ans plus tard, orphelin de mes deux parents adoptifs. Le choc fut tel que je tombai dans le coma. Je trouvais que le récit de Georges ressemblait un peu au miens à certains égards.  Ma biographie se veut une explication, un aveu profond d’avoir fait tout, tout, tout mon possible dans toutes les situations de ma vie. Elle s’adresse à tous ceux et celles qui à travers les années m’ont aimé et m’ont aidé, à partir des personnes les plus proches, aux plus éloignées. Même un imprimeur s'était offert de m'imprimer mes programmes pour nos pièces de théâtre improvisée. J’ai eu beaucoup d’aide d’une foule de personnes qui se rendaient compte que ma situation était parfois désespérée. Je peux affirmer sans hésitation d’avoir été honnête dans tout ce que je faisais même si parfois j’aurais pu tricher et ainsi gravir les échelons plus rapidement. Je me souviens d’un examen où tout le monde avait triché, profitant de l’absence d’un surveillant. Pour moi, il n’en était pas question. Je fus le seul qui fut exonéré de tout blâme. Cela ne m’a jamais passé par la tête de tricher. L’éducation que j’avais en était une de probité.  J’eus des écarts, bien certains, mais je n’étais jamais bien fier de moi dans ces circonstances et surtout ce n’était bien souvent qu’involontaire de ma part. De toute façon, involontaire ou pas, je me blâmais toujours sévèrement de mes erreurs. Oui, je me parlais. J’étais la seule personne qui pouvait me parler, car j’étais dans un milieu d’adultes qui avait bien d’autres préoccupations que de s’occuper d’un enfant. Oui, je fus seul, seul à me parler, seul à me chicaner et parfois, seul à me féliciter. J’ai d’ailleurs été très ému, en participant au montage d’une thérapie anti-suicide, de constater qu’un chapitre avait pour titre, « EST-CE QUE JE SAIS ME PARLER À MOI-MÊME ou comment je me parle à moi-même? » tout cela pour me rendre hommage. Je me présentai au dernier congrès international du suicide à Montréal et dès que les organisateurs me virent, ils me firent comprendre que tout était gratuit pour moi. J'avais déjà payé mon 1000$ d'inscription et c'est ma fille Sarah qui m'accompagna au grand banquet. Je voulais lui faire voir le fameux lustre sous lequel les rois et les reines, dont Élizabeth II, avaient dansé à Montréal. Or, ce fut un sport que je pratiquai toute ma vie de me parler à moi-même. Quand ce n’était pas à mon ange gardien, c’était à moi que je parlais.
Une petit cour d'histoire. Bon, j'ai toujours eu un ange gardien. Je lui vouais tout ce que je pouvais quand j'étais petit. J'ai souvent senti sa présence dans des événements, des mots,des joies, des peines. Dans l'histoire du monde il faut savoir que l'ange n'est nul autre que le symbole de la présence de Dieu. On le retrouve dans toutes les civilisations: chinoise, égyptienne, sumérienne, babylonienne. Le trône du Saint des Saints, au centre du temple de Jérusalem de l'époque était décoré, de chaque côté, de très beaux anges qui avaient pour rôle de protéger le roi. Il y avait beaucoup d’encens dans ces temples, car, malheur à ceux qui verraient Dieu si celui-ci venait à descendre dans le Saint, des Saints. Voir Dieu équivaudrait à mourir sur-le-champ. Donc, la fumée de l’encens protégeaient ceux qui venaient prier de la possible vue subite de Dieu.On dit que les anges n'ont pas de sexe. La surprise que j'ai eu c'est qu'à Rome, tous les anges ont un sexe. Masculin ou féminin. Faut dire que les Italiens, comme tout le monde, aiment le sexe. Ils en ont mis à tous leurs anges. Donc, plus de chicanes au Vatican. On aura tout vu!. Mon ange, je lui demande de vous serrer tous, toutes très fort...pas trop fort, car c'est un gars qui est cependant sur la CSST. Avec moi comme sujet, il est devenu rapidement handicapé, épuisé le pauvre. Il revient me voir de temps en temps. Il a même fait arriver des malheurs à des gens qui avaient été méchants avec moi. Je devais donc le semoncer de temps en temps pour ne pas qu'il devienne délinquant. Je sais qu'il m'aime beaucoup et qu'il va vous apporter le bonheur avec ou sans sexe. À votre goût! (Y faut bien rire de temps en temps.) Y faut donc rappeler à Victor, mon beau frère, que les anges de sa nations ont un sexe au contraire des anges égyptiens par exemple.
Ce livre est donc l’histoire d’un espoir au quotidien qui s’impose par l’appui inconditionnel de généreuses gens du pays qui ont voulu que je vive. CHANCEUX QUE JE SUIS. Ce livre se veut donc; un lieu de rencontre, de prière, d’intimité, de tendresse, d’amour, de reconnaissance infinie pour tous ceux et celles qui m’ont aimé, que j’ai aimés et même les personnes que je n’ai pas aimées, souvent parce qu’ils m’ont blessé. Il y en a très peu.

 

 

 

MA VIE
MON CERTIFICAT DE BAPTÊME DE LA CRÈCHE D’YOUVILLE
DATÉE DU 31 DÉCEMBRE 1939; 2 JOURS APRÈS MA NAISSANCE. NÉ DE PARENTS INCONNUS.
« Les amours, les travaux, même le chant d’un oiseau, ton cœur, mes mots, font tourner le monde. » (Une chanson magnifique de Gilles Vigneault)

 

 

 

 

CHAPITRE I : QUI J'ÉTAIS?
Je ne voulais pas lâcher. Une tête dure comme me le disait parfois ma cousine adorée, Gertrude : « Tu avais une volonté de fer, Richard. » Quelle gentillesse! Je me disais, tu vas avancer mon vieux. Ce livre ne se prétend pas parfait. Je dirais même qu’il est rugueux, mais qu’il cache une sensibilité exacerbée des profondeurs. Un orphelin, pour survivre, doit se fabriquer des bulles qu'il conserve le plus longtemps possible dans son coeur. Mon oncle Napoléon m'a donné toute une série de cadeaux, alors que j'étais tout petit. Ces cadeaux durèrent, sans fin dans ma tête, pendant des années dans ma mémoire et m'aidèrent à survivre lors des moments difficiles. Voilà ce que c'est que d'être orphelin. Important, de se créer un monde à soi qui nous protège contre les vides possibles. Je cultivai donc ces mémoires qui me donnaient l'impression d'être aimé au max. Je veux vous révéler mon cœur, comme toute personne humaine en possède. Je pense qu'il s'y trouve des leçons de vie partout. Donc, il vous faut bien lire les lignes et entre les lignes.
MES DEUX MENTORS D'ENFANCE
Mon grand-père et mon mentor du temps, monsieur Gratton, de l’école St-Gérard à Montréal en 1952, me disaient : « Mon enfant, ne te laisse jamais mener par la peur! » Des leçons que je me répétais régulièrement. Pourtant, les années cinquante furent des années de peurs engendrées par des politiques tout à fait « sautées » dans un monde dirigé encore par le clergé tout puissant. La politique, elle, suivait derrière, toute aussi craintive que le peuple.

LA LOI DU CADENAS DE DUPLESSIS. QU’EST-CE QUE CE FUT?(1950)
Le principal objectif de cette loi fut de faire peur au monde. Non, je ne suis plus tout à fait jeune. Un genre de vieux livre d’histoires qui a la mémoire longue. Un exemple de ma mémoire longue. Mon grand-père m’avait amené à l’imprimerie pour que je voie... la destruction de cette imprimerie par la police provinciale de Duplessis. Le pauvre propriétaire avait eu le malheur d’imprimer pour les Témoins de Jéhova qu’on faisait passer pour des communistes. Mon grand-père avait même tenté de stopper le processus, car il connaissait le pauvre propriétaire de l’imprimerie, un monsieur Bélisle, mais le mal était déjà fait. Mon grand-père fut totalement complètement scandalisé. Oui, oui, oui, ce fut LA LOI DU CADENAS qu’on appliqua au Québec mes amis... avant hier! Pas vieux du tout dans l’histoire. PP. Police politique qui couchait avec Duplessis et qui continue de coucher presaque toujours avec les gouvernements qui suivent.
C'est pas parce que tu es du mauvais bord que tu es obligé de manger de la "merde". On oublie trop souvent qu'être riche est un privilège et il y a actuellement beaucoup trop de riches quand on considère les milliards de pauvres dans le monde, dont des enfants qui par milliers meurent de faim. Ça me fait penser à mon grand-père qui était toujours surpris de faire un gros salaire. Après la guerre il avait vu arriver les syndicats et monter son salaire et surprise, pour faire la même job, il a pu avoir l'argent pour se construire une maison. Avant, il n'avait jamais pu. Le système économique nous avantageait! Or, la terre est faite pour tout le monde avec un devoir de partage. Ce que les riches ignorent. Trop de riches mes amis. Je me souviens des Noëls où j'ai donné des gros cadeaux à mes enfants. Souvent, à ma surprise, ils jouaient davantage avec les boîtes des carton tout indiquées pour susciter leur créativité que le cadeau "glamour" que ne les rendait que de vulgaires consommateurs ou consuméristes. J'ai beaucoup travaillé avec les pauvres. Je me suis toujours organisé pour qu'on leur serve des repas genre "Ritz". C'est-tu clair? Actuellement, des étudiant(e)s de McGill ont un restaurant qu'ils font fonctionner avec les nourritures rejetées par les hôtels de Montréal et des restaurants huppés. Vous devriez y aller manger. On y mange très bien. Une société de "maudits cochons", c'est simple, qui me révolte! Première réaction avec les Syriens, on ne voulait pas les avoir. Ils s'en venaient nous prendre nos jobs. Bandes d'ignorants. C'est ne pas connaître beaucoup sa géographie et la planète. Non, au Québec, on devient de plus en plus ignorants, prétentieux et pingres. Petit mot de la fin. Saviez-vous que les gens généreux ont une vie plus longue et surtout plus heureuse. Car, être généreux, c'est être plus épanoui. Donc, donnons, ça nous décrotte le nez et ça nous fait mieux respirer. Et pour finir. Pourquoi ne nous donnerions-nous pas la peine de faire un acte gratuit. Entrer au Tim avec un itinérant? Vous avez pas essayé? Ça risque de vous déniaiser. Ma dernière expérience? Avec un "esquimaud" à Montréal. Sentait la tonne. Avait seulement besoin qu'on l'écoute, ce que j'ai fait pendant un quart d'heure. Le tout s'est terminé par un "take care brother" et un "hug" carabiné. C'est vrai que j'ai fait dix ans de bénévolat en prison. Les plus grands voleurs? Les banques! Et on le liche le cul en bourrant nos cartes de crédit et en payant les intérêts. Un beau monde! Hein!
Mais, mon école et mon collège St-Laurent ne tombèrent pas dans le piège d'essayer de nous cacher des chose. L’esprit y était très ouvert, mais très discret, "pour ne pas se faire taper sur les doigts", comme on disait. M. Henri Gratton, 7e année à St-Gérard, me disait, au primaire; « Mon Richard, tu es un homme libre. Le bon Dieu t’a fait ainsi et même si le pape t’ordonnait de faire telle chose et que ton intelligence te dit de faire le contraire, tu as le devoir de suivre ton intelligence. Tu es un homme libre Richard! » C’était assez clair, n’est-ce pas? Oui, ce monsieur Gratton me marqua pour la vie. Il devint pour moi comme cette ligne qui divise la terre en deux, D’ailleurs, à l’école, comme professeur. je m’étais échappé à propos de cette liberté. « Une petite question Monsieur! » Est-ce que se masturber est moral? » Je lui répondis à la Jésuite : qu’est-ce que tu en penses mon enfant? Heu!!!!!! Je ne le sais pas, me dit-il. Et finalement, voyant son hésitation, je lui demandai dret là : « Est-ce que ça te fait du bien? » « Ah oui monsieur! » Tout le monde éclata de rire. Je lui répliquai: « Alors, c’est moral si tu le fais dans le respect de ta personne et des autres. » J’eus l’impression que je venais de dire quelque chose d’important, car les yeux de tout le monde s’écarquillèrent comme de vrais poissons. Ça ne prit pas de temps que mon patron, intelligent, me fit venir. Il me demanda seulement un peu de discrétion. Il fallait. pour sa part, qu’il soit prudent, car il s'adressait à un jeune moraliste. Moraliste au moins un peu. Prof. de moral. C’est la base de la morale, se faire du bien dans le respect de soi et des autres. Et vlan!
Je pense surtout que lorsque les choses vont mal, il faut faire l'effort de s'éloigner énergiquement de tout ce qui peut ressembler à du négatif. Avec le suicide, par exemple, j'ai du faire des "deals" assez souvent. J'étais très près de Raymond (mon psy.) à cause de ça. Raymond et moi étions amis depuis 40 ans. Il me connaissait sous toutes mes coutures.


"Tiens-toi loin de ça Richard!" Me disait-il. Je l'écoutais parfaitement, car je devais surtout être efficace dans mes interventions. Je n'avais donc pas le temps de me faire distraire par du négatif et Raymond à qui je disais tout comme à un confesseur corrigeait la "barre" si je divaguais. Il me connaissait très bien! Donc, se tenir loin de tout ce qui est "plaignages". Ça va mal! Et les handicaps de toutes sortes que le monde peut avoir ou aime avoir. Des plaignages peuvent nous empoisonner la vie. Se méfier des amis dangereux malgré eux! Voir tout en POSITIF, POSITIF, POSITIF. Mon truc à l'époque était d'aller voir des films ou je pouvais rire aux larmes et pleurer, presque crier. Une véritable thérapie. C'était une obligation morale incontournable le dimanche soir à l'Outremont, Ouimetoscope, Élisée, Avenue du parc. On fait sa vie. Y faut y croire. On doit aussi se manipuler, parfois comme un enfant. Un bonbon nous attire, on saute dessus. On doit tenir à toujours être le maître de sa destinée. Malheur à nous si on fait autrement. Il faut utiliser des ruses avec soi-même. Ne pas se laisser berner. Bien sûr, que ce que je dis, c'est pour moi, c'est pas pour le voisin. Chacun sa technique. Et la lecture! Quand je lis, je ne suis plus là. Je suis dans le livre. Un coup de pied au "cul", je vais marcher dehors. La Grande Ourse, je l'embrasse, elle me surveille. C'est ma première blonde qui est là. Non, non, non, ne pas se laisser aller. On doit à tout prix être le capitaine de son bateau et ne laisser personne prendre notre place ni les événements non plus. C'est moi le patron, ce n’est pas le voisin. Qu'il pense ce qu'il veut. J'ai eu l'immense honneur d'avoir l'amour de beaucoup de monde, votre aide et tout et tout dans ce Réseau adoré. Je ne dois pas le gâcher. On apprend tous les jours. Donc, on fait des gaffes tous les jours...et des bons coups. Pas de gaffes, pas d'expérience, on n'apprend rien. Beige pour la vie! Oui, on court pour se faire aimer. Faut en être conscient pour ne pas courir pour rien. Voilà, c'était un bout de chemin. Toujours se réserver des bornes d'urgence. Un ami chaleureux, une activité qui me sort de moi. Y faut pas se laisser faire, quoi! Avoir l'esprit critique, être aux aguets. S'autocritiquer sans limites. "Est-ce que j'ai eu de l'allure dans telles circonstances?' Quels étaient ceux qui étaient pour moi et ceux qui étaient contre moi. Savoir découvrir les vraies intentions des gens. Leur agir nous parle plus fort que leurs plus belles paroles. Ne jamais être naïf. Ce n'est surtout pas un signe d'intelligence que de l'être. Se comporter toujours comme en pays ennemi! Presque. Comme le capitaine de bateau de guerre. Savoir reconnaître ses amis de ses ennemis ou si-non, on se fait couler. Savoir ne jamais exposer son jeu comme au poker. Tu révèles ton jeu, tu es fini, tu n'as plus rien à négocier, surtout avec les patrons. Être doux comme un mouton, rusé comme un renard et féroce comme un lion. Il faut être les trois. Ne pas oublier que ce n'est pas la dépresse qui surtout apporte le suicide. Ce sont surtout les fausses conceptions que nous avons de la vie et si on ne se réveille pas, on tourne en rond.
Jamais je n'ai eu de toute ma vie un agenda à l'école. Je pense que les gens font ça avec les enfants pour se donner bonne conscience. Jamais personne ne m'a dit que je devais faire ceci ou cela. Je pense que l'exemple des adultes signifiants pour moi m'a été suffisant. Un détail différent, j'ai eu le même professeur toute l'année à aller jusqu'en 9e primaire ou 2e secondaire. Il me semble que ça nous faisait encore une vie plus stable sans agenda. J'avais d'ailleurs déjà plein de modèles dans ma tête sans que personne m'en ait parlé. Je ne veux vendre aucune salade. Je ne suis pas un enfant de Summerhill ou je ne sais quoi. Je suis un enfant de Youville, le quartier et fier de l'être.

Aujourd'hui, malheureusement, tout a changé.

Ma grand-mère n'avait jamais élevé d'enfant. Elle avait toujours eu des nounous. Elle décida donc que l'oncle Gabriel serait ma nounou. Personne n'aura eu une nounou aussi douce que celui que j'ai (un peu plus plus tard!). Gabriel. L'archange? Presque. Ma mère me manquait mais j'étais plus vieux. Mais à partir de 16 ans, elle venait me voir tous les dimanches au collège. Cette chère maman qui avait ce « petit » en plus. Ce ne fut pas long cependant que j'ai pris les petits en charge pour la dépanner.
MON BATEAU
Le premier bateau sur lequel j’ai travaillé comme marin à 16 ans fut le Edward Cornwalis qui me faisait peur tellement il avait l’air d’une coquille que seule la peinture gardait à flot. On n’avait pas prévu que mes deux parents décéderaient le même été. C’est l’appréhension de mon nouveau capitaine du N. B. McClean qui me convainquit de rester à terre. Je lui en suis totalement reconnaissant, car mes deux parents devaient mourir, ma mère, le 17 juillet, et mon père, le 8 août. Ça ne s’oublie jamais.Ce fut une période difficile. Risquez d'être au Pôle Nord à leurs décès. Perte de ma maison. Le retour au collège que j'aimais bien fut une grande consolation. Les bons pères me prirent en charge pas à peu près. Je fis, en plus, un coma de 2 jours en arrivant. Décidément, les planètes n'étaient pas tout à fait enlignées en ma faveur, mais ce ne fut que passager. Et sur le bateau, ce n'était que des Anglais qui sacraient comme des déchaînés. Soi-disant des étudiants de Mc-Gill. Ça leur faisait toute une "jambe". On me transféra vite de bateau et tout alla mieux. Les Anglais étaient "chez eux" au Canada et nous, non.

Une coquille que seule la peinture gardait à flot!

Le Cornwalis, une vieille coquille de la marine marchande du Canada. Je trouvais sincèrement, que l’épaisseur de peinture suffisait à le garder à flot, car la coque était tellement rouillée, que je ne lui faisait pas trop confiance. J’avais toujours peur qu’il ne coule pour un rien. La chance était vraiment de mon côté, car, le départ était toujours retardé due à des incidents de toutes sortes dont le feu qui détruisit en bonne partie le C.D. HOWE à l’époque. Ceci me permit donc d’avoir un salaire tout en me permettant de rester au port et de rentrer à la maison pour voir ma grand-mère, car personne ne me parlait de rien. J’étais comme seul, isolé sur mon épave et j’étais assez intelligent pour réaliser que les choses ne s’amélioraient pas du tout, qu’au contraire, la santé de ma grand-mère diminuait de jour en jour. J'avais 16 ans et je trouve maintenant, qu'on m'en demandait pas mal pour mon âge. On me fit comprendre plus tard, qu’on ne voulait me parler de rien pour ne pas que j’aie de la peine. Les adultes qui m’entouraient ne voulaient pas que je vois ma grand-mère morte. Un raisonnement, très sincèrement, que je n’ai jamais compris. Après avoir été changé de bateau, sur le N.B. McClean, qui avait, entre autres, un équipage complet qui parlait français, je pris mon courage à deux mains pour aller parler au capitaine et l’informer de ma situation très délicate. J’avais peur de ne plus revoir ma grand-mère si je partais pour le Pôle-Nord. Je savais que c’était délicat, car j’avais obtenu ce travail par l’entremise du ministre Pinard, responsable du transport au Canada. C’était un ami de la famille. Mais le capitaine à qui je parlai, comprit tout de suite la gravité de la situation et m’invita à quitter le bateau et mon emploi au moment qui me conviendrait. Je décidai de quitter sur-le-champ, inquiet que j’étais de ne pas être présent à la mort de ma grand-mère. Le lendemain, tante Pauline vint m’avertir que ma grand-mère n’en n’avait pour à peine un ou deux jours encore à vivre. Ceci me rassura, enfin, je pouvais me faire une idée des événements qui s’annonçaient.
MES GRANDS PARENTS
Je ne dois pas minimiser ma grand-mère qui était une femme "frustrée" peut-être mais qui sut me donner un foule de conseils dont certains me servent encore aujourd'hui. Elle avait été femme d'affaires et avait plutôt les pieds bien à terre. Je me suis souvent assis à côté d'elle, sur son lit de mort et combien de conseils judicieux elle m'a donnés. C'était toujours court mais précis.

 

 

 

 

 

 

 

Ma mère adoptive sur son lit de mort. Remarquez sa sacoche
tout près, à sa gauche. Toute la comptabilité s'y trouvait.


Je ne dois pas minimiser ma grand-mère qui était une femme "frustrée" peut-être mais qui sut me donner un foule de conseils dont certains me servent encore aujourd'hui. Elle avait été femme d'affaires et avait plutôt les pieds bien à terre. Je me suis souvent assis à côté d'elle, sur son lit de mort et combien de conseils judicieux elle m'a donnés. C'était toujours court mais précis.

Mes parents adoptifs décédés, j'ai trouvé ça dur mais j'ai découvert un avantage incontournable. J'étais devenu mon propre chef et j'en étais fier. Ça me rappelait les "dires" de mon prof. Gratton, sur ma liberté. N'oublie pas que tu es ton propre chef Richard! Ça me restera toute la vie. J'ai respecté ma promesse de consacrer l'argent qu'on m'avait donné que pour les études. De ne pas m'engager maritalement sans avoir la formation suffisante pour faire vivre mon monde. Ce fut respecté.
Je pense donc que le contenant solide reçu de mon grand-père et le contenu solide de ma grand-mère et des gens de mon quartier ont fait de moi un homme fier de l'être. Avec des handicaps moyens. Oui, je le
sais. J'ai du composer avec eux et je continue. Ma vie a été belle et dure parfois mais, c'est la vie!En résumé, je pense qu'on n'est pas obligé de demander des choses d'adulte à un enfant. Il faut profondément croire en sa nature. Il risque de le savoir plus que nous autres. Un exemple flagrant. À trois ans, je ne savais pas du tout qui était mon père. Mais, voilà-tu pas que la maison s'est rempli de monde qui revenait de la guerre et que mon père s'y trouvait. Jamais on ne m'avait parlé de mon père. Jamais. Et pourtant, cette nuit là, ma nature m'a indiqué qui il était et somnambule, je dormais et je suis allé me coucher de tout mon long sur mon père, joue contre joue. Il s'éveilla en sursaut et me donna l'ordre de retourner me coucher dans mon lit. Ma nature m'avait fait faire le contact physique nécessaire à tout enfant. J'avais donc une nature solide. Oui, la nature d'un enfant le guide vers ses besoins. Faut-il au moins ne pas lui nuire. C'est humblement mon histoire et l'histoire de ma nature! Laissez donc les enfants vivre leur enfance. On est un monde adulte tellement névrosé qu'on en rend malades nos enfants qui justement ne peuvent plus être des enfants.Un enfant du Quartier Youville!

 


UNE ÉDUCATION

Oui, à l’origine, je fus un genre de petit « étalon » qu’on doit maîtriser et j’aimai beaucoup ça, surtout au collège. Car, impossible d’être un homme si on ne se contient pas. Dans le fond, nous sommes comme cette carriole tirée par deux cheveux. L’un s’appelle RAISON et l’autre cheval s’appelle ÉMOTIONS et c’est l’équilibre des deux qui produit un être heureux. (On enseignait ça au RÉSEAU D’ENTRAIDE en prévention suicide. J’ai toujours aimé cette image extraordinaire décrivant ce qu’est un être civilisé. À la fin de ma carrière, j’ai eu affaire à un père Syrien. Vous auriez dû voir la pièce d’homme. Son garçon, présent, était d’un respect sans fin pour son père et son père, d’un amour inconditionnel pour son gars. Il lui avait inculqué profondément à être un homme respectueux des autres et de lui même. Voilà ce qu’est un homme; quelqu’un qui a du contenu et du contenant. Impossible l’un sans l’autre. Impossible l’émotion sans le rationnel et le rationnel sans les émotions. L’équilibre des deux fait un être humain fort et épanoui.
C’est sans doute ce qui m’a toujours attiré dans ce qu’on appelait dans le temps, la discipline. Je pense aussi tendrement à cette sculpture formidable de Mme Huntington, qui a pour titre : « Taming the Wild! » Oui, maîtriser le « sauvage » en soi, devenir un être civilisé au contenu solide, car ayant du contenant.

 

 

 

 

 

Maîtriser l’animal sauvage en soi.
Mon grand-père me l’enseigna sans utiliser de grandes paroles ni de grand discours. Ce fut l’exemple qui prévalut. 6 h 20 le matin, le cadran Big Ben, un bruit d’enfer, se faisait entendre. Je crus tout le temps que le quartier s'éveillait en même temps que mon grand-père qui s’éveillait pour aller travailler. Il quittait tout de suite son lit et se dirigeait vers la salle de bain dans le plus simple appareil. Oui, il y avait une fidélité au temps dans cette maison. De la discipline. Pas imposée par une torture, mais par l’exemple. J’avais l’impression, qu’au loin, un gros ours se dirigeait sur moi, gros poilu noir qui dégageait déjà sa bonté habituelle de tous les jours. On demande à une personne d’être fidèle, on oublie totalement qu’il y a une foule de fidélités à avoir dans la vie, pas seulement le sexe. C’est ridicule! Donc, au loin, je n’y voyais que du poil et cette figure calme et souriante qu'il fut ainsi tout le temps. Jamais de mauvaise humeur. C’était quasi le lever en chantant. Mon grand-père ne connaissait pas la maladie. Ça m’impressionnait beaucoup. Cette régularité, cette fidélité, cette efficacité. Il me parlait plus fort par ses exemples que par les plus belles paroles. Mon grand-père fut, alors que j'étais enfant, totalement fidèle à répondre à toutes les questions que je lui posai. J'avais des pourquois pour tout. Mon grand-papa, épuisé sans doute, continuais à répondre même s'il ne se souvenait tout à fait de la question. Nous prenions aussi, ensemble, de longues marches qui n'en finissaient. J'aimais beaucoup marcher et me donnai des objectifs qui devenaient de plus en plus ambitieux. Une fois, nous avions marché jusqu'au boulevard Gouin, ce qui était passablement loin de notre maison. Mon grand-papa tenu le coup. Parfois, il me mettait la main sur la tête et disait : » fais ton possible mon pit! » Ce furent les seules paroles que j’entendis de lui, mais elles ne furent jamais banales pour moi. Sans m’en rendre compte, on me dressait un contenant. En d’autres mots, savoir se tenir et se contenir. Avoir du nerf!
Chapitre XI

UN BRIN DE VIE


MA GRAND-MÈRE ET MON GRAND-PÈRE
Un indice me fait soupçonner que les services sociaux eux-mêmes étaient très hésitants que je sois hébergé dans la même famille que ma mère. On m’a dit que c’est une chose qui ne se faisait pas dans le temps. Le délai énorme entre mon admission à la maison, mois de mai 1940 et la date officielle de mon adoption, le 4 septembre 1946, me révèle que les services sociaux se posaient des questions quant à mon sort.  Je me souviens que je m’ennuyais, que je déprimais même. J’attendais toujours l’arrivée de ma mère. Beaucoup plus tard, comme intervenant, je découvris que les enfants dépressifs, au primaire, étaient souvent de ces enfants de mères dépressives. Je fus ému de la découverte et tout heureux de pouvoir offrir mes services à ces enfants qui vivaient la même chose que j’avais vécue dans mon enfance. Dans le fond, ce que je vivais, ce n’était pas drôle du tout.  Je me souviens vaguement de l’intervention des services sociaux pour que j’aie un lit à moi dans la maison. La grand-mère qui calculait toujours ses sous, ce que je n’ai jamais compris, me soulignait souvent la dépense qu’elle avait dû faire. On m’avait vraiment adopté par obligation. J'avais bien raison d'avoir peur de ma grand-mère, car elle avait provoqué ma mère, le tout qui s'était terminé dans un quasi-bain de sang. Tout cela, pour démolir ma pauvre mère qui en fut marquée à vie. On m’avait donc vraiment adopté par obligation.  Oui, sans savoir vraiment que c’était ma soeur Claire qui était ma mère. J’y étais beaucoup attachée. J’ai appris à prendre « mon trou » comme on dit et j’étais devenu très prudent, car je constatais que mon oncle Gabriel avait été retenu à la maison pour devenir « la servante » de sa mère, ma grand-mère.  Vous vous imaginez, on le faisait passer pour fou après avoir, soi-disant, eu un accident d’auto ou il aurait été « sonné » brutalement. Un frontal peut-être, disait-on. Ma théorie personnelle est, je pense, beaucoup plus réaliste.  Mon oncle Gabriel aurait fait le fou pour éviter d’être placé à l’orphelinat, car il venait de perdre son père et la grand-mère avait décidé de placer tous ses garçons à l’orphelinat afin de continuer à faire rouler le commerce. Gabriel avait alors 14 ans, âge d’aller travailler dans le temps.  J’ai toujours soupçonné que Marcel, son second gars à ma grand-mère, se serait suicidé à l’âge de 15 ans. Il avait 11 ans quand il est entré à l’orphelinat les Buissonnets (soi-disant un orphelinat pour délinquants) à Montréal (sur le terrain de ce qui est maintenant, la Place des Arts.) Il s’ennuyait beaucoup, j’imagine. J’aimerais bien avoir accès au dossier le concernant, mais les événements remontent en 1926.  Ma grand-mère avait pourtant une servante à la maison qui fut ma propre grand-mère Labelle, née Dubreuil. Je ne l’ai jamais connue cette grand-mère propre. On m’a dit qu’elle était très bonne et très douce, mais jamais satisfaite de son sort avec son mari, mon grand-père Joseph-Henri. Elle est morte de tuberculose, une maladie commune dans le temps.  Mon grand-père enterra donc le même jour, sa femme et son p’tit gars André. D’autre part, ma propre mère m’a laissé entendre que la grand-mère était violente avec ses gars, qu’elle les battait et je le crois. Confirmée par ma mère et par ma cousine Gertrude, ma grand-mère battait son plus jeune, Charles, mon père, à coups de bâtons (13/01/2015). J’ai eu bien raison d’attendre patiemment que les événements me soient révélés au rythme des personnes qui voulaient bien m’en parler pour m'aider à compléter ma généalogie.  Ma grand-mère fut aussi parfois violente avec moi ce qui m'amena à être très prudent.  Je remercie le Bon Dieu d’avoir été assez intelligent et perspicace pour savoir que mon sort dépendait de ma prudence. Pour moi, la grand-mère, c’était la terreur.   J’eus, malgré tout, de bons moments avec elle.  C’était une femme frustrée d’avoir été enrôlée dans un mariage forcé avec un veuf, fils de médecin. Dans le temps, on ne disait pas non à un fils de médecin.  Les curés, elle ne les aimait pas non plus. Son mari, mon grand-père Frégeau, lui fit 7 enfants d’affilée et décéda, alors que le septième n’était pas encore né. Elle avait de quoi à avoir son « voyage », cette grand-mère! Et dans le temps, en plus, la femme ne pesait pas fort dans la balance. Vous vous imaginez, c’était un péché mortel que de refuser ses services sexuels au mari. Une véritable déchéance religieuse. Les évêques du temps sont à blâmer gravement ainsi que tout le système religieux avec. Des fous!  Maintenant, ils ramassent la graine de la colère qu’ils ont semée.  Je souhaite que tout cela disparaisse, ça n’a plus de raison d’exister. Les porteurs du message ont été de parfaits incompétents sauf quelques-uns.  Et le grand-père de son côté avait des problèmes.  C’était un chaud lapin et je soupçonne qu’il courrait parfois la galipote et peut-être plus. Ma grand-mère n’était pas encore morte qu’il y avait une nouvelle femme dans la maison. Il a été jusqu’à me dire que ce serait ma nouvelle mère. Je ne la trouvai pas drôle du tout, mais ma tante Pauline, qui avait pas mal d’autorité, l’avait sermonné.  Donc, je venais de comprendre que ma grand-mère disparue, je tomberais en de très mauvaises mains, une nouvelle belle-mère et que ma vie était sans doute finie.   C’est assez surprenant, mais je pensai tout de suite au suicide comme solution.  C’était la seule porte de sortie qui me restait, mais le destin arrange parfois les choses. Mon grand-père décéda trois semaines plus tard, le 8 août, après avoir passé trois semaines à pleurer toutes les nuits la mort de sa femme. On ne peut absolument pas dire qu'il n'aimait pas sa femme. Il lui avait construit un château de toute beauté à Montréal, mais elle ne fut jamais satisfaite. Après ces trois semaines dramatiques, après souper, alors qu'il rendait visite à un locataire, il s'écrasa, mort de peine. Cette grand-mère n'avait jamais compris la façon d'aimer de mon grand-père qui pourtant lui aurait décroché la lune pour lui faire plaisir.   Ce fut malgré tout une véritable délivrance pour moi, car je sentais bien que mon grand-père n'avait pas du tout les mêmes vus que moi concernant mon avenir. Je pense sincèrement que dans sa bonté, dépassé vraiment par les événements, mon grand-père avait tout simplement décidé de tirer sa révérence ayant la crainte d'être torturé par une autre situation qui s'annonçait devoir être encore plus compliquée. Donc, j'allais hériter et me rapprocherais de ma mère. Du côté de ma mère, ce n’était pas au beau fixe non plus. J’ai toujours été convaincu que, sous l'influence de mon beau-père, mon argent l’intéressait plus que ma propre personne.  L'argent, l'argent, l'argent, ce que ça peut avoir comme effet sur les gens.Elle avait pourtant hérité elle aussi. Mais le beau-père dilapida très rapidement son héritage. Elle se retrouva sans le sou et dépendante d’un gars saoul pas fiable du tout et menteur comme ça ne se peut pas, comme tous les gars saouls peuvent l’être d'ailleurs.
Finalement, je fus élevé comme si j'avais été plus enrôlé pour m'occuper des autres plutôt que les autres s'occuper de moi. Je fus donc un genre de petit homme raisonnable avant son temps. La grand-mère, même si je me méfiais d'elle, finissait toujours par me faire entendre ses longues plaintes sur la vie. Pris avec sans mari, veuve, avec sept enfants dont le dernier vint au monde sans père, celui-ci étant déjà mort. Oui, un genre de petit homme très raisonnable, une MARCEL
MA NAISSANCE
On a écrit sur mon acte de naissance, de parents inconnus. La personne des services sociaux qui a écrit brièvement mon histoire l’a fait à la main, par respect pour moi, j'en suis sûr. Ma première mère a donc été mon Québec qui s’est transformé en mère pour m’accueillir. Je n’avais pas de parents. Ho!  que si!  Ma province, ma mère! C’est elle qui a commencé à s’occuper de moi. J’ai le sens de l’État depuis longtemps. Je l’ai toujours eu, car je sentais comme cette ombre qui me cherchait pour me protéger. Je vins au monde d’une fille mère, fin 1939. On venait tout juste de découvrir qu’elle était enceinte, la pauvre. C’est à la rentrée scolaire de septembre 39 que le médecin de l’école St-Vincent-Ferrier découvrit que ma mère m’attendait. Rien n’y paraissait ou si peu. Toute sa vie ma mère fut discrète. Elle l'a été avant ma naissance sans doute terrifiée par l'échéance qui s'annonçait. Ça vient sans doute d’elle, mon attitude d’être secret, parfois.  On ne voulait pas qu’elle prenne trop de place.  Vous vous imaginez, une fille mère dans le temps.  C’était une moins que rien.  Pour se défendre, elle était restée "p’tite fille". 
Elle eut certaines bonnes amies.  Je me souviens en particulier de Lucille Beaudoin dont la mère travaillait pour la Canada Steamship Line. Un jour, Lucille décéda, elle avait la tuberculose.  Je ne serais pas surpris de découvrir que ma mère l’avait aussi. Elle avait du prendre un long repos. Une autre bonne amie pour ma mère fut une voisine de la rue Casgrain, Claire Chassé. Très bonne, elle fut pour ma mère d'un soutien indéfectible.
 Sitôt né à l’hôpital Ste-Mary’s, endroit qui fut sans doute choisi par ma tante Pauline qui a toujours joué un rôle pour me protéger, car c’était un endroit plus discret, je fus dès le lendemain transféré à la crèche d’Youville  ou l’on me baptisa, né de père et de mère inconnus.  Même si ma grand-mère payait pour me garder à la crèche, il ne faut pas oublier non plus que j’étais sous la protection des services sociaux de Montréal.  Ma grand-mère payait pour ne pas que je sois soumis à l’adoption. Je fus simplement un pensionnaire à la crèche tenue par les Sœurs grises de Montréal, communauté que ma grand-mère haïssait au plus haut point. On devinera que l'antagonisme de la grand-mère tournait autour de l'argent qu'elle devait payer pour moi à la crèche.  
Dans le temps, les hommes avaient le beau rôle. Comme Claire Labelle, fille de Joseph-Henri Labelle, époux en seconde noce de Mme Frégeau avait été mise enceinte par Charles-Eugène Frégeau, fils de ma grand-mère Mme Frégeau, il fut convenu que mes grands-parents m’adopteraient pour, j’imagine, sauver l’honneur de part et d’autre. La pauvre grand-mère n’était plus jeune (53 ans environ) ni mon grand-père (45 ans environ), ils furent souvent éprouvés par un enfant qui était rapide comme une anguille.  J’étais curieux, très curieux me dit-on et je déplaçais de l’air, pas mal.  Mais, curieusement, j’ai eu des enfants moi-même sur le tard et je ne trouvai ça pas si mal.  Il est certain que plus on prend de l’âge plus on est inquiet pour ses enfants. On tâche d’arranger les choses pour qu’ils soient en sécurité. Or l’âge devient un handicap, car on ne peut vivre aussi longtemps que de jeunes parents pour aider nos enfants.
 
UN MONDE PARFOIS TERRIFIANT
 
Je ne peux décrire parfaitement ce qui se passait dans mon entourage, car j’ai des souvenirs par bribes. L’ambiance familiale n’était pas au mieux, c'est certain. Il y avait souvent des chicanes me concernant et, à vrai dire, je ne me sentais pas du tout le bienvenu dans cette famille. La mère de ma grande cousine se demandait même comment, moi enfant, je pouvais vivre dans un tel contexte. « Pauvre enfant » disait-elle, « pas de maman, pas de papa. C'est pas une vie! » Gertrude m'a rajouté que j'étais aussi, vraiment, le petit préféré de sa mère. Elle m'a rajouté qu'elle en était presque jalouse. Lorsqu'on annonçais ma visite, tout de suite Henriette (la sœur de mon grand-père Labelle, Henri) se mettait au travail pour me faire des bonnes tartes aux pommes cuites, comme je les aimais, au four à bois. Tout se faisait au four à bois, dans cet endroit, à la campagne, à Fulford plus précisément. (Confirmé par ma grande cousine, Gertrude.) Je me suis aussi souvent demandé, des années plus tard, comment les autorités avaient pu accepter mon adoption. Il y a quelques semaines, ma bonne vieille tante Gertrude, 90 ans, une copie conforme de ma mère, me confirma ce qu’elle n’avait jamais osé faire avant. Elle m’a dit simplement, « Richard, chez nous, nous étions scandalisés de voir comment les Labelle t’ont reçu comme enfant adopté dans leur famille. » J’ai attendu vingt ans, comme généalogiste, pour avoir cette confidence. Je voulais savoir, mais je sentais un malaise terrible chez Gertrude. « Ha, t’es fatigant avec ta généalogie! »  C’est donc qu’elle avait quelque chose à cacher, me disais-je. On agissait, continua Gertrude, comme si on avait souhaité ta disparition. Tu étais régulièrement dépressif, car tu manquais ta mère Claire et tout à coup, tu reprenais du mieux quand ta mère revenait. Ta mère elle-même n’en menait pas large. Elle n’avait plus de santé. En fait, elle fut martyrisée pendant des années. Des attaques sournoises de la belle-mère, ma grand-mère qu’on appelait Marguerite, sur toujours le même thème comme de quoi, c’était de sa faute, à ma mère, si Charles, mon père, lui avait fait un petit.  Pourtant, le Dr Cadieux avait chicané mes grands-parents pour avoir laissé deux adolescents, seuls, à la maison. Il les avait carrément traités d’immatures. Pas rien n’est-ce pas. Ma mère, qui manquait beaucoup d’affection, terriblement et un beau gars, en pleine forme. La situation dégénéra tout naturellement. Dans l’enseignement, je découvris bien vite que les petits enfants qui étaient dépressifs à l’école avaient tout simplement une mère qui était dépressive aussi et donc, il fallait soigner les deux. Cette observation me ramena à moi. J’en fus bouleversé et j’en parlai à tous les membres du comité dont je faisais partie. La prévention du suicide m’a appris beaucoup de choses sur mon propre vécu. À sept ans, je priais le p’tit Jésus de venir me chercher, trouvant que le ciel avait l’air bien plus beau que la terre. Je ressentis particulièrement cela au moment d’un défilé religieux qui transportait la vierge comme sur un nuage au moment du Congrès eucharistique de Montréal de 1947 au collège André Grasset de Montréal. C’était l’été, j’avais donc 7 ans et avait été officiellement adopté un an plus tôt, le 4 septembre 1946, jugement de la cour de Montréal, no. 840.  Le sommet des accrochages eut lieu sans doute un an avant à peu près. C’était sûrement un samedi, car le grand-père était à la maison et ma tante Pauline aussi. Tout ce dont je me souviens, c’est qu’il y avait beaucoup de sang et que mon grand-père avait une chaîne dans les mains, il voulait battre ma mère j'imagine.  L’accrochage ne dura qu’un instant, car ma tante Pauline, costaude, avait arrêté l’affrontement. Après,  je me souviens qu’elle était à enlever des morceaux de vitre sur la tête de la grand-mère. On avait sans doute encore sournoisement attaqué ma mère qui, prise de court, décida de se défendre énergiquement. Je m’étais réfugié sous la table de cuisine, mais je ne me souviens pas si on me donna des coups pendant cet événement ou pas, mais il est certain qu’on ne voulait pas me voir.  La grand-mère, alors qu’elle habitait Verdun, avait une réputation d’être une batteuse d’enfant. À chaque fois que je montrais des photos d’elle à mon oncle Camille, pris de frayeur, il sursautait et chaque fois qu’il me voyait, il avait la larme à l’œil, car en fait, j’étais le premier enfant de son p’tit frère préféré, Charles. Mon grand-père était malheureusement mal placé. Il ne parlait que rarement, obéissant à la grand-mère. D’autant plus que c’était un curieux de mariage, car, j’ai appris, des années plus tard qu’il avait marié ma grand-mère pour pouvoir, par la suite, mettre la main sur ma tante Pauline. Un chaud lapin, quoi! Il n’était pas seul dans le temps, soyez assurés. Mais tout cela était caché. Un vrai monde de cachettes comme aujourd’hui, j’imagine. Un monde révoltant de privilèges pour les hommes.  Mon grand-père comprit vite à qui il avait affaire et que son projet était voué à l'échec, car Pauline déménagea peu de temps après afin de prendre ses distances. Je me souviens de son déménagement comme d’hier. D’ailleurs, pour vous remettre dans l’atmosphère, ma grand-mère n’était pas déjà morte, que deux jours avant sa mort, mon grand-père avait déjà fait entrer une nouvelle femme dans la maison. Pour moi, ce fut la panique. Mais ma tante Pauline, forte et déterminée, corrigea les choses d’une façon très énergique. Le grand-père ne pouvait se passer d’avoir une femme auprès de lui. À un autre moment, c'est ma grand-mère qui me fit comprendre avec un air très autoritaire que j’étais vivant à cause d’elle. J’avais eu la scarlatine et on avait dû me donner des antibiotiques pour me soigner. Le montant d’argent qu’elle avait payé, elle l’avait sur le cœur et me le fit sentir comme de quoi, si j’étais vivant, c’est parce qu’elle avait daigné, bien vouloir, m’acheter l’antibiotique en question. Joyeux, n’est-ce pas? Ma stratégie comme enfant, ce fut d’éviter tout affrontement et de me faire oublier le plus possible. Je me tenais donc avec des gens respectables du quartier qui m’enseignaient toutes sortes de choses intéressantes. C'est ainsi que j'évitais les "accrochages" inutiles.

C’est aussi le moment ou je commençai une belle collection de timbres. J'avais environ 10 ans. Comme j'étais dans un milieu d'adultes, bien certain que j'avais des préférences qui me plaçait en avance sur le développement de mes goûts, comparés aux autres enfants de mon âge. Je pouvais aussi jouer à la balle-molle des journées complètes. Un ingénieur de Canadair me montra aussi comment faire des modèles réduits d’avions. Je découvris aussi la lecture. Quelle passion! J’épluchai tous les Bob Morane, les Jules Verne, Heyerdal, celui qui avait fait la traversé du Pacifique sur un bateau de bambou. Je croyais parfaitement à sa théorie voulant que des peuples d’Amérique du Sud avaient carrément immigré sur des bateaux de bambou en traversant l’océan Pacifique. Je lisais aussi sur les grandes civilisations mayas, toltèques, aztèques, incas et les grosses têtes olmèques de pierre. J’ai même eu la chance, plus tard, de photographier la collection complète du grand musée d’archéologie de Mexico. Bon, plusieurs se chargèrent de m’éduquer sans qu’il n’en paraisse trop auprès de la grand-mère. Je me souviens aussi de Mme Piette, toute dévouée. Elle et d'autres dames furent les premières pionnières dans la fondation de l’UQÀM. Elle m’amena à la bibliothèque Shamrock, tout à-côté du marché Jean-Talon du temps, situé dans ce qu’on appelait dans le temps, le quartier des Italiens (1948)  Le marché de mon enfance, avec la bibliothèque, tout à côté. Un beau mélange. Et si le livre était trop « hot » les pompiers étaient au premier étage! Blague! Elle m’y fit m’inscrire et m’initia aux prêts de livres. Quelle découverte qui changea ma vie. Sans qu’il n’en paraisse trop aussi, le maître de chapelle de St-Alphonse, Monsieur Gratton, tout un homme. (N’oublie pas mon Richard que tu es ton seul maître! Même si le Pape t’interdit quelque chose et que ta conscience t’indique le contraire. Tu as le devoir d’écouter ta conscience. C’est St-Thomas d’Aquin qui le dit dans ses écrits théologiques.) Il m’invita à faire partie de la chorale. Quelle expérience pour le temps. Je faussais terriblement et je n’avais, pour tout dire, pas de voix. Je soupçonne que ce bon prof. adoré voulait tout simplement me faire sortir de chez moi le soir afin que e puisse m’aérer l’esprit un peu et apprendre auprès des autres. Je vivais tout simplement « encabané » comme dans un monastère et pire, chez moi, à la maison. Pensez-y dont. J’étais tout heureux de pouvoir faire cette activité de chorale les soirs, occasionnellement. Je fus quasiment adopté par le quartier qui me prit littéralement en charge. Certains avaient l’œil sur moi pour sans doute éviter qu’on me brusque. Tout le monde savait que j'étais le fils de Claire, la fille d'Henri. Mon grand-père ne l'a jamais caché. Seule ma grand-mère s'obstinait dans ses secrets dépassés. Donc, de tout le quartier, j'étais le seul à ne pas connaître ma mère.
 
Je fis mon premier grand voyage à St-Eustache avec M. et Mme Brunet. Nous avions mangé à l’hôtel. Quelle fête. Je n'avais jamais rien vu de tel. Un pâté au poulet. Au retour, malheureusement, nous avons eu un accident et j’ai été victime d’une petite commotion, mais tout se replaça rapidement. Mme Brunelle, tout attentionnée, fut inquiète pour moi et exigeait que je me présente chez elle tous les jours pour vérifier mon état. Elle faisait venir le docteur qu’elle payait.
LE RÔLE DE LA RADIO DANS MA VIE
Oui, je suis né avant la télévision et avant bien d'autre chose. Bouchard nous appelle même les mammouths laineux. Philomène n'existait pas sauf dans un dessin que l'on pouvait consulter sur La Patrie, journal de fin de semaine très prisé à l'époque. Le seul médium que je connaissais , tout petit, c'était la radio. Une toute petite radio blanche jaunie qui fonctionnait à lampes et semblait comme tout à fait indestructible. Quand on la changea pour une plus neuve, plus moderne disait-on, je ne le crus pas. Ma radio préférée fut toujours ma vieille radio, fidèle, pour me faire entendre tous mes programmes préférés. Je la "brassais" à l'occasion, question de lui brasser un peu les lampes et tout à coup, tout se remettait à fonctionner. Mon premier programme que j'écoutai avec rage si je puis dire fut tous les samedis après-midi, 13hs, le reportage en direct de l'opéra de New York. Je le pris comme une leçon qu'on me donnait de force. Tu dois écouter ça! Ma grand-mère aimait l'opéra et la chantait à l'occasion. Elle avait une très belle voix qui me transportait littéralement. Le passage que j'aimais le plus, Carmen: « L'amour est enfant de bohème, qui n'a jamais, jamais connu de loi. Et si tu m'aimes et si je t'aimes et si tu m'aimes prends garde à toi. L'amour est enfant dans bohème... » J'étais totalement transporté par cette musique sans vraiment en comprendre le sens complètement puisque j'étais enfant. Mais, je devinais qu'il y avait quelque chose d'assez fort derrière ces mots et ces notes. Donc, je vivais dans un quartier oû certaines personnes avaient à n'en pas douter de la culture. Ma grand-mère, elle-même pratiquait ses vocalises avec la voisine d'en face, chanteuse d'Opéra et ma grand-mêre qui avait été pendant des années choriste de l'Église Notre-Dame de Montréal. Ma chère, ma chère, ma chère, ça faisait de la culture dans la maison et pas seulement du fumier. Si ma grand-mère lisait ça, sûrement que je mangerait une petite tape derrière la tête. C'était aussi l'époque aussi où je lisais Jules Verne. Cette radio avait même survécu à l'immense choc d'une explosion provenant d'une fabrique de bombes à proximité de notre maison. Ma grand-mère qui nous avait cassé les oreilles à tous les jours en nous prédisant dans ses feuilles de thé une catastrophe apocalyptique oû toutes les bombes de la manufacture nous tomberait dessus. Ceci arriva, bien sûr. C'est évident qu'une usine de bombes finits toujours par sauter. Pour moi, enfant, ce fut un grandiose feu d'artifice oû tous les sifflements que vous pouvez imaginer se faisaient entendre sans compter, les super-bombes qui faisaient sauter des édifices complets. Le spectacle en valait la chandelle, je vous jure. On entendit une explosion sourde, épouvantable. La terre trembla. Et, tout à coup, on vit le feu apparaître dans toutes les fenêtres d'une immense édifice et tout à coup, cet immeuble se mit doucement à se disloquer de sa base et à monter doucement dans la airs ou subitement tous les murs qui la soutenaient s'ouvrirent pour faire paraître le feu qui habitait l'édifice au complet. Ce fut la quasi fin, si on puis dire, de ce feu d'artifice magnifique. Une dernière forte explosion fit finalement bondir mon petit radio blanc jaunâtre sur le blancher. Je le pensais mort, ce pauvre radio pour finalement réaliser avec ses grichements, ses crachats, ses hurlements, et ses sons tous déformés, qu'il était encore vivant. https://www.youtube.com/watch?v=36RjVOi32sA Vous vous souvenez du fameux programme d'Yvan L'Intrépide dont la musique thème était tirée des Valkéries de Richard Wagner. Tout ce qu'il fallait à un tout jeune comme moi, de partir en « voyage » dans un autre monde aux rêves multiples. C'est un programme que je n'aurais jamais manqué pour tout l'or du monde. Je n'habitais plus le 8517 Casgrain quand j'écoutais ce merveilleux programme d'aventure. Yvan L'Intrépide, je l'ai encore bien fixé dans mon coeur. Il m'a permis de survivre à bien des déboires. Avec lui, je quittais la terre pour partir dans une aventure sans fin.

LE RÔLE DU CINÉMA DANS MA VIE C'est vers 10 ans que j'eu l'immense privilège d'aller aux p'tites vues autant de fois que je voulais les fins de semaine. Cela se passait à la fameuse salle paroissiale de St-Alphonse-D'Youville. Une salle de toute beauté, digne des plus beaux cinéma avec tout l'équipement super moderne et les films 35mm qui venaient avec. Nous étions donc très gâtés. Jamais je n'aurais manqué une présentation. Donc, film le samedi matin, le samedi après-midi et le dimanche après-midi. Je devins un véritable enragé du cinéma et quel cinéma. Cinéma de peur et d'action surtout. Laurel et Hardy, Foumanchu, (Que j'ai dont eu peur avec ces films d'horreurs où l'ennemi de Foumanchu finit toujours dans le bassin aux alligators où il se fait dévorer de plus belle.) Roy Rogers. Mon cowboy préféré. Bref, ce fut le cinéma préféré de mon enfance ce qui me permit de vivre pendant des années sur un nuage de rêves. Ceci me sauva aussi la vie, que ce genre d'occupation à la bohême sur laquelle plus personne d'avait de contrôle. De toute façon, ma grand-même était toute heureuse de me donner les dix sous qui la libérait de ma bruyante présence. Quand j'étais aux « petites vues », je n'étais pas à la maison et c'était ainsi la paix gagnée pour tout le monde.
Bien certain, que ce ne fut que le début de mes activités comme cinéfiles. Les clubs d'activités cinématographiques allaient m'apprendre bien d'autres choses. C'est au collège que j'en découvrir les avantages. Je tombai, bien sûr, dans une catégorie de films de beaucoup plus de haut niveau. Ça ne m'empêcha pas non plus de m'attacher à certains films à l'eau de rose qui commençèrent à raviner mes débuts de l'adolescence. Je tombais, à l'époque, littéralement en amour avec certaines des actrices de ces aventures amoureuses. Ces années virent, bien certain, s'éveiller en moi les joies de l'amour. Mon monde se divisa carrément en deux catégories, les femmes, et beaucoup plus loin les hommes. Les femmes, pour leur beauté et les hommes pour leur courage. Les films de guerres ne me quittèrent cependant pas. J'ai encore, dans ma tête, un film d'une beauté incroyable avec une musique tout aussi incroyable. Cette musique me transporte encore aujourd'hui, me rappelant le courage de ma famille qui a fait les deux guerres mondiales. Quelle fierté je ressents. Ma papa, qui de retour du front, se tua accidentellement quelques mois plus tard à Dorval. Négligeance évidente des autorités. Mais allez dont vous battre contre la Reine sur un pareil sujet. Le juge décréta que la preuve concernant la dangerosité de la situation n'avait pas été suffisamment démontrée par la poursuite. Mon œil. Tous les journaux du temps avaient démontré hors de toute doute la négligence quasi criminelle de Trans Canada à l'époque.
Et je continuai à devenir de plus en plus passionné de cet art qu'était le cinéma. J'eus le plaisir de découvrir le cinéma français, italien, japonais, de toute beauté. Je sortis, complètement bouleversé par l'histoire d'un film japonais. Le jeune amoureux, qui avait résussi à se sauver de son camp de concentration pour tenter de rejoindre son amoureuse. Tout près de réaliser son rêve, il tomba à genoux en plein champ sous la force terrible d'un blizard qui le transforma en quasi en statue de sel. C'était un film en bleu et blanc. Ce qui lui donnait un ton d'une poésie sans pareille. J'ai pleuré toute la fin de la soirée. J'avais trouvé cela tellement beau. Le film se termina. Givrés, les bras du soldat étaient restés comme figés en direction de la place où résidait son amoureuse. Ce film m'habite souvent encore aujourd'hui.
Un autre film que je garde bien précieusement en moi. Le fameux film 1900, l'histoire de l'industrialisation de l'Italie illustrée par une panoplie des meilleurs acteurs, actrices du monde entier. Une véritable fresque historique que j'ai visionnéE plusieurs fois au même cinéma, l'Outremont.
Bien difficile de me rappeler tous ces films qui m'ont fait rire, pleurer, crier et sortir de moi-même. Le fameux cinéma américain oû les claquettes dominaient ne cessa jamais de m'attirer. J'avais, plus jeune, moi-même fait de la claquette. Quelle grand plaisir de fut. J'étais ami avec toute une bande de « tsiganes » dont l'imagination me stimulait beaucoup. Je fis beaucoup de théâtre avec ces gens qui furent de passage pour un bon bout de temps, le temps de m'apprendre beaucoup du théâtre, du maquillage, des éclairages, de la musique et d'une partie incroyable, genre cirque. Quelle rêve pour l'enfant que j'étais. Jamais je ne contai l'aventure à ma grand-mêre qui m'aurait sûrement interdit de fréquenter des gens de si basse classe. Quel plaisir d'enfant que j'eux, quand ils me prenaient dans le bras pour me faire faire des pirouettes et toutes sortes de jeux cyniques qui me servirent par la suite, toute ma vie. Ce fut une période de rêve pour moi. Comme si le Grand Meaulne m'était tout à coup apparu pour m'apprendre les rudiments de la kermestre.

LE RÔLE DU THÉÂTRE DANS MA VIE
Oui, je pense que la vie est comme une pièce de théâtre. Vous êtes trépidant, une simple lumière à hauteur de trente pieds vous éclaire à peine, question de ne pas vous perdre sur la scène. Un immense rideau de trente pieds de haut et de une tonne de pesanteur vous sépare de l'auditoire bruyant. Votre « vie » va commencer. Vous tremblez, mais votre maître vous dit:"N'oublie pas, à ton premier cri, tu auras déjà la salle dans ta "poche". Quelle confiance ce maître pour moi! Et tout à coup, les trois coups et cet immense rideau de la plus grande scène du Canada s'ouvre devant moi. Un cri, la salle aux éclats. Le spectacle débute et file à vive allure. C'est la vie qui file. 2e et 3e acte et c'est quasiment la fin et tout à coup Marcel Fugère, mon grand ami me serre la main très fort. Pas de panique! C'est la fin! Et cet immense rideau qui nous entourait presque comme une mère. Molière a dit:"La comédie est finie!" Et il s'est éteint. J'ai toujours retenu cette allusion à la mort, toute ma vie. "Fini la comédie." Je me suis fait dire que mon attention diminuait. Autre signe qu'un jour le rideau va se fermer. J'ai tellement été aimé, je suis serein. Et j'ai tellement aimé! Oui, il faut tous se demander vers quelle fin nous nous dirigeons. Est-ce que nous aurons fait notre devoir, rempli nos obligations? Ma grand-mère rajouterait, « Est-ce que nous avons été compétents? » Prêts à affronter ce grand rideau sidéral qui va aussi nous entourer comme une mère, une mer infinie. L'ami indien nous dirait, "N'oublie jamais que la mort te suit à quatre pieds de distance, à l'arrière, à ta gauche." (Inspiré de la P'tite fumée du Sorcier Yaki du désert du Nouveau-Mexique.) Alors, nous redeviendrons poussière!

Quand tout va mal.
Je pense que quand les choses vont mal, il faut faire l'effort pour s'éloigner énergiquement de tout ce qui peut ressembler à du négatif. Avec le suicide, par exemple, j'ai dû faire des "deals" assez souvent. J'étais très près de Raymond (mon psy.) à cause de ça. Raymond et moi étions amis depuis 40 ans. Il me connaissait sous toutes mes coutures. "Tiens-toi loin de ça Richard!" Me disait-il. Je l'écoutais parfaitement, car je devais surtout être efficace. Vous devriez voir mes archives. Stupéfiant. Je n'avais donc pas le temps de me faire distraire par du négatif et Raymond à qui je disais tout comme à mon confesseur corrigeait la "barre" si je divaguais. Me connaissait! Donc, se tenir loin de tout ce qui est "plaignages", ça va mal, les handicaps de toutes sortes que le monde peut avoir (des plaignages peuvent nous empoisonner la vie. Se méfier.) , des amis dangeureux malgrés eux! Tout. POSITIF, POSITIF, POSITIF. Mon truc, aller voir des films ou je pouvais rire aux larmes et pleurer, presque crier. Une véritable thérapie. C'était une obligation morale incontournable le dimanche soir au Outremont, Ouimetoscope, Élisée, Avenue du parc. On fait sa vie. Y faut y croire. On doit aussi se manipuler, parfois comme un enfant. Un bonbon nous attire, on saute dessus. On doit tenir à toujours être le maître de sa destinée. Malheur à nous si on fait autrement. Il faut utiliser des ruses avec soi-même. Ne pas se laisser aller. Bien sûr, que ce que je dis, c'est moi, c'est pas le voisin. Chacun sa technique. Et la lecture. Quand je lis, je ne suis plus là. Je suis dans le livre. Un coup de pied au "cul", je vais marcher dehors. La Grande Ourse, je l'embrasse, elle me surveille. C'est ma première blonde qui est là. Non, non, non, ne pas se laisser faire. On doit à tout prix être le capitaine de son bateau et ne laisser personne prendre notre place, ni les événements non plus. C'est moi, c'est pas le voisin. Qu'il pense ce qu'il veut. J'ai eu l'immense honneur d'avoir l'amour de beaucoup de monde, votre aide et tout et tout dans ce Réseau adoré. Je ne dois pas le gâcher. On apprend tous les jours. Donc, on fait des gaffes tous les jours...et des bons coups. Pas de gaffes, pas d'expérience, ne connaît rien. Beige pour la vie. Oui, on court pour se faire aimer. Faut en être conscient pour ne pas courir pour rien. Voilà, c'était un bout de chemin. Toujours se réserver des bornes d'urgence. Un ami chaleureux, une activité qui me sort de moi. Y faut pas se laisser faire, quoi! Avoir l'esprit critique, être aux aguets. S'autocritiquer sans limite. "Est-ce que j'ai eu de l'allure dans telles circonstances?' Quels étaient ceux qui étaient pour moi et ceux qui étaient contre moi. Savoir découvrir les vraies intentions des gens. Leur agir nous parle plus fort que leurs plus belles paroles. Jamais être naïf. Ce n'est surtout pas un signe d'intelligence. Comme le capitaine de bateau de guerre. Savoir reconnaître ses amis de ses ennemis ou si-non, on se fait couler. Savoir ne jamais exposer son jeu comme au poker. Tu révèles ton jeu, tu es fini, tu n'as plus rien à négocier, surtout avec les patrons. Être doux comme un mouton, rusé comme un renard et féroce comme un lion. Il faut être les trois. Ne pas oublier que ce n'est pas la dépresse qui surtout apporte le suicide. Ce sont surtout les fausses conceptions que nous avons de la vie et si on ne se réveille pas, on tourne en rond comme les deux chevaux, ÉMOTIONS ET RATIONNEL. On doit tenir la bride très solidement et également. À retenir!



LA DISCIPLINE
La discipline, c'est cette force intérieure qui nous vient du rapport que nous avons avec l'autorité. Le rapport avec la mère et celui avec le père, diffèrent profondément. Ils sont pourtant l'assise de la force d'une personne. La mère, l'affection, le père la force morale du guerrier. Le respect de ces deux pôles à pour effet de garantir une force quasi insurmontable à celui, celle qui en est habitée. Ce même modèle s'applique aussi aux enfants sans parents qui vont dans ce cas chercher des modèles, non seulement à imiter mais aussi, à intégrer. Je suis toujours renversé par le respect intégral de l'autorité dans les familles syriennes pour ne donner qu'un exemple. L'autorité pour eux, ne se discute pas. Elle s'impose en même temps que la force qui l'accompagne. C'est la différence entre être d'une culture faible ou d'une culture forte et de pouvoir ainsi, « dominer » le monde. J'ai connu une situation où le père avait imposé un interdit à sa fille de fréquenter sa cousine qui, à ses dires, avaient de très mauvaises fréquentations. La cousine tomba enceinte de son ami de coeur qui la laissa sans le sous. Elle demanda de l'aide. Et la fille du gentleman dont je vous parle, fut consternée de ne pouvoir intervenir pour sauver sa pauvre cousine. Elle me demanda conseil. Je fis réaliser à la jeune fille que son père et elle avait le même respect vis-à-vis la famille, la même valeur, et que malgré la répulsion du père pour une nièce volage, celle-ci n'allait pas entraver la pulsion du père pour sauver l'honneur de la famille en venant au secours d'un de ses membres. En apprenant la situation que sa nièce vivait, le père décida sur le champ, de partir chercher la nièce en question en compagnie de sa fille et de l'amener chez lui, sous sa protection. C'était une membre de la famille qui avait besoin de secours. Un point, c'est tout.

 

 

 

À la gauche. Mon étudiante Tamoul dont le père était intervenu
pour sauver sa cousine. La même étudiante allait se marier à
Paris l'été suivant. À droite. Ma bonne Édith Carrier, devenue prof.
Mon flair avait été bon. Le père et la fille avait une valeur sacrée en commun, celle de l'intégrité de la famille. Quand je vis apparaître, le lundi matin suivant, toute rayonnante, je compris que j'avais raison. J'eux le grand plaisir de recontrer le père un peu plus tard. Je ne cessai de lui faire tous mes remerciements et mes félicitations pour ses valeurs et surtout, pour sa fille. Un homme totalement extraordinaire.

LE RÔLE DE LA MUSIQUE DANS MA VIE Triste, je retourne vers mon enfance et reproduit dans ma tête ces musiques extraordinaires que j'ai retenu par coeur. Les comédies musicales américaines pour commencer, Bach, celui qui faisait trembler le plancher de ma chapelle. Oui, triste, je retourne à ces musiques avec le volume le plus haut possible et je redeviens subitement indestructible. Oui, c'est comme un fil conducteur qui m'habite depuis toujours et qui me ramène au bonheur sans que je le veuille. Qu'est-ce que vous voulez pour être heureux? Rien de plus. Je reviens à cette musique du programme de Ivan L'Intrépide à Radio Canada en 1946. La musique thèque était tirée des Valkéries. Chaque fois, c'était une nouvelle aventure qui m'attendait.

LE RÔLE DES ARTS DANS MA VIE

Photo prise de la Pieta, avec difficulté, par moi, à New York.
Ste Marie, mère de Dieu! (Photo prise dans des conditions très difficiles. Elle est un souvenir inneffaçable.)
La piéta de Michel Ange. Je suis allé à New-York pour la prier. Que d'émotions, cette maman abandonnée comme la mienne. Esseulée, cherchant son enfant dans la tourmente. Ma maman. Je l'ai cherchée toute ma vie, cette maman. Tendre maman. Belle maman que je serre fort dans mes bras. Je la cherchais et elle était tout près de moi. Quelle tristesse qu'elle aie eu tellement de difficulté à m'appeler « son fils ». Ce que finalement, se sentant tellement coupable, qu'elle n'a pas réussi à faire. L'interdit était tellement fort. Interdit de dire à son fils : « Mon enfant! Mon fils! ». Qu'elle est finalement sa mère. Interdit même d'agir trop ostensiblement comme une mère auprès de son moi. Que de journées j'ai passé, tout enfant, à prendre ma mère dans mes bras pour la consoler et elle me consoler aussi, car je pleurais. Je ne savais pas qu'elle était ma mère mais je sentais que nous avions des attaches telles que nous ne pouvions nous séparer. Douces attaches qui nous ont retenus toute notre vie pour les bons et les mauvais moments.
Malgré tout, les arts m'ont ouvert les yeux car sans arts, nous voyons comme à travers un filtre déformant, très souvent influencé par nos préjugés. Oui, les arts nous ouvrent les yeux. Nous voyons le monde d'une toute autre façon dans une sorte de quatrième dimension que nous ne trouvons pas dans la vie ordinaire. Je dirais que les arts nous font vivre dans un corps totalement différent. L'appréhension du beau que nous voyons partout nous augmente grandement notre qualité de vie à tous les niveaux. Oui, mes yeux pressentaient ma mère. Mes yeux pressentaient mon père. Je me suis couché sur lui sans savoir qui il était. Oui, les arts nous ouvrent les yeux comme une forme de kaliodoscope nous donnant accès à des multitudes de couleurs et de formes. Heureux sont-ils, sont-elles, ceux, celles qui sont influencés par les arts de toutes sortes. Oui, à un moment donné ou plusieurs moments donnés, on devient exaspéré de vivre sans mère. Je fus sincèrement exaspéré pour une bonne partie de ma vie. Enfant seul dans la vie! J'ai vécu une vaste solitude oû j'avais l'impression de vivre pour supporter le malheur des autres, en particulier de ma mère. Je devins donc pendant un certain temps un enfant-adulte, ce qui produit une vaste solitude intérieure que je tâchait d'emplir avec toutes les activités que je faisais, y compris mes activités d'art mais surtout ce comportement qui faisait que j'étais prêt à tout pour être aimé. Oui, ma mère qui ne m'a jamais appelé son fils et qui a du se faire rappeler à l'ordre par Lise, mon épouse, pour finalement admettre que mes enfants étaient aussi ses petits enfants. Bref, cette pauvre mère, les interdits l'avaient tuée. Les arts prirent leur place dans mon âme et dans mon corps et me sauvèrent la vie. Sans les arts, je serais mort. Mais dans tout cela, les bonnes âmes charitables, il y en eut une multitude, pour adoucir mon vécu. Je leur dois aussi la vie. Mon quartier Youville. La rue Casgrain et Liège à Montréal. Cette petite aglomération m'eut à l'oeil pour sauver l'enfant que j'étais. Ils réussirent! Merci! Je vous adore.

LES ARTS

 

 

 

 

 

Les arts m'ont toujours aidé à vivre malgré toutes les déboires que j'ai connus comme tout un chacun dans sa vie. Ici, UNE CAVALCADE DES DIEUX. Je m'imagine moi-même à chevaucher ces êtres célestes qui m'amènent vers de nouveaux horizons. Oui, l'art peut même nous diriger, nous imaginer dans l'action de notre propre vie. Ce monument me fait tressaillir à tout coup. Je ne suis pas neutre, mais pas du tout, devant. Je deviens moi-même un peu, beaucoup, comme ce dieu prêt à s'envoler dans sa propre aventure de la vie. UNE CAVALCADE FANTASTIQUE que j'ai déjà eu le plaisir de vivre pour de vrai sur des plages sauvages. Et tout cela construit ma vie et peut construire la vie de quiconque se laisse envahir par la beauté. La formation aux arts est plus importante que toute autre formation. Elle dépasse la science et de combien. Einstein disait bien que c'est l'imagination qui est le génie qui nous dépasse et non la raison. Pas pour rien que la langue et les arts en perdent dans nos écoles. C'est simple, la classe dirigeante nous veux les plus ignorants possible afin de se garder le pouvoir pour elle. Soyons donc vigilants en ne nous laissant pas faire. Plus de télé-théâtres à Radio-Canada. C'est pour mieux te garder ignorant mon enfant! Seules les cotes d'écoute comptent, les cotes d'épaistitude!
L’Estérel, un nouveau départ.

 

 

 

 

 


Je me souviens comme d’hier de cet escalier. En « retraite fermée » c'est l'escalier que j'ai pris pour changer ma vie. Difficile de situer le moment où ce bel hôtel pour les riches exista. J’avais appris que des membres à l’aise de ma famille la fréquentaient à l’époque. Mes deux tantes, Pauline et Jacqueline fréquentèrent l’endroit puisqu’elles étaient toutes les deux, proches de la partie riche de la famille. L’escalier qui menait aux chambres au fond du hall d’entrée de l’ancien hôtel de l’Estérel qui était devenu à l’époque une maison de retraite dirigée par le diocèse de Saint-Jérôme. J’empruntai tous les jours cet escalier, style art déco, dont l’environnement ambiant était du même genre. C’était très beau. Ce fut pour moi une occasion de me retirer de tout bruit et de prier et réfléchir sur mon avenir. Le temps passait et je voulais reprendre mes études pour finalement les compléter. C’est tout ce dont je me souviens de cet hôtel mythique, démarré par un milliardaire belge attiré par les forêts du Québec. Des jaloux de Toronto firent tout pour nuire au projet et le fédéral, dans sa sagesse proverbiale, se mit les pieds dans les plats. Il tenta de corriger le tir, mais, le baron, écœuré par les manœuvres de mauvaise foi décida de tout vendre ses avoirs. Le Québec et surtout Ste-Marguerite venait de perdre une très belle occasion. Une autre gaffe du fédéral. Aujourd'hui, tout ce qui reste de l’hôtel d’antan, cet escalier en colimaçon au fond du hall d’entrée, lequel menait aux chambres des étages supérieures. Je m’étais en fait rendu là pour réfléchir à mon avenir et j’y avais acheté un très beau livre de philosophie payé par ma tante Pauline et que j’ai encore. Le destin! Quel mystère! C’est après ce genre de retraite que j’avais décidé de prendre une année de réflexion et de travailler au CP à Montréal. La première fois, je me présentai en français seulement et je n’eus pas d’emploi. Deux semaines plus tard, je me présentai en anglais et j’eus un poste immédiatement, dès cette « première » visite en anglais seulement. J’eus un emploi à « l’Office of Disbursement ». Je ne me souviens plus du nom de mon patron (Robert Rice, je crois.) qui fut très fin pour moi. Il remarqua mon talent pour le travail de bureau. J’étais toujours curieux comme une belette et je ne manquais jamais une occasion d’essayer quelque chose de nouveau. Mais j’étais aussi nerveux, angoissé même et rêveur. Je devais lutter pour être toujours présent mentalement au travail. Les ordi. commençaient leur entrée dans le marché du travail et tout cela me fascinait. Les fameuses machines de prétraitement qui chacune possédait 10,000 lampes. Ça vous « garrochait » une chaleur épouvantable contrôlée par d’immenses ventilateurs qui faisaient un bruit infernal. Nous le savions déjà, ce nouvel instrument informatique allait accélérer la disparition des usines Angus, car avec la coordination des wagons et autres que nous pouvions faire avec cet instrument, le besoin d’avoir des réserves inépuisables de wagons à chaque point de contrôle allait disparaître, tout cela à cause de la précision apportée par l’ordi. à coordonner parfaitement la circulation ferroviaire, ce qui ne pouvait se faire avant. Comme mon patron me connaissait de plus en plus et remarquait que j’avais souvent la tête ailleurs, il me proposa de représenter le Canadien Pacifique à la cour de justice de Montréal. Toute une surprise. Mais tout cela se faisait par intermédiaires. Le grand patron parlait au moyen patron, lequel parlait au petit patron qui finalement m’apprenait la nouvelle. Ceci m’agaçait passablement comme si on ne pouvait me parler à moi directement. Alors, je me permettais de parfois saluer le grand patron directement dans son bureau. Ceci semblait l’agacer, mais il ne m’en parla jamais, car il finissait toujours par avoir un grand sourire et me disait « good morning Richard ». Moi, je trouvais, que le pauvre, y faisait pitié dans son bureau, seul, à être engouffré dans la paperasse qu’il y avait sur son bureau. Sans doute, de son côté, mon côté jeune et spontané lui réchauffait le cœur et il devait sûrement comprendre que mon geste n’était pas du tout pour le solliciter pour avoir un avancement. Mais, je sentais vraiment que je lui étais sympathique. Il me donna d’ailleurs un autre travail terrifiant pour le personnel du bureau. Je fus obligé d’aviser tout le monde au moins trois jours à l’avance avant de m’exécuter. Il s’agissait d’une immense machine à écrire, genre typo. qui servait à écrire les chiffres totaux des activités du mois de notre bureau. Quand je démarrais l’appareil, on avait l’impression d’un train qui entrait en gare. Certains membres du bureau me prirent vraiment en « grippe » face à ce problème d'un bruit épouvantable qui dérangeait tout le monde dans leur travail. Sans doute que mon patron m’avait donné ce travail, car il savait que j’allais m’allier tout le monde à mon travail et que finalement tous comprendraient la raison de mon activité. C’est ce qui se produisit puisque mes pires ennemis se transformèrent en bons collaborateurs comprenant que le chiffre que je « pitonnais» sur cette maudite machine, c’étaient les opérations du mois de notre bureau. J’étais jeune, beau, vivant, très sociable, tout ce qu’il faut pour « pogner » dans un tel environnement. C’est à la même période que je rencontrai mon fameux confesseur qui, quelques mois plus tard, s’avéra être aussi le confesseur du gouverneur général du Canada.  Pur hasard. Il m’arriva va donc de céder ma place au Gouverneur Vanier qui, justement arrivait. Je ne voulais pas le retarder dans son agenda. Bien sûr qu’il était accompagné de toute une panoplie d’officiers de toutes sortes surtout costumés avec l’uniforme de la GRC. Et quand il sortait du confessionnal, c’est moi qui y entrais. Mais, surprise, un jour mon confesseur sortit et me présenta officiellement au Gouverneur général. D’une chaleur sans pareille. J’en eus presque les larmes aux yeux et m’excusai. Cet homme, vieux, gradé, au sommet de sa carrière me serra le bras affectueusement et me dit simplement, « Mon jeune, ne lâche pas! » Sans doute que mon confesseur lui avait parlé de moi auparavant. Une rencontre inoubliable, mais pas la dernière, car rendu au grand-séminaire, je devais avoir l’ultime surprise à cause d’un ancien confrère de collège qui connaissait bien le général. Ce qui me valut d’autres honneurs. J’étais toujours ému, grandement ému de toutes ces attentions et mon confesseur, qui avait un sourire en coin, semblait être très content de ce qui m’arrivait. Je pense que « le p’tit vlimeux » (Mon confesseur qui n'avait rien d'un p'tit. Je devrais plutôt dire, « le grand vlimeux ». avait quelque chose à faire dans tout ça, mais il faisait l’innocent comme s’il n’était pas concerné. Le summum qui m’arriva fut de vérifier les livres comptables de la cathédrale de Montréal dont mon confesseur était curé. Ce ne fut pas une fouille en règle, mais mon confesseur qui savait que j’étais comptable voulait avoir mon appréciation sur ce qui se faisait. Je demandai l’aide d’un ami, Robert, qui lui était davantage dans le métier de me donner un coup de main pour faire la vérification. Nous trouvâmes toute une série d’erreurs particulièrement faites dans les dépôts faits à la banque. Il y avait toujours quelque chose qui ne balançait pas dans ces chiffres. Nous nous mîmes à l’œuvre pour détailler et noter ces erreurs et faire rapport à mon confesseur, aussi curé de la paroisse. Quelque temps plus tard, quand j’arrivai dans le bureau de celui-ci, quelle ne fut pas sa surprise de découvrir toutes les erreurs que la banque faisait particulièrement dans les dépôts. Il était tout fier de lui et se prépara à une visite en règle auprès de l’institution financière. Je lui recommandai d’être prudent, car, comme je lui disais, ces banquiers sont souvent des « ratoureux » qui ont plus d’un truc dans leur sac. Et après tout, avez-vous déjà vu un banquier avouer qu’il s’est trompé?  Je n’en ai jamais rencontrés même sous mes menaces de sévir que je pouvais utiliser à l’occasion. Un de ceux-ci perdit son emploi d’ailleurs avec son entêtement à refuser d’admettre qu’il y avait eu erreurs. Je n’ai jamais souhaité un tel dénouement, car, un emploi pour moi, c’était sacré, mais ces banques feraient tout pour sauver la face. J’en ai pris sérieusement note.

LES ORDIS Cartes perforées, Indiana, ARPA, l'armée américaine…..
J'ai toujours été fasciné par ces bidules qui vous livraient la « marchandise » à une vitesse épouvantable. Ce n'étaient pas, bien sûr, les ordis d'aujourd'hui, mais quand même. Ils performaient assez pour vous impressionner. Un des pivots de ces machins était la fameuse carte perforée qu'on empilait par milliers, si non par millions. Elles possédaient toutes des commandes particulières pour faire fonctionner le fameux ordis. Je me souviens être revenu à Dorval avec une immense caisse pleine de ces cartons perforés. Les douaniers furent tellement découragés de voir ma cargaison, qu'ils décidèrent de me laisser passer sans aucune vérification. C'était un vendredi soir et il y avait foule à Dorval. Donc, on ne voulut rien savoir de moi. J'avais un immense chariot plein d'immenses boîtes pleines de livres, de notes et bien sûr, comme je disais, de cartes perforées. J'eus le sentiment d'être un chercheur qui entrait chez lui. En fait, j'étais encore assistant de recherche pour le Centre de recherche en communication de l'Université du Québec à Trois-Rivières. Je faisais important avec mes cartes d'identité américaine, étudiant de l'Université d'Indiana. Je pense bien que toutes ces activités n'étaient la que pour remplir mon vide de l'absence d'une mère et de bien d'autres choses. L'abandon de la famille ne faisait pas exception sauf pour ma grande cousine adorée, Gertrude.
LE CENTRE DE RECHERCHE
J'avais le coeur brisé à cause de la fermeture de mon centre de recherche. Je crois avoir pleuré des heures et des heures. Ce fut parmi les expériences les plus traumatisantes de ma vie tout en admettant qu'il y eut un côté très positif dans cette expérience particulièrement dans la recherche comme telle. Tout un monde que la recherche! Monde qu'on ne peut à peine soupçonner quand ont est à l'extérieur de celui-ci. Mon histoire était pourtant simple. J'avais un patron, bon bonhomme, aucun doute à cela mais indécis chronique. Il ne savais vraiment pas prendre des décisions. Une telle situation, dans un milieu universitaire compétitif ne tarda pas à dégénérer. C'est un ami de Montréal, bien branché sur le domaine de la recherche qui, le premier, m'apprit la nouvelle. Les jours de mon centre était comptés m'a-t-il dit. Je n'en fus pas vraiment surpris et la lenteur pour prendre des décisions en fut la première raison. J'avais pourtant fait sentir, pour ma part, que la principale raison d'acceptation de cet emploi, était de me permettre d'aller aux sources, soit l'Université d'Indiana, pour me faire aider à démarrer une recherche. Il faut dire aussi que je n'avais pas encore terminé ma maîtrise. La décision de me permettre d'aller voir mes maîtres pour le démarrage du recherche ne vint jamais. Je tentai une demande officielle et je n'eus jamais de réponse. Toutes les décisions semblaient se prendre dans mon dos même si une partie me concernait drôlement. Ce fut pour moi une véritable torture. Faire semblant de travailler n'était pas tout à fait mon genre. Mon patron semblait se contenter de m'avoir comme participant à sa cohorte d'admirateurs. Je le savais, une situation du genre ne pouvait durer. Je tentai une démarche du côte du Annenberg School forCommunication University of Pennsylvania où je connaissais le directeur, ancien président de Radio-Canada. Une rencontre qui impressionna au plus haut point mon patron mais qu'est-ce que celui-ci a conter à mon invité. Je n'en appris aucun traite mot. La rencontre se termina par un bon souper à deux avec mon invité. C'est vous dire l'intérêt de mon patron. Je ne cache pas en avoir un peu profité pour bien manger et parler à satiété. Je compris bien vite que ce fameux souper en était un, genre souper funéraire, une fois que le mort est enterré. J'avais un patron qui ne parlait pas, question je crois, de garder le peu d'autorité qu'il lui restait. Jamais encore, quiconque du bureau ou du laboratoire ou des chercheurs ne se doutait de la proche fermeture du Centre. L'université de Trois-Rivières, comme pour s'excuser, me payèrent tous mes voyages en avion aller-retour, concernant l'Université d'Indiana et m'offrirent les services d'une secrétaire quasi à temps plein. Cette dernière offre fut suffisante pour me remplir de joie. Mme Scott, directrice de la recherche tenta une approche auprès de moi. Je ne pouvais la rencontrer, sachant fort bien que je pleurerais pendant toute la rencontre. Je déclinai donc gentillement sa chaleureuse invitation et je décidai, dans les circonstances de retourner comme prof. au secondaire même si j'avais eu plusieurs offres de postes très intéressants mais aucun, à ma grande déception, n'était à Montréal. Cette histoire me coûta presque la vie quand je passai proche d'entrer en collision avec une auto de la police provinciale. Les policiers furent impeccables même si j'avais passé proche de les faire se tuer dans la terrible embardée qu'ils avaient du faire pour m'éviter la mort. Après tout ça, j'en avais tellement sur le coeur, je ne pus m'empêcher de pleurer comme un enfant devant ces policiers complètement désarçonnés. Ils avaient devant eux un chercheur reconnu mais dépité de tout ce qui lui arrivait. Les relations avec la famille devinrent glaciales pour je ne sais trop quelle raison car ils ne furent nullement au courant de ce qu'il m'arrivait à Trois-Rivières. Quand j'en parlai à ma mère, elle se mit à rire, ne pouvant croire que son plus vieux pouvait pleurer. Je fus très déçu de ma mère à ce moment là et je compris presqu'elle n'avait vraiment jamais été ma mère dans sa tête. Dans le fond, ma mère avait décidé de jouer de sauver les apparences et de faire en toute occasion comme si. Le seul fait de paraître une femme « honnête » la satisfaisait. J'éprouvai presque de la haine pour elle car, de mon côté, je n'avais jamais été élevé de la sorte. Le coeur me fit très mal. Cette mère fut un bon moment sans me voir. Il faut dire que mon beau père avait toutes les raisons du monde aussi de me faire du trouble. Il était très jaloux, sans compter toutes les choses qu'il avait à cacher. Hé. Le monde! Vous m'en direz tant! Mon retour à Mille-Isles se fit en douce, au mois de novembre 71 suivant. Mon retour à l'enseignement fut relativement facile car j'aimais le milieu. J'avais travaillé comme un défoncé à Trois-Rivières, question au moins de me faire apprécier. Rien n'y fit. Le personnel m'adorait, sauf un qui avait des choses à cacher. Mon patron fut poli. Il m'organisa même une fête à sa résidence. Tout semblait correct mais le Centre de recherche, lui, vivait ses derniers jours. Plusieurs années plus tard, car je m'étais toujours senti un peu coupable de « l'aventure de Trois-Rivières », un bon ami qui connaissait très bien mon patron de Trois-Rivières, me demanda à brûle pour point, comment j'avais réussi à travailler avec ce patron. Je fus tout à fait surpris de la question. Et, ce cher ami, me défila tout ce que tout monde autour de moi à Trois-Rivières disait autour de moi, me voyant piégé dans les filet d'un indécis reconnu et chronique. Il me révéla avoir eu connaissance de toute la sympathie que les gens autour de moi pouvaient avoir pour ma personne, prise dans une spirale d'un patron qui ne savait jamais quoi décider. Je m'en voulu un peu de ne pas avoir pris plus de précautions surtout en exigeant un contrat spécifique, nommant toutes les obligations que l'UQTR s’engageait à avoir envers ma personne. Un Américain avait pris cette précaution et devant le fait accompli, l'Université dut payer une compensation de un million au fameux prof. qu'on avait fait déplacer inutilement. Malgré tout, je ne peux cacher avoir apprécié énormément nos fameux cinq à sept que nous organisions dans mon bureau du Centre de recherche dont la très immense fenêtre donnait sur le fleuve. J'avais, je crois, je ne le disais pas fort, le plus beau bureau de toute l'université du Québec à Trois-Rivières. Rencontre où tout le monde était bienvenu et ou nous avions piano et orgue pour agrémenter l’atmosphère. Dédé jouait jazz à l'orgue tandis que Thérèse jouait jazz au piano. Que de moments mémorables nous avons passés. Une ambiance tout à fait spécial où nous en profitions pour inviter des visiteurs de l'extérieur ainsi que de l'intérieur, question de créer une ambiance agréable oû parler recherche ou tout autre chose.
Mon retour d'Indiana se fit dans la plus grande tristesse. Je me trouvai rapidement un logement 3 1/2 et j'eux le sentiment que ma vie recommençait. De bons amis, les Lessard, furent d'une gentilles sans borne pour moi. Nous nous fimes à faire du camping à toutes les fins de semaines sur les bords de la toute belle Rivière Rouge à Huberdeau. Nous en avions fait auparavant, avant mon aventure de Trois-Rivières. Quel plaisir que d'avoir été tous ensembles, de nombreux amis, à nager, se faire griller, parler, manger une super de bouffe. Etc. Cette activité m'avait d'ailleurs complètement fait oublier les fameux événements d'octobre que je passai proche de manquer ce qui ne m'empêcha pas cependant de venir en aide à des copains qui se faisaient maltraiter en prison. J'eus la chance d'avoir des bons contacts pour leur venir en aide.
J'étais revenu avec une « tonne » de bagages, dont des rapports à n'en plus finir sur une foule de recherches, sans oublier les fameuse cartes perforées produite au « key bord » comme on appelait dans le temps. Je continuai donc à garder aussi certains contacts avec des gens de l'armée américaines qui avaient étaient d'une bonté sans borne pour moi. Il est sûr que le fait de revenir au secondaire ne me faisait pas abandonner mon désir de compléter ma maîtrise même si je réalisai celle-ci dans des conditions de moindre qualité que j'espérais. J'avais quand même pris de nombreuses précautions pour m'assurer des services de certaines personnes d'Indiana qui m'enverraient les documents dont j'aurais de besoin pour ma recherche. Je complétai donc ma maîtrise en 1974. Je fus tout heureux de recevoir ce beau diplôme en parchemin. Le but ultime de cette maîtrise était de me faire une « plus belle tête » ou plutôt, la « plus belle tête » qu'on puisse espérer mais ce projet n'est jamais terminé. Certains directeurs jaloux, me firent sentir que je me prenais pour un autre en ayant de telles aspirations. Je n'en dirai pas plus quand un jour, je découvris, leurs raisons profondes d'agir ainsi. Les gens sales finalement finissent toujours par vouloir salir. J'en eu une autre preuve et je pensai à cette parole de mon grand-père qui ne cessait de me dire de me tenir loin des gens sales.
LA MORT ET LA PERTE DE MON CHEZ MOI
Je venais de quitter la maison familiale (mon p’tit château!) et je savais que je ne la reverrais plus jamais, car elle fut mise en vente rapidement. Comme il y avait un mineur, la loi obligeait la famille à me payer ma part ou vendre la maison. Comme personne n’avait d’argent, on n’eut d’autre solution que de vendre. Je perdais donc tout. Plusieurs de mes effets personnels furent vendus à la ferraille sans me consulter. Je ne gardai rien de cette maison adorée, de ce petit château. C’est le cas de le dire, on me déménagea dans une vulgaire et unique valise « appelée trunk », qui servait au voyagement en train à l’époque. Je perdis sur-le-champ ma collection de sabres qu’on avait dû donner au Juif liquidateur. Il venait de faire une petite fortune à n’en pas douter. Ma trompette disparut aussi dans le carnage et combien d’autres petites choses que j’aurais voulu tendrement garder pour moi. On me traita carrément comme un enfant irresponsable, j’avais pourtant 16 ans et futé en plus. Ce ne fut surtout pas à l’honneur de ces gens pressés dont le seul motif était de se débarrasser au plus sacrant de toutes ces brimbales qui ne les intéressaient pas. Bien certain qu’ils pensèrent à se servir, surtout dans les nombreux outils de mon grand-père qui les intéressaient. Pour ce qui est de mes intérêts à moi, ils ne s’en soucièrent guère. Je ne saurai finalement jamais pourquoi on m’avait traité de la sorte en tentant aussi de m’éloigner de la place en me trouvant un travail permanent au Pôle Nord dont j’ignorais les obligations les plus élémentaires. C’est mon capitaine de bateau qui se rendit compte de la méprise et m’autorisa a quitter mon emploi au moment où ça me conviendrait pour ne pas manquer les funérailles de mes propres parents. Je n’ai jamais su finalement s’il y avait eu des problèmes d’héritage qui justifiaient mon éloignement de la « scène ». Toujours est-il, que je peux affirmer que mon flair me sauva la vie cette fois-ci, même si je fus totalement seul à patauger dans ces événements sordides. Plus jamais on ne m’a parlé de ces histoires. Quelles inquiétudes y avait-il dans l’air pour justifier de telles manœuvres?

 

 


Mon « petit » château de Montréal.

CHAPITRE III
LE COLLÈGE, LES ÉTUDES, LE TRAVAIL
MON ENTRÉE TRAGIQUE DE L’AUTOMNE « 56 » AU COLLÈGE
L’entrée officielle du collège se faisait l’après-midi, après quoi nous étions invités pour le souper. L’événement tragique se produisit vers les 8hs du soir alors que tous les élèves étaient convoqués à leurs salles d’étude respectives.  Je n’eus pas le temps de voir venir quoi que ce soit. Assis depuis quelques minutes,  je me sentis « partir » tout en me mettant à vomir et à évacuer tout ce que j'avais dans le ventre. Je perdis connaissance et tombai dans un profond coma. Je n’ai jamais repensé à cet événement sauf maintenant. Je me suis réveillé une ou deux jours plus tard comme si j’arrivais d’un autre monde. On m’avait mis mon pyjama. Donc, on avait dû me déshabiller, me laver et m’installer dans un lit de l’infirmerie. Les costaux du club de hockey avaient aidé à l’opération. Imaginez les questions pour un adolescent tout jeunot. Qui m'avait vu tout et qui ne m'avait pas vu. Ce questionnement me quitta rapidement. Dans ma tête, je compris vite que mes frères d'armes s'étaient occupés de moi. Les pères n’étaient pas fous, ils savaient très bien comment créer une solidarité entre nous. Ces frères dans le malheur devinrent effectivement mes frères à vie. On prit soin de moi comme d’un toutou. Je me levai et le frère qui s’occupait de l’infirmerie vint me voir et me demanda comment ça allait. Il me semble l’entendre encore, « mon p’tit lapon!  Comment ça va? »  Ce frère était la bonté même, la bonté de Dieu sur terre. Mon collège que j’adorais avait pris beaucoup soin de moi à travers ce frère surtout. Personne ne me parla plus de l’incident, mais je sentis avoir une profonde affection de tout le monde. Nous étions plus de mille élèves pensionnaires.  Oui, je fus aimé au collège. Oui, je suis très fier de mon collège St-Laurent à Ville St-Laurent. Un haut lieu de culture qui nous invitait à nous dépasser. On nous préparait à CHANGER LE MONDE, rien de moins. Pas de banalité, que des choses profondes à cette recherche de la vérité qui nous rongeait les tripes pas à peu près et rien d’autre. L’esthétique était au rendez-vous, partout.   Les histoires qu’on raconte sur les abus de certains éducateurs dans d’autres institutions, c’est le genre de choses que je n’ai jamais connues à St-Laurent. Il y avait des balises très sévères pour empêcher de tels événements. Les bons pères avaient les « spots » allumés. Se méfiaient, j’en suis sûr et donc, prenaient des moyens, les grands moyens. Mais, dans le temps, c’était plein d’« intouchables », ces gens que tu ne pouvais pas poursuivre parce qu’ils étaient hyperprotégés. C'était la "haute classe" qui s'imposait. C’était véritablement une question de classe sociale. Cette classe qui pouvait tout se permettre et l’autre qui subissait tous les sévices. Le ministre de la Justice du temps avait voulu mettre Mgr Pelletier de Trois-Rivières en prison pour avoir tué accidentellement un jeune couple sur le pont de Trois-Rivières. (1969) Le cardinal Léger en personne avait menacé d’excommunier toute personne qui mettrait un évêque en prison. Le ministre de la Justice du temps n’avait pas pu rien faire. L’Église, à ce titre, pouvait facilement renverser un gouvernement. Un de mes amis, tué par un gars saoul, mais saoul pas à peu près. Il fut impossible de poursuivre, un INTOUCHABLE! Nous avions beau avoir une légion d’avocats dans nos rangs, rien n’y fit. Il y avait vraiment des INTOUCHABLES. Et ceux qui faisaient les culottes des p’tits gars! La mentalité du temps! ben voyons donc, ça se faisait chez les Grecs. Rien de tout ça n’était en soit malin pour ces gens. Véritablement, une classe qui se défendait sur le dos de l’autre en employant toutes sortes de subterfuges pour neutraliser les plaignants. N’y a-t-il pas un artiste, qui dernièrement avouait candidement dans son dernier livre que de savoir « qu’ils avaient seulement un peu de poil », il les aimait quand même. Vous auriez demandé à la police d’intervenir, on n’aurait jamais accepté de le faire comme pour les hommes qui battaient leurs femmes en public et dont personne ne s’occupait. « Elle a du faire une grosse gaffe », disait-on, pour se faire battre comme ça. Même Toronto avait la même mentalité. J’en fus témoin. Et l’Église ne se pressait pas trop pour intervenir, en fait, elle n’intervenait pas du tout, car elle faisait partie de ces INTOUCHABLES, genre de classe à part, au-dessus des lois.
 La section des religieux au collège était donc complètement séparée, à part, de la section des élèves et c’était totalement interdit d’y entrer.  Il y avait aussi beaucoup de laïques comme éducateurs.  Donc, ce n’était pas du tout un milieu fermé. Je serais totalement surpris d’apprendre un jour qu’il s’est passé quoi que ce soit. Les aires d’activités étaient ouvertes, des vitres partout mêmes pour les classes. Des fenêtres pleine grandeur. Il n’était pas surprenant de voir des élèves à leurs cases qui se déshabillaient comme dans le vestiaire du Canadien, carrément, comme si de rien n’était, et se rhabillaient pour aller faire leur sport favori. Je faisais la même chose. La nudité n’était pas un grand secret, mais comme tout était ouvert, ça incitait beaucoup moins aux abus, car on pouvait parler de tout. Pas vraiment d'interdits de ce côté.

 


NOS CASES DU COLLÈGE TELLES QU’ELLES ÉTAIENT QUAND J’AI QUITTÉ.
CE QUI A CHANGÉ, LA MEZZANINE DU FOND QUI EST DISPARUE. C’ÉTAIT
POURTANT DE TOUTE BEAUTÉ. CAR IL Y AVAIT UN IMMENSE PIANO À QUEUE.
C'ÉTAIT LE DÉPARTEMENT DE MUSIQUE. (Merci à Michel Dupéré, un de mes
élèves, pour sa photo.)


MON ÉCOLE ADORÉE : ST-GÉRARD DANS LE QUARTIER VILLERAY

Ce qui me sauva la vie en tout premier lieu, ce fut l’école publique et non l'école privée, avec des hommes comme prof. Jusqu’en 4e, ce furent des femmes et aucune ne se rendit compte de ce qui se passait dans ma tête. Ça ne les intéressait pas du tout. (1ière, au public, 2e, 3e, 4e; école privée.) J’étais déjà suicidaire en première année et personne ne l’a constaté. Il faut dire que le suicide chez l’enfant est très différent que de chez l’adolescent ou l’adulte. Pour ces femmes, je crois, c’était tout comme si un gars (un enfant, faut-il souligner.) ne pouvait pas avoir de problème du genre, même au privé. Les émotions restaient donc à la maison. Une directrice d’un grand collège privé « coté » haut de gamme m’avait aussi, de son côté, simplement répondu que la « pauvre fille » ne s’était pas suicidée à l’intérieur de l’institution et donc, qu’ils ne se sentaient absolument pas concernés en ces murs. Des gens qui enseignent soi-disant l’humanisme! Mon oeil! Justement, la section des arts de cette institution se trouvait dans les sous-sols. Ça me donnait une bonne idée où logeait l’humanisme dans cette boutique. De purs ignorants instruits comme on voit de plus en plus. Je devins littéralement furieux, mais je ne pouvais rien y faire. Je ne pouvais, non plus, quasi y croire. Donc, quand j’arrivai à l’école publique St-Gérard, tout changea. Non seulement l’école, mais de nombreuses personnes du quartier Villeray me prirent en charge. Cinquième année du primaire, monsieur Barbeau. Méthodique, dynamique, il prenait soin de moi discrètement et il savait que j’avais de gros problèmes... affectifs. Mais, ce qui me sauvait presque toujours, j’étais très sociable et j’aimais tout le monde. J’étais déjà trop vieux de mentalité pour mon âge. Les profs en rajoutèrent. On m’initia à toutes sortes d’activités. Ils voyaient, ça crevait les yeux, que j’étais « allumé », que ça ne prenait pas grand-chose pour que je m’engage dans un nouveau projet. Je trouve ça drôle aujourd’hui, mais je fus dans les champions de l’école au « drapeau ». Un jeu où on doit justement se sauver avec le drapeau sans se faire attraper. Je fus champion bien des fois! Jean-Marc Brunet (fondateur de la chaîne, « LE NATURISTE », émule du père Péladeau qui lui passa l’argent.) rageait de me voir partir avec le drapeau après que j’eus distrait tout le monde par toutes sortes de simagrées. Bref, l’école, et moi prenant de l’âge, tout cela bénéficia à mon bien-être et mes grands-parents commencèrent à me regarder avec des yeux nouveaux. Même la se mit à vouloir m’offrir des cours sur toutes sortes de sujets. J’avais l’air de l’impressionner pas mal. Tout le monde voyait bien que le petit Richard, quoiqu’encore fragile, sortait de sa coquille. La période de dépression tirait à sa fin. Parfois, la grand-mère était tellement dépassée qu’elle exigeait que je reste à la maison pour une bonne semaine, question de calmer le jeu. Rien n’y fit, tous mes amis venaient me voir à la maison pour jouer avec moi. La grand-mère « s’arrachait » les cheveux.
Oui, l'école était belle, mais le personnel, j'étais un enfant orphelin, s'est occupé de moi comme d'un toutou. Et il me semble que c'était une période où les gens étaient simples, sans prétention. Nous étions tous égaux et tout le monde s'entraidait. Je me souviendrai toute ma vie des fameux Martineau, gens riches, mais près des gens. Ils venaient de se construire une piscine. Je passe tout près et je trouvais ça de toute beauté. C'était la seule piscine privée à Montréal à part Westmount, bien sûr. Mme Martineau m'invite à me baigner. Je lui dis, je n'ai pas de costume de bain. Pas de problème, mon enfant me dit-elle, vient t'asseoir je vais t'en faire un costume. S'installe à son moulin à coudre et se met en frais de me faire un beau costume à la vitesse de l'éclair. Je suis tellement énervé de pouvoir me baigner que je me déshabille tout nu et m'assoie en me cachant les parties. J'avais tout simplement hâte de sauter dans la piscine. Le costume de bain fut prêt très vite et je sautai dedans et sautai dans la piscine. Le peuple qui aide le peuple. Villeray, un petit village. Et c'est pas seulement le parent qui s'occupait de l'enfant, mais tout le village. Je suis un enfant élevé par mon beau village de Villeray dont je suis bien fier. J'embrasse tendrement tous ces gens qui m'ont aimé, sans qu'il n'en paraisse, mais ils avaient l'oeil. Que j'ai été gâté d'être de Villeray.
(St-Gérard dit par Gabriel Nadeau-Dubois.) Gabriel qui me rappelle mon oncle adoré qui s'est beaucoup occupé de moi, enfant. Nadeau, un bon ami de collège, supérieurement intelligent et Dubois. Un bon ami que j'ai. Extraordinaire. « Vendredi soir, j'ai eu l'honneur de prononcer le "discours patriotique" dans le cadre de La fête nationale dans Villeray. Je vous le partage.
"Je suis né ici. J'ai grandi ici. Les rues de Villeray, ce sont les rues de mon enfance. Je suis allé à l'école St-Gérard, tout près. C'est dans cette école que j'ai appris à connaître le Québec, sa culture et son histoire. C’est dans cette école qu’on m’a inculqué le sens de la solidarité. C’est dans cette école que j’ai découvert, dans le contact avec les autres, la richesse de la diversité. Je m'en souviens comme si c'était hier. C'était une vraie école de quartier, typiquement montréalaise, typiquement québécoise : les parents se connaissaient, les enfants – de toutes origines – étaient entourés de professeurs dévoués, patients. Comme des millions d’enfants, j’ai reçu en cadeau le plus beau de ce que le Québec a à offrir: une éducation publique, gratuite, un quartier paisible où grandir.
En 2013, on a découvert que les murs de l’école St-Gérard était rongés par la moisissure. Les experts ont dit que c’était dangereux pour les enfants. Cette année-là, on a détruit l'école de mon enfance. Aujourd'hui, elle n'existe plus. Il ne reste plus qu'un immense trou.
Je ne sais pas vraiment pourquoi, mais à chaque fois que je passe devant les ruines de mon ancienne école, ça me rend triste. À chaque fois, j'ai l'impression que cette histoire illustre la direction que le Québec prend depuis quelques années. On dit que la manière dont une société traite ses enfants illustre la confiance qu'elle a en son propre avenir. Si on se fie à ce qui est arrivé à mon école, le Québec de 2016 n'est pas très optimiste.
On coupe, on rationalise, on restreint, on comprime, mais qu'est-ce qu'on construit? Nous avons des cibles budgétaires, des objectifs de productivité, nous avons beaucoup d'états de comptes et de factures, mais où sont passés nos rêves de liberté?
Ce qui, aujourd'hui, menace le Québec, ce ne sont pas ceux qui sont nés ailleurs, ce ne sont pas ceux qui ont une langue maternelle différente. Ce qui menace notre culture et notre identité, ce ne sont pas ceux qui pratiquent telle ou telle religion. Non. Ce qui menace le Québec, c'est la destruction de toutes ces institutions où nous pouvons nous retrouver, ensemble, peu importe nos origines.
La solidarité, l'appartenance à un pays, ça tombe pas du ciel. Ce qui fait que nous formons un peuple, c’est ce que nous construisons ensemble, tous les jours. Ce qui nous permet d'exister comme peuple c’est bien sûr notre langue commune, mais cette culture ne vit pas suspendue dans les airs. Elle s’incarne dans nos CPE, nos musées, nos écoles, nos hôpitaux.
Quand ces institutions s'effritent, notre solidarité s’affaiblit. Et quand notre solidarité s'affaiblit, on est tenté de chercher des coupables, on est tenté de pointer du doigt. Partout au Québec, des démagogues tentent de nous diviser : Montréal contre Québec, les étudiants contre les travailleurs, les « de souche » contre les immigrants... Il faut refuser de jouer ce jeu, il faut refuser de se laisser diviser, il faut refuser de se laisser affaiblir.
On ne construit rien sur la peur. Ce dont le Québec a besoin, ce que je nous souhaite à tous en cette Fête nationale, c'est de reprendre confiance en nous-mêmes.
On est capables. On vient de loin. On a d'abord été des français d’Amérique, puis des Canadiens, puis des Canadiens-français. Finalement, nous sommes devenus des Québécois. Aujourd'hui, nous sommes des Québécois. Ils ne nous restent plus, au fond, qu'une seule chose à faire : devenir des Québécoises et des Québécois libres. Libres de parler, pour eux-mêmes, et libres de dire qui ils sont et ce qu’ils veulent.
Il n'y a rien de plus normal que la liberté, rien de plus naturel pour un peuple que l'indépendance. C'est faire ce qu'on a faire, c'est prendre nos décisions, comme on le fait tous les jours de notre vie : quand on décide d'ouvrir un café au coin de la rue, quand on s'occupe de sa mère qui est malade, quand on aide son voisin à pelleter son entrée. C'est gérer nous-mêmes notre économie, comme des amis qui se partent une coop et qui choisissent de construire ensemble leur avenir, parce qu'ils sont tannés d'attendre après les autres.
Et bien je pense qu'il est temps d'arrêter d'attendre après les autres, je pense qu'il est temps de se mettre au travail. Au lieu d'écouter les chefs de parti débattre en notre nom, il est temps de se remettre à parler entre nous, de recommencer à penser notre avenir. Il est temps de se débarrasser des élites corrompues qui se servent du Québec au lieu de le servir. Mon cher Québec, c'est à ton tour de faire du ménage, de faire des mises à pieds. Il faut congédier ceux qui nous empêchent d'avancer, il faut reprendre le contrôle sur le Québec. Nous avons la possibilité, nous avons le devoir de nous remettre en marche, de nous remettre à reconstruire notre avenir.
Reconstruisons l'école St-Gérard;
Reconstruisons toutes nos écoles;
Reconstruisons nos hôpitaux;
Reconstruisons nos régions;
Reconstruisons notre Québec.
C'est un chantier immense, c'est une tâche énorme, mais nous nous égarons si nous pensons qu'il n'y a pas déjà des milliers de personnes qui y travaillent.
Car la bonne nouvelle, et la grève étudiante de 2012 en est le rappel le plus proche, c'est qu'il existe déjà dans ce pays des gens qui veulent autre chose pour le Québec que l'austérité et les pipelines :
Il y a des étudiants qui étudient pour autre chose que l'argent;
Des professeurs qui ont le souci de la culture;
Des citoyennes qui protègent leur école publique;
Des travailleurs qui ont encore le sens du bel ouvrage et qui n’ont pas peur de faire la grève quand il le faut;
Des agriculteurs qui protègent le territoire;
Des musiciennes qui se rappellent Pauline Julien;
Des entrepreneurs qui ont le sens du service à la collectivité;
Des militantes qui se rappellent des luttes sociales qui ont fait du Québec ce qu'il est.
C'est à ces gens-là qu'il nous faut s'attacher pour devenir vraiment libres, c'est avec ces gens-là que nous ferons l'indépendance. Nous n'avons pas de tâche plus haute, pas de projet plus fort.
Allez! Au travail Villeray! On s'élance, on avance, on marche, on fonce!»

La dépression chez l'enfant.

Vous comprendrez tout de suite que ce n'est pas l'enfant qui est malade mais son milieu. Je m'inspire du Devoir d'aujourd'hui et je veux vous parler un peu de moi. Vous prenez ce que vous voulez. Mes débuts jusqu'à la 4e ne furent pas brillants. Mère dépressive qu'on cachait, fils dépressif qu'on voulait contrôler. 2 années du primaire doublées. Mère présente. Fils super actif prêt à défoncer tout ce qui bougeait. Ce qui m'a donné du solide pour commencer, la force de mon grand-père. 6hs le matin, debout, 6hs.20, parti travailler. Tous les jours, tous les ans, n'était jamais malade et en plus sa façon qu'il utilisait pour m'aimer. Me frottait très fort la tête et me disais, "fais ton possible mon pit". C'est tout ce que j'en entendu de cet homme. Je lui demandais quelque chose. Je l'avais presque tout de suite mais dans le temps ce n'était pas trop la mode de demander. Donc, je me suis attaché à la force de mon père(grand-père). Je savais déjà que je pouvais être fort comme lui. Donc, mon contenant prenait forme solidement. Restait à y mettre un contenu.
Ma grand-mère elle, je l'énervais car en forme, je fonctionnais à « cent milles à l'heure ». Toujours.... Le plus grand cadeau que je lui ai fait. Quand j'ai demandé d'aller au collège. Comme, de me voir l'énervait, c'est simple, je tâchais de l'énerver le moins possible. Donc, elle me voyais le moins possible. Ce qui faisait son affaire et la mienne. J'ai donc eu une tonne d'amis loin de ma grand-mère. J'ai fréquenté les ruelles et leurs hangars "éducatifs" loin de ma grand-mère. Il lui prenait parfois des genres de remords de ne pas s'occuper de moi. Elle me mettait en pénitence une semaine pour comme se faire pardonner par Dieu. Deux jours après, j'étais libre, ma grand-mère était épuisée et je retournais à ma ruelle, libre comme pas un.

J'ai toujours su que j'étais chanceux d'être libre et j'en ai profité.J'organisais régulièrement mes pièces de théâtre dans le quartier. Plein de monde venait m'aider, des adultes surtout. Oui, dans mon quartier, Villeray, on avait encore cette qualité qu'on appelle la compassion et la générosité. J'eux même un imprimeur qui se chargea gratis d'imprimer des programmes pour les présentations que je faisais. On m'appelait "l'enfant sans parents"! C'était vrai et faux. Car j'avais plein de parents dans mon quartier. Un qui me faisait faire telle activité, un, telle autre activité et j'en passe.
Et les profs. Quand j'ai eu des hommes pour s'occuper de moi (Fuck les syndicats.), je me suis tout de suite transformé. Je me suis mis à m'intéresser à tout et en plus les profs nous faisaient faire du sport durant le midi. J'ai vu très peu pour ne pas dire pas du tout de femme faire la même chose. Elles avaient plutôt leurs tricots et leurs bijoux dont elles se parlaient. Les p'tits gars et leurs besoins particuliers ne les intéressaient pas. Mon prof. Henri Gratton (Il a une plaque de bronze avec son nom dessus à l'école où il a enseigné. Pas rien.) C'était un saint homme qui ne cessait de me dire:"Souviens toi toujours Richard que tu es un homme libre et que même le pape ne peut t'ordonner quoique ce soit si ta conscience te dit le contraire." Il me répétait cela très souvent. Je pense sincèrement qu'il voulait que je sois profondément libre.

À vous, chers enseignants qui m'avez accompagné tout au long de mon parcours et qui continuent de me soutenir de près ou de loin, merci. Merci énormément." S'il fallait que je fasse une liste par ordre alphabétique! Ce serait sans fin. (M. Barbeau, M. Henri Gratton, père Marcel-Marie Arbour csc, Tous mes profs. de l'école St-Gérard et le voisinage. On m'avait même fait un costume de bain en vitesse pour que je puisse me baigner comme les autres enfants. (La bonté des gens.) J'étais enfant. On ne fit pas de simagrées. Tous mes profs. de St-Laurent et St-Jean-Vianney. André Longpré, difficile à oublier. Devint directeur des langues à l'U de M. Faut-il s'en surprendre? Nous donna le goût du latin, devinez comment? En nous faisant traduire des poèmes latins un peu, pas mal salaces sur les bords. Le latin devint la "chose" à la mode dans le milieu sous terrain du collège. Tout ce qui est sous terrain, attire les ados, car eux aussi ils sont un peu comme sous terrain. Nos nuits de la poésie anglaise...tous déguisés en fantômes. Monsieur Surprenant! André Naud, théologie. Homme critique, intègre. Avait bien compris que mieux valait "aplanir" les aspérités pour ne pas trop offenser. Etc. Etc. Etc.
Jamais je n'ai eu de toute ma vie un agenda à l'école. Je pense que les gens font ça avec les enfants pour se donner bonne conscience. Jamais personne ne m'a dit que je devais faire ceci ou cela. Je pense que l'exemple des adultes signifiants pour moi m'a été suffisant. Un détail différent, j'ai eu le même professeur toute l'année à aller jusqu'en 9e primaire ou 2e secondaire. Il me semble que ça nous faisait encore une vie plus stable sans agenda. J'avais d'ailleurs déjà plein de modèles dans ma tête sans que personne m'en ait parlé. Je ne veux vendre aucune salade. Je ne suis pas un enfant de Summerhill ou je ne sais quoi. Je suis un enfant de Youville, le quartier et fier de l'être.
Ma grand-mère n'avait jamais élevé d'enfant. Elle avait toujours eu des nounous. Elle décida donc que l'oncle Gabriel serait ma nounou. Personne n'aura eu une nounou aussi douce que celui que j'ai (un peu plus plus tard!). Gabriel. L'archange? Presque. Ma mère me manquait mais j'étais plus vieux. Mais à partir de 16 ans, elle venait me voir tous les dimanches au collège. Cette chère maman qui avait se petits en plus. Ce ne fut pas long cependant que j'ai pris les petits en charge pour la dépanner.
Je ne dois pas minimiser ma grand-mère qui était une femme "frustrée" peut-être mais qui sut me donner un foule de conseils dont certains me servent encore aujourd'hui. Elle avait été femme d'affaires et avait plutôt les pieds bien à terre. Je me suis souvent assis à côté d'elle, sur son lit de mort et combien de conseils judicieux elle m'a donnés. C'était toujours court mais précis.
Mes parents adoptifs décédés, j'ai trouvé ça dur mais j'ai découvert un avantage incontournable. J'étais devenu mon propre chef et j'en étais fier. Ça me rappelait les "dires" de mon prof. Gratton, sur ma liberté. N'oublie pas que tu es ton propre chef Richard! Ça me restera toute la vie. J'ai respecté ma promesse de consacrer l'argent qu'on m'avait donné que pour les études. De ne pas m'engager maritalement sans avoir la formation suffisante pour faire vivre mon monde. Ce fut respecté.
Je pense donc que le contenant solide reçu de mon grand-père et le contenu solide de ma grand-mère et des gens de mon quartier ont fait de moi un homme fier de l'être. Avec des handicaps moyens. Oui, je le sais. J'ai du composer avec eux et je continue. Ma vie a été belle et dure parfois mais, c'est la vie!
En résumé, je pense qu'on n'est pas obligé de demander des choses d'adulte à un enfant. Il faut profondément croire en sa nature. Il risque de le savoir plus que nous autres. Un exemple flagrant. À trois ans, je ne savais pas du tout qui était mon père. Mais, voilà-tu pas que la maison s'est rempli de monde qui revenait de la guerre et que mon père s'y trouvait. Jamais on ne m'avait parlé de mon père. Jamais. Et pourtant, cette nuit là, ma nature m'a indiqué qui il était et somnambule, je dormais et je suis allé me coucher de tout mon long sur mon père, joue contre joue. Il s'éveilla en sursaut et me donna l'ordre de retourner me coucher dans mon lit. Ma nature m'avait fait faire le contact physique nécessaire à tout enfant. J'avais donc une nature solide. Oui, la nature d'un enfant le guide vers ses besoins. Faut-il au moins de pas lui nuire.
C'est humblement mon histoire et l'histoire de ma nature! Laissez donc les enfants vivre leur enfance. On est un monde adulte tellement névrosé qu'on en rend malades nos enfants qui justement ne peuvent plus être des enfants.

LES RUELLES DE MONTRÉAL. UN MILIEU QUE TOUT ENFANT DEVRAIT CONNAÎTRE
Oui, les ruelles! Je suis un Montréalais de souche. Hé oui, il y a de très belles ruelles à Montréal. Et les cheveux! Qui hennissaient. Ce qui faisait le même bruit qu'une cheval. Quel monde!. C'était mon monde de rêve où je me faisais solliciter pour toutes sortes de choses. Un monde parallèle qui cachait bien ses secrets et où les saltimbanques de mon espèce avaient la vie libre et j’eus la vie libre moi aussi. Souvent, beaucoup de premières rencontres gars/filles eurent lieu dans ces endroits sombres, propices aux premières découvertes. Dans ces ruelles, quand j’étais petit, on y voyait passer le marchand de glace, le boulanger, le laitier le marchand de chiffon et l'aiguiseur de couteaux. Tout ce beau monde utilisant au moins un cheval. Quelle beauté! Je courrais après les chevaux et je me faisais aller les « bajoues » comme eux afin de faire les mêmes bruits de mâchoires m'ébrouant les cheveux de la salive des bêtes. J’appris ainsi à bien imiter le cheval, animal que j’adorais. Toute une vie! C’était vraiment un genre de cirque. Ma ruelle était très belle. Elle était pavée. C’est justement là que j’ai appris à patiner. Pas possible hein? Il y avait d’immenses hangars, car on chauffait au charbon dans le temps. On ne pouvait le loger dans la maison, c’était toxique. Et ces fameux hangars avaient un autre rôle pas banal. Les enfants y jouaient au docteur hors de la vue de leurs parents. Ah! Les hangars de Montréal qu’on appelait souvent du mot anglais, « sheds ». Oui, je suis un enfant qui a joué comme un p'tit fou dans les ruelles de Montréal. On se déguisait avec de la guenille, pleine de poussière, pas grave, en toutes sortes de personnages des milles et une Nuits sans compter les pièces de théâtres qu'on organisait. Du fun à mort. Il fallait prévoir le passage du cheval du laitier, du boulanger, du quêteux, de la glace et j'en passe. On faisait des grimaces aux chevaux qui nous le rendaient bien. Incroyable! Vous voulez connaître ma vie. Regardez le film L'EMPIRE DU SOLEIL! Ce fut mon enfance pleine de découvertes. J'étais curieux comme pas possible et le quartier nous éduquait. La voisine pouvait me chicaner et me dire que mon grand père l'apprendrait. Je vous jure que ça me calmait le ponpon! Petit Richard se tassait. Non, l'enfant n'était pas la possession de ses parents mais bien du quartier. Un monde incroyable! Je passe près des Martineau qui ont une piscine, la seule piscine privée à Montréal. Mme Martineau me voit regarder dans la piscine et me dit, si tu veux te baigner, tu peux entrer. Mais je n'avais de costume de bain. Elle m'en a cousu un à la vitesse de l'éclair alors que je m'étais mis tout nu tellement j'avais hâte de sauter dedans. Dix minutes après, je me baignais. Un monde simple, pas compliqué! Ma grand-mère ne savait jamais où j'étais sauf au moment du dîner et du souper et j'étais très occupé...à jouer avec les enfants de mon âge et même à jouer au docteur dans les hangars de Montréal. Jamais un adulte ne s'est mêlé de ces histoires. Une vie d'enfant formidable où tout le monde s'occupait tendrement de tout le monde sans faire d'histoire. Et Mme Piette m'amenait à la bibliothèque Shamrock, un vieil ingénieur, anglais seulement, me montrait comment dessiner mes modèles exclusifs d'avions, on jouait des après-midi à la balle molle, on se trouvait des bouteilles vides pour les vendre pour aller se baigner à l'île Ste-Hélène. Ouragan à Montréal. Je m'étais rendu centre ville simplement à ouvrit mon coupe vent et me faire pousser. Durant les chaleurs, mon grand-père nous ouvrait la borne fontaine pour permettre à tout le monde de se rafraîchir. Les pompiers venaient même l'aider. Quelle joie que de voir le ramoneur de lumières de rue car ces lumières fonctionnaient à l'arc électrique. La curiosité nous titillait. Ça devenait une discussion à l'école tout près de chez moi. L'hiver, nous avions un restaurant qui avait une belle patinoire près de chez moi. J'ai appris à patiner dans ma ruelle. C'est simple. Une enfance extraordinaire avec les p'tits tous les samedis et même les dimanches à l'immense auditorium de toute beauté de la paroisse St-Alphonse, sans compter les pièces de théâtre de toute beauté. Et les pompiers qui arrivaient, il y avait un feu. Quel spectacle pour un enfant. Peu d'autos donc peu d'accidents. Mon grand-père qui aimait des fois jouer avec sa dynamite. Ça lui arrivait de se tromper et de faire sauter quelques vitres dans des fenêtres du quartier. Il devait réparer ses dégâts. Oui, un monde simple où l'enfant était roi mais dans le bon sens! Cet enfant devenait aussi roi dans la rue mais avec parfois des accrochages. Quel plaisir quand mon grand-père se décidait à nous faire une patinoire en pleine rue ou une piscine. Oui, durant les chaleurs, mon grand-père se permettait aussi d'ouvrir à plein jet la borne fontaine pour permettre à toute la jeune faune de se divertir tout en se baignant. Je n'ai jamais vu personne protester de cette initiative mais l'arosage de la rue l'hiver provoqua parfois des accrochages avec des voisins. Nous avons du, pour acheter la paix, prévoir un endroit où l'auto pouvait se faufiler en toute sécurité. C'était quand même peu nous demander pour l'avantage que nous avions de pouvoir jouer dans la rue. La police s'annonça moins satisfaite de notre solution mais, dans le temps, une petite rue de Montréal n'était quand même pas le boulevard métropolitain de nos jours. La police acheta la paix à sa façon. Il n'y eut plus de patrouille sur notre rue. Nous vivions vraiment dans un monde où le compromis était maître sans que les gens ne connaissent le mot en question.

CE JOUR OÛ JE M'IMAGINAI PAPE.
Oui, parfois j'avais comme la berlue et je m'imaginais en toutes sortes de personnages dont pape ou sultan ou roi ou champion quelconque dans un domaine ou un autre. Oui, mes rêves devenaient ma réalité. J'eus donc ce passage où je m'imaginez pape. On me transportait sur un genre de dais que j'avais inventé. Quelqu'un tirait le dais qui n'était finalement qu'une petite voiturette. Un grand manteau m'enrobait majestueusement et de celui-ci sortaient deux mains, les miennes, qui portaient un genre de vase sacré. Et déguisé dans tout cet accoutrement, je traversais le quartier complet. Parfois Ti-Nègre me voyait passer et semblait se dire, bon, il est encore dans ses rêves. Mais Ti-Nègre ne me critiquait jamais. C'était comme un contrat que nous avions passé entre nous deux. Chacun acceptait l'autre comme il était. Et je n'en fis moi-même pas plus de cas. Je ne savais pas trop pourquoi ce théâtre faisait partie de mes jeux. Les gens non plus. On ne me posait jamais de question sur ce « phénomène ». J'étais comme un bohème qui vivait dans un autre monde.

Je me couchais le soir et je pouvais m'imaginer dans toutes sortes de mondes. À faire du théâtre ou à jouer l'ambassadeur parmi des « gans » adverses qui toutes m'acceptaient comme j'étais. J'imagine que les parents devaient dire à leurs enfants, laissez-lui vivre ce qu'il veut celui-là. J'avais tous les droits dans ce quartier qui m'aimait beaucoup j'imagine.
J'avais aussi une manie. Pas question de me présenter devant les gens sans savoir faire quelque chose. Quand je commençai à patiner, je me pratiquai tout seul dans la ruelle. Je ne voulais pas que les gens me voient tomber. Je voulais me casser la gueule tout seul jusqu'au moment ou je serais bon. Alors, je daignais sortir de ma cachette pour m'exécuter devant tout le monde. Je gardai ce réflexe pendant des années. Je me pratiquai pour toutes sortes de chose jusqu'au moment on je devenais bon. Certains trucs ne fonctionnèrent pas tout à fait à mon goût. Il m'arrivait de promettre des choses que je croyais réalisables alors que ce n'était pas le cas. Quelle humiliation j'avais quand je devais admettre que je ne pouvais pas rendre la marchandise que j'avais promise.

LA GANG À « TI NÈGRE ».
Ti-nègre n’avait de nom que le nom qu’on lui donnait. Il n’avait rien d’un « noir », il était juste très bronzé parce qu’il passait son temps dehors. Bien sûr que j'avais aussi un ami de couleur noire. Un très bon ami qui devant mon hésitation à le croire noir partout sur son corps se déshabilla complètement nu devant moi pour en faire la preuve. Je fus à la fois impressionné de constater qu'on pouvait être noir partout et le prouver tout bonnement en se mettant tout nu devant son ami. À cet instant, il devint un frère pour moi. Je fus très attaché à lui. Il y avait, dans le même quartier, la section des Anglais, plus dans le secteur d’Henri-Julien, Crémazie. Mon ami Michel Champagne habitait ce secteur et comme sa mère était mauvaise et ne se laissait pas faire, elle les avait à l’œil, ces Anglais. L’acrimonie contre ces anglais tenait plus de notre imagination que de la réalité. Le rôle que j’eus me fait bien rire. Comme je fréquentais le collège classique et qu’on voulait quand même bien me traiter, on me donna un genre de titre comme conseiller technique des conflits pour tout le secteur, Crémazie, St-Laurent, Jarry et St-Denis. Ça faisait pas mal grand comme territoire. Devinez qui me servait de conseillère? Ma grand-mère. Elle était très futée pour trouver des solutions à ces problèmes de chicanes et autres. Elle me donna toujours des conseils bien avisés. Je demandais toujours un 2, 3 jours avant de donner ma réplique que la grand-mère m’avait refilée. Elle en profitait surtout pour encourager certains enfants qui n’avaient pas toujours la vie facile. Il ne fallait pas faire un plat de ces choses et des « ti-culs » comme nous, il y en avait partout. Nous faisions p’tits « bums » un peu, mais nous ne l’étions absolument pas. Les parents pouvaient avoir des problèmes qui retombaient parfois sur les enfants comme n’importe où ailleurs. Et dans tout cela, je faisais le petit ambassadeur futé qui distribuait ses conseils à tout le monde respectueusement, car c’était ma marque de commerce. J’aimais tout le monde et dans ma tête, tout le monde était égal comme me le répétait « ad nauseam » ma grand-mère, défenderesse attitrée des droits de la personne sauf pour moi parfois. Elle avait un tempérament bouillant. J’eus même le sentiment, à une époque, de vivre à côté d’un volcan. Tient, j’aurais dû faire un vulcanologue, sans doute que j’y aurais eu beaucoup de succès! J’étais donc un p’tit « kid » sans prétention qui faisait le collège classique et qui avait du prestige et de l’aplomb. Je fus toujours fidèle à ménager mon « image » dans le quartier, mais ce quartier j’allais le perdre sous peu à mon grand désarroi. Les événements se bousculaient et mon avenir aussi. J’étais vraiment très inquiet. Je n’étais pas abandonné, mais pas très entouré. J’avais quand même des personnes très fiables autour de moi. Ma tante Pauline fut toujours la première dans ma tête. C’était « L’ARMÉE » à ma disposition. Jamais on ne me toucherait en sa présence ou son absence. Je me sentais donc en totale sécurité. Je pris d’ailleurs l’habitude de la visiter régulièrement, ce qui inquiétait les gens mal intentionnés de la famille. On avait peur que je rapporte des choses qui auraient pu aussi faire « enflammer » le volcan, car tante Pauline, c’était aussi un volcan. Comme l’autorité suprême. Malheur à celui ou celle qui se serait interposé. Ma sécurité était complète et mes visites, grandement appréciées de ma tante. On parlait littérature, politique, etc., et certaines informations confidentielles sur la famille. Ça restait entre elle et moi. La tante avait l’esprit ouvert, quoique conservateur, mais mes contacts avaient l’air de beaucoup la flatter. Donc, dans son espace, mon quartier, je fus traité comme un p’tit ambassadeur. J’avais la confiance complète de Ti-Nègre, j’étais donc au-dessus totalement de mes affaires. Trop comique!
Un enfant du Quartier Youville!

MON COLLÈGE FABULEUX, SAINT-LAURENT QUI M’A AUSSI SAUVÉ LA VIE.

 

 

Moi, tout petit, au collège. J’arrivais, tout juste.
Je participais à un cours de modelage. Le début en art.

Dimanche matin, à la chapelle du collège St-Laurent (ancienne cathédrale anglicane de Montréal), assis en attendant la messe. C’était une grand-messe avec en plus les grandes orgues du collège qui jouaient. Nous avions deux orgues. Un gros à l’arrière et un double à l’avant. Le plancher de la chapelle en tremblait. Et pour finir le tout, elles entonnaient la Cantate et Fugue de Bach à la fin de chaque grand-messe du dimanche. J’étais littéralement transporté par cette musique que toutes mes années de collège en furent marquées. Je ne sortis jamais de la chapelle sans que l’organiste eût terminé.

Je suis plus attaché au classique pour y avoir été initié très jeune à mon collège, Saint-Laurent, avec les samedis matin de l’orchestre symphonique de Montréal dirigée par Wilfrid Pelletier, lui-même et la série d'initiations à la musique du père Dupuis. Il nous faisait particulièrement écouter la musique des Comédies musicales américaines. J'ai toujours adoré cette musique par la suite. J’avais 14 ans. Le temps passe. Tout commençait à l’époque. C’était les Anglais qui avaient la plus belle vie culturelle à Montréal. Mais tout a bien changé avec l’arrivée subite de la télévision qui bouleversa tout le paysage artistique. Et puis, il y eut la mode d’Elvis! Toute une époque! Et j'ai vu tout ça à mon collège qui avait les studios de Radio-Canada dans ses murs. Quand même incroyable. Nous avions la plus grande scène tournante au Canada avec des équipements ultras modernes de rideaux commandés par des systèmes qui s’approchaient des ordinateurs. Nos rideaux de scène avaient plus de 30 pieds de haut, tout en velour avec les couleurs les plus utilisées; blanc, rouge, noir et bleu. Ils pesaient au moins une tonne chacun. J’ai vu quelqu’un se faire casser une jambe pour s’être fait « accrocher » par un rideau qui se fermait. En plus, notre collège possédait 3 auditoriums différents. Pas banal n’est-ce pas? J’eus de la place en masse pour m’amuser, car je fus responsable, avec une équipe, de la surveillance partielle des garde-robes de la troupe : 4000 costumes, 5000 chapeaux, des tonnes de spaghettis, les fameux câbles pour faire la jonction des différents projecteurs et autres équipements à la mode du temps. Toute une période emballante où l’avenir s'ouvrait devant nous.

BLOC MAQUILLAGE SCÈNE

Nous avions, bien sûr, notre grand auditorium, mais nous avions aussi d'immenses salles de maquillage de toute beauté avec toutes les petites lumières autour des miroirs, comme à Hollywood. C'était le passage obligé, avant de monter sur la scène, pour tout acteur que nous pouvions être. La chaise où on devait s'asseoir était organisée comme une chaise de barbier. On nous y assoyait et nous recouvrait d'un immense tablier pour éviter de salir le costume ou autre, le cas échéant. Premier rituel presqu'incontournable! On nous déposait une bonne quantité de poudre sur la tête, suffisante pour faire disparaître tous les traits de notre figure. Nos yeux devenaient tout petits. C'était difficile de les deviner. Et c'est alors que le miracle se produisait. On nous reconstruisait complètement une nouvelle figure et d'autres membres au besoin. C'était la magie du maquillage. Le fou rire me prenait souvent de me voir dans les miroirs. Quelle surprise m'attendais au détour, surtout quand, en plus, on devait m'affubler d'une perruque à la Louis XIV ou autre. Et le père Arbour qui me regardait d'un air, en voulant dire, "ne dit pas un mot, sinon Leduc va se choquer!" Ce qui fit que je ne connus pas beaucoup le père Leduc pour qui j'avais pourtant une très grande admiration. Il était architecte, ingénieur, responsable de scène, responsable des commandes de costumes en Europe, Londres ou Paris ou New York. Oui, nos costumes pouvaient nous être livrés dans d'immenses écrins, genre grosses boîtes de violons, le tout signé des plus grands artistes du temps.   
Le collège fut donc une véritable libération et révélation pour moi. Pleins d'amis dans les salles de récréation, des activités sans fin, ainsi que toutes sortes d’autres activités où je pouvais m'exercer ; dans les arts incluant le cinéma, l’imprimerie, la peinture, la sculpture et le théâtre sur la plus grande scène du Canada en plus. Je fus comblé et j’en profitai pleinement. Pas nécessaire de vous dire que je pleurai comme une « Madeleine » le dernier jour, où je dus quitter le collège pour la vraie vie. Je fus totalement dérouté et ça ne me plaisait pas du tout d’aller vivre chez ma mère qui criait tout le temps et où il y avait quatre enfants. Ce fut l’enfer total.

 


Oui, on nous traitait comme des héros au collège. Et j'avais une faveur particulière. Comme je n'avais plus de parents adoptifs, les pères me laissèrent la clé maîtresse du collège à l'année. Si tu t'ennuies Richard, tu es chez toi. Vous vous imaginez. Parfois, j'allais m'installer dans les studios de Radio-Canada d’où je regardais le "show". Oui, les pères ont été des papas pour moi et les soeurs, elles sont encore mes mamans. Gros bébé gâté n'est-ce pas? Les soeurs Sainte-Croix. Et les pères Sainte-Croix. Des héros pour moi. Je suis descendu avec la tombe dans l'excavation pour accompagner le dernier de mes papas. Je lui devais ça au minimum. Ils m'ont appris à aimer des tonnes de choses. Oui, nous sommes tous appelés à nous dépasser. Ce film, le Chariot de Feu que je viens de visionner, nous confronte à nous-même d'une certaine façon que nous ayons été un héros, une héroïne ou pas. Nous sommes tous, toutes à la recherche de quelque chose. Ces images me ramène à mon collège où on nous faisait vivre des Olympiques avec presque rien comme équipement. Nous étions pauvres. Oui, le collège St-Laurent de ce côté était pauvre. Les religieux, religieuses pratiquaient la plus stricte pauvreté. Et malgré tout, on nous faisait vivre des moments de gloire et d'espérance en l'avenir. Ho! Oui! Mon collège fut grand. St-Jea-Vianney aussi, pour lequel j'ai un immense attachement. Que de choses belles ils m'ont proposées, ces hommes et ces femmes qui voulaient au plus profond d'eux-mêmes, d'elles-mêmes, notre bien pour de vrai. Ces choses belles qu'ils, qu'elles m'ont proposées m'aident encore à voir le beau côté de la vie. À avoir foi en l'avenir, foi en nos jeunes et foi à ce peuple qui se démène honorablement pour faire sa place, être reconnu, etc. Oui, on m'a appris à m'émerveiller de tout. Le monde, en premier, les oiseaux, les avions. Les rapides qui me secouaient, les aventures dans les bois, les airs, les atterrissages, le parachute, les animaux à qui je parle encore. Les orignaux qui venaient fouiller dans mes lunchs. Oui, un orignal c'est curieux comme une belette. S'agit de ne pas bouger et d'attendre. Et tout à coup, vous voyez ce grand seigneur apparaître tout "panaché" qui vous fait l'honneur de sa visite. Pas rien, je vous jure. Oui, l'amour de la vie. Mes bons papas, mes bonnes mamans. Je vous serre très fort sur mon coeur. Sans vous, je ne serai pas en vie! Bref, je ne serais rien. Et dire qu'on s'est occupé des "pogneurs de cul". Les héros, on les a oubliés. Shame on you. Un peuple sans histoire est un peuple condamné à être niais. Et on se trouve bon. À certains égards, on fait dur mes amis. J'ai visité un collège privé de riches aux US. Pour tous les mêmes services, ça coûte aujourd'hui pour des ti-culs, 25,000$ par année US. Et nous, ça nous coûtait, 46$ par mois avec en prime la pauvreté des religieux et des religieuses. Nous sommes de purs sans-coeur. Vous devriez voir comment les Italiens traitent leurs éducateurs. Ils les visitent pendant toute leur vie. Nous, sans cœur, ils sont tombés dans l'oubli sauf pour parler de cul. J'ai honte. Nous sommes des purs pervers. Oui, nous sommes un peuple qui oublie et sans mémoire, nous allons disparaître. Je le souhaite, car à voir ce qui se passe dans certains milieux, nous ne méritons pas d'exister. Trop de nos comiques s'occupent trop de "décrotter" le nez des autres alors qu'eux mêmes ont le, nez, les oreilles, les yeux et les écoutilles bouchées pour ne pas dire d'autre chose que constipés. Mon œil! Ma mère me faisait rire parfois. J'arrivais sur la rue et elle me disait, hé! le grand, tu ne vois pas ce qui se passe? Toutes les femmes, comme hasard, sont toutes sur leur galeries, en avant. C'est curieux, tu viens juste d'arriver. Et elle me disait, tu rentre mon beau! à la blague. Pire que la scarlatine! Je vous embrasse!

À St-Jean-Vianney aussi. Combien de pères sont morts à la pauvre. Le cancer. Ils se nourrissaient au minimum. Vivaient leurs voeux de pauvreté pas à peu près. Et nous ne sommes même pas assez futés pour réaliser qu'ils faisaient ça pour nous, pour que nous en ayons plus. Les Québécois! Un peuple sans mémoire. Nous disparaîtrons! Oui, encore une fois, on s'occupait de cul alors qu'on oubliait complètement les héros. C'est une honte. Je pense au père Bouchard qui m'a admis au séminaire. J'étais jeune, très priant, beau -ça devait-. Ces gens étaient impressionnés de voir des jeunes du genre futés. Ils devaient nous admirer en silence. Mais, finalement, c'est à cause d'eux que nous étions ainsi. Et nous l'oublions. Shame on us. Je pense à André qui a passé sa vie à construire pour les pauvres. Quels sont ceux, celles qui lui ont donné le feu sacré? Des hommes et des femmes effacées qui trop souvent ont été bafoués, mais qui ont vécu leux voeux de pauvreté avec zèle pour que nous soyons plus "riches". Et toi Raynald, tu te doutes que nous aurions tout fait pour te faire plaisir. Un seul regard était un ordre pour nous. Tu leur dois au moins une bonne croûte à ces pères, frères et soeurs.


MON PREMIER COLLÈGE

 

 


Moi à la gauche, et Pierre Deschamps
à la droite.
Première année au collège St-Joseph de Berthierville. 1953  J’avais 13 ans. Déjà, j’avais un sens surprenant de la communication. Je trouvai ça très dur, malgré tout, d'être loin de chez moi, à Berthierville. Des familles du quartier que j'habitais vinrent même me visiter tellement elles savaient que je m’ennuyais. Je pense aux Robillard en particulier, qui ne ménagèrent pas leur gentillesse par une visite bien sentie. Pourtant, ce n'était pas des gens qui avaient nécessairement la vie facile. Monsieur et Madame furent d'une gentillesse incroyable, en plus de mes amis, leurs enfants, Pierre, Paul, Jean en particulier, les gars, qui furent de très grands amis malheureusement éloignés par la vie. Car, à l'âge que j'avais, les gars se tenaient avec les gars et les filles, avec les filles. Pas tout à fait, mais, oui, en général. Le quartier Youville! Quel quartier! Et je n’étais pas gros! Pas du tout. Je tombai d’ailleurs malade en plein milieu de l’année scolaire. Scarlatine! Je n’en menais vraiment pas très large. On aurait dit que l'éloignement de ma mère venait encore une fois d'avoir ma "peau". Même si ma mère était loin, j’avais encore, malgré tout, comme une âme de « sauveur de la mère et de l’orphelin! » Le p’tit pit, mon ami, pleurait, car il s’ennuyait de sa mère. Nous avions 12 ans et moi 13. (1953) Je posai quelques questions et me rendit compte que c’était une histoire de divorce dans lequel on tentait d’éloigner le fils de sa mère. J’appris, en l’écoutant, que la mère travaillait à Canadair (Bombardier, maintenant.) Je pris le téléphone et je convainquis l’opératrice, avec mon talent de beau parleur, que mon copain cherchait sa mère qui travaillait à Canadair. Donc, je demandai qu’on me trouvât le numéro de téléphone de Canadair, Au service de je ne sais trop quoi, du personnel pour commencer, afin de savoir où était la mère de mon copain. L'opératrice était très émue d’entendre la voix d’un enfant qui cherchait la mère de son copain. Oui, j’ai eu une collaboration sans pareille. Cette femme m’accompagna dans toutes mes démarches et au bout de 10 minutes, j’eus la mère au téléphone. J’embrassai l’opératrice à distance et j’ai dit à mon ami Réjean; « bon, tu parles à ta mère maintenant ». L’enfant et la mère se parlèrent. Quelle joie!

LE COLLÈGE QUE J’AIMAI LE PLUS
J’ai premièrement été élève dans un collège huppé du temps. (On en sort définitivement marqué, dans le bon sens. Un étudiant de St-Laurent, ça possède une mentalité particulière, une éducation particulière. Ça sait se présenter en public. Nous avons une tenue particulière, un langage particulier et un comportement particulier.  Le genre de tous pour un et un pour tous existe. Nous sommes tous frères dans l’âme! Presque le genre d’une société secrète. Et nous nous traitons toujours d’égal à égal. Dans le temps, pour l’Expo 67, tous ceux de St-Laurent étaient automatiquement sélectionnés pour des postes. Tu ne pouvais y échapper. En tout cas, je n’ai pas réussi. C’était un « must ».)
Des enfants des familles riches du Québec, mais pas seulement des riches ont fréquenté cette institution. Ils pouvaient être d’origine de familles honorables et même moins honorables comme, par exemple, des enfants de milieux carrément criminels mais riches. La direction du collège ne le savait jamais. Et pour le savoir, comme élève, il fallait avoir des confidences de certains élèves, ce que j’ai eues. Ce n’était pas la « flotte », mais quelques personnes seulement. En plus, ces élèves n’étaient, mais pas du tout, criminalisés. Les jeunes de ces familles étaient comme tous les jeunes de notre âge. Ils avaient entre autre besoin de se faire aimer. Les pères donnaient donc plus d'importance à cet aspect qu'au statut, n'importe lequel, de la famille qui voulait envoyer son enfant au collège. Je trouve ça très honorable de la part de ces pères.
Oui, St-Laurent fut le collège que j'aimai le plus. Il me donna une base en "béton" qui me servit toute ma vie. Ce fut non seulement un collège pour moi, il devint aussi ma famille. Tellement vrai, que les pères m'en donnèrent les clés. Je pouvais donc y entrer et en sortir comme je voulais. Je fus donc un vrai enfant gâté où une connaissance fit aussi son inscription, Georges Brossard. « Car Georges a maintenant « la chance », dit-on dans son livre [c’est ce que lui disent ses parents] d’aller étudier au prestigieux Collège Saint-Laurent, à Montréal. À 12 ans, vêtu de son plus bel habit et sous le regard attendri de sa mère, le jeune campagnard entame le cours classique, abandonnant la nature pour devenir pensionnaire dans la grande ville. Ses espoirs sont grands, l’avenir lui appartient! » Tiré du livre de mon bon Georges. Je me trouvais bien gâté. St-Laurent dans le temps, c’était le début du théâtre à Montréal ainsi que le début de la télévision canadienne à Montréal. Tous les samedis matin, j’avais mon concert de culture musicale avec l’orchestre symphonique de Montréal dirigée à l’époque par Wilfrid Pelletier. Je me sentais « gras » comme un voleur. Il m’arrivait même, à l’occasion, de littéralement tomber en transes tellement j’étais transporté par la musique. J’eus même la surprise de réaliser que j’avais eu quelques pertes pendant ces fameux concerts. [Je reviendrai sur le sujet à propos de la transe et de la télépathie de l’enfant et de l’ado, télépathies qui sont tout à fait normales.] Je vibrais vraiment comme une véritable corde de violon et, en plus, j’étais assis tout juste à côté du chef d’orchestre. Quel honneur! Je vous jure que je ne manquai rien.
J’avais l’impression d’être un petit roi. J’étais toujours émerveillé.  Lever à 6 hs 20, 7 hs chapelle 7 hs 40 étude, 8 hs 15 déjeuner, 9 hs 15 classes, 11 hs piscine [2 fois dans la journée]. Après, dîner et récré. 1 h 15 cours, 4 hs piscine, Étude. Souper. Basket. etc. Congé les mardis et jeudis après midi et dimanche. Orchestre symphonique de Montréal tous les samedis matin. Les studios de Radio-Canada étaient dans nos murs. Le théâtre à Montréal avait en partie commencé chez nous. Le Club canadien de hockey venait se pratiquer la nuit. Nous avions le club canadien de tennis et ses champions. Nous étions le collège avec, à peu près, une des meilleures cotes au Canada. Arrivé à l’université américaine, on m’avait dit que nous étions la crème de la crème. Nous avions aussi certains contacts avec l’université Notre-Dame aux É.-U., car c’était la même communauté religieuse qui en était directrice. Décidément. On avait tout pour nous autres et nous en étions très fiers.

 

 

 

Quasi la fin de la dernière année après une retraite de réflexion.
Je suis en avant, à droite.

 

 

 


Mon bateau des pleurs, car j'ai pleuré souvent
dans mon coin, seul. Ma mère était mourante.
J'avais 16 ans.

Pendant les derniers mois de maladie de ma grand-mère, j’eus aussi la chance d’avoir un emploi comme marin sur l’Edward Cornwalis, N.B. McClean et le C.D. Howe (En partance, tous les trois, pour le Pôle Nord). Ceci, j'espérais, allait me distraire de l'atmosphère morose créée par la mort imminente de ma grand-mère. Mon ami Michel fut présent jusqu’aux derniers instants. Je ne me souviens plus s’il habitait encore dans mon quartier. Chose certaine, je suis allé le visiter souvent, chez lui, autant à Joliette, qu’à Québec. Ce cher Michel, il m'enseignait toutes sortes de choses, dont le dessin à propos duquel il m’enseigna toutes sortes de trucs. Sa mère, qui m’aimait beaucoup, et qui était elle-même artiste peintre, lui enseignait toutes sortes de choses sur le dessin et la peinture et à son tour, il me refilait son savoir. Faut-il dire qu’il fit ses beaux-arts à Québec et devint un peintre, mais surtout un graveur qui vous sortait des choses de toute beauté. Il fut aussi administrateur pour des artistes qui en avaient vraiment de besoin. Il devient un artiste reconnu, mais à quel prix! Il a travaillé très, très fort toute sa vie. Malgré tout, il resta une personne simple toute sa vie. La façon dont il s'habillait nous faisait croire plus qu'il était homme d'affaires plutôt qu'artiste peinte. Il était toujours bien habillé. Il était du même genre que tout le monde dans ses vêtements. Mais, pour ce qui était de défendre ses idées, alors là, il fallait s'équiper. Il fut une personne très articulée toute sa vie.

L’ADO. ET L’ENFANT TÉLÉPATHE.
BLOCK À AJUSTER

L'adolescence, c'est cette partie de la vie qui nous mène très proche de notre éternité. L'adolescent est télépathe comme l'enfant naissant. C'est la raison pour laquelle il a sa force. Dans sa tête, rien ne lui résiste. Il est comme indestructible. Au dessus des éléments. Pas nécessaire d'avoir un instrument de musique, l'instrument de musique, il est dans ma tête. Oui, quel privilège. J'ai eu, pendant des années, cette musique, toutes les musiques dans ma tête. Mon plaisir fut pendant longtemps de m'asseoir dans les immenses haut parleurs qui me faisaient vibrer de tout mon corps à ces battements d'accompagnement de toutes sortes de musiques. Je m'imaginais comme sur une scène, tient, la scène de mon collège, la plus grande du Canada. J'avais l'impression de quitter cette galaxie à la rencontre de toutes sortes d'accompagnements pas encore inventés. Oui, parce que j'inventais de la musique dans ma tête, dans mon coeur, dans mon corps, dans mes oreilles. Je m'imaginais au Radio City Music Hall de New York en train de faire danser les Rockettes. «Pour moi la musique classique recèle d'infinies promesse. Enfant, je ne le savais ni ne le comprenais. Mais, comme beaucoup d'autres, je le ressentais. Ce sont des promesses d'énergie, de force, de connaissance, d'inspiration, de consolation et de bonheur, d'une liberté spirituelle au-delà des conventions sociales.»(Ken Nagano) Non, quand on fait de la musique riche, on quitte carrément les conventions sociales. M. Nagano a bien raison. Le « faire comme tout le monde » disparaît.
 
Oui, j'avais la vie devant moi, une vie pétillante. Mes amis me courraient après moi pour me voir danser et danser toutes les nuits eux aussi. C'est ce qui motivait ces amis de m'amener dans tous les voyages qu'ils faisaient. Ils savaient, qu'ils y passeraient la nuit à fêter. Et, le lendemain, agenouillé devant ma Pieta, ma Pieta adorée à New York, tenant son fils inanimé dans ses bras. Oui, oui, c'était à New York. L'exposition de New York ou le Vatican construisit un pavillon de toute beauté pour abriter ce précieux trésor. Merci Marie, Merci ma maman adorable, merci pour toutes ces joies de nuit et cette fabuleuse joie de te rencontrer. Pitié Marie! Pitié! Comment tu as fait. Ton fils. Ton fils adoré. Mort! Tué par les hommes. Ces infidèles. Ta figure comme dévastée, dépassée devant le corps inerte de ton fils. Pourquoi t'avons nous fait un tel affront. Nous les humains qui sommes si exigeants pour nos droits. Mais les droits des autres, alors là, c'est différent. Ça nous indiffère justement.
 
Ho! Marie! Que tu étais belle dans ta verrière du Pavillon du Vatican de New York. Oui, ta visite, dans la capitale du monde. Ta sainte figure comme consternée de la perte de ce fils. Oui, adolescent, j'étais éternel. Je tombais souvent comme en transe, tellement tout ce qui m'entourait me pénétrait, m'habitait m'ébranlait.  J'habitait le monde et celui-ci m'habitait. Le coeur de la terre battait en moi et moi en elle. Quel grand plaisir, quelle grande jouissance que de me retrouver comme en Italie, comme ça, sans prétention. Ma petite Italie à Montréal m'aidait à le faire. Bien sûr que j'avais des timbres d'Italie dans ma collection, avec au haut de la page le fier drapeau de ce beau pays. Ma collection m'aidait à me retrouver dans tous ces pays du monde que je pouvais visiter dans mon imagination. J'allais donc visiter tous ces pays...dans ma tête d'enfant émerveillé. L'Afghanistan m'impressionnait toujours avec ses "barbus" d'une autre âge sur ses timbres(1949). Toujours le drapeau du pays en haut de la page. C'était important. Et j'allais vite dans mon dictionnaire vérifier ce qu'il advenait de ce pays. On y cultivait du pavot, disait-on. Impressionnant. Tintin au Congo. Et je me voyais tout à coup transporté dans ce pays fascinant d'Afrique. Ça n'en menait pas large le Congo dans les années cinquante. Les européens s'arrachaient les lambeaux de ces pays. C'était le temps de la colonisation. Plutôt dire, de la dévastation.
 
Et tout à coup, un tremblement dans tout mon corps. Tremblement inexpliqué, venu d'un autre monde aussi. Pourquoi me déranger? J'étais bien. J'avais un parfait contrôle sur tout. Et tout à coup, ces pulsions qui s'imposent et viennent chambouler ce corps qui était tout heureux d'être simplement lui-même. Oui, Kurt Gerstein (1905-1945), avait bien raison de dire que cette sexualité, c'est un emmerdement qui vous impose ses conditions et sur lesquelles vous avez de moins en moins de maîtrise. Pourquoi ne m'a-t-on laissé en paix avec mon corps d'enfant. J'étais pourtant bien. Non, la vie décide que ce n'est pas assez, qu'il faut en rajouter et voilà que tout un autre type d'hormones vous envahie malgré vous et vous impose leurs lois. J'étais si bien enfant. Et tous ces costaux, au dortoir, qui en plus, se faisaient un plaisir non dissimulé de se promener la queue bien raide devant tout le monde. Un peu plus, ça devenait le concours de la plus longue queue! Cinglés! Une bande d'adolescents. Pas pour rien que les père, en vitesse, nous envoyaient courir le mille ou moins tous les matins. Les queues reprenaient leur dimension normale. Et en plus, je ne savais rien de toute cette histoire. J'avais quasiment été élevé en incubateur une bonne partie de ma vie. Donc, le sexe? Connaissais pas du tout. Je me doutai à un moment donné qu'il y avait quelque chose de spécial qui se passait dans l'air, car mon grand-père ne cessait de dire à tous ceux qui voulaient l'entendre, qu'il fallait qu'il me parle. Mais ce n'est jamais arrivé. Vous vous imaginez, deux pauvres personnes âgées avec un p'tit pit pit innocent comme moi qui devaient tout à coup me mettre au courant de phénomènes que je connaissais mais pas pour la peine. C'était plus l'exitation des autres qui attirait un peu mon attention et à peine.  


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Je fus vraiment télépathe à mon adolescence. Je l’expérimentai plusieurs fois sans parler de ma mémoire toute visuelle qui était une véritable caméra. Je lisais vraiment dans l’âme des gens et c’est sans doute aussi ce qui me sauva. Encore aujourd'hui, je me ferme les yeux pour « voir » ce que ma mémoire a retenu. C'est vous dire! Une amie psychologue me fit la démonstration avec ma plus vieille des filles. Josie-Anne dormait d’un sommeil très profond, tellement qu’elle en ronflait. Et tout à coup, sans nous aviser, Yvonne se tourna de bord pour simplement dire à Josie-Anne : « Hein! Josie-Anne, c’est drôle notre affaire! Hein!» Nous étions justement à nous conter des histoires drôles. Stupéfaction, Josie-Anne, 6 mois, se mit à rire quasi aux larmes en entendant Yvonne l’interpeller de la sorte. L’enfant, même en plein sommeil, comprenait tout. Je répète. L’enfant, même en plein sommeil, comprenait tout. Je trouvai ça de toute beauté! J’avais parlé de mon expérience à Yvonne, mais jamais je n’aurais cru qu’elle allait m’en faire une démonstration irréfutable. L’enfant nous entend, il lit dans nos pensées. Nous ne pouvons rien lui cacher d’où l’importance d’assurer la totale sécurité de la mère dans toutes les circonstances. Je suis convaincu que Josie-Anne lisait dans nos pensées à nous deux, Lise et moi. Toute petite, elle nous sortit la réflexion suivante (à l’âge de deux ans.) : « Est-ce que c’est vrai qu’une femme ne peut pas faire tout ce qu’un homme fait dans la vie? » nous dit-elle. Mon cœur chavira totalement. « Tu sauras ma fille… » Et c’est mon cœur qui parla. Je retins cet événement toute ma vie. Je n’allais surtout pas oublier comment un enfant est facilement impressionnable et saisit rapidement les « toutes crocheries », que ce soit d’un milieu, la radio, télévision, conversation des gens, etc. Je soupçonne les médias d’être gravement responsables de beaucoup de désinformation à cet égard, désinformation qui déforme justement la pensée humaine. C’est un véritable lavage de cerveau, surtout en considérant le facteur « peur » qui augmente chez les gens, sans aucune justification statistique ou autre concernant les événements courants de la vie quotidienne.
Ce qui me fait parler de transe d’autre part, c’est l’événement où je tombai dans un coma à mon arrivée au collège. Je me suis souvent interrogé à ce sujet et je me suis toujours demandé s’il ne s’agissait pas d’une forme de transe que j’avais vécue, car, lorsque je revins à moi, je me levai tout simplement et m’habillai, car je trouvais que ma place n’était pas à l’infirmerie, mais en classe comme tout le monde. Et je me dirigeai tout à fait normalement, sans tituber, vers ma classe. Seul, le supérieur m’accompagnait pour les présentations qui furent courtes. J’allai m’asseoir et la vie continua son cours. Plus jamais je ne reparlerai ou on me reparlera de cet incident.
UN DÉSASTRE : LA MORT DE MES DEUX PARENTS.

 

 

 


Je venais de perdre mes deux parents et l’eau me
faisais grand bien pour me détendre et oublier.

La mort de mes deux parents fut un choc terrible pour moi, mais rien n’y paraissait. C’était la panique totale à l’intérieur, mais à l'extérieur, rien. Je ne me sentis jamais aussi seul. Les deux décédèrent à l’été 1956.  À la fin du mois d’août, je fis mon entrée au collège et c’est à ce moment que je réalisai tout le désarroi qui m’habitait. Je venais de quitter la maison familiale et je savais que je ne la verrais plus jamais, car elle fut mise en vente. Comme il y avait un mineur, la loi obligeait la famille à me payer ma part ou vendre la maison. Comme personne n’avait d’argent, on n’eut d’autre solution que de vendre. Je perdais donc tout. Plusieurs de mes effets personnels furent vendus à la ferraille sans me consulter. L’entrée officielle du collège se faisait l’après-midi, après quoi nous étions invités pour le souper. L’événement que je qualifie de tragique se produisit vers les 8hs du soir alors que tous les élèves étaient convoqués à leurs salles d’étude respectives. Je n’eus pas le temps de ne rien voir venir. Assis depuis quelques minutes, je me sentis partir tout en me mettant à vomir. Je perdis connaissance et tombai dans un coma. Je n’ai jamais repensé à cet événement sauf maintenant. Je me suis réveillé une ou deux jours plus tard comme si j’arrivais d’un autre monde. On m’avait mis mon pyjama. Donc, on avait dû me déshabiller, me laver et m’installer dans un lit de l’infirmerie. Les costauds du club de hockey avaient aidé.  On prit soin de moi comme d’un toutou, me disait-on. Je me levai et le frère qui s’occupait de l’infirmerie vint me voir et me demanda comment ça allait. Il me semble l’entendre encore; « mon p’tit lapon!  Comment ça va? » Ce frère était la bonté même, la bonté de Dieu sur terre. Mon collège que j’adorais prit grand soin de moi. Personne ne me parla plus de l’incident après, mais je sentis une profonde affection de tout le monde qui m'entourait. Nous étions plus de mille élèves pensionnaires. Oui, je fus aimé au collège. Oui, je suis très fier de mon collège Saint-Laurent à ville Saint-Laurent. Un haut lieu de culture qui nous invitait à nous dépasser. On nous préparait à CHANGER LE MONDE, rien de moins. Pas de banalité. Seulement des choses profondes et cette recherche de la vérité qui nous rongeait au plus profond. Rien d’autre. L’esthétique était aussi au rendez-vous, partout.   Les histoires qu’on raconte sur les abus de certains éducateurs dans d’autres institutions, c’est le genre de choses que je n’ai jamais connues à Saint-Laurent. Je pense qu’il y avait des balises sévères pour empêcher de tels événements. Les bons pères avaient les « spots » allumés. Ils se méfiaient, j’en suis sûr et donc, prenaient des moyens, les grands moyens. Mais, dans le temps, c’était plein d’« intouchables ». Ces gens que tu ne pouvais pas poursuivre parce qu’ils étaient hyper protégés par les gouvernements, leur statut spécial ou d’autres raisons. Genre de classe à part, au-dessus des lois. C’était véritablement une question de classe sociale. Une classe qui pouvait tout se permettre et l’autre qui subissait tous les sévices. Le ministre de la Justice du temps avait voulu mettre Mgr Pelletier en prison pour avoir tué accidentellement un jeune couple sur le pont de Trois-Rivières. Le cardinal Léger en personne avait menacé d’excommunier toute personne qui mettrait un évêque en prison. Le ministre de la Justice du temps n’avait rien pu faire. L’Église, à ce titre, pouvait facilement renverser un gouvernement. Un de mes amis, tué par un gars saoul, mais saoul totalement. Il fut impossible de le poursuivre, un INTOUCHABLE. Nous avions beau avoir une légion d’avocats dans nos rangs, rien n’y fit. Il y en avait vraiment encore dans notre société de ces intouchables et ça ne fait pas longtemps du tout qu'ils sont disparus. Et encore? Il y en a peut-être, plus que nous croyons, de ces gens... intouchables. Et ceux qui faisaient les culottes des p’tits gars, ben voyons donc, ça se faisait chez les Grecs, vous ne savez pas? disait-on. Ignares, on n’avait aucune réponse à donner. Certains milieux pratiquaient la « pédérastie » à profusion sans que personne ne levât le petit doigt. Il fallait avoir de la « culture » pour comprendre, nous disait-on, aussi. Véritablement, une classe qui se défendait sur le dos de l’autre en employant toutes sortes de subterfuges pour neutraliser les plaignants. N’y a-t-il pas un artiste, qui dernièrement avouait candidement dans son dernier livre que d’abord que le jeune avait un peu de poil, il l'aimerait quand même! Vous vous souvenez, aucun artiste ne leva le petit doigt, même pas à Tout le Monde en parle, totalement médusé par une telle déclaration. Vous auriez demandé à la police du temps d’intervenir, on n’aurait jamais accepté de le faire comme pour les hommes qui battaient leurs femmes en public et dont personne ne s’occupait; « elle a dû faire une grosse gaffe », disait-on. Et l’Église ne se pressait pas trop pour intervenir non plus, en fait, elle n’intervenait pas du tout, car elle faisait partie de ces INTOUCHABLES.   La section des religieux à notre collège était d’ailleurs complètement séparée de la section des élèves à Saint-Laurent. C’était totalement interdit d’y entrer.  Il y avait aussi beaucoup de laïques comme éducateurs.  Donc, ce n’était pas du tout un milieu fermé. Je serais totalement surpris d’apprendre un jour qu’il s’est passé quoi que ce soit. Les aires d’activités étaient ouvertes. Il n’était pas surprenant de voir des élèves à leurs cases qui se déshabillaient comme si de rien n’était et mettaient leur linge pour faire du sport. Je faisais la même chose. La nudité n’était pas un grand secret, mais comme tout était ouvert, ça incitait beaucoup moins aux abus. Je me souviens qu’une fois au moins, un jeune ami près de moi fut pris de panique, il ne voulait pas se mettre nu. Je lui refilai ma serviette en toute urgence. Un point, c’est tout. Le temps de mettre mon équipement sportif alors que j'étais nu ne me dérangeait pas du tout. J’avais un respect éternel pour tous mes amis. Ils avaient le droit de penser ce qu’ils voulaient. La liberté totale pour moi, la liberté totale pour eux, dans le respect. L’essentiel de la morale qui devrait aussi être la loi.
Un spécialiste jésuite de la prière, le père Grelot que j'aimais beaucoup, s’étant fait demander par un élève, ce qui était important dans le christianisme, avait répondu énergiquement, avec un coup de poing sur la table et d’une voix très forte; « LA LIBERTÉ, MON ENFANT! » Et donc, je ne me gênai jamais d'aller me baigner tout nu aux piscines du YMCA, du YMHA ou du MAAA. Je sentais grandement, dans le temps, que j'y exerçais ma meilleure des libertés. Et comme j’étais séminariste, ça ne me coûtait rien. On n’allait surtout pas m'empêcher de pratiquer mon sport préféré, la natation. Et comme c'était centre-ville, endroit où j'étudiais, je n'allais surtout pas m'en priver.
Georges, Jacques et d'autres.
J'eux aussi le privilège, au collège, de connaître Georges Brassard. Ce n'était pas un ami, mais plutôt une connaissance que j'admirais beaucoup. Pour moi, Georges cependant faisait partie d'un autre monde. Le monde des riches. Donc, un monde qui pouvait se payer tout ce qu'il voulait. Ce monde était comme un mystère pour moi. Je n'y connaissais rien. C'est simplement, à l'usage que je découvris ce que c'était, en étant invité chez un et chez l'autre. Je découvris, justement, que certains autres n'avaient pas du tout le même type de vie que moi, mais que nous pouvions quand même être de très bons amis. Certains étaient plus « show off » et d'autres, plus discrets. Le plus riche de tous, à part l'immense maison de Westmount qu'il habitait, je n'aurais jamais deviné les conditions dans lesquelles il vivait. Le père de famille semblait une personne qui imposait à son monde une vie de réserve, pas question de « de se péter les bretelles devant tout le monde" et pourtant, le père était milliardaire, mais humble et discret. Jacques, mon ami, avait son auto qui pourrissait dans le fond de la cour du collège, non intéressé par le « char », mais plus plutôt par son canot et son kayak et l'escalade, l'alpinisme, tout ce qui touchait la montagne. Un véritable grand sportif qui m'apprit beaucoup. Je devrais dire, qui m'apprit tout. Il semblait pouvoir se payer tout ce qu'il voulait, mais discipliné comme il était, il se payait strictement ce qu'il avait de besoin. La seule chose qui dépassait la norme, chez lui, c'était sa piscine intérieure chauffée. Elle était de toute beauté. Elle avait été décorée par le fameux Mousseau qui a décoré le métro Peel à Montréal.
Georges, de son côté, avait un côté "pétillant" et généreux que j'admirais beaucoup. Il était jeune, il avait sûrement le droit de faire toutes les folies qu'il voulait. Il n'était pas le seul de riche dans ce collège. Lui et son frère Benoît recevaient leurs autos neuves à chaque mois de septembre que le Bon Dieu amenait. Mais, chose étrange, Georges et son frère étaient comme bénis des dieux. Georges avait une sorte de fougue qui en faisait un chasseur, un trappeur, un chasseur d’insectes, de papillons, etc. Son frère Benoît, le "protecteur" était aussi passionné de la nature, mais plus discret. Georges aussi était un « fou de la nature». +++++Un cœur d’or et une énergie sans fin, mais très indépendant. Ce qui fait que nous nous sommes peut-être donné des coups de pied au cul, mais nous ne nous sommes jamais vraiment parlé sauf pour nous saluer ou nous échanger des banalités. Je ne faisais tout simplement pas partie de sa "gang", mais curieusement, 50 ans plus tard, il se souvient de moi comme si c'était hier. +++++ Il était comme fier de nous montrer à tous ses performances, mais disparaissait vite de la scène, ce qui ne fut pas du tout le modu operandi de plusieurs autres de mes amis riches. En résumé, je ne fréquentais pas le même monde que Georges même si nous sommes restés amis (frères d'armes) à distance. Georges, pour moi, était bon dans tout. Je ne pouvais vraiment le suivre. Il faisait des spectacles comme dans les cirques et aussi beau que les cirques. Il était comme fait en caoutchouc. Il y avait d'ailleurs une rumeur urbaine qui circulait au collège et qui rapportait que son frère Benoît lui étirait les jambes tous les jours pour l'aider à être plus souple. Il lui faisait même des nœuds dans les jambes nous disait-on. De mon côté, j'ai essayé de faire la même chose, mais ça n'a jamais marché. +++++Georges avait aussi ses faucons qu'il gardait dans une immense cage. Il se servait d'eux, pour chasser les pigeons qui endommageaient les murs extérieurs du collège. C’est ‘Mon Fils’(Nom que l'on donnait à un frère qui nous appelait ses « Lapons » comme un bon père tout attentionné. Il s'occupait de l'infirmerie et nous soignait comme des dieux. Il aida Georges à faire la chasse aux pigeons pour qu'ils servent de nourriture aux faucons qu'il élevait. Un jour, par mégarde, Georges échappa qu'une seconde une de ces bêtes voraces. Le faucon ne l’avait pas manqué. Georges s’était fait ‘déchirer’ un bras. Les serres avaient traversé son manteau de cuir de protection, son blazer qui était en dessous et sa chemise blanche sans oublier de labourer son bras. Georges avait rattrapé l'animal très vite, mais pas assez vite pour éviter des dégâts. Pour conclure, Georges allait même jouer en pleine nuit dans les échafauds du collège avec sa bande de copains. Le jeu était périlleux et se termina sans doute, le groupe ayant été rappelé à la prudence. Faut-il se surprendre que nous ayons eu un mort par année dans ce collège. 1000 gars dans une boutique. Aussi bien-dire mille débiles qui courent après la mort dans tous les sens.
Nous étions tous, malgré tout, nous de St-Laurent, gâtés par les dieux, à n'en pas douter. Je pense sincèrement qu’après toutes ces années, nous devenions une sorte d'êtres d'exception. La famille Von Trapp passait nous visiter régulièrement, les Compagnons de la chanson aussi ainsi que Félix Leclerc, ami avec le Père Legault des "Compagnons de St-Laurent". Nous avions aussi le plus beau buffet-causerie du grand Montréal, avec d’immenses sculptures sur glace qui représentaient, par exemple, les armoiries pleines couleur du Canada, d’immenses dauphins aussi sculptés dans la glace, etc., etc., etc. Nous avions le Club canadien de Tennis dans nos murs. Les orgues de la chapelle résonnaient avec les plus grands artistes du monde. Nous avions eu l’orchestre de Berlin dans notre chapelle. Bref, un p’tit monde, mais un monde qui bouillonnait d’énergie et d’inventivité, etc.
Nous avions aussi un observatoire officiel du Canada comme celui de Dorval avec ses envois de ballons tous les jours, etc., etc., etc. le tout synchronisé avec l'aéroport de Dorval afin que les fameux ballons énormes n'entrent pas en collision avec un avion. Ça n’avait vraiment pas de fin. Une expérience semblable se déroula des dizaines d'années plus tard dans mon local de classe. Mes élèves et moi avions communiqué avec les astronautes russes qui nous passaient au-dessus de la tête, cela à mon école de Ste-Rose, véritable réminiscence de Saint-Laurent pour moi. L’expérience fut stupéfiante au moment où nous entendîmes prononcer le nom de notre école par un des astronautes. On nous demanda de répondre. Ce fut un tonnerre d’applaudissements dans la classe où nous étions installés, le local qui servait au Réseau d’entraide. De bons mots furent échangés des remerciements, de fraternité, de reconnaissance et de félicitations. Une antenne toute simple avec laquelle nous avions pu nous annoncer pour parler à Soyouz. Et le timbre de voix des Russes qui était bon enfant au possible. Un événement qui n’a jamais été publié, mais il y en avait plein de ces bons coups qui ne paraissaient pas sur les journaux. On préfère, dans ces journaux, donner la préférence aux chroniques des chiens et des chats écrasés. Pour ce qui est de la performance étudiante, on préférait passer à autre chose. Le contact dura 3 minutes 1/2. C’était tout ce que l’on pouvait nous offrir à chaque trois ou quatre jours pour le moment.
 
MAUDIT QUE T’ES CHANCEUX « LABELLE »!
Jeune, au collège, j’avais bien sûr, certains copains qui était très riches...en argent. Pour ma part, à cet âge je savais à peine ce que le mot millionnaire voulait dire. Tout ce qui m’intéressait c’était ma piscine, mon ballon-panier, mes lectures de Bob Morane et de Jules Vernes, l’orgue fabuleux de mon collège, mon hockey et certains champions de sport. Ce jeune riche du collège me regarda et me dit comme dans un cri du cœur, MAUDIT LABELLE QUE T’ES CHANCEUX! Comment? lui ai-je dit. Répète-moi ça que j’entende bien. Il déclina tout ce qu’il trouvait chez moi qui faisait que j’étais chanceux. Cette déclaration régla à tout jamais presque le reste de ma vie! Ce fut toute une leçon pour moi.
LE VOL DANS LES COLLÈGES
Je dois avouer qu’un sérieux problème affectait mes deux collèges que j’ai pourtant beaucoup aimés. On se faisait voler à répétition. Tu ne pouvais rien laisser traîner. On est même venu vider mon portefeuille alors que je dormais, le soir, au dortoir. Le pire de St-Laurent fut lorsque je me fis voler toute ma collection de céramiques, sculptures, peintures, résultat de 3 ans de travail. Sans doute des jaloux, qui nous surveillaient et qui attendaient la bonne occasion pour nous faire la passe. Oui, des p’tits fils de bonne famille, jaloux au point de vous extorquer quelque chose s’ils le pouvaient. Moi qui étais naïf et qui n’aurais jamais pensé prendre quelque chose qui ne m’appartenait pas. Le collège demeura honorable pour moi, mais sa clientèle devint de qualité inégale dans ma tête. La même chose pour St-Jean-Vianney, genre petit séminaire où, pour être accepté, on devait s’engager à penser sérieusement à la prêtrise. Dès le premier soir de mon arrivée, je trouvai une lettre sur mon lit me soulignant la difficulté que la personne avait de voir de l’argent exposé, même un peu de monnaie, à la vue de toute personne qui pouvait entrer dans ma chambre. Donc, la personne en question ouvrait les portes pour vérifier et voler au besoin. Avec moi, elle avait comme senti une certaine culpabilité et s’était ravisée. Je pense bien que la personne en question récidiva des dizaines de fois en me volant des pièces de linge ou des livres. Je dus imprimer mon nom dans une trentaine de pages de chaque livre que j’achetais pour m’assurer de ne pas être volé. On n’osait pas se plaindre tellement on était incrédule de se faire voler dans un séminaire, en plus. Le chat sortit du sac quand un finissant prit conscience du comportement du fameux personnage pendant les examens que nous avions régulièrement. Le triste sire se permettait de copier à tout coup et sortait haut la main de tous les examens difficiles que nous avions à tous les lundis matin que le Bon Dieu amenait. Quel stress nous avions à la venue de chacune de ces épreuves. Une véritable torture. Et le petit monsieur, de son côté, avait des quasi 100 % dans tout ce qu’il faisait. L’élève qui se plaignit avait beaucoup d’influence auprès de la direction. Fils de médecin, ça lui donnait le prestige suffisant pour avoir une influence auprès de l’autorité. Le responsable fut suspendu sur-le-champ et du quitter le collège le jour même. Pour ma part, les vols cessèrent, autant pour les livres que pour le linge. Ceci, ne me ramena pas bien sûr, un enregistrement intégral de toute une communication que j’avais eue avec le chanoine Lionel-Grould, historien, quelques mois avant sa mort. Sans compter les nombreux films, 200 photos à peu près, qui me furent aussi volées. Malheur à celui qui fera entendre l’enregistrement en question à la radio ou ailleurs. Pour les photos, la même chose. Le voleur en question n’eut sûrement pas de difficulté à vendre le précieux butin à quelque amateur, collectionneur ou je ne sais trop. J’en garde encore un souvenir amer même si je sais que le personnage responsable de ces mésaventures dut payer ses méfaits en faisant de la prison. Je le croisai rapidement dans le métro à l’époque de l’Expo 67. Il m’inspira plus de la pitié que d’autre chose. Un « pauvre bougre » qui venait sans doute d’un milieu difficile et qui découvrit tout à coup qu’en trichant, il pouvait plus rapidement gravir les échelons dans la société. Il fut « attrapé » par les moines d’Oka qui firent venir la police provinciale sur-le-champ. Qu’est-ce qui est arrivé après, je ne sais trop, mais notre « ami » en fut quitte pour une période en « cellule » d’une prison de la région de Montréal. Le trichage est encore pire maintenant, me dit-on. Tout le monde veut avoir tout gratuitement. Il faut même des logiciels spéciaux pour pouvoir identifier ceux qui copient dans des publications scientifiques ou autres, question de prendre moins de temps pour atteindre leur but. Sans compter ceux qui font faire leurs travaux par des éditeurs spécialisés qu’ils payent parfois à fort prix. Bien sûr que les universités prennent les grands moyens pour déjouer ces tricheurs.
« CONTRAT » DE CONSTRUCTION POUR LE COLLÈGE
J’ai aussi travaillé sur la construction qui se faisait à Chertsey pour les pères des Saints-Apôtres. André Franche était responsable de ces travaux. Du travail de toiture. Mon chum Robert et moi eûmes les pieds « ronds » pendant des semaines, accablés que nous étions de nous tenir debout sur un toit afin d'y installer solidement des bardeaux de toitures.
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Pas banal non plus. Un Québec qui en bonne partie, à l'origine, s’est fait à cause de la générosité de ses citoyens. Les communautés religieuses. Toute une organisation aussi. Nos missionnaires sont allés partout dans le monde. Oui, y’a eu des erreurs, mais il y a eu de grandes réalisations qu’il ne faut pas oublier. Il me semble rencontrer Gratien Gélinas avec notre père Leduc de St-Laurent, notre petit génie. Il était à la fois architecte, ingénieur et je ne sais quoi d’autre. Il faisait partie de ces créateurs incroyables qui nous faisaient nous dépasser. Et le fameux père Leduc était partout. Nous avions 4000 costumes de théâtre, 5000 chapeaux, des tonnes de « spaghetti » (fils pour la scène, des centaines de projecteurs pour tous les types d’éclairage. Incroyable! J’étais comme un enfant émerveillé à tout coup, tous les jours, de participer à cette « parade » extraordinaire de la marche de nos gens vers leur avenir. Je me sentais comme dans le film, L’EMPIRE DU SOLEIL! Saltimbanque, je découvrais tous les jours sans compter les studios d’art, de télévision, de musique, les sorties régulières dans les musées, les sorties dans des industries et j’en passe. C’était tout un monde. C’est mon Crie du cœur pour tous ceux, celles qui m'ont fait grandir.

Le collège et ses accidents
Une autre petite histoire vraie et comique. Comme je vous disais, je fréquentais un collège huppé de fils à papa. Pas toujours vrai mon affaire, car il y avait aussi des enfants de milieux ordinaires comme moi. Donc,.... 1000 gars pensionnaires, on sort 4 fois par année et qui vivent ensemble 24 sur 24. Vous vous imaginez? 1000 p’tits débiles. Mon ancien directeur d’école, Marcel Giguère de Curé-Antoine-Labelle, qui vient de mourir, était inquiet à toutes les sorties d’élèves de notre école. Je lui ai dit, pour le rassurer, mon cher Marcel, je viens du collège Saint-Laurent. Nous avions au moins un mort par année. L’arbre avait refusé de se tasser! Sortie de ski : 2 morts plus un autre qui avait pris une traîne sauvage pour dévaler la pente. Il eut le cou cassé! Un autre avait oublié de sortir de la piscine. Certains, qui faisaient les p’tits singes dans les câbles aériens du gymnase, deux autres morts : s’étaient aussi cassé le cou. Un autre, qui donna une jambette à son chum qui passa en dessous du « p’tit char, à Montréal. (Tramway à Montréal. Vous savez, les poulaillers sur rue?) Sans compter que la moitié du club de hockey avait la jambe dans le plâtre à l'année ce qui avait fait placer le collège sur la « black list » des assurances. Un javelot, comme ça, qui entra dans le corps d’un élève. Les « futés » ils se le lançaient ça comme une balle de baseball. D’autres, qui se mettent à se courir après en pyjamas, le soir, à la noirceur dans les échafauds devant le collège en rénovation. Ils jouaient à la « tie ». Pas de mort, ils décident d’en finir avant un drame. 1000 gars pensionnaires. Un zoo! 1000 p’tits monstres. Et ça se pétait la gueule, bien sûr. Tout cela se réglait le dimanche matin dans l’arène de boxe. Et les ti-culs qui s’étaient fessés dessus durant la semaine devaient s’exécuter devant tout le monde tout de suite après la messe du dimanche. Personne ne manquait le show. Bon, j’arrête là. C’est assez n’est-ce pas! Ça se passait à mon collège huppé de Montréal. Remarquez que j’ai adoré mon collège. Y’avait de l’action! Vous voyez bien, n’est-ce pas?
 
 UNE HORREUR VÉCUE AU COLLÈGE
Si les collèges du temps, encore aujourd’hui, recelaient des petites perles chez certains et beaucoup d’élèves, il en était tout autrement pour d’autres élèves qui vivaient l’enfer sans en parler à personne.  C’est ainsi que je fis connaissance avec Jacques, qui soi-disant avait perdu son père. Donc, il habitait, lui et sa mère dans un logement confortable de Montréal, mais sans plu. À la maison, c’était un peu le régime militaire. Il ne pouvait découcher, c’est-à-dire, coucher ailleurs que chez lui. Je l’appris malgré moi ce jour où il se ramassa, chez moi, à la maison et que je dus en pleine nuit aller le reconduire chez lui. Il n’y avait pas de problème dans ma tête, c’était un ami et pour moi, un ami, c’est sacré en plus d’être un « frère » de collège. Car nous étions tous un peu frères entre nous. Les mois passèrent et la fin des classes arriva. Ce fut ma dernière année. Jacques et moi restâmes amis, car il habitait Montréal qui était facile d’accès, d’autant plus que je conduisais l’auto. À l’automne suivant, j’y avais déjà fait du bénévolat, je me retrouvai à l’Oratoire St-Joseph pour je ne sais quelle raison. Je passai devant  un confessionnal à l’arrière et subitement, un prêtre en sortit et me fit signe qu’il voulait me parler. C’est un prêtre que je connaissais un peu et lui aussi, me connaissait de réputation comme élève du collège. Il me demanda de le rencontrer après ses confessions au presbytère de l’Oratoire. J’acceptai, un peu médusé par le sujet qui pouvait le motiver à me rencontrer aussi rapidement. Je descendis prendre un café et à l’heure convenue, je me rendis au presbytère. Le bon père, tout de go, me dit qu’il a besoin de moi pour une chose urgente. J’acceptai donc de collaborer. Il me révèle que mon ami Jacques n’est pas orphelin comme il le dit, qu’il a un père. Mais sa mère, de son côté considérait le père comme « mort », car il avait divorcé. Sa demande fut plus une supplication. Il me demandait de parler à Jacques pour le convaincre de rencontrer son père. On m’offrit en même temps l’occasion d’aller rencontrer le père avant d’en parler à Jacques. Ce fut une rencontre d’une tristesse incroyable. Le père me conta ce qui était arrivé. Durant la période des événements du temps, le monsieur devait voyager beaucoup. Il était comptable agréé et n’avait pas le choix que de sortir de son milieu pour aller faire des vérifications un peu partout au Québec. Les sœurs, jalouses de voir un si beau mariage, avec un professionnel en plus, se mirent à inventer toutes sortes d’histoires pour faire déraper la situation. Elles inventèrent que monsieur couchait avec quelqu’un d’autre dans ses nombreuses sorties et confirmèrent le tout en présentait des formes de preuves dont je ne me souviens plus. La situation s’envenima pour finalement se terminer par un divorce déchirant ou le pauvre homme ne put rien faire. C’était un homme malade que je rencontrais. Il ne pensait pas en avoir pour bien longtemps à vivre. Son cœur était dévasté et sa grande peur était que son fils ne puisse toucher à son héritage, car il voulait tout donner à son fils. J’étais tout jeune et on me demandait déjà de régler des problèmes quasi insolubles. Mais, j’avais un atout pour moi, Jacques avait une confiance inébranlable en ma personne. Il me répétait souvent qu’au collège, j’étais considéré comme "pas n’importe qui". Je fus surpris d'apprendre une telle chose. J’avais une "grande gueule" qui se faisait aller pas mal, mais de là à être l’étoile de la place! Après un instant de réflexion, je n’en doutai plus et en fut un peu flatté. Donc, j’ai pris mes « gants blancs » et j’ai parlé à Jacques. J’ai commencé par lui dire que j’avais rencontré son oncle, le père de l’Oratoire en question. Il fut surpris. Et je lui expliquai que le père m’avait raconté toute son histoire pour finir par lui dire carrément, Jacques ton père est toujours vivant. Jacques devint blanc comme un drap et semblait vouloir défaillir tellement il était surpris de me voir au courant de la situation. « Jacques, je suis allé voir ton père, et il t’aime beaucoup. Il pense à toi tout le temps. » Et en plus, si tu ne le sais pas, il est très malade et ne pense pas avoir beaucoup de temps devant lui. La famille était très dangereuse, car elle avait même fait modifier des panneaux de circulation pour éviter qu’une partie de la famille se retrouve pour la lecture d’un testament. C’était donc presque la guerre qui se préparait. Jacques accepta malgré tout de rencontrer son père dans le secret le plus total. Il fit croire qu’il venait chez moi. Il ne faut pas oublier, non plus, que dans le temps, l’âge de la majorité était de 21 ans, ce qui compliquait les choses. De toute façon, il fallait agir vite et secrètement. Une rencontre fut fixée pour le père et le fils. Tout se passa finalement au bureau de son père, centre ville. À la fin de la rencontre, Jacques et moi nous rendîmes prendre un café au restaurant, question de parler un peu. Tout avait marché comme sur des roulettes. Le fils acceptait les arrangements du père, il serait donc le seul héritier. Jacques avait été usé par cette histoire. Car, il n’avait même pas vingt ans et avait une partie des cheveux tout blancs. On lui avait fait promettre de considérer son père comme mort et de l’oublier. Et à ceux qui lui poseraient des questions, il n’avait qu’à dire qu’il était orphelin de père. J’eus des nouvelles du bon père qui m’avait relancé à l’Oratoire. Ce fut une histoire, comme bien d’autres, qui sans doute circula sous cape entre les pères du collège. Pas question de parler de cela à quiconque. Deux semaines plus tard, le père que je devais rencontrer une autre fois, décéda. Crise cardiaque foudroyante et dans le temps on n’était pas du tout équipé pour intervenir énergiquement avec ces patients. Aujourd’hui, le père aurait eu plus de chance de s’en sauver, car il était assez âgé. Je me rendis aux funérailles, bien certain, et m’occupai d’André comme un fidèle ami, son seul. Il hérita de tout. Sa mère ne s’était pas du tout réconciliée avec la situation et fut absente aux funérailles. Je trouvais qu’André se ramassait un peu comme en terrain de « guerre ». On lui ferait de la misère pour avoir de l’argent. Quelques années plus tard, Jacques, marié, qui n’avait pas trente ans, avait désormais les cheveux complètement blancs. Comment une famille peut torturer un enfant qui devient un jeune adulte? Je ne pouvais le croire. Mais telle est, en vérité, une situation réelle d’un jeune, sois disant riche, qui était au collège avec moi. Je devins même pour les bons pères comme une vedette du collège. Et quand j’appris à tout le monde que je voulais faire un missionnaire, on publia ma photo en première, pleine page dans le journal des anciens. C’était ma photo de finissant qui était très belle et qu’ils avaient utilisée pour l’occasion. Ces bons pères, ils furent pour moi très bons pour des années après mon départ du collège. On me gardait à l’œil, on m’invitait pour un repas ou on me donnait des petits contrats d’édition pour des albums d’anciens du collège comme, celui sur lequel je travaillai et qui dressait l’histoire des sports au collège depuis son existence par exemple. Un album de toute beauté que j’ai perdu, avec toutes mes péripéties d’étudiant vagabond, n’ayant pas suffisamment de place pour tout garder. Je n’ai plus de nouvelles de Jacques. Je sais que sa femme est morte. Nous sommes du même âge et nous avons pris des routes différentes. Mais, difficile d’oublier une telle tragédie qui n’était pas la seule à se produire chez des jeunes hommes, pensionnaires, du réputé Collège de Saint-Laurent. C’est ainsi que je découvris que les riches et les humbles pouvaient avoir des déchirements terribles et dans ces cas, l’argent rajoutait à la douleur. À l’usage je découvris même que des jeunes qui vivaient à peu près la même situation de famille que moi, il y en avait beaucoup plus que je pensais.

DES AMIS MAL PRIS
J’ai vu, dans le temps, un entrepôt de 200 pds par 100 et d’au moins 20 pieds de hauteur, pleine de pavot. Le jeune voulait me prouver qu’il ne me mentait pas. Je n'ai jamais parlé de cela à personne. C’était une promesse solennelle faite à un ami de collège, c’était sacré. D’autant plus que c’étaient des gens que je fréquentais très régulièrement et qu’en plus, ils m’aimaient beaucoup. Ce fut totalement réciproque pour moi et ça le reste toujours.
Claude est toujours un très grand ami, mais, sa famille et lui, pognés à la gorge par des menaces et autres, ils s’en sont complètement sortis, toujours riches comme ils l’ont toujours été. Des gens pourtant qui paraissaient « bien ordinaires ». Ils auraient tout fait pour me faire plaisir y compris mon ami Claude, grand personnage public qui a pris sa retraite depuis un bon bout de temps. 
Ce qui m’impressionnait le plus quand j’allais chez Claude c’était premièrement sa grande piscine intérieure de toute beauté. Oui, des gens qui avaient de l’argent, mais qui la cachaient très bien. Personne n’aurait cru.  
La deuxième activité, qui elle était de beaucoup plus grande envergure, était tout cet équipement étourdissant, un immense système de communication internationale, une immense installation d’ondes courtes qui pouvait communiquer dans le monde entier. L’antenne était tellement énorme qu’on aurait dit voir un vaisseau spatial planté en permanence au-dessus de leur maison. C’était difficile à cacher.
Je pris grand plaisir à en faire régulièrement de cette radio, des nuits complètes avec des gens du monde entier, car,  le jour, avec le soleil, les ondes ne fonctionnaient pas. Vous saviez? Je pouvais communiquer partout et l’oncle de Claude était reconnu pour y être un grand amateur. Pour l’ado. que j’étais, je fus grandement fasciné même si j’avais déjà connu le phénomène puisque mon cousin Bob était aussi un grand sans-filiste tout aussi reconnu avec une ancienne antenne de guerre de l’armée italienne aussi énorme et si non plus.
J’appris plus tard, finalement, que le père de mon ami n’était absolument pas impliqué dans l’histoire. Il avait été forcé de servir de « cover up » à son insu, apprenant la chose quand tout fut complété. Mais son histoire ne fut par du tout drôle pour un certain temps, pour cet ami que j'aimais bien.
Comme je vous dis, dans ces bons collèges vous pouviez trouver tous les contacts dont vous aviez de besoin. Ceci me ramena à la période des troubles qui se produisaient toujours à la St-Jean Baptiste, où la bataille prenait dans la foule et les manifestations viraient au vinaigre. J’étais loin de Montréal à l’époque. J’étudiais aux États-Unis, mais je voyais les nouvelles sur les journaux américains. Tout ça, à mon grand étonnement. 
Le seul moment que je trouvai dramatique fut le jour, où en sortant de chez moi, je constatai la présence d’un soldat. Je n’étais au courant de rien. La fameuse loi des Mesures de guerre venait d'être proclamée dans la nuit précédente et voilà que l’armée se permit d’envahir le tout-Montréal, chars d’assaut et tout et tout. Trudeau, le grand brigand, avait décidé de donner une bonne leçon au Québec en nous faisant peur. Plus de 300 personnes totalement innocentes furent incarcérées la nuit précédente, dont Gaston Miron et Guy Godin, tous les deux poètes. Vous vous imaginez. Tout cela, bien certain, orchestré en catimini par Bourassa, et Drapeau qui les deux avaient exigé d’avoir la loi des mesures de guerre. Le gouvernement du Québec avait totalement perdu la carte ce qui m’avait été rapporté par un bon ami, qui, lui-même avait fréquenté le Reine Elizabeth du temps qui logeait à l'époque, un gouvernement en panique totalement. La GRC, n’ayant aucune information pertinente, ce fut aussi le bordel au fédéral.
Je n’ai pas du tout aimé ces moments d’autant plus que de tout bord j’avais des informations comme de quoi, tel ami de collège et tel autre s’était fait arrêté dans les fameuses razzias style nuit de cristal. Ce n’était surtout pas à l’honneur des gouvernements provincial et fédéral et de ses commettants. J’appris entre autres que mes  amis incarcérés n’étaient peut-être pas torturés, mais étaient sérieusement bousculés et qu’on leur faisait manger de la nourriture quasi infecte.
Le temps pour moi, était arrivé, je devais agir. Ce n’est pas vrai que je laisserais « torturer » des amis sans lever le petit doigt d’autant plus que l’un d’eux était handicapé. Ce qui m’inquiéta beaucoup. J’en vins donc à faire appel à une vieille connaissance qui connaissait une autre vieille connaissance qui elle aussi, connaissait une autre vieille connaissance, ce qui me permit d’avoir un contact privilégié pour intervenir auprès de mes amis éplorés. Dans le temps, tous les services pouvaient facilement s'acheter auprès de personnes de l'ombre. Surprise, un de ces soirs imprévisibles, ces amis reçurent tous dans leur cachot, un repas de grand seigneur, t-bone et tout ce qui allait avec. Une vieille connaissance à qui j’avais rendu service sans le savoir qui me fit la surprise de s’offrir « gratis » pour nourrir mes « amigos ». J’en serai toujours grandement reconnaissant, mais malheureusement, tout ce beau monde qui m’a aidé est maintenant décédé.

LE DÉPART DÉCHIRANT DE MON COLLÈGE

Le tocsin se mit à sonner dans mon coeur. Les « rideaux » de la scène de ma vie et de mon collège allaient se fermer sur quatre années merveilleuses vécues à mon collège préféré, le Collège de Saint-Laurent. J'eus la larme à l'oeil toute la journée. C'est tout comme si j'avais réalisé que mes belles années se terminaient. Que mes baignades deux fois par jour, l'orchestre symphonique tous les samedis matin, que mon ballon-panier, mon tennis, ma balle au mur, que mes nombreux amis (frères à vie), mon activité photo, mes randonnées à l'ONF tout juste à l'arrière de notre collège. Nos activités de théâtre, mon club de cinéma, mes expériences scientifiques de toutes sortes. Que tout cela se terminait abruptement sans espoir de retour. Oui, j'eus la larme à l'oeil toute la journée. J'avais beau occuper une place d'honneur pour le banquet des finissants. Mon coeur était tout simplement inconsolable. Tout allait devenir compliqué. Prendre l'autobus et le tramway et l'autobus pour faire tout ce que j'aimais faire alors, qu'au collège, tout était si près. J'avais encore l'impression de redevenir orphelin pour une troisième fois. On me laissa la clé du collège, se doutant que mon coeur était inconsolable. On me disait souvent : « Georges a fait ci, Georges a fait ça. » Tout comme si on avait deviné qu'il était un dieu pour moi. Qu'il avait toute mon admiration. On me faisait parfaitement confiance. On savait bien sûr que, pour moi, le collège, c'était ma famille qui me protégeait, mais que je protégeais à mon tour. Qu'ils furent bons ces bons pères, ces bons frères, ces bonnes sœurs, tous ces laïques qui prirent soin de moi comme de la prunelle de leurs yeux. J'allais donc les quitter pour prendre le chemin de la vie que je trouvais très inquiétant. Un bel hommage aussi que le collège me rendit. Quelques années plus tard, j'eus besoin de pièces de décors, d'éclairage, de costumes pour une pièce de théâtre que des confrères de classe ainsi que moi organisions à notre collège. St-Laurent m'ouvrit les portes en voulant dire, Richard, tu prends ce que tu veux. Tu fais comme si cela t'appartenait. Oui, ils le savaient que j'adorais mon collège et que je lui serais toujours fidèle autant pour sa mémoire que pour tous ces gens que j'y ai connus. St-Laurent fut toujours dans mon coeur, le nec plus ultra de l'éducation au pays. Nous étions d'ailleurs très bien cotés dans l'Encyclopédie de toutes les institutions d'éducation au monde produite par l'UNESCO.

UNE NOUVELLE ANNÉE D'ÉTUDES ET D'ACTIVITÉS
Étudiant aux HEC, je ne savais plus où me cacher pour éviter que ma mère vienne me rejoindre pour me parler, car elle s’ennuyait. Le beau-père avait déjà commencé depuis un bon bout de temps à s’absenter tous les soirs sous prétexte de travail au bureau. Il était menteur, c’est lui même qui s’en vanta devant moi, disant qu’il pouvait dire n’importe quoi à ma mère, qu’elle le croyait. Je sentis un pincement au cœur. Je n’en parlai pas pour ne pas faire du trouble, mais j’aurais dû. Mais, vous savez, en amour, on est toujours naïfs, et les plus grands que soi sont nécessairement bons à moins de preuve du contraire, mais c’est difficile de se faire convaincre. C’est ce qui me retint d’en parler à ma mère. Maudite vie!
Finalement, je coulai mon année aux HEC suite, en particulier, à la perte par décès de mon professeur de mathématique, M. Lajoie. Pas seulement avais-je perdu mes deux pères trois ou cinq ans plus tôt mais j'avais aussi perdu une forme de père de remplacement tellement j'étais attaché à ce prof. Il décéda suite à une intervention chirurgicale qu'il avait eu à l'estomac. Perdre un père et deux ans plus tard, perdre un prof. qui était presque un père pour moi. S'en était trop. Mes notes ne furent pas fameuses et j’avais, en plus, tout à la maison pour me distraire de l’essentiel. Je pense finalement, qu'ont fut heureux que je coule à cette maison de Laval-des-Rapides. On se fiait surtout sur moi pour parfois m’occuper des p’tits et de toutes sortes d'autres choses que de mes études. Il y avait aussi de la jalousie dans l'air. Quand j'avais des succès, ils avaient la face longue et quand j'avais des échecs, on insistait pour me plaindre. Et quand j'obtins mon Bacc. ce fut le silence total. J'allai pleurer tout seul dans mon coin car le beau-père ne souffrait pas d'avoir quelqu'un de "supérieur" à lui! Hé! Les humains! Je compris donc bien vite qu’on faisait du zèle pour me garder, car j’avais un héritage et que je payais une pension, donc que j’attirais les convoitises. Une chance que ma tante Pauline, « l’armée », comme je l’appelais, veillait au grain et que le seul emprunt qu’on me fit du se rembourser très rapidement. Ma tante Pauline ne fut pas de très bonne humeur de cette situation, d’autant plus que le beau-père lui-même s’était emparé de l’héritage de ma mère pour la gaspiller dans un soi-disant « business » qui ne servit finalement que de « cover up » pour des gars saouls. Pendant que le temps passait, je réfléchissait très sérieusement à mon avenir. J'avais surtout compris que mon avenir résidait dans la possibilité d'étudier, pensionnaire dans une institution de l'extérieur, loin des tracas de chez ma mère, à Laval-des-Rapides. Il me restait suffisamment de réserve d'argent pour pourvoir me le payer. Dans ces aventures de mon beau-père, certaines autres personnes furent gravement perdantes suite à cette triste aventure, ne comprenant pas trop comment la fameuse compagnie avait pu faire faillite. J’avais moi-même été témoin, désolé, de soirées aux courses de chevaux où on pouvait perdre 900 $ par personne, pour une soirée. Je ne m’amenai pas aux vues. Je savais que le chemin de la faillite se dressait dans un avenir assez rapproché. Voyant comment se déroulaient les événements et découragé, j’avais 19 ans, je décidai d’aller travailler au CP en attendant de meilleurs jours pour moi.
MON TRAVAIL AU CP
Je fus tout de suite accepté à cause de ma formation, mais aussi de mon service militaire. Ça comptait beaucoup dans le temps,à ma grande joie, chez les Anglais. J'en bénéficiai. Je m’étais donc discipliné dans un autre domaine, les forces armées, qui m’ont terriblement gâté. Toute ma famille avait fait la guerre! Ça me donnait toute une note sur mon CV.

Je trouvai le travail du CP ennuyant. Comme j’avais un bon patron, il me trouva toutes sortes de choses à faire qui pourraient m’intéresser. Je représentai, tout jeune, le CP à la cour. C'est ainsi que je pris contact avec le domaine du droit et j'en profitai pour découvrir de quoi ça retournait. Ça m’impressionnait beaucoup et ça m'a permis d’en apprendre beaucoup dans le domaine de la justice. Je fis connaissance avec une multitude de personnes qui m’informèrent sur un tas de choses.
MON NOUVEAU CONFESSEUR ET LE GOUVERNEUR GÉNÉRAL
C’est l’époque aussi où je trouvai mon nouveau confesseur, Louis Aucoin, curé de la cathédrale de Montréal. Au début, je ne réalisai surtout pas à qui j’avais affaire. Il était un très bon confesseur, plutôt grand conseiller, qui semblait bien impressionné par ma jeunesse et mon sérieux. Il s'intéressa surtout à ma spiritualité. Un confesseur unique, fin théologien qui attira tout de suite mon attention. Il me demanda aussi de l’aide pour ses problèmes comptables, ce qui me fit grand plaisir. Il était aussi question de faire l’inventaire de toutes les œuvres d’art qui étaient logées dans les fameuses grandes caves de la cathédrale. J’y trouvai des choses superbes. Et tout à coup, oh! surprise, je tombai face à face avec le gouverneur général du Canada, monsieur Vanier. Je réalisai que nous avions le même confesseur et que nous aurions à nous saluer régulièrement, l’un sortant du confessionnal et l’autre y entrant. Je me sentis comme une chandelle qui fondait, mon gouverneur général pour qui j’avais une admiration sans bornes, devenait pour moi à portée de main.  Nous nous serrâmes souvent la pince d’ailleurs. Un monsieur dont la bonté sans fin filtrait à travers tout son être. Il m’appelait son Richard et me rappelait, pour m’agacer, qu’il n’était pas seulement « mon général », mais qu’il était aussi «mon gouverneur général ». Je me décidai à lui dire que je ne l’apprendrais jamais, car j’étais toujours trop ému quand je le rencontrais et que les mots disparaissaient comme subitement de mes lèvres.

 

 


Un ami discret, Jacques.

D’un autre côté, j’avais aussi des connaissances qui me permettaient de développer d’autres contacts, mais mon fameux ami Jacques, me fit également la surprise de me présenter aussi au Gouverneur dont il était l’intime de la famille. Décidément, j’étais condamné à rencontrer le gouverneur au moins une fois ou plus par semaine. Pas vraiment! De son côté, mon confesseur était tout heureux, ayant découvert, avec mes confidences, que ma vie se déroulait comme cahin-caha de temps en temps. Ce monseigneur fut pour moi une vraie perle et un vrai protecteur comme dans le film « Le Protecteur ». Il surveillait ce qui se passait. Moi qui ne voulais jamais déranger, j’aurais dû en profiter beaucoup plus surtout à des moments où il aurait pu me conseiller comme personne d’autre. Mon Protecteur décéda vers 2001.De son lit de mort, il me téléphona, car il avait lu un article de journal à mon propos. Il me « caressa » de bons mots, de respect et d’affection. Il avait été un père pour moi.  Je ne pus le voir, car il tomba vite dans le coma. Il fut d’une bonté sans borne et me trouva toutes sortes de "tuyaux". Ça me faisait toujours rire. Et il m’a toujours vouvoyé comme on vouvoie parfois un prince. Je me sentis un être comblé. Il avait eu le temps de baptiser mon dernier p’tit frère, Michel. Il me fit connaître surtout les grands penseurs de notre siècle. Le père Sertillange qui était un classique du temps auprès des jeunes hommes. C’était carrément un must que j’ai toujours dans ma bibliothèque. Sans compter les autres grands classiques, œuvres complètes, d’une panoplie d’auteurs. Ma tante Pauline eut la générosité de me payer tous mes livres du temps. Je devais sûrement dépenser des dizaines de dollars de livres par mois qu’elle payait tout le temps généreusement. La culture pour elle, c’était important. Elle me conseilla de toutes sortes de manières. Et c’est ainsi que de petit étalon échevelé, je devins doucement un homme qui cherchait ses solidités. J’en suis tout fier comme un poussin qui sort de sa coquille et qui crie à tous ceux qui veulent bien l’entendre, comme il est beau et fier de lui et de tout son monde qui l’entoure. Je peux mettre des bémols à cette déclaration, mais je me considère avoir été très chanceux dans ma « malchance ».

 

 

INDIANA
UN MONDE À PART

 

 

 


Un coin de campus que j'adorais. Remarquez les petits
édifices en pignons. C'étaient des bibliothèques spécialisées.
Un vrai monastère où on pouvait étudier et faire de la recherche en paix.

Oui. J'avais décidé d'aller étudier aux États-Unis. Je voulais, en m'expatriant, connaître d'autres horizons que ceux, étroits du Québec du temps. Vous ne pouvez absolument pas vous imaginer la différence que j'ai pu découvrir et qui pouvait exister entre un campus à Montréal et un campus à Bloomington, Indiana. Parler d’Indiana (Campus Bloomington) c'était comme parler d’un autre monde, d'une autre planète comme je vous disais. Fini l'air renfrognée du Québec.
Oui, c'est ce qui me taraude le plus à propos des États Unis. La gentillesse d'une foule d'Américains que j'ai aimés beaucoup. Ils m'ont traité comme un roi alors que j'étudiais à Bloomington. Les occasions sont sans fin sur un campus du genre. Sur le même campus j'avais un copain, futur directeur de banque, de nombreux jeunes dont les parents étaient dans la diplomatie, un voisin vietnamien qui fabriquait ses propres ordinateurs, un autre voisin, responsable du réacteur nucléaire, une chanteuse d'opéra extraordinaire qui a accepté de tourner gracieusement pour moi, un journaliste de haut niveau qui avait perdu une jambe au Vietnam, la fille du gouverneur de l'État, une multitude de personnes des plateaux de production, une foule d'amis de la section des beaux arts et de la télévision et des gens "ordinaires", adorables avec qui j'ai eu beaucoup de plaisir. Un ami, qui apprenait la langue que je voulais. Il ne sait plus maintenant combien de langues il parle. Est resté relativement pauvre toute sa vie ayant refusé ses services aux services secrets. Il était totalement contre la guerre. Protestant, calviniste rigoriste, une personne à principes! Le président de notre « building », Peter Cohen de New-York avec qui j'étais très près. Il était carrément venu me souhaiter la bienvenu en venant me chercher au pied de l'avion qui m'amenait directement sur le campus. Même des bons amis des forces armées américaines qui me traitaient comme un ami de longue date. Un gars de l'armée et son épouse qui m'ont dépanné dans mes recherches. Ça n'en finit pas. Et ce jeune couple de New York. D'un dynamisme épouvantable. Ils avaient New York dans le sang, à n'en pas douter. J'avais une admiration sans bornes pour eux. Pleins d'imagination!
J'eus vraiment le sentiment que tout ce beau monde, d'un milieu d'étude différent, était composé de personnes totalement libres et très ouvertes sur tout. Nous étions donc très loin de ce genre de complexe d'infériorité de la nation canadienne français et de sa peur de l'étranger. Une énergie incroyable que ce campus! Tout le monde s’intéressait à tout le monde. On voulait savoir dans quel domaine un tel, une telle faisait une recherche et il y en avait dans toutes les sphères que l’on peut ou ne peut imaginer. C’était le département des maîtrises, doctorats, post doctorats situés à la périphérie sur le campus. Pas question de se mêler avec la gent étudiante « non civilisée » niveau cegep. Blague! Bien sûr que tout ce beau monde devenait pour chacun de nous un milieu à investiguer où on pouvait se trouver différents contacts pour nos recherches. C’est à une de ces soirées que je rencontrai des chercheurs de l’Armée américaine qui se cherchaient des « p’tits rats » de labo. pour leurs expériences. Je devins donc p’tit rat, tout heureux de l’être à cause de tous les privilèges qui me venaient avec. Des labos à perte de vue, ultramodernes, à la fine pointe de la technologie du temps. Je me promis d’ouvrir grands les yeux et d’apprendre. Je fus comblé et plus. Seul problème, il me manquait d’argent pour continuer plus avant mes études. J’étais condamné à la maîtrise, mais pas plus. Avoir été p’tit fils de riche, c’est sûr que j’aurais pu continuer et il y en avait de ces p’tits fils chéris qui avaient tout cuit dans le bec. Je ne me formalisai pas, au contraire, j’étais plutôt une personne qui acceptait son sort et savait « naviguer » avec.

 

 

 


Étudiant à Bloomington, Indiana.
Il me semble entendre Doris Lussier qui parlait de son père Sertillange. C’était l’auteur préféré des Dominicains qui était de très grands éducateurs, obligés qu’ils étaient d’avoir au moins un doctorat de leur choix dans un délai suffisamment raisonnable, mais qui s’imposait. Les Bénédictins avaient aussi la même obligation, raison pour laquelle j’en ai rencontré plusieurs à l'université d'Indiana, dans différentes facultés. Du monde qui ont l'art de penser et de fameux conseillers aussi. De mon côté, j’aurais voulu en faire autant, étudier pour une maîtrise ou un doctorat, mais l’argent me manquait. Je dois aussi souligner que ma décision d'étudier à l'extérieur s'est prise dans une période très difficile de ma vie. Je venais de quitter la communauté qui m'avait hébergé généreusement, mais à qui aussi j'avais trouvé plusieurs bienfaiteurs. Je pense avoir été un bon communicateur et tout cela m'aida à trouver des bienfaiteurs prêts à aider ma communauté des missions d'Afrique. Malgré tout, l'année s'annonçait pour être catastrophique. De nombreuses peines virent obscurcir mon ciel intérieur sans compter des difficultés professionnelles. Vint s'ajouter à cela, l'assassinat de Robert Kennedy qui était devenu pour moi un véritable icône. Ce fut donc une année où j'eus le coeur en lambeaux pour une bonne partie de l'année et où rien de bon ne s'annonçait à l'horizon. Du côté maternel de ma famille, ce ne fut guerre mieux. Il y avait de la brouille partout. Bref, on voulait ma peu. La jalousie sous toutes sortes de formes faisait ses ravages. Je n'avais pas non plus vraiment de contact avec ma famille du côté de mon père. En tenant compte des deux côtés de ma famille, ça me faisait une fratrie de 11 personnes, douze avec moi. Donc, un bon contrat de relations publiques pour qui veut s'aventurer de tenter de communiquer avec tout le monde.
Donc, je me sentais seul. J'avais un emploi pour le mois de septembre suivant, mais cela ne me satisfaisait pas vraiment. Tout à coup, un événement inattendu se produisit. J'aspirais pouvoir aller étudier aux États-Unis, question de m'élargir l'esprit et à ma grande surprise, le gérant de la Caisse Populaire de Laval-des-Rapides, m’offrit, comme ça, l’argent dont j’avais de besoin pour continuer mes études. C’est ainsi que je décidai sur-le-champ d’aller à l'université d'Indiana. Quelle aubaine! Ça me coûtait moins cher là-bas qu’à l’Université de Montréal. En plus, Indiana avait un campus où tous les services étaient parfaitement synchronisés aux heures que se donnaient chaque cours pour nous éviter de manquer d’autres activités. Je tombai vraiment comme un poisson dans son bocal, tout heureux de découvrir cette merveilleuse université où, le moindrement tu te révélais à avoir des problèmes, on t’offrait tout de suite des services pour reprendre ton retard. C’est ainsi qu’on m’offrit de faire mes examens oraux et non écrits pour me faciliter la vie. Jamais on n’aurait fait une telle chose à Montréal. Mon prof. de psy. découvrit vite que je souffrais d’angoisse grave avec rêves de spectres, ce qui, à son avis, était encore plus grave. Il m’inscrivit rapidement à un programme gratuit de l’armée américaine pour m’aider à ce propos. Et quel programme mes amis! Ils étaient équipés comme je n’ai jamais vu. C’est l’armée qui payait mes services de psy. de tous les calibres inimaginables. On me sensibilisa surtout à l’importance de m’occuper de moi-même. Une ouverture totale d'esprit. J’étais dans un monde d'une maturité exceptionnelle. Ces gens n’avaient tout simplement pas de limites. Et dans tout cela, on fit un film sur moi sans même que je ne m’en rende compte. Le plus drôle était de me voir parler à mon p’tit rat de labo. comme s’il avait été un humain. Je l’avais appelé, Adolphe et je lui disais, qu’avec un tel nom, il n’avait pas de chance qui l’attendait dans la vie. L’équipe de tournage s’étouffa littéralement de rire. Je les entendis même rire dans le film. Jamais je n’aurais imaginé qu’on me filmait constamment sans le savoir. Vous auriez dû voir l’équipement qu’ils avaient. Ils tournaient en 16 mm couleur, mes amis. « Money, money, money. » Ils n’en manquaient pas, c’était l’armée qui payait. J’eus un véritable service VIP même si dans le temps, je ne connaissais pas trop ce que ça voulait dire sauf pour le service aux ambassadeurs que j’avais connu à l’Expo 67 comme page accompagnateur de puissants de ce monde. J’avais vraiment appris l’expression à Expo 67 où, justement j’eus à m’occuper de ces fameuses « bibites rares » (Je veux dire les ambassadeurs! Bien sûr!) qu’il fallait transporter dans de la ouate. Dr. Black, mon psy, s’occupait de tout, avec toute la discrétion possible et pour me faire davantage tomber dans son piège, m’invitait à souper chez lui avec toute sa petite famille. C’était un mormon, donc pas de boisson, donc pas d’inquiétude, il était sincère. Un homme admirable! Et j’arrivais régulièrement aux labos, allait chercher mon p’tit rat, lui faisait les salutations d’usages, toujours filmé, bien sûr et je partais encore expérimenter les approches de Skinner, roi des approches comportementales du temps. Je me suis fait voler mon livre de Skinner, ça ne me surprend pas, c’est un classique mondial. Certain que la personne qui a volé ce livre savait parfaitement ce qu’elle faisait.
À la fin du cours, bien certain qu’on me servit la surprise du fameux film qui devait être utilisé pour la formation d’intervenants dans l’armée. Croyant faire une expérience avec un p’tit rat, c’est plutôt moi qui servi de p’tit rat « stérile » comme on disait, à une série sur Skinner. Quels beaux souvenirs ce fut.

LES PISCINES OLYMPIQUES FABULEUSES DU CAMPUS BLOOMINGTON.
Souvenirs impérissables aussi. Ils me passaient au-dessus, en dessous, partout. C'était les pratiques à la piscine olympique immense de l'université d'Indiana. Mon ami Jacques, qui en avait vu des choses, ne pouvait croire tout ce qu'il voyait. Et j'étais parmi tous ceux-là comme un p'tit fanfaron qui demandait sa place. Mark Spitz était présent. Champion olympique. Cette université en a toute une dynastie. Que de souvenirs. Que de beauté. La jeunesse qui s'exprimait dans sa totalité! Souvenirs. Souvenirs. Aujourd'hui, c'est malheureusement devenu des endroits pour les riches seulement. Les prix sont tels que les universités se sentent obligées de faire passer tout le monde. Triste avenir pour cette soi-disant science où l'argent joue presque le seul rôle.
LA PREMIÈRE CAUSE POLITIQUE QUE J'AI ADOPTÉE : LA PALESTINE.
Souvenir impérissable aussi. Ma rencontre avec un Palestinien qui me suppliait d'adopter sa cause. C'est sans doute la première cause, mais pas la dernière, que j'ai adopté dans ma vie politiquement sensibilisée au monde. Qu'est-ce que vous voulez, les Américains (le gouvernement) sont mariés à Israël ainsi que la chambre des représentants et le sénat. Il me semble entendre le rationnel de 1970. Vous vous imaginez. Il n'a pas du tout changé et l'État sioniste n'a fait que prendre de plus en plus de terrain. C'est tout comme si on ne pouvait rien faire. Oui, c'est comme l'Afrique du Sud. Il fallait un boycottage. Même des membres du gouvernement canadien protégeaient l'Afrique du Sud. Je m'étais fait soudoyer à l'époque à un tel point que je me demandais si "l'ennemi" n'avait pas raison. J'ai continué à soutenir jusqu'au moment où le ciel s'est ouvert, ce qui m'a convaincu de la justesse de ma lutte. Mon dernier argument? Un Palestinien, tout jeune, qui venait me pleurer sur les épaules et me supplier de le soutenir. Ses pleurs déchirants ainsi que des arguments solides, me convainquirent jusqu'au plus profond de moi. J'ai toujours soutenu cette lutte et presque cinquante ans plus tard, je me rends compte de mon bon droit et du bon droit de tous ceux qui appuient cette lutte qui doit en finir avec une victoire totale pour la justice. La Bible, ayant trop souvent servi de talisman à ce peuple sioniste qui en devient infâme. Toute cette histoire est appuyée par une multitude de mensonges de l'État sioniste.

Prévoir une photo de Dzum!

Mon ami Dzum Cao Nguyen de l'université d'Indiana.

Vous aurez deviné que cet ami est Vietnamien et que nous nous sommes connus à l'université de l'Indiana à Bloomington pendant les années de gloire 1968 à 1975. De gloire, pourquoi? Elles furent les années de la grande contestation de la guerre du Vietnam avec en prime le "Peace and Love", etc. C'était devenu un monde fou, fou, fou. Je n'avais pas assez de mes dix yeux pour tout voir. 5000 personnes en tenue d'Adam pour protester pour telle chose et en tenues de toutes sortes de choses pour justement protester sur toutes sortes d'autres choses. C'était carrément un campus de 60,000 Peace and Love. Un environnement que je trouvai des plus fascinant et des plus stimulant intellectuellement. Tout était remis en question. "Dieu est mort" pouvait-on lire! Jésus Christ Super Star d'autre part. La terre est un immense appareil de récupération de déchets disait-on. Elle ne pourra jamais être polluée au point devenir inhabitable. Etc. Etc. Etc. Et dans tout ça, un genre de p'tit bouda, mon frère, mon ami Dzum. Il fut pour moi d'une grande bonté, car il voyait bien que je faisais le p'tit comique, mais qu'à l'intérieur, il y avait des ouragans. Il prit soin de moi comme un père et une mère tout à la fois.Dans le fond, un véritable frère. Il m'apportait même un p'tit cadeau de Washington toutes les semaines. Oui, le petitunet allait rejoindre papa, maman à Washington, car il s'ennuyait. Je dois dire qu'il m'amena quelquefois. J'étais presque en panique, car je n'avais pas prévu du linge pour de grandes sorties. Il m'accompagna chez Sear's pour que je puisse me revamper un peu. Je vous dis. Un vrai frère. Et ce petit rire nerveux qui partout, l'accompagnait.

Nous nous sommes connus drôlement. Il finissait de lire une lettre qu'il venait de recevoir de son père qui lui expliquait comment être un gentleman doit agir avec sa maîtresse. On est en 1968! Vous vous imaginez, au Québec? La mentalité? Il me fit lire la lettre et je tombai totalement en admiration devant celle-ci. Je lui expliquai comment chanceux il pouvait être d'avoir un tel père. Car, de mon côté, j'avais eu un père qui ne parlait pas du tout. Quelle souffrance ce fut pour tous les enfants de la famille et pour ma mère qui était sa fille. La mère qui gueule, pas toujours quand même, surtout pas devant le grand-père, mais, celui-ci, qui ne dit rien! Est-ce que ça vous dresse un portrait suffisant d'une certaine mentalité. Un désastre. Oui, lui expliquai-je, les curés aidés des bonnes femmes avaient castré les mâles. Les chefs avaient été pendus ou envoyés en exil. Tout le peuple se ramassa sur sa terre. Ne parlant plus. On lui avait coupé la parole à tout jamais et presque la queue chez les hommes. La queue et la parole, c'est la même chose pour Freud et toute l'école psychanalytique. D'Zum fut stupéfait d'apprendre une telle histoire. De son côté, il se plaignait de la mentalité des habitants d'Indiana. Je lui expliquai que nous étions aussi pires. Obtus. Pas trop souvent sortis après neuf heures. Les bonnes femmes devenant des machines à faire des p'tits, soumises, sous peine de péchés mortels, à leurs hommes. Un monde rigide, froid où les curés régnaient en maîtres. Je lui soulignai cependant que les choses commençaient à bouger. Je lui parlai des fameux Cyniques qui préparaient l'effondrement de l'Église catholique à une vitesse inimaginable. Il fut très intéressé par le phénomène. 
Ce qui me fascinait chez lui, c'était sa culture différente de la mienne, mais avec beaucoup de ressemblances, car il parlait français. Il avait fait son Bacc à Paris et venait faire son MBA à Bloomington. Je lui fis d'autres surprises en plus de lui parler de la mentalité étroite du Québec. Nous nous sommes croisés un de ces soirs. C'était le vendredi soir, sacré pour tous les étudiants qui travaillaient comme des déchaînés pendant toute la semaine. Il me croisa avec sa petite Mercedez sport, le toit ouvert et à ses côtés, sa « pitoune » préférée. Je lui criai gentiment. Ha! Ha! Ce soir, on s'en va faire le « ti cul »! Pas du tout stupéfait! Il rigola de son petit rire nerveux et il me rétorqua : « Tu m'expliques cela demain, au déjeuner, Richard! » OK, lui dis-je et je lui souhaitai poliment une bonne soirée. Tellement épuisé, j'allai de mon côté me coucher à ma chambre jusque vers 11hs, minuit. Heure du début de notre partie du vendredi soir offert par la résidence immense que nous habitions. Ce grand partie, un plaisir indescriptible qui nous permettait à tous, toutes de décompresser. Nous étions plus de mille personnes dans cette immense salle, justement organisée pour les grandes fêtes. Il y avait aussi une très grande scène et l'incontournable pour les Américains, des bars ouverts et gratuits. La Vodka coulait à flots, sans arrêt! Et en prime, une musique du sud incroyable sur laquelle nous dansions toute la nuit. C'était vraiment la place où décompresser et faire des rencontres pouvant nous aider dans nos recherches et bien d'autres choses. On dansait sans arrêt jusqu'au déjeuner du matin, à 7h30. Ce qui me fascinait le plus, c'est que je rencontrais des gens de dizaines de pays, tous, toutes chercheur(e)s dans des domaines aussi différents que les maths quantiques, la poésie des maths me disait un chercheur, l'informatique (Département ouvert 24 sur 24.) , l'Internet qui commençait à peine et auquel l'université collaborait grandement pour son développement, la musique (plus grosse faculté américaine). Un vrai feu d'artifice. Ne pas oublier que nous avions aussi nos courriels sur le campus, bien avant Internet. Nos profs pouvaient nous joindre facilement. 
J'eus donc une rencontre prévisible, pour le déjeuner, avec mon ami Zum, fils d'une grand général vietnamien. Le déjeuner commença en rigolant et se termina ainsi. Zum, médusé par mon fameux « fêter en ti cul! » me posa la question tout de go. C'est quoi au Québec, fêter en ti cul? Je le regardai avec des grands yeux et je lui appris simplement que « fêter en ti cul, au Québec, c'était fêter avec l'argent à papa dans ses poches. Et je le regardai encore et il éclata de rire. Et devenant « tendre » il m'avoua que j'étais bien la seule personne qui lui avait dit ce qu'elle pensait, mais pensait vraiment, sans l'offusquer d'aucune sorte tout en lui faisant sentir qu'elle le trouvait bien chanceux de vivre ce qu'il vivait, c'est-à-dire, une vie de riche. Je me dépêchai, à ce cher Dzum, de lui faire comprendre qu'il avait toute mon amitié et que j'étais très heureux pour lui de le voir pas seulement riche d'argent. Il se déclara tout heureux de voir une personne qui lui disait ses « vérités » sans aucune acrimonie au coeur. Cet événement nous rendit encore de plus grands amis. Je l'aimais pour ce qu'il était. Riche, pauvre, peu m'importait. Il me souligna sentir de la part de beaucoup d'Américains une jalousie épouvantable, surtout quand il avait des bonnes notes en classes ou sa Mercedez sur la rue. Il venait de comprendre que peu m'importait. Que nous étions tous des êtres vivants en sursis sur cette terre, Mercedez ou pas. 
J'aimerais le revoir ce bon ami. Il est maintenant banquier à Washington. J'espère qu'il vit bien, qu'il est heureux. L'argent n'en n'est surtout pas une garantie. Je t'embrasse mon Zum. Que de rires nous avons connus entre les différentes sessions avec tes maîtresses, cher Zum. I'inoubliable! Quelle chance j'ai eue!
UN MONDE DE MUSIQUE
Il ne faut pas oublier que le campus de Bloomington, Indiana, était situé au beau milieu de toute une série d'États où la musique était privilégiée. Nous étions à moins de cinquante milles de la ville qui vit naître Elvis Presley. Il n'était donc pas surprenant de constater que la presque totalité des étudiants maîtrisait un instrument de musique. Alors, la musique sur le campus, c'était tout simplement une religion. Nous pouvions souvent apercevoir un spectacle incroyable de jeunes instrumentistes, une cinquantaine, par exemple, qui pratiquaient la fameuse guitare russe, tous assis sur le gazon qui faisait face à notre résidence pour étudiants "gradués". C'était de toute beauté à entendre. Nous avions plus de 2 ou 3 différents opéras par été présentés au grand auditorium de quatre milles places. Sans compter le grand centre, auditorium, pour la musique de chambre. Ce n'est surtout pas le seul atout que ce campus nous offrait. Indiana avait une des plus grosses facultés de musique au monde ou avait lieu le vendredi soir, 11 hs, le fameux party où la vodka coulait à flots. Grandes « négresses » à paillettes roses qui nous chantaient ça de plus belle! Les saxos, trombones, trompettes, orgues. C’était la fermeture des clubs et on se retrouvait pour danser toute la nuit. Tous ces musiciens venaient nous rejoindre. Quels souvenirs. Vous vous imaginez, pas loin du Tennessee, Elvis Presly, et les bands de toutes sortes. C’était vraiment la folie furieuse. Quels souvenirs! Impossibles à oublier. C’était la guerre du Vietnam et les étudiants, pour éviter la guerre, venaient étudier. Les campus débordaient et il y avait une activité là! Incroyable! C'est le type d'expérience que j'aurais souhaité à tout le monde. Tu entrais dans un club et on te présentait comme venant de Montréal et tout l’orchestre se levait pour te chanter la bienvenue. « Ho! Wend the Saints, Ho! Wend the Saints go marching In! »…. L’horreur! Oui, la musique, ça rend "malade", dans le bon sens. J’ai un ami dont la musique l’a mené à presque 100 ans. Il me disait souvent, tu sais Richard, ce qui m’a sauvé la vie, c’est la musique. Je trouve qu’il est important de faire étudier la musique à nos enfants. C’est un plus pour leur équilibre moral et leur âme. Et la musique est le seul phénomène qui mobilise toutes les parties du cerveau au complet, tout à la fois.

DR. BLACK À INDIANA
Petite aventure vraie. Mon prof, Dr Black, me demande. Hey Rick, do you want to have fun. Take the Skinner box experiences. Donc, je suis allé chercher mon p’tit rat, je lui ai fait faire une cage, un Skinner box, comme on disait, avec à l’intérieur une petite pédale accrochée au mur, une lumière, un peu plus haute, fixée sur le mur et sur le plancher de la cage, un p’tit trou par lequel arrive à chaque clic que l’on fait, une goutte d’eau. On prive le rat pour une journée sans eau et le tour est joué. On pourrait remplacer le mot rat par client et ça ferait la même chose. 1ière chose, faire réaliser au rat qu’à chaque clic qu’il entend, il y a une goutte d’eau qui arrive par le trou du plancher de la cage. Quelques clics et le rat comprend vite, car il a soif comme un client assoiffé de nouveautés et tout et tout. Un consommateur quoi! Donc, ton rat devient consommateur au moment ou il réalise que chaque clic est un signe de l’arrivée d’une goûte d’eau. À la suite, tu arrêtes tout et ton rat se met à mordre, à gratter. Il cherche quoi faire pour repartir le système. Il s’approche de la pédale, tu fais clic, il a une goûte d’eau. Et finalement, il réalise qu’à chaque fois qu’il pèse sur la pédale, il y a un clic qui apporte une goûte d’eau. Tu exiges plus de ton rat. Avant de peser sur la pédale, il faut qu’il attende que la lumière s’allume, le signe qu’il peut peser sur la pédale et avoir sa goutte d’eau. Suivant. Il doit apprendre qu’il doit tirer sur une petite chaîne qui fait allumer la lumière, ce qui lui permet de peser sur la pédale qui déclenche le clic qui amène la goutte d’eau. Une autre étape, tu rajoutes une bille. Il doit pousser avec sa tête sur la bille pour faire entrer la petite chaîne qu’il va tirer pour allumer la lumière qui lui permet de peser sur la pédale pour déclencher le clic qui apporte une goutte d’eau. Devinez comment ça prend de temps pour dresser le rat? 20 minutes! mes amis! Et vous avez en même temps un consommateur accro au clic et à la goutte d’eau.
 C’est bien gentil. Et Dr. Black, mon prof. n’était justement pas consommateur. Il vivait de façon minimaliste. Quel bonhomme. Il est devenu directeur de la psychologie à l’université des Mormons à Salt Lake City. Il m’appréciait, car je discutais fort et on ne me faisait pas avaler des couleuvres facilement. Il m’avait même filmé sans que je le sache alors que je discutais « fort ». On a dont ri. De beaux moments émouvants à repenser. Et les labos de psycho. étaient payés par l’armée. C’était la guerre du Vietnam. Alors, vous auriez dû voir les installations. J’étais totalement fou de joie de travailler dans une telle ambiance. On pouvait tout faire ce que l'on voulait.
Esalen, Californie.
 J’eus, dans le temps, un privilège extraordinaire, celui de passer une bonne semaine de formation en psychologie de l'intervention à Esalen, Californie. Esalen était, à l’époque, un centre ou il s’expérimentait de tout en psychologie. Un genre de Paradis terrestre avant le temps. On pouvait y rencontrer des experts de tout crin, qui venaient de tous les domaines touchant à la psychologie de près ou de loin. Un site fabuleux, accroché à une immense falaise qui donnait carrément sur la mer et qui contenait des sources thermales époustouflantes où on pouvait, 24 sur 24 se délasser tout nu, dans ces bains à l’eau chaude naturelle qui venait des profondeurs thermiques de la terre, le tout, avec comme paysage de fond, l’immensité du Pacifique agrémentée ici et là de petites îles ayant chacune un nuage blanc les surmontant, provoquée par la différence entre la chaleur de l’île et celle du Pacifique. Je répète, le PARADIS.  Indiana m’avait aidé à trouver, vu mes activités scolaires, une subvention qui couvrit la totalité de mes dépenses pour le projet sans compter, l’aide de ma Commission scolaire qui, consciente de mes intérêts et de mes habiletés se mit aussi de la partie. Bref, je fus comme un gros bébé gâté. Et comble de joie, j’eux la chance d’expérimenter une foule d’approches en psychologies qui, quelques années plus tard me furent très utiles, surtout en prévention suicide, ainsi qu’utiles aux autres. Les approchent qui m'intéressaient le plus, étaient celles qui appelait mon habileté à jouer du théâtre tout en mobilisant l'attention du patient pour le faire "entrer" dans mon jeu. J'eus la surprise de constater que j'avais une habileté incroyable de ce côté. Mon psy. Raymond me demandait toujours, "mais comment tu fais pour détecter un suicidaire?" Je lui répondais toujours la même chose.  Les yeux! Les yeux! Les yeux! Et l’attitude générale du corps qui parle plus fort que toutes les belles paroles que la personne concernée peut utiliser. J'en ai eu un que ne cessa de m'interpeller par son attitude à parler comme du bout de la langue comme s'il avait été mal sevré! Je décrivis la chose à plusieurs spécialistes, psy. et autre. Rien n'y fit. Et pourtant, ce jeune, deux années plus tard, se suicidait. On découvrit dans l'enquête qu'il avait un très grave conflit avec la mère. Le coeur me serra très fort, car, j'avais connu un problème semblable avec les présences et absences répétées de ma propre mère. Le sens de certains mots a donc une importance capitale. Et en plus, j’avais ma formation en thérapie familiale de l’Hôpital Juif de Montréal. J’étais donc assez bien bardé pour affronter les écueils qui s’annonçaient souvent sérieux. Tout cela, je n’en parlais pas sauf à Raymond qui rigolait comme un fou. J’eus donc, avec cette visite, une certification en psychologie de l’Université de Californie. Tout ça pour moi ne fait pas nécessairement l’intervenant qui doit être mis à l’épreuve avant de prétendre l’être. Comme je disais à Raymond, « quand tu as un patient qui colle au plafond, alors faut-il d’urgence avoir l’habileté de le décoller. »  Et Raymond, mon psy. de l’école,  que j’aimai de tout cœur, nous nous connaissions à l’époque avant même qu’il ne soit psychologue. Je l’avais connu comme quelqu’un qui en menait déjà large. Peut-être trop. Ce qu'on pourrait appeler comme la cerise sur le gâteau m’arriva subitement comme en pleine face. La patronne de la section des stages universitaires d'Esalen, une immense dame, neurochirurgienne et psychanalyste, qui m’avait à l’œil depuis un bon moment et que j'avais aussi remarquée. Elle vint me voir pour m’annoncer une nouvelle qui me jeta par terre, pour le moins. Rick, you will have your lunch with Greg. J’ai compris tout de suite le message.  J’étais invité a dîner avec le fameux Gregory Batteson. Je ne cacherai pas avoir eu la larme à l’œil sur-le-champ. Car je savais qu'il avait déjà commencé sa fameuse "phase terminale", il avait le cancer. Et ma docteure, originaire d’une famille de 8 filles du Minnesota, m’a simplement dit : « We love you Richard. » Décidément, je trouvais que j’avais fait ma marque pas mal vite. Gregory Batteson, mari de Margaret Mead, la grande philosophe américaine que les soldats du Vietnam appelaient, MAMAN. Je savais aussi que Greg venait à Esalen pour y mourir. Il était décompté. Cancer fulgurant! On le prolongea d’un an. Richard, ne t’énerve pas m’a-t-il dit, quand la cloche sonne, nous les humains, on est tous égaux! Je lui ai dit, Greg, je ne veux pas que tu partes. Grand scientifique, mais aussi grand philosophe! Et nous nous mîmes à parler de tout et de rien. De nos expériences personnelles. Bref, c’est tout comme si nous nous étions connus depuis des années. Il était très curieux du Québec et je le fis rire pas mal en lui parlant de la société religieuse que nous avions été avec tous les péchés du cul classés par ordre alphabétique, etc., etc., etc. Il me fit remarquer que ce n’était guère mieux chez les protestants, mais mon idée à moi, était de le faire rire. Et nous passâmes une partie de l’après-midi à parler de choses et d’autres sans que personne ne vînt nous déranger. Il y avait une troisième personne à table, un producteur de Hollywood qui m’avait pris en affection et son garçon qui n’arrêtait pas de me tâter les seins, disant qu’ils étaient aussi gros que ceux de sa blonde et que ça le faisait titiller.  Bravo, n’est-ce pas! Un monde totalement libertaire, mais aussi chaleureux, amoureux des gens et prêt à rire pour tout et pour rien. Le grand fanal qui me tâtait les seins, je lui suggérai tout de go de faire venir sa blonde d’urgence de Londres. Hé oui, c’était un grand anglais, mais sympathique et drôle. Impossible de s’ennuyer avec un bonhomme de la sorte. Sa mère, imaginez, était sorcière reconnue. Pas surprenant qu’il me poignait les seins. Il voulait peut-être avoir quelques gouttes d'un lait...pas trop sorcier!  Et Hollywood n'est jamais au bout de ses surprises. Vous vous imaginez, le Star War n’était pas encore sorti que j’eus l’honneur par l'intermédiaire de mon producteur de Hollywood, d’aller serrer la pince à mon ami A2D2 dont je fis, pour la première fois, la connaissance.  Il était tout en bois et totalement laid. Mais, le cinéma avec ses éclairages me prouva qu’il pouvait transformer un personnage avec n’importe quoi. Donc, Greg, devant moi, carrément devant moi, je n’en revenais pas et une conversation qui coulait comme le cristal d’une rivière. Bien sûr que j’abordai sa maladie ainsi que ses expériences sur les dauphins. Il était reconnu mondialement pour ses recherches sur le sujet.  Certaines expériences avec les dauphins avaient été malheureuses, je le savais et évitai d’en parler. Donc, Greg m’adopta, et je fus invité tous les midis à sa table. Et sa phrase-choc me revenait toujours à la tête," tu sais Richard, quand la « cloche sonne » on redevient comme tout le monde. » Difficile à oublier, je vous le jure. Et mon séjour se termina par une « grand-messe » époustouflante ou, la communauté qui t’avait connu te prenait en charge pour un bain dans les eaux thermales du centre, celui-ci, remplie de nénuphars et de toutes sortes d’autres fleurs qui y flottaient. Greg et plusieurs autres me donnèrent mon bain comme presque à un bébé naissant aidé de toute l’équipe de thérapie. Je fus littéralement transporté, je me sentis comme investi de ce mot célèbre : QUE LA FORCE SOIT AVEC TOI. » Je quittai ce centre, grandi de je ne sais pas combien de "pouces".  J’avais totalement le sentiment d’être carrément sur l’Everest, enivré par un air tout autre, qui me pénétrait comme un élixir de l’au-delà. Je fus dans cet été second pendant quasi un mois de temps. Les gens me rencontraient et ne pouvaient y croire. Une sorte d'extase permanente s'était abattue sur moi. Esalen, un paradis, où on pouvait autant s'y promener tout habillé ou tout nu. Il n’y avait pas d’obligation sauf celle d’être « diplômé ». C’était l’Université de Californie. Je dois ajouter que Esalen était situé dans la région de Carmel, en Californie. Un endroit de toute beauté et très fréquenté par une foule d’artistes. Pas surprenant que Esalen était considéré comme « flyé ». Le contraire aurait été surprenant.

Chapitre IV
Ma famille
MON ÉDUCATION, MA FAMILLE.

Oui, un autre texte sur mon papa et grand-papa qui fut le même. Ha oui, les fameux silences des hommes! Oui, une pudeur des sentiments et pourtant, parfois, il s’échappait, mais peu habitué, ça me faisait peur. Je l'avais entendu dire à quelqu'un qu'il se préparait mentalement à me parler. Une peur terrible m'étreignit. Comme il ne m'avait jamais parlé vraiment, j'anticipais que la conversation allait donner sur des propos moins élogieux à mon égard. Je me trompais totalement, car je sais maintenant que mon grand-père était la bonté même et qu'il voulait sans doute me parler de sexe, mais ne savais trop par quel bout prendre le problème. De toute façon, même le sujet en question me faisait peur car, à l'époque, personne ne parlait ouvertement sur ce sujet sauf quand on était entre enfants dans un des hangars de notre quartier, endroit privilégié pour faire des découvertes de toutes sortes en jouant au docteur ou à d'autres choses. Donc, je tins mes distances pour éviter de créer un climat où je serais obligé d'écouter. Mon « vrai père » fut mon grand-père qui m’avait adopté, car sa fille m'avait eu, moi, comme enfant. Elle avait 16 ans à cette époque. Une grande cousine de 90 ans me disait dernièrement qu’elle avait entendu mon grand-père dire à sa sœur, « En tout cas, je ne m’en vais pas abandonner cet enfant-là. C’est mon enfant! Que les voisins disent ce qu’ils veulent, je m’en fou! » Quand il me passait la main sur la tête, j’avais toujours l’impression d’entrer sous terre. Une grosse main « tendre » qui m’aimait. Fais ton possible mon pit. C’est tout ce qu’il ma répété toute sa vie. Fais ton possible. Et sa sœur à mon grand-père m'adorait aussi. J'étais, aux dires de ma cousine, son préféré. « Pauvre p'tit gars! Pas de mère et pas de père! C'est pas humain! » (Propos rapportés par ma cousine Gertrude, le 22 novembre 2015) Tels furent les mots d'Henriette qui m'a aimé toute sa vie. De son côté, mon grand-père fonctionnait simplement par l'exemple. Se levait à 6 h 00 tous les jours pour aller travailler. Jamais malade. J’ai appris à le découvrir avec le temps. C’était un homme d’une tendresse infinie, mais bien cachée. Un vrai toutou. M’amenait partout où il y avait quelque chose d’intéressant à voir. M’a acheté ma première vraie caméra, j’avais 16 ans. Une Leica. Je découvris qu’il avait aussi été photographe, jeune. Comme si l’histoire se répétait! Oui, ça ne parlait pas fort, mais ça agissait. La police était venu le chercher pour qu’il calme deux jeunots qui se menaçaient au fusil. Il revint, tout avait été arrangé avec les deux marsouins, leur père, au désespoir, tous assis dans la cuisine et la police qui attendait. Le grand-père avait rétabli la paix et la police quitta sans plus de problème. C’était le temps ou l’entraide existait pour de vrai. Mais, je devais me chicaner pour pouvoir peinturer moi aussi, comme mon grand-père. Il ne voulait pas que je me salisse les mains, voulait faire un professionnel avec moi! Je chicanais pas à peu près et lui jouais des tours. Il n'allait pas n’empêcher de peinturer. Combien de maisons il a bâties pour rendre service. Je ne le saurai jamais. J’ai fini par découvrir son point faible. Il ne pouvait peinturer la lucarne, car il était trop pesant. Donc, ti pit Richard, devint l’officiel pour la peinture de la fameuse lucarne. Quand il me menaçait de ne pouvoir peinturer, je lui rappelais bien vite la lucarne et tout s’arrangeait instantanément. Bon papa, bon grand-papa. Il fut les deux à la fois.
Photo de Richard Labelle. Photo prise en 1956. J’allais le perdre quelques semaines plus tard. Il était tout fier de voir son p'tit fils, caméra Leica à la main et prêt à le photographier.

 

 


L’autre pôle, ma grand-mère. Le rationnel surtout. Avait eu une expérience dévastatrice en affaires. S’était mariée « forcée », car il s’agissait du fils d’un médecin. Et dans le temps... Elle a donc trouvé la vie rude. Il lui a fait sept petits et à la naissance du septième, il était déjà mort. Elle a toujours eu le sentiment, avec raison, de s’être fait avoir. Elle eut même deux commerces à l’époque. Un magasin de chaussures, propriétaire du « Frégeau C.E. boots and shoes » au 497 rue Centre à Verdun et un magasin de chapeaux, elle était chapelière. J’ai toujours eu le sentiment qu’on lui avait « cassé » les reins. Une femme frustrée, quoi! Elle avait eu une nounou pour tous ses enfants, sauf pour moi. Je pense vraiment qu’elle ne le prit pas. Était extrêmement bonne en couture, très rapide. Tous mes vêtements étaient fabriqués par elle, y compris mon p’tit manteau de fourrure, etc. La couture n’avait pas de secret pour elle, ni la comptabilité, ni l’habileté de savoir négocier serrée. C’était, en résumé, une femme d’affaires très dure.

 

 


Devant le Radio-City de New York pour ma visite à la Pieta.
Pour elle, mon éducation était très importante. Elle m’amena plusieurs fois au théâtre. Les Compagnons de St-Laurent en particulier. Troupe qui avait vu le jour au Collège Saint-Laurent. Ma grand-mère avait une très belle voix. Elle fit partie de la chorale officielle de l'Église Notre-Dame de Montréal.  Elle chantait aussi l'opéra en même temps qu’elle touchait le piano. Se pratiquait occasionnellement avec la voisine d’en face. Donc, le samedi, à une heure, c’était sacré. L’opéra de New York en direct à la radio. Silence total à la maison. Comme je prenais de l’âge, je sentis, à un moment donné, qu’elle changea progressivement d’attitude avec moi. Elle était comme surprise de mes performances et prenait plaisir, à l’occasion, à m’enseigner toutes sortes de choses. C’est elle qui me fit démarrer ma collection de timbres. Pour un jeune de 10 ans?  Quand même. Cette collection de timbres me fit carrément faire le « tour du monde ». J’étais bien impressionné des fameux timbres d’Afghanistan. Je vérifiais dans des livres de géo. (National Geo en particulier.) ce qui se faisait dans ce pays lointain. Je rêvais d’y aller. La grand-mère trouvait très important que je sois au courant des grands événements dans le monde. Elle me parlait des guerres, des conflits de toutes sortes. Elle était très ouverte à la politique internationale et m’en parlait régulièrement. Elle fut ainsi un vrai livre d’histoire, matière dans laquelle j’avais toujours 100 %.  J’eus cependant une grande déception. Elle me refusa d’aller rejoindre mon oncle Camille à Paris. Question d’argent et chicane d’argent surtout. Je dirais que c’était typique à la famille. Typique de certains Frégeau de mon côté. Ceci me fit très mal. Vous vous imaginez?  Invité à Paris, Londres et les merveilleuses Bermudes et ne pas pouvoir y aller. Il me restait le rêve qui me permit de m’imaginer dans tous ces lieux, car je rêvais beaucoup. J’avais ma bulle! Et en plus, j’appris des années plus tard que Camille m’adorait, car j’étais le premier enfant de son plus jeune frère, Charles. Ça ne mentait pas. À chaque fois que je rendais visite à Camille, il finissait toujours par avoir une larme à l’œil. Je t’embrasse mon bon Camille. Je sais que, vivant, tu n’aurais jamais voulu m'embrasser. Beaucoup trop fort!  Mais les émotions, malgré tout, te traversaient la peau facilement. C’est une voisine qui me démarra à la lecture. J’avais un œil aussi sur ma tante Pauline qui était à n’en pas douter « le chef amiral » de la famille. Tout passait par elle, finalement. Elle avait fait la dernière guerre, dans l’Armée canadienne comme infirmière. On lui envoya régulièrement des caisses de lait en poudre pour ses bébés anglais de Londres. Ma tante Pauline me contait les opérations de soldats pendant la guerre, elle était à Londres. Parfois, ils avaient presque peur de se tromper de membres. Et en plus, elle en rencontrait, 2 et 3 ans plus tard et elle se demandait comment ils avaient pu faire les p’tits qui les accompagnaient avec les « morceux » de corps qui leur restaient! Elle était comique ma tante. A fait la guerre, la vraie.

 

 

 


Ma mère vers 3 ans. (1926)

 

 

 

 


Ma petite cousine, 91 ans, qui m’a toujours accompagné dans la vie et vient encore de m’encourager : « Tu sais cousin ce qui t’a sauvé? Ta volonté. Tu es parti pour Indiana avec 5 personnes et tu es revenu seul. Tu avais réussi. Don't give up, Richard! ». Une cousine adorable, photocopie de ma mère. Le Bon Dieu m’a protégé ainsi que mon ange gardien, le p’tit sacripant. Oui, oui, oui, il me jouait des tours. Tu sais Richard, m'a dit Gertrude. Ta mère n'aurait jamais du avoir d'enfant après toi. ( Dit par ma grand cousine Gertrude. C'étaient deux grands amies, ma mère et Gertrude. Il nya a rien qu'on na pas fait pour lui lui faire payer le « déshonneur » qu'elle avait fait à la famille en me mettant au monde comme fille mère. L'arrogance venait surtout de la grand-mère Frégeau. Les gens peuvent être très méchants et ils l'ont été. Elle fut traitée comme une sous humaine. Et je gagerais qu'on lui en voulait pas tellement pour le déshonneur que pour le prix que j'allais coûter pour me faire vivre. Il y avait comme une sorte de rage dans l'air. Les services sociaux prirent du tempss à autoriser l'adoption, avec raison d'ailleurs. Je suis sûr que ma tante Pautline eut un rôle primordial dans l'aventure ». Elle m'a toujours protégé cette tante Pauline. Ma psychologue du temps me recommanda d'essayer de rompre le fameux secret de famille me concernant. Ce fut un très mauvais conseil de sa part. C'est la raison pour laquelle j'ai toujours soupçonné qu'elle était jalouse de moi car, à l'époque, j'allais déjà aux études aux États-Unis. C'est tout comme si elle avait pensé qu'un de ses patients ne pouvait faire de hautes études comme elle, ma chère. C'était pour le moins prétentieux de sa part. J'avais un flair incroyable pour déceler de telles choses. Pour dire ce que peut faire la jalousie. Elle transforme complètement la personne contre vous. Cette personne devient une véritable vermine. Vous ne pouvez avoir un pire ennemi et un pire ami. Je soupçonne que cette thérapeute fut « télécommandée » par son mari. Jaloux aussi! Qui rapportait toutes sortes de choses à tout le monde sur la vie privée des patient(e)s de son épouse. Tout un couple, n'est-ce pas.

MA SAINTE MAMAN BIO, CLAIRE ET MOI...Avec ma mère, je rayonnais!

 

 

 

MA BONNE TANTE PAULINE

 

 

 

LES BOMBARDEMENTS DE LONDRES.
Je me suis malheureusement fait voler, j’en ai bien peur, des photos d’elle en costume militaire. Je fais enquête auprès des Sisters quelque chose qui devraient, me dit-on avoir sa photo. Faire une visite à Pauline, c’était faire une visite à la « reine ». Le p’tit doigt en l’air et la tasse de thé à 5hs. Incontournable. Vous comprendrez, qu’adolescent, ce n’était pas tellement la tasse de thé, mais le repas gourmet et gourmand qui suivait après qui comptait. Pour moi, c’était du filet mignon et rien d’autre. C’était sacré pour ma tante que de m’offrir cela. Une queue de homard en plus? Parfois. Je faisais une « joke » à ma mère bio. Que je m’en vais chez Pauline, à Buckingham Palace! Elle me répondait, en riant, OK!  Bon voyage.

 

 

La Reine
(Je ne peux m’empêcher de parler de la reine en vous parlant de ma tante Pauline. Notre famille fut fournisseur accrédité de lait en poudre pour sauver les bébés anglais bloqués à Londres à cause des bombardements.)
En parlant de la reine, vous comprendrez que, bien certain, pas question de faire ce que l'on veut. Un protocole s'impose. Ce protocole, c’est le simple protocole anglais que je ne trouve pas si bête finalement. J’ai dû l’apprendre pour être de service à l’Expo 67. Faut pas croire que tout ce beau monde est raide comme des « barres de fer ». Ce serait leur faire grande injustice. L’idée, c’est qu’il ne faut jamais prendre l’initiative avec Sa Majesté, car c’est elle qui est reine. Et il faut être prudent, cette reine a été mécanicienne à la dernière guerre pas seulement avec des gants blancs. Elle peut démonter une auto au complet et la remonter elle-même avec aide, mais l’essentiel, c'est elle qui le fait. Il ne faut pas oublier qu’elle s’entoure d’artistes du monde entier. Beaucoup plus colorés donc que notre premier ministre Harper. Cette même reine a dernièrement fait faire un tour d’automobile au roi d’Arabie Saoudite qui a passé proche de faire une crise cardiaque, car, il paraît que Sa Majesté a le pied pesant sur le « citron »! Ce protocole canadien, je l’ai bien aimé, car il m’a souvent sauvé de plusieurs « embardées ». Je n’ai jamais vu personne être offusqué de nous voir l’utiliser. Et en sachant que tu savais bien ton protocole, tout le monde autour se sentait rassuré, car tu savais tout simplement faire les choses. J’ai fait affaire à une majesté de « 8 ans ». Aucun risque, je passai à la bonne vitesse et j’avais bien fait. Cette enfant fut grandement reconnaissante, car elle avait fait affaire à quelqu’un qui sut la protéger tout en la distrayant et la faisant rire. Ses parents furent enchantés. Des gens ordinaires finalement, sans prétention, qui voulaient simplement avoir du plaisir et qui furent tout contents que leur jeune fille « expérimenta » sa liberté en toute sécurité. À l’Expo 67, nous étions vraiment blindés contre tous les imprévus. L’équipe au complet, parlait plus de 68 langues différentes avec souvent des spécialités pour chacune des régions du monde, mais nous étions discrets.  Finalement, cette enfant avait vraiment des parents de la « haute », mais pas hautains. Nous eûmes le privilège d’être reçus pas une fois, mais deux fois pour le dîner du soir. Toute l’équipe fut invitée. Et monsieur vint s’asseoir à côté de moi pour me taquiner à propos de sa fille dont il m’apprit que je lui était tombé dans l’œil. (Blague) Un vrai comique ce type, il voulait simplement rire. Un 2e souper suivit pour continuer nos rires du premier. Une vraie coqueluche! (Je n’ai jamais parlé de ces choses avant aujourd’hui. Discrétion oblige.)
La Reine, je l’ai aussi "connue" toute jeune, en 1959 alors que j’étais cadet à London, Ontario. J’aimais beaucoup les groupes de précision qui donnaient des spectacles pour les dignitaires des forces armées. Ce jour là, ce fut la « cerise » sur la gâteau. Sa Majesté en personne. Quelle émotion! Toute ma famille avait fait la guerre. Donc, je n’étais pas insensible à la présence de Sa Majesté, toute jeune. C’était incroyable! Mon capitaine avait sans doute dit quelques mots à mon sujet, car lorsqu'on me présenta à Sa Majesté, il fut souligné que ma famille avait fait la guerre, dont ma tante Pauline au bloc hospitalier no. 5 de Londres. Je pense que la reine elle-même y avait travaillé m'a-t-on dit.

 

 



Mes petits frérots et ma petite sœurette du côté de ma mère.
Guy, Louise, Jean, Percy. (Labelle-Harper) Quelques années
plus tard, je leur faisais vivre leur première expérience de camping sauvage.

Ha! Si vous saviez comment ça me fait chaud au cœur, mais ces enfants m’ont à peine reconnu comme leur frère. On m’appelait mon oncle, car ma mère, à l’époque où elle m'a eu, était fille mère. Donc, je les traitais comme mes frères et sœur, ce qu’ils étaient, mais je ne pouvais cependant pas les appeler frères et sœur. Il fallait garder le secret. D’une idiotie totale! J’ai un de mes anciens élèves qui trouvait qu’il s’agissait vraiment du viol de l’intégrité de la personne. Bon, c’était le temps.... les curés, la mentalité et tout le « crémage ». Il n'y avait rien à faire et ma mère y a goûté. Sainte maman! J’ai quand même très souvent sauvé les meubles, comme on dit. J’étais ratoureux. Mon objectif, faire rire ma mère dans l’adversité. Et j’ai souvent réussi. J'suis fier de moi.

 

 

LES TERRIFIANTS FANTÔMES DE FAMILLE

Tout ce qui n’est pas « confronté » à une génération réapparaît à la génération suivante... c’est ce qu’on appelle... les fantômes de famille. J’en aurais beaucoup à vous dire sur le sujet, de quoi vous faire dresser les cheveux sur la tête. C’est ce que je vais faire prochainement surtout pour vous démontrer COMMENT LA VIE, C’EST FORT.
Pour m’être occupé de suicide pendant des années en plus d’être l’homme de confiance de l’école quand il s’agissait d’intervenir auprès d’élèves problématiques, je ne vous cacherai pas avoir fréquenté un nombre incalculable de FANTÔMES DE FAMILLES. Qui sont-ils. Ils sont le résultat de conflits de famille non résolus. Les gens qui s’imaginent bien fins de semer la division de leur famille peuvent être assurés d’être de parfaits fabricants de fantômes qui vont s’attaquer, premièrement à leurs enfants et ensuite, à leurs petits enfants. Ils fabriquent donc de parfaites victimes en se croyant au-dessus de toutes les lois de la nature. Prenez garde, personne n’y fait exception. 
Avant d’entamer le sujet, je veux, bien sûr, vous parler des fantômes que j’ai eu moi-même à combattre dans mon intérieur et même à l’extérieur. Je fus parfaitement conscient que j’étais devenu un peu comme ce preux chevalier qui fut fidèle à ce thème développé par les grands philosophes, Socrate, Planton et Aristote : « CONNAIS-TOI, TOI-MÊME. »  Pour mener ce combat, je fus accompagné par un grand ami, psychologue et psychanalyste, intervenant de nuit à l’urgence psychiatrique d’Albert Prévost. Il fut comme ce fil d’Ariane qui me guida dans mon intérieur, véritable labyrinthe, que nous avons tous. CONNAIS-TOI, TOI-MÊME, DISAIT LE PHILOSOPHE. Et c’est bien vrai. Mais quand le soi-même se transforme en épopée, genre film d’un autre monde, alors, là, tu te sens devenir « petit » et tu as besoin d’un accompagnateur sérieux pour ta propre sécurité. Mon ami Raymond fut l’homme de circonstance. Je suis tout fier de vous parler ainsi, car ma bataille, j’en suis sorti victorieux!  Je me sens comme le DAVID QUI A TERRASSÉ GOLIATH et personne ne pourra m’enlever cette victoire qui ne peut pas se traduire sous forme de trophée ou autre. Cette victoire m’appartient en propre et je veux vous la partager pour que vous engagiez le même combat au besoin. Vous avez peur. Vous avez raison d’avoir peur. C’est comme à la guerre, si vous avez confiance en vous, ce sera, au bout du chemin, cette pointe lumineuse rouge qui apparaît dans le ciel, tout juste avant le lever du soleil, ce sera LA LIBÉRATION.
Ma bataille.
Mon principal fantôme qui était plutôt un « spectre terrifiant » fut sans doute fabriqué par toutes les chicanes qui entourèrent mon adoption. Les chicanes créent un vide chez l’enfant et vous ne pouvez pas vous imaginer comment ça peut-être souffrant. L'enfant a toujours l'impression qu'il est responsable de toutes ces chicanes qu'ils l'entourent et va tout faire de sorte pour qu'elles n'aient plus lieu. L'enfant, si on peut dire, se transforme donc comme une Aspirine, portant sur ses propres épaules un conflit qui n'est pas le siens. L’enfant a parfois l’impression d’étouffer tellement le vide l’assaille. »C’est de ta faute, c’est toi qui l’a provoqué! » Bon, on blâmait l’un et l’autre d’avoir provoqué la situation qui engendra cette relation dont je fus le résultat. Chose certaine, ma grand-mère me terrifiait. Elle avait tellement soudoyé ma propre mère, qu’inconsciemment, j’en avais développé une véritable allergie la concernant. Cette guerre que je du déclarer contre mes fantômes devenaient comme un genre de réminiscence de la fameuse série Star War qui est aussi un rappel de toutes les batailles que l’on doit engager contre soi-même dans la vie. Je n’en connais plus l’auteur, mais c’est un passage que j’aime bien : « TON PIRE ENNEMI!  TOI-MÊME! » Et c’est bien vrai. Surtout quand on fabrique des fantômes qui vont « tuer » nos enfants et nos petits enfants, sans le savoir.
La préparation pour affronter mon ou mes fantômes fut très longue. Il me fallait trouver la fameuse personne « pivot » qui allait déclencher la crise. Je cherchai longtemps, surtout dans des groupes de thérapies de toutes sortes pendant des années. Et, surprise, je la rencontrai un jour, ce très grand jour qu'il devint pour moi . Je réalisai à peine qu’elle vînt de me « saisir », comme un pêcheur qui saisit un poisson. Je devinai cependant que quelque chose de sérieux venait de se passer. Elle m’avait « toisé », il lui restait à me faire trébucher, ce qui ne tarda pas. Il y avait aussi, dans l’entourage, des personnes compétentes pour pouvoir me « récupérer » au besoin, me calmer, et me faire revenir doucement à la réalité.

Mon intérêt pour les fantômes date de dizaines d’années. Plusieurs sources en furent l’inspiration. Mon psychologue, des autochtones amis et un psy. du CLSC de Montmagny, spécialistes des maladies « intergénérationnelles. Comme généalogiste, ceci me passionna au plus haut point. Et dernièrement, en faisant une fouille sur Internet où je trouvai d’autres informations fort pertinentes.
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DIFFICILE DE PARLER DE MA FAMILLE SANS PARLER DE LA GUERRE. 

MON ENFANCE EN FUT
BAIGNÉE.

DIFFICILE DE PARLER DE MA FAMILLE SANS PARLER DE LA GUERRE. 
MON ENFANCE EN FUT
BAIGNÉE.
 

 

 

 


Une photo qui me rappelle ma famille qui partait pour la guerre alors que j’étais tout petit. Mon épouse Lise est assise devant le bronze à Halifax un bronze qui me met le coeur en chamade.
Ce bronze me rappelle des membres de ma famille alors qu’ils quittaient pour la guerre. Un bronze qui me fit vibrer le cœur. J’ai utilisé, dans l'aviation, le même type de sac "banane" que j’appréciais beaucoup y compris le sac à parachute. Oui, ça me fait sourciller à tout coup ce fameux bronze. Les départs pour la guerre. L’abandon des siens, de son chum, de sa blonde, de sa femme, de son mari, de ses enfants. Dans ma tête d’enfant résonnait le bruit des avions. La guerre, c’était pour moi un mystère.... d’enfant. Oui, ça me fait sourciller à tout coup ce fameux bronze. Les départs pour la guerre. L’abandon des siens, de son chum, de sa blonde, de sa femme, de son mari, de ses enfants. La guerre, c’était pour moi un mystère.... d’enfant.
Vous vous imaginez tout petit. Mon oncle Jules, en uniforme de l'aviation qui me prend dans ses bras et m'amène dehors pour me faire voir la douce neige qui tombe... lentement. J’étais émerveillé. J’allais lui envoyer mes premiers devoirs à cet oncle qui s’en allait en Angleterre. aaaaaaaaaa bbbbbbbbbbbbb cccccccc dddddddddd. Voilà, c’était moi qui pratiquais. Et la tante Pauline qui me prenait auprès d'elle pour vérifier ma dentition, mon ventre, mes yeux, etc., etc., etc. Elle était garde malade de guerres et contait que parfois l'équipe médicale était comme perdue avec tant de membres arrachés des corps. Quant à ces corps, ils pouvaient presque tous les ouvrir comme des gants qu’on met à l’envers et dont on replace tous les morceaux à l'intérieur. Ils connaissaient le corps humain par cœur. Il fallait mettre les bons membres aux bonnes personnes et pour finir, ils les bourraient d’antibiotiques. Le premier inventé. Le fameux Sulfamul! Ça guérissait tout. Même au collège, j’en avais une réserve sous forme de tubes. Je manquais de mémoire! Sulfamul. Non, pas jusque là, vous aurez compris. Et la grand-mère qui pleurait à chaque courrier que nous recevions. Elle pensait que ça annonçait un mort. Surtout les télégrammes. C’était une crise à tout coup et finalement ça annonçait : «Chère madame, nous avons le plaisir de vous annoncer que votre fils, votre fille a obtenu le nouveau grade de....etc. etc., etc. » Et tout cela avec un beau cadre et la photo du récipiendaire ou de la récipiendaire. » Surtout la récipiendaire qui n’arrêtait pas de courir après les membres de différents soldats qui "les avaient échappés", en route vers l’hôpital. Après, elle se demandait comment ces gens pouvaient faire des p’tits avec tous les morceaux qui leur manquaient. Quelle époque fabuleuse, pourtant c’était la guerre. Fabuleuse à un tel point d'ailleurs, que ma tante Pauline ne s'en est jamais vraiment remise de cette guerre. Elle nous recevait toujours avec un certain style londonien chez elle. On avait même l'impression de visiter la reine en personne. La guerre l'avait donc fait s'épanouir. Elle ne fut pas la seule.

Aussi, nous avions, à Montréal, des toiles noires dans toutes les fenêtres pour éviter qu’un avion allemand nous détecte en pleine nuit. Belle propagande, n’est-ce pas. Nous avions aussi le rationnement. Des timbres et de jetons bleus pour le beurre, je crois. J’allais à une épicerie plus loin pour acheter la 2e livre de beurre, car la grand-mère ne voulait pas éveiller des soupçons. Pourtant, elle y avait droit, tous ses enfants étaient à la guerre. Les Allemands venaient prendre leur bière à Gaspé et prenaient même des bains de soleil à St-John. On a tous réalisé ça après la guerre. Et vous pensez que les Allemands auraient bombardé une taverne? Allons donc! Un poète s'en serait douté bien avant. Allons, enfants de la patrie, le jour de gloire est arrivé!  Un jour de gloire? Comment peut-on faire de la poésie avec la guerre? Je pense que l’humain a besoin de mettre de la vie, même sur la mort...et un peu de bière aussi.

 

 

 

 

 

 

 

GENS DE MA FAMILLE
QUI M’AVEZ SAUVÉ LA VIE
Je rêvais depuis des années de trouver cette photo. De gauche à droite, Cousine Alice, drôle comme un singe et joueuse de cartes comme pas possible. Dès qu’on arrivait à l’hôtel, tout de suite, elle se cherchait des « partners ». Se faisait ramasser sans connaissance régulièrement chez Eaton à Montréal. Les policiers lui disaient, vous devriez rester chez
vous. Pas question, « vous ne me ferez jamais manquer l’occasion de me faire ramasser par des beaux gars comme vous autres. »

 

 


LA GANG DES « TROIS »

 

 

 

 

 

 

Tante Pauline au centre. Je l’appelais « colonel » pour la faire rire. Elle avait pas mal le sang de colonel surtout quand elle décidait que telle chose devait se faire de telle manière. À droite : mon oncle Gaby adoré qui faisait mes devoirs sans dire un mot. Et à gauche, ma grand-cousine "folle", pouvait jouer aux cartes jusqu’à 3 hrs du matin et risquer de vous faire mourir de rire. Une chance, elle était aussi garde-malade. Aucun n’est mort en pleurant. Elle m’avait dit, mon Dieu, Richard, que tu es beau, tu ressembles tellement à ton grand-père Frégeau, médecin, qui était un vrai saint. Une telle déclaration vous enquiquine pas mal positivement le moral d’une personne! Non? Et en plus, sans le savoir, elle venait de faire sauter le fameux secret de famille concernant mes origines. Elle venait d’admettre que j’étais vraiment un Frégeau, descendant du député, médecin, fondateur d’hôpital que fut mon arrière-grand-père. (Je pense que très sincèrement, tous ces événements reliés me sauvèrent littéralement la vie. Je fréquentais des gens positifs et j’en recevais les bienfaits. À retenir. FRÉQUENTER LES GENS QUI VOUS GRANDISSENT, NE VOUS EN DÉPLAISE.
Chère grand-cousine Alice, joueuse de cartes! (Au centre) Pauline. Ma protectrice. (À droite) Mon oncle Gaby, qui me faisait faire mes devoirs pour l’école. On disait qu’il était zinzin. Je pense plutôt, que jeune, il avait fait le zinzin pour ne pas être placé à l’orphelinat. Il a fait le fou comme Nelligan pour éviter de se faire « détruire ». Quand est venu le temps des héritages et qu’on le disait fou, j’ai protesté. Cousine Alice elle, n’arrêtait pas de dire que j’étais dont beau. Elle avait connu mon arrière-grand-père médecin et me disait que je lui ressemblais comme une goutte d’eau et que j’étais aussi brillant que lui. Donc, un voyage avec ces trois, c’était, je vous le jure, tout un boucan. Pour moi, c’est une photo ICÔNE. Rien de moins. Ils m’ont sauvé la vie, car, orphelin, ça n’allait pas toujours bien. Ils étaient des vieux au cœur ultra jeune. Ma cousine Alice. Quand elle était malade à l’hôpital, sa chambre était toujours pleine de monde qui venait... devinez quoi...RIRE. Une vraie marsouine!
La maison de Pauline était devenue de son côté, comme un havre de paix pour moi, quand tout allait mal. Pauline me recevait toujours comme un prince. Gaby, lui, me parlait des familles juives où il allait faire du ménage. Pour le remercier de ses services, on l’habillait des pieds à la tête et pas avec n’importe quoi.

 


  Certificat de naissance d’Alice Préfontaine, ma cousine joueuse de cartes si fine.

 

 

 

 

 

Mon oncle Gabriel qui s’est beaucoup occupé de moi
et qui semblait toujours surpris de me voir grandir et
prendre de l’expérience.
Mon m’oncle Gaby,  qui s’est occupé de moi enfant. On le disait « fou ». Frontal! J’ai jamais vu ni de fou ni de frontal. On a voulu lui enlever l’héritage à cause de sa « folie ». Vous auriez dû me voir. J’étais totalement furieux. Ma tante Pauline s’en mêla et, je vous jure qu’avec l’armée (Oui, ma tante, je l’appelais l’armée!) les choses se sont vite tassées. Cet oncle eut entièrement droit à l’héritage et c’est Pauline, avec toute sa bonté qui en a pris soin jusqu’à sa mort. Il travaillait à faire des ménages chez les Juifs d’Hamstead. Il a été gâté comme un toutou. Je fus très heureux pour lui. Je ne l’avais jamais vu aussi détendu et fier de me voir. Il était carrément un autre homme. Libre!

 

 

Mon oncle Camille. Un de mes défenseurs.
N’avait pas la langue dans sa poche.
Me défendit bec et ongles.

Chapitre V
De bonnes personnes que j'ai connues au collège.

 

 

 

 

 

 

 

 

 


HUMBERTO,
À LA CATHÉDRALE DE WASHINGTON


26 mai 09:34


Le pire, c’est que je pense vraiment que ce Humberto lisait dans ma tête d’angoissé. Il ne donnait pas de commentaire, mais seulement a y voir l’air, je devinais qu’il devinait ma situation. Un champion toute catégorie ce Humberto! Et l’âme mexicaine! Ce n’était pas rien. Richard, « tu vas mourir si tu manges du piment à ta première journée à Mexico.... Je te l’interdis. » Je n'ai pas mangé de piment la première journée. 8000 pieds d’altitude, asthmatique, je ne pouvais prendre de chance. Mais, Mexico n’était pas pollué comme aujourd'hui. Quand j’arrivais à Washington, première chose qu’on faisait ensemble Humberto et moi. On allait voir un film. Il ne portait pas par terre. C’était un acteur et je pense que le cinéma l'a toujours habité. J’aimais beaucoup ça. Et après, il m’amenait chez des amis. Tout un zigoteau ce Humberto. Il en déplaçait du vent. Et des amis, il en avait. Il me faisait vraiment rire. M’a fait visiter Washington de fond en comble et visiter une foule d'amis. Je me souviens d'une visite chez une dame respectable, épouse d'un sénateur du Congrès américain. Vous auriez du voir l'intérieur de la maison. On aurait cru se penser dans un grand hôtel. Et les cuisines qui se trouvaient en arrière. Incroyable par leurs dimensions. Humberto avait des contacts pour entrer à la bibliothèque du Congrès. Voulait que je vois la Bible de Gutenberg, la 2e au monde. Un livre d’une grande beauté tout écrite en lettres stylisées d'un noir profond dont les premières lettres de chaque chapitre étaient tout en couleurs, enjolivées par des traits en or. On m’a permis d’entrer dans les sections de manuscrits. 600 000 manuscrits mes petits amis. On m’avait sorti des manuscrits d’explorateurs québécois du temps de la colonie. Vous dire qu’ils ont tout serait un euphémisme. La plus grosse bibliothèque du monde. 270 milles en mille de long avec des livres de chaque côté. Épouvantable, je vous le dis, épouvantable. Et la madame qui me tournait les pages avec des gants de coton et je devais me tenir à une certaine distance pour ne pas abîmer le manuscrit. Le hall d’entrée de cette bibliothèque peut aisément contenir l’Oratoire Saint-Joseph. Ça n’a pas de fin. Nous avons, à une autre occasion, ma petite famille et moi, passé proche d’y entrer dans cette grande bibliothèque, sur le tapis rouge et en plus, les serviteurs en queue-de-pie qui servaient des canapés aux invités, mais Humberto n’était pas là. Leur réception fut très gentille, mais ils me firent comprendre que la bibliothèque était fermée au public à cause d'une réception pour la Maison Blanche qui se préparait.
90e anniversaire joyeux Humberto Almazán
Humberto Almazán est né le 16 février 1924 à Mexico, au Mexique. Humberto a commencé sa carrière en tant qu’acteur dans le cinéma mexicain avec le film 1944 « Corazones de México » sous la direction de Roberto Gavaldón. Humberto est apparu dans un total de 24 films, ses films les plus mémorables sont ceux où il a travaillé aux côtés de Pedro Armendáriz dans la trilogie de Pancho Villa, où il a joué Luisito, Secrétaire général dans « Cuando ¡Viva Villa ..! es la muerte » (1960). Dans les années précédentes, il a travaillé avec Armendariz dans « retours Vuelve Pancho Villa » (1950). Il a également travaillé sur la trilogie « Chucho el Roto » (1960-1962) avec Carlos Baena et dans « Los Tigres del Desierto » (1960), « La Cucaracha » (1959) avec Maria Felix, mais son meilleur film, il sera toujours était connu pour où il dépeint le Père des Amériques « El joven Juárez » sous la direction de Emilio Gómez Muriel.
Avant de devenir un acteur de cinéma, il a travaillé sur la scène pendant plusieurs années, il avait épousé une orpheline de guerre nommée Ginette en 1950, mais elle est morte en couches avec le bébé. Avec sa carrière cinématographique stagnante, il tourna sa vie à la religion et est devenu prêtre en 1966. Il a poursuivi sa carrière d’acteur en utilisant ses talents pour l’Eglise. En 1969, il est apparu dans les seuls « Guns de la Révolution » euro-occidentale avec Ernest Borgnine jouer Miguel Pio martyrisé qui a commencé une révolution contre le général tyrannique qui proscrit la religion.
Aujourd’hui, le Père Almazan vit en semi-retraite près de Huelva, en Espagne. Ici, il travaille avec un groupe de bébés et les enfants qui sont nés séropositifs. Aujourd’hui, nous célébrons son 90 e anniversaire.
Je n’aurais jamais pensé qu’il était rendu si vieux. Comme je vous dis, il se teignait les cheveux, se faisait arranger la peau, prenait des genres de mélanges de fruits exotiques venus directement de Hollywood, soignait vraiment son apparence. Ancien acteur, il avait gardé son habitude. Plus tard, il est devenu prêtre. C’était un gars d’une générosité inouïe et d’une facilité de communication sans pareille. Je vous jure que j’en ai appris des affaires avec lui. Le monsieur était sorti après 9 heures depuis longtemps. Il avait fait la vie. Pas peu dire.
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Gilles-O. Bloivin et le violoncelliste, Poulin, originaire de Val-d’Or en Abitibi.
 
Je pense à Gilles-O. Boivin, moins connu, mais qui fut directeur de l’ONF pendant des années. Je pense aussi au fameux violoncelliste du nom de famille de Poulin qui se noya tragiquement dans le lac ou se trouve les fameuses JEUNESSES MUSICALES de la région de Orford.  J’eus la grande émotion, quelques années plus tard de rencontrer la mère du jeune. Quelle tragédie cette femme avait-elle vécue. Elle était toute transportée de rencontrer un confrère de son fils quelques années plus tard. J’avais un travail chez Hydro Québec en Abitibi pour avancer les travaux qu’on appelait, « La conversion » » On convertissait le système électrique des villes du 25 cycles au 60 cycles. Autant dire que la civilisation entrait dans ces villes comme Val-D’or, Malartic, Rouyn et d’autres milieux, plutôt bourgades que villes. Et j’étais habillé comme les circonstances le voulaient, avec un gros casque de la construction à l’effigie d’Hydro, casque dont j’étais bien fier. J’avais eu l’emploi à cause de mes références comme séminariste, comme travailleur expérimenté qui connaissait la construction et l’électricité et comme personne fiable et prudente. On me fit passer des tests de conduites qui s’avérèrent plus des cours adaptés pour la conduite du camion avec une nacelle d'Hydro telle que l’on voit partout au Québec. J’avais donc aussi la responsabilité de tout l’outillage. Tout était verrouillé. J’étais un petit patron. Je sentais qu’on m’équipait pour être compétent au travail. J’étais tout heureux de tout cela. Donc, Mme Poulin me reçut dans les bureaux de Bérubé Dimond Drill à Val-D’Or, bureaux chics s’il en était et m’offrit un thé dans des belles tasses de porcelaine et un et service en argent, chic au possible. C’était le respect qu’elle manifestait pour un ami de son fils était décédé quelques années auparavant. Nous avons entretenu une conversation d’une bonne heure. Je me souvenais de son fils parfaitement même si je ne le fréquentais pas. Je ne cacherai pas que j’avais les larmes aux yeux de voir cette mère éplorée, toute ragaillardie par la présence d’un ex-ami de son enfant. Elle percevait la situation comme cela et je l’acceptai. Je n'allais pas contredire une pauvre mère dans le malheur. Cette rencontre me marqua à vie. Un « p’tit pit » impeccable, grand garçon pour sa mère et reconnu comme grand violoncelliste au Canada et qui, accidentellement, perd la vie en jouant de son instrument préféré, mais dont la chaloupe qu'il occupe coule subitement. C’était aussi simple que cela et à toutes mes visites aux Camp des Jeunesses musicales, je ne pouvais et ne peux pas oublier ce drame. Vers la fin de la conversation, j'ai du faire bifurquer nos propos concernant l’installation du nouveau système électrique. Je promis à Mme Poulin mon attention de tous les instants pour que tout aille bien d’autant plus que, moi-même, j’avais l’entière confiance de mes patrons de projet ontariens. Ils étaient impressionnés de voir un jeune de bonne éducation, qui savait se présenter, s’adapter et à qui on pouvait parler de n’importe quoi, car ils étaient ouverts à tout. Je m’occupais de la santé de mes travailleurs même si ceux-ci n’aimaient pas beaucoup ça, car, ils ne le disaient pas, ils avaient une peur bleue des médecins. Gros, grands, forts, étaient prêts à se battre à tout moment, mais qui à la vue d’une tite tite aiguille s’étendaient de tout leur long par terre devant la garde malade décontenancée. J’en ai vu des bonnes et je riais pas mal dans ma « barbe ». Car, moi, à côté d’eux, j’avais l’air d’un ti-cul de 16 ans sur lequel on aurait pu souffler pour le terrasser. Ils agissent malheureusement comme des animaux, il faut donc savoir très vite tracer son territoire et s’imposer. Je leur fis un mauvais coup et ce fut la « GRANDE PAIX DE VAL-D’OR » qui dura jusqu’à la fin de l’été. Malgré tout, c’était des gens que j’aimais beaucoup, ils étaient tellement démunis qu’ils en étaient désolants. À un tel point qu’à chaque fois que je parlais à mon patron de chantier, ils en tremblaient presque pensant que je parlais d’eux et qu’ils allaient perdre leur emploi. Me rendant compte de la chose, car ils ne cessaient de me dire qu’on ne parlait pas à un patron, que ça ne se faisait pas. Je leur fis comprendre tout de go que si j’avais quelques réprimandes que ce soit, c’est moi qui m’exécuterais pour le faire et qu’il n’était surtout jamais question dans ma tête de faire des mises à pied surprises. Je leur donnai ma parole d’honneur. Ils ne comprirent pas tout à fait mon terme « parole d’honneur », mais me firent confiance. Donc, les choses avançaient, s’amélioraient, changeaient tout en ayant de plus en plus leur adhésion au travail. Un chose qui les surprenait tout le temps, je ne sacrais pas. Ça les impressionnait. Je crois qu'ils pensaient que plus on sacrait fort plus on était dangereux. Je leur ai dit, "Empy barrels make noise ". Et je tâchai de leur expliquer mon propos, mais il n’y comprirent pas grand-chose. De pauvres bougres qui avaient toute mon affection en plus d’avoir l’appui de tous les patrons du chantier. Je faisais du travail social tout en faisant de l’électricité. Je les aimais. C’est tout. Y’en a un qui m’arriva un matin avec la main très enflée et toute bleue. Je le suspendis du travail et m’occupai de l’amener à l’hôpital avec toutes les autorisations nécessaires. Il sacrait comme un démon. Dans le fond, il me disait qu’il avait peur. Nous arrivâmes vite à l’hôpital ou un ancien de mon collège était médecin. André regarda la plaie. C’est la mère du gars qui lui avait enveloppé la main avec une forme de terre glaise, le tout recouvert de chiffon pour que le pansement tienne. Une vieille méthode indienne qui était en train d’infecter la main à un tel point que la gangrène risquait de s’y mettre dans la journée. Sur le chemin du retour de l’hôpital il m’engueula comme jamais on me l'avait fait de toute ma vie. Je me mis presqu'en colère et lui cria :" Maudit cave, je viens de te sauver la vie! » Un silence terrifiant s’imposa. Je le sentis tout repentant comme un enfant en détresse et quand il sortit du camion, il me remercia en disant :" Merci monsieur! » Le corps me glaça complètement, je constatais la vulnérabilité de ces gens comme sans espoir. Ce gars ne me fit plus jamais de menace d’aucune sorte et je sentis que le sentier s’aplanissait. C’était comme une histoire d’amour, d’amitié, avec des gars désemparés. Donc, je continuai mon travail chez Diamond Drill, je vérifiais tout et Mme Poulin, la secrétaire du patron s’en trouva toute ragaillardie, car son patron n’était pas du tout rassuré de voir une gang d’Hydro venir manipuler ses fils de machines de toutes sortes avec le risque d'avoir des explosions.
VICTOR CHARTIER, ptr


Victor fut le genre de grand ami qui resta toujours discret avec moi, mais je savais qu’il m’estimait au plus haut point. Je l’ai eu comme patron à la pastorale de l'école Curé-Antoine-Labelle. Un gentleman. Jamais un mot plus haut que l’autre et d’une distinction impeccable. Quand il avait un blâme à me faire, il était prudent. Il fonctionnait avec des questions, me demandait mon opinion avant de me donner la sienne. C’était un homme prudent. Avec Victor, je me suis toujours senti en entière confiance même aux jours où les choses se corsèrent alors que je commençais à faire du syndicat. Ceci causa de sérieuses frictions, mais pas avec Victor. Comme je me sentais tout à fait à l’aise avec lui, je ne tardai pas a lui faire connaître mes intentions profondes. Il en fut toujours totalement satisfait et se déclara souvent totalement d’accord avec moi. Il me faisait aussi totalement confiance d’ailleurs même si j’avais pu « bousculer » certains patrons, pas beaucoup, qui n’avait pas trop aimé l’expérience. À ma grande surprise, j’avais toujours une demande pour diriger tel atelier dans un congrès ou pour représenter le département de catéchèse à Québec ou ailleurs dans toutes sortes de rencontres-écoles, organismes divers, etc., etc. Il m'a fait toujours entièrement confiance moi,qui n’avait pas dans le temps, une parfaite confiance en moi. Il me poussa littéralement dans le dos pour m'encourager. En plus, dans le temps, Victor avait un genre de poste politique « intouchable ». Il avait la sagesse d’avoir l’habileté de marcher sur des œufs sans en casser un. Parfois, il m’appelait pour me demander mon opinion sur tel ou tel sujet. Je le trouvais bien humble de me consulter de la sorte. Je ne me trouvais pas plus futé qu’il le fallait. Donc, sous l’égide de Victor, j’appris carrément à grandir. Vous savez, ces gens que vous fréquentez et qui vous grandissent malgré vous. Victor en fut un.  

 

 

 

 

 

 

 

 

Agathe. Son cancer commençait à paraître. Elle avait la figure légèrement gonflée.
Agathe qui a combattu un cancer terrible du cerveau. La photo a été prise au Saint-Hubert tout à côté de Renaud Bray, sur la rue St-Denis, le 29 décembre 2011 environ. Agathe pleurait au téléphone, elle voulait faire son magasinage du temps des fêtes. Je décide donc de la sortir, le soir de ma fête alors que je suis reçu chez Hélène qui m'a préparé un beau gâteau de fête. La photo a été prise à ce moment. Figure boursouflée, car elle était à la cortisone. J’eus profondément le sentiment que c’était notre dernière sortie et ce le fut. Elle entra en palliatif, y resta six semaines et en ressortit, car elle avait du nerf et ne voulait pas mourir. À sa naissance, on l’avait mise de côté la croyant morte. Le lendemain, on entendit un bruit qui venait de la boîte de carton. C’était Agathe qui voulait vivre et qui faisait des sons. Un grand personnage combatif. Quelle leçon ma chère Agathe. Agathe était une fille que j’admirais beaucoup. Elle avait cependant la manie de vouloir inventer la bombe atomique tous les jours. Non, pas possible une bombe atomique tous les jours. Elle s’est fait avoir par un sorcier qui voulait profiter d'elle et de son état de santé. Mais elle s’en est rapidement rendu compte de l'arnaque. La seule différence avec un médecin, le sorcier l'a « dépochée » de pas mal d’argent. Je l’admirais Agathe, parce que c’était une femme qui CHERCHAIT. On l’avait mis dans une boîte de carton à sa naissance, croyant qu’elle était morte. Elle s’est battue toute sa vie pour rester vivante. Quelle héroïne elle fut. Je repartirais tout de suite.... faire du shopping avec elle.

Georges Brossard, une amitié d’admiration depuis nos 14 ans d’âge au collège Saint-Laurent

 

 


Le Georges pétillant! Le Georges réfléchit. Il se posait sans doute des questions sur son avenir
< Georges a maintenant “la chance” (c’est ce que lui disent ses parents) d’aller étudier à Montréal. À 12 ans, vêtu de son plus bel habit et sous le regard attendri de sa mère, le jeune campagnard entame le cours classique, abandonnant la nature pour devenir pensionnaire dans la grande ville. Ses espoirs sont grands, l’avenir lui appartient!  Malheureusement, les déceptions seront grandes aussi. » (Tiré du livre sur Georges.)


Parler de Georges ado, c’est parler d’un personnage qui a la rage de vivre et de se faire valoir. IL FAUT LIRE SON LIVRE même si Georges n’y est pas au complet, car Georges, c'est plus qu'un livre. J’arrive sur le coin du corridor et je vois Georges qui marche sur les mains. Il fait du trapèze, il fait tous les sports. Habillé à la. »Zut suite", rien ne l’arrête pour épater. Chemise rose (dans le temps!), veston de velours noir étoilé, pantalons du même style. Vous regardez cet enfant et vous êtes transporté, vous ne pouvez résister. D’une candeur pleine de vie, Georges fera tout pour se faire aimer. Courir en pyjamas dans les échafauds extérieurs de construction pour rénover le collège (5 étages de haut) Nous avions d’ailleurs à peu près, un minimum de un mort par année à ce collège. Accidents. Noyade. Casser le cou pour avoir joué dans les cordages du gymnase, doigts qui explosent à la dynamite (expérience d’étudiants qui veulent découvrir COMMENT ÇA MARCHE...la dynamite!), les arbres qui ne se tassent pas en ski (2 morts au mont Gabriel). 1000 ti-culs dans une boutique du genre, la même chose que 1000 tits débiles dans un camp de fou. Nous étions, au sens propre, dangereux! Georges était plus habile. Il donnait des spectacles de trapèze avec ses frères. Semblait être fait de caoutchouc tellement il était souple comme ça ne se peut pas.  Un vrai p’tit monstre à batteries Duracel Qui n’arrêtait jamais. Une figure ouverte, généreuse. Et vif. La vie le comblait. Était milionnaire! Quand même! C'est un bon commencement! Collectionnait les animaux. Son faucon, distraction, il l’échappe et celui-ci lui donne un coup de griffe qui traverse son coupe-vent en cuir, traverse son veston (blaser) et sa chemise et lui laboure le bras. Heureusement, pas une catastrophe. Ne pas oublier que nous étions dans le temps de l’hystérie pour Elvis. Alors, Georges n’était pas seul à chercher la vedette, car c’est vraiment ça qu’il aimait. Mais je soupçonne que quelque part, il voulait par tous les moyens se faire aimer. Et nous l’avons aimé comme des frères. Il fut l’admiration de la majorité du collège. On lui rendait bien l’effort qu’il faisait. Oui, regarder Georges, c’est regarder un cœur qui cherche à se faire aimer. Il a tout, mais ce n’est pas suffisant, il veut donner davantage. Georges est une véritable constellation de générosité, d’énergie sans fin, en plus d’être fort physiquement, mais petit de corps, mais pas d’âme. J’ai des photos dans mes archives, bien sûr, et je vous les communiquerai quand je les aurai trouvées.  Tout un travail qui me reste à faire, ces fameuses photos. Georges aime les bibites, les animaux de toutes sortes. C’est un chasseur chevronné. Habite en campagne. Brossard, ville Brossard, c’est son père. Pas rien hein! Donc, il a de l’argent, mais on sent qu’il n'y a pas que ça. On lui donne sa Corvette neuve à tous les mois de septembre que le Bon Dieu amène. Mais oui, ça lui fait plaisir, mais ce n’est pas ça qui le fait carburer. La Corvette sèche plutôt dans son coin, Georges a d’autres choses à faire. Si Georges trouvait dur d’être au collège à cause de son goût prononcé pour la nature, de mon côté, le collège c’était ma famille, j’étais orphelin. Après mon coma, suite à la mort de mes deux parents, le père Lalande, directeur, m’avait donné les clés du collège pour me permettre d’y retourner l’été au cas ou il n’y aurait eu personne pour me recevoir. Ces pères étaient d’une générosité sans borne. Ils devaient être impressionnés de voir ces p’tits monstres s’affirmer et se dépasser constamment.  De mon côté, quand j’y allais, j’avais toujours quelque chose à faire. Sans doute que Georges ne sut jamais que j’avais fait du coma au collège, à la rentrée de septembre 56, suite à la perte de mes deux parents. Toujours est-il que lorsque nous nous sommes parlé il y a environ 10 ans, c’était comme si nous nous étions parlé la veille. Plusieurs années dans le même collège, nous devenons des frères. Rien d’autre. C’est sacré. Et être de Saint-Laurent, c’est avoir un style, une âme spéciale. Personne n’y échappe. Le théâtre, la littérature, Radio-Canada dans nos murs, un gymnase de toute beauté avec un immense département de musique, un pavillon de philosophie qui est un chef-d’œuvre d’architecture, un immense terrain, la piscine deux fois par jour, le hockey, trois fois par semaine, le ballon-panier presque à tous les jours, la balle au mur, la balle molle, une discipline de fer, la forme physique mise à l’honneur, mais aussi la forme morale et intellectuelle, tout cela nous façonne à vie. Quand nous nous rencontrons, nous nous reconnaissons comme si nous nous étions vus la veille. C’est évident. Être de Saint-Laurent c’est avoir fait un des collèges des plus prestigieux au Canada. C’est ce que m’a dit le registraire d’Indiana à mon acceptation comme étudiant dans cette institution américaine. St-Laurent était lié d’une certaine façon à l’Université américaine Notre-Dame pour ses performances au football et dans bien d'autres domaines. Le fameux Tom Doolie y étudia. Pas rien. Georges me fait aussi penser à Tom Doolie, cette grande âme généreuse qui s’occupa des enfants du Vietnam. Il y a toujours de ces espoirs qui apparaissent dans l’adversité et qui vous font malgré tout croire en l’être humain. Georges en fut un grand. D’une énergie sans fin. Une véritable constellation qui attire les yeux et sollicite les cœurs. C’était mon ami, je l’aimais. C’est mon frère. La première fois que nous nous sommes « toisés » il m’a donné un bon coup de pied au cul avec une vitesse telle que je n’ai jamais rien vu venir. C’était un fougueux! Une boule d’énergie. Marchait aussi bien sur les mains que sur les « pattes », tournait sur la tête. Un vrai panda. La rumeur du milieu disait que son frère Benoît l’étirait comme du caoutchouc et « y faisait même des nœuds dans les jambes » pour le rendre plus souple. Faisait du trapèze et en donnait des démonstrations avec ses autres frères avant les parties de hockey. À cet égard, nous pouvons vraiment dire que c’était un show man en plus d’être millionnaire, car, il venait d’un milieu très riche qui pouvait tout se permette. Je ne faisais pas vraiment partie de sa gang. Je venais d’un milieu humble et je ne me sentais surtout pas du même niveau. Georges ne m’a jamais snobé, mais on s'est peu connu et peu parlé. Je ne fréquentais pas le même secteur que lui au collège. Nous étions un peu pareil, chacun de notre côté. Je parlais à tout le monde et j’aimais tout le monde et j’en admirais plusieurs qui étaient vraiment des gens d’exception à n’en pas douter. Nous pouvons affirmer sans en douter non plus une seconde qu’une partie du Québec fut façonnée par plusieurs des nôtres qui avaient à cœur leur PAYS. Je pense à Claude Charron qui n’est pas le moindre. Il fut ministre émérite dans le gouvernement de René Lévesque. Je pense à Ti-Guy Latraverse qui ne fut pas le moindre non plus. Devint imprésario et administrateur pour Yvon Deschamps et plusieurs autres artistes dont la liste serait trop longue à donner. D’ailleurs, Ti-Guy m’offrit un emploi à répétition, car c'était un homme très généreux. Une fois, assis dans un restaurant de la place Ville-Marie, il se mit à me courir après moi pour m’inviter à manger avec lui. J’acceptai, mais j’étais trop perdu intérieurement pour m’embarquer dans quoi que ce soit. Autant, je pouvais paraître au-dessus de mes affaires extérieurement, autant, intérieurement, c’était la tempête pour ne pas dire un tsunami. Je souffrais beaucoup. Et allez dont expliquer ce que vous vivez à des gens du temps. Mission impossible. Peu de gens pouvaient comprendre, il aurait fallu que j’eusse affaire à un psy. chevronné, très expérimenté pour m’aider à m’y retrouver. Et les psy chevronnés, il n'y en avait tout simplement pas.


PLUS DE BONNES CONNAISSANCES

Quand George entra en communauté, sa physionomie avait beaucoup changé. Il reflétait ce qu’il vivait intérieurement. Une profonde réflexion sur sa vie. Je pense aussi qu’il avait beaucoup besoin de notre affection et de notre attention. Je trouvais ça beau, il nous disait par son agir qu’il avait besoin de nous. Pas rien! Ce gars songeur devint un entrepreneur formidable. Son objectif maintenant, c’était les pauvres. Des gros dix roues plein de matériel à donner. Une structure organisationnelle qui faisait en sorte que les pauvres eux-mêmes étaient impliqués dans l’aide qui leur était donnée. Pas question de donner des « poissons », il fallait leur montrer à pêcher. Pas bête du tout. C’était Georges dans toute sa générosité de jeune qui voulait à tout prix se faire accepter. Je ne savais pas qu’il avait été mis à la porte du noviciat. Quand j’ai su ça, dans son livre, le cœur m’a littéralement viré de bord. Georges n’a sûrement pas dû facilement accepter ça. Dans le temps, l’avoir su, j’aurais bien fait une crise. Et quand le « trappe » m’allait, ce n’était pas rien. Mais défendre Georges, ce personnage plus grand que nature pour moi, j’aurais sûrement tremblé dans mes culottes comme on disait dans le temps. Que Georges ait continué à s’habiller à l’original le restant de sa vie m’a surpris. Je concède cependant qu’il était un esprit totalement libre et en plus, la façon dont il était en contact avec la nature l’invitait, d’une certaine manière à imiter l’excentricité de ses découvertes animales. J’ai rencontré, il y a des années, un bonhomme du genre au Saguenay, Lac St-Jean. Nous allions sur son domaine et il nous faisait carrément faire le tour du monde avec tous ses costumes et ses mises en scène de toute beauté à la recherche des pyramides d’Égypte, d’une visite chez les Olmèques, les Mayas, les Toltèques et finalement les Aztèques, sans compter l’île de Pâques, la Patagonie, le cap Horn et j’en passe. J’y avais amené un petit neveu qui avait été porté pendant quelques jours dans ce nouveau monde d’aventure. Je ne me souviens plus du nom du Monsieur, je pense vraiment que c’était un monsieur Pilote. Original, une partie du centre-ville de Montréal lui appartenant, il avait décidé de prendre sa retraite dans le rêve pour éblouir les jeunes et les intéresser à la géographie. Tout était gratuit même le logement et le déjeuner du lendemain. Spécial n’est-ce pas? J’avais un ami qui m’accompagnait à l’époque avec mon p’tit neveu Stephen, Bruce et Monsieur Pilote furent tout surpris de constater que cet ami parlait de nombreuses langues, car Bruce avait fait son doctorat en Roumanie. Il parlait donc, roumain, russe, anglais, espagnol, et se débrouillait dans quelques autres langues slaves, car, comme il me disait, t’en connais deux, tu risques d’en connaître trois. Etc. Ce qui fut une surprise aussi, c’est notre voyage à Philadelphie, il rencontra des Russes et se mit à leur parler en russe. « Tu m’avais pas dit que tu parlais russe Bruce! » Ha! C’est tout pareil m’avait-il dit. Il m'avait juré de venir me visiter en français à Montréal. C’est ce qu’il fit, mais il l’a trouvé dure notre langue.
 
Georges, donc, fut toujours pour moi un homme d’exception. Sa souffrance intérieure produite par son grand désir d’être aimé, fit de lui un homme à part. C’est ainsi que les grandes citées et civilisations se construisent. Michel Ange qui se battait de rage avec le pape dont il était l’ami, souffrit pour produire des œuvres telles qu’elles provoqueraient l’admiration inconditionnelle de tous ceux toutes celles qui les verraient. Georges, c’est la même chose. Ni plus fin ni moins fin, il ne souffre que pour nous offrir du beau qu’il laissera en héritage avec toute la générosité qu’on doit lui reconnaître. C’est mon ami Georges dont je suis bien fier. Un monument immense de la générosité d’un homme qui voulait nous faire découvrir son univers intérieur et extérieur. Comme je te disais, orphelin de mère et de père, je te trouvais bien chanceux, cher Georges, de faire tout ce que tu désirais. C’est ce que tu continues à faire cher Georges a en faisant profiter le Québec et le monde. Il voulait.... SAUVER LE MONDE.... comme on nous avait appris au collège.

UN AUTRE PAPA
Collège Saint-Laurent. Je venais de perdre mes parents adoptifs et le père Arbour devint comme mon autre papa. Le plus beau mot que je puis dire de lui, vient de ses paroissiens qui disaient, « Il avait dont l’air heureux cet homme. Il nous apporta le bonheur pendant toutes les années de sa présence en paroisse. » Il semble qu’il avait pris la paroisse en main au moment de la crise du verglas et avait transformé l’église en centre d’accueil pour tous les paroissiens qui le désiraient. Il avait une très belle voix et savait s’accompagner d’accordéon, de piano ou de guitare. Je n’hésitai pas à descendre serrer sa tombe dans mes bras comme bien d’autres paroissiens firent. Il fut aumônier des pompiers de Ville Saint-Laurent. C’est moi qui souvent mangeait le poulet qu’on lui livrait en secret à sa fenêtre. Je fus très bien nourri par les pompiers de Ville St-Laurent du temps, je vous jure. Trop drôle.

AU CAMP DE BÛCHERONS DU CURÉ LABELLE OÙ J’Y AVAIS ÉTÉ INVITÉ.


Gabriel et moi à l’ancien camp du Curé-Labelle au Lac Lacoste.
Que de souvenirs. Ça se trouvait à être dans un ancien camp de bûcherons du Curé Labelle. Le camp a brûlé quelque temps après et je n’ai donc pu photographier les pages olographes du curé. Je fus très déçu! C’était dans le chalet de Justine, fondatrice de l’hôpital Ste-Justine. Une véritable fin de semaine historique, je vous jure. J’ai rencontré un « gros homme d’affaires » dernièrement, qui aurait été, dans le temps, près à tripler mon salaire à cause de mes contacts comme il disait. J’y ai pensé, mais, « transformer » des amis en « contacts », ce n’était pas du tout mon genre. Un ami c’est un ami, un point, c’est tout. Bête mon affaire, n’est-ce pas? Et Justine, vous ne saviez pas, était baronne espagnole. Donc, en arrivant au chalet il fallait aller faire notre petite « steppette » devant sa « majesté ». J’aimais ça, car je la trouvais bien sympathique cette majesté, mais c’était du gggggggggggggggrand monde. Mais tout ça se faisait dans une ambiance, bon enfant, et on retournait en vitesse à nos chambres pour se mettre en jeans bleus, la mode d’Elvis du temps.
Justine Lacoste
Je sais qu'elle avait le titre d'une princesse espagnole. Je n'ai jamais su tout à fait comment l'appeler. Je l'appelais Justine et je la vouvoyais, bien sûr.
Une « grande famille » du Québec

 
                          Famille adorée. Mme, à gauche, en petit chemisier
                          jaune pâle et, monsieur, avec sa pipe, tout à côté de la
                          dame en rouge à la droite. Et, au centre, avec le chien,
                          véritable icône, mon bon ami Gabriel, qui m’avait invité.  Je ne veux
                          pas mettre de noms par respect pour l’intimité qu’ils ont 
                        eue la grande gentillesse de me faire partager quelques fois. Je 
                        pourrais presque tous les nommer. Je suis à droite. Je venais
                        de déclencher ma caméra sur l’automatique. Tout le monde
trouvait ça bien drôle.


Il va de soi qu’en fréquentant un collège prestigieux comme le Collège Saint-Laurent, à Montréal, je devais m’attendre à être invité chez des gens de « prestige ». C’est le mot qu’utilisa Mme Brossard quand son « jeunot » Georges (Fondateur de l’Insectarium de Montréal, fit son entrée dans cette institution peu commune.) Donc, je fréquentais un collège de la haute pourtant pas dispendieux du tout pour mon grand-père, camionneur, qui faisait quand même un bon salaire. Il était très fier de me voir rendu dans un collège de prestige. Cette famille qui m’invitait fut un modèle pour moi. Mon grand-père ne cessait de me répéter « Tu deviens ceux que tu fréquentes, me disait-il. »  Et je pense sincèrement qu’il avait parfaitement raison surtout comme étudiant de collège où on nous enseignait l’intégrité, le savoir-vivre, l’éducation, le goût des belles choses, et..
Dans une journée au collège, je pouvais commencer par la piscine, suivre mes cours, retourner à la piscine, etc. etc. etc. Tout cela, avant souper. Et après souper, gymnase, pratique de théâtre dans un environnement professionnel, musique, arts (peinture, sculpture, gravure, fusain et la pratique des armes, si on le désirait.  Donc, nous avions vraiment une formation intégrale.
Je reçus l’invitation par téléphone, chez moi. C’est mon bon ami qui m’invitait, encouragé par son père, pour la fin de semaine au chalet.  J’étais tout heureux. Il m’indiqua tout de suite que nous serions à peu près une centaine de jeunes, tous amis avec de ses frères ou sœurs ou cousins, cousines. Donc, nous ne serions pas seuls. Il fallait apporter sa tenue de ville, car la fin de semaine commençait par une petite « steppette » pour rendre hommage à la grand-mère qui était baronne et maîtresse des lieux. Cela m’impressionna un p’tit peu, mais elle fut tellement gentille avec moi que ma gêne disparut quasi totalement. On lui avait parlé de moi sûrement, en lui disant, sans doute, que j’étais orphelin et patati et patata. Plein de gentillesses.
Les courbettes d’honneur terminées, ce fut la ruée vers les chambres pour tout de suite nous mettre en jeans (bleus à la Elvis ou en costume de bain). Et la fin de semaine venait d’officiellement commencer. Les espaces étaient immenses et il y en avait pour tous les goûts. Mon bon ami en profita pour me faire visiter les lieux. Il y avait la maison mère, immense, tout en bois rond, ancien camp de bûcherons du Curé-Labelle. C’était la raison principale qui avait motivé mon invitation. Je leur en suis très reconnaissant. Monsieur, Jean pour les intimes, me demanda d’aller ramer  pour eux. Lui et sa femme voulaient faire un tour du lac en chaloupe. Devinez! La randonnée engagée, Monsieur Jean sortit son livre de poésie pour lire des poèmes à sa femme. C’est, ce qu’il appelait, « aller à la pêche ». Il avait un receuil de vers inspirés de différents poètes. N’est-ce pas beau? Des gens de cœur qui sèment comme la « dolce vita » dans leur environnement. Et je n’en fus pas au bout de mes surprises, je vous jure.

LES ANIMAUX QUI M'ONT FAIT DES VISITES IMPROMPTUES.

Un très bon campeur que j'ai eu.

 

 


Avait un « gps » en quelque part!
Une autre histoire d'ours avec mon bon jeune ami. (Plouffe, son nom de famille.) Si vous le trouvez, de grâce, m'avertir. Car c'était un enfant adorable en plus d'être un véritable coureur des bois, impossible à perdre dans le bois, justement. Vraie boussole vivante, qui apprit à ses dépens que les ours aimaient les chips. Il découvrit vite que son moniteur avait l'expérience de la chose. Toujours est-il qu'en croisant le jeune, je lui appris qu'il n'avait pas le droit d'avoir de la nourriture dans sa tente. Il acquiesça très respectueusement avec la conviction que les chips, ce n’était pas de la nourriture. Quelques jours passèrent. Je me demandais sincèrement si j'aurais eu le courage de tirer un ours même si celui-ci m'avait foncé dessus. Encore partiellement adolescent dans ma tête, je pouvais donc encore utiliser mon don de télépathe (Car les ados sont télépathes. Ne pas oublier. Vous ne saviez pas? Oui, moi ado., j'étais éternel dans ma tête, mon âme et mon coeur! ) Je pouvais deviner les adultes, les jeunes et les animaux. On aurait dit que ces animaux, parfois, me comprenaient, davantage que les humains. Je leur parlais régulièrement. À mes ours, mes loups, mes renards, mes moufettes, mes oiseaux, les arbres autour (ce sont des vivants, ne pas oublier), etc. Oui, je parlais vraiment à mes frères, soeurs humaines et à mes frères et soeurs animaux. Toujours est-il que mon p'tit Plouffe, tout respectueux de mes recommandations, continua quand même à garder des chips dans sa réserve, sous son lit, convaincu que des chips ne faisaient par partie de la nourriture appréciée par un ours même ceux qui sont "civilisés"! L'expérience qu'il eut a subir lui prouva le contraire. Pourtant, excellent campeur, ce jeune n'aurait jamais pensé que des friandises pouvaient intéresser un animal sauvage. Mal lui en pris, car, surprise! En pleine nuit, il eut la visite d'un petit ours...tout gentil! Celui-ci faisait peut-être des "menums, menums" agréables, mais n'hésita quand même pas à foncer sur la tente du p'tit Plouffe et s'emparer de ses chips bien cachés. J'entendis les cris de mon jeune ami. Je laissai ma carabine et courrai à la tente du jeune en criant, pour faire peur à l'ours. Apeuré, notre ours sortit par l'arrière de la tente accrochée à son dos, car il n'y avait pas de porte arrière à celle-ci. Je vis donc le plantigrade se diriger vers la forêt tout « équipé » pour faire du camping. Et le jeune qui criait à fendre l'âme. Je le rassurai bien vite et il se calma tout aussi vite. Il se sentit en parfaite sécurité, mais ne pensa plus du tout garder des croustilles dans sa cachette. C'est la seule occasion où j'aurais pu utiliser une arme, à part mes randonnées dans les bois de Colombie-Britannique. Il faut dire aussi qu'en ce lieu, nous avions la possibilité de rencontrer des grizzlis. Or, c'est évident, le grizzli est un animal très dangereux, mais assez curieusement, en général, quand les animaux voyaient votre arme, très souvent, ils rebroussaient chemin. Ils reconnaissaient les armes. Il faut dire aussi que mes randonnées dans l'ouest se faisaient à cheval. Celui-ci pouvait facilement aviser du danger qui approchait. Je fis aussi des randonnées nu-pieds à cause du tapis merveilleux des épines de pin, mais je ne me rendais jamais aussi loin qu'à cheval. J'étais quand même armé. Je n'avais pas le choix.

 

MON OURS

Cela se passa surtout en colonie de vacances ou sur la route de Val d'Or Rouyn-Noranda, en Abitibi ou sur une piste de la Cabot Trail en Nouvelle-Écosse ou le nounours de Saint-Félicien en 1964 . Ce n'était un secret pour personne d'affirmer que j'aimais les animaux et que ceux-ci me le rendaient bien aussi. Véritable roman d'amour, on aurait pu dire! La première péripétie que j'eus, ce fut avec un ours. Je faisais du camionnage entre Val-D'Or et Rouyn-Noranda pour le compte d'Hydro-Québec. Je transportais des objets lourds. Dès 5 hs le matin, j'étais sur la route. Travailler si tôt le matin me "rentrait" vraiment dans le corps. Je trouvai ça très douloureux. Je commençai mes voyages vers le milieu du mois de mai. Rien sur la route, sauf cette brume que le matin amène, résultat de la différence de température entre celle de la forêt et de l'air ambiant. C'était plate, plate, plate, sauf, un bon matin où ma vie « chavira » presque. Sur le bord de route, j’aperçus un copain inhabituel qui "faisait du pouce ». Il avait sans doute faim. C'était un bel ours noir, jeune adulte, pas très gros. Tout excité, je stoppai le camion un peu plus loin et vins à sa rencontre, pas trop près quand même. Tout excité lui aussi, il courrait vers moi à toute allure. Je lui fis signe de stopper. Il s'exécuta immédiatement. Avait sans doute fréquenté une société quasi civilisée qui lui permettait de comprendre les signes des blancs. Je ne voulais pas être son prochain « steak » même si je savais que l'ours est un herbivore. Un copain de cette race avait quand même déjà mangé un jeune pré-ado. qui avait les poches pleines de poissons. L'ours a sans doute pensé qu'il mangeait un gros poisson, il mangea le p'tit gars en même temps. Blanc averti, en vaut deux, dit la chanson. L'ours et moi, on se regarda pendant un moment et subitement, je retournai à mon camion. J'avais une surprise pour mon gentil plantigrade. Ma réserve de 6 Coke et un gros sac de chips. En me revoyant apparaître, celui-ci se mit quasiment à danser. Bien sûr qu'il reconnaissait le produit. Du Coke! C'est banal pour un ours d'Abitifi et tous les ours de la province. Et des chips! Encore plus banal. Par prudence, je lui fis signe de reculer et je lui ouvris les 6 Coke et le sac de chips et je retournai à mon camion. Croyez-le ou non, j'eus droit à un spectacle incroyable. Mon beau nounours enfila les six Coke, un après l'autre, assis sur son gros derrière avec ses pattes de devant qui dépassaient sa tête, tout juste assez pour avoir chaque Coke à hauteur de sa gueule. Il tentait, après avoir terminé à chaque bouteille, de la remettre dans le carton. Civilisé! N'est-ce pas pour un ours! Finalement, d'un coup de patte, il s'attaqua au sac de chips et le bouffa en un temps record. Je sortis encore de mon camion presque prêt à aller flatter mon nouvel ami. Mon réflexe ne dura qu'un instant, car je savais pertinemment que ces bêtes sauvages, tout aussi sympathiques qu'elles puissent paraître, pouvaient nous bouffer en un temps record. J'en pleurai presque de joie. Je venais de me faire un nouvel ami, "unusual" comme dirait les Anglais, qui fut fidèle tous les matins durant à attendre sa pitance le long de la même route. La police d'Hydro m'aperçut sur le bord du chemin, avec mon ours. Ils n'eurent jamais le courage d'arrêter. "L'homme qui dansait avec les Ours tout en leur donnant du Coke!" Un titre qui fait moins champêtre quand même!

 

 

 

 

 


MA MOUFETTE
Un autre conte, cette fois-ci avec une moufette qui vint établir son "condo" sans me demander mon opinion, le tout, sous mon chiffonnier que j'avais dans ma grosse tente cloche du camp de vacances où je travaillais pour les jeunes. Un dimanche après-midi normal, comme tous ceux que j'avais connus. J'avais de la visite, et nous étions assis devant ma tente cloche, tous placés en rond comme autour d'un feu de camp. Nous parlions, discutions, prêts à changer le cours du monde et tout à coup, s'amena, sans s'annoncer, une nouvelle invitée au palabre. (Histoire tout à fait vraie.) Une moufette toute gentille passa au milieu du groupe, se dandinant comme toutes les moufettes, question d'augmenter l'ampleur de son prestige quand elle déambulait devant de nouveaux invités médusés. Ça va de soi dans les circonstances. Bon, me suis-je dit, une nouvelle pensionnaire de passage! Pas plus grave que ça! Mais, ô surprise, la pensionnaire s'annonça pour être "persistante". Je ne lui avais pourtant pas signé de bail, mais ça n'allait pas tarder. Et la "bibite" continua son stratagème, sortie le matin et entrée vers 4 à 5hs le soir. Je ne pouvais le croire, d'autant plus qu'elle me regardait avec un tel regard de commisération quand elle entrait pour se coucher. Donc, mon coeur fondait littéralement. Qu'advienne que pourra, je décidai sur-le-champ de garder ma pensionnaire pour l'été. Quand la fin de l'été arriva, il fut, bien sûr, question d'adieux. Elle ne voulut rien savoir et me mordit pour se venger. Pour moi, il ne fut pas question de répliquer, mais plutôt, de lui faire mes adieux dans le fond de mon cœur. Je me rendis rapidement chez le médecin pour me faire donner une piqûre de tétanos, car sa canine m'avait totalement transpercé le doigt. Ce fut la fin de mon aventure amoureuse avec cette moufette que j'avais aimée, somme toute, et trouvée bien sympathique.

UN « FLAT » EN ABITIBI (1965)

Mais, quand je me retourne, dans ma tête, pour considérer le chemin parcouru, alors là, je dois dire que parfois j'ai la gorge serrée par l'émotion. En me parlant, je me dis, tu as fait "bonne route mon gars! Bravo!" Je suis rendu au fameux passage de mes ours en Abitibi. Quelle poésie! La nature, les grands lacs, les castors qui tissent leurs barrages. Je ne le cacherai pas, je m'y baignais tout nu régulièrement. Parfois, les policiers venaient me surveiller. Ils avaient peur que je me noie! C'était l'Abitibi du temps où tout le monde se connaissait et où, quand tu avais une crevaison...une auto....une deuxième...et plus s'arrêtait pour te donner un coup de main. "Ouais! C'est un flat!" On va t'arranger ça! Tiens! Prends une bière en attendant. Autant d'autos, autant de valises ouvertes avec des deux douzaines de broues qui attendaient d'être dégustées. Le palabre terminé, je n'avais même pas touché au pneu et tout le monde se saluait chaleureusement et ça se terminait en se souhaitant une autre bonne occasion "heureuse". Et vlan mon ami. C'était l'Abitibi du temps où on ne pouvait se "snober", car c'était gênant ensuite d'aller voir le voisin en plein hiver pour lui demander de l'aide alors que tu n'avais plus rien pour chauffer chez toi et que tu l'avais "écoeuré" auparavant. Aujourd'hui, l'argent est arrivé. Il y a deux classes de gens. Ceux qui gaspillent, pas habitués d'avoir de l'argent et ceux qui ne parlent pas fort, n'ayant parfois rien à se mettre sous la dent. Et comme toutes ces petites villes et les grandes villes pareilles. Les riches d'un bord, Bourlamaque et les pauvres de l'autre, Val-D'Or. Et ça snobe les autochtones! Mais, il y a encore du bon monde malgré tout.

MA LISTE D'AMIS
De bonnes gens qui m’ont fait vivre

IL Y A DE NOMBREUX AMIS À QUI JE NE RENDS PAS JUSTICE EN NE LES NOMMANT PAS, MAIS JE VAIS FAIRE MON POSSIBLE MÊME SI C'EST IMPOSSIBLE DE TOUS, TOUTES LES NOMMER. JE SUIS VRAIMENT DÉSOLÉ.

Plein de gens ont été bons pour moi depuis que je suis tout petit….Essayer de donner leurs noms m'est totalement impossible Je pense à un genre de liste par ordre alphabétique et description brève de chaque amitié.Ça fait tellement longtemps. Mme Piette (1947; J'avais 7 ans.) qui avait refusé de me voir avec une simple petite boucle blanche à ma première communion. Elle m’en avait acheté une grosse. J’étais tout beau même si j’étais triste, car à ma première année du primaire, je m’y sentis perdu comme jamais. Ma mère n’était pas là. Elle était semble-t-il « malade ». J’ai toujours pensé qu’on faisait l’impossible pour l’éloigner de moi, car il y avait une compétition entre elle et ma mère adoptive qui était ma grand-mère. Je priais le « p’tit Jésus » de venir me chercher. Je trouvais que le ciel qu’on me présentait était plus beau que ce que je voyais sur la terre. Mme Piette, une personne effacée, mais qui ne manquait pas l’occasion de me faire sentir que je n’étais pas seul au monde. J’ai rencontré un membre de cette famille des années plus tard. J’étais chargé de cours à l’UQAM et je devais me présenter à la secrétaire du département pour confirmer ma présence pour ce premier cour. La dame en question fut stupéfaite en me voyant. « Mais, Richard! C’est toi! Que je suis dont contente de te voir. » C’était une des Piette qui s’était occupée de moi alors que j'étais tout petit. Elle semblait toute heureuse de me voir prof. d’université. J’avais comme charge d’enseigner le droit scolaire. Les lois qui régissent ce système et les droits et obligations de toutes les personnes qui y participaient. Je n’ai pas aimé cette expérience, car je n’avais vraiment pas la liberté intellectuelle suffisante pour rendre mon cour intéressant. Je n’avais pas le droit de faire ci, de faire ça et je ne sais trop. J’ai fait sentir aux élèves que j’avais les deux mains liées et que je devais me conformer à la règle. C’était pour rendre service à un ami que j’avais pris ce cour et je fus tenté bien des fois de laisser tomber, mais il y avait les élèves. Je me souviens en particulier de la maudite courbe de Gauss qui était complètement dépassée comme mentalité, mais que celui que je remplaçais appliquait encore comme une règle immuable. Ça m'a frustré pas à peu près. J’avais l’impression d’enseigner au Moyen Âge. Ce qui sauva cet ami de mes frustrations, fut, malheureusement mon amitié pour lui. Et en amitié, je ne déroge pas. J’aurais dû cependant tout faire sauter.

Je ne peux non plus, bien certain, oublier nos fameux voisins, de bons amis. Mme Dussault ainsi que son mari et leur fille Claire, qui devint Claire Chassé, (nom de femme) très grande amie de ma mère. Quand celle-ci décéda, ma mère eu une peine incroyable et comme on peut dire des choses qui ne plaisent pas à ces occasions, le mari de Claire et les enfants furent vexés de certains mots de ma mère. Ce n’était pas le sens de la nuance, faut-il le dire, qui les étouffait. Cette chère Claire était bien fine et s’occupait de moi et me parlait beaucoup. Dans le fond, on avait tellement peur que j’aie un accident que la grand-mère me gardait sur la galerie, cloisonnée. Quelle vie! Et pour ne pas frustrer la grand-mère, j’obéissais. Mais plus tard, la grand-mère fut obligée de laisser du lest, car j’avais certains amis qui venaient me chercher pour aller jouer avec eux. Ceci me sauva de ma réclusion.

UN GRAND AMI.


Mon grand ami Louis que j’appelais ainsi dans l’intimité, mais en utilisant toujours le « vous » pour lui parler. Vous, Louis! M’a définitivement dirigé de main de maître dans la vie. Avec lui, je rencontrai le Gouverneur général du Canada, le général Vanier. Le général et moi avions le même confesseur, Louis. Quelle histoire? Pur hasard! Je me « brassais » la tête pour être sûr de bien vivre dans la réalité. Oui, mon Louis, grand merci. Confesseur, mais surtout, grand mandarin (qui avait fait toutes ses études à Rome, en plus d’un doc. en psy.) pour me diriger. Il me téléphona quelques jours avant sa mort, il ne voulait pas que je le voie dans l’état où il était. J’ai fait parler mon cœur à plein. Bon voyage Louis. Merci pour tout. Vous m’avez gâté! Il avait passé une partie de sa vie à m'éduquer, m'intéresser à une foule de lectures. C'est avec lui que j'ai découvert plusieurs écrits de grands saints de notre église. C'est avec lui aussi que j'ai su déguster des textes d'auteurs extraordinaires.
MICHEL CHAMPAGNE

 

 

 

 

 

 


Il fut mon plus vieil ami d’enfance, même si les dernières années nous ont éloignés pour différentes raisons. Je m'en veux profondément de cet éloignement. Il n'y avait vraiment pas de raison pour que cela arrive. Parfois, la vie nous fait faire des choses, non pas pour se faire plaisir, mais pour plutôt faire plaisir aux autres. Je me sens totalement impardonnable. Michel ne méritait pas ça. Je m'en veux et m'en voudrai toujours. Que l'ami plaise aux autres ou pas, l'amitié c'est sacrée. Cette fois-là, je l'ai oublié pour faire plaisir à des gens qui n'en valaient vraiment pas la peine. Non, Michel ne méritait pas ça! Comme événement spécial que nous avons vécu ensemble, Michel fut présent à la mort de ma mère adoptive, ma grand-mère qui lui avait demandé, la veille, de prendre soin de moi.


MARCEL FUGÈRE
16 mai 1938 - 28 septembre 2015

 

 

 

Une lettre à Renabe, Allemagne, à propos de Marcel.  Renate. Thank you so much to answer this question I was asking to me. So, Marcel is in the center of the picture. I hardly recognize him but we quit each other in 1960. I quitted for university and he quitted for ballet. Tragic is the life some time. So, Marcel looks good on this picture. I think he was happy. I hope. You always want you friends to be happy when your a human with a hart. I never had any news from him since then. I was very busy studying and it was the same thing for him. For sure, he never notice that I was considering him as a god, a hero. As I said before, I was taking the plane, I was an Air Force student. So, it was easy for me to find a plane for few days. I was a lucky guy. And went to se Marcel dancing in Toronto. I wouldn't be surprise that he was having some pictures of me because as I was, me too, a photograph for nearly all my life. I had my first Leica at 12. Worked for Kodak and in films for NFB (National Film Board). Studied filming in Bloomington, Indiana, U.S. Could you imagine? A very sad thing I herd from his brother Jacques that he was taking very badly that he was an adopted child like I was. He never talked to me about that. I am surprise because he did know for sure that I was adopted myself, It was never hidden by myself. Everybody at college were aware. It seems that he felt "revolted" about that. If I would have been there, nothing like would have been possible. I think so. I think that Marcel was so admirative for me that he was shy to talk to me about being adopted. I think it is a sad story. I expect to pay a visit to his brother very soon. Good guy. He understood all the respect I had for him. I expect too, to go in Hamburg too. For few days and pay respect to you people and to Marcel. Millions of hugs to everybody and to you. Thanking you so much to write me. Marcel, was like a loving brother for me. (Marcel with a white hat holding my hand at the end of a play on the largest Canadian scene at the time. It was at the same time, the main CBC TV scene and our college scene.)


Mon Marcel. My Marcel. A great, great college friend who learned me a lot of things on every subjects you could not imagine. He was a genius and a BROTHER. Et en plus, il m'aidait alors qu'il était bien davantage en détresse que moi.

Un deuil difficile à vivre, surtout quand c'est le "grand-frère" qui part, celui qui m'a initié aux arts et aux
lettres. Bon Marcel. Je ne pourrai jamais t'oublier, tu le sais bien. Salutations aussi à toute sa famille.
Ils ont tous ma sympathie. Salutations aussi à ses amis d'Allemagne qui lui ont fait des funérailles
très dignes. Des artistes qui portaient en terre un des leurs. Incroyable aussi. Je ne peux vraiment
le croire que Marcel est parti. Un ami qui m'a construit à une période tragique de ma vie.
Si je suis ce que je suis, en bonne partie, c'est à cause de toi Marcel.
Mon ami Marcel décédé récemment! Une tragédie! Nous avons été de grands amis de collège. Bien sûr qu'avec ma "grande gueule", je ramassais derrière moi une kyrielle de personnes qui m'admiraient, etc. etc. etc. Exemple, j'ai toujours été président de classe à Saint-Laurent. Marcel a dû être très impressionné de mes performances et pourtant, en toute objectivité, je n'avais jamais le "tonus" qu'il avait comme personnalité, mais nous étions ados quand même. Je viens de découvrir avec son frère que ce cher Marcel était un enfant adopté comme moi, mais le plus triste, c'est qu'il ne l'a jamais accepté. Il a donc claqué la porte à sa famille après son départ du collège. Je n'ai jamais rien su de tout cela. Avoir su, il est évident, comme je disais à son frère, que je lui aurais parlé "serré" et qu'en plus, j'avais un ascendant certain sur lui à l'époque. Donc, Marcel est resté révolté de sa situation toute sa vie. Il a fait une belle carrière, mais le coeur partiellement dévasté. Ça me fait beaucoup de peine. Hé que la vie est bête parfois. Son frère, désolé, n'en savait plus quoi dire. 42 ans sans avoir de nouvelle de Marcel et quelques milliers de dollars pour réussir à régulariser ses papiers en Allemagne, car il n'était pas citoyen allemand. En plus, on l'a trouvé mort, chez lui, dans sa maison, environ 3 jours après son décès. Terrible. J'imagine que mon admiration pour lui l'a bloqué pour pouvoir se révéler auprès de moi. Mais, malheureusement, je n'étais pas thérapeute. Il ne voulait pas perdre la face ce pauvre, j'imagine. Que c'est épouvantable! Pourtant, j'étais quelqu'un de très tendre qui n'envoyait pas dire ces bons sentiments à tous ceux, celles que j'aimais. Pauvre Marcel, il ne saura jamais ce qu'il a manqué en ne me parlant pas. Pourtant aussi, il connaissait toute mon histoire de famille. Pas de secret. Son frère m'a carrément dit que Marcel était décédé, encore en révolte contre sa famille. Comme je le disais. La vie peut-tu être bête parfois. Bon repos mon Marcel. Je suis bien triste. Dire que nous étions des êtres innocents qui ne demandaient qu'à être heureux. Cette histoire est presque impossible. En plus, dire que dans le temps, j'avais déjà sauvé des vies du suicide! Incroyable.(Aimons-nous les uns les autres...comme la chanson!.)

Marcel a été mon Mentor! Un gars extraordinaire que j'allais voir danser aux Grands Ballets canadiens à Toronto alors que j'étais dans l'aviation. Un homme libre comme ça, je n'en ai jamais plus vu. D'une force morale incroyable ainsi que physique. Il pouvait prendre au vol une ballerine avec un seul bras. Je l'ai vu faire. C'était, paraît-il, très rare à l'époque. 1956. On s'est malheureusement perdu de vue surtout à cause de mes changements d'adresses nombreux. J'allais communiquer avec Claire Brind'Amour, soeur de Yvette qui était très proche de Marcel. Mais, c'est tout du monde de mon âge et bien certain que plusieurs ont quitté.
Marcel Fugère, confrère au collège de St-Laurent est décédé à Hambourg où il était directeur de scène pour l'opéra. J'allais le voir danser aux Ballets Canadiens à Toronto, dans le temps que j'étais dans l'Aviation. 1958, 1959. Marcel fut un Mentor pour moi qui me présenta à une foule d'artites de Montréal dont chez Yvette Brind'Amour et Mercedez Palomino, propriétaire du Rideau Vert. C'étaient des amis, de bons amis. Marcel me pilotait dans ce monde comme une main de maître. On s'est perdus de vue et ça m'a toujours fait mal au coeur. Je pense que je viens de prendre contact avec une de ses amies à Hambourg, Allemagne. Ils ont beaucoup de photos, me disent-ils. Je ne veux surtout pas que ces photos soient détruites. Je tenterais de trouver des proches Fugère à New-Calisle, Baie des Chaleurs. Sur la photo, il me tient par la main. Un bonhomme puissant qui a fait le monde à la danse. Y faut le faire. Son prof....Tatiana Lipovska De Koudriatsef. Hum! Je l'ai connue cette grande dame. Je riais comme un fou à voir son originalité. Elle avait dansé pour les ballets russes. L'armée russe est venue chanter à Montréal pour la première fois, à cause d'elle. Des gens qui avaient des contacts! Faut-il le dire. Ça me fait encore rire.

J'aimerais entrer en contact avec la personne dont tu me parles. J'ai des photos et j'en aurai d'autres suite à mes recherches. Avoir su que Marcel était en Allemagne, c'est certain que j'aurais été le voir. J'ai eu un peu de nouvelles de ses amis et de nombreuses photos de ses funérailles, car ils ont fait un site Facebook posthume. Ils sont très surpris d'avoir de mes nouvelles. Il n'est pas dit, en plus, que je n'irai pas à Hambourg le saluer. C'était un gars avec une personnalité telle que dans sa tête, il n'y avait pas de frontières. Il m'a amené visiter premiers chanteurs de l'Armée russe venus à Montréal. Il avait des contacts partout. Il me fournissait régulièrement des billets gratuits pour des spectacles à Montréal, dont l'Armée russe. Y faut le faire. Une personnalité pétillante, mais en même temps, très réfléchie. Il a décidé de rester en Allemagne, je n'en suis pas du tout surpris. 

Marcel, mon Mentor. J'en aurais des heures à conter nos périples. J'ai de la misère à le croire. Marcel était un danseur né. Incroyable! J'allais le voir danser aux Grands Ballets à Toronto. 1956. Toronto, comme Montréal, était un "village". Quelle époque! Je n'en reviens tout simplement pas. Marcel, ce fut mon éducateur dans à peu près tout. Pas rien, n'est-ce pas. Je vais en avoir à conter pour le reste de ma vie. C'était vraiment un super héros. Courait son mille tous les jours. Un athlète! Mais, en plus, un danseur passionné incroyablement par la danse. Ses pratiques aux Grands Ballets Canadiens, à Toronto à l'époque, était un spectacle à ne pas manquer. Prenait la ballerine au vol avec un seul bras comme il aurait pris un oiseau léger dans ses mains. C'était totalement stupéfiant. Nos routes se sont quittés à mon grand désespoir, mais je ne pouvais le suivre. Et comme, nous deux, nous changions d'adresse régulièrement, nous nous sommes donc perdus de vue. Quelle tristesse! Mais, il m'avait donné la Force de suivre mon destin. Un moraliste dans toute la force du mot. Être intègre comme personne d'autre ne pouvait l'être. J'arrivais à Toronto et c'était le rire. Oui, deux amis qui aimaient rire. Il se moquait de moi avec mon uniforme de l'aviation qui me servait d’alibi pour faciliter mes déplacements sur le pouce à part les avions gratuits de l'aviation canadienne qui me servait de transport très efficace pour être à Toronto à temps pour les pratiques. Jouait un peu de piano et, tout à coup, sautait sur la piste et dansait sans arrêt pendant des heures. Un vrai carnaval de la bougeotte emplissait mes yeux émerveillé pour finalement, se terminer, en fin d'après-midi par un bon expresso. Et le soir, je remettais mon uniforme d'officier pour m'assurer de faire saluer tous les marins que je rencontrais, question d'impressionner Marcel. Un fou rire général éclatait à chaque rencontre car j'enlevais ma casquette au moment où tout le monde se préparait à me saluer. Et la, c'était les salutations entre militaires australiens, norvégiens, danois, etc. etc. etc. Nous étions jeunes. La fatigue! Nous ne connaissions pas. Le retour à la maison se faisait en douce où les tenanciers nous attendaient pour nous servir un bon thé. La Dolce Vita. Rien de moins. Marcel était bon dans tout. Tout ce qui était arts. Il m'a donc initié à tous les arts qu'on puisse imaginer. Incroyable n'est-ce pas. C'était mon MENTOR!
Do not stand at my grave and weep
I am not there. I do not sleep.
I am a thousand winds that blow.
I am the diamond glints on snow.
I am the sunlight on ripened grain.
I am the gentle autumn rain.
When you awaken in the morning's hush
I am the swift uplifting rush
Of quiet birds in circled flight.
I am the soft stars that shine at night.
Do not stand at my grave and cry;
I am not there, I did not die.
Marcel Fugère
4 janvier · 
Traduit de l'allemand.
Tom, Michael, Niko, Andreas, Klaus, Claus et Britta ont presque fait de chercher le travail de la vie de Marcel ensemble, à peu près à organiser et à stocker. Fin Janvier est son aimant appartement chaotique du propriétaire les mains vides. Il est triste d'effacer ces traces d'un être humain. Mais nous avons un nombre infini de belles photos trouvées et ils veulent mettre à profit.
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Marcel, mon Mentor. J'en aurais des heures à conter nos périples. J'ai de la misère à le croire. Marcel était un danseur né. Incroyable! J'allais le voir danser aux Grands Ballets à Toronto. 1956. Toronto, comme Montréal, était un "village". Quelle époque! Je n'en reviens tout simplement pas. Marcel, ce fut mon éducateur dans à peu près tout. Pas rien, n'est-ce pas. Je vais en avoir à conter pour le reste de ma vie. C'était vraiment un super héros. Courait son mille tous les jours. Un athlète! Mais, en plus, un danseur passionné incroyablement par la danse. Ses pratiques aux Grands Ballets Canadiens, à Toronto à l'époque, était un spectacle à ne pas manquer. Prenait la ballerine au vol avec un seul bras comme il aurait pris un oiseau léger dans ses mains. C'était totalement stupéfiant. Nos routes se sont quittés à mon grand désespoir, mais je ne pouvais le suivre. Et comme, nous deux, nous changions d'adresse régulièrement, nous nous sommes donc perdus de vue. Quelle tristesse! Mais, il m'avait donné la Force de suivre mon destin. Un moraliste dans toute la force du mot. Être intègre comme personne d'autre ne pouvait l'être. J'arrivais à Toronto et c'était le rire. Oui, deux amis qui aimaient rire. Il se moquait de moi avec mon uniforme de l'aviation qui me servait d’alibi pour faciliter mes déplacements sur le pouce à part les avions gratuits de l'aviation canadienne qui me servait de transport très efficace pour être à Toronto à temps pour les pratiques. Jouait un peu de piano et, tout à coup, sautait sur la piste et dansait sans arrêt pendant des heures. Un vrai carnaval de la bougeotte emplissait mes yeux émerveillé pour finalement, se terminer, en fin d'après-midi par un bon expresso. Et le soir, je remettais mon uniforme d'officier pour m'assurer de faire saluer tous les marins que je rencontrais, question d'impressionner Marcel. Un fou rire général éclatait à chaque rencontre car j'enlevais ma casquette au moment où tout le monde se préparait à me saluer. Et la, c'était les salutations entre militaires australiens, norvégiens, danois, etc. etc. etc. Nous étions jeunes. La fatigue! Nous ne connaissions pas. Le retour à la maison se faisait en douce où les tenanciers nous attendaient pour nous servir un bon thé. La Dolce Vita. Rien de moins. Marcel était bon dans tout. Tout ce qui était arts. Il m'a donc initié à tous les arts qu'on puisse imaginer. Incroyable n'est-ce pas. C'était mon MENTOR!
L'urne funéraire de mon grand ami Marcel, inhumé à Hambourg, Allemagne, son pays de prédilection où il était directeur de scène de l'Opéra. Ça me fait penser à un jeune, de passage au Québec, québécois d'origine, qui me disait. Tu sais, je m'en retourne en Allemagne, c'est mon pays. Ici, au Québec, ça vaut pas grand chose. Les Allemands, ça c'est du monde! Donc, je suis heureux pour toi Marcel. Tu as choisi le meilleur.

Marcel était un grand ami d'enfance. Un homme d'exception. Il fit une partie de mon éducation. M'initia aux arts en général. La danse, la peinture, la sculpture, le cinéma, la photo, le théâtre, etc. etc. etc. J'allais le voir danser régulièrement à Toronto dans la grande salle des Ballets canadiens. C'était de toute beauté. Il a dansé dans toutes les grandes villes du monde. A été enterré chez lui, à Hamburg, Allemagne. La planète était son pays. Un bonhomme superbe avec plein de talents. Il aimait la danse et il a fait ce qu'il a voulu dans sa vie. Il fut mon Mentor. Nous parlions de tout. De la morale, c'était un gars parfaitement intègre qui semblait planer au-dessus de tout. J'aurais, à un moment donné, des photos de lui et moi, ensemble, au collège. Il fut mon plus grand prof. de morale. Une puissance physique incroyable. Pouvait vous lancer une ballerine dans les airs et la prendre au vol. Il n'a jamais manqué son coup. À Montréal, il se tenait surtout avec l'équipe du Théâtre du Rideau Vert et au Studio Koudriavtsev. J'allais souvent le rejoindre là. Un ami qui m'a construit. Bon voyage mon Marcel.


1-Sur la scène de l'opéra de Hambourg. À gauche. Il porte une ballerine dans ses bras. Cré Marcel.


2-Ses cendres. J'irai sûrement le voir un jour dans pas grand temps. L'été qui vient, sans doute.


3-Le repas pour fraterniser. En Allemagne, une nappe blanche, c'est un must. C'est vraiment européen et la classe n'y manque pas.


4- Le fils à Marcel. Tel père, tel fils. Incroyable!


5- La photo de Marcel au fond.


Do not stand at my grave and weep
I am not there. I do not sleep.
I am a thousand winds that blow.
I am the diamond glints on snow....
I am the sunlight on ripened grain.
I am the gentle autumn rain.
When you awaken in the morning's hush
I am the swift uplifting rush
Of quiet birds in circled flight.
I am the soft stars that shine at night.
Do not stand at my grave and cry;

I would be so happy to have some photos from Marcel. I can pay if it costs something. Marcel was a real brother while we were at college together. He was a Mentor for me, not less. In 65 or around, he quitted for Europe. I was very sad because we were going to have the World Exposition in Montreal, the next year and I was expecting many contracts for him. For sure, some people helped him deciding to quit. I think, Claire Brind'Amour helped him deciding. She was a very good friend too. My hart was broken. And I went to University in Education and psychology. I took my Master in Bloomington, Indiana, production of films. I am on pension but still official seacher in teen suicide prevention. We had terrific discoveries wich helped a lot of teens. I discovered the news about Marcel on Internet. Is it possible? Could'nt beleive it yet. He took care of me while I was in coma and after even if himself was living a real life drama. We were real brothers for each other but I feel sad to imagine that I never saw him since 1960, about. If I would have knowed that he was in Hamburg he would have seen me coming very soon. I take the Marcel's "sole" and hug him thight, very thight. So long mon bon Marcel. You will reside in my sole and friends ones for ever. Richard Your brother who loved you most. I talked to his brother Jacques. I was devastated to hear about the family problems. Felt very sad. Thanks to you all. I've got a lot of pictures on Marcel but I was a photograph too. So, pictures are far but I will start to search. Thanks to all of you again. Sorry for my English, because I am French speaking Canadian from Montreal. Richard Labelle Je parle surtout français. Merci. Big hugs to you all.

 


Richard Labelle a partagé la publication de Marcel Fugère.
12 avril, à 23:24 · 


All my most profound sympathy to you all. Marcel was a God for me. He helped me deciding for my life. The most difficult thing was to separate myself from this Mentor in 1960. What a hard time I had. I hope he was happy in his life. The most important thing for me. I kiss Marcel and you all. Richard Labelle from Montreal.

Marcel Fugère
4 janvier · 
Tom, Michael, Niko, Andreas, Klaus, Claus und Britta haben es fast geschafft , Marcels Lebenswerk zusammen zu suchen, grob zu ordnen und zu lagern. Ende Januar wird seine liebevoll chaotische Wohnung dem Vermieter leer übergeben. Es ist traurig, diese Spuren eines Menschen zu verwischen. Aber wir haben unendlich viele schöne Fotos gefunden und wollen sie zur Geltung bringen.
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Caro Bär

Richard Labelle I would be so happy to have some photos from Marcel. I can pay if it costs something. Marcel was a real brother while we were at college together. He was a Mentor for me, not less. In 65 or around, he quitted for Europe. I was very sad because we were going to have the World Exposition in Montreal, the next year and I was expecting many contracts for him. For sure, some people helped him deciding to quit. I think, Claire Brind'Amour helped him deciding. She was a very good friend too. My hart was broken. And I went to University in Education and psychology. I took my Master in Bloomington, Indiana, production of films. I am on pension but still official seacher in teen suicide prevention. We had terrific discoveries wich helped a lot of teens. I discovered the news about Marcel on Internet. Is it possible? Could'nt beleive it yet. He took care of me while I was in coma and after even if himself was living a real life drama. We were real brothers for each other but I feel sad to imagine that I never saw him since 1960, about. If I would have knowed that he was in Hamburg he would have seen me coming very soon. I take the Marcel's "sole" and hug him thight, very thight. So long mon bon Marcel. You will reside in my sole and friends ones for ever. Richard Your brother who loved you most. I talked to his brother Jacques. I was devastated to hear about the family problems. Felt very sad. Thanks to you all. I've got a lot of pictures on Marcel but I was a photograph too. So, pictures are far but I will start to search. Thanks to all of you again. Sorry for my English, because I am French speaking Canadian from Montreal. Richard Labelle Je parle surtout français. Merci. Big hugs to you all.
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All my most profound sympathy to you all. Marcel was a God for me. He helped me deciding for my life. The most difficult thing was to separate myself from this Mentor in 1960. What a hard time I had. I hope he was happy in his life. The most important thing for me. I kiss Marcel and you all. Richard Labelle from Montreal.

Marcel Fugère
4 janvier · 
Tom, Michael, Niko, Andreas, Klaus, Claus und Britta haben es fast geschafft , Marcels Lebenswerk zusammen zu suchen, grob zu ordnen und zu lagern. Ende Januar wird seine liebevoll chaotische Wohnung dem Vermieter leer übergeben. Es ist traurig, diese Spuren eines Menschen zu verwischen. Aber wir haben unendlich viele schöne Fotos gefunden und wollen sie zur Geltung bringen.
I would be so happy to have some photos from Marcel. I can pay if it costs something. Marcel was a real brother while we were at college together. He was a Mentor for me, not less. In 65 or around, he quitted for Europe. I was very sad because we were going to have the World Exposition in Montreal, the next year and I was expecting many contracts for him. For sure, some people helped him deciding to quit. I think, Claire Brind'Amour helped him deciding. She was a very good friend too. My hart was broken. And I went to University in Education and psychology. I took my Master in Bloomington, Indiana, production of films. I am on pension but still official seacher in teen suicide prevention. We had terrific discoveries wich helped a lot of teens. I discovered the news about Marcel on Internet. Is it possible? Could'nt beleive it yet. He took care of me while I was in coma and after even if himself was living a real life drama. We were real brothers for each other but I feel sad to imagine that I never saw him since 1960, about. If I would have knowed that he was in Hamburg he would have seen me coming very soon. I take the Marcel's "sole" and hug him thight, very thight. So long mon bon Marcel. You will reside in my sole and friends ones for ever. Richard Your brother who loved you most. I talked to his brother Jacques. I was devastated to hear about the family problems. Felt very sad. Thanks to you all. I've got a lot of pictures on Marcel but I was a photograph too. So, pictures are far but I will start to search. Thanks to all of you again. Sorry for my English, because I am French speaking Canadian from Montreal. Richard Labelle Je parle surtout français. Merci. Big hugs to you all.

Renate Rabe The very best friend of Marcel was Lutz McKenzy, a phantastic wellknown German actor in lots of films ( and he was the German actor who spoke the James Bond, in which many of these films I have forgotten). I don`t know if Tom told you about this. Lutz knew Marcel long time before me and lived together with Marcel in the Rentzel Str. But now since long time Lutz lives in Berlin. There is also another friend of Marcel of the times before I met Marcel called Dieter Kehler. This stage-manager is also very famous here in Germany. You can Google both men in the internet. If I see the above picture in my inner eye I can see Marcel before me laughing and being happy and that is so allive that it hurts me very very much that there is not more this laughing and the special glitter in his eyes. I do not like to write our story here on face-book. Pls Richard take care and listen to your daughter in consideration what she wrote as comment to one of your comments. I will ask Caroline or Tom if they got your address or mail it then to you. Marcel always asked me to write, because I have been or am still a journalist who made exclusive interviews with prominents and wrote also several reports about voyages and travelled together with Marcel who made then wonderful photos. The thing is: Marcel always asked and begged me: "Renate schreib darüber, Du musst das schreiben ....." I should write about our crazy time but I was too busy .....
Le meilleur ami de Marcel était lutz phantastic mckenzy, un acteur allemand connu dans beaucoup de films (et il était l'acteur allemand qui parle le James Bond, dans laquelle un grand nombre de ces films, j'ai oublié). Je ne sais pas si tom vous a parlé de ça. Lutz savait marcel longtemps avant moi et vécu ensemble avec Marcel dans le rentzel str. Mais maintenant, depuis long temps lutz vit à Berlin. Il y a aussi un autre ami de Marcel du temps avant que j'ai rencontré Marcel appelé Dieter Kehler. Cette étape-Manager est également très connu ici en Allemagne. Vous pouvez google les deux hommes dans l'internet. Si je vois la photo ci-dessus dans mon regard intérieur et je peux voir Marcel avant moi rire et être heureux et c'est donc en vie que ça me fait mal, très très bien qu'il n'y a pas plus ce rire et le spécial des paillettes dans les yeux. Je n'aime pas à écrire notre histoire ici sur face-Book. Pls Richard prends soin de toi et écoute ta fille en considération ce qu'elle a écrit comme commentaire à l'un de vos commentaires. Je vais demander à Caroline ou Tom si ils ont eu ton adresse mail ou alors à vous. Marcel toujours m'a demandé d'écrire, parce que j'ai été ou je suis encore un journaliste qui a fait des interviews exclusives avec l'absence et écrit aussi plusieurs rapports sur les voyages et voyagé avec Marcel qui a fait alors merveilleuses photos. Le truc c'est que : Marcel toujours demandé et m'a supplié : " Renate Schreib Darüber, vous devez das plainte....." Je devrais écrire à propos de notre époque folle, mais j'étais trop occupé..…
Jacques seemed to be overwhelmed by the whole situation. That was, I think, nearly a "normal" conclusion of being to long time before meeting each, other. Don't forget that we were kept in college for about a whole 10 months in a row during a whole year. So, the guy was getting in his familiy without having, least and least the same talk and vision about everything. I live the same thing with my wife's family. I do not speak their language any more. We don't have the same culture. They couldn't understand any more my language. That's sad but if you've got people liking problems in such a situation, the whole thing becomes worst. That's what happened to Marcel and in some way, to me. We had very good colleges. Near the best in America but we were isolated from our families for about 8 years in a row. You come back and don't really recognize anybody. For sure you don't have the same language anymore.
How people could recognize you if for years you studied in outstanding places like I did for example. Life is cruel sometime. You want to be the best and your family blames you of being like you are, the best. I am sure Marcel felt this in some way. He was so proud that, I think, you could not tolerate to be treated like in inferior. I loved so much this Marcel who was an idealist. He was and I was too, but left on our own roads to live our career. Being an orphan, I decided to take care of them for all my life. Marcel was more artistic and so beautiful he was for me. An art dedicated person to dance and later, photograph. I laugh a little bit because, when he was a college friend, I was already a photograph working for Reuter for example. I was lucky. And you think, that working in a library environnement like the picture I attach makes you the same as everybody? Not possible. Myself, I use to read at least a book per two weeks and more and I know them by hart. For sure, you could't be the same as everybody in life. You're a part of the "elite" in some way. A word I don't like because I am an easy going guy with people. I love everybody. Hard to understand, this phenomenon. Take care Renate. God bless you. (An atheist friend was always telling me that when we were to leave. Quite a person this guy I loved so much. A friend!) Yes, I am a crazy people lover and I like me like that.
here is a big archive of the photos made by Marcel which are at Tom's house. I was in Greece when the brother of Marcel came to Tom and do not know the brother only from statements of Marcel. Marcel always loved most of all his sister and his ant Marimae who must be 93 or 94 years old but is still tuff. I phoned her but my French got so worse during all the years, I am sorry abt that. The sister of Marcel lives alone and has no connection to others of the family a woman which wanted to be allone Marcel told me.

For the leave of my friend Marcel Fugère by Renate Rabe
 
An old Hopi-wisdom says, that everything, what was once upon a time, is there still only in another form.
 
This also to be valid for my friend Marcel, the dancer and photograper, who ich met 1980 in the Pub „zum Tropfen” in Hamburg, Germany. This was a meeting place for artists, authors, critic reviewers, philosophes, world improver, giver of ideas and some tipsy creatures.
 
*Marcel just celebrated the publication of his pages long follows of pictures in the German Stern Magazine, which had been obtained via his friend Molle. Marcel was at that time not one, but THE TOP free lanced photographer in Germany. He photographed beside lots of prominents his friend Marcel Marceau, with whom he always met together when he was in Hamburg. He made sensational exclusive photos frpm Rainer Werner Fassbinder, the conductor Guiseppe Sinopoly and the big stars of the Hamburger Opera, i.e. Mikhail Baryshnikov, Ivan Liska and of course the Ballet director John Neumeier.
 
Marcel at that time set together in sociable party together with the dancer Ralph Grant, with whom he danced together with Judi Winter in Bremen and with Lutz Mackensy, who was always his best friend. I give into the bargain that I was fascinated and carried away from Marcel, who full of élan took mostly all guests of the pub into this maintenance in a hilarious way. Therefore I was glad, that I was just new entered into his neighbourhood and was invited by him. Soon I became to know his coloured environment.
 
He brought me to his friend Hanne Mogler into the „Foolsgarden“ a German small theatre in Hamburg. This theatre was open for every artist to play there and was a little bit also for su-culture. Within the passing time I met also the German stagemanager Rosa von Praunheim , who enrolled at those days for the Outing of the homosexuals, what was increadible at those days. Most of the homosexuals hid their way of life. So did Marcel in a certain way and he suffered of course due to that.
 
 
Marcel photograped at that time „mens under a head“. The men wear heads, often ladies-heads. Marcel had managed it to get lots of men under the head, but there was one, who fought against his nature because of his catholic belief. Therefore he became the dream man of Marcel at those days and he could understand that young man best, because he told that he himself had to suffer under the harshness and fanatism of catholic nunnes.
 
 
 
According to his documents Marcel was born on May 16, 1938 in Maria/Canada. He told often to me, that he would love to know, whether these dates are true, as he had been raised as a orphan boy in a mission boarding school, in a residential school. To that place were brought children who where token of from Indian, for instance Nakota, Cree or Anishinabe and mestizos in order to teach them in the Christian belief and according to the standards of the white people.
 
These schools were existent in the second half of the 19th Century and Marcel was, according to his statement, one of those pupils, who was degrated, beated and abused by nuns. When Marcel told that to me he was often crying and extremely sad.
 
So you live in Canada and you will probably know about that horrible chapter of your history. The last school was closed 1996 in Saskatchwan. I heard at first from Marcel about this and was very sad that this terrible time comes sometimes back in his mind, even when he was already nearly 50 years old.
 
Marcel suffered at his quest on a wall of silence. In the mission boarding school there were allegedly all documents disappeared according to a fire.
 
Details about that time he told often to me, mostly when he told me of his life in Canada and his adoptive family. Also from them never got an answer about his real parents.  Marcel loved his very conservative adoptive parents and had one brother and a sister who he loved very much. He told me that his sister wanted to get separated from the family and lived alone and lives in seclusion.
Most of all he loved his very old aunt Marie Mai.  Only this beloved aunt is 93 or 94 years old now. I phoned sometimes with her together with Marcel and also informed her about the pass away of Marcel. But my French speaking and writing is so terribly now, because I didn´t speak or write it for so many years.
According to Marcel aunt Marie May was the only person in the family who understood his passion for ballet dancing and supported him. So Marcel sudiet dancing in Canada and was tought by a very severe Russian Ballet Master Lady. I have forgotten her name. But she had demanded everything what was possible from Marcel.
 
In the beginning 60th Marcel left Canada, in order to complete his dancing studies in Great Britain. At that time he met his long (many years)  lasting friend Robin Anderson.
 
On October 29, 1967 Marcel danced with Les Grands Ballets Canadiens at the University of Michigan. Via this ballet he came to London, where he told me from his performance at the Royal Balley. There he had also a very good girl frind Anne, from which he told me very often and together with her he had lots of fun. You may find something in the Internet about Marcel`s dancing with Les Grands Ballets Candiens at the a.m. date.
 
The stagemanager Dieter Kehler met Marcel in France on a train voyage. Marcel was on a dancing-casting  at Tatjana Gsovsky at the Berlin Ballet and the Balletdirektor Gert Reinholm (Deutsch Oper Berlin). Later on Marcel was engaged as dancer differently abt. two years in Dortmund, Wuppertal and Beyreuth. Then he travelled back to Montreal. We have to thank Dieter, that Marcel came back to Germany and found a new home here. That was a begin of a lasting friendship by men.
 
Later Marcel came together with his friend Ralph Grant to Bremen. There he danced at the theatre together with Judy Winter and his lasting friend Art Hutchinson, which Marcel often visited in Bremen, not seldom in terms when there where too many Hamburger fans who want to visit or see Marcel’s in his home in Hamburg.
 
According to an injury Marcel had to give up his career as a dancer. His frinds from the Ballet helped him to follow his further destination. Therefore he began his orbit as a photographer at the Hamburger Staatsoper at the ballet. Later Marcel also went with the Ballet of John Neumeier i.e. to Japan.
In the beginning the Hamburger well known photographer Günter Zint helped him and show him how to keep the camera in extreme critical situations. Also Lutz Mackensy, the best friend of Marcel, was always there for Marcel, at the construction phase or when there was need of a man (sorry I have not the correct translation it is a German idiom “wenn Not am Mann war” and it can have two meanings, extended it means if someone is there to help you or if you need a man to help you.)
 
Marcel and I we had monstrous occurrences, travelled together, he photographed, I wrote stories and travel-reports which we published. If we met he always asked me to write about our special experiences: “Renate, you must write about this, write about it!” And I always thought there is time for us and our adventures to write about.
 
Marcel wanted three days before he died to travel together with his fellow Michael Germershaus to Turkey. Marcel was so happy and told me when we met 3 weeks before( that was before I travelled to Greece) that he is fine and I should not worry. He was so happy that Tom Todd and Michael woul digitalize all his photos and put them into the internet.
 
I was so sad that instead making the little trip to Turkey with Michael Marcel made the very big trip into the universe.
And yes, as Marcel ever asked me to say:
“Marcel for me is the greatest photographer on earth.”
 
And than I wrote the Lakota-poem which was adapted by Tom Todd in English and is shown there in connection with the farewell of Marcel:
 
„Steht nicht an meinem Grab und weint, ich bin nicht da, nein ich schlafe nicht. Ich bin eine der tausend wogenden Wellen des Sees,
ich bin das diamanten Glitzern des Schnees,
wenn ihr erwacht in der Stille am Morgen,
dann bin ich für euch verborgen,
ich bin ein Vogel im Flug,
leise wie ein Luftzug,
ich bin das sanfte Licht der Sterne in der Nacht,
Steht nicht an meinem Grab und weint, ich bin nicht da,
nein ich schlafe nicht.”
 
And I mentioned in my memorium for Marcel:
 
Pilamayaye  wakan tanka nici un ake u wo, ahoe!
Auf Wiedersehen und möge der Große Geist mit Dir sein und Dich führen!
Good bye and may the big ghost be with you and guide you.
 
Je t'aime.
yours Renate Rabe
 
 
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And again I have to thank Tom Todd who wanted and arranged nearly everything with the disentanglement and the burial.
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So in order to understand my connection with Marcel:
 
I was born in Hamburg and after my devorse of my first husband I lived in a flat in Hamburg. At that time I had an official job as a recovery and claim adjuster in a assurance clearing big damages according to the Warshaw Conventions for flights, and shipping companies and carriers. I was very busy, travelled a lot around Europe and told surveyors how to make their reports or adjusted big claims for lots of money. That was my official side where I got my payment for a wonderful life.
My second part was my artist side, hidden from the official side under my artist name Renate Rabe. I made a cartoons book with a raven, wrote lyric, sang with a band or with two different musicians. One played guitarre and more folk or lyric songs (we made together a record for doctors for freedom) or I sang with the other piano player who was a very excessive person and we made lots of humoristic songs.
I had lots of parties in my flat and Marcel often came to me once there was also Craig Russel in my house. Perhaps you know him.
1984 I decided to quit the assurance and hired on a cruise ship as an “Entertainment Officer” as shown in my seamans registration book, which makes lots of officers very jellows and angry because they did not like that I got that officer in my book. At that time I lived together in the flat with Marcel because I decided to quit mine in order to spend some money for the living at Marcel`s end as I was mostly on board of the ship and Marcel very often was happy to get the money as artists are mostly all short of this. Also Marcel spend a lot for his 1000 friends and we made also lots of wild surreal parties in his flat. These are special stories.
On board I had to look after the band, actors and D`j and making a programm, very little not like on big cruise ships. I very often took Marcel with me on board and we travelled together. You know probably you won’t stay on a dry dock if you work on a ship. Also when I came home to Marcel we walked out to see lots of friends sitting always around other pubs and there were many in our area.
I was asked to make as a freelancer several reports for newspapers and magazines and therefore I started as a freelancer. Getting of from the ship 1985 I took me a new flat and worked for an American insurance company again as recovery and claim adjuster. Beside now I was artist and journalist, made tours with Marcel and came home in the morning sometimes at 4 or 5 o`clock. As I was very tuff at that time I came to work always punctually like the German’s are normally. I had so much power …..
Together with Marcel and another photographer named also Marcel I travelled and made beside my job lots of interviews with prominents, sang and was invited around everything what was going on. Than the American insurance company went to Frankfurt and I decided to stay in Hamburg.  I often met Marcel, he told me what’s going on and so did I. Later I met my husband (also a funny story because we knew us when I was 17 years old and he studied) and he is someone who likes not so much publicity so I did not go out so much anymore. Marcel came to visite us and we had lots of fun together. Marcel and I we became more quiet after all the years in excessive life. Marcel did not like to go out so often in the evening because the time had changed and there came too much bad on the streets in the night.
 
Well, Richard, execuse my English there are lots of failures and my husband would have critizised me because he likes perfection, but I am what I am unperfect. The very special things I have survived together with Marcel I will tell you probably if you come to Hamburg or if we are on the way to visit Canada or going to New York.
 
Now I will have a look into facebook, perhaps you are there,
Until than,
Greetings to all of your family
Renate
 In the later times the photographer Marcel never danced not even a little standard, but when we made a visit back stage where there was also Harry Belafonte and others and we tasted several glasses of Italian wine he made as far as I can remember the last inofficial public dance like an happy flying angel. It was enormous.
Un grand ami allemand de Marcel.
 


Chapitre VI
Les expériences et habiletés que j'ai eues
L’IMPRIMERIE ET LA GRAVURE
Mon dieu que j’en ai fait de cette fameuse gravure. J’adorais. C’était au collège. Je ne me souviens plus du nom qu’on donnait à la première feuille imprimée qui sortait de cela. On disait, corriger les « galées ». C’était le terme utilisé. Hé que les pères avaient le tour de nous impliquer dans toutes sortes d’activités pour nos faire grandir. J’ai adoré l’imprimerie et la gravure que j’ai pratiquées pendant quelques années. Mon grand copain Michel est devenu un artiste reconnu du domaine de la gravure. Le grand plaisir de trouver des sortes différentes de papiers pour nous permettre de mettre en valeur l’œuvre que nous voulions exécuter. Tout un monde aussi. La grosse rotative qu’on prenait une, deux, trois jours complets à ajuster pour une seule couleur. Quel travail! Mais plaisant. Ces grosses machines allemandes qui vous donnaient l’impression d’une locomotive entrant en gare tellement elles étaient bruyantes. Mais la senteur des encres, du papier, ça nous enivrait d’un espoir de voir surgir une belle œuvre.
D'Zum Cao N'Guyen
D’AUTRES HABILETÉS QUE J’EUS
(Avion, collection de timbres, géographie, photographie, etc [Mon National Geo et ma collection de timbres qui m’aidait.], dactylo. typo, imprimerie, histoire, photo, théâtre, généalogie et sans compter tous les sports que j’aimais beaucoup.)

MA PASSION DES AVIONS DONT J’INVENTAIS DES MODÈLES RÉDUITS.
Oui, les adultes qui m’entouraient étaient tout heureux de m’initier à toutes sortes de choses et j’étais bon dans tout. J’avais 12 ans. Quand les choses allaient bien, j’avais 100 % dans tout ou presque. Surprenant! Mais, quand ma mère n’était pas là, que je m’ennuyais, c’était le désastre.
Un voisin de chez moi réalisa toute la passion que j'avais pour les avions. Parlant seulement anglais, mais qui semblait tout ému de me voir évoluer, décida de m’initier aux modèles réduits d’avions et de planeurs, tout cela pour répondre à ma profonde passion pour l'aviation. Pour tout dire, je ne fabriquai que des planeurs, car j’avais le truc pour les faire planer parfaitement. Je lançais l’avion avec force et s’il était bien ajusté, il pouvait facilement faire le tour de tout un champ de baseball. Quel « trill » ça me donnait! C’est moi qui faisais les plans, qui les découpais et qui les assemblais, tout fier de moi. Mon ingénieur me supervisait avec force signes, car je ne parlais pas anglais et il ne parlait pas français. Qu’à cela ne tienne, notre passion des avions nous réunissait comme deux vieux pros qui voulaient que ça « marche » et ça marchait. Je gagnai même des prix, étant le seul à faire mes propres modèles imités des avions anglais, américains, japonais et russes. Oui, les Russes étaient sur ma liste. Les plus grands avionneurs du monde. Imbattables sur toute la ligne et des avions à vous couper le souffle. Les Américains avaient de gros morceaux de tôle qui volaient, les Russes, des chefs-d’œuvre d’architecture. Un vrai plaisir à reproduire. Encore aujourd’hui, aucun avion ne passe dans le ciel, sans que je lève la tête. Mon père mourut en travaillant sur un avion! C'est vous dire.

COLLECTION DE TIMBRES
J’eus aussi une collection de timbres qui n’eut rien à envier à personne de mon âge et beaucoup d’adultes. Ma grand-mère exigeait que je me perfectionne en géographie (à 10 ans) et me suggéra donc de démarrer une véritable collection de tous les pays. Un autre bon voisin, dont le fils travaillait aux postes à Washington, crut bon de devenir mon fournisseur dans le domaine. Son produit était du très haut de gamme, car il me fournissait toujours des « blocs » no. 1. Le nec plus ultra des collectionneurs. Je n’aurais pu avoir mieux. Un bloc, c’est un ensemble de quatre timbres qui fait le coin de la page qui elle, contient tous les timbres et qui est aussi du côté où il y a toutes les informations concernant ces timbres.
Cette collection me permit admirablement d’apprendre toute la géographie politique du monde entier. À douze ans, je pouvais vous décliner à peu près tous les pays du monde, une partie de leur histoire et le nom de leur président. L’Afghanistan m’intriguait beaucoup avec ses cultures de pavots qui étaient le seul produit qui pouvait pousser sur ces terres arides. (1952) Quand on me parle d’un pays aujourd’hui, je me ferme les yeux et j’imagine très bien sa configuration. J’ai toujours eu 100 % en géo. J’eus aussi très tôt mon abonnement au National Geographic Magazine dont les copies manquantes furent comblées par mon adoré oncle Napoléon. Il avait beaucoup de problèmes cet oncle, disait-on, mais adorait les enfants. C’est tout ce qui m’intéressait.
LA PHOTOGRAPHIE
Inutile presque de vous parler de la photographie. J’ai un appareil dans la main depuis mes 12 ans et j’en suis tout fier. Je savais que mon grand-père se créait, en Angleterre, en pleine guerre, des chambres noires improvisées en déposant sur une table des tapis tout le tour. Des centaines de ses photos furent détruites par des gens de la famille qui n’y connaissaient rien. Les quelques-unes que j’ai, je les ai subtilisées, sachant bien que c’était ma seule chance.

Mon style de photos préférées? Les « snap shots » comme on disait. L’expression inusitée d’une personne, sa figure, son sourire, ses yeux, sa peine, sa joie. J’entrais totalement dans son « personnage ». Les enfants! Je n’en parlerai pas. Ils me bouleversaient à tout coup, même le p’tit prince de Monaco de qui j’ai tiré une expression unique. Jamais je n’ai vendu cette photo. Les sportifs, j’aimais bien. L’expérience la plus bouleversante fut mon séjour avec Althea Gibson, la championne du monde au tennis. Elle fit la première page du magasine Sport Illustrated. Elle aimait bien venir se pratiquer au collège. Pas rien n’est-ce pas? Et je lui ai demandé un rendez-vous. Elle m’a offert une après-midi complète avec en prime quelques athlètes.

 

 

 

 


Lorn Maine, champion canadien, Althea Gibson, championne du monde de tennis, Mariette Laframboise, championne canadienne et Bob Bédard, aspirant champion canadien.
(Photo montage par moi)
Toute une brochette! Je passai à la séance de photo après l’interview. Toute une femme, cette Elthea, qui était d’une gentillesse! J’avais vraiment l’air d’un enfant à côté d’elle, dans le temps, « baby face » comme on disait. Elle était tout attentive à toutes mes demandes et finalement, je lui demandai de me faire la faveur d’un « slap shot » à un pied max. de ma caméra et de ma tête. Je n’étais pas du tout inquiet, je savais qu’elle était d’une précision chirurgicale. Elle s’exécuta. Sur la photo, la balle apparaît comme un gros ballon de marque Watson. Ado, c’était ma marque fétiche. Je portais du Watson, bref, j’avais du Watson des pieds à la tête. Trop drôle. Et mon « fan club » se fit un devoir de porter du Watson aussi, des pieds à la tête. C’était, pour moi, comme un incontournable. Les caprices d’un ado!
J’eus le plaisir aussi de photographier et interviewer Maurice et Henri Richard (j’allais chez le même barbier que Maurice!), dont j’obtins l’équipement de hockey trop usé pour moi (c’était un gars qui « ménageait »') et le grand Jean Béliveau. Maurice et Henri étaient d’une telle gêne que j’eus toutes les difficultés du monde à leur tirer, ne serait-ce qu’un seul mot. Ils étaient, ma foi, dix fois plus gênés que moi. Une chance qu’on m’avait préparé à la chose. Donc, j’avais ma série de questions et mon équipement pour enregistrer. Je ne me souviens pas vraiment des mots utilisés qui furent plus des "heu! j’sus pas certains, j’aime ben ça, j’sé pas, peut-être." Tout ce qu’il faut pour écrire un article intelligent et produire une belle photo, n’est-ce pas? Avec le grand Jean, tout fut différent : « Bonjour mon beau Richard, ça me fait dont plaisir de te rencontrer. Je savais que tu voulais m’interviewer et devine ce que j’ai fait. Je me suis préparé. » Il me donna un texte tout fait, ce qui me permit de prendre le temps qui me restait pour faire des « mitrailles » de photographies. Une beauté. Les photos vendues étaient parues je ne sais trop où. C’était Reuther et mon agent qui s’en occupaient. Jean eut la plus belle. J’avais avisé mon gérant. Grand gâté que j’étais, vous vous imaginez? Un agent à 16 ans! J’étais vraiment genre le ti-kid protégé, je le savais et je remerciais sans arrêt ces gens qui m’aimaient. Vous vous imaginez, je publiais sur Ruther! Un grand privilège. Et en plus, les systèmes s’amélioraient de plus en plus. Il devenait de plus en plus facile d’acheminer les films pour le développement, autorisation et ventes. Tout se faisait par l’agence. J'ai touché d'assez bons cachets. Les bons pères de St-Laurent m’avaient tricoté toutes sortes d’amanchures pour que mes « affaires » roulent bien. Que je fus gâté par ces gens qui sacrifiaient carrément leur vie pour mon éducation! Que nous avons été injustes, mais tellement injustes pour ces gens qui vivaient dans la plus totale pauvreté et l’abnégation! Ils recevaient un cadeau. Ils nous le donnaient, car ils n’avaient pas le droit de le garder. C’était une règle suivie à la lettre. Mon père Arbour, le p’tit père Thétreault à qui j’avais passé proche de couper un bras avec une grosse presse de l’imprimerie du collège. Nous avions été quelques semaines sans nous voir, mais les choses se replacèrent, car il avoua qu’il avait besoin de moi. Quelle fierté ça me faisait!
Je ne peux non plus ne pas souligner ces nombreuses nuits passées dans les chambres noires pour arriver à temps dans l’édition des photos. Nos chambres noires avaient même développé du film pour l’ONF. D’ailleurs, nous étions voisins de l’ONF, ce qui me permit à l’occasion d’aller voir McLaren peindre ses petits films, image par image, pour les transformer en des animations totalement extraordinaires. Je fus totalement envoûté par ses fameuses danseuses qui se multipliaient comme par magie à l’écran. On aurait vraiment cru que c’était du numérique alors que ce n’était vraiment pas le cas.
Ma compétence en la matière était telle que toute la série de cours de photos/montages et tout le reste me furent crédités à l’Université d’Indiana, car je pouvais facilement donner le même cours et plus. Et surprise, ils se rendirent compte que j’avais travaillé pour Kodak et les profs de la section d’Indiana photo étaient tous des anciens de Kodak. Alors, j’eus vraiment l’impression de faire partie de la même famille.
Et l’autre compétence que je pus développer aussi à Indiana, connexe à la photo, furent le journalisme et le film. J’ai été passionné par ces deux matières. Le journalisme fut très dur d'apprentissage pour moi. Au début, ce me fut quasi impossible d’écrire sans l’aide d’un « editor » comme on appelait, ou plus simplement un correcteur, mais pas n’importe lequel. Il vous garantissait à 100 % son travail et faisait ressortir votre talent à travers tout ça. Mon prof. était un bonhomme qui avait travaillé dans les alentours des Kennedy. Bien sûr que nous fûmes très vite au courant de toutes les aventures scabreuses du président, mais aussi de ses bons coups. Yokam, le nom de notre prof., qui avait perdu une jambe sur-le-champ de bataille au Vietnam. Il pouvait vous parler de la guerre de long en large. Il m’aimait beaucoup et insista souvent pour me faire choisir un cours de golf afin de jouer avec lui plutôt qu’un cours régulier pour moi. J’avais peur que ce choix me fût refusé par la suite. Et finalement, je n’allais pas à Indiana pour apprendre le golf. Avec la bibliothèque, une des plus grosses du monde, j’étais mal à l’aise de ne pas en profiter. On m’y trouva régulièrement endormi, mort de fatigue, à minuit à la fermeture de la bibliothèque. Quel privilège c’était pour moi que de baigner dans plus d’un million de livres sur les connaissances de toutes sorte, sans compter les 100,000 parchemins qui avaient été des dons de riches Américains! Donc, je me serais trouvé totalement ridicule d’abandonner cette option extraordinaire pour des parties de golf intéressantes, sûrement, car il s’agissait du journaliste haut de gamme du campus. Je fus totalement surpris quand Richard Yocam me déposa dans les mains des caisses d’imprimés et de bobines qui représentaient la totalité de ce qui avait été publié sur la Crise du FLQ par Radio-Canada, CKAC et d’autres. Il me demanda d’en faire l’analyse. C’était le mémoire de maîtrise qu’on me demanda. J’ai pris deux ans et demi pour le faire. Un travail épouvantable où je dois dire que la bibliothèque de McGill me fut d’un grand secours. Je ne fus pas très impressionné de mes découvertes. J’aurais dû avoir plus de culot et vraiment dire ce que je pensais. De toute façon, j’eus la chance de me reprendre à la défense que je devais présenter à propos du document. Yokam me fit sortir le « jus » comme on dit et j’en fus bien fier. Pas question de golf pour célébrer la fin, un bon champagne fut ma surprise. Il m’achala en me disant que, sûrement, j’avais du sang français dans les veines. Un bonhomme charmant qui me « botta » le cul pour que je me dégêne et que je sorte le meilleur de moi-même. Il avait des mots d’encouragements incroyables. Je n’avais jamais vu ça au Québec. Enlève ta cravate, me disait-il. Mets tes pieds sur mon bureau pour être plus à l’aise. Je regardais parfois le golf avec lui à la télévision. Vous auriez dû voir l’appareil! Énorme! Pour les Américains, Il n’y a rien de trop gros n'est-ce pas? J’étais mort de rire, mais je les aimais comme un p’tit fou, car ils m’encourageaient tellement. Ce n’était pas du tout la mentalité « enfermée » du Québec du temps. Tout ce que j’entendais : « You're great Richard », « You will make it », « Don't panic », « So beautiful what you produce at the campuse t.v. », « You wera so funny and adorable last night » (J'avais honte, car les bonnes sœurs m'avaient vu un peu « saoul » la veille, entretenu par mon fameux capitaine de l'Armée américaine qui ne cessait de me « poncer » au Whisky Cristal canadien. Vous me voyez l’allure. Je m’y fis prendre qu’une fois, mais les bonnes sœurs m’ont justement « pincé » cette fois-là. J’étais tout en excuse, mais elles ne voulaient rien savoir, elles me trouvaient adorable et j’étais juste drôle d’être un peu « pompette », pour elles, ce soir-là. Il faut dire que le vendredi soir, c’était le soir du défoulement. Y fallait bien, car nous étions toujours sous une pression épouvantable toute la semaine. 1000 personnes dans une grande salle, avec la buvette de vodka qui coulait à flots, sans arrêt. C’est l’école de musique qui fournissait la musique, l’ambiance et le rythme et tout et tout ce que vous pouvez imaginer. Les noires en paillettes roses, deux, trois orgues sur la scène, six, sept trombones, saxo., flûtes, tam tam, et tout et tout. Ça dansait jusqu’au matin, au déjeuner. Nous avions absolument besoin de ça pour nous « évaporer », ne serait que quelque heures de ces travaux qui n’en finissaient carrément pas, mais que j’adorais.
Oui, je fis aussi du studio. J’ai bien aimé. C’était un tout autre monde pour moi et c’était vraiment un cours donné par des artistes superbes et offert par l’école des Beaux Arts à l’école de photographie. J’en ai vraiment profité et j’ai développé une technique bien personnelle pour aller chercher « l’âme » de mes sujets. Tout cela se faisait dans un respect et un silence total. J’avais besoin de ça pour bien travailler et vraiment tisser une intimité exceptionnelle avec mon monde. J’ai beaucoup appris avec ceux et celles qui posaient et avaient eux-mêmes une expérience exceptionnelle. Bref, on me traita comme quelqu’un de respectable et j’y donnai mon max. C’était typiquement américain.
Pour une présentation à la télévision du campus, je pensai à une série de photos typiquement canadiennes, de la poésie québécoise et une chanteuse d’opéra reconnue qui s’offrit pour le chant. Quel succès! De toute beauté. Tout s’enchaîna sans aucun accro et ce fut un chef-d’œuvre dont je suis encore très fier.
LA DACTYLOGRAPHIE
Je découvris aussi une autre chose qui me rendrait d’immenses services toute ma vie. Un p’tit « frère » du collège St-Laurent m'en convainquit après discussions. Aucun homme n’a jamais dit aussi vrai. J’appris à dactylographier très rapidement. Ma grand-mère qui en était fascinée me loua une machine à écrire pour que je puisse me pratiquer durant l’été. Le p’tit frère avait raison. Je commençai à prendre des contrats de plusieurs profs au collège qui voulaient faire dactylographier des textes pour les étudiants de philo. Avantage pour moi, je me mis à apprendre la philo. Alors que dans mes études, j’étais bien loin de là. Ça me fait penser à Michel Tremblay qui, typographe, se mit à apprendre toutes sortes de choses sur toutes sortes de sujets, surtout des romans, je crois. Quel monde extraordinaire! Je me mis aussi à faire fonctionner l’appareil de typo. Les galés et tout. Les lettres de plomb. Quels souvenirs! J’étais tout fier de moi. J’arrivai au sommet quand je pus faire du « key board » comme ils appelaient, des cartes perforées qui fournirent les premiers « ordinateurs », plutôt compilateurs IBM, ce qui annonçait la venue prochaine des fameux ordinateurs. Donc, à Indiana, je n’eus qu’à me fier sur moi pour produire tout le matériel à entrer dans l’ordinateur. À deux heures du matin, j’étais donc au centre d’info. du campus ouvert 24 heures par jour. On prenait donc, déjà en 1969, l'informatique très au sérieux. Je vous souligne que l’écran n’existait pas encore et que l’imprimante et le compilateur nous servaient d’entrée et de sortie dans l’utilisation de l’ordi. Je peux me vanter d’avoir été parmi les premiers à utiliser celui-ci, dont certains programmes furent les premiers pas vers Internet. Le Réseau ARPA en fut un et mon nom y figura comme membre à cause de mes services gratuits dans des programmes de recherche de l’armée américaine. Mon p’tit rat et toute son histoire. Je me fis surprendre à facilement prendre des nuits blanches pour arriver dans mes travaux de labo le jour et l’info. la nuit. Je trouvai ça tellement grisant d’autant plus que ça me permettait aussi de rencontrer des petits génies qui faisaient toutes sortes d’entourloupettes avec leurs ordis construits de toute pièce, à la main, et avec lesquels ils sortaient des résultats faramineux. Je n’y compris pas grand-chose, mais ils finissaient toujours par m’apprendre un truc particulier. Je me disais que c’était à fréquenter les gens futés que je le deviendrais. J’avais bien raison. C’était vraiment les débuts de l’ordi. qui, avec la venue de l’écran, se propulsa dans le monde entier et la venue d'Apple qui ne se fit pas attendre pour s’imposer, sous-produit de HP. Ce n’est pas peu dire. Oui, mon p’tit frère de « dactylo » avait bien eu raison. C’est ce qui me projeta dans le monde de l’info, surtout à l’aide de mes élèves qui furent mes meilleurs profs d’informatique. Comme Roger et Pauline, qui m’endurèrent des nuits « quasi » complètes à apprendre toutes sortes de choses sur la « pitonnerie » sans compter nos discours à transformer le monde en une nuit. Merci Pauline. Merci Roger. Pauline, maîtrises en informatique et physique de McGill et Roger du même calibre. Mais, à la maison, Pauline n'aimait pas tellement l'informatique que la cuisine chinoise dans laquelle elle se délectait. J'ai lu dernièrement que les Chinois ont toujours quelque chose à faire mijoter dans leur cuisine. Donc, chez les Dubois, Pauline, pratico-pratique, qui fournissait l’énergie en faisant la cuisine et l’autre, Roger, en pitonnant et réessayant toutes sortes de montages, tout cela pour la préparation de ses cours du lendemain. Et on me dira qu’un prof., ça ne travaille pas. De retour à l’école, mes élèves futés qui me tapaient sur la tête pour me dire; « t’a pas encore compris ça! » J’étais devenu élève de mes élèves avec la plus grande joie. Tout le monde a quelque chose à nous apprendre. N'est-ce pas? C’est la vie!

MON SENS DE LA COMMUNICATION
Par marxiste après l'avoir enseigné et en plus, détaché de cet enseignement comme si de rien de s'était passé. Y faut le faire. Ce ne fut pas mon cas. Je fus tellement "converti" que j'ai même "converti" un évêque d'un diocèse pas mal important au Québec. J'avais été très franc, très vrai et surtout chaleureux faisant comprendre que la misère ne venait pas de nulle part. Cet homme fut une véritable révélation pour moi, ses sermons ayant pris une couleur "marxiste". Je lui avait même recommandé d'être prudent car j'avais encore en tête l'histoire de Mgr Charbonneau de Montréal. À remarquer que cet histoire a sonné l'église de Rome car Mgr Charbonneau n'a jamais démissionné. Je ne sais trop si on a ramené ses "restes" en chapelle ardente à Montréal. Je pense qu'il a lui-même refusé avant sa mort et je n'ai pu à ma dernière visite constaté la chose. J'avais bien d'autres choses en tête car j'ai eu le même confesseur que le gouverneur général du temps. (Texte à travailler.)

 

Colonies de vacances

Une randonnée avec une petite troupe et Denis. Cré Denis, ils nous avait promis un steak à la fin de l'expédition. Je perdis presque connaissance quand je vis Denis sortir ses bananes. Une banane valait un steak nous disait-il. J’en perdis presque le souffle d’autant plus que j’étais asthmatique et que je ne le savais pas. Je fis donc des années de sports, toujours au bout de mon souffle, jusqu’au moment fatidique où je fus hospitalisé d’urgence, presque mort. Crise d’asthme! On m'avait carrément intubé.

 

 

 

 



Le jeune m’aimait comme responsable de camp
et décida de me le faire sentir. Il me sculpta
un totem tout en couleurs. Crés enfants!
Comment un jeune peut vous décrocher le cœur!

 Toujours p’tit gars de collège! J’eus le grand plaisir de travailler dans des camps de vacances huppés à l'occasion. Certains campeurs arrivaient en hydravion avec leurs deux chevaux à l’intérieur. Rien de trop beau pour la classe ouvrière! Jeunes, nous ne voyons pas les finasseries des adultes qui se snobent entre eux. Bien sûr que nous avions des nouveaux riches à ce camp. Détestables! Bon, c’est simple, il faut se tenir loin de ces gens. Toujours est-il que j’avais une grosse tente cloche style de l’armée avec tout mon bagage dedans. J’y avais mon bureau, tout équipé. J’y recevais ma visite.

Initiation de la petite famille au camping
 


 

 

 

Jeune et gros comme un pou, j’ai fait tous les lacs du Parc du Mont-Tremblant en canot. Quelle beauté! Je peux même me vanter d'avoir été le premier à voir s'installer une barrière pour contrôler l'entrée du public dans ce parc. Pour cette première journée où on devait payer pour entrer, le fameux bonhomme qui collectait l'argent était totalement saoul. C'est devenu, pour un bon laps de temps un genre de marque de commerce du parc (Côté St-Donat) que tous ces gars saouls qui avaient des petits contacts politiques pouvais se permettre d'avoir un petit revenu, ne serais-ce que le 1$ qu'on leur donnait. Ils devaient être membres d'un quelconque organisme civil respectable, question de s'en servir comme couverture. Je n'en serais pas surpris du tout. Oui, le camping et le canotage devinrent une sorte d'ascèse pour moi. Je me frottais à la nature. Elle me laissait des marques. Mais aussi un sentiment de libération incroyable. J'avais l'impression de communiquer directement avec tous ces esprits qui m'entouraient. Je savais fort bien que tout ce qui m'entourait était parfaitement vivant et que tous ces êtres tentaient de communiquer avec moi à leurs façons. Je n'étais pas encore loin de mon adolescence et j'eus vraiment le sentiment d'avoir encore été télépathe, comme capable de communiquer par mon esprit avec d'autres êtres. Je me sentais comme bercé, cajolé, aimé, quasi en état second. L'eau qui coule! Peut-on entendre une plus belle symphonie. Les rapides qui crient! Le loup qui appelle. L'ours qui grogne parce qu'il a peur. L'orignal, ce grand seigneur qui se dirigeait doucement vers moi tout en mâchant lentement ses feuilles. Il voulait me voir de près, car... il voulait me connaître. M'avait sans doute déjà rencontré quelques jours auparavant ou dans une autre vie. Au moment où je fréquentais Mont-Tremblant, le Parc n’existait même pas officiellement. Cette photo est prise avant l’existence du parc. J’étais au lac Herman avec toute la p’tite famille. Mon beau-père, ses fils, Percy jr. Jean et Guy et tout notre attirail. Je les connaissais tous par cœur, ces fameux lacs ayant tous leur personnalité propre. La petite famille fit donc sa première initiation à la nature. Ils sont tous, par la suite, devenus campeurs. Il n’y avait aucune route dans le temps. Seulement des sentiers de bûcherons, l’eau des lacs et le portage. D'ailleurs, très souvent, les fameux parcs servaient de caches aux compagnies forestières qui faisaient de la coupe à blanc. Quelle vie! Je n’étais pas gros, mais en super forme. Je n’ai jamais eu a me servir d’aucune arme. J’aimais trop les animaux et la nature pour ça. Un peu irréaliste, je pense. Je ne cacherai pas que cet épisode de ma vie fut pour moi une façon de me faire découvrir mon intérieur. Mon amour pour la nature fabuleuse de Mont-Tremblant de l'époque et des humains, dont je me suis tellement occupés.

 

 

 

Mes trois petits frères et ma petite soeurotte!
Un canot, dans le temps, ça ne m’impressionnait pas, et cela, sur des kilomètres qu’on appelait des milles à l'époque. Toute la nuit, on avait entendu crier mon vieux loup que j’aimais bien. Pas dangereux du tout. Et mon vieil ours n’était pas venu nous voir ni mes orignaux, pourtant très curieux. À l’époque, j’étais aussi garde forestier de l’endroit. J’avais donc mon « pad »(Calepin faut-il dire.) pour donner des contraventions. Le camp scout, pas très loin, je ne les aimais pas beaucoup, car ils couraient après les animaux pour leur faire peur. Je leur ai donné une contravention assez salée. N’ont pas du tout aimé.

MES QUELQUES PAS AU THÉÂTRE.

 

 

 

 


Malade Imaginaire de Molière. St-Jean Vianney,
avec tous les équipements et costumes que j’avais empruntés du Collège Saint-Laurent.
En bas, mystère, je faisais 8 personnages différents sur la
plus grande scène du Canada, à Saint-Laurent.
Ce fut la rigolade du temps.

Une pièce de théâtre où je jouais de multiples personnages. C’est tout seul, derrière le rideau que je démarrai la comédie. Un « fun » ainsi qu'une crainte épouvantable et des gens drôles à la tonne. De gauche à droite : André Couture, Robert Rousseau, (ces deux dont je ne me souviens pas, mais que j’estimais grandement), Marcel Fugère (un grand ami.), Richard (moi), Maurice D’Anjou (tout un comique), Jacques Cardinal (si sympathique), Yves Charron (un bon ami) et Jacques Desjardins qui ne cessait de me dire, « Labelle fait ci....Labelle fait ça », car au collège on m’appelait Labelle. Je trouvais Jacques formidable. Il n’avait pas la langue dans sa poche et ne vous envoyait pas dire ce qu’il pensait. Je suis allé pas mal à son école. Chaque groupe classe du collège avait le droit de monter au moins une pièce de théâtre par année. Vous imaginez l’ambiance qu’il y existait et en plus un journal que chaque classe pouvait publier. Nous avions trois auditoriums. Pour entrer au grand journal, il fallait lentement gravir les étapes. C’était un imprimé format tabloïd. Un pour les élèves et un pour les anciens, plus les publications spéciales. Très nerveux sur la scène, j’avais toujours peur d’oublier mon texte. J’en cachais partout sur moi avec en plus, des « souffleurs » professionnels. Et un souffleur professionnel, je vous jure que ça ne souffle pas à peu près. Ça me sauvait à tout coup.
J'avais 17 ans.(1957) 3 rôles différents que je jouais en changeant de costume. Marcel, qui vient de décéder, me tenait la main. Un ami extraordinaire. Mort à Hambourg en Allemagne. À l'époque, on jouait sur la plus grande scène du Québec et je ne suis pas sûr si ce n'était du Canada. C'était une scène tournante fabriquée à New-York. On était les seuls au Québec. Incroyables, n'est-ce pas? De très belles années où j'ai connu des bonheurs et des malheurs, comme tout le monde. La télévision du Canada a commencé sur cette scène. Et pour y jouer, on devait réserver à Radio-Canada. Incroyable!
Debout, nerveux, derrière l’immense rideau de 30 pieds de haut et d'une tonne et demi de pesanteur de la scène de Radio-Canada à Montréal, j’attends, fébrile, que cette porte (Les professionnels l’appellent le quatrième mur. Il faut dire que c’est le mur le plus difficile à « traverser ».) mystérieuse s’ouvre pour me permettre de donner mon premier « punch » comme je l’appelais, façon de briser la glace ainsi que le trac qui me déchirait littéralement le corps. J'ai jamais compris pourquoi ces pères m’ont fait tellement confiance car Je n’avais jamais joué sur scène avant. C’était la première fois. Et de l’autre côté de ce rideau, rouge vin, les éclairages qui commençaient à s’ajuster avec cette équipe d’éclairagistes cachés, tous en petite tenue, tellement les rhéostats dégageaient une chaleur insoutenable. Ces appareils, dont le rôle était l’ajustement de la force des éclairages sur la scène. Et dans la grande salle, 1200 personnes. Tous les élèves du collège et des parents et du public. À l’époque, St-Laurent avait la plus grande scène et la seule scène tournante au Canada, de quoi donner des vertiges à n’importe quel artiste, pro. ou amateur. Nous avions, dans le temps, une scène, directement commandée de New York. Nous n’avions rien à envier aux Américains, sauf Broodway. Le père Leduc, debout, pas très loin de moi m’entretenait de mots pour me calmer et n’arrêtait pas de dire que j’allais être très bon. C’est lui qui m’avait pratiqué en partie, mais surtout le père Arbour. Oui, notre scène venait de Broadway, tout ce qu’il faut pour me donner davantage un trac fou. Démarrer une pièce, c’est comme amorcer un plongeon. La pleine confiance doit nous envahir dès le début de celui-ci. On m’avait bien averti qu’à la levée du rideau, je ne verrais personne. La force des éclairages m’empêchant de voir quiconque. Ces bons pères, quelles expériences uniques ils m’ont fait vivre. Ils m’aimaient, je n’en doute plus maintenant. J’ai enterré mon dernier « père » presque moi-même, tout seul. Un vrai papa. Le père Arbour qui me comblait de cadeaux.
Et subitement, le premier coup de bâton donné sur le plancher de la scène, annonce le début pour tout le monde, la salle et l’arrière-scène. C’est un départ. Deuxième coup. Je prends mon souffle et je me sens déjà devenir comique. Troisième coup. L’orchestre, dans la cage de l’orchestre qui joue, les éclairages, et cet immense rideau d'une tonne qui peut vous casser une jambe si en s’ouvrant, vous êtes sur son chemin. Et les applaudissements, dès le début, quelle gentillesse. Et je me mets à crier, parler, gesticuler. C’est un tonnerre d’applaudissements et de rires. Oui, y fallait être fou, mais j’étais comique et j’avais une voix extraordinaire me disait-on, qui portait parfaitement. On nous enseignait à « cracher dans le masque » comme on disait. J’en « crachais » tout un coup. Et ces premiers rires furent le réel démarreur de mon enthousiasme. Je savais que je venais « d’avoir » ma salle, car, dans tout ça, il y a beaucoup de séduction. Et je voyais tout ce monde dans les coulisses qui me regardait et qui m’envoyait des « bécaux » d'encouragement, etc. Je me sentais aimé. Il ne fallait pas que je me fasse distraire, sinon, j’aurais eu les larmes aux yeux. Pas question. Il fallait jouer. « The show must go on! »
Et avant tout cela, la fameuse salle de maquillage qui faisait la réputation de Saint-Laurent. Une dizaine de chaises, style chaises de barbier, en deux rangées et les miroirs et les lumières autour. Tout comme à Broadway. Et devinez. Je m’assoyais en tenue légère et tout à coup, surprise, on m’inondait de poudre blanche qui faisait disparaître tous mes traits. Sur l’instant, je m’appelais « personne » et progressivement, les maquilleurs, maquilleuses y ajoutaient des traits qui me rendaient le personnage que je devais être. La première fois qu’on me fit le coup, je ne savais vraiment pas comment on allait me refaire une figure. À deux, trois maquilleurs, maquilleuses à la fois, mon personnage prenait vie très rapidement. C’est le père Leduc qui dirigeait les opérations. Spécialiste dans le domaine et bien d’autres. Architecte, ingénieur, spécialiste en scénographie, il s’occupait de commander les costumes à New York, Paris et Londres. Nous avions des robes de bal conservées dans des écrins tels de gros violons d’orchestre. Tout ce qu’il fallait pour impressionner le jeune ado. que j’étais. Quelle merveille! Je me rendis saluer Gratien Gélinas pour lui apporter quelque chose. Surprise, le père Leduc était là, à discuter des décors de la fameuse comédie musicale de Broadway, Hair, ou la moitié des personnages étaient quasi nus, un seul était tout nu dès le début, jusqu'à la fin de la pièce. C’était presque la révolution à Montréal. On se demandait comment les autorités allaient réagir. Il n’y eut rien. Tout le monde qui voulait protester avait compris qu’ils n’avaient plus du tout le vent de leur bord. C’était la « Révolution tranquille », pas toujours si tranquille. Le père Leduc fut aussi responsable de la sonorisation de la salle Wilfrid-Pelletier (Bolth, Beranek et Newman) , de la Place des Arts. C’est lui qui compléta aussi les travaux de l’Oratoire St-Joseph à la demande expresse du pape en personne, car la chicane était « pognée » chez les bons pères qui ne s’entendaient pas sur le comment terminer les travaux de l'oratoire et le père Leduc, qui de son côté, était scandalisé de toutes les bavures qu’il y avait eues. (Secret d’État! Personne n’a jamais su ça. Et vous aussi, vous gardez ça « top secret ».) Merci, à genoux, mes bons papas et mamans cachées, les bonnes sœurs, pour avoir tant pris soin de moi.
Et la pièce se termina dans un tonnerre d’applaudissements. Bien certain qu’une pièce de théâtre à St-Laurent c’était comme une partie de hockey, tout le monde devait être là pour encourager les leurs. Une manie que les gars du hockey avaient prise après m’avoir ramassé dans le coma. À la fin d’un événement, pour me remercier, on m’embrassait par l’arrière, sur le cou. Cet événement dramatique nous avait tout rendu, frères... d’armes. Ce fut vraiment le moto du tous pour un et un pour tous. J’ai dernièrement parlé à mon bon Georges (Brossard). M’a téléphoné le matin et j’entendais un bruit qui faisait waw waw waw waw. J’ai dit, c’est qui l’animal qui est au téléphone? Et la grosse voix m’a répondu, « C’est Georges, Georges Brossard. » « Comment ça va mon Richard? » « T’es dont fin mon Georges! T’es dont fin! Tu ne changeras pas. Toujours généreux, cher Georges des papillons de l’Insectarium et du monde entier! Tous des cadeaux que tu as pu nous donner.  Nous sommes frères pour l’éternité. Je te serre fort mon Georges. On doit se voir prochainement. Incroyable. 62 ans plus tard! Oui, frères pour l’éternité.

UN GRAND AMI QUI ME QUITTE
MARCEL FUGÈRE DE NEW-CARLISLE, BAIE DES CHALEURS, GASPÉSIE
À l'instant, Marcel, un grand ami qui me quitte. Tout un artiste en plus. M'a appris beaucoup au théâtre et à la danse. A fait partie des Grands Ballets canadiens à Toronto à l'époque. Il pratiquait dans une grande salle de toute beauté, entourée de miroirs, de l'Université York de Toronto. J'allais le voir régulièrement pour l'encourager, car j'étais dans l'Aviation, à Centralia, tout près à l'époque. Était à contrat avec l'Opéra allemand de Hambourg. C'est lui, à gauche sur la photo ci-bas. Danseur étoile.

 

 

 

 

 


Tout un bonhomme que ce Marcel. D'une morale à quasi foudroyer un pape. Bref, un être intègre, être d'exception greffé à un grand humaniste. Un esprit grand ouvert.

Photo 2. Marcel, c’est lui qui me tient par la main. Avait une personnalité incroyable. Me présentait à une tonne d'artistes. Pouvait bien me tenir la main. Merci Marcel. « Cré » Marcel.
(Tom, Michael, Niko, Andreas, Klaus, Claus et Britta ont presque réussi à vie Marcel chercher ensemble, GROSSIÈREMENT CLASSER ET STOCKER. La fin du mois de janvier est chaotique affectueusement son appartement au loueur remis vide. C'est triste, ces traces d'un homme. Mais nous avons une infinité de belles photos trouvées et voulez-vous mettre en valeur. ) (Mot à mot de l'allemand.)

Photo no. deux (Voir la photo ci-haut.) La pièce de théâtre où je jouais de multiples personnages. C’est tout seul, derrière le rideau que je démarrai la comédie. Un « fun » ainsi qu'une crainte épouvantable et des gens drôles à la tonne. De gauche à droite : André Couture, Robert Rousseau, (ces deux dont je ne me souviens pas, mais que j’estimais grandement), Marcel Fugère, (un grand ami.), Richard (moi), Maurice D’Anjou (tout un comique), Jacques Cardinal (si sympathique), Yves Charron (un bon ami) et Jacques Desjardins qui ne cessait de me dire, « Labelle fait ci....Labelle fait ça », car au collège on m’appelait Labelle. Je trouvais Jacques formidable. Il n’avait pas la langue dans sa poche et ne vous envoyait pas dire ce qu’il pensait. Je suis allé pas mal à son école. Chaque groupe classe du collège avait le droit de monter au moins une pièce de théâtre par année. Vous imaginez l’ambiance qu’il y existait et en plus un journal que chaque classe pouvait publier. Nous avions trois auditoriums. Pour entrer au grand journal, il fallait lentement gravir les étapes. C’était un imprimé format tabloïd. Un pour les élèves et un pour les anciens, plus les publications spéciales. Très nerveux sur la scène, j’avais toujours peur d’oublier mon texte. J’en cachais partout sur moi avec en plus, des « souffleurs » professionnels. Et un souffleur professionnel, je vous jure que ça ne souffle pas à peu près. Ça me sauvait à tout coup.
J'avais 17 ans.(1957) 3 rôles différents que je jouais en changeant de costume. Marcel, qui vient de décéder, me tenait la main. Un ami extraordinaire. Mort à Hambourg en Allemagne. À l'époque, on jouait sur la plus grande scène du Québec et je ne suis pas sûr si ce n'est du Canada. C'était une scène tournante fabriquée à New-York. On était les seuls au Québec à avoir un tel équipement. Incroyables, n'est-ce pas? De très belles années où j'ai connu des bonheurs et des malheurs, comme tout le monde. La télévision du Canada a commencé sur cette scène. Et pour y jouer, on devait réserver à Radio-Canada. Incroyable!

"Choura" and Mikhail Baryshnikov in the Hamburg Opera House, Hamburg, Germany, 1976. -Collection Marcel Fugere.
Caro, I am an internationalists! I love every one. Could be some bad people, few, but most of them GOOD. I am a people lover. This is what make me sad about Marcel. I suspect he was afraid to be judged by me because I was going to be a priest few years later. That literally breaks my hart. I was a Marcel lover, he was a god for me. I feel sad, very sad, about that. He did'nt know that I was working with the most fragile people of the town. Poor people. I did work with people working in sex, trying to help them especially for their children.Yes, I am a people lover and a Marcel lover. I quitted priesthood few years after but worked for needed people all my life. I am an expert in suicide prevention. I published on the subject as a researcher. So, Marcel didn't know, but he was having a loving friend. My dear Marcel. So are Marcel's friends who are my friends, I love you. For the last ten years I did visit a rough jail to listen prisoners talking to me. I am a people lover.
LA SÉDUCTION ET LE THÉÂTRE

Certains diront que ça ne sert à rien dans la vie, le théâtre. Si vous dites ça, c’est que vous ne connaissez rien, je dirais... à la vie. Le théâtre, c’est surtout l’art de séduire et on ne séduit pas avec la baboune et les grosses voix. On séduit en allant chercher la personne sur son terrain, sur ce qu’elle aime, sur ce qui la fait vibrer, sur ce qui la préoccupe le plus, sur la vie, quoi. Je vais déraper un peu si vous permettez. J’arrivais en classe et je me demandais vraiment comment j’allais commencer mon cour et faire pleurer mes élèves. Oui, oui, oui, oui. Faire pleurer. Ça m’arrivait parfois. Et je braillais aussi, alors, ils en étaient quittes. Et je commence le cour... « Vous ne trouvez pas qu’aimer, c’est souffrant? leur demandais-je? Et vlan, je les avais tous piqués au vif. Ne savaient plus comment s’asseoir. Ils étaient déstabilisés. On se mit à parler de nos histoires d’amour. Du flirt. De la gêne. Ils en tremblaient presque. J’embarquai dans le jeu pleinement. Et en plus, je parlais de mes enfants. Bien oui…. L’AMOUR avec un grand A. Ce fut un cour dévastateur. Tout le monde pleurait, mais aussi, riait. Des niaiseries que j’avais faites, je leur disais. Ça riait. Et les gars? Devinez? Devenaient beaucoup plus émotifs que les filles. HA! HA! HA! HA! Je vous ai eu hein? Un cour sur le sexe, pas vraiment, mais un cour sur le vécu comme femme ou comme homme avec toutes les variables qui peuvent exister. Car oui, la sexualité humaine est un domaine privilégié d’expression de soi comme tous les domaines humains. (Vous saviez. Nous sommes le seul peuple (québécois) d’Amérique du Nord qui a les adolescents sexuellement les plus épanouis du continent. Canada anglais! Pas fort! Américains! Pires!

L’AVIATION. MON EXPÉRIENCE.

 

 

 

Moi et mon avion préféré, mon
Dakota. J’aimais voler avec
en pleine nuit. Quel tril!

C’était à Centralia, Ontario, au nord de London,
tout près des rives du lac Érié qui dans le temps
étaient superbes. La mention de la Reine,
qu’est-ce que vous voulez, quasi toute la famille avait fait la guerre.

Du temps que je fus dans l’aviation, on m’affecta au groupe d’élèves pilotes de l’OTAN. Quelle expérience! Donc, j’eus le grand plaisir de travailler avec plusieurs nationalités, dont des Suédois et des Norvégiens, des Turques, des Danois et j’en passe. Cette après-midi-là, on venait tout juste d’avoir un accident d’avion à l’école de pilotage. Le jeune Norvégien s’était trompé de piste et avait plutôt pris le champ des vaches. Il fut blessé au cou. Comme c’était un Norvégien, flegmatique, calme, tempéré, observateur, etc., etc. Une demi-heure après l’accident, il était déjà assis avec nous pour le dîner comme si de rien ne s’était passé. Il riait et avait dit entre autres, tu aurais du voir les vaches quand elles m’ont vu arriver. Un Anglais aurait été en choc nerveux et bien d’autres nations aussi. Un Norvégien, calme, respectueux et surtout, rieur. J’ai appris beaucoup de ces gens qui se vantaient d’avoir commencé à téter non pas leurs mères, mais la bouteille de bière à leur naissance. Car ça buvait, et pourtant, jamais saouls ou presque. Bien lire l’article ci-bas. C’est un peuple qui n’est pas prêt à se laisser fouiller dans la culotte pour abandonner sa liberté. Pas tout à fait. Ce fut pour moi, une vraie leçon de vie. En plus, c’étaient des pilotes extraordinaires. Pas des  peureux.
« La Norvège.  C’est un pays modèle. L’une des nations les plus riches du monde, tolérante, sociale démocrate, citée en exemple à tout propos. Et pourtant, c’est au cœur de cette douce Norvège, qui décerne chaque année le prix Nobel de la paix, que s’est déroulée l’une des pires tueries de l’histoire moderne. »
« Le carnage a commencé avec un attentat à la bombe visant les immeubles gouvernementaux du centre d’Oslo, le 22 juillet 2011. Anders Behring Breivik s’est ensuite rendu dans l’île d’Utoya, près de la capitale, où étaient réunis des centaines de jeunes sociaux — démocrates. Armé d’une mitraillette, le terroriste d’extrême droite a tiré de sang-froid sur les jeunes, bloqués sur l’île. Comme dans un jeu vidéo. La tuerie a duré deux heures et a fait 77 victimes. »
« Malgré l’horreur du massacre, les autorités ont refusé de céder à la panique. « Notre marque de fabrique, c’est une société ouverte, et c’est cela qui est attaqué aujourd’hui », a déclaré le premier ministre Jens Stolenberg. Son gouvernement n’a pas resserré les mesures sécuritaires, pas plus qu’il n’a adopté de lois antiterroristes. « Nous ne sacrifierons pas nos valeurs. Notre réponse est plus de démocratie, d’ouverture et d’humanité, mais jamais de naïveté », a promis le premier ministre. »
« Sa réaction a été bien différente de celle du président George W. Bush au lendemain des attentats du 11 — septembre aux États — Unis. En Norvège, pas question d’espionner les citoyens, ni de restreindre leurs libertés au nom de la sécurité. Cette attitude d’ouverture a fait l’unanimité parmi les politiciens – et la population norvégienne. »
« Après la tuerie, personne n’a remis en cause la compétence des services de sécurité. Et personne n’a tenté d’instrumentaliser l’émotion suscitée par l’attentat à des fins politiques, a constaté le quotidien français Le Monde avec une pointe d’envie : « Dans son malheur, la Norvège reste fidèle à elle même. Elle s’interroge, mais ne se renie pas. Une leçon pour nos démocraties. » (Tiré d'un article que je ne trouve plus.) Un véritable hommage à la Norvège.

 

 

 



Une approche où j’étais assis sur le bord de la porte, tout heureux, tout
juste sur le bord de la porte pour sauter en parachute à Trenton.
Trenton, dans le temps, était la plus belle base militaire de l’aviation au Canada, sur le bord du Lac Ontario, un paradis. On y mangeait dans la grande salle à manger de la reine. Vous auriez dû voir l’ameublement. Pas possible! Quand je descendais de l’avion, je devais déposer ma casquette dans un plat d’argent qu’un jeune page gardait avec lui pour m’accompagner, finalement, jusqu’au mess des officiers. Il y en avait plein pour ébrouer tout le monde mes amis, c’est certain! Moi, j’étais très intimidé, pas habitué à un tel décorum. Et mes amis, il y avait une marina.... les officiers s’en payaient des bateaux, pas seulement des avions. J’étais vraiment émerveillé. Mais, l’avion pour moi, c’était le summum. J’ai fait mon premier voyage d'avion, en pyjamas, direction Churchill, car plusieurs pilotes devaient faire leurs heures et me forçaient à embarquer même si je n’étais pas convenablement habillé. Tout un monde!

ST-JEAN-VIANNEY
Oui, c'était typique de nos collèges. St-Jean-Vianney ne fut pas très différent de Saint-Laurent à cet égard. Nous étions bien sûr dans un séminaire, mais je vous dirai tout de suite qu'une gang de gars, c'est une gang de gars et qu'une gang de gars, c'est dangereux! Pas toujours, mais souvent. Ce furent les années 1960 à 65. Cinq ans d'étude acharnée avec les examens tous les lundis matin. Ce qui voulait carrément dire que toute la fin de semaine, on étudiait comme des fous. Une discipline de fer. Ces examens me rendaient quasiment toujours malade. Un stress épouvantable que m'évita, plus tard, mon université américaine tellement ils trouvaient terrible ce que je vivais. Ce n'était plus le même monde, c'était un monde très au fait de toutes les dernières parutions scientifiques. Indiana fut le sommet pour moi, mais St-Jean-Vianney fut le summum pour ma spiritualité, mais aussi, la littérature, les centaines de lectures, le latin, géographie (dont j'étais fou), l'histoire, la géométrie, les maths modernes, etc.. J'étais un enragé de lecture et j'ai eu l'occasion de lire au moins partiellement quasi tous les grands saints de l'Église sans compter mon année de silence, le noviciat, qui me donna l'occasion aussi d’enrichir grandement ma vie intellectuelle et ma spiritualité.
Bien certain qu'on m'avait bien « inspecté » à mon arrivée. Interview serré par le père Bouchard sur ma spiritualité. Après cette inspection, le père Bouchard, qui m'avait interviewé devint quelqu'un dont j’eus toujours la confiance durant toutes mes années de séminaire. Je lui avais parlé à coeur ouvert. Il avait été presque traumatisé de connaître tous les périples que j'avais faits en plus des nombreuses aventures que j'avais connues. J'étais très sérieux, je voulais faire un prêtre et pas n'importe lequel. Alors, je prenais les moyens. La prière en particulier et la lecture. Une lecture sans fin des grands saints de l'Église y compris de Saint-Exupéry, tout cela pour faire rire mon directeur spirituel, comme on appelait ça dans le temps.

Je dois avouer avoir eu des éducateurs et des professeurs en or. La majorité de ceux-ci étaient des laïcs, spécialistes de haut vol dans chacun de leur domaine. St-Jean-Vianney ne payait pas du tout en apparence, mais un esprit incroyable y résidait. On faisait vraiment des merveilles avec quasi rien. Tout le monde mettait la main à la pâte. Quelle solidarité. En plus, j'arrivais avec ma formation du collège Saint-Laurent et les pères s'en rendirent compte tout de suite. On me sollicita donc pour toutes sortes de petits services qui allaient enrichir le curriculum de St-Jean-Vianney, quoique notre collège n'avait pas à apprendre du grand monde pour la qualité de son enseignement.

Il arrivait régulièrement des accidents dans nos collèges. Bien sûr, comment faire différent avec des gars. Y faut surtout jamais dire à des gars que telle chose est dangereuse. Ce n'est pas du tout un conseil que vous donnez mais plutôt un défi que vous lancez à la « horde ». Un bon confrère de collège fut accidentellement « perforé » par un javelot « perdu ». Panique! Mais malgré tout j'ai pu rapidement le rassurer. C'était certain qu'il n'était pas en danger de mort comme il me le demandait. Je pris la peine de passer le doigt autour du dard du javelot pour lui démontrer qu’il n’y avait pas du tout de plaie ouverte. Il n’y avait d’ailleurs pas une seule goûte de sang. Le javelot a fait « pluk! » et tout s’est refermé instantanément autour de la pointe, bien logée dans un muscle du dos. L’ambulance arriva, on embarqua mon copain et une fois parti, je me suis étendu de tout mon long par terre. Je venais de perdre connaissance, quasiment en état de choc. Le plus curieux, mon état fut considéré plus grave que mon copain au javelot. C'est tout comme si la pointe au bout du javelot m’avait comme « brisé » le cœur. Il avait pour nom de famille, Poisson. Il devint plus tard, prof. d’éducation physique à Sherbrooke. Quelle aventure!

 

 

 

 

 

Un très bon ami de St-Jean-Vianney, Robert Brosseau à l’Expo 67

Pauvre Robert. Il était mal à l’aise à notre dernière rencontre? Il avait peut-être peur que je parle trop, car nous avons assez souvent fait la fête à l’Expo 67. Rien de mal n'a été fait. Je lui présentais, à l'époque, des fameuses de belles femmes. Katerina ne fut pas la moindre. Elle connaissait à peu près tous les p’tits marins qui arrivaient de divers pays de par le monde. Oui, elle était "internationale" et oui, oui, oui, j’avais des contacts. Peut-être, Robert avait-il peur que je parle trop pourtant, il n'a rien fait de mal ce cher Robert. En tout cas, il pourra dire qu’il en a profité et que c’était très souvent son chum (moi) qui l’alimentait en beautés fatales. Il était souvent pâle le lendemain. Pas surprenant. L’année d’avant, pour aider mes finances, j’avais fait du taxi. Deux années plutôt qu’une. Or, si tu veux faire de l’argent avec le taxi il faut que tu connaisses les « milieux douteux ». Je me fis rapidement une collection enviable. C’est comme savoir parler anglais chez les Anglais. Or, mon agenda de séminariste fut plein de toutes ces adresses exotiques qui me permettaient de faire de l’argent, pas mal, et Robert le grand, en bénéficia indirectement. Un grand 6 pieds et 3 vers le 4pcs, blond, yeux bleus, etc., etc., etc. Il m’a suivi à l’œil pendant toute l’Expo. Il fut toujours intéressé et gratifié, bien sûr. Nous étions de très grands amis. Et moi, futur prêtre, je comprenais bien mon « p’tit copain »! J’avais le fou rire. Alors, oui, oui, oui! Il n’a pas manqué aucune occasion le grand six pieds. C’était un copain de collège, mais un peu plus jeune que moi. Y pouvait bien avoir l’air en panique quand je lui ai dit mon âge. Cré Robert. Il ne perd rien pour d’attendre. À la prochaine occasion, je vais lui servir la « soupe », assez chaude, merci. C’est un bonhomme que j’estimais énormément et que j’estime encore. Son frère allait en vitesse en avion nous chercher du chevreuil dans l’ouest et revenait, tout cela en dedans de 2 heures et demie, trois heures. Il était pilote de chasse pour l’aviation canadienne. Il s’appelait Richard comme moi et les avions, on en mangeait. Ouais, ouais, ouais, le grand maudit, y peut bien se sentir mal. Pour bien des raisons d’ailleurs. C’était aussi un gars très d’affaires. L’avoir écouté, j’aurais sans doute eu une vie plus facile, mais pas dans mon domaine. Je voulais vous faire rire un peu, chers amis. Mais, là, mes chers, si vous aviez vu les femmes qui m’entouraient à cette Expo 67! C’est ce qui est arrivé à Robert. Blague! Subjugués par les beautés. Y paraît que j’avais l’air innocent, me disait-il. C’est vrai. À savoir si je l’étais.... pas tout à fait!
Et « pi » t’es encore là, p’tit maudit! Vous raconter les six mois de l'Expo que j’ai vécus! Ça ne se peut quasiment pas. Ma patronne est devenue vice-présidente de Esso en sortant de l’Expo et j’étais son adjoint. Dire que Robert était pas à peu près en maudit contre moi que je ne profite pas de l’occasion pour avoir une belle job. Il avait, en plus, parfaitement raison. C’était vraiment un gars d’affaires qui voyait toutes les occasions. J’aurais eu beau me donner un bon coup de pied à la bonne place, ça ne changerait rien. Oui, je suis sûr qu’il trouva dur de me voir vieillir en pensant à tout ce qu’on avait vécu de fun d'autant plus que j’avais la réputation terrible d’être un peu le fêtard qui ne se couchait pas ou si peu. Robert, lui-même, n’arrivait pas à me suivre et tombait endormi. Trop drôle. Je ne peux plus rien faire de tout cela, maintenant. Même, ma fille Sarah pleure de me voir vieillir. Bon, c’est la vie.
 Il y a d’autre chose au fond de tout ça, je pense. Robert avait une grande admiration et amitié pour moi. Un genre de gêne, de retenue, je ne sais trop quoi, mais aussi une grande amitié. Il m’a toujours eu en grande estime voyant peut-être que j’avais du « poil » aux pattes depuis un bon bout de temps. On pouvait rire, s’amuser et tout ça, mais je sentais qu’il me prenait toujours très au sérieux et n’aurait osé me demander une rencontre, car pour lui, c’était à moi à lui demander comme dans l’ordre des choses. Son frère était pareil. Il me donnait des conseils très pertinents, mais sans arrogance et je lui ai dit... » tu avais raison Robert! » Mais, je n’ai jamais dit, j’aurais du. Curieux la vie! J’espère que j’aurais la chance de me reprendre entre-temps, car j’aimerais bien ça le revoir ce Robert. Curieux aussi, l’amitié!

L’OUEST

 

 

 


La magnifique forêt de l'Ouest, près du Yukon, nous attendait. Nous étions
tout près de Dawson Creek avec son hôtel Montréal, style French Cacan. Celui
dont la tête dépasse au milieu de la photo, mesurait 7 pieds et avait 15 ans.
Venait de San-Francisco. Il avait peur de moi. Je n'aimais pas ça du tout. Il a
appris à me connaître. Main ferme dans un gant de velours! Expérience
extraordinaire! J'en ai un qui avait l'air triste. Sa blonde n'était pas encore
arrivée, le pauvre! Cré Bob! Est devenu directeur de Radio-Canada anglais
à Toronto. Si je l'avais écouté, j'aurais sans doute été directeur de d'autre
chose mais, pour moi, ma liberté passait avant tout.

Oui, ma vie a été un peu genre vie de bohème. Il fut un temps où on pouvait me décrire à peu près dans le genre. Je me levai un matin, j’étais décidé, je partais pour l’ouest, Vancouver, etc. Je voulais voir mon pays et y trouver un job en même temps. On me fit comprendre à l’époque, que dans l’ouest, les jobs poussaient dans les arbres. Ce fut presque ça. Je téléphonai à mes amis Bob de Montréal et Paul de Toronto. Je savais, en particulier, que Paul avait du nerf. Il avait vu les grizzlys passer depuis longtemps et il n’avait surtout pas du tout froid aux yeux. C’était l’homme qu’il me fallait. Des arrangements furent pris et finalement Bob m’avait trouvé un "deal" formidable. On me payait mon billet de train. Le truc, prendre en charge une bande de petits morveux d’Anglais pour les amener jusqu’à Prince-George. J’avais l’expérience avec les jeunes et on me croyait facilement capable de remplir la commande. Bob ne se sentait pas les nerfs suffisamment solides pour prendre le relais. J’acceptai avec plaisir. Le premier rendez-vous fut à l’école des jeunes et le deuxième, à la gare Centrale. L’aventure vers l’ouest commençait. Les "ti kids" ne perdirent pas de temps pour m’éprouver et connaître mon « adresse ». Ils la connurent. Après Toronto, dans un délire de rage, je leur fis comprendre que je ne voulais plus entendre le mot « fuck ». Que s’ils avaient le goût de me tester, je les... en dehors du train de la plus belle façon. Que leur retour à Montréal se ferait à pied. Un grand malaise se créa. Le boss, le seul qui parlait français, allait leur donner des coups de pieds au cul s’ils avaient le malheur de le tester. Mais j’étais surtout, dans mon âme la plus profonde... UN ÉDUCATEUR et je les aimais beaucoup. Vous vous imaginez, certains pleuraient parce qu’ils s’ennuyaient de leur mère. Je devins alors, assez vite, un genre « nounou » pour tous ces jeunes Anglais canadiens. Et la forêt de pins de Colombie avec son tapis d’or (6 pcs d’épaisseur d’épine pin) et son toit fait de touffes de quelques branches vertes à quasi 100 pieds au-dessus de vous et le lac tout vert qui nous regardait. (Bear Lake dont les eaux se déversaient dans l’océan Arctique). C’était une véritable cathédrale qui nous invitait à retrouver notre innocence. Je ne le cache pas, dans ce lac, je m’y baignai souvent malgré le froid. Mais, ce froid n'était pas du tout du style de Montréal. C'était un froid particulier qui s'endurait assez bien. Dans cette eau, j’avais l’impression de retourner dans le sein de ma mère. Dans mon inconscient, je crois, c’est ce que je faisais. J’embrasse bien fort ma maman qui est en haut. Elle doit sûrement être émerveillée de voir tout ce qui m'entoure!  Oui, nous allions vers l’ouest, mais cette fois en train, genre parfait train western avec la petite fournaise à bois dans le coin et les fameuses lampes à l’huile que l’on trouvait dans les bars de cowboys. Un décor fantastique. Mais, mes petits Anglais voulaient encore me tester. Ça parlait un peu cru. Ils ne savaient surtout pas ce qui les attendait ces petits « marsouins ». Je gardai le silence total, mais j’avais remarqué qu’on venait d’embarquer une autochtone qui se préparait d’urgence à mettre au monde un beau p’tit bébé.  Quand elle commença à crier, la panique prit chez mes jeunes. Ils voulaient partir. Nous étions quand même à l’autre bout du wagon. Alors, je leur ai dit, vous avez parlé assez crûment depuis quelque temps, alors, je veux que vous entendiez un enfant arriver au monde. J’avais avisé les responsables du wagon qui furent d’accord avec moi. Et je m’installai avec mes "ti-culs" qui en tremblaient. Une heure plus tard oui, oui, oui un enfant adorable nous était né comme ça. Et mes jeunes qui passaient par toutes les couleurs de figure, mais qui doucement reprirent leur souffle et tombèrent plutôt en mode admiration. Ils trouvèrent ça tellement beau. Je fis signe à la maman pour qu’elle accepte de les recevoir, un à la fois, pour les félicitations. Et les p’tits maudits, certains, c’étaient faufilés pour aller acheter des cigares... pour le père. Je les trouvai vraiment superbes. Ils furent tous reconnaissants après l’événement de ce que je venais de leur faire vivre. Ces jeunes étaient tout en admiration de voir que j’avais un peu anticipé l'événement et me préparais à leur en mettre plein les yeux. Ce fut un événement de plus à ajouter à leurs aventures qui débutaient dans l’ouest. On reconnaît les bateaux aux tempêtes qu’ils affrontent. J’avais trouvé mes jeunes pas mal extraordinaires et on avait vraiment organisé un pique-nique de fête pour le souper. Et ça jasait là, mes amis!!! Y compris moi! Bien sûr.   Le fameux train qui n’existe plus aujourd’hui, je crois, était le genre qui « pissait » à tous les poteaux. Il fallait être très patient, car il ravitaillait tous ceux qui en avaient de besoin. Donc, arrêts dans à peu près tous les groupes autochtones qui jalonnaient cette route. etc. Cette aventure, je l'ai aimé comme un p’tit fou, mais quand j’arrivai à Montréal après ce tintamarre, je fus du pour un bon trois jours de sommeil d’affilé, caché chez ma tante Pauline qui savait bien garder le secret, tout heureuse de m’avoir avec elle.
L'initiation
Il fallait bien un jour que ça m'arrive et ça m'arriva. Je fus vraiment gâté dans l'ouest. Vous vous imaginez. Le matin, mon cheval, à l'occasion, me réveillait. Il hennissait de plus belle. Quand je lui disais "chut up" il revenait les dix minutes suivantes et ainsi de suite. Un vrai « snoozer » à quatre pattes. Et le pire, quand je daignais me lever, mon cheval m'attendait. C'est lui qui m'amenait au lac avec toute ma trousse pour que je puisse m'y laver et me baigner. Pas un chat, sauf un cheval, bien sûr. Je me mettais tout nu, me lavais et me baignais pendant un 15 minutes avant de daigner m'assécher, remonter sur mon cheval pour aller déjeuner. C'est le luxe que je me payai pour être le patron d'une bande de petits morveux que j'adorais. Ceux-ci le savaient que je me payais ce que je voulais. Parfois j'en embarquais un ou deux avec moi pour la saucette matinale. Il fallait qu'ils souffrent de me voir en petite tenu, car il n'était pas question dans ma tête de changer mes habitudes. Mais ces jeunes étaient tout simplement émerveillés de voir la beauté du lac. Ces jeunes s'acclimatèrent à moi et finirent par bien m'aimer. Je le sentais. Ils vivaient avec une personne juste qui les aimait, mais qui ne laissait pas passer les bourdes. Le plus important pour moi, je voulais qu'ils apprennent. Je ne fus pas du tout le seul patron de la place. Bob O'Reilly, mon copain le fut aussi. Quelques années plus tard, il devint directeur de Radio-Canada anglais pour tout le Canada, à Toronto. Il avait un « mon' oncle » sénateur. Ça aide, bien sûr. Mais nous étions de grands, très grands amis et rien n'y fit pour semer la zizanie entre nous deux. Il était chanceux, il avait sa blonde avec lui. Quand il protesta pour mon cheval, je mis sa blonde dans la balance. Tout se replaça comme si rien n'était arrivé.

Dans le temps, l'amour en Réserve autochtone.
Mais, moi aussi, je voulais une blonde. J'étais peut-être séminariste, mais je n'avais pas du tout l'impression d'être fait de plâtre. Je le savais depuis longtemps. Mon Bob, qui était un spécialiste des intrigues en parla à mon bon ami autochtone avec qui j'étais très proche. Ingénieur en électronique, diplômé de Simon-Frazer University de Vancouver, celui-ci venait réfléchir sur la réserve à savoir s'il était pour retourner travailler chez les Blancs ou retourner à sa trappe. Ceci me troublait terriblement. J'essayai de comprendre. Vivre « riche » chez les Blancs. Heureux? C'est une autre chose. Ou pauvre et heureux, fidèle à sa culture, en vivant de sa trappe au Yukon ou quelque part ailleurs. Je manquais vraiment de maturité pour comprendre un tel enjeu. Vivre, fidèle à son âme, ou courir toute la vie après l'argent. Car celle-ci est un maître impitoyable qui nous taraude tellement que nous n'en n'avons jamais assez. Donc, mon Bob trafiqua quelque chose avec ce bon ami ou lui « joua du violon » dans le genre « Poor Richard! You know, he's alone and need a girld friend. Même si j'avais été d'une autre orientation, Bob aurait fait la même chose pour moi, car chez les autochtone et chez Bob, ça n'avait pas vraiment de différence. Un monde très ouvert sur ce point, les enfants étant libres jusqu'à 14 ans. Et pour toute sa vie, on ne donne jamais d'ordre à un autochtone. Il sont totalement libres, à vie, dans leur âme et dans leur corps. Donc, bien difficile pour les blancs que de comprendre ces peuples. Ils vivent tout simplement au rythme de la nature qui est leur seule horloge. Finalement, j'appris par mon bon ami qu'on me cherchait une femme. Il n'aurait jamais osé dire ce qu'il pensait vraiment, mais je le devinai. Quand je me levais le matin, mon cheval me parlait! Pas bête un cheval. Non, mon cheval ne me parlait pas, mais me permettait, en s'occupant de me trimbaler partout, oui, il me permettait de réfléchir. Je devins craintif, car, je savais très bien, pour connaître ces autochtones, qu'ils pouvaient, à l'usage, t'offrir les services de leur propre femme. Ca me faisait vraiment peur, car je ne me voyais surtout pas coucher avec la femme de mon meilleur ami qui avait quand même plus d'une femme, tout cela bien caché. On est coureur des bois ou bien on ne l'est pas ou coureur après d'autres « choses ». Et quand ces gens t'offrent leur femme, ils peuvent être très sérieux, car pour eux, c'est un honneur qu'ils te font d'agir ainsi, car ce processus favorise l'échange des « liquides » qui vont améliorer la race autant pour eux que pour toi. Ils sont aussi convaincus que dans la relation avec la femme, l'homme retire et retient quelque chose de celle-ci. Son organisme à lui aussi est modifié selon les liquides différentes nations autochtones. N'est-ce pas les autochtones d'Amérique qui nous initièrent à l'amélioration de la race chez les chevaux par exemple. Ils savaient comment mettre en réserve un mâle exceptionnel pour attendre une jument, qui elle-même en réserve à cause de ses performances, pourrait être présentée au mâle. La même chose pour les fermes dans le monde. Des catalogues de millions de bêtes offrent les spermes de tel ou tel autre animal pour qu'il puisse être utilisé afin d'améliorer la race. Pour certains autochtones, le rationnel est le même.

 

LE MÉTIER DE TAXI
J'ai aussi fait, en particulier comme métier, un chauffeur de taxi. Étudiant au grand séminaire de Montréal. Vous imaginez, collet romain, veston noir, chemise blanche, le parfait petit gars straight. Mais le p’tit gars straight se posait beaucoup de questions. J’étais chanceux, j’avais un confesseur qui avait déjà vu les "p’tits trains passer" et que je faisais rire aux larmes. J’aimais rire. Je pense que c’est le résultat d'une intoxication venant de ma grande cousine Alice qui était folle à attacher. 82 ans et ça ne tenait pas en place. Incroyable! Sa chambre d’hôpital était toujours pleine de visite quand elle était malade. Tout le monde y allait pourquoi, vous pensez?  Pour rire! Et parfois, pour jouer aux cartes.
Oui, chauffeur de taxi à Montréal, tout juste avant l’Expo. (1966) Montréal était un véritable bordel, plein de boue partout. Au Ritz, on avait couvert toute cette cochonnerie d’un immense tapis rouge question de protéger le prestige de la place. Un américain qui voulait y séjourner devait me donner 50 $ minimum (pourboire). Tout dépendait du soir. Ce n’était que l’entrée. J’allais voir le « Door man ». Question de négocier. Mon client, un juge américain célèbre avait une femme qui en m’entendant dire que le Riz était le rendez-vous du jet set mondial a dit tout de go à son mari, « Chérie, we should go to the Ritz. » Bien certain. Ce soir-là, le Tout-Montréal était en véritable infervescence. C'est complet, me dit-il. C'est exactement là que mon 100$ américain tout neuf que je lui faisais miroiter devant les yeux eut tout son poids. Je parle discrètement dans l’oreille de mon client et la réponse fut : "No problem, no problem Richard, you make it. » J’ai fait le « you make it » et vlan, le juge et sa femme avaient une chambre première classe au Ritz. Limousine à 6 portes, pleine de manteaux d’hier en plein été. Y sont fous ces Américains, ils croyaient que nous étions le pôle Nord. C'était l’impresario de Liberace qui arrivait. Oui, vous auriez du voir. Deux limousines de six portes chacune. Pire que le magasin Eaton. La première, pour l’impresario et ses invités. Et ça ne buvait pas ordinaire ce petit monde-là en plus. Et la deuxième limousine, pleine de gros manteaux de fourrure d’hiver, en plein mois de juillet à Montréal. C’était, rien de moins, que le congrès international de l’American Bar Association. L’argent et bien d’autres choses coulaient à flots. C’était la partie brillante de mon job. La moins brillante, les bordels. Mais pas vraiment moins brillante. Est-il nécessaire de dire que si tu veux faire de l’argent dans le domaine du taxi, tu dois connaître madame une telle et l’autre une telle, etc., etc., etc. Toutes tenancières de distingués bordels. Cela s'entend. Comme je n’étais pas du tout du genre à cacher mes accointances, elles savaient toutes que j’étais étudiant pour devenir curé. Elles m’appelaient d’ailleurs leur petit curé adoré. J’avais droit à des redevances pour tous les petits « cochons » que j’amenais. J’étais mort de rire. Bien sûr qu’à ce moment-là je ne portais pas mon collet romain. Il est vrai que j'aurais pu avoir mon goupillon pour les bénir avant les divines jouissances. Mais, il n’était jamais bien loin ce fameux collet, au cas d'urgence. On ne sait jamais. Il pouvait bien certain me servir dans des affaires plus sérieuses. Je dois dire que ces gens m’aimèrent vraiment et jamais n’essayèrent de me flouer dans les redevances qu’ils me devaient. Tellement que, l’année scolaire commencée en septembre au grand séminaire, je recevais encore des enveloppes. Oui, oui, oui.... des enveloppes, pas brunes celles-là. Souvent blanches ou roses. Pas cute, non? Quand venait la fin de la nuit, vers 4hs du matin. C’était le job d’éviter à certains, certaines de se faire battre. Nous étions plusieurs taxis à être de connivence pour ramener chez eux, par exemple, les trans genres et autres, plus facilement la cible de certaines têtes fêlées. Nous avions développé un système radio qui, avec la collaboration de nos patrons, pouvait acheminer rapidement un, deux ou trois taxis quérir une personne en difficulté. Un milieu dur? Pas vraiment. J’avais parfois la larme à l’œil. Pas évident toujours, la vie de certains. Même des étudiant(e) s de McGill gagnaient leurs études en se faisant vivre par leur travail aux bordels ou accompagnateurs de bonnes dames. Ils vivaient très bien, je vous jure. L’idée, c’était de donner un bon sprint l’été tout en gardant une certaine vitesse de croisière durant l’hiver. Et il y avait du beau monde dans ça, je vous jure aussi. J’avais dépanné un jeune homme d’une mauvaise aventure. Pour me remercier, il m’invita au restaurant, genre place où la faune en question se donne rendez-vous. 2e étage, très belle place. Après le souper, le jeune se met en train de m’offrir gracieusement ses services. Tellement pris dans ce rouage infernal, ils ne peuvent se débarrasser des réflexes qui les accompagnent. Non, merci, lui dis-je. Il avait l’air déçu. Je lui ai simplement dit : "Listen guy, you make your job well. So, let me make mine too. You understand for sure » C’était mon étudiant de McGill.  Seul mon confesseur connaissait ma combine. J’en profitai pour donner quelques sous aux œuvres, question de me faire pardonner ce « moyen » péché. Mais dans ce monde, vous allez trouver ça curieux, j’ai rencontré des gens attachants. Finalement, c’étaient des humains comme vous et moi. Facile d’enseigner la vertu quand tu as été élevé dans la ouate. Pour d’autres, c’est plus difficile comme celle qui voulait se débarrasser de sa drogue. Beaucoup de drogues dans ces milieux. Épouvantable. Elle avait un gros problème. Elle avait un enfant et ne voulait pas lui dire le vrai métier qu’elle faisait. Vivait très bien. Gros condo de luxe, vie trépidante. Travaille plus la nuit et s’amuse le jour. Bon, me dit-elle, j’ne veux quand même pas être obligée de lui dire que je suis une pute à mon enfant de 7 ans. C’était un très gros problème moral pour elle. Elle a fini par quitter le métier, mais pas pour longtemps, car ses dettes de drogues lui commandaient de revenir au travail. Pas évident, hein? Je ne sais trop si le p’tit pit a su la « vérité », mais je trouvais cette situation triste à en mourir. Et moi, je me serais permis  de juger cette personne?  Allons dont. Elle avait des qualités extraordinaires. Gagnait sa vie. GAGNAIT SA VIE!  Oui, dans la vie, nous sommes tous conviés à GAGNER NOTRE VIE, ce qui est plus qu’honorable. Ce que je répétais régulièrement à mes étudiants(e) s. GAGNER VOTRE VIE. Y avez-vous déjà pensé. GAGNER, GAGNER, GAGNER....VOTRE (pas celle du voisin), VIE.  Fabuleux! Toujours est-il que j’ai quitté le milieu avec beaucoup d’attachements au cœur de ces gens que l’on juge trop souvent de haut. En finissant. Je veux vous dire que parmi mes anciens directeurs d’école, au début de mon enseignement, j’en ai eu plusieurs qui étaient d’anciens bar Man. Ils furent parmi mes meilleurs, car, au moins, ils connaissaient leurs limites et avaient un sens incroyable de la communication humaine.  Le Lovers à Laval, le gérant me fut d’un grand secours pour m'aider avec certains de mes élèves gravement à problème. J’allais parfois y passer la nuit à parler. Il me payait mon déjeuner du lendemain et hop! J’entrais en classe en pleine forme, car j’avais beaucoup parlé et je m’étais beaucoup défoulé.  Je venais de passer une nuit blanche. Pas grave, c’est quelque chose que je faisais régulièrement. Les Anglais appellent ça des night owls.  Vous avez déjà observé cet oiseau. Une beauté d’un flair incroyable.  Oui, c’est bien beau des diplômes universitaires, mais la communication s’apprend comme on apprend la nage, pas dans les livres, mais en communiquant. Bien beaux les principes de Freud, mais, comme me disait mon Raymond, mon psychologue, intervenant durant 20 ans à l’urgence psychiatrique de nuit à Albert Prévost. (Hôpital du Sacré-Cœur de Montréal, à Cartierville.) Quand tu as un patient qui vient d’arriver et qui en pleine crise, qu'il colle au plafond. Freud et l’inconscient y sont bien loin. Ça s’appelle, pense vite et bouge vite. Et voilà un autre petit bout de vie fascinant que je remercie à dix genoux le p’tit Jésus de l’avoir vécu. J’ai appris, appris, appris, appris. Je me sens un gros toutou gâté même si certains jours furent sombres. Mais après la tempête, ton bateau se place, les flots radoucissent prêts à te consoler des peurs de toutes sortes qui t’ont habitées.  Merci, merci, merci à tous ceux, toutes celles qui  m’ont éduqué, aimé, tarabiscoté et je ne sais trop, en plus de m’aimer. Jacques Grandmaison qui était souvent à mâcher son prochain livre, comme il disait, m’a beaucoup appris sur l’humilité et l’ouverture d’esprit. Ça va ensemble. Comment peux-tu apprendre si tu crois tout savoir, tellement tu es prétentieux. Dans le fond, le prétentieux est anti-scientifique comme la certitude.  Jacques, je le rencontrerais demain et il serait toujours le même qu’il a été avec moi. Simple, intelligent, communicatif et porteur d’une interrogation constante sur la vie et tous les phénomènes qui s’y apparentent. Merci, merci, merci. Que c’est beau la vie.
Pas facile ce métier, je vous jure. Je faisais surtout les sorties de club à la fin de la nuit. On y rencontrait toutes sortes de monde que j’appris à apprécier, car le monde, pour moi, c’est du monde. Je n’avais pas vraiment de préjugés, j’étais surtout ignorant de ce milieu. Tout un milieu. Je me souvins surtout des bons mots de ma grand-mère qui me disait toujours qu’il y avait en tout être humain, des secrets à découvrir. J’en découvris à la tonne, je vous jure.
Les clubs! Hétéros, homo, chrono, chromos, pot, hach, lsd, cocaine, etc., etc., etc. Un monde bigarré où tu pouvais rencontrer le mieux et le pire. Comme exemple, je dirais que l’homosexualité est un « problème¨ envers lequel tout le monde est sympathique sauf quand il est dans leur cour. Un beau frère se vante d’avoir été à une noce “gay” de son cousin, mais met son gars à la porte parce qu'il ne lui convient plus. Et avec le Réseau, j’en ai vu des tristes histoires en général et des exceptions... en particulier. Chez les Indiens d’Amérique, l’homosexualité était une forme d’exceptions des dieux qui permettait à la personne visée d’avoir des dons et des communications exceptionnelles avec l’au-delà. Dans le fond, la culture homosexuelle est une autre culture. Un lis c’est un lis et une rose, c’est une rose. Demandé à un homosexuel ou lesbienne d’être “un autre ou une autre”, c’est carrément contre nature. Je m’échappais parfois en classe et disait toujours la même chose, » Si le Bon Dieu t’a fait homo... tu as le devoir de l’être. Et les autres? Tu ne peux pas être les autres comme les autres ne peuvent pas être toi. » Cet argument amena une file d’élèves chez Raymond le psy. de mon école. J’en étais tout fier. Pas de noms donnés, bien sûr, mais me disait, tu as visé dans le mille Richard. Raymond, Hélène, Monique, les deux Marie, Marie et moi et d'autres étions sur ce dossier. Quel travail ce fut. Pouvez-vous croire? Vous saviez? Le yogourt s’est implanté au Québec par les enfants du primaire. Une première mondiale en publicité du genre. Oui, nos enfants peuvent nous éduquer et beaucoup plus qu’on pense. Il suffit d’avoir les écoutilles bien ouvertes. Pour l’homosexualité, sujet plus corsé, je pense que l’éducation des gens est faisable.
Donc, je ramassais toutes sortes de monde. Un jeune avec son violon selle, une fille qui sortait d’une aventure ou un autre qui s’amenait, tout pressé, il voulait aller à Québec. Montréal-Québec mes petits amis! Vous imaginez? Je me mis aussi ami avec des transgenres. Je ne connaissais pas ce que c’était. Le sujet devint « brûlant » quand ces gens se mirent à me parler de leurs enfants. Oui, des enfants qu’ils avaient. J’eus le cœur tout bouleversé. Le problème, ils se faisaient souvent battre à la sortie de clubs. Les gars ne leur pardonnaient pas leurs « fausses représentations ». Je devins donc fidèle à en « ramasser » régulièrement à la même heure au même endroit pour éviter, justement, qu’ils se fassent battre en fin de nuit. Nous étions une dizaine de taxis à le faire. Et les bordels!
J’avais aussi ma collection de cartes de visite qui me permettaient d’amener monsieur, madame, aux endroits qui leur convenaient. Oui, le sexe, ça fait vivre bien du monde. Du méchant monde? Pas toujours! Du monde pogné? Souvent, car la drogue y était souvent mêlée. Le domaine des drogues, je ne connaissais pas beaucoup. Ça me faisait un peu peur et je ne le cachais pas. Comme le grand séminaire était en plein centre-ville, je n’étais pas non plus loin de mes intérêts pour visiter ces gens que j’aimais toujours. Le grand autochtone, d’une beauté dévastatrice, qui gagnait ses études avec la chose, voulut savoir comment il pourrait s’en sortir. Le problème, ça le faisait très bien vivre. Je ne me gênai pas pour lui dire de ne pas changer pour le moment, d’attendre de finir ses études avant de faire un changement. Il était fort bien entretenu le monsieur. Déjeunait régulièrement au Ritz. Qu’est-ce que tu veux de plus avec ça, lui demandai-je. Il était dans une situation ou il retomberait dans la misère. Pour moi, il n’en était pas question. J’en parlai à l’intervenante le lendemain et elle me rassura en me disant qu’ils étaient tous comme ça, qu’elle se faisait faire la même chose. Ils t'offraient leurs services gratis pour te payer finalement. Cette Marie qui me conseillait dans une foule de choses, je lui fais mes tendres salutations, car elle nous a quittés tragiquement suite à un cancer virulent.

VAL-D’OR POUR UN TRAVAIL ÉTUDIANT D’ÉTÉ.

 

 

 


Sur la photo, je suis au centre droit, en chemise
blanche. Une bonne famille qui m’hébergeait à Val-D’or.
Je ne me souviens plus de leur nom.

Je n’avais pas réalisé qu’on venait de m’envoyer en enfer. Persistant pour avoir un emploi, on se débarrassa de moi en m’offrant le pire, un travail à Val-D’Or. L’enfer! Non pas que Val-D’Or soit pire qu’ailleurs, mais je tombai sur une véritable bande de mal dégrossis que j’eus à endurer pendant tout un été. Un véritable supplice.
Je fus camionneur, conducteur de nacelle comme Hydro Québec en possède encore. La bande avec qui je travaillais n’avait pas du tout fait son cour classique, je vous jure. Ça sacrait comme des déchaînés (Un sacre aux trois mots!) et tu ne pouvais parler au patron, car on te soupçonnait tout de suite de collusion. Comme j’étais petit patron, il fallait bien que je parle à mes « gros patrons » pour leur faire rapports. Des gars costeaux, violents, sacreurs, paresseux, mais aussi, j’avais découvert, très peureux. Je venais de découvrir enfin où je pouvais frapper... là où ça fit mal. Ces garnements pouvaient prendre toute une journée pour poser un simple petit moteur. C’est tout juste s’ils ne le flattaient pas pendant deux heures avant de le déposer sur le socle qui allait le recevoir. Une vraie vie de fou. On me demandait régulièrement de stopper mon travail, car j’étais trop rapide pour eux. Vous avez bien sûr reconnu Hydro dans toute sa splendeur. L’incompétence magistrale et la crasse, tout autant. Je ne les aimai pas du tout d’autant plus que les sous-traitants, je le remarquais, faisaient de l’argent comme des cochons sur le dos des Québécois. On avait prévu une somme de 12 millions. Il en coûta au moins le quadruple et plus, car on ne vit jamais la fin de l’histoire. Nous avions même nouvellement reçu un « cul » électrique, le logo d’Hydro qui a une « queue » électrique. On l’appelait de cette façon quand c’est sorti. Je travaillais avec le "ti kid" dont le père avait fait le fameux dessin. On l’appelait le « ti kid » électrique aussi. Riait jaune, mais pas trop, car je n’aime pas être cinglant ou méchant. Ben du fun, en plus de ça en Abitibi, avec ma gang de tueurs qu’on m’avait donnés pour travailler avec moi. Je leur ai fait la peur de leur vie quand j’ai fait sauter un câble de grue en acier. Les fenêtres de dix maisons en ligne ont sauté. J’étais furieux. Les gars ont eu la peur de leur vie, car un câble qui saute de la sorte peut sectionner des corps humains en deux et arracher des têtes. Tout cela a calmé la gang, je vous jure et il me regardait en voulant dire que j’étais : « peut être très dangereux. » C’étaient de vrais animaux, il fallait vraiment les faire marcher par la peur.
Les ingénieurs, faut-il en parler. On ne les voyait pas et on n’y tenait pas non plus, même de les apercevoir. L’incompétence était souvent au rendez-vous. Ce fut tel, qu’Hydro fut obligée de faire venir du lac Saint-Jean un de leur plus brillant technicien à sa retraite qui avait une réputation qui n’était plus à faire. Curieux comme j’étais, je ne manquai pas de lui coller aux fesses pour apprendre. Première constatation. M. Gilot, nom du technicien, me fit approcher. Il voulait me montrer comment manipuler le 550 volts. Je ne voulus toucher à rien, mais je ne voulais surtout pas non plus manquer le spectacle. Toujours est-il, qu’on réinstalla le 550 et monsieur Gilot, connaissant bien son électricité, se mit les mains dans l’immense contenant d’huile qui isolait tous les gros connecteurs de l’usine d’acétylène de Union Carbide à Noranda. Il se rendit vite compte que le système manquait de force pour permettre le libre passage du courant. Il fit donc arrêter le 550 et se mit à défaire les bobines qui devaient activer le contact solide des bornes. Ho surprise, il découvrit rapidement ce qui n’allait pas. On avait fait semblant de refaire les bobines, mais seule la surface de celles-ci avait été changée, mais pas du tout l’intérieur. Tout cela aurait pu produire l’explosion de l’usine si on ne s’était pas rendu compte de la négligence du fournisseur qui perdit, sur-le-champ, tous ses contrats. Les bobines furent refaites en urgence et installées le lendemain après-midi et tout se mit à fonctionner normalement et l’usine, finalement, pouvait redémarrer. Aucun ingénieur n’avait vu le problème ou même deviné celui-ci. D’autres erreurs beaucoup plus graves auraient pu faire des morts en série, mais, heureusement, personne ne fut la lors de l’explosion d’une petite centrale. Pure négligence qui fut, bien sûr, cachée. Postes politiques, postes de préférés, etc., etc., etc. Une véritable caverne d’Ali Baba. Ça sentait la vermine à plein nez.
Ces grands travaux coûtèrent aussi une fortune en vies humaines. Les « ti-kids » chauffaient comme des fous et les nouveaux camions Éconoline qui venaient d’arriver sur le marché étaient beaucoup trop instables pour pouvoir faire de la vitesse avec. Une douzaine de morts au moins à part des électrocutions. Il y en eut au moins une demi douzaine et plus. Tout cela caché, car les distances, trop grandes. Et ça continuait à sacrer comme des cochons. J’en eus presque des hauts le cœur.
À Val-D’Or, mes amis, pour vraiment y connaître les gens, il fallait presque toujours y fréquenter les clubs de nuit. On y rencontrait les familles au complet : le père, la mère, les enfants, le bébé en chaise haute et le chien. Tous dans le même club et la police provinciale à deux tables plus loin. Pour un étranger, c’était simple, pas de club, pas d’amis, le vide total. Je m’ennuyai comme un fou. J’aurais préféré retourner à Prince-Georges avec les grizzlis et compagnie plutôt que de travailler dans cet enfer. Ce qui ne n’empêcha pas d’avoir aussi de bons amis... civilisés. M. Gilot en fut un. Un orphelin comme moi et pire même, car la ville qu’il habitait fut pulvérisée par un volcan qui tua toute sa famille. Je fis la connaissance aussi, d'un bon gars de mon âge, Pierre, qui terminait son classique. Sa famille me fut bien sympathique. Plus tard, j’allais connaître une autre partie de cette famille dont le principal métier était « videur d’hôtels ». Des mastodontes « éduqués » qui pouvaient vous vider un hôtel plein de malfrats en un temps, deux mouvements. Mais surtout, des gens comiques et chaleureux qui avaient en plus de l’éducation.
Les animaux qui me rendaient visite en Abitibi.

Cela se passa surtout en colonie de vacances ou sur la route de Val d'Or Rouyn-Noranda, en Abitibi. Nul secret pour aucun de mes amis de dire que j'adorais les animaux et je pense aussi un peu qu'ils m'adoraient. Un roman d'amour, quoi! Première péripétie que j'eus, avec un ours. Je devrais plutôt dire que l'histoire commença avec un premier ours. Je faisais du camionnage entre Val-D'Or et Rouyn-Noranda pour le compte d'Hydro-Québec. Je transportais des objets lourds. Dès 5 hs le matin, j'étais sur la route. Travailler si tôt le matin me rentrait vraiment dans le corps. Je trouvai ça très douloureux. Je commençai mes voyages vers le milieu du mois de mai. Rien sur la route, sauf cette « boucane » que le matin amène, résultat de la différence de température entre celle de la forêt et de l'air ambiant. C'était plate, plate, plate sauf, un bon matin ou ma vie « chavira » presque. Sur le bord de route, j’aperçus un copain inhabituel qui faisait du « pouce ». Avait sans doute faim. Un bel ours noir, jeune adulte, car pas très gros. Tout excité, je stoppai mon camion un peu plus loin et vins à sa rencontre, pas trop près quand même. Tout excité lui aussi, il courrait vers moi à toute allure. Je lui fis signe de stopper. Il s'exécuta immédiatement. Avait sans doute fréquenté une société quasi civilisée qui lui permettait de comprendre les signes des blancs. Je ne voulais pas être son prochain « steak » même si je savais que l'ours est un herbivore. Un copain de cette race avait quand même déjà mangé un jeune ado. qui avait les poches pleines de poissons. L'ours a sans doute pensé qu'il mangeait un gros poisson, il mangea le p'tit gars en même temps. Blanc averti, en vaut deux dit la chanson. L'ours et moi, on se regarda pendant un moment et subitement, je retournai à mon camion. J'avais une surprise pour mon gentil plantigrade. Ma réserve de 6 Coke et un gros sac de chips. En me revoyant apparaître, celui-ci se mit quasiment à danser. Bien sûr qu'il reconnaissait le produit. Du Coke! Banal pour un ours. Et des chips! Encore plus banal. Je lui fis signe de reculer, par prudence et je lui ouvris les 6 Coke et le sac de chips et je retournai à mon camion. Croyez-le ou non, j'eux droit à un spectacle incroyable. Mon beau nounours enfila les six Coke, un après l'autre, assis sur son gros derrière avec ses pattes qui dépassaient sa tête, tout juste assez pour avoir chaque Coke à hauteur de sa gueule et, finalement, d'un coup de patte, s'attaqua au sac de chips et le bouffa en un temps record. Je sortis encore de mon camion presque prêt à aller flatter mon nouvel ami. Mon réflexe ne dura qu'un instant, car je savais pertinemment que ces bêtes sauvages, tout aussi sympathiques qu'elles puissent paraître, pouvaient nous bouffer en un temps record. J'en pleurais presque. Je venais de me faire un nouvel ami, "unusual" comme dirait les Anglais, qui fut fidèle tous les matins durant à attendre sa pitance le long de la même route. La police d'Hydro m'aperçut sur le bord du chemin, avec mon ours. Ils n'eurent jamais le courage d'arrêter. "L'homme qui dansait avec les Ours tout en leur donnant du Coke." Un titre qui fait moins champêtre quand même!

 

 

 

 

 

L’EXPO 67 ET SES PÉRIPÉTIES
 
 Je travaillai pour les projets spéciaux d’Expo 67, en plus de la garderie, en partie dirigée par la GRC. J’aimais beaucoup la discipline du collège, j’en ai gardé la formation intégrale pour au moins une partie de ma vie. L’aviation fut pour un endroit que j’aimai de tout mon cœur. La discipline me plaisait beaucoup. Je fis toujours partie de l’escadron de précision. Nous faisions des présentations de toutes sortes, dont une, devant la reine. J’aimai ça comme un p’tit fou. Les projets spéciaux de l’Expo s’occupaient de la sécurité. J’étais souvent en service commandé sur des projets précis. C’était la discrétion absolue. Ça me plaisait. Bien certain, qu’à certaines occasions, je croisais du grand monde. La personne qui m’impressionna le plus fut une éminente prof. de Bible de l’université de Tel-Aviv. Elle me parla de la Bible pendant un bon trois heures. Nous eûmes des échanges incroyables. J’apprenais comme un p’tit fou. Minuit arrivé, je la fis monter dans une limousine accompagnée d’autos à gyrophare de la GRC, direction Dorval. Je l’accompagnai jusque dans l’avion. C’était une VIP et nous avions ordre d’accompagner ces gens d’une façon « top » sécurité. J’apprenais beaucoup et j’aimais ça, mais c’était un travail qui pouvait me demander d’être debout pendant 24 heures et plus. Pas de problème.  J’avais la couenne dure. Mon poste n’était pas vraiment à risque. Il était plutôt soft. Des accompagnements de toutes sortes surtout. Je fus souvent requis pour dormir à l’Expo vers la fin de celle-ci. On voulait avoir des personnes disponibles sur demande. Ceci me fascinait. J’étais toujours curieux de voir quel serait le prochain événement.
 
Non, par prudence.
En fait, il m’est arrivé bien des choses du genre. J’avais des contacts incroyables. Je venais d’un collège prestigieux, mais je restais le Richard ordinaire, tout simplement. Personne n’aurait pu imaginer les sorties que je faisais sauf le supérieur du grand séminaire ou mon supérieur de communauté et c’était motus complet. Secret total. De toute façon, mon supérieur de communauté ne parlait pas, car je lui amenais des bienfaiteurs (trices) qui lui amenaient pas mal d’argent. Il devait se douter que j’avais pas mal de contacts. J’ai rencontré des gens de Malartic l’été dernier. Ils en étaient gênés. Je connaissais plus de gens importants dans leur coin de pays qu’eux-mêmes. Lise, mon épouse, est toujours surprise de ces histoires. Ça ne fait pas longtemps que je me suis mis à parler. Je vieillis, 76 ans, et tout en respectant la confidentialité, je peux quand même parler un peu.  Je n’ai jamais parlé de mes aventures avant, mais jamais. 

Ron, du grand séminaire.
C’était au grand séminaire. J’avais fait connaissance avec un américain. Un bolé. Ingénieur, diplômé de West Point (the top aux U.S.A) et Marine, parlant plusieurs langues dont un français à la québécoise impeccable. Il avait été espion particulièrement à Berlin Est, côté russe de la division de la ville. Tout un bonhomme. En me disant qu’il avait été un genre d'espion, je comprenais tout de suite que j’entrais dans le secret. Si tu parles, c’est 20 ans de prison fermes aux U.S.A. J’arrive au grand séminaire un matin et monte à l’étage pour rejoindre mon ami. Surprise, il s’en vient tout naturellement comme ça en plein corridor. Tout nu, il s’en va aux douches. Je ne dis rien et va dans sa chambre chercher sa robe de chambre et lui apporte aux douches. Et je lui dis, Ron, « better putting something on you before you get out ». J’aimais pratiquer mon anglais avec lui. Je lui fais comprendre qu’à Montréal, au grand séminaire en plus, on ne va pas aux douches tout nu. Ce n’est pas le vestiaire du club canadien de Hockey. Personne n’a jamais rien vu et su. Ouf! Mais voilà que le supérieur le fait venir. On remarque qu’il reçoit des lettres, dont une, tous les mois, du State Department des U.S.A. C’est sans doute son salaire d’ancien espion qui entre. Car un espion américain a un salaire à vie pour éviter qu’il soit acheté par un autre pays. Quelques semaines après, il m’apprend qu’il est transféré à Berlin comme secrétaire du cardinal archevêque et qu’il fera aussi son grand séminaire à Berlin. Le Vatican, sans doute, ne voulait pas voir un espion à Montréal. On se fit non pas des adieux, mais des aux revoirs. Un être d’exception, tout ordinaire, jeune, éduqué comme ça ne se peut pas. Sans doute que le cardinal allemand voulait en savoir davantage de ce que Ron savait des communistes et autres. J’eus quelques nouvelles par le consulat américain à Montréal, mais finalement on se perdit de vue. C’est la première fois que je parle de cette chose. Ça fait quand même plus de 45 ans. Le mur de Berlin est tombé. Le régime communiste s’est effondré et Ron doit être comme moi, il est à sa retraite. C’est curieux la vie. Éduqué dans un collège de riches, le collège St-Laurent, il est certain que cela me plaçait de telle façon que je rencontrais des gens de la haute et de la très haute. Mais cette expérience fut tout à fait spéciale et inoubliable. Mais ce ne fut pas la seule. Bien sûr que j’avais rencontré Ron dans un milieu spécial. Car le sachant secrétaire du cardinal de Berlin au beau milieu de la moitié d’un pays communiste, je voulais éviter de le compromettre. J’ai toujours pensé qu’il était retourné à une autre mission spéciale. Il parlait russe comme un citoyen de la banlieue de Moscou ou comme un citoyen qui avait fait un long séjour en Allemagne donc, avec un fort accent allemand. Juste à l’entendre parler un parfait français québécois, je comprenais bien vite qu’il avait le don des langues. En fait, c’était un génie qui a vingt ans, était sorti de West Point (La plus grande école militaire au monde, quasi) et avait déjà ses titres comme membre des Marines. Comme je vous dis, sa bibliothèque me parla plus de lui que lui même. Y’avait de tout. De la littérature de différents pays, etc. Il me donna un livre tout relié à son nom, mais je ne sais trop ce que j’en ai fait. J’ai dû le donner en cadeau. Mais personne ne sut jamais rien à propos de ce livre.  Quelques années plus tard, j’étudiais à Indiana et je rencontrai de ces gens des services secrets qui avaient leur école de langues sur le campus. 68 langues différentes. Le chinois, tu commences par apprendre par cœur les 500 idéogrammes et leurs prononciations. Etc. J’eus le plaisir souvent de parler à de nombreux fils et filles d’ambassadeurs. Je me doutais pas mal que Ron était de cette partie de la haute. Comme il avait été espion, il m’avait conté des descentes auxquelles il avait participé. Je vais vous dire, il fallait avoir des nerfs d’acier.  C’était : tu tues ou tu te fais tuer. Ça jouait dur à Berlin Est. La disparition du mur de Berlin?  Je n’aurais pas été surpris de savoir qu’il était un de ceux qui étaient derrière cela. Je parlai du problème à un haut gradé des Marines à Indiana. C’était mon voisin de chambre. Il était tout à fait d’accord avec mon point de vue me disant que de toute façon, si Ron voulait me rejoindre, il pouvait sans doute pouvoir le faire. Il était un peu plus vieux que moi mais pas beaucoup de crois. J’ai toujours pensé, tenant compte de ses expériences, qu’il avait environ 35 ans. Je l’ai connu à Expo 67, il s’occupait de la sécurité du pavillon américain. Il avait son costume de grande tenue des Marines. Tout un costume. Tout à fait paradoxal, il voulait faire un prêtre. C’était un grand croyant. Il est peut-être dans les hautes sphères de l’Église. À Berlin, c’est officiel, car j’en ai eu confirmation, il était vraiment secrétaire du Cardinal catholique de Berlin. Sans doute que l’Église, le Vatican entre autres, avait titillé en voyant un personnage semblable et à Montréal en plus. Il était sans doute sincère et a dû faire un prêtre pour monter rapidement les échelons et se retrouver dans la haute hiérarchie de l’Église. Toute une histoire! Il demeura un modèle pour moi. Devenir une personne impeccable, quoi! Merci Ron.

Un autre Américain que je rencontrai, à Montréal, centre-ville cette fois. Il me fut présenté par une jeune fille que je fréquentais à l'époque. Une femme pleine de dons, ce qui faisait d'elle une quasi-femme à "contacts". Elle avait des connaissances partout et tint absolument à ce que je rencontre le fameux soldat, en congé de maladie. La soirée était toute jeune et ce bonhomme, devant moi, qui semblait avoir une formation générale hors du commun.
Il venait à Montréal pour se reposer ou plutôt, pour se sortir d'une grave dépression. Il était pilote d'avion de chasse des États-Unis et revenait d'une « session » sur les champs de bataille du Vietnam. Il avait tout simplement connu l'horreur. Et tout ça lui collait à la peau, dans le coeur et le cerveau. Il ne pouvait oublier ce qu'il avait vu. Il me contait que ces avions étaient d'une rapidité telle que très souvent, il avait déclenché le tir d'une bombe avant même de vraiment apercevoir la cible. Le téléguidage de la bombe était simplement opéré par infra-rouge ou autre, le tout, ciblé par une personne à distance qui faisait parvenir l'information au pilote, ce qui permettait d'atteindre la cible et ce, en quelques secondes. Donc, le pilote lui-même, ne connaissait à peu près rien de la cible qu'il devait détruire. Inutile de dire que cette guerre, fut pour les Américains, l’initiation par le feu d'une guerre hautement psychologique. Les Vietnamiens en étaient rendus des spécialistes.
Donc, mon pauvre pilote, je le compris bien vite, était complètement dévasté par cette expérience inhumaine. Complètement vidé de lui-même. Il avait tout simplement vécu l'horreur. Je le fis parler doucement et je vis vite apparaître des larmes. Une peine incroyable. Ne pouvait pas se pardonner. Et, pourtant son rôle n'avait été que le rôle de celui qui tire sur la manette, mais ne connaît pas l'objectif. Or l'objectif devint pour lui tragique ce jour là. Il aperçut subitement un pont apparaître devant ses yeux avec un vieux monsieur tenant une bicyclette, qui le traversait accompagné, on imagine, de son petit fils, de l'autre main. Il fut totalement terrifié de réaliser que sa bombe était justement destinée à ce pont. Panique. Il tenta d'éviter l'irréparable, mais, peine perdue. Tout juste traversé le fameux pont, il vit apparaître une immense flamme produite par l'explosion de la fameuse bombe. Le vieux monsieur, l'enfant et le bicycle! Volatilisés! Un serrement terrible au coeur. Des hurlements épouvantables lancés par une voix pleine de rage. Non, le pire était à prévoir. Arrivé à l'aéroport, le pilote désemparé fait rapidement le tour de son avion, espérant contre toute espérance un tissu quelconque qui pouvait contenir désespérément encore de la vie. Il ne trouva finalement que le fameux pédalier du bicycle, soudé à l'arrière du fuselage de son avion. Ses cris revinrent, son désespoir augmenta. On dut le transporter d'urgence à l'hôpital. Ses « fusibles » n'avaient pas résisté.Il était aussi, lui aussi, père de famille! Une catastrophe épouvantable. Et il se mit à pleurer doucement, sans arrêt. (Histoire vraie d'une soirée passée avec une victime "collatérale" de la guerre du Viet-Nam.)

 


Ma vie spirituelle, mon travail social... le noviciat, le grand séminaire et l’Expo.

Je ne pouvais pas du tout tomber dans la banalité après avoir connu Ron, ce bon confrère de grand-séminaire qui fut un exemple impeccable pour moi. C'était un peu comme le grand-maître que l'on croise sur le chemin qui mène à l’Everest. Le grand maître qui vous encourage à monter alors qu'il est, lui, sur la pente descendante. Il fut un vecteur dans ma vie comme bien d'autres personnes qui m'ont bien aimé. Le point central de ma spiritualité était simplement de réserver mon intérieur le plus beau possible pour que mon Seigneur puisse y habiter. Je n'aurais jamais du tout imaginé de ne pas avoir un attachement particulier à la prière. Je priais et j'ai toujours prié. Du fond de mon coeur, avoir une spiritualité, c'était premièrement avoir une fidélité à mon grand Seigneur, me tenir debout devant lui prêt à servir. Croire, c'est aussi avoir une fidélité historique, une fidélité à tous mes ancêtres, mes éducateurs et tous ceux qui m'ont aimé. Si je n'avais pas été croyant, je serais mort depuis longtemps. Ma foi m'a littéralement sauvé la vie. J'ai commencé à prier vers l'âge de sept ans, ce qu'on appelle l'âge de raison. Le déclencheur le plus intense dont je me souvienne est la fameuse visite que la Vierge du Cap-de-la-Madeleine avait faite à Montréal pour souligner le Congrès eucharistique qui s'y tenait en 1947. Je priais la Vierge de venir me chercher, car je trouvais la terre bien triste pour moi. Ce fut le début d'une spiritualité trouble. J'avais aussi une ferveur certaine pour mon ange gardien.

Mon ange était devenu pour moi une sorte de soldat protecteur. Un genre de garde prétorienne qui me protégeait. Non seulement je le suppliais de me protéger de tout mal et de toutes les personnes qui m'en voulaient. Je m'aperçus, à un moment donné, que mon ange se révélait drôlement efficace pour ma protection. C'est tout comme si le malheur s'était abattu, comme par hasard, sur des personnes qui m'en voulaient. Mon ange en arriva presque à tuer pour me protéger. La panique me prit. Quand même, tuer! Lui dis-je, tu ne trouves pas que c'est un peu fort. Je n'ai jamais demandé au Bon Dieu de me donner un ange « délinquant »! Lui répétai-je plusieurs fois. Je n'eus aucun signe de mon ange pour un certain temps. J'avais l'impression qu'on l'avait envoyé en pénitence. Tout ce qui peut passer par la tête d'un enfant, dans le fond, tout à fait innocent. Je suppliai mon ange de revenir. Je m'en ennuyais. Il revint. Je sentis ses ailes me serrer, fort, fort, fort, très fort. Tout comme si mon père, après ma première embrassade, m'avait pris sur lui et m'avait serré fort. Mon ange était revenu.
Je commençai aussi à en avoir une dévotion pour Marie. Je me sentais bien seul dans la vie comme enfant. C'est sans doute ce qui me motiva à meubler mon « entourage » de « personnes  spirituelles ». À l'époque, l'allais à la messe tous les matins avec ma mère et cela dura jusqu'à l'âge de 27 ans 1/2. Cette pauvre mère, j'avais l'impression qu'elle aussi était beaucoup perdue dans la vie, comme moi, et que cette fidélité à la messe la confortait énormément. Elle était souvent malade. Dépression, je crois. Sa santé fut frêle. Souvent, par des attitudes terribles, on la bafouait. Donc, j'accompagnai ma mère tous les matins sans savoir qu'elle était ma mère. Je la prenais plutôt pour ma sœur, mais j'y étais comme paradoxalement attaché. Mystérieux, n'est-ce pas, le flair d'un enfant dont l'inconscient devine sa mère.
Ma dévotion se tourna donc surtout vers Marie. N'était-elle pas apparue à des enfants de Fatima? Je risquais peut-être d'avoir sa visite, rien n'est impossible, je me disais. Je me mis donc à prier cette mère d'emprunt sans savoir que je fréquentais ma vraie mère que je ne connaissais pas encore. Je devins finalement un dévot qui ne manquait aucune manifestation religieuse consacrée à Marie. Je m'accrochai à cette dévotion à défaut d'avoir l'attention nécessaire dont aurait eu besoin tout enfant de mon âge. Je vivais dans un monde rempli d'adultes et quasi vide d'enfant. Je devins presque un petit adulte à défaut de pouvoir vivre mon enfance. J'imagine que cette façon d'agir était encore une ruse inconsciente de ma part pour aller chercher l'affection d'autres personnes à défaut d'en avoir chez moi. Je rencontrai nombre d'adultes qui furent très bons pour moi. Je pense à M. et Mme Brunelle, (Mon premier souper dans un hôtel, à St-Eustache.) Melle Trudel qui faisait la promotion du rosaire en récitant 3 fois le chapelet au complet, Monsieur Dubé qui me pilota comme bénévole à l'Oratoire St-Joseph. J'étais tout petit et j'avais des occupations de grands. Ceci rassurait aussi ma grand-mère qui me trouvait en sécurité avec tout ce monde d’adultes. De mon côté, je trouvais que j'apprenais plein de choses, pas seulement de la spiritualité.
À cette époque, les plus puissants vecteurs qui orientèrent ma vie spirituelle furent donc mes dévotions à Marie et à mon ange gardien. Cet ange gardien m'habitait vraiment intérieurement. Je lui parlais comme j'aurais parlé à mon meilleur ami. Il m'arrivait même de le semoncer. J'avais vraiment remarqué qu'il se produisait, depuis quelque temps, de drôles de phénomènes dans mon entourage. Je soupçonnai même mon ange d'allumer parfois des feux pour se venger contre des gens qui n'avaient pas été très gentils avec moi. J'eus vraiment la conviction que cet ange se transformait en garde du corps. Il me protégeait et malheur à celui qui oserait me faire du mal. Je n'avais pas du tout l'esprit revanchard et je ne voulais surtout pas que mon ange gardien le devienne. Je le chicanai donc. Pauvre lui. Être un ange et se faire chicaner.
Ma vie spirituelle se traduisit aussi sous forme de dévouement pour servir toutes les messes qu'on me demandait. Comme je n'étais pas très fort physiquement, il m'arriva quelques fois de perdre connaissance au moment où je servais une messe. Mon bon curé eut vite le réflexe de me protéger en me faisant manger du pain et boire un peu de vin. C'était dans le temps où on ne pouvait communier que complètement à jeun. Plus vieux, le curé n'hésita pas à me faire boire du vin après toutes les messes pour m'éviter, justement, de défaillir. Je fus aussi responsable de la distribution d'un dépliant à propos de la Vierge de Fatima. Tous les mois, je distribuai donc celui-ci au maximum de portes de mon quartier Villeray. Ce fut une première étape dans le développement de ma spiritualité.
Celle-ci fut appelée à se développer avec l'augmentation de mes contacts qui s'approchaient davantage de l'âge adulte. Ma spiritualité se teinta très tôt d'interventions que j'aimais faire pour rendre service aux autres. J'offris ainsi mes services au jeune Barbeau qui recevait régulièrement, tous les soirs, son éminence qui allait y réciter le chapelet, à sept heures, au poste de radio CKAC. Cette émission eut un succès incroyable et fit se mettre à genoux à peu près toute la province qui récita le chapelet. On était dans les années, début, cinquante. Je trouvai parfois l'exercice assez pénible. Réciter bêtement des formules ne me convenait plus. C'est seulement plus tard que je découvris le côté bouddhique du chapelet. La personne était appelée à réciter à haute voix jusqu'au moment où elle intériorisait cette récitation et la transformait en une sorte de fil conducteur silencieux qu'elle imaginait présent à l'intérieur de son cerveau, ce qui favorisait une sorte de vide qui faisait place à une vigile devant une sorte de trône imaginaire, celui de Dieu ou autre.
Avec mon entrée au collège, la musique sacrée se greffa à ma spiritualité. Bach fut l'élu de mon coeur. Les grandes orgues de la chapelle de mon collège me « transportèrent » souvent sous « d'autres cieux ». J'eux aussi un goût prononcé par les chants choraux qui avait aussi beaucoup d'effet sur moi. La prière eut aussi une place de choix. Mon ange était toujours présent dans les parages. Je le priais avec ferveur. Je lui parlais aussi très souvent. Il fut toujours comme un p'tit frère qui me suivit fidèlement. Parfois, je me surprenais à lui demander, « Qu'est-ce que tu en penses, l'ami? » Il me répondait souvent dans les jours qui suivaient. Soit à travers des événements ou des conseils qui m'étaient donnés par des personnes. Je fus donc très fervent à la prière et très fidèle aussi. Je dois dire aussi que le collège me fit découvrir des mondes que je ne m'attendais pas de découvrir. La musique symphonique, le théâtre, les arts de toutes sortes, les nombreux sports attirèrent beaucoup mon attention et m'aidèrent beaucoup à apprécier la vie et à moins m'ennuyer. Je me fis aussi de nombreux amis. Mais, mon solide fond de spiritualité n'a jamais disparu. J'ai toujours été fidèle à la prière qui est la marque par excellence du croyant.
Avec mon arrivée dans les ordres, bien certains que ma spiritualité avait pris un élan. Ce fut une spiritualité d'homme mature. Je lisais et méditais les grands saints. Saint-Jean de Lacroix, Sainte Thérèse de Jésus, le Père de Foucauld. Mon intérêt pour toutes sortes d'autres lectures augmenta. Ces lectures apportèrent aussi leur nourriture spirituelle. Antoine de Saint-Exupéry eut la cote, mais aussi, de nombreux autres. La priorité de celle-ci fut, en tout premier lieu, mon prochain. Mon entrée au noviciat et au grand-séminaire se fit sous l’emblème du service au prochain, nul autre. Tout humain était pour moi l'incarnation du Christ sur la terre, rien de moins. Je me mis donc au service de plusieurs organismes d'intervention en milieux pauvres. Je ne tardai point à être secoué très profondément par la misère humaine. Dans ma tête, il n'était surtout pas question que je demeure un p'tit gars à la chemise blanche, cravate, veston, pantalons pressés et souliers bien cirés. Équipé comme je pouvais l'être, je commençai à me trouver un peu périmé. Cette entrée dans le milieu de la grande misère fut un moment très éprouvant où un sentiment de révolte profonde s'empara de moi. Comment pouvait-on, à Montréal, tolérer que des humains, de simples êtres humains, soient dans une telle misère?
Donc, une spiritualité qui n'oriente pas vers l'action est une spiritualité vaine. C'est un blâme que je peux faire à l'Église, de ne pas avoir ou d'avoir peu dirigé les gens vers une action constructive de la création. Et pour ce faire, il nous faut des contacts, voir des amitiés. Rares sont les amitiés qui m'orientèrent vraiment dans ma spiritualité. La première qui me vient à l'esprit, Vladimir Boltirev et moi, passions des heures à discuter de la virginité de Marie. Lui, était orthodoxe. J'avais beaucoup d'admiration pour ce groupe religieux. Et moi, j'étais à tout le moins chrétien, car je n'ai jamais exclu aucun croyant qui prie. Prier est le signe par excellence du croyant. Donc, ce bon Vladimir, Russe d'origine et équipé comme une armoire à glace,passait des heures à marcher avec moi. Nous discutions souvent de spiritualité et souvent, nous étions toujours en voie de régler le sort du monde. Quels souvenirs et quelle reconnaissance je lui dois. Son père à Vladimir, était évêque orthodoxe de Winnpeg. Il venait régulièrement nous rendre visite au collège et participait comme tout évêque aux cérémonies religieuses. Comme on disait dans le temps, tant que le cardinal ne l'apprenait pas, on pouvait faire ce que l'on voulait! Les bons pères étaient très habiles dans le domaine. Et c'était motus sur bien des sujets...d'abord que le cardinal ne l'apprenait pas. La même chose pour la partie de notre bibliothèque que l'on appelait l'enfer. Très souvent, ce département jouait à guichet fermé...sans l'autorisation du cardinal et celui-ci ne l'apprit jamais, bien certain.
Ma spiritualité s'orientait aussi vers l'action tous les jours de ma jeune vie. Je considérais mes confrères et consœurs comme des p'tits frères et des petites sœurs. Ce fut de tout temps, ma pensée de toujours.
GRAND-SÉMINAIRE : INITIATION AU TRAVAIL SOCIAL
Ce fut la même chose dans ma première expérience en travail social et les leçons qui allaient en découler. Quelle expérience! Grand merci aux Soeurs Grises du service social de St-Henri!

Et finalement, j’eus le grand honneur de rencontrer une spécialiste de la misère. Directrice d'un service social. Elle me référa à la pire adresse de Montréal. Une bonne soeur grise, costaude comme un vrai cowboy et qui me disait, "Mon p'tit, cette famille est tellement dans la misère, qu'elle ne peut plus rien recevoir, on doit lui permettre de donner. J'ai vécu une véritable horreur avec ces gens! Je revenais en pleurant aux services sociaux et la bonne soeur, comme ma barmaid me disait:"Braille mon p'tit gars! Tu as bien raison de brailler!" Et finalement je retournais deux semaines plus tard et c'était la même chose. La maison sur le bord de la "track". Tout tremblait dans la maison quand le train passait. J'étais sûr que la maison s'effondrerait. J'avais peur. La mère pleine d’eczéma, son grand de 14 ans semi-débile qui jouait au hockey dans la maison et frappait les jambes de ses p'tites soeurs avec sa rondelle. Trois petites filles! Un frigidaire avec un pain, un pot de beurre de peanut, une petite pinte de lait pour mon café disait la madame et finalement, un p'tit pot de café Maxwell House. Un escalier tellement tout croche que je me demandais à tout coup, s'il allait tenir. Et la puanteur de la pisse. Car le grand pissait comme un cochon et sa mère passait son temps à laver des couvertures grises de l'armée toutes imbibées de l'urine de son fils. La laveuse fonctionnait à journée longue et fournissait à peine la famille. Les mêmes couvertures grises servaient aussi de rideaux à la maisonnée et de draps dans les lits. Vous devinez le travail de lavage qu'avait cette pauvre mère de famille. La misère noire quoi! Et ma job? Aller les entendre me parler, moi qui était en veston, cravate, chemise blanche. Toutes les chaises branlaient et sur le plancher, les clous ressortaient de partout tellement c'était usé. La misère qui s'accroche. La suie partout. Le père en prison. Décidément, cette pauvre femme, elle avait choisi l'enfer. Oui, mon seul travail, les écouter me parler pendant une heure ou un peu plus et partir pour revenir deux semaines plus tard. C'était mon mandat qui faisait partie d'une recherche de doctorat. Ces mois me firent me révolter contre cette société de riches pervers qui ne savaient pas partager. Je vomissais en sortant de cet enfer et devait retourner faire rapport à chaque fois. C'était à Saint-Henri. Même paysage que le film avec le train qui passe à l'arrière de la maison. Et la "grosse soeur" qui me disait, ne lâche pas Richard, tu vas les avoir, tu vas voir ça. Tu n'as pas du tout le droit de donner des conseils. "Vous devriez" était la phrase à bannir. Ho, c'est merveilleux! Dit pour un p'tit rien, ils ont besoin de ça mon Richard. Et ton sourire et ta beauté et ta propreté et ton savoir-vivre et ton amour qui transparaît mon Richard. Elle me faisait pleurer à tout coup cette soeur. Moi, qui me sentait sans coeur. Narcissique! Débile! Non, débrouillard! Même pas capable de leur trouver quelque chose de mieux. Non, Richard, ils n'ont pas besoin de ça, ils ont simplement besoin de ta présence. Et finalement, je rapportai à la bonne soeur. "Il faut sortir le grand "débile" de là, il va violer ou tuer toute la famille!" La soeur me regarda d'un air, elle avait compris qu'il fallait sortir le "grand" débile, car il risquait de gravement blesser des gens. Ce fut un véritable chemin de Damas que je cherchai tellement à rencontrer! Je fus servi, à n'en pas douter. J'avais donc trouvé quelqu'un qui me mettrait sur la "track"! Quel bonheur!L'expérience se continua donc avec mes visites toutes les deux semaines environ. Et surprise! Lors d'une visite subséquente, quelle surprise j'eus de constater la disparition du jeune « dangereux ». Les trois petites filles avaient repris du poil de la bête et n'avaient plus toutes leurs jambes pleines d'ecchymoses. Un point d'amélioration! Je réalisai que je venais d'entreprendre un véritable tournant dans l'opération. Surprise! Tout juste avant Noël, la bonne dame m'annonça avec fierté qu'elle déménageait. Je fus un peu pris de panique, mais à la joie qu'exprimait sa figure, je ne pouvais qu'être heureux. Elle me demanda en plus d'aider au déménagement. J'en fus ravi. Je m'amenai donc, pour la circonstance, avec plusieurs autres amis que j'avais sensibilisés à mon problème de famille pauvre. Nous avions l'air de toute une « gang » de gars de la construction et le déménagement se fit de façon toute professionnelle. Le tout se termina par un bon lunch à la pizza, comme tous les déménagements. Et de la pizza, en plus, il y en avait pour tout le monde. La bonne dame avait sagement prévu un budget. On ne s'en allait pas, nous de la gang, faire de la charité. Hors de question. Cette bonne dame avait tout prévu et était comme un peu émerveillée de voir tous ces beaux jeunes hommes lui rendre service. Nous étions tous devenus plus à l'aise et elle ne se gênait pas du tout de nous dire que nous étions beaux. J'étais bien impressionné de toute cette situation. Retour au service social avec un rapport hors du commun. Notre famille venait de quitter sa misère et en prime, la bonne madame s'était trouvé un moulin à coudre qu'elle savait utiliser avec art. Elle se mit donc en frais d'habiller toutes les fenêtres de son logement. Elle avait demandé à une multitude d'organismes de lui donner un coup de pouce pour s'équiper de tout de dont elle avait de besoin. Un vrai miracle!
Mes visites prirent une tout autre dimension. Cette « petite » personne abandonnée, terrassée par la misère, s'était relevée et avait décidé de se reprendre en main. Beaucoup moins de dépression et d'eczéma. Les trois jeunes filles virent leurs notes scolaires prendre du mieux avec en prime, la disparition pure et simple de leur propre eczéma. Comme si tout ça avait tenu du hasard. Vous savez bien que bien sûr que non. Terrible! La misère entraîne la misère.Quelques mois plus tard, avec simplement mes visites d'une heure d'écoute à chaque fois, aux deux semaines, je voyais carrément un miracle se réaliser devant mes yeux. J'en pleure encore. Ce fut un grand choc dans ma vie. La leçon, RIEN DE PIRE QUE D'ÊTRE SEUL AVEC SA MISÈRE. L'isolement, rien de plus terrible. Cette bonne dame m'avait réservé tout un choc. À ma dernière visite officielle, il y en eut plusieurs autres officieuses, car c'étaient devenus des amis que je gardai pendant des années. Cette bonne dame me réserva la surprise d'un gros gâteau de fête qu'elle avait faite elle-même. Pas question d'acheter quelque chose de tout fait. J'en fus littéralement foudroyé. J'avais tellement appris, que je ne me trouvais pas vraiment digne de me faire fêter. La vie m'avait appris la vie. Ma "grosse bonne sœur" me l'avait aussi drôlement apprise. Après cette expérience, je me mis carrément à voir le monde avec de nouveaux yeux. Merci...la vie et merci mes bonnes Soeurs grises, qui après m'avoir hébergé à la crèche d'Youville à ma naissance, m'apprenaient maintenant ce que c'était la vie.

LE NOVICIAT
Le noviciat est cette partie de la formation religieuse avant d'officiellement entrer en communauté. Nous nous isolons dans un silence total pendant un an pour prier. Je suis très reconnaissant aux pères des Missions D'Afrique de m'avoir permis de vivre cette année exceptionnelle. Qui peut se vanter aujourd'hui de s'être payé une année de réflexion, loin de tout bruit et j'allais presque dire, de toute civilisation. Pour moi, cela se passa à Shawinigan Sud, sur la 125 rue, en septembre 1965. Nous étions en plein champ. Cet isolement me permit de faire un retour sur moi et une relecture de ma personne et de bien des ouvrages de spiritualité écrits par des grands saints des temps passés et d'autres des temps plus présents. Je me suis sûrement rapproché de mon Créateur pour lui dire que je l'aimais. Merci de m'avoir donné la vie Seigneur! Ce fut presque ma seule prière. Elle fut comme une disponibilité totale, me tenant debout, près à faire la volonté de mon Seigneur. C'est, bien sûr, plus facile à écrire qu'à faire. Croyez-moi. Je me suis toujours cependant considéré comme très chanceux auprès de mon Seigneur. Qu'est-ce que je pouvais lui demander de plus. Oui, j'ai eu de grands malheurs, mais, il y avait toujours cette « main tendue », comme immatérielle, sans compter mes nombreux amis qui se transformèrent souvent en anges gardiens. Je soupçonnais même mon ange de les manipuler. Y faut l'faire, n'est-ce pas?
Qu'est-ce qu’être croyant? C'est d'être habité par une solide conviction que nous ne sommes pas un hasard de l'histoire. Notre existence de toutes les secondes de notre vie est produite par la présence infinie d'un Dieu qui nous aime, justement, à toutes les secondes de notre vie. Dieu n'est pas en dehors de nous. Il est à l'intérieur de nous, nous habite. Ce qui fait que nous sommes comme ces grandes et belles cathédrales construites de tout temps pour rendre gloire au Créateur. Nous-mêmes sommes une cathédrale prête à recevoir Celui qui nous fait vivre. C'est à nous de la parer pour la rendre belle et digne de recevoir ce Grand Maître au-dessus de tout.
Et qu'est-ce que j'aimerais faire actuellement pour m'épanouir davantage spirituellement. Partir pour le désert et aller prier. Quel désert? Je réfléchis! J'irais sûrement dans un monastère du désert, tout simplement.

IMPLICATION POLITIQUE EN MARGE DU FLQ
La GRC vint me rendre occasionnellement visite au grand séminaire au sujet du problème délicat du FLQ du temps. Ce groupe ne m'était pas antipathique mais je n’aimais pas les bombes. Et Trudeau en profita pour faire des conneries sans bon sens et la GRC aussi. Je fus informé très indirectement sur cette affaire, mais nullement impliqué d'aucune sorte. Le seul hic, j'avais quelques connaissances, anciens confrères de collège, dans ces rangs. J'étais au grand-séminaire. J’y étudiais pour être prêtre. Bien certains que j’avais de bons « contacts », genres informateurs. D'anciens confrères d'études.  Fort heureusement, ça ne se savait pas trop. Un de mes amis fut emprisonné pour soi-disant avoir dissimulé de la dynamique. Je n’ai jamais cru en cette arnaque d’autant plus que je savais la GRC capable de mettre de la dynamite dans une auto et quelques rues plus loin, arrêter le chauffeur et après vérification, emprisonner la personne soi-disant "responsable". Je suis sûr qu’ils firent la même chose à un vieux copain de collège. Je n’en dis pas plus, car l’histoire fit les grandes manchettes des journaux de l’époque. En plus, j’appris que ce copain était maltraité en prison. Pour un bonhomme déjà handicapé physique, j’en fus totalement révolté. C’est exactement là que je me prévalus d’un privilège peu commun, j’avais des contacts qui avaient des contacts, lesquels avaient des contacts dans un certain secteur du crime organisé. Je m’en suis servi et exigeai qu’on s’organise pour servir des repas convenables à mon ami. Il était en prison. Le jour même, sans que personne le sache, comme par hasard, celui-ci eut son steak d’un restaurant de Montréal, tout cela dans sa cellule de la prison de Bordeaux. Dans le temps, tout s'achetait et la police tout en le sachant, n'y pouvait rien. Ni vu ni connu, le stratagème dura pendant toute la période de l'emprisonnement qui fut très longue. Trudeau avait de la hargne  contre le Québec et ses jeunes et il en a profité pleinement. Je riais dans ma barbe, car un certain crime organisé du temps en a remis d’une façon peu ordinaire, ils choisissaient des grands restaurants de Montréal pour fournir les repas nécessaires. Il est certain, que de mon côté, la GRC se doutait de quelque chose, mais être l’ami qui a le contact, qui lui-même a un contact. C’est quasiment introuvable, d’autant plus qu’aucun téléphone ne se fit. Rencontres comme par hasard, etc. Aucun risque n’était permis et en plus, moi, qui recevait la GRC toujours habillé en soutane comme un prêtre avec l’air innocent que je pouvais avoir. Tout passa comme du beurre dans la poêle. À la fin, alors que j’étais à Trois-Rivières comme chercheur, la chose se déroula pendant tout le temps que les besoins se firent sentir à cause de mon 2e ou 3e contact, je ne me souviens plus. Et comme une cerise sur le gâteau, mon ami gagna toutes ses causes en cour supérieure pour dommage et  intérêt à sa réputation et tout et tout. La Presse de Montréal du, dans le temps, payé quasi un million suite à cette poursuite. Bien sûr que nous étions tout un groupe d’anciens du collège pour défendre notre copain. Comme il était considéré petit génie, dès que René Levesques gagna ses élections, ce bon copain entra au bureau du premier ministre comme attaché politique. Ce cher, ce qu’il y a de pire, c’est que j’en entendais parler parfois, mais je ne l’ai jamais revu sauf aux funérailles de sa femme. Mon ami était un p’tit futé extraordinaire et j’étais vraiment un ignorant à côté de lui. Mais, je sais, il m’aimait beaucoup et sut toujours que ses soupers au steak venaient en direct de son bon copain. Paraît-il que j’avais rendu un grand service à un « gros » du crime organisé, sans doute à cause de mon genre « baby face » et qu’à ma vue, les policiers n’y virent que tu feu, car je n’avais aucun contact avec ces organismes douteux, sauf par l’intermédiaire de certaines personnes que je connaissais, mais ne fréquentais pas. Alors que je travaillais à Trois-Rivières, une personne vint me saluer bien respectueusement et me fit sentir qu’on me devait beaucoup pour les steaks servis en prison. J’ai appris à ce moment qu'une certaine pieuvre avait décidé de nourrir tout mon monde plutôt que seulement Michel.  Dans le temps, est-il nécessaire de souligner que le crime en menait large à Montréal. J’ai surtout compris que pour un service rendu, ce groupe t’avait toujours à l’œil pour te faire sentir que tu lui étais sympathique ou pas. Je préférai les savoir loin, mais je n’y pouvais rien à propos de ce qui se passait. Je n’en demandai pas plus. Je vous raconte ça pour vous faire rire un peu et vous montrer comment je pouvais avoir l’air innocent! Finalement, après ces événements, je suis resté copain avec un policier de la GRC car celui-ci me trouvait bien sympathique.  Pas dangereux du tout, il s’occupait de compter les oiseaux de Cap-Tourmente qui filaient vers les États-Unis et vérifiait s’il en revenait autant. Ça faisait aussi partie de mon emploi à Trois-Rivières. Que le monde est petit et ce policier s’était attaché à moi, car, c’est vrai que j’étais comique et avait l’art de tout dédramatiser. C’est ainsi que mon patron a eu droit à un gros yatch de la GRC pour compter ses oiseaux des îles de Sorel. Preuve que, même le crime, mène a tous les chemins. Je vais arrêter ce conte, car je suis mort de rire. Et pour en rajouter un peu, j’eus la désagréable surprise, dans le temps, de constater qu’il y avait un soldat qui surveillait à ma porte le lundi matin, en partant pour travailler. Je ne la trouvai pas drôle du tout et pour « piquer » un peu le militaire, je lui rappelai qu’il avait oublié de changer les feuilles vertes de son casque pour des feuilles rouges, car nous étions en automne. Il ne l’a pas trouvé drôle. C'était un genre, plutôt "grogeux"! Mais je fus vite informé quoique révolté, en apprenant que Trudeau venait de proclamer les mesures de guerre et qu'en tant que prof. on nous adressait une MISE EN DEMEURE, nous donnant l’ordre ne de pas du tout parler de politique en classe, etc., etc., etc. Donc, je compris que l’armée venait d’envahir Montréal et que la police avait arrêté plus de 300 personnes tout à fait innocentes dont aucune ne fut reconnue coupable d'aucun délit. Trudeau se vengeait. Vous comprendrez que le fils Trudeau qui se présente au fédéral, je l’ai à l'oeil.
MES ANNÉES DE SYNDICALISME
NOTRE EXÉCUTIF
SYNDICAL
1976-1977

Le principal objectif de mon engagement syndical fut de servir! Et apprendre. Tout fier, je fus élu trésorier d’un des plus gros syndicats de la province. J’avais donc un pouvoir qui me permettrait de rendre service à bien des gens et j’en étais conscient. Je faisais peur à bien du monde. On m’a même menacé de mort. Ceci ne m’impressionna pas du tout. Je suscitais des jalousies bien humaines. Il y en a toujours. Ce furent des années emballantes, mais aussi les plus souffrantes de ma vie, car j’avais tout à apprendre dans bien des domaines et je le savais.
À l'époque, j'étais beaucoup trop émotif pour cette activité. Je n'aurais vraiment jamais du toucher à ce domaine. Je le fis pour rendre service! Quelle folie! Oui, des gens m'appréciaient pour mon sens de la justice, mais beaucoup, genre téteux de patrons, m'haïssaient à me tuer justement. Je fis, bien sûr, beaucoup d'erreurs, mais, justement, j'apprenais. Faire du syndicat c'est comme faire de la politique. Il faut être articulé surtout, émotif le moins possible et savoir utiliser les bonnes occasions. Faire du syndicalisme, c'est dans le fond, attendre les bonnes occasions pour agir. J'aurais eu besoin d'un bon cours de science po. au minimum. J'étais plus habile dans l'organisationnel. Les lignes de piquetage par exemple et les services à apporter aux piqueteurs. J'y étais passé maître, 24hs par jours. Quelle vie, mais c'était la grève. Bien certain que j'apprenais aussi de la part des avocats. Les limites qu'on avait, mais aussi les droits qui nous protégeaient. Tout un monde, je vous le jure. Sans compter les rencontres merveilleuses avec des gens merveilleux comme Simone Monet-Chartrand, Michel Chartrand, l'avocat Lebel de Québec devenu juge à la Cour suprême et l'avocat Grondin, directeur de ce même bureau.

Le premier mot dont je me souviens. Ma secrétaire me l’avait dit. « Pas la peine Richard, de dire que vous vous êtes trompé. Il y aura toujours quelqu’un pour vous le dire. » Et hop! Je venais de commencer ma formation syndicale, monde qui ressemble étrangement à la politique. Je ne peux pas ne pas remercier tous ceux, celles qui mon assuré leur encouragement. Je savais pertinemment que j’avais beaucoup à apprendre et j’ai appris. Merci à André Marcoux en particulier. Ce fut un véritable mentor qui me poussa à apprendre beaucoup. Quelle ne fut pas ma grande surprise lors de ma première rencontre comme trésorier avec les avocats du syndicat. Nous avions des manifestations en cour à ce moment à la GM. Je me souviens de René Carrière dont on s’inquiétait beaucoup. On avait peur que la SQ fonce dessus ce qui risquait carrément de le tuer. Des téléphones se firent à une vitesse incroyable pour rejoindre le maire de la ville concernée et toute une série de personnages qui permirent de calmer le jeu finalement. Je dois dire que nous étions très près de la GM surtout avec les encouragements d’André qui était beaucoup pour la défense du monde ouvrier. André avait tout mon respect. J’avais tout à apprendre de lui. C’est vraiment lui qui m’a ouvert, les yeux grands ouverts au syndicalisme que j’ai bien aimé, mais que j’ai aussi trouvé très essoufflant. J’avais été élevé en communauté religieuse. Donc, ignorant tout de la politique des gouvernements vis-à-vis les travailleurs. Si vous aimez les problèmes dans la vie, faite du syndicat. Vous allez apprendre pas à peu près. Quand j’ai quitté, mon auto était finie, tellement j’avais fait de la route avec, pour presque exclusivement la cause syndicale. Le plus bel événement que j’ai vécu fut ce voyage à Québec, en pleine tempête de neige, pour aller manifester devant le parlement contre le bill 61 ou autre. Je ne me souviens pas exactement. Comme trésorier, j’étais de toutes les manifestations. Donc, tempête, nous avions élu domicile au beau campus de Cap-Rouge. La manifestation fut calme, nous étions une vingtaine de personnes. En prime, le soir, nous eûmes le grand plaisir d’avoir une soirée de poésie avec Simone Monet Chartrand qui nous fit lecture de poésies de tous genres. Quelle soirée. Quel personnage que cette femme. Pas surprenant que, lui-même, Michel Chartrand adorait la poésie. Je gardai toujours ce tendre souvenir dans mon cœur. C’était le nec plus ultra du syndicalisme engagé que je vivais. (J’ai beaucoup à écrire encore sur le sujet. Je vous reviendrai.) La plus grande consolation que je puisse avoir actuellement, c’est de voir que des jeunes ne se laissent pas abattre. J’ai été bien sympathique aux Carrés Rouge, très ému aussi, de voir des jeunes comme mon courageux Gabriel, se battre comme un démon pour maintenir la « barque » à flot. Ce n’est pas rien. Lisez son livre si vous avez du cœur. Car il s’agit surtout de cœur. C’est Franklin qui disait que les gens qui ne sont pas prêts à se battre pour leurs droits ordinaires ne méritent tout simplement pas d’avoir aucun de ces droits.
Ma grand-mère me disait, mon pit, aime tes ennemis, car ils te disent tes vérités que les amis n'osent dire. J'ai souvent appliqué cette recommandation dans mes activités syndicales. J'ai aussi retenu cela toute ma vie. Et sans être un ennemi, c'est un directeur d'école saoul paf qui m'a dit mes vérités. Il se traînait par terre. Comme je suis bibliste, je savais que les prophètes se saoulaient toujours avant d'aller dire ses vérités au roi, car, furieux de se faire dire la vérité, souvent, ce roi coupait la tête du prophète. Nous avons tous des passages "prophétiques" dans notre vie. Or, aucune personne ne m'a tant dit mes "vérités" que ce jeune directeur d'école. J'allai le voir le lundi suivant dans son école. Il en tremblait, pensant que j'allais lui sauter dessus. Il fut totalement surpris de m'entendre le remercier à répétition et nous sommes même devenus de grands amis. Aimer ses ennemis, c'est partir à la recherche de soi et de la vérité. Dans ma vie, presque tous mes ennemis sont devenus de grands amis et j'imagine que c'est ce qui m'a aidé à grandir. Je pense à un, mon pire critique que je n'ai eu de toute ma vie. En apprenant que je prenais ma retraite, il est carrément venu pleurer dans mes bras. C'était pourtant une force de la nature. Le pire critique! C'était de la politique y faut dire. Ce cher "ennemi" savait que je l'aimais beaucoup. Comme trésorier, je n'ai jamais vérifié ses comptes, je savais que c'était l'honnêteté même, même si nous nous engueulions régulièrement. Il faut dire que je n'étais pas tendre non plus. Oui, aimons nos ennemis. Ils nous parlent souvent de choses que nous préférons ne pas voir, mais que nous devrions changer.


Représentant syndical, on m’avait demandé d’aller vérifier un chantier de construction. Y’avait des problèmes syndicaux disait-on. J’aimais les gars de la FTQ et les filles aussi, car c’étaient peut-être des gens rustauds, certains, mais ils ne t’envoyaient surtout pas dire ce qu’ils pensaient. Et cela, ça me plaisait beaucoup. Toujours est-il que je tombe sur un homme mature de la construction, cinquante ans environ, et sur un jeune, vingt et quelques années. Et les deux se chicanaient. Le vieux avait appelé le jeune, son « pit ». Oui, mon pit, tu dois faire ça de même. Le bon papa quoi, dont le cœur s’exprimait ouvertement et le jeune qui protestait. « J’pas ton pit! C’est pas vrai! » Donc, chicane affectueuse entre deux gars de la construction, l’un qui veut appeler l’autre « son pit » et le jeune qui protestait. Genre AFFECTION pour costaux. J’avais trouvé ça tellement beau. J’aurais tellement aimé que mon grand-père m’appelle son « pit ». Tu t’imagines, s’aurait été dévastateur. Mais, dans le temps, la retenue était de règle. Pas chez tout le monde, mais chez moi, oui. Mais pas tout le monde non plus chez moi. Camille! Mon oncle! Dangereux! C’est un danger que j’aimais beaucoup. D’ailleurs ce fut mon grand problème dans l’enseignement. À la visite des parents, les parents qui venaient me parler de leurs jeunes. J’étais traumatisé de voir toute l’affection que ces gens avaient pour leurs jeunes... chose que je n’ai jamais vraiment connue.
LE MEXIQUE APRÈS UN DRAME
Après un drame épouvantable, un contact m’avait fait passer une vacance dans le voisinage du chalet officiel du président du Mexique. Nous étions à peu près toujours deux sur la plage privée et gardée par des soldats. Le gardien du palais et moi. Il était toujours nu et noir comme du charbon tellement il était grillé et moi, style « Gringo », blanc comme un drap. J’ai fini par succomber à la tentation. Un bibliste sait qu’au Paradis, l’homme et la femme étaient nus. Et en plus, j’étais seul. C’est ainsi que mon bon ami, le gardien, me photographia et plus tard, nous prenions le voilier. Non, pas du tout, je ne voulais surtout pas m'exhiber! Je n’aime pas parader, mais cette fois, je sentis en moi un genre de vengeance contre le mauvais destin qui m'accablait et je rendis grâce au SEIGNEUR.
Finalement, comme dans toute tempête, le vent tourna, le ciel se libéra de ses nuages et, finalement, le beau temps s’annonça pour revenir. Beaucoup d’amis s’occupèrent de moi pour me venir en aide et passer le plus rapidement possible à travers ce drame qui m’avait jeté par terre, pour le moins. On m’organisa même un autre voyage quasi gratuit au Mexique où j’eus l’activité qui me plaisait le plus, accompagner des ethnologues professionnels et faire le tour de certains sites totalement inconnus dans le fin fond de la forêt mexicaine du côté du Yucatan. J’ai quelques photos superbes de ces visites. Je ne peux m’expliquer pourquoi je n’en n’ai pas prises davantage. Mystère.
"Il semble, à mon grand bonheur, que les Mexicains profitent plus de la manne touristique actuellement." C’est Hélène qui m’écrivait que..."Aussi, je suis admirative de leur mobilisation quant à l’invasion touristique. Notre première visite à Cancun était en 1989. Il y avait beaucoup de pauvreté, les taxis étaient vieux, il nous est même arrivé de voir défiler la route entre nos pieds, car le fond du taxi était percé, les chauffeurs dormaient dans leurs véhicules pour faire plus d’heures et espérer envoyer leurs enfants faire des études, maintenant les chauffeurs sont regroupés, les prix sont plus uniformes, les jeunes étudient plus longtemps. Certains touristes se plaignent, mais, je crois que tous en bénéficient davantage. Il y a des troupes de théâtre, de danse. Il me semble que les Mexicains participent à la manne touristique plutôt que de la subir."
Le Mexique, je l’ai fait d’un bout à l’autre. Comme je voyageais à la PAUVRE, très important, il est rare que j’avais des problèmes. Pour surveiller mon auto le soir, rien de mieux qu’un CHICO qui s’adressait à moi. Seignor.… Je sortais la piastre américaine et la donnait au chico pour qu’il surveille mon auto pendant la nuit. La mère n’était jamais loin, ce qui fait que, la piastre qui valait de l’or pour eux, avait mobilité tout le quartier qui surveillait mon auto pour toute la nuit. Et le lendemain, en arrivant sur place, bien sûr que rien n’avait bougé et la maman était sur la galerie pour me remercier. Je lui faisais sentir que c’est moi, plutôt qui la remerciait, et je cherchais son fils, le chico, pour lui remettre une autre piastre que j’avais promise. N’aiment pas les Américains, ces gringos, mais, Georges Washington sur le billet de banque a un tout autre effet. (Chico : jeune garçon de 12 à 14 ans, commissionnaire, fiable et je dirais, adorable. Piloté par son parent, question de l’initier aux affaires. » Je trouvais ça sympathique et chaleureux. Ha! Ces Mexicains, ils me font tomber dans les pommes.... littéralement. Vous connaissez mon ami Humberto? Mexicain! Une bombe. Fût primé deux fois à Canne et à Venise. 30 films à son actif avant de devenir prêtre. Deux femmes dans sa vie! Il ne s’en cachait pas, sang bouillant n’est-ce pas. Il admirait au plus haut point une actrice aux seins généreux dont je ne me souviens plus du nom et, mère Thérésa qui lui téléphonait pour lui donner des commissions à faire. Rien de moins. Et là, on cherche Humberto. Mort? On ne sait plus. Il peut tjrs nous faire des surprises tant qu’on n’aura pas la preuve formelle. Mon ami André a mis une avocate espagnole à sa recherche. Un vrai roman policier! Le top du top.
Je suis à Acapulco, au bureau de Aero Mexico. Des belles hôtesses, je vous jure. Donc, agréable! Nous parlons. Finalement, elles me font réaliser que je pourrais quitter Acapulco une journée plus tôt et prendre l’avion pour Mexico, question de visiter le fameux Musée anthropologique. Je trouve ça génial, ma blonde aussi, et nous changeons nos billets. Le lendemain, départ pour Mexico avec en tête ce fameux musée incroyable à voir, le Musée Enthropologique de Mexico. Je me fais ami avec un jeune couple de Mexicains qui sont enchantés de me connaître. J’ai le malheur de leur dire que j’aimerais dont voir Mexico du haut des airs, le soir, mais à très basse altitude afin d’y voir les édifices historiques, etc., etc., etc. Sitôt dit, sitôt fait. La jeune fille est chum avec le pilote qu’elle va retrouver dans la cabine. Ouais, ouais, ouais, tu es au Mexique, tu salues le pilote dans sa cabine, rien de moins. Elle revient, grand sourire et me dit qu’elle a une surprise qui m’attend. Je pensais à un possible tout de ville à mon arrivée. Ce ne fut pas le cas. À l’approche de la grande citée, surprise, toutes les lumières s’éteignent dans l’avion sauf celles du plancher et hop là. La fameuse musique, très forte, la « Couceracha »! C’est la fête dans l’avion et je sens qu’on perd drastiquement de l’altitude et je vois, ho! surprise, les maisons coloniales de Mexico apparaîtrent à ma fenêtre comme si j’y étais. Et le pilote, qui se doute que je connais un peu le Mexique, revient sur ses pas pour me voir admirer le fameux soccalo et la magnifique cathédrale de Mexico que l'on apperçoit dans la pénombre. J’ai le cœur qui me ballotte et les larmes aux yeux. De toute beauté. Et mes amis mexicains, crient, dansent, ils sont tous émus de me voir ému. Donc, on me fait faire, le tour complet de Mexico, rien de trop beau pour la classe ouvrière. Je viens de recevoir en pleine figure cette âme mexicaine d’une richesse inouïe. Les amis, me donnent en prime, un cadeau, mais j’avais prévu le coup, moi aussi je leur en offerts quelques-uns. Nous nous embrassâmes! Quel souvenir! Et je sentais dans tout ça l’âme de mon ami Huberto qui planait quelque part. Grand cœur, ces Mexicains. Ils vous font littéralement défaillir. Et moi qui a la larme à l’œil facile, ils ne cessaient de m’embrasser et de dire Ricardo, Ricardo, ne pleure pas, c’est si beau. Totalement inoubliable! TOTALEMENT! TOTALEMENT! TRÈS, TRÈS BEAUX SOUVENIRS DE CE MAGNIFIQUE VOYAGE OÙ JE FUS TRAITÉ CARRÉMENT COMME UN PRINCE AINSI QUE TOUS MES AMI(E) S.
Je suis très heureux d’entendre que malgré tout, certaines choses se placent, car il y a encore beaucoup d’assassinats commandés au Mexique, y compris à Cancún. C’est la pègre qui tue la pègre. Il faut se souvenir que pour une certaine élite qui défendait le droit des pauvres, Cancún pour eux  était sur le point de devenir un nid de la mafia en provenance de Mexico. Ils n’eurent surtout pas tort. Les drogues! Un carnage épouvantable. Oui, j’irais à Cancún encore, car le Yucatan malgré tout est plus sécure, mais j’ai bien peur que je ne pourrais faire comme dans le temps, me louer une auto, genre canne de conserve, et me rendre à Mérida au sud, ville typiquement espagnole, de toute beauté, surtout les monastères avec leurs cours intérieures et tout ces p’tits pits qui portent tous le même costume de l’institution qu’ils fréquentent et qui déambulent sur les trottoirs de la ville sans compter la fabrique à « tombes », tout juste placée devant mon hôtel. Ils sortaient les tombent carrément dans la rue pour avoir suffisamment de place pour les décorer. Bon, la mafia tue, les faiseurs de tombes produisent. Pas drôle mon affaire. Mais quand même, pas grave à ce point-là. En arrivant à mon hôtel (tombeau) le soir, vers minuit, je me frappais le nez sur une haute clôture de fer forgé, bien barrée et enchaînée avec, à son pied, un personnage immense, le gardien, avec son gros chapeau à la mexicaine qui lui servait de toit et qui poliment, se levait pour me débarrer le tout et rendu à l’intérieur, me servait la tasse de thé, un rituel incontournable. Propreté parfaite, planchers en « théraseau », (typique de la maison mexicaine) pour éviter les bibites. C’était un spectacle époustouflant qui s’offrait à moi, comme dans un film genre « VIVA ZAPATA ». Un incontournable du cinéma mexicain.

Chapitre VII
Mon métier d'éducateur
L’École
Le travail à l’école
         
Mes premières années dans l’enseignement furent parmi les plus émouvantes et éprouvantes de ma vie. Problème de famille, angoisse récurrente, affectation imprévisible à un poste que je n’avais jamais demandé bref, ce fut l’enfer. L’idée maîtresse de tout ça, c’était simple, on donnait le max. de « merde » aux derniers venus des profs, le tout en parfait accord avec les syndicats. Justice disait-on! Grande épaistitude, je crois, qui ne fait surtout pas honneur à ceux qui semblaient vouloir prendre la place de l’église pour atteindre à une rectitude politique. Ces syndicats, dans le temps, tu ne pensais pas comme eux, tu étais excommunié sur-le-champ.
Ma première tâche fut donc dans le genre. 3e secondaire, (récupération) en enseignement religieux. L’objectif était de remettre l’élève dans le régulier. 1 groupe de trisomiques. 8 élèves qui en valaient 1000 à eux seuls. Quoi faire avec? De l’occupationnel comme on disait. Faut avoir de l’imagination pas à peu près, je vous le jure. Et finalement, un groupe de bollés de 5e secondaire que je voyais une fois la semaine. Ce ne fut pas un problème, je décidai de leur faire faire leur propre programme selon leurs intérêts tout en respectant les grandes lignes du programme vaseux du ministère de l’Éducation. Très souvent, en revenant de mon enseignement, je courrais vite aux toilettes pour vomir tellement je trouvais ça dur. Personne n’aurait jamais imaginé que je puisse vivre un tel stress. Il y avait des profs sur les pilules d’ailleurs, j’aurais dû faire pareil. J’aurais au moins été moins stressé. Mais les préjugés. C’EST CHIMIQUE! Bande de sans dessin, chimique au pas, quand le bateau coule, mieux vaut prendre les grands moyens. Toujours des gens pour vous enseigner la vertu qui ne leur a jamais demandé d’effort à pratiquer puisqu’ils viennent de milieu plein de ouate. Incroyable comme les gens souvent peuvent être imbéciles. À un moment donné, il faut devenir pratico-pratique et ne pas tomber dans une morale stérile.
Malgré tout, j’ai appris à apprécier bien du monde dans l’enseignement. Nous étions un petit groupe, genre THINK THANK, des p’tits futés qui réfléchissions fort sur l’éducation. Un de nos lieux de rendez-vous était le fameux « LOVER'S » sur le Boul. Labelle, à Ste-Rose, à l’époque. Le gérant nous adorait et exigeait qu’on s’amène chez lui à toute les fois que la discussion devenait assez chaude pour durer une bonne nuit. À partir de minuit, le gérant payait tout. Déjeuner inclus le lendemain matin et retour en classe tout de suite après. Nous étions jeunes, nous étions « tough »! Rien pour nous arrêter. Il y avait Jules Martel, un nommé St-Pierre, très sympathique, un futur avocat dont je ne me souviens pas du nom. Je me souviens, Jean Berthiaume futé et très fin. Nous avions aussi Jacqueline, très futée aussi, qui ne laissait pas sa place. Elle nous hébergeait souvent pour un bon dîner chez elle et moi finalement et en toile de fond, notre bien-aimé Jacques Grand-Maison. Tout un futé aussi, je vous le jure.

Quelques aventures dans mon métier d’éducateur.


Je disais dernièrement que je ne serais sûrement pas prof....

Éducateur! Y faut avoir du nerf, surtout avec les gouvernements que nous avons et le peu d’intérêt du peuple pour la question. Ça paraît qu’on n’est pas chez les Anglais, je vous le jure. Les curés faisaient tout à notre place et nous on ne faisait rien et maintenant, très souvent, nous du Québec, on ne fait rien pour l'école non plus. Vous auriez dû voir mes parents d’Hochelaga dans le temps. Ils étaient pour sûr des exceptions. En fait, ce furent les meilleurs parents que je n'ai jamais eus par la suite. En plus, je me ramassais avec une bonne quantité de 26 oz dans mon auto à la fin de l’année. Le secret, être près des parents, mais avec toutes les folies administratives et le genre « tout m’est du» , l’enfer! Y’a pas un maudit concombre qui se lève pour appuyer les profs. « Y font plus de salaires que nous autres! » on les entend dire. Ce qui est totalement faux. Faut-il le dire, ce peuple, l'éducation, ça ne l'intéresse pas. Il préfère fonctionner à la petite semaine. Petit secret, dans l’enseignement, j’ai travaillé pendant trente ans de 50 à 60 heures par semaine. La majorité des parents, ils s’en fou. T’es payé pour ça. Seul un directeur se rendit compte du travail incroyable, de la recherche, et tout et tout que je faisais pour être à la hauteur dans mes cours. S'en était un au moins, qui n'était pas placé par la politique. Très sincèrement, c’était un choix réel, l’éducation pour moi, car j’étais orphelin et avais connu de rudes épreuves. Les parents? Sauf quelques-uns, le tiers max, disons. Une horreur! Les enfants, parfois, étaient plus futés que les parents. Non, en Ontario par exemple, toute autre mentalité. Chez les Juifs aussi d’ailleurs. J’y ai travaillé. Non, j’ai eu le choix dans la vie, c’est exceptionnel, d’enseigner ou de devenir millionnaire. Je choisirais, aujourd’hui, devenir millionnaire et je me le serais fait servir sur un plateau d’argent en plus, ce fameux million. Il ne faut surtout jamais attendre après les autres pour se faire dire qu’on est bon. Les gens sont en général, très jaloux. Ma grand-mère avait parfaitement raison. Quand tu as de l’argent... les gens te respectent me disait ma grand-mère et elle avait  aussi bien  raison. Mais je ne regrette rien du bien que j’ai fait en plus de préserver des vies contre le suicide. Les parents vont dire.... y’é payé pour ça. Je m’en fou. Allez vous faire foutre sauf pour certains. De toute façon, c’est toujours les exceptions qui ont fait avancer cette maudite société.

Réponse à mon cri de détresse!

Non, c’est faux, je ne ferais pas un millionnaire, je ferais encore un prof. Je préfère un compte de banque d’amour qu’un compte de banque de piastres. On dit, actuellement, en certains milieux que l’on s’en va doucement vers une faillite générale du système économique mondial. Je pense plutôt que l'on s'en va vers une faillite générale de la générosité des humains. Le coeur? Disparu! Et en plus, au cas de crash économique, plus rien ne vaudra quelque chose même nos piastres dans nos poches. Moi, j’aurai encore l’amour de tous ceux, toutes celles qui m’aiment. J’ai une amie qui m’a fraudé déjà. La police m’a donné le choix, poursuite? Ou, vous gardez l’amitié? Tout oublié, j’ai gardé l’amitié, ça valait beaucoup plus que des milliers de dollars que j’ai totalement oubliés depuis le temps. La vie! L’Amour! Que voulez-vous de plus? Un p'tit peu d'argent, peut-être. Mais, pas suffisamment pour nous corrompre.


Les secrétaires d’école me disaient souvent, t’es fou Richard, tu ris tout le temps. Le problème? Mes élèves me donnaient souvent le fou rire. Des enfants, comme ça peut être innocent dans le bon sens. J’avais souvent quelques petits marsouins, marsouines qui étaient plus vite que les autres. Une fois, ils m’avaient caché mon auto dans un local de l’école. Décidément! Je n’étais pas inquiet, du tout, je reconnaissais la « signature » du mauvais coup et je les attendais au détour... mais je les adorais. Ils devaient le savoir les petits sacripants.

 


Quand les p’tit(e) s marsouins (nes) s décident d’aller visiter un Upper Westmount.
 
Pas surprenant que j’aie été éducateur, car je vous jure en avoir fait UNE BONNE TONNE de « mauvais » coups dans ma vie. Quelle joie, quelle joie! Et souvent, les p’tits « monstres » ils me le remettaient au centuple.Comme cette aventure à un moment donné. Classe d’enfance mésadaptée. Plutôt, école mésadaptée, disons. Quand tu as 80 % de noirs dans tes classes mésadaptées, je pense sincèrement que c’est plutôt la société qui est totalement malade et mésadaptée. Ces enfants n’ont pas demandé à venir au monde. Et notre devoir comme éducateur :" leur créer un ESPACE où ils vont s’épanouir. »

Un point, c’est tout. J’arrive en classe et tout à coup je m’aperçois que personne n’était au rendez-vous. Je flaire tout de suite un « mauvais » coup. Mes élèves m’adoraient et ils savaient en plus que j’entendais à rire et qu’en plus, je riais souvent comme un fou. Lise Barrette me l’a dit comme
secrétaire d’école. (Cette chère Lise, morte sur un coin de rue en plein hiver, car le Médicar l'avait déposée par erreur à cet endroit! Pauvre Lise! Elle ne méritait surtout pas ça, elle qui comme secrétaire d'école avait tant aimé les enfants que nous avions dans nos classes.) « Richard, quand tu sors de ta classe, m'avait-elle dit, cette chère Lise, première chose que tu faisais, tu t’en venais me faire rire de toutes les “conneries”comiques qui c'étaient faites durant le cour. Et tu riais, riais, riais. S’en était presque “désespérant”. Toujours est-il que je trouve mes “petits marsouins et marsouines” tous cachés dans mon camion dont ils m’avaient subtilisé la clé. Ils étaient si nombreux que je voyais des p’tites têtes qui dépassaient. Ils avaient décidé que je les amenais, centre-ville, pour leur montrer la "cabane" d’un millionnaire située sur le Mont-Royal avec, devant le petit château, deux gros lions que le monsieur s’était fait sculpter et livrer du Liban à Montréal en Boing 747. Rien de trop beau pour les “pauvres syriens”. Je m’exécutai
et amena ma petite tribu sur la montagne, en face de la maison de cet ami.C’était un peu gênant, car il recevait des invités, des camions des services culinaires du Ritz étant à la porte pour apporter la nourriture... mes amis! Et l’ami sort et me salut. Je lui explique ce qui m’arrive. Il ne peut nous recevoir, mais nous pouvons admirer les superbes lions et, délicatesse ultime, on se fait aussi servir à même les camions, des petits canapés pour tout le monde ainsi que des liqueurs douces. Ultra, grande gentillesse. Qu’est-ce que vous voulez, monsieur est condamné à être riche, car, on a trouvé dans sa cour, en Arabie, des supers puits de pétrole qui lui crachent à la face des milliers de dollars par mois. Triste destin, condamné à être riche même si tu n’y tiens pas. Et l’Arabie, ce n’est pas le Canada. Le pétrole qu’on trouve sur ton terrain, il t’appartient. Nos bourgeoisies canadiennes nous enfirouapent, pas à peu près, avec ces lois toutes croches. C’est carrément les riches qui se protègent entre eux de connivence avec les gouvernements. Je téléphone donc à l’école pour parler à mon directeur Bernard,
un homme à l’esprit très ouvert. Il ne me fait pas du tout de sermon sur les assurances de protection au cas d'incidents lors d'une sortie avec les élèves et tout et tout. Il sait bien que je connais tout ça, mais je voulais au moins le rassurer et faire un retour glorieux à l’école. Bien sûr que toutes mes autres classes voulaient avoir le même privilège, mais c’était, premier arrivé, premier servi. Just too bad! Et en plus, mon camion ne pouvait surtout pas en contenir plus que 8, max. max. max. Au début de mon enseignement, je n’en pouvais plus. J’arrivais avec mon “toaster” sous le bras, avec mon beurre, mes pains obtenus gratuitement à la boulangerie tout près de l’école et mon beurre de peanut. (L'incontournable des pauvres!) Le fun que j’ai eu... tellement... que tout le monde s’est mis à faire la même chose que moi. Trop de fun et des enfants attentifs. La charité? C’est quoi ça avec tout le fun que j’ai eu. Des enfants que j’adorais et de qui j’apprenais toutes sortes de choses. Me jouaient des tours... Non. Il faut faire quelque chose. Les Français et leurs fameuses baguettes que j’aime bien. Le pain financé par l’État pour ne pas que le peuple meure de faim. Ça n’existe plus? Déchéance! Et la Révolution? Cela a servi à quoi? La Bourgeoisie! Voilà! Ça m’écœure! Mais, il en reste de cette révolution. Les Français sont peut-être gueulards, mais ils obtiennent ce qu'ils veulent. J'avais une Française dans l'avion qui m'amenait à Paris. Elle se vantait. Ses petits marmots étaient tous les deux dans les Alpes à faire du ski aux frais de l'État alors que madame se pavanait, au gré des vents, entre l'Amérique et l'Europe. Vous ne trouvez pas que l'on est "épais", nous les Canadiens et Québécois? Je pense très sérieusement que oui. Vous devriez entendre les riches de France se plaindre d'ailleurs. Ils en râlent tout un épisode! Et nos médecins spécialistes qui viennent d'avoir la parité avec les médecins du Canada, et cela, de la part de la province la plus pauvre du pays. Ça leur fait toute une jambe cette fameuse gang. J'aurais honte d'être spécialiste au Québec à leur place. /////Ben voyons dont, ça leur est dû mes amis. Ma femme qui s'est fait arracher quatre mille dollars au moins par les mesures de Lucien Bouchard. Du vol! On la punissait d'avoir fait la grève soi-disant illégale! Des cochons aussi. Bouchard, en plus, qui a toujours été l'avocat parmi les mieux payés au Canada. Et il se promène élégamment après avoir "organisé" tout le monde. "Ha, ça ira, ça ira, ça ira! Les aristocrates on les pendra!" (Tiré du film, "Si Versailles" m'était conté.)
Avant 1982 j’avais même un p’tit groupe d’étudiant(e) s de 2e secondaire qui avait fondé un petit parti communiste à l’école Curé-Antoine. Je leur imprimais leur journal en secret, aux locaux du syndicat, la nuit. Nous avions un tout petit budget pour aider les groupes d’avant garde. Les têtes dirigeantes de ce groupe ont toutes fait des missionnaires laïques en Amérique du Sud pour une durée de 3 ans environ. Pas n’importe quoi, n’est-ce pas, et pas n’importe qui. La crème de la crème quoi! Le plus drôle, c’est que la haute direction de la commission scolaire était au courant de mes tractations diverses à cet égard, mais connaissant les élèves engagés dans l'action. Ils ne dirent mot de la situation. La Commission n’a donc pas bougé. Je pense qu'on m'estimait vraiment beaucoup en hauts lieux. Ils m'ont toujours aimé, je le sais. J'ai été gâté, gâté à cette Commission scolaire, je n'aurais jamais suffisamment de reconnaissance envers eux.

L’école d’avant la crise de 1982.
 
CINQUANTIÈME ANNIVERSAIRE DE L’ÉCOLE CURÉ-ANTOINE-LABELLE À ST-ROSE DE LAVAL. MERCI AUX ORGANISATEURS (TRICE) S.
Bien certain que nous avons parlé d’enseignement. MON DIRECTEUR PRÉFÉRÉ, GILLES DESLAURIERS, PENSEUR, m’a appris quelque chose qui m’a stupéfait. Avant 1982, les jeunes étaient communautaristes, ouverts à tout. À partir de 1982, ils sont devenus individualistes. C’était la crise! Chacun pour soi. Tu fais ton job, je fais le mien. Les adultes, baby-boomers sont devenus pareils. L’argent, l’argent, l’argent. Le tout pour moi et le rien pour les autres. C’était incroyable les classes dynamiques que j’avais avant 82, mais subitement, comme un tsunami, tout a changé. Peur de parler pour ne pas être jugé par les autres. Dans les familles, c’est devenu pareil. Tout faire pour impressionner l’autre. Dans le fond, ce que j’avais vu en Californie et que je ne voulais pas voir venir ici, c’est arrivé en 1983. Une société qui rejette le spirituel, les bondieuseries dit-on, mais qui s’accroche à l’argent. Plutôt d’accompagner ses petits enfants au Musée on préfère leur garrocher une tablette par la tête, pensant faire leur éducation. Matérialiste, matérialiste, matérialiste. Une autre qui arrive d’Afrique me disait qu’elle avait 60 enfants dans sa classe. 1 seul livre par trois enfants. Des petites roches pour calculer et finalement des directeurs qui exigent le 80 % plutôt qu’humblement passer de 20 % à 30 % réalistement sans en faire d’éclat. On n’est pas les seuls mal pris avec le ministère de l’éducation tout croche ou la politique mène en grand. Inodore, incolore sans saveur et vous avez des ignorants dont presque la moitié de la population du Québec est analphabète fonctionnel! Wouf!
De toute façon, c’est inévitable, il nous faudra une meilleure répartition des richesses. Mon ancien directeur, car nous avons eu une rencontre d’anciens, me rappelait la grande césure entre les deux années 1981 et 1982, période de la crise. En 81, nous avions des classes (communautaristes) incroyablement dynamiques ou tout était partagé, etc., etc. 1982 arrive. C’est le chacun pour soi. L’arrivée du je, me, moi. J’avais bien remarqué ce qui se passait en Californie et je me disais, pourvu que ça ne nous arrive pas à nous, ici. Quelques années, c’était fait. L’individualisme, le plan de carrière, la peur constipante de s’impliquer. Nous ne sommes pas en Suède, ni en Norvège. J’ai déjà travaillé avec ces gens dans l’aviation. La préoccupation d’autrui, la politesse, le partage, l’honnêteté « intégrale ». La Suède a créé un fond d’au moins 150,000 $ pour chaque citoyen au cas de catastrophe personnelle. Comme gestionnaire je ne la trouve pas drôle de voir aller les choses. Gouvernements faibles dont le seul but est la réélection dans 4 ans. Le Québec vit au-dessus de ses moyens et n’a plus de priorités. Les dernières élections? Un désarroi total ou les gens ne savent plus où se diriger. Je suis allé en Italie! Beaucoup plus riches que nous autres, ça ne se compare pas.
« Si notre système actuel fait arriver tout en haut, aux commandes, les moins vertueux, pourquoi continuons à croire en cela? Ce système a organisé depuis des décennies, notre dépendance à son égard : ne cultivez plus, d’autres le feront pour vous, ne cuisinez plus, d’autres le feront pour vous, ne lisez plus, ne réfléchissez, ne pensez plus, d’autres le feront pour vous? Mais ces « autres », ces pseudo spécialistes de tout et de rien, sont ils vraiment au service de la société, sont ils vraiment animés par l’intérêt général? »
Et le monde s'agrandit!
Il suffit de voyager qu’un p’tit peu pour savoir que le monde devient multilingue. J’ai toujours de l’admiration pour mon ami Bruce qui se mit à parler russe à des Russes. Je lui dis, mais tu ne m’avais pas dit et il m’a répondu, je ne me souvenais plus que je parlais russe. Pour Bruce, la terre est ronde et il faut la transformer en une immense ronde de fraternité. Parler plus d’une langue est aussi un bon traitement contre l’Alzheimer. Personnellement, je n'aurais jamais imaginé fonctionner dans un monde où je ne serais pas bilingue. On m'a offert de l'apprendre dans l'aviation. J'ai sauté sur l'occasion. Non, je ne me suis pas ennuyé de maman, j'avais plein d'amis!
LES PARENTS
Aujourd’hui, le parent est PROPRIÉTAIRE de l’enfant et le défend comme sa propriété. Ce que les gens ne savent pas c’est que cette attitude et quelques autres affaiblissent l’enfant, il va faire un mou dans la vie. J’ai rencontré un de mes élèves syriens avec son père, incroyablement costeau! Je sentais de leur part un respect quasi éternel pour l’autorité et je me sentais énormément respecté. Le père venait me remercier et cet homme costaud adorait son fils. Celui-ci avait eu un cancer et la force intérieure qu’il avait lui a permis de supporter le moral de toute sa famille dans l’épreuve qu’il passait. Oui, le respect de l’autorité et des règles, la discipline, font des enfants forts. Va dire ça aux parents PROPRIÉTAIRES DE LEURS ENFANTS! Désolant!

 

 

 

 

 


Photo prise à l’école des Marines, Parris Island, en Caroline du sud. Tout un monde. En entrant, j’ai eu affaire à un quasi-enfant. Soldat à 17 ans. Je l’ai appelé “son” ou “sun” aurait été la même chose. “You know what I think son?” “No sir.” “I think, you've got courage! Take care. » J’ai senti le cœur lui virer. Et j’ai ajouté : "Don't forget, that a Canadian told you such a thing. » Et vlan. Un enfant soldat. J’étais un peu scandalisé. Mais j’imagine qu’il était cadet. Cette île est aussi le premier lieu d’arrivée des Huguenots français fuyant les guerres de religion d’Europe. Je voulais voir et m’incliner devant ce mémorial. Mais, l’île est aujourd’hui un camp militaire prestigieux. Je suis moi-même huguenot de descendance. Les huguenots étaient protestants et je suis dont fier d'avoir une descendance protestante. Une véritable épine dans le pied. Je proteste toujours, pas surprenant mon affaire.

J’ai fait du collège, de l’armée... quelle fierté tu as quand tu performes et que tu es à ta place. Quelle valorisation ça te donne. Vous aimez votre enfant? Mettez-le à l’épreuve. Pas seulement au hockey où tu vois des parents, trop souvent, aussi enfants que leurs enfants. Grand'Maison disait que le 50 % du Québec était adulescents. Bien certain que cette nouvelle, on l’a passé sous le tapis. On ne voulait pas savoir. Désolant. Mais, je pense sincèrement que le vent commence à tourner surtout avec les ethnies qui nous enseignent un certain savoir-vivre. Non, y faut sortir après 9 hs dans la vie... pour apprendre. 40 ans d’expérience dans l’éducation. Je dois savoir quelque chose! Non! C’est Einstein qui disait qu’il n’y a rien de plus anti-scientifique que la certitude d’avoir raison. Ouvrons nos yeux, sortons les voiles et partons faire des découvertes. J’ai travaillé chez les Juifs. L’éducation.... une priorité ainsi que l’ouverture d’esprit. Dans un stage à l’hôpital juif, je suis arrivé et tout le monde parlait anglais et subitement, tout le monde se mit au français par respect pour moi, pourtant je parlais déjà anglais. De toute façon m’a dit le psychiatre, le prochain client parle français. Et vlan. Voilà de l’ouverture. Un de mes anciens, p’tit génie, « Je ne pouvais pas ne pas VOUS saluer M. Labelle. » Parle plusieurs langues, fait son internat en chirurgie du cerveau. Un p’tit québécois élevé à la dure! C’est du solide. 

Victor Lévis-Beaulieu
Mon cher Victor, pour vous consoler je dois vous souligner que Facebook et ses semblables sont en train de ressusciter nos langues et notre langue. Grâce à Facebook, j’ai commencé à écrire pour ceux, celles que j’aime. Ce sera sans doute un livre assez costaud. Titre temporaire : « Ma vie comme un roman. ». Vous ne devez pas paniquer cher Victor, car vous écrivez tellement bien. » Vos premières lignes finissent toujours par me transporter comme si j’arrivais devant une immense sculpture romaine, par exemple, et que j’allais m’évanouir devant sa beauté. Vous écrivez comme un archange du ciel dont nous ne pouvons deviner l’origine tout en sachant que cette origine est céleste. De grâce, ayez pitié de nous, nous sommes peut-être ignares à vos yeux, je vous comprends, mais jamais nous ne pourrons vous rejoindre dans la qualité de votre écriture. Nous écrivons mal, mais au moins, nous écrivons. Et c’est en écrivant mal qu’on finit par bien écrire. Je le pense. Moi-même, j’ai toujours dû me battre à armes inégales avec ma langue. Je l’aime, mais je suis malhabile, je ne me souviens pas toujours des règles, mais ma langue, je l’aime et vous aussi. BONNE ANNÉE CHER VICTOR et j’apprécie votre lutte. Vous savez, il y a un côté très affectif dans la langue et c’est justement là que je succombe.
C’est absolument très vrai. L’ignorance, quelle catastrophe. Mais je suis toujours impressionné de voir ces jeunes se lever et protester. Je suis vieux et je suis bien conscient que l’avenir de ma nation est dans les jeunes. Donc, j’y suis très sensible. Je regarde Gabriel Nadeau-Dubois. Pas nono, n’est-ce pas? Y’a sûrement beaucoup de ses semblables autour de lui. Bon, je ne me serai pas battu pour rien. J’y ai passé ma vie. Quelle consolation j’ai, quand je vois cette nouvelle génération prendre le flambeau. J’ai le cœur qui bat plus vite et la confiance en la vie me revient.
 

LA RELIGION, LA POÉSIE
Qu’est-ce que ça donne la poésie Richard? Ça fait vivre mon cher, ça fait vivre. Et la religion? Ça fait vivre mon cher, ça fait vivre! « Encore faut-il regarder du bon côté. En parlant de Dieu.... »Les « divinités imaginaires » comme vous dites, sont peut-être des symboles, des archétypes que nous utilisons depuis la nuit des temps afin d’essayer de comprendre... Sauf que nous sommes coincés dans cet univers et que nos sens ne peuvent que nous donner une minuscule portion de la réalité. « Les « divinités imaginaires » sont peut-être comme les ombres qui se projettent dans la caverne de Platon... Il y a peu de personnes qui sont en mesure de mieux comprendre ces choses... Dans les intelligences multiples, il y a aussi l’intelligence spirituelle et il y a bien des cancres dans ce domaine, tout comme il y a des cancres en intelligence logico-mathématiques... Ce n’est pas parce que quelqu’un ne comprend pas les maths qu’il peut affirmer que les maths n’existent pas. » (J'ai perdu le nom de l'auteur.)


 
Autre expérience qui me préparait a être éducateur et comprendre davantage ce qu’est un enfant!
 
Ça me tente de vous conter une histoire vraie à propos du genre fouineur que je pouvais être, enfant. Ce fut une grande consolation pour moi. Peut-être qu’on n’avait pas toujours le temps de s’occuper de moi, eux, les adultes, mais il certain que j’ai pris beaucoup de temps à m’intéresser à eux. J’ai appris, en thérapie familiale comme stagiaire à l’Hôpital Juif de Montréal avec un fameux psychiatre réputé qui avait toujours son no. matricule des camps de concentration imprimé sur son bras gauche, en haut au début de l’épaule. Un homme qui revivait les horreurs des camps toutes les nuits et ne pouvait coucher que sur une planche de contre-plaqué, car sur les matelas, il ne pouvait pas dormir. Il me répétait souvent, tu sais Richard, il n’y a pas de secret de famille pour les enfants. There is no family secret for children, Richard. J’avais le fou rire, car c’était bien vrai pour moi. On vit arriver une jeune famille avec de jeunes enfants et la plus jeune, donc la plus fragile en terme de thérapie, se tenait les fesses bien serrées et à deux mains. Le psychiatre me donna un coup de coude. Regarde Richard, on a du lui dire avant de partir de la maison, de se retenir le clapet, si non qu’on lui en passerait une bonne en revenant. (Non verbal! J’ai appris en titi.) « And listen what will happen. » Le show commençait. Tout le monde se mit à parler. Le grand de 18 ans, insulté, disait que non, son père n’avait pas et n’avait jamais eu de maîtresse! Et d’un enfant à l’autre en allant vers la plus jeune. Surprise, la plus jeune apprit à tout le monde la nouvelle. Ha oui! Il y avait eu beaucoup des matantes à profusion qui étaient passées à la maison depuis quelque temps. Matante une telle, telle autre qui lui apportait un cadeau, etc., etc., etc. Le tout à la grande stupéfaction du père, de la mère, des frères et des sœurs. Un enfant ne voit rien. HA! HA! HA! HA! Il voit tout et ce fut la même chose pour moi qui aimait comme un p’tit fou ratisser les fonds de tiroirs de tout le monde. Des condos... des condoms plutôt,, des revues douteuses, mais intéressantes, même pour un enfant! etc., etc., etc. Et quand je voyais ce beau monde se regarder avec tout le respect qu’on peut imaginer, je me disais en moi-même :" bande de maudits cochons. Sans compter la fameuse valise interdite de l’oncle Philippe que j’avais fouillée de fond en comble avec un intérêt qui grandissait à chaque découverte que je faisais. J’en ai appris des choses la mes amis. Je fus surtout surpris par un attelage en forme de pénis et de crème l’accompagnant. Sans doute que c’était pour les queues souffrantes. Et je regardais encore ce monde et je me disais, MAUDITS COCHONS! Écoutez ce que je vous dis. c’est le « thérapeute » qui vous parle....Si votre enfant n’a pas à l’âge de sept ans fait le tour de toute la maisonnée, dites-vous qu’il y a des problèmes. L’animal est ainsi fait et c’est notre animal qui se défend en tentant de prendre le contrôle de son environnement. Même mes petits rats que je mettais en cage. Pendant une bonne demi-heure et plus,  ils mordaient partout dans la cage, question d’investiguer leur environnement. J’étais comme ces petits animaux, je vérifiais tout. C’est beau la nature mes amis.


L'avant Réseau. Le début des horreurs.-----


J'étais telle furieux que, par mégarde, j'ai tout effacé. Pour résumer, ce n'est qu'un début. C'est le point de vue d'un éducateur, expérience de 40 ans, qui veut vous livrer sa pensée concernant son opinion sur la maladie mentale. Premièrement, les malades mentaux ne sont pas ceux qu'on pense. Ce sont surtout ceux qui les fabriquent par du harcèlement, menaces de toutes sortes et ajoutez-en tant que vous voulez. Le patron qui font travailler leur monde dans la crainte. 50% de la maladie mentale au Canada. Et j'en passe. Et l'autre pan, les abus sexuels et violents de toutes sortes. J'ai ai tellement dans la tête que je ne sais pas ou commencer. Tiens, je vous parle de "mon p'tit pit adoré"! J'en ai pleuré des jours. Il m'arrive dans le corridor et me dit comme ça, "je suis le mal incarné, l'ange de la destruction! Méfiez-vous de moi. Houuuuuuuuuuu!" Je lui dis rapidement, entre ici, (dans une classe) que l'on discute de ça. Psychose! Ça va de soi! Je lui mets la main sur l'épaule. Je voudrais dont le sortir de ses vapeurs toxiques. Rien n'y fait, il est froid comme une glacière. Toutes les émotions ont été "siphonnées" de l'intérieur. Plus rien à faire. Je courre chez le directeur qui me connaît bien. J'ai un cas d'Albert Prévost, je lui dis. Pas de problème Richard me répond-t-il. Je fais monter mon jeune dans mon auto et c'est Albert Prévost en vitesse. Je ne voulais pas l'envoyer en contention dans une ambulance. Je savais que je prenais un risque. On arrive à Albert Prévost, psychiatre tout de suite et dix minutes plus tard, il est interné. Il habite maintenant dans des logements supervisés et demande la charité à tout le monde sur la rue Ste-Catherine. Un beau bonhomme, beaucoup plus costaud que moi. Démoli complètement. Il était un enfant adopté, un manuel. Ça ne convenait pas à un des deux parents. On l'a rendu "fou"! Adopté! Ça venait me chercher, bien sûr puisque moi-même je l'étais. J'ai dont pleuré! Le plus fou de tout ça, c'est qui, vous pensez? Vous me comprenez, j'espère? Que la vie est dont injuste parfois! Et en plus, ces gens font souvent trop confiance aux autres et deviennent ainsi des victimes faciles pour les agresseurs.

Oui, il faut se méfier. Dans mon enseignement, ce qui me révoltait, c'était ces parents qui envoyaient leurs enfants à l'école, le trou du cul presque à l'air libre. (Je m'excuse) Mais c'est la vérité. Comme un directeur qui était pour les toilettes mixes. Inutile de vous dire que le bonhomme s'est fait "pincer". Je dirais, qu'avec le québécois, vous pouvez tout faire. Peur de s'affirmer. On peut nous faire avaler n'importe quelle couleuvre. C'est vraiment désolant. Sans compter, bien sûr, le manque d'éducation de beaucoup de parents et même d'adultes qui travaillent dans le réseau de l'éducation. Qu'est-ce qu'on ne ferait pas pour paraître gentils avec les élèves. Il est certains que ces gens mous n'étaient absolument pas équipés pour affronter des crises graves comme j'en affrontais avec certains autres intervenants, intervenantes compétentes. J'étais souvent seul d'ailleurs. Le monde a peur, ils ont peur d'avoir peur. Pourtant, quand on a de l'expérience, le risque est très minime et moins dangereux que de ne rien faire. (Brouillon, je m'excuse, mais je vais corriger à la file. Pourquoi j'écris ça. Pour l'amour que j'ai de l'humain. Tout simplement.
Chapitre VIII
1991-2002 HISTOIRE D’UN RÉSEAU D’ENTRAIDE QUI A EFFICACEMENT PROTÉGÉ LES JEUNES DE L’ÉCOLE CURÉ-ANTOINE-LABELLE DE SAINTE-ROSE DE LAVAL CONTRE LE SUICIDE. CE MÊME RÉSEAU A PERMIS D’ÉTABLIR UNE THÉRAPIE QUI IMMUNISERAIT EFFICACEMENT LES JEUNES CONTRE LE SUICIDE

LE RÉSEAU DE L’ÉCOLE CURÉ-ANTOINE LABELLE VIT LE JOUR DANS LE BUT DE PRÉVENIR LE SUICIDE CHEZ LES JEUNES.

Sept astuces pour se sentir « bien dans sa tête »
S'accepter, se ressourcer, créer des liens, découvrir, ressentir, agir et choisir permettent de maintenir une bonne santé mentale au quotidien.

Au moment de la fondation du Réseau, l’école CURÉ-ANTOINE DE STE-ROSE DE LAVAL connaissait une véritable « crise » de suicides qui se traduisit par la mort de plusieurs jeunes en peu de temps. Voici donc le récit, l’histoire incroyable de cette aventure qui mobilisa plus de 350 personnes au moins. À la toute fin, le Réseau pouvait se vanter d’avoir donné de la formation (De JEVI Sherbrooke et de la Cité de la Santé avec Sylvaine Raymond comme responsable du programme lavalois.)  de 40hs de prévention suicide à plus de 350 jeunes. (La liste complète de ces jeunes et des adultes qui les ont accompagnés paraît à la fin de ce volume) le tout étalé sur dix années. Avant de s’éteindre, discrètement, en collaboration avec des intervenants, intervenantes chevronnées, le Réseau joua un rôle majeur dans la formation d’une thérapie cognitive et comportementale qui était ni plus ni moins qu’un vaccin énergique pour « enlever de la tête du jeune » l’idée de suicide. Cette découverte fut présentée au Congrès international de Genève en juin 2002. Plusieurs formes qui ressemblent étrangement à cette approche sont maintenant appliquées dans le monde entier.
Vous vous doutez bien que de démarrer un Réseau bien structuré n'est pas du tout une sinécure. J'ai commencé à me préparer à cette aventure à l'automne 1989 suite à une rencontre avec une équipe de JEVI, Sherbrooke, qui avait un kiosque à notre congrès d'Enseignement religieux au Reine Élizabeth, à Montréal. J'ai eu l'honneur de saluer monsieur Thibault, le fondateur ainsi qu'une bonne partie des membres de l'équipe. Pour moi, il ne s'agissait pas seulement de faire de la prévention, mais bien aussi de tenir compte de tout l'aspect organisationnel avec comme fond, une formation articulée et solide pour permettre à notre monde d'intervenir avec compétence. Il fallait donc tout prévoir. Je me donnai comme mandat pour l'année qui venait de consulter le plus large spectre de tous les gens de la communauté. Il n'est pas nécessaire, vous en conviendrez de vous dire que j'en profitai pour faire du recrutement, mais je n'avais encore aucune idée de la formation précise qu'exigeait cette démarche.
Pour éclairer votre lanterne, ne serait-ce que sur un point. J'eus le fastidieux travail de préparer un genre de liste des criminels potentiels qui pouvaient fréquenter l'école. Connaître, par exemple, ceux qui sont à risque de compromettre des gens et de faire croire qu'on voulait les abuser. Un exemple parmi tant d'autres. Ce travail m'amena même auprès du corps policier de Laval, section filature pour en savoir davantage. Les deux seuls qui furent au courant de ces démarches et le leurs résultats fut Raymond, mon psychologue attitré et moi-même. Personne, mais personne des dix ans du Réseau ne se douta qu'on pouvait être informés comme on l'était. Donc, trafic de jeunes, rencontres nocturnes entre adultes et jeunes recrutés pendant les heures de classe. J'avais toute l'information, le tout, complété par des filatures régulières. L'objectif? Se prémunir contre des individus mal intentionnés qui auraient fait des approches auprès de nos jeunes du Réseau ou d'autres personnes à risque. Sans compter, les voleurs, etc. etc. etc. Nous en avions un qui avait volé quasi pour un million à son patron. Vous auriez du voir, il avait l'air d'un ange, mais ça ne durait pas trop longtemps. Il se transformait vite en diable. Il dévoilait son jeu malgré lui. Donc, il nous fallait connaître ce genre de « soupe » dans laquelle nous aurions à mettre la main très occasionnellement. Ça se produisit, mais le tout fut vite transmis à la police très efficace de Laval et à la DPJ.
Donc, les gens qui s'imaginent qu'être patron d'une telle boutique est facile et sans risque devront réviser leurs connaissances, car, non, régir un tel système est complexe et exige de vous des talents sûrs et une vigilance sans relâche et une équipe qui vous supporte. Car, notre réseau a toujours fonctionné de façon collégiale, ce qui n'était pas vraiment facile non plus. Vous avez toujours au moins une personne qui n'est pas d'accord avec vous et qui parfois peut se mettre à faire de l'intervention isolée, à sa façon. Car une faiblesse des bénévoles selon toutes les recherches faites sur le sujet est de croire qu'ils savent tout à cause de leur amour des jeunes par exemple. Certains élèves se sont même payé la tête d'une de ces personnes en lui faisant croire qu'ils étaient des enfants abusés. Le plus triste est que la personne en question tomba dans leur jeu. Et ces mêmes élèves allaient par la suite se vanter de leur « arnaque » auprès d'une psychologue en particulier. Il n'en fallut pas plus pour discréditer un peu le Réseau auprès de la direction, affirmant qu'une telle organisation pouvait aussi être dangereuse dans le milieu. Il fallut donc se « battre » pour corriger le trajet. Quels troubles! Tout ça, pour un seul adulte qui voulait faire cavalier seul et se prenait lui-même pour le Réseau.

 

 
Merci Hélène. Merci encore pour la très belle fête du cinquantième de l'école Curé-Antoine-Labelle que j’ai beaucoup aimée. J’ai eu un échange avec Christian, mais je ne sais trop ce qu’il a. Il a été fort surpris d’apprendre que le réseau avait participé à la formation d’une thérapie spéciale qui inoculait les jeunes contre le suicide. Bien certain que tout cela baignait dans la confidentialité complète, car il n’était pas question d’ébruiter les noms des jeunes qui y participaient. Mais quelle joie de voir des jeunes s’en sortir. J’ai été dans le secret des dieux. On voulait même que je participe comme intervenant à cette nouvelle thérapie. Pour moi, il n’en était pas question, je voulais respecter l’intimité de ces jeunes que « j’avais » recrutés grâce à des personnes comme toi et Marie. Le nom qu'on donna à la thérapie fut le mot Astuce. En d'autres termes, développer des astuces pour affronter la vie et ses problèmes. On m'offrit d'agir aussi comme chercheur. Suite à cette offre, je dois vous dire que je me sentis infiniment reconnaissant à tous les membres adultes du Réseau ainsi qu’aux jeunes qui m’ont toujours fait confiance. Nous pouvons, sans l'ombre d'un doute, affirmer que nous avons sauvé des vies. Grand, grand merci à tous les nombreux particpant(e)s. Le Logo, ça vous rappelle des souvenirs?  Donc, cette activité particulière de recherche a pris toute l’énergie pour les deux dernières années du Réseau. C'est la raison pour laquelle le Réseau ne figura pas autant sur la place publique même s'il était actif. Il n'a jamais cessé de l'être.

MON ENFANT QUI SE DÉFIT EN MORCEAUX. Le texte est à composer.
C’est Robert Kennedy qui disait que la vie était souvent bien injuste. Il avait totalement raison. Seulement constater la répartition des richesses dans le monde et on voit bien que les riches mènent et que les pauvres, bavent.

Histoire d'un jeune que j'ai accompagné!
Le Réseau et les médias.

Photo du premier camp du Réseau 

 

 


Des intervenants du Réseau. Marie, Madeleine, notre
bonne psychologue, stagière extraordinaire, Raymond
(Décédé. Quelle perte!) Et à droite complètement. Une
grande amie dont j'ai complètement oublié le nom.

 

8e camp du Réseau, presque 10 ans plus tard. C’est de l’énergie mes amis.
 
          Rencontre émouvante à JEVI SHERBROOKE pour un colloque d’échanges sur
          la prévention du suicide. J’y avais presque passé la nuit complète à parlemen —
          ter sur toutes sortes de sujets avec mes grandes amies et des responsables de
          JEVI, Sherbrooke. Voir 6e et 7e à partir de la droite vers la gauche. Des adultes
          et des jeunes très dévoués ainsi que la présence, avec nous, du fondateur de
          JEVI.  Quel honneur! (6e personne à partir de la gauche.)

PARTICIPATION DU RÉSEAU À UNE RECHERCHE SUR UNE NOUVELLE APPROCHE.
« Le deuxième focus groupe réunissant la plupart des intervenants du Réseau pairs-aidant de l’école Curé-Labelle à Laval, ressource reconnue comme proactive dans cette région, nous a permis de cibler des jeunes anciennement à risque suicidaire. À cet effet, l’implication riche de cette ressource pourra s’avérer bénéfique pour confronter le modèle proposé à des jeunes ayant déjà eu des problèmes émotionnels. » (Ce fut la dernière recherche très intéressante qui faisait suite au Réseau d’entraide et qui finalisait les activités du Réseau en 2002.) Pour ceux, celles qui doutaient que nous étions actifs, il n’y a qu’à vérifier. Le résultat de cette recherche fut présenté à Genève.. Quand même! Pas rien n’est-ce pas?

DÉFENDRE LE RÉSEAU D’ENTRAIDE PAR LES PAIRS SUR LA PLACE PUBLIQUE.
Dans la première situation vécue, je pense que le journaliste qui s'était engagé a faire du travail pour le Réseau, était jeune, débutant et il fut très honnête. Il était sous contrat. Mais j’ignorais quelle forme ça allait prendre. Pas grave. J’ai relu l’article et elle rapporte précisément ce qui s’est passé. Pas d’invention. J’aurais l’occasion de vous conter une autre histoire qui, celle-là, ne fut pas drôle du tout. Bon, je ne fus pas très heureux, mais ça m’a valu une interview avec Lisa Frula comme prix de consolation, ce que j'appréciai énormément. J’ai passé des heures à me préparer à cet interview. Quel message précis, essentiel et court, j’allais passer. Je fus très fier de moi tout en étant en maudit contre moi, car j’aurais pu lancer une pierre dans la marre et j’aurais sans doute fait toutes les pages des journaux du lendemain, mais au moins, la vérité serait sortie. Pour faire une omelette, il faut toujours casser des œufs m'a-t-on dit. Comme je l’ai déjà dit aussi, il m’aurait fallu un attaché de presse. La commission scolaire avait de la misère a s’en payer un. Il m’aurait sans aucun doute fallu tout simplement un bénévole compétent dans le domaine, car il ne faut jamais "dealer" avec la presse comme un collégien. C’est toujours du sérieux et ça peut-être dangereux. Ils peuvent te tourner en ridicule comme ils veulent. Le meilleur pour moi, ce fut le canal TQS. C’étaient des jeunes qui voulaient vraiment produire du sérieux et je le sentais. Ils savaient aussi que j’étais « allumé », qu’on n’allait pas me passer n’importe quoi. D'autre part, j'eus droit à deux cochonneries de journaliste : un article qui n’aidait pas sur L’Actualité et un film de l’ONF fait par une écervelée qui s’est calmée quand elle s’est rendu compte, que j’avais des contacts à l'ONF. Alors, là, la madame a perdu de l’altitude. Mais quand même, je ne l’ai pas trouvé drôle du tout. Et pendant ce temps, je m’occupais toujours du Réseau. Houf! Des nuits à travailler et le pire, c’est que ça ne paraissait pas du tout ce travail que je faisais. Le monde ordinaire n'y voit généralement que tu feu. Il y avait aussi mes classes à préparer et ça aussi, je prenais ça très au sérieux. J’ai plus souvent qu’autrement, durant toute ma carrière, travaillé souvent jusqu’à deux heures du matin. L’enseignement, c’était pas du tout payant si je calculais les heures travaillées. J’avais eu de grosses offres du privé. Je doublais, triplait et même quadruplait de salaire, mais, dans les affaires. Et pourquoi je faisais tout ça? C’est simple, pour assurer la survie du Réseau en flattant les patrons. Tu ne peux faire autrement. Seul, un patron a été à la hauteur, Gilles Deslauriers, accompagné de mon adjoint Richard Cloutier. Je ne dis rien des autres, mais Gilles fut celui qui épousa la cause comme je l’avais épousée. Tout un homme. Ce n'était pas le genre à faire des show off et vouloir remonter sa cote de popularité De toute façon, vu son calibre, il fut nommé directeur général de la commission scolaire une ou deux années plus tard. C’est le gros problème des organisations dans les écoles. C’est au bon vouloir du directeur et comme on change souvent de directeur, alors le vent change souvent de direction. Je ne peux m’empêcher cependant de souligner les mots d’encouragement de plusieurs personnes qui participèrent au Réseau. Marie me dit merci (à propos du Réseau d’entraide de C.A.L.), «c’était riche en émotion et tellement important, tous y ont donné de cœur plein d’amour les uns envers les autres pour intervenir le plus adéquatement possible, merci encore. » Merci chère Marie pour ces bons mots.
J’ai malheureusement souvent eu le cœur brisé par des situations de toutes sortes y compris une photo terrible où on voit deux gars qui viennent de faire une tentative de suicide. Il sont d'ailleurs pas mal amochés, les deux, sur la photo en question. Deux semaines plus tard, il y en a un qui s’essaie à nouveau. Il meurt. Différence, le père s’est occupé de l’un et le père de l’autre n’a rien fait. Pourtant, les deux, pleins d’un talent fou. Après leur tentative, après leur sortie de l’hôpital, ils étaient venus rejoindre les amis du Réseau, car j’organisais un party à la pizza. Ils ne voulaient pas manquer ça. Curieux la vie. Le psychiatre en chef de Prévost appelait ça : « la pizza thérapie » Charles Bedwani. Il me faisait bien rire. Nous étions une équipe, je dois dire, extraordinaire. Des gens adorables que j’adorais et ils me le rendaient bien.

LE BÉNÉVOLAT EN PRISON

J’ai fait dix ans de prison comme bénévole au fédéral. Je voulais voir une autre réalité de la vie. Un bon ami m'en offrit l'opportunité moyennant un service que je devais rendre, être secrétaire d'un comité. Il avait besoin de mes services pour rendre le fameux comité plus opérationnel. Je ne vous cacherai pas que ce comité n'avait à peu près aucun pouvoir, sinon de soumettre des attentes concernant certaines situations à l'interne. Par contre, ils nous étaient toujours possible de tisser des liens pour venir en aide à telle ou telle personne. Ce fut la partie du travail que j'appréciai le plus même si mon temps était limité.
Il y avait, bien certain, toutes sortes de problèmes qui nous étaient soumis. Un exemple parmi tant d'autres. Dans ces prisons, il y a toujours eu de la drogue. On avait même acheté un machin qui coûtait 1,000,000 $. Il pouvait identifier des traces de drogues sur à peu près un 20 $ sur quatre. C’était la monnaie avec laquelle se payait la drogue dans le temps. J’avais trouvé intelligente l’intervention d’un professionnel qui disait que la prison était de toute façon comme une société et qu’aspirer à complètement éliminer la drogue nous apporterait des troubles encore plus sérieux. Je pense sincèrement que rendre les drogues légales nous éviterait les gaspillages astronomiques que nous faisons, tout cela sous la pression des Américains, chrétiens invétérés de la pureté évangélique qui ne veut plus rien dire, car complètement déconnectée de la réalité. Et tout cela n’est-ce pas pour faire plaisir aux amis du parti qui vont faire un argent fou avec des désintox qui vont plus ou moins fonctionner et des thérapies douteuses. Quand je pense qu’on a fermé le Leclerc qui offrait à moitié prix les services de buanderie aux hôpitaux du Québec et offrait aussi un p’tit travail aux prisonniers et qui avait pour effet indirect de limiter les évasions. Mais là où il y a de la politique, il y a aussi des enveloppes brunes n’est-ce pas. C’est vrai que l’argent en plastic ne passe plus dans les bols de toilette. Mais il y a beaucoup d’argent qui passe ailleurs.
Augmenter la sévérité des sentences. Allez voir quels sont ceux qui vont profiter de cette manœuvre de Stephen. Les avocats et tout l’appareil judiciaire et pénitentiel qui vont s’en mettre dans les poches. Le peuple! Mon œil. Il y a quelques années, au Leclerc, on avait

voulu faire construire l’hôpital de l’établissement par les prisonniers pour limiter les coûts. Vous auriez dû voir la vermine libérale, dans le temps, mais il y a de la vermine partout. Finalement, voyant que le tout se transformait en scandale, les politicailleux décidèrent de laisser faire les prisonniers. Ce fut un succès total. Pour se venger de la manœuvre on trouva moyen de chercher des puces au directeur qui fut finalement éléminé de la carte. Harper, la même chose. Cherche des « criminels » pour faire plus d’argent et faire croire au peuple naïf qu’il y a vraiment justice surtout avec le fameux sénateur Boisvenu dont nous avons payé des frais non justifiés pour entretenir sa secrétaire. Toute une justice!
Sénateur Boisvenu! Oui, faire payer les frais de sa maîtresse en la nommant sa secrétaire à Ottawa et en plus, abuse dans les demandes de remboursements de frais de représentation. Oui, il a décidé de se faire vivre par son esprit de vengeance. C’est beau hein? Avez-vous déjà été en prison pour quelques mois? Vous devriez. Peut-être changeriez-vous d’idée sur les soi-disant Hilton où on vous sert des petits amuse-gueules tout moisis. C’était écœurant à un tel point qu’un Hells un peu plus « civilisé », je ne blague pas, a décidé qu’on réglerait le problème en alternant les dépenses. Bon, ce n’était pas festif à ce point, un quart de poulet avec frites et salade de choux de St-Hubert. Vous connaissez sûrement. Et le fameux Poirier de la radio, grand « spécialiste » des causes criminelles se mêle de l’affaire et fait tout un boucan avec ça à la radio, question de divertir les esprits bien pensants de ce siècle. Poirier, a-t-il déjà expérimenté la prison pour quelques jours. Ce ne sont pas tous des anges. Non, car ils seraient au ciel ou dans les musées. Mais quand même. Vous voulez savoir? La misère humaine dont les 80 % viennent de familles dysfonctionnelles. Ça va bien n’est-ce pas. Y’en avait un qui avait toujours connu les institutions durant toute sa vie. Crèche, orphelinat, école de réforme ou équivalent, petite prison, cachot de la police municipale et, maintenant, rendu à 60 ans, ne savait plus où aller. Je lui amenais de la visite. Une classe complète de 30 étudiant(e) s. Il était heureux à chaque fois. Tout le monde entrait dans son cachot. C’était tassé pas ordinaire. Je ne préparais jamais mes élèves. Il le rencontrait fret, net, sec, comme ça. Ils sortaient tous en pleurant. Ils ne pouvaient croire. Et pourtant, ce monsieur, il était heureux... qu’on vienne le visiter, comme ça, sans avis. Je ne sais pas quel âge il a aujourd’hui. Ça fait quinze ans. On a dû lui trouver une autre institution ou est-il déjà mort.
Oui, j’ai vu des « irrécupérables » en prison. Rien à faire comme on disait. Ils étaient rares ou peut-être qu’on les dérobait à ma vue. Je ne sais trop. Mais le pire, je n’aurais jamais osé, car cela allait contre une certaine espérance qui m’habitait et qui m’interdisait d’imposer à l’autre mon jugement. J’ai vu un grand-père mourant, 90 ans passés, qui avait toute sa vie ou presque, battu tout son monde et à la vue du bien que je faisais à son petit fils, fut ébranlé profondément et exigea de me voir. Ce fut une véritable « confession ». J’ai battu tout mon monde M. Labelle, me disait-il. Je le regrette. Merci de vous occuper de mon p’tit fils. Je sais qu’il s’améliore avec vous. Moi, j’ai été un père infâme.... etc. J’en pleure encore. Cet homme s’était amendé, une journée avant sa mort. Tous ses enfants virent le « spectacle » ainsi que son p’tit fils dont je m'occupais. Oui, le père s’était amendé. Ce qui faisait dans ma tête toute la différence. Avec mes prisonniers, je ne me faisais pas d’illusion, mais parfois la réalité dépassait toute mes illusions. Tant qu’il y a de la vie, il y a de l’espoir. Je pense à ce jeune Hell’s que nous avons fait sortir de la confrérie. Quelle job! Il m’a dit au revoir et est disparu. On allait changer son identité, sa figure, ses coordonnées de toutes sortes, son pays, et tout et tout. J’eu l’impression que les Hells me suivirent pendant un certain temps. Ce qu'ils firent, bien sûr. Cela ne m'inquiéta pas car je suis une personne qui adore les humains et qui les accepte comme ils sont. J'aurais été très surpris qu'ils s'attaquent à moi de quelque façon que ce soit. Ma femme avait été très impressionnée de voir un autobus Provost de 2 ou 3 millions, venir se stationner à côté de notre site de camping aux U.A.S. J’évitai que le pauvre Hell’s qui conduisait l’autobus n’entre dans un arbre. Il vint m’offrir une bière tout en me saluant. Sur la licence était écrit : CHAPTER II. Je rigolais intérieurement et en plus, le zigoteau qui venait de m’offrir un bière, je le connaissais par son nom. Le pauvre « bougre » se disait poseur de tuiles... avec une carriole de 3 millions! Et jamais on a utilisé quelque violence que ce soit avec moi. Des grognements, oui, mais rien de plus et plus ça grognait, plus j’aimais ça, car je savais les neutraliser, ce qui faisait rire les gardiens qui me surveillaient quand même avec des gros fusils. Je ne peux vous en dire plus, car les fusils, ce n'est pas ma tasse de thé.
Le jeune qui avait coupé son père en morceaux, vous vous souvenez? Tout cela avait passé à la radio dans le temps. Oui, oui, oui, à la hache en plus. Bon, j’ai eu de ses nouvelles dernièrement. Il est sorti de prison, car il a fait ses 16 ans. Un bénévole de la prison à qui j’avais parlé de mes inquiétudes au sujet de ce jeune avait pris la peine de se renseigner. Quand, il rencontra le jeunot en question, celui-ci se préparait à sortir. Tout ce qu’il m’a dit dans les nombreuses rencontres qu’il a eu avec moi, ce jeune, ce fut de pleurer à chaudes larmes dans mes bras. Des biceps aussi gros que mes cuisses et finalement, c’était simplement un enfant qui pleurait de rage et de tout devant moi. Oui, il va bien, m’a dit le bénévole. Il est sorti et te remercie pour tout. Dit, qu’il ne t’oubliera jamais. Je n’ai jamais su son nom. C’était souvent ce qui arrivait, car on nous demandait de ne jamais répéter le nom à l’extérieur et son histoire, c’est pourquoi que je suis très évasif quand je parle des ces choses par respect pour les personnes. Va, mon jeune. Fais ta vie! Tu le mérites bien! Un p'tit martyr qui refait sa vie.
C’est tellement terrible la prison. Je voyais en particulier, à la prison où je faisais du bénévolat, le déchirement des enfants qui, à la fin de leur visite, voulaient ramener leur père à la maison avec eux. Ces enfants, dans le fond, ne méritaient pas d’être punis. Ce ne sont pas eux les coupables. Je me souviens d’une petite fille en particulier, qui fit une crise épouvantable. Elle ne voulait pas laisser son papa en prison. Je n’ai pas de mots pour exprimer toute ma sympathie pour ces parents en deuils. Des amis aussi, des amoureuses aussi. Et quand je vois la haine entretenue par des gens qui ne connaissent rien au système carcéral, ça me brise le cœur. Et pourtant, il y a aussi des succès. Exemple : un Hells qui sort de prison en gentleman. S’est fondu dans la foule. Erreur de jeunesse me disait-il! Et c’était vrai. Avait des enfants. Voulait refaire sa vie et il l’a refaite. On s’est toujours promis de se faire un clin d’œil si jamais on se croiserait dans la rue. Car, comme bénévole, je n’avais pas le droit d'entretenir aucun lien. Mais quelle joie intérieure! Un autre qui est heureux et qui fait le bonheur autour de lui.
Ce qui me frappait beaucoup en prison, c’est qu’il y avait plein de monde, des « connais tout » et qui font un dommage grave à la vérité. Oui, bien sûr, il y a de vrais criminels, jusqu’à un certain point irrécupérables. Il y a ceux, par exemple qui souffrent du syndrome de la mère alcoolique. Deviennent des suiveux qui sont prêts à faire n'importe quoi sur une simple demande. Tragique! J’en ai vu un se « défaire » progressivement au fil des années. C’est comme si mon propre enfant devenait comme un « déchet ». Épouvantable. Je l’avais accompagné en psy. À un moment donné, le psy me fait venir discrètement et me dit, vous savez monsieur, ce jeune était déjà ici à l’âge de 8 ans pour une thérapie spéciale.
Pour un gars de collège, il lui reste toujours quelques contacts qu’il peut utiliser, le moment venu. Suite à d’autres rencontres que j'eus dans d’autres milieux, certains douteux, je me mis à remarquer une certaine parade qui débuta une dizaine d’années au moins avant un "grand événement " que je devais vivre. On voulait sans doute savoir où je campais et les rencontres que j'y faisais J’imagine que les Hells avaient des rencontres avec certains petits « cocos » du milieux que je fréquentais très prudemment comme bénévole, en prison. Pas besoin d’être une mille watts aussi pour deviner que la présence de certains « grands » personnages à l’endroit où tu habites, en vacances sur un camping, ne sont pas des hasards même si tout ce que je souhaitais à l’époque, c’était la paix et je ne voulais voir personne car j'étais alors en vacances. Mais un policier à la retraite pour le moins loufoque me fit remarquer la présence d’une bonne cohorte de certains personnages que je connaissais pas en plus de la présence de certains Hells Angels. Je n’aimais pas beaucoup ça. Non pas que j’avais peur, mais pas du tout. Je voulais simplement qu'on respecte ma vie privée. J’étais en vacances et dans ma vie régulière, je n’avais jamais eu de contacts avec ces gens. Mais le fameux policier à la retraite dont je n’aimais pas beaucoup la présence, car il avait une trop grande gueule à mon goût et semblait vouloir se mêler des affaires de tout un chacun. De toute façon j’ai fini par m’en débarrasser, mais les informations qu’il me donna furent très précieuses. J'avais appris par ce bonhomme que nombre de gardiens de prison où je faisais du bénévolat se ramassaient,comme par hasard, dans le même petit parc d'État que je fréquentais aux États-Unis. Ils avaient entendu parler du parc pas moi-même et jamais je n'aurais imaginé qu'ils auraient envahit ma place de prédilection pour mes vacances, endroit que je fréquentais depuis 1973.
Le temps passa et tous les étés, à l’endroit où j’allais prendre mes vacances, je remarquais toujours quelques Hell’s et quelques fois mon policier à la retraite, toujours achalant, mais qui, tout à coup, disparut de la scène à ma grande satisfaction. Ce fut un demi-plaisir, car je vis s'amener subrepticement quelques Hell’s qui s’installèrent sans avis. J’eus vraiment le sentiment que ceux-ci s’étaient carrément trouvé une planque idéale pour venir se reposer sans avoir les policiers ou autres à leur trousse. Je dois cependant dire qu'ils ne me firent aucun trouble et gardèrent respectueusement leurs distances, sauf une fois où j'eus "le grand honneur" d'avoir un "full patch" comme voisin. C'était à peu près le seul qui ne s'était pas fait écrouer dans l'opération Shark. Je n'allai surtout pas l'appeler par son nom. Je fis semblant de ne pas le reconnaître. D'autant plus que le petit monsieur avait passé proche de lourdement percuter un arbre en reculant son immense autobus Provost d'au moins une valeur de un million, avec un garage sur roues, attaché au convoi, contenant une auto de luxe et deux motos Harley, pour le monsieur et sa blonde. J'avais lancé un cri terrible afin que le Hell's freine et évite ainsi de percuter un arbre qui était sur son chemin. Une autre surprise m'attendait.
Le rendez-vous eut lieu au même endroit. Je suis sûr qu’il s’agissait de Vito à qui on avait permis cette sortie pour faire ses adieux à la famille américaine, pour raison humanitaire, ce qui se fait régulièrement dans les prisons lorsqu'on sait que le prisonnier n'a plus beaucoup d'avenir devant lui à cause de sa santé déclinante. On savait déjà que Vito avait le cancer du poumon et que c'était fini. Je ne l’avais jamais rencontré avant, mais il me parut un peu fragile pour un homme de sa trempe, accusé de trois meurtres. Avec le cancer il savait sans aucun doute que son heure avait sonné, surtout qu’il avait la réputation de fumer comme un engin. Pas question pour moi de lui parler des Hell’s que je connaissais, rien de cela, mais je remarquai, en passant à proximité de la troupe, que nos deux voisins Hell’s étaient bel et bien présents à la fête. Pas de doute. Notre endroit de vacances était devenu avec le temps un lieu discret de rencontres pour une certaine « haute » d'une certaine société de l'ombre. D’abord qu’on me laissait la paix, tout le monde pouvait bien faire ce qu’ils voulaient, car j'étais en vacances comme tout ce beau monde. . Vous auriez dû voir le chic de ces gens. Je me pensais au Ritz, rien de moins. C’était la « grande » rencontre d’adieu avec le parrain que j’allais saluer bien respectueusement en lui disant bien respectueusement, « take care my friend. I will pray for you. »  Peut-être quelqu’un lui avait-il parlé de moi. Je ne sais vraiment pas. J’ai prié pour lui jusqu’à sa mort. On est dont petit devant la mort.
Toute une histoire où j’ai parfois croisé des gens importants du milieu sous-terrain, mais je n’en ai connu qu’un seul personnellement, un patron Hell's. En général c’était toujours par personne interposée. Celui que j’ai connu personnellement, je peux me vanter d’avoir été de ceux qui l’ont encouragé à prendre le droit chemin. Quand on sait ce que valent les banquiers aujourd'hui, parler du "droit chemin" devient une banalité pour un Hell's. Tout ce que je me dis, si j'avais vécu ce qu'il a vécu, peut-être que j'aurais fait pire. Car le crime organisé a plus d’un tour dans ses poches. Je peux vous l’affirmer. Une bête erreur de jeunesse, c’est ce qu’il avait fait, mon jeune. Ça lui avait valu 16 ans fermes. C'était sans doute un meurtre au second degré. Le 16 ans devient donc typique dans ce cas. Et s’il advenait qu’il me lise dans ce livre. Tout ce que je lui dirais:"Va mon ami, va! La vie est devant toi!" Lise fut un peu étourdie par la quantité de personnes présentes à l'entrée du parc, toutes habillées chics qui attendaient l'arrivée de celui qu'on voulait fêter. Mais elle ne se rendit compte de rien, car tout était civilisé et les gens, très corrects. Mon voisin, de son côté , après s’être bien installé avec mon aide, sortit avec deux bières dans les mains, une pour lui, et gentilment, une pour moi. Il venait faire de la réparation de tuiles dans la région, me disait-il. Ce qui justifiait sa présence. Comme je ne suis pas tout à fait une valise, je devinai bien vite que « mon ami » avait quelques autres activités saugrenues derrière la tête.
Je compris finalement la situation quand, en revenant d’une soirée en ville, nous nous sommes ramassés, Lise et moi, à la clôture d’entrée principale du parc d'État, avec un groupe très impressionnant de personnes, toutes bien habillées pour la fête. Limousines ultra-luxueuses à quatre portes, Hummer, tout nickelés, des personnes en quasi tenues de bal et des jeunes qui sautaient tendrement au cou de leur oncle ou autre. Cette rencontre n’avait rien d’une rendez-vous ordinaires avec en plus, d’immenses roulottes (gros autobus de luxe Provost) situées au début du terrain, à l’intérieur de la propriété. C’était évident pour moi qu'il s'agissait d'un gros partie qui s’organisait pour la fête de quelqu’un sans doute, et qui devait débuter un peu après la fermeture de l’établissement afin d'éviter d’attirer l’attention de yeux « malveillants ». On vint donc me voir pour me faire ouvrir la clôture qui était fermée au cadenas. J’avais la « combinaison ». J’étais donc le seul à pouvoir l’ouvrir et, encore une fois, quelques enfants tout près venaient sauter au cou de celui qui semblait être le personnage qu’on se préparait à fêter. J’ai une très bonne mémoire des figures. Le plus bel exemple est quand je suis comme un visuel dangereux, que je retiens tout. C'est moins vrai maintenant rendu à mon âge. Je blague. Bien des années auparant, J’avais été témoin d’un genre d’immense « fraude ». La police m’interrogea. Je leur demandai de me donner du temps et un coin tranquille pour réfléchir, car je devais me concentrer. Mémoire photographique. Après une demi-heure, je sortis en vitesse du local et leur donnai le no. de téléphone dont ils avaient de besoin et que j’avais vu sur les fameux papiers qui avaient transités dans plusieurs mains. Le no. de téléphone s'avéra être le bon et je le revis comme s'il avait été devant moi. Aux examens du collège, c’était la même chose. Une vraie caméra. Et cette fois, je remarquai très bien ce soir là que c'était Vito qu’on avait sans doute fait sortir de l’ombre, pour le temps de quelques soirs, pour raisons humanitaires, car, à son retour au Canada, il ne dura pas un an. Et il s’approcha de moi et me dit en anglais : "Don't tel me that a guy from Montréal will stop me to get in this place. » Tout cela dit, avec un air jovial. Aucune menace dans le ton. J'éclatai de rire. Car, c'est ma signature, d'éclater de rire par hommage pour les gens que je rencontre et les rendre joyeux. J'ai toujours été ainsi et mes amis qui me connaissent bien, le savent que je suis dangereusement charmeur, mais pour faire plaisir. Pas pour profiter des gens. « Listen, I've got a real problem. For sure one of the two numbers is the good, but I couldn't tell you wich one. So, we've got to try both. » Lui, dis-je dans un assez bon anglais dont j'étais très fier. Lui, de son côté avait un léger accent newyorkais, ce qui me confirmait davantage son origine. "Alors, vous allez tenir mon papier de notes et je vais tenter d’ouvrir le cadenas." Aucune menace dans l'air. Il ne m'a jamais fait sentir, par exemple, que le tout allait tourner mal si je ne réussissais pas. Ça ne m'a jamais passé par la tête. Il tint donc mon papier et j’essayai le premier numéro. Ça ne marchait pas. On passa donc au second et.... tout fonctionna. La grande porte s’ouvrit. « You see, we made it¨ Je venais d’avoir affaire à Vito en personne. En plus, il sentait la cigarette à plein nez. Un autre signe révélateur confirmant son identification. C’était presque sa marque de commerce. Seulement aussi, de voir tourner autour les jeunes et les moins jeunes de la famille, certains ados qui lui sautaient au cou, tous, un après l’autre m’en disait plus sur le personnage que toutes les plus belles paroles qu’au aurait pu me dire. Il se passait quelque chose de pas normal. Un tel attroupement chic n’était pas du tout un hasard en plus des autobus Provost (de luxe) que j’avais vues année après année sur notre camping. Bien certain qu’il y aurait d’autres explications que je pourrais donner, mais je me discipline à une retenue que je qualifierais de professionnelle pour respecter certains secrets que je dois garder à propos de certaines choses. Car j’étais placé parfois pour en savoir plus que tout le monde sur certains sujets. Je n’ai jamais parlé. J'avais donc, ce soir là, serré la pince à Vitto en personne. Était-ce pour me remercier pour services rendus. Chose, certaine, dans ce milieu, rien n'arrive par hasard. Souvent, en prison, il m'était souvent demandé d'offrir mes services, des petits services, à propos de tout et de rien. Je savais par contre très bien ce que j'avais le droit de faire et pas le droit de faire. Cela va de soi quand on travaille dans un tel milieu. On vous fait tout un « brieffing » sur ce que vous avez le droit de faire et pas le droit. J'ai toujours parfaitement et toujours respecté ces consignes et j'en suis bien fier. Je me référais toujours au maître de la sécurité en prison. C'était mon meilleur atout même si je trouvais qu'il parlait beaucoup parfois.
 
MERCI POUR LES HOMMAGES

JE PENSE QU’IL FAUT AVOIR LA SIMPLICITÉ D’ACCEPTER CE QUE LES GENS DISENT DE BON À NOTRE PROPOS. CE N’EST SURTOUT PAS DE L’ORGUEIL MAL PLACÉ OU JE NE SAIS TROP.  C’EST DE TOUT LEUR CŒUR QU’ILS NOUS LE DISENT ET ILS S’ATTENDENT QU’ON EN PRENNE BONNE NOTE. MERCI POUR MOI ET MA GRANDE ÉQUIPE QUI SE COLLE SUR MON CŒUR DEPUIS LONGTEMPS. JE SUIS VRAIMENT GÂTÉ.  GRAND MERCI. (Voir le texte à la fin.)
 
UN ADIEU ÉMOUVANT AUQUEL JE N’AI JAMAIS RÉPONDU TELLEMENT LES ÉVÉNEMENTS S’ÉTAIENT BOUSCULÉS.  GRAND, GRAND MERCI FRANÇOIS DE LA RÉGIE RÉGIONALE.
Quoi dire de plus. Je savais que le grand saut était proche, mais
quand même. Je suis heureux pour toi. Tu vas manquer à ASTUCES. Tu 
vas
manquer aux partenaires avec qui on travaillait et je suis sûr à 
beaucoup
de tes collègues et élèves de l’École Curé-Antoine Labelle. Tu vas me
manquer. Des leaders comme toi, c’est une denrée rare. Je me console 
en
me disant que lorsque quelqu’un comme toi sème avec autant 
d’énergie et
de générosité le désir d’aider ses proches, ça ne peut s’oublier et ça
laisse des traces.
Je pars pour vacances vendredi et je serai de retour le 5 août.
J’aimerais
bien que nous dînions ensemble aux Menus plaisirs un midi au cours du 
mois
d’août. En attendant, profite bien de l’été et savoure les premières
heures de cette nouvelle vie qui s’inaugure. C’est plus que 
mérité.
Au plaisir
François Godin
Directeur des programmes CSSS Laval
MERCI ENCORE MON FRANÇOIS. ON SE FERA UN CLIN D’ŒIL À UN MOMENT DONNÉ, J’EN SUIS SÛR. TU ME CONNAIS, N’EST-CE PAS. J’ATTENDS LE CONGRÈS INTERNATIONAL DE PRÉVENTION DU SUICIDE DU MOIS DE JUIN PROCHAIN. PAS RIEN N’EST-CE PAS.
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L’OBÉISSANCE AVEUGLE MÈNE AU FASCISME EN DIRECT. MAIS POUR BIEN DES GENS, ELLE EST PRATIQUE, CAR ELLE ÉVITE DE RÉFLÉCHIR ET DE S’IMPLIQUER. CI-BAS, UN CLIN D’ŒIL QUE VICTOR LÉVIS BEAULIEU M’A FAIT PARVENIR.

IL EST VRAI QUE JE FAISAIS DU BIEN, MAIS IL Y AVAIT TOUTE UNE ÉQUIPE AVEC MOI. J’ÉTAIS PRESQUE RIEN À CÔTÉ D’EUX, JE N’ÉTAIS PAS SEUL. J’AVAIS MON « FAN » CLUB, MAIS JE TROUVE QUE J’ABUSE QUAND JE DIS ÇA. CE SONT DES GENS QUI SIMPLEMENT ME FAISAIENT CONFIANCE ET M’AIMAIENT. MERCI.
 
 

JE SAIS QUE GASTON ÉTAIT TRÈS ÉMU DE TOUT LE TRAVAIL QUE FAISAIT L’ÉQUIPE DANS TOUTES SORTES DE DOMAINES, PAS SEULEMENT POUR LA PRÉVENTION DU SUICIDE.
Je comprends Gaston surtout quand il découvrit que nous faisions de l’intervention auprès d’enfants « limités » de toutes sortes de façon. Je lui avais particulièrement conté l’histoire qui m’était arrivée avec un de mes élèves qui tenait absolument à s’occuper d’une enfant qui s’étouffait à tout coup avec sa nourriture. Donc, qu’il fallait quelqu’un d’aguerri pour s’occuper de l’élève en question. Je demandai à tous mes jeunes présents si quelqu’un se sentait la compétence pour s’occuper de cette enfant. Un jeune garçon leva la main. Je lui demandai en aparté quelle compétence il pouvait avoir pour s’occuper d’une telle enfant. Il me répondit simplement, Richard, j’ai une petite sœur qui est pareille. Les larmes me « pissèrent » instantanément des yeux, trop émus que j’étais de la situation. Donc, les miséreux qui aident les miséreux. C’est l’image qui me venait à l’esprit. Un jeune garçon d’une finesse inouïe, tout en douceur et tout dévoué pour la cause. Le projet eu un gros succès auprès des profs qui s’occupaient de ces enfants que je voulais absolument sortir de leur coqueron tout en permettant aux profs de prendre un peu leur souffle. Je dois dire que le projet, tout en devant être supervisé très serré, le projet fut un succès total. Une autre action extraordinaire, mais discrète que plusieurs jeunes du Réseau avaient réalisée brillamment. Je fus très ému de tout cela. Je ne peux passer sous silence les beaux cadeaux que l’École d’Hôtellerie fit au Réseau et cela, de façon quasi coutumière. On m’envoyait, en surprise, des montages de fine cuisine extraordinaire que je réservais aux enfants les plus abandonnés ainsi qu’aux jeunes du Réseau qui offraient leur temps pour accompagner personnellement chacun de ces jeunes. C’est ce qui fait dire à Gaston que je traitais les plus abandonnés comme des princes et c’était vrai. J’adorais tout simplement ces jeunes et j’apprenais beaucoup d’eux. Ils me le rendaient bien, je vous le jure.
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Correspondance pour le Réseau en prévention du Suicide.+++++
From :
        « Jacques Larose » <jlarose@csmi.qc.ca> 15:16
 Subject :
        rép : Copie conforme d’un fax au coroner adjoint du Québec : S...
     To :
        <rlabelle@virtuel.collegebdeb.qc.ca>
Bonjour Richard,
        Voilà une nouvelle bien triste! Jusqu’où peut-on ou doit-on préserver
la condidentialité d’un dossier? C’est la question!
        Je crois qu’il n’y a pas beaucoup de monde au Québec capable de gérer
vraiment ce genre de crise, conduisant au suicide tant de jeunes... sauf
quelques spécialistes comme toi. Je te souhaite beaucoup de succès!
Salutations d’encouragement!
Jacques+++++
-------------
Original Text
De « rlabelle » <rlabelle@virtuel.collegebdeb.qc.ca>, le 15/02/98 21 h 49 :
SUBJECT too long. Original SUBJECT is
Copie conforme d’un fax au coroner adjoint du Québec : Serge Turmel.
----------------------  Original Message Follows  ----------------------
Bonjour Jacques,
En souhaitant que tu ne sois pas trop occupé! J’imagine que oui et je te
comprends.  Je veux, par cette copie conforme, simplement t’informer
d’une problématique qui existe sûrement encore dans notre milieu, mais à
moindre échelle que dans certains autres. Sûrement qu’il nous faudra
encore beaucoup de ¨morts¨... malheureusement, avant que toutes les
directions d’écoles de notre nouvelle commission ne soient suffisamment
sensibilisées.  Je rajoute bien vite, pour notre consolation, qu’il y en
a qui le sont... mais très peu. 
Tu trouveras donc, ci-attachée, un copie conforme d’un fax que je fais
parvenir à Serge Turmel, adjoint au coroner du Québec. J’avais les
cheveux ¨droits¨sur la tête quand j’ai appris la nouvelle du décès de
cet élève.  Quelle histoire! 
Mes salutations.
Richard Labelle
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Chapitre IX
Anecdotes


VIE DE FAMILLE (A travailler plus tard.)
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LE CAMPING AVEC LES ENFANTS
Plutôt que d’avoir une piscine, nous avons préféré voyager avec les enfants à travers le Canada et les États-Unis. Nous trouvions ça plus éducatifs.

Expérience à Washington
Nous avons fait du camping un peu partout. Même visité Washington, au complet, avec les enfants. Je leur avais fait croire que le McDonald de Bill Clinton était tout près de la maison blanche. Et, Ho! Malheur! Ou plutôt bonheur! En arrivant tout près du fameux McDo, une immense limousine, motos autour, tous gyrophares allumés et faisant entendre leurs sirènes s’immobilisaient devant le fameux McDo, en route vers la maison blanche à quelques pas de là. Les enfants furent tout énervés et motivés. On alla donc manger des frites à la Bill. Elles boudèrent quand même encore un peu, mes filles, bien sûr, mais deux ans plus tard, toutes fières, elles m’apprirent que le prof. avait demandé en classe si quelqu’un avait déjà visité la maison blanche. Elles levèrent la main et découvrirent, toutes fières, qu’elles étaient les seules à l’avoir fait. Et vlan! Papa était content. J’ai passé cette époque de continuelle "reconstruction" de maison, de nouvel aménagement, etc., etc. J’en ai eu pour mon voyage, pas à peu près. Toujours à recommencer. J'ai préféré de beaucoup plus, voyager. C’est ce que nous avons fait avec nos enfants, nous avons donc fait une petite partie l’Amérique du Nord, avec une maison moins olé! olé! Un budget solide, c’est très important et des priorités avec. Pour nous, la priorité, c’était la mer sauvage et le voyage.

 

 

 

 

 

 


1 bon mille et demi de belle plage complètement sauvage.

Et les musées de toutes sortes sans compter toutes les expositions que les enfants ont vues à Montréal, MBA, pavillon de la France dans le temps, Pointe à Calière, les musées d’Ottawa, Halifax, Louisbourg, le zoo St-Filicien et tout et tout. La Maison-Blanche et ses alentours, les fameux musées de Washington.. Je suis un fou de musées et mon épouse aussi et en plus un conteur d’histoires. Cinglés complètement! Les enfants adoraient mes histoires sur les pirates où, ils croyaient, la nuit venue, entendre ce pauvre Barbe noir chercher sa tête dans l’océan. Que de plaisir! Sans compter les voyages en Californie, Floride et autres et le McDo du président. On en courre tu avec les enfants mes amis! Nous avions une vieille amie qui nous accompagnait et qui adorait le faire, ce qui nous permettait de coucher à l’hôtel de luxe quand ce n’était pas un hôtel aux quatre vents. La piscine était un must dans ces hôtels et notre lunch était caché dans nos valises. Dans la chambre, c’était un vrai Hilton. Pas besoin de restaurant. On ménageait sur ça. Un hôtel dans la brume complètement, c’était une belle occasion de conter mes histoires à faire peur que mes enfants adoraient toujours. Plus ils avaient peur, plus ils aimaient ça. J’étais toujours crevé de rire. Sur la route, à toutes les deux heures, stop, relax, jouer au ballon, se rouler sur le gazon. Au départ, c’était déjà le début des vacances pour moi. Pas question de rusher. Dans l’auto, des contes, des jeux de toutes sortes, Lise en profitait pour leur faire résumer leur année scolaire sans que nos filles ne s’en rendent trop compte. Des p’tits cadeaux surprises, le fameux bingo de Simone et toutes les platitudes qu’on pouvait leur conter en plus. En prime, LE RIRE mes amis et au bout de la route, la mer sauvage qui nous attendait sans compter parfois les chevaux sauvages qui entouraient la roulotte le matin. On les entendait brouter, mâcher. Les filles étaient toutes excitées de sortir en vitesse pour voir ces gentils chevaux qui nous rendaient visite tôt le matin. Ils nous réveillaient tellement ils mâchaient fort. Et les lapins, les renards, les crabes qui nous piquaient les pieds ainsi que les horse shoe crabs que des p’tits monstres s’amusaient à se passer dans la figure et celles de nos filles. Des p’tits monstres qui ont bien faire rire les filles qui en avaient vu d’autres avant. Elles avaient déjà du « poil » aux pattes, nos filles. Bon, j’arrête ici, que de bons souvenirs.

MA SANTÉ, MON MÉDECIN
Il y a quelques années déjà, ne me sentant pas tout à fait bien, je me présente à l’hôpital de la petite ville de Beaupré. On m’installe dans un cubicule. J’entends le médecin parler de l’autre bord et tout à coup il arrive. Je lui explique simplement que je ne me sens pas bien, mais que ce n’est pas dramatique, porté à minimiser mes bobos. Écoutez M. Labelle, vous ne faites pas de la maladie imaginaire, je vous ai entendu tousser et respirer très fort. Donc, y’a quelque chose qui ne va pas. Le médecin m’ausculte, prends mon pouls, pression, nez, bouche, yeux. Il me met en observation. L’infirmière qui arrive me souhaite la bienvenue, hum! Et commence par m’offrir un café. C’est chaud dit-elle, ça va vous faire un bien. Jamais eu un accueil comme ça ailleurs. Oui, mais ça fait longtemps. Quelques minutes à peine et c’est la radio des poumons, prise de sang, le tout envoyé au labo. Deux heures plus tard, le médecin vient me voir. Je lui fais comprendre que j’habite tout près et que si quelque chose se pointe, je rappliquerai à l’hôpital. Il me confirme que de toute façon, il va faire suivre. De retour à Montréal, une semaine plus tard, mon médecin me téléphone pour une scintigraphie. Je vais à l'hôpital Jean-Talon. Grande gentillesse aussi. Une semaine après, on me confirme que c’est négatif. Je venais, hors de tout doute de découvrir que le système de santé ne fonctionne pas si mal, et plutôt bien. Même chose pour la Citée. Une fois entré, c’est professionnel et plus. Et actuellement, je suis suivi en pneumo, recherche scientifique, alors là c’est de la très grande performance. Un médecin m’a « tâté » comme une soupe chinoise tout en disant à haute voix tout ce qu’il « voyait ». Je n’avais jamais vraiment vu ça de ma vie. Avec un médecin du genre, pas besoin de rayon X, y voit tout. Super grande compétence. En plus, c’est un comique chaleureux. Après la visite, j’en parle à l’infirmière. Je lui dis mon enchantement. Elle me répond que ça fait 25 ans qu'elle travaille avec ce médecin. Il est toujours pareil. Il dévore son métier. C’est beau n’est-ce pas? Oui, j’ai rencontré des « Teutons », mais dans ma tête, les grandes compétences effacent tout. Après tout, tout ce monde est humain et l’erreur aussi... est humaine. Comme je dis à mon médecin traitant, si vous me tuez par accident dites-vous que votre patient vous aimait beaucoup. Un point, c’est tout. Bien sûr que ce médecin c’est un grand ami. Des fois, je me surprenais à lui donner des conseils de santé. Bon! Il faut le faire. Il est présentement à l’hôpital. Sans doute pour n’avoir pas suivi mes conseils. Ha!!!!!!!!!!!!!!!! Les médecins!

MON EXPÉRIENCE DE VOYAGEUR ET D’OBSERVATEUR.
EST-CE QUE NOUS VIVONS TOUS DANS LE MÊME MONDE AUJOURD'HUI? JE NE CROIS PAS.

Et je suis souvent renversé de constater que les gens ne connaissent, mais pas du tout, la charte des droits. La Déclaration universelle des droits de la personne.... ils se la mettent, vous devinez où? Peuvent rapporter n’importe quoi sur n’importe qui d’abord que ça leur donne du pouvoir. Incroyable. Dans les chicanes et les rivalités presque morbides, on en trouve en masse.
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DE L’ESPOIR ET DU NOUVEAU

Une bonne amie, voyant mes efforts pour rencontrer quelqu’un, eut la gentillesse de me présenter une de ses connaissances. La gentille personne qui me fut présentée avait, il me semble, beaucoup d'intérêts en commun avec moi et tous les deux,nous voulions rencontrer quelqu’un pour faire notre vie. Elle s’appelait Lise. Le premier rendez-vous eut lieu au pied des escaliers de l’église St-Edouard, coin Saint-Denis Beaubien, à Montréal. Comme St-Edouard n’était pas loin de la maison mère du St-Hubert sur la rue St-Hubert, c’est là qu’eut lieu notre premier souper en tête en tête. Ce fut très agréable et avant de se quitter, nous nous donnions un rendez-vous pour une prochaine fois.

 

DEUXIÈME PARTIE
MA PREMIÈRE PETITE FAMILLE
Quand la vie vous accable de ses malheurs.
LA MALADIE LA PLUS TERRIBLE QUI SOIT.

Découvrir que l’être que vous aimez le plus au monde puisse souffrir d’une maladie mortelle irréversible vous fait vous sentir totalement seul et fragile. Votre esprit se tourne complètement vers l’ennemi pour l’affronter, prêt à engager le combat.
Je veux vous raconter la fin de cette soirée fatidique ou j’ai perdu mon amoureuse adorée. C’est mon beau-frère Jean (Juge à la cour.), un gars d’une profondeur et d’une dignité sans borne, qui s’amena dans la cuisine de l’étage avec le coroner qui était un de ses amis. « Richard, est-ce que tu viens la voir une dernière fois avant qu’on amène son corps à la morgue. »  Je fus premièrement surpris de la demande, mais, rapidement, Jean me fit comprendre par ses paroles :" Viens Richard, n’aie pas peur, elle est très belle a voir. Viens, je te jure, tu vas comprendre ce que je veux dire quand tu vas la voir. » Je me levai donc, doucement, accompagné de Jean, du Coroner et du jeune policier qui m’avait à l’œil pour ne pas que je me fasse mal en tombant. Il ne me lâcha pas de la soirée pour assurer ma sécurité. Décidément, je peux dire que ce soir là, je fus entouré, plein d’amis, qui étaient accourus pour me prêter main-forte dans le drame qui me frappait.  Je descendis donc au sous-sol ou on avait étendu le corps de celle que j’aimais sur un immense drap blanc qui n’avait rien de morbide, au contraire. Et Jean, de me dire, « Richard, regarde là, regarde là bien, ton amoureuse. Regarde comme elle est belle. Regarde comme elle est rayonnante comme si elle s’était finalement libérée de ce qui la faisait la plus souffrir,.... la vie! » Je serrai Jean très fort et je me mis à pleurer doucement. C’était dont vraie. Elle était dont belle. Partie! La bouche légèrement ouverte, ses grands yeux ouverts qui regardaient vers le haut comme pour pointer les étoiles d’un ciel qui venait de la libérer. » Et le policier, de me faire remarquer, les petites étoiles bleues qui étaient sur ses jambes et qui indiquaient qu’il n’y avait plus rien à faire, Que ces étoiles, c’étaient toutes les petites veines qui avaient éclatées sous la pression interne du sang, signe, que même le cerveau était fatalement touché par le même genre d’étoiles. C’est la première chose que le policier m’avait dite en me voyant faire les manœuvres de RCR pour tenter de la ramener à la vie. Le jeune policier était lui aussi sous le choc, puisqu’il nous connaissait et on a du le transporter à l’hôpital pour être soigné.

Ce drame m’habite toujours et me rend plus fort pour pouvoir aider d’autres personnes qui vivent des situations semblables. Je me souviens, comme d’hier, de cette soirée que j’appelai « Veillée d’Armes », à la mémoire d’une élève de Curé décédée par suicide. J’avais organisé cette soirée, au pied du corps, pour tous les amis touchés par le drame. Raymond, notre psy, m’avait beaucoup aidé par sa présence et les précautions qu’il avait prises advenant des incidents chez certains élèves. Une ambulance fut mise en « stand buy » au cas où. Raymond me trouva bon, mais comme je lui rappelais... je n’étais pas tout seul. J’étais tout heureux d’avoir fait sortir « le pire » de ce qui habitait les jeunes et le meilleur de ce qui pouvait les soutenir dans leur  futur. Est-il nécessaire de vous dire qu’en cette soirée, ces chers élèves, je les appelais mes bons enfants, car dans le drame et la souffrance... nous sommes tous des enfants. Raymond qui n’arrêtait pas de dire que j’étais bon, je lui rappelai que j’avais eu tout un prof. pour être si bon, lui-même. Raymond, tout un colosse de formation impeccable qui nous enlignait à tout coup sur l’essentiel de l’intervention. Je ne pourrai jamais l’oublier. Fais attention à ci.... fais attention à ça.... Il me semble encore de l’entendre. Claudine, qui vers la fin ne s’entendait plus bien avec Raymond, je la forçai a admettre qu’il fut un prof. impeccable pour nous apprendre l’intervention d’urgence. Elle du, peut-être un peu à contrecœur, admettre que j’avais parfaitement raison.

Chapitre X
Histoire et opinions politiques@@@@@@@@@@@@@@@@@@@

Christophe Colomb selon Serge Bouchard dont je crois parfaitement le récit.
En parlant de Colomb, il déclare sans hésitation que cet homme était mythomane, grand parleur, menteur, peut-être le plus perdu des hommes de son temps, égaré dans sa tête, écarté dans ses voyages. Mais il noua a fallu fabriquer le héros à tout prix... Isabelle de Castille l’a trouvé beau et séduisant... Il n’a pas découvert l’Amérique, cet homme petit... L’Amérique n’a pas été découverte, elle a été tuée. Elle a été assassinée, torturée, violée... Colomb, le mystère : sa jeunesse se perd dans le mensonge et dans les fables. Il mentait tellement. Comme Jacques Cartier, comme Verrazzano, comme Samuel de Champlain, ces hommes n’avaient pas de passé avant d’entrer dans l’espace de leur mythe... Colomb est fou d’honneurs et maniaque d’insignes. Baptista Bermejo, un marin basque, fut le premier homme à voir la TERRE D’AMÉRIQUE. » C’est t’y assez fort. Une histoire construite sur le pur mensonge mur à mur. Où sont nos historiens? Disparus!

OPINIONS POLITIQUES

LE CANADA, ce faux pays.
 
Je suis un maniaque d’histoire, je ne peux donc éviter d’en parler dans mon livre. Je vous prie donc de conversations, recherches et tout autre. Le problème de l’histoire que l’on nous enseigne est qu’elle est idéalisée et transformée ainsi en mensonge grossier. Il faut l’admettre, une certaine tranche de notre société aime déformer pour mettre les choses à leur avantage et ainsi profiter de nous. L’histoire devient alors un outil de répression, de magouille dont le contenu n’est que mensonge. Il faut donc se méfier de ces beaux faits d’armes, etc. Ils sont souvent plus le fait de gens qui veulent se glorifier ou glorifier un proche, mais dont la réalité n’est que fabulation. Méfions-nous donc de cette histoire « épurée » pour sauver la face d’une classe exploitante en particulier. Qui de vous a entendu dire que nous avions un bon 4000 esclaves dans notre me croire que ces différentes réflexions ont été mûries pendant des années d’étude, de lecture, Non, pour moi ce pays, le Canada, fut fondé artificiellement par une élite « anglaise » qui prit soin de s’adjoindre quelques vendus Canadiens français comme pour valider le mouvement qui devait s’appeler le Canada qui devint une fédération en 1967, la fameuse confédération qui n’en est même pas une.
Un pays fabriqué artificiellement par une bande d’hommes d’affaires pour tâcher de sauver les comptoirs de la Hudson Bay Company, compagnie british, qui a des établissements dans tout le pays, y compris l’État de Washington et de l’Oregon. Devinez quels sont ceux qui règnent sur ce grand territoire? Nos Canadiens! On fête ces Canadiens courageux à tous les ans à Chicago. C’est clair qu'ils veulent dire les Canadiens de langue française en bonne majorité. Il y avait aussi des gens d'expression anglaise, des Écossais et d'autres. Tous étaient considérés comme Canadien, qu'ils soient écossais d'origine, français d'origine ou tout autre. Les Anglais (certains de Montréal, mais surtout ceux de Toronto), eux, ne couchaient qu’avec l’Angleterre. Voir Harper et ses toiles de la reine qu’il pose après avoir enlevé des toiles d’artistes canadiens. L’incident de Salabery contre les Américains fut plus fabriqué que réel. Le roi d’Angleterre avait fait venir des cohortes d’une quinzaine de milliers d’Allemands pour protéger les frontières du Québec au cas ou la tentation nous aurait pris de sauter la clôture avec les Américains. La grande générosité de nos Canadiens français à défendre le Canada?  Mon œil!
À propos du drapeau canadien
 
Ça me laisse un peu, très froid, car j’ai suivi les palabres concernant le choix d’un drapeau pour le Canada, à Ottawa. Ce ne fut pas très gentil pour un des deux peuples fondateurs. La mesquinerie fut au rendez-vous tout le long et ces anglais qui voudraient que l’on soit bons jours. Ils me font rire. Chose certaine, ils ne l’ont absolument pas été. Et Trudeau qui en rajouta quelques années plus tard. J’en ai eu mon voyage. Le Canada, comment a-t-il été fondé? D’une manière mesquine où les hommes d’affaires eurent priorité sur le peuple. Ce ne sera pas la première fois. MacDonald? Un des plus mesquins personnages de la politique canadienne. Tout le monde savait surtout qu’il était premièrement raciste.

OPINIONS POLITIQUES
L'histoire du Canada réécrite.
Actuellement, il y a une tendance « Canadien » à imaginer l’histoire comme Ottawa la veut. Ça fait dur. Ils veulent faire passer le Canada pour un pays glorieux. Ce sont des épais qui ne savent tout simplement pas que la confédération fut une question d’hommes d’affaires qui étaient à peu près tous saouls quand ils se sont rencontrés à Charlottetown. L’autre moitié du Canada appartenait à la Compagnie de la Baie d’Hudson. Ils ont du faire toute une piastre avec ça. Quant à la révolution américaine, nous n’y avons à peu près pas participé. Il y avait plus d’autochtones que de Canadiens français. D’ailleurs, les Américains avaient même à Montréal un bureau ou pour mille dollars tu faisais la guerre pour les Américains. Simplement vérifier la liste des morts et on voit bien qu’il y en avait une bonne gang de Montréal. Les anglais, on les avait à la bonne place. Harper et sa gang nous font des à croire. En 1960, j’étais à Vancouver. La parade de l’exposition venait presque au complet de Seattle et d’autres villes américaines. Le Canada, on l’avait, vous devinez où? Ce gouvernement est une truie qui essaie par tous les moyens d’acheter nos âmes. Ils y gagnent à cause de notre pure ignorance. Nos Canadiens français ont été la bien avant tout ce beau monde sur les terres d’Amérique. Il faut se déniaiser. Allez voir. Et cesser de croire la putain d’Ottawa. Les Américains sont pareils. Ils s’imaginent que rien n’existait avant eux. C’est sûr qu’après avoir assassiné tous les Indiens, ils ont pris de l’expansion ces chers et on s’est aussi fait avoir sur la ligne de démarcation de nos territoires. Ottawa! Mou, mou, mou, mou. Bon, c’étaient les British qui menaient. Tout un deal. Regardez Harper avec ses photos de la reine préférés à des artistes canadiens. Épais, épais, épais. Et vous allez croire leur interprétation de l’histoire. J’aimerais voir ces historiens. Ils ne perdent rien pour attendre ma visite au musée canadien de l’histoire. Encore une tout crocherie. Le commentateur va avoir besoin d’être blindé, je vous le jure.

 

L’ACCOUCHEMENT, LA SOUFFRANCE ET LA TORTURE.

 


UN HOMME D’EXCEPTION
PRISONNIER À GUANTÁNAMO, TORTURÉ PENDANT 14 ANS SANS ARRÊT. ILS ONT PEUR DE LE FAIRE SORTIR, CAR IL POURRAIT NOMMER DES NOMS... DE TORTIONNAIRES. 
Décidément. Je suis sûr que la nature a tout prévu. Le mari ne connaît pas les souffrances de l’accouchement, mais connaît d’autres souffrances. Je pense à ces jeunes Arabes de Quintanamo que les Américains torturent de toutes sortes de façons : au frigidaire pour 12 hrs, 24 heures debout sans bouger, sons assourdissants démarrés en pleine nuit sans compter les coups de barre de fer sur les barreaux de leur cellule, la technique régulière de quasi-noyade, les coups violents donnés aux côtes en y mettant tout de suite après, des sacs à glace pour ne pas laisser de traces, des années avec les mêmes questionnaires répétitifs à vous rendre fou, des menaces vis-à-vis ces prisonniers qu’on ne réussit pas à condamner par absence de preuves.. Ils vivent à leur façon l’accouchement de la liberté, car personne n’a l’exclusivité face à la souffrance. Ce jeune que je suis, 14 ans en prison, kidnappé de sa famille dans son pays d’Afrique, la Mauritanie, par les Jordaniens. 6 mois de torture intense. Ils ne trouvent rien. On le retourne chez lui, dans son pays qui lui non plus ne trouve rien. Les Jordaniens reviennent le chercher, la Mauritanie accepte en violation de sa propre charte,  pour l’amener à Bagram avec toutes sortes de menaces incroyables vis-à-vis sa famille surtout. On voudrait s’attaquer à sa mère en la transformant en monnaie d’échange pour que son fils parle. Ne trouvent rien. L’achemine finalement à Cuba ou tout recommence. Ne trouvent rien. Depuis 14 ans, toujours à Cuba. Vous lisez son histoire toute simple, même ses geôliers ont eu pitié de lui et se sentaient coupables de le torturer. Leur a tous pardonné. La même chose pour ses gardiens. Son livre, un chef-d’œuvre d’humanité écrit par un jeune qu’on a torturé durant 14 ans et ce n’est pas fini. Et il a toujours fait ses prières pendant 14 ans. Le problème, les Américains ont peur que ce jeune se mette à trop « parler » de sa torture après sa libération et se mette à nommer des noms.
Parizeau ne pouvait pas ne pas être de son temps. J’ai vécu dans les parages de ces gens. Dire qu’ils étaient racistes, c’est un peu fort, je trouve. Surtout avec l’éducation et l’information qu’ils avaient. Oui, il y avait bien les nounous qui venaient de Jamaïque, mais je n’en ai jamais vu une, triste ou je ne sais quoi. Elles étaient toutes traitées avec dignité. On tenait à ce que les enfants apprennent l’anglais. La nounou, c’était l’idéal. Et puis le tout Westmount et une partie d’Outremont vibraient à cette mode. C'est l'époque où j’ai assisté à des échanges assez corsés concernant la nationalisation d’Hydro par des Anglais qui étaient contre, bien sûr. Dire que nous sommes racistes! Vous auriez du entendre les propos des Anglais. Vous n’avez pas lu Diane Francis à propos de Jacques Parizeau? « Ennemi public numéro un et même renégat à abattre, selon certains, dont la chroniqueuse Diane Francis, qui avait écrit qu’il faudrait arrêter et pendre Jacques Parizeau pour trahison. Il n'y a pas si longtemps, dans l’histoire, que les Anglais nous courraient après avec des fusils dans les rues de Montréal... pour nous tuer. 1850 Ils mirent le feu à notre parlement pour pouvoir le déménager hors du BAS CANADA ma chère. Chose certaine, Je fais de la généalogie et pour moi ces événements se sont passés comme avant hier. Chose certaine aussi, en prenant de l’âge, Jacques Parizeau n’a jamais déserté son cœur.… Il nous l’a prouvé à tous les jours de sa vie. Au CP, quand je voulais avoir une job, je me présentais pour commencer en français. Automatiquement y'avait pas de job. Une semaine, plus tard, je me présentais en anglais seulement et, surprise j’avais la job tout de suite. 1959 RACISTES LES QUÉBÉCOIS? Allez dont voir le monument aux morts de la 1ière guerre mondiale à la gare Windsor et vous reviendrez me parler de racistes. Le jugement rendu à propos de la mort de mon père, de l’anglais ma chère.1954. (Dans ce texte, je réponds à une dame qui donnait des commentaires en réponse à votre article.) En résumé, on en avait plein les bras seulement des problèmes du Québec, les Indiens viendraient plus tard. Avez-vous lu le dernier de Louis Bernard qui parle des autochtones. Vous allez vous trouver raciste. Les cheveux m’en dressaient sur la tête de mon ignorance. Je connais bien les Iroquois, leur politique, leur diplomatie, mais les Inus. Totalement ignorant et pourtant! Louis Bernard me fit avoir honte de moi. Je suis curieux comme une maudite belette depuis la nuit des temps. Consolation! On a toujours à apprendre. N’est-ce pas beau la vie! Toujours à apprendre. L’environnement de Parizeau... j’y rencontrais François-Albert sur qui je me fiais pour comprendre mes mathématiques. Vous vous imaginez. Moi, orphelin, il était toujours disponible pour moi le matin avant de partir travailler. Houf! Et Lionel-Groulx qui sortit pour la dernière fois de sa vie. Rencontrer des élèves pour nous parler, nous de la génération qui suivait. C’étaient des gens qui n’arrêtaient pas, mais.... les Indiens, les pauvres, on y pensa plus tard. Lévesques ne fut quand même pas si mal! Mais le fédéral aime les problèmes. Ça emmerde les provinces et ça donne le temps de souffler au fédéral. Ce fut toujours comme ça.
Il faudrait faire un petit effort pour se resituer dans le temps, c’est-à-dire les années 50. Ça ne tirait pas fort. Nous n’étions pas du tout informés et la classe dominante, c’était une petite bourgeoisie parallèle à la grosse. Les deux ne pouvaient se comparer. J’ai fréquenté les deux dans le temps. Et il y avait Duplessis, les curés, ça sentait le « renfermé » je vous jure. Tous les livres intelligents étaient à l’index. Vous ne vous souvenez pas. La partie de notre bibliothèque du collège qui les contenait s’appelait l’enfer, par dérision bien sûr. Nous avions la seule bibliothèque du Canada classée avec le système du congrès, mais inutile de vous dire que les bons pères se faisaient rabrouer régulièrement par son Éminence. N’oubliez pas que les curés avaient signé un pacte pour nous tenir tranquilles. J’assistai à nombre de « réunions » nationalistes de la haute. Il ne fallait pas crier trop fort, mais, dans les années soixante, ça se mit à chauffer. Je ne vous apprendrai rien en vous disant que le mot célèbre de "Vive le Québec libre!" avait été préparé de longue date à Paris même. J’avais un bon ami qui ne fut pas loin de l’événement. Vous avez entendu le discours de Bourgeault sur le sujet? On voulait faire ravaler aux Anglais les maudites parades de la reine. Nous n’étions pas parfaits, mais avez-vous déjà assisté à une fin d’élection où les Anglais étaient gagnants. À Rosemère, j’y étais, ce fut un véritable carnage et pourtant, ils étaient très minoritaires, mais habitués à avoir le pouvoir. Trudeau régnait en maître pour les Anglais. Les pauvres Indiens dans ça, on n’avait tout simplement pas le temps de s’en occuper et j’ai vu, de mes yeux vus dans tout le Canada, j’y ai travaillé, des horreurs se faire. N’oubliez pas que les Indiens étaient de juridiction fédérale. La sirène partait en 9 h le soir et ça voulait dire, toi blanc, sacre ton camp. Le fédéral protégeait son territoire d’exploitation. J’allais jouer au Baseball régulièrement à la prison de Prince-Georges. 95 % des prisonniers, des Indiens, de pauvres Indiens qui vivaient dans la misère noire.

OPINIONS POLITIQUES
AVANT ET APRÈS 1981
De toute façon, c’est inévitable, il nous faudra une meilleure répartition des richesses. Mon ancien directeur, car nous avons eu une rencontre d’anciens, me rappelait la grande césure entre les deux années 1981 et 1982, période de la crise. En 81, nous avions des classes (communautaristes) incroyablement dynamiques ou tout était partagé, etc., etc. 1982 arrive. C’est le chacun pour soi. L’arrivée du je, me, moi. J’avais bien remarqué ce qui se passait en Californie et je me disais, pourvu que ça ne nous arrive pas à nous, ici. Quelques années, c’était fait. L’individualisme, le plan de carrière, la peur constipante de s’impliquer. Nous ne sommes pas en Suède, ni en Norvège. J’ai déjà travaillé avec ces gens dans l’aviation. La préoccupation d’autrui, la politesse, le partage, l’honnêteté « intégrale ». La Suède a créé un fond d’au moins 150,000 $ pour chaque citoyen au cas de catastrophe personnelle. Comme gestionnaire je ne la trouve pas drôle de voir aller les choses. Gouvernements faibles dont le seul but est la réélection dans 4 ans. Le Québec vit au-dessus de ses moyens et n’a plus de priorités. Les dernières élections? Un désarroi total ou les gens ne savent plus où se diriger. Je suis allé en Italie! Beaucoup plus riches que nous autres, ça ne se compare pas.

Si notre système actuel fait arriver tout en haut, aux commandes, les moins vertueux, pourquoi continuons à croire en cela? Ce système a organisé depuis des décennies, notre dépendance à son égard : ne cultivez plus, d’autres le feront pour vous, ne cuisinez plus, d’autres le feront pour vous, ne lisez plus, ne réfléchissez, ne pensez plus, d’autres le feront pour vous? Mais ces « autres », ces pseudo spécialistes de tout et de rien, sont ils vraiment au service de la société, sont ils vraiment animés par l’intérêt général?
Remplir bla, bla, bla, bla
LE PARTI COMMUNISTE
Avant 1982. À l'époque, la mentalité des élèves étant beaucoup plus ouverte, j’eus même un p’tit groupe d’étudiant(e) s de 2e secondaire qui avait fondé un parti communiste à l’école Curé-Antoine. Je leur imprimais leur journal en secret, aux locaux du syndicat, la nuit. Nous avions un tout petit budget pour aider les groupes d’avant garde. Les têtes dirigeantes de ce groupe ont toutes fait des missionnaires laïques en Amérique du Sud pour une durée de 3 ans environ. Pas n’importe quoi, n’est-ce pas, et pas n’importe qui. La crème de la crème quoi. Le plus drôle c’est que la haute direction de la commission scolaire était au courant de toute l'histoire et connaissait les élèves concernés. La Commission n’a jamais bougé sur le sujet. Et dernièrement, un ancien patron d'une grande bonté, dans le temps, me disait : « On se doutait bien que tu étais dans ça. » C'est Gilles Deslauriers. Un homme futé que j'estimais au plus haut point. Je l'ai toujours aimé cet homme, car il ne demandait jamais qu'on l'encense avant d'agir. Tout un patron. Premièrement, un humain très chaleureux, bien sûr. Et pour moi, un ami, que j'ai toujours considéré comme tel.
LA CONCENTRATION DU CAPITAL
La concentration du capital! Nos gouvernements qui ne bougent pas. Ils en sont tous criminellement responsables. Ils couchent avec les banques et « fourrent » le peuple. Le secret bancaire suisse! Un bel exemple de la couardise d’un pays. Se sont enrichis avec l’or nazi taché de sang. Noam Chomsky, lui, il n’est pas le seul à réfléchir sur ce système. Il est bien sûr persona non grata aux U.S.A.


Chapitre dernier

MES FUNÉRAILLES

JE VEUX QU’ON PROCÉDE COMME JE LE DEMANDE DANS CE TEXTE. MES DEMANDES SONT TRÈS SIMPLES. VOUS ÊTRE TOTALEMENT LIBRES POUR TOUTE CHOSE QUE VOUS VOUDREZ AJOUTER.
Prévoir un programme imprimé pour tout le monde. (Ou un maître de cérémonie qui explique le pourquoi des choses.)
On doit commencer avec la Tocade et Fugue de Bach en tout premier lieu. Seul, un gros lampion allumé reposera (Cierge pascal probablement) près de la tombe ou autre. (Ceci me rappelle mon collège, St-Laurent.) Et un thème d’entrée pour tambourine en même temps qu’on entre la tombe ou autre dans l’église (avec fils de métals en-dessus pour la tambourine). Bach qui me rappelle mon collège et la tambourine que j’ai aimé toute ma vie.
  DONC : TOCATE ET FUGUE DE BACH AVANT L’ENTRÉE DE LA TOMBE OU AUTRE.
TAMBOURINE QUI BAT LA MARCHE POUR L’ENTRÉE DE LA TOMBE.
LE PRÊTRE QUI SUIT AVEC L’ASSEMBLÉE QUI SUIT LE PRÊTRE QUI COMMENCE
À OFFICIER SUIVI DE LA MESSE ET AUTRE.

Chant de l’Ave Maria à votre choix, un « must ». (Une seule voix. Peut-être Chantal.) Je laisse les gens de la paroisse, je leur fais totalement confiance. J’aimerais bien avoir Chantal, mais je lui laisse ainsi qu’à tout le monde le choix qu’ils veulent bien faire.
 
Pour la fin de la cérémonie. « Si le monde vivait d'amour, il n'y aurait plus de misère. » de Raymond Lévesque, ou « Let it Be » des Beatles par Paul McCarney OU Guy Béard:  « Ma petite est comme l’eau, elle est comme l’eau vive », elle court comme un ruisseau que les enfants poursuivent... Courez, courez, si vous   jamais, jamais vous ne les rattraperez. Ou les deux chants, à votre goût.
N’oubliez pas de dire à ceux, celles qui vous entourent, que vous les aimez et restez à proximité d’eux. Quand on aime, ça nous rapproche.

Je veux avoir du drum par Daniel. Ce qui lui tente de jouer. Tout de suite après Bach du début, au son du « drum » on fait entrer doucement le cercueil ou autre jusqu’en avant. Le curé attend pour démarrer la cérémonie à l’Église Monfort.
 
Texte de la Bible que j’aime beaucoup pour mes funérailles.
 
Ecclésiaste 3 

3 Il y a un temps pour tout et un moment pour toute chose sous le soleil.
2 Il y a un temps pour naître et un temps pour mourir, un temps pour planter, et un temps pour arracher le plant,
3 un temps pour tuer et un temps pour soigner les blessures, un temps pour démolir et un temps pour construire.
4 Il y a aussi un temps pour pleurer et un temps pour rire, un temps pour se lamenter et un temps pour danser,
5 un temps pour jeter des pierres et un temps pour en ramasser, un temps pour embrasser et un temps pour s’en abstenir.
6 Il y a un temps pour chercher et un temps pour perdre, un temps pour conserver et un temps pour jeter,
7 un temps pour déchirer et un temps pour recoudre, un temps pour garder le silence et un temps pour parler,
8 un temps pour aimer et un temps pour haïr, un temps pour la guerre et un temps pour la paix.


Aussi : la prière du roi David
Oui, Le Seigneur est mon berger : je ne manque de rien.
 Sur des prés d’herbe fraîche,
il me fait reposer.
 
Il me mène vers les eaux tranquilles
et me fait revivre;
il me conduit par le juste chemin
pour l’honneur de son nom.
 
Si je traverse les ravins de la mort,
je ne crains aucun mal,
car tu es avec moi;
ton bâton me guide et me rassure.
 
Tu prépares la table pour moi
devant mes ennemis;
tu répands le parfum sur ma tête,
ma coupe est débordante.
 
Grâce et bonheur m’accompagnent
tous les jours de ma vie;
j’habiterai la maison du Seigneur
pour la durée de mes jours.
  TEXTE DU GRAND ROI DAVID, MON ADMIRATION.
 
Pour les funéraille, tout le reste, à votre goût total et merci.
Un petit goûté à l’arrière de l’Église à la toute fin avec vin rouge. Coupes de verre si possible. Et, on vient au même moment chercher la tombe pour l'incinération si elle n'a pas eu lieu déjà. Ou comme les organisateurs le veulent bien. C’est le retour à la « maison ».
 Blogue de Richard Merci de votre visite.

LES ARTICLES DE MON BLOGUE
Je vis! Bravo!  Un petit extrait de quelque chose qui va s’appeler un livre...
LE MATRIARCAT DU QUÉBEC.
VOTRE FILS, VOTRE FILLE, MADAME, MONSIEUR? LE DJIHAD OU AUTRE!
RENCONTRE AU SOMMET AVEC LE « PARRAIN ».
MERCI POUR LES HOMMAGES DE TOUT BORD, TOUT CÔTÉ.
MA PREMIÈRE BELLE FAMILLE. QUELS SOUVENIRS!
L’ACCOUCHEMENT, LA SOUFFRANCE ET LA TORTURE.
1991-2002 HISTOIRE D’UN RÉSEAU D’ENTRAIDE QUI A EFFICACEMENT PROTÉGÉ LES JEUNES DE L’ÉCOLE CURÉ-ANTOINE-LABELLE DE SAINTE-ROSE DE LAVAL CONTRE LE SUICIDE. CE MÊME RÉSEAU A PERMIS D’ÉTABLIR UNE THÉRAPIE QUI IMMUNISAIT LES JEUNES CONTRE LE SUICIDE
FRANÇOIS, UN HOMME DE COURAGE QUI VOUS FAIT « CHIER » LES AMÉRICAINS AVEC LE SOURIRE AUX LÈVRES.
LA FIERTÉ DE CEUX QUI AGISSENT! EN VOILÀ UN JEUNE QUI A DÉCIDÉ D’AGIR.
SOMMES-NOUS VRAIMENT POUR L’ÉDUCATION AU QUÉBEC.
COLLÈGE ST-LAURENT
MES ANNÉES DE SYNDICALISME
LES NARCISSIQUES. PAS DE PIRES AMIS, PAS DE PIRES ENNEMIS... MALHEUREUSEMENT.
AU CAMP DE BÛCHERONS DU CURÉ LABELLE OU J’Y AVAIS ÉTÉ INVITÉ.
ACLU? Vous connaissez? VOUS ÊTES HONNÊTES? VOUS ÊTES EN DANGER.
MON ÉDUCATION, MA FAMILLE.
LES TERRIFIANTS FANTÔMES DE FAMILLE
VISITE CHEZ UNE GRANDE FAMILLE FONDATRICE DU QUÉBEC
MYTHES FAMILIAUX Ce n’est qu’un début. Réflexion sur les différentes dynamiques des familles.
Omar Khadr
LA SÉDUCTION ET LE THÉÂTRE
MES QUELQUES PAS AU THÉÂTRE.

 

ORGANISMES QUE JE SUPPORTE AVEC TOUT MON POSSIBLE :

ACLU  AMERICAIN CIVIL LIBE
AMINISTIE INTERNATIONAL
Archevêché de Montréal
CECI
Cité de la Santé
Croix Rouge
Dir. Général des élections.
Equiterre
Fondation des maladies du cœur
Greenpeace
Humanitarian coalition
IU FOUNDATION
JEVI   PRÉV. SUICIDE
Julien Docteur
Léger
Les Ailes de l’Espérance
Mission Bon Acceuil
Mission Étrangères
Moisson Montréal
Mouvement Québec français
Nat. Geo.  Les gros chats et les éléphants
Orchestre symphonique Mtl
Organisation catholi. Dévelo Paix
Paroisse
Le Précurseur
Radio Ville Marie
Reporters sans Frontières

St-Vincent-de-Paul
UNICEF
Université de Montréal
Wikipedia
Nez Percés  us
 
D’autres textes a développer…………………………...
La gang à Ti Nègre
Ma liberté+++++

En ce premier juillet, je fais la proposition suivante : que ce jour soit déclaré la fête nationale du Castor. C’est lui qui a fait l’Amérique, le Canada, la Banque de Montréal, le Canadien Pacifique. Il est l’animal de l’Histoire, des explorations, des amours libres dans les grandes prairies et les forêts, le petit père des Métis, des Indiens et des coureurs de bois. Vive le castor libre! L’Ineffable Serge Bouchard.

Nous voulions changer le monde et nous avons réussi!

Nous voulions changer le monde et nous l'avons fait.
Expérience déterminante à St-Henri. Visite dans une famille très pauvre, dans la grande misère. Et visite chez un couple de personnes âgées qui s'ennuyaient.
L'homme qui venait de l'Atlantide avec ma photo de la mer.

 

 

 

 

 

Ha oui. Je me souviens. J'étais étudiant aux États-Unis et notre grande de pour les présentations était pleine avec d'immenses écrans. Ce qui m'a le plus frappé, c'est que les Américains pratiquaient beaucoup d'auto-dérision. C'était trop comique. Ils avaient même fait un concours pour deviner quelle serait la phrase prononcée au moment où on toucherait la lune. Plusieurs gagnèrent le prix. La chose était facile à imaginer. Tout un souvenir.

Le Post traumatique. Ça me taraude toujours beaucoup, quand je vais aux États, de voir ces jeunes qui ont des "tics" nerveux graves, résultat d'un post-traumatique vécu en Afghanistan ou ailleurs. J'en ai "accroché" un. Hé! Brother! You tell me..... Je les fais parler. Ils ont tous un point en commun. "On besoin d'écoute!" Je leur en ai servi. Avec un autre, c'est non seulement le gars, mais sa blonde. Je les ai "taraudés" doucement, bien sûr. J'ai revu le couple un mois plus tard, ils étaient tout énervés de me revoir. Émouvant cette affaire. Preuve que 5 minutes d'écoute, ça peut changer le monde. Nous en avons aussi chez-nous de ces post-traumatiques. Cinq minutes?

Grand merci pour vos propos chaleureux. C'était une période ou j'avais une énergie épouvantable. Je voulais "changer" le monde.Quand on est jeune! Mais, je pense, que je l'ai changé un peu avec ma "gang" de collège. Allez voir les Ailes de l'Espérance sur Internet. Vérifiez à André Franche. A passé sa vie à construire pour les pauvres dans les hautes montagnes du Pérou. André, bon confrère de collège. Gros coeur!

 



Quand je me confessais et que j'abordais le "sexe", il me disait, "passons à autre chose
Richard" je veux vous entendre sur votre spiritualité. Et vlan! Le vent tournait! Confesseur
du général Vanier, lequel je croisais régulièrement et mon confesseur. J'étais toujours
très intimidé à la vue du général qui était d'une bonté incroyable. Mon "Richard" me
disait-il, mais avec le vous. Pas de tu. Tout un monde....qui m'a aimé. C'est l'essentiel!
N'est-ce pas?

 

 


À propos de la confidentialité des dossiers psychologiques surtout quand lees personnes visées sont suicidaires.

Bonjour Richard,
Voilà une nouvelle bien triste! Jusqu'où peut-on ou doit-on préserver 
la condidentialité d'un dossier? C'est la question!
Je crois qu'il n'y a pas beaucoup de monde au Québec capable de gérer 
vraiment ce genre de crise, conduisant au suicide tant de jeunes ... sauf 
quelques spécialistes comme toi. Je te souhaite beaucoup de succès! 
Salutations d'encouragement!
Jacques
-------------
Original Text
De "rlabelle" <rlabelle@virtuel.collegebdeb.qc.ca>, le 15/02/98 21:49:
SUBJECT too long. Original SUBJECT is
Copie conforme d'un fax au coroner adjoint du Québec: Serge Turmel.
Des encouragements! Il faut dire que nous étions une équipe formidable. C'était, très souvent, le genre de correspondance que je devais administrer et avoir le plaisir de distribuer des félicitations. Très dangereux de faire de la prévention seul. Impossible en fait.

 

Je faisais un peu genre Robin des Bois. Garde chasse en plus. Je donnais des amendes. Un peu joke quand même. Je ne me prenais surtout pas au sérieux. Je n'ai donné qu'une amende à des gens qui pourchassaient la maman orignal, le papa et les deux bébés. Amende salée! Il y avait eu plusieurs avis avant.

Richard Labelle a commenté sa proprevidéo.Sur le bord du Lac au Rat, Mont-Tremblant, 1961. Houf! Mon vieux loup était venu me voir et mon ours avait eu son Coke et ses chips. C'était le temps ou les ours étaient "civilisés"! J'avais amené
Sur le bord du Lac au Rat, Mont-Tremblant, 1961. Houf! Mon vieux loup était venu me voir et mon ours avait eu son Coke et ses chips. C'était le temps ou les ours étaient "civilisés"! J'avais amené toute la petit famille en camping. Toute un job, mais toute une initiation qui les a marquée pour la vie.

 

 

 

 

 

 

 

 


Les animaux qui me rendaient visite.

 

 


Mon ami Bob de Colombie

Mon ange n'est pas du tout de même. Il est à sa retraite de la CSST. Épuisé. Les ailes tout écorchés. A été très occupé avec moi. Je le prie seulement pour le remercier. Je le soupçonne même d'avoir fait de très mauvais coups pour me protéger. En fait, j'ai eu mon ange "officiel", mais des dizaines d'anges officieux chez des gens qui m'ont simplement aimé. A distance, éloignées par la vie, vous mes soeurs en particulier, furent des anges et le sont encore. Votre maman Laurette fut tout un ange, je vous jure.

 

Les hommes et les femmes de notre nation originaient de la Bretagne, de la Normandie, de la France, de l'Irlande, de l'Écosse et de l'Angleterre. Étaient Canadiennes et canadiens tous celles et ceux qui provenaient du peuple et étaient le peuple de cette nouvelle nation qui s'est constituée au fil du temps et des luttes pour son développement indépendant, à la défense de son droit à la souveraineté. Il est nécessaire et juste de rappeler que, dans les années 1830-1839, les patriotes de toutes origines et leur Parti patriote, dans leur projet d'édification nationale, ne se divisaient pas en fonction de l'origine nationale ou de la langue d'expression. Ils n'ont jamais promu ou agi de façon sectaire, sur la seule base de la langue, la religion ou l'origine nationale dans leur projet d'édification nationale. Ils n'ont jamais déclaré être des « Canadiens-français », ou ne se sont jamais déclarés ou portés à la défense des « Canadiens-français » au détriment des Canadiens d'autres origines.

Les écrits des patriotes, du Parti patriote et de ses dirigeants les plus éminents tels les Nelson, De Lorimier, Chénier, Côté, Duvernay (La Minerve), O'Callaghan (The Vindictator), etc. n'ont jamais utilisé le vocable ou concept de « Canadiens-français ».

Rappelons-nous que les fondateurs de sociétés fondées sur la base des origines ethnoculturelles, linguistiques ou religieuses de leurs membres furent au XIXe siècle en nos terres des gens tels que les McGill, les Molson et les Moffat, desquelles sociétés ils se servirent pour diviser le peuple et pour combattre l'union des Canadiens à la défense de leur patrie, de leur économie nationale, engagés dans leur projet d'édification de leur république.

Ce concept de « Canadiens-français » et les concepts de « Québécois de souche » et « Québécois » dans le sens voulant dire seulement les Québécois « de souche » ont leur origine dans la politique de l'empire qui consistait à diviser le peuple et la nation pour perpétuer le pouvoir des exploiteurs et oppresseurs. Plus spécifiquement, il est le fait de l'émissaire et administrateur de l'empire britannique Lord Durham qui, suite à la suppression de la république naissante du Québec par le feu et par le sang, divisa de façon arbitraire et injuste notre nationalité en « Canadiens-français » et « Canadiens-anglais ». Il a falsifié l'histoire en prétendant qu'en tant qu'émissaire de l'empire britannique, il avait trouvé en nos terres une « guerre fratricide entre deux peuples », et non pas la lutte d'un peuple contre l'occupation et la domination par un empire étranger, contre un État et un gouvernement absolutiste et tyrannique, une lutte pour que sa patrie soit indépendante et pour une république démocratique. Cette falsification vient tout droit de son imaginaire.

La division marquée ou, dit autrement, la ligne de démarcation franche, ce n'est pas entre « deux peuples » chimériques, inventés de toutes pièces par les monopolistes et capitalistes de l'empire britannique et de leurs administrateurs, mais bien entre, d'une part, une nation dans la conquête de son indépendance et de sa souveraineté et sa détermination à établir sa république démocratique et, d'autre part, un empire colonialiste qui niait le droit d'être de cette nation.

Le génie et la force de caractère de ce peuple qui s'est constitué en nation en ces terres déjà habitées par des nations autochtones et qui a adopté la qualité de canadien, héritée des Premières Nations sont, entre autres, d'avoir refusé la négation de sa nationalité par les occupants de l'empire britannique, de ses administrateurs anglais et de leurs collaborateurs et conciliateurs canadiens qui firent tout pour la diviser sur une base ethnoculturelle et linguistique avec leurs appellations outrageuses « Canadiens-français » et « Canadiens-anglais ».

Le peuple refusa la négation de son droit d'être une nation constituée de tous les membres de sa société quelles que soient leur origine nationale, leur langue et leurs croyances. Il a plutôt adopté et promu le mot ou concept issu d'une langue autochtone, soit « kebek », pour s'affirmer comme nation, la nation québécoise.

La célébration de la Fête nationale du peuple du Québec inclut la célébration de nos patriotes du XIXe siècle, tels que les Nelson, De Lorimier, Côté, Chénier, Duvernay, O'Callaghan, etc., qui ont combattu pour une patrie indépendante et une république qui investit le peuple de la souveraineté. Elle inclut la célébration de tous ceux qui ont épousé la cause des patriotes du Québec et en particulier ceux qui sont résolus à élaborer un projet d'édification nationale conforme aux exigences de l'heure.

Aujourd'hui encore une fois la nation est appelée à se définir dans le contexte du bouleversement planétaire provoqué par le néolibéralisme, et la résolution du problème historique sera guidée par les mêmes principes qui ont inspiré les patriotes et en opposition à l'interprétation contemporaine des vieux dogmes hérités du passé colonial. Ce projet est encore une fois intimement lié au besoin de conquérir notre droit de décider et de faire éclater les vieux obstacles à l'épanouissement d'une nation moderne qui reconnaît et défend les

 

 

Je n'ai jamais vraiment étudié pour avoir un "job", mais plutôt pour me rendre un meilleur humain éduqué. Le "job" est venu après. J'étudiai souvent par dilettantisme et non par besoin. Je voulais, jeune, faire de moi un être idéal. Quand on est jeune, incroyable tout ce qui nous passe par la tête. Voilà ce qui se passait dans ma tête et j'en suis fier. L'argent, l'argent, l'argent, j'avais trop vu des familles s'entre-déchirer pour l'argent. Complètement fou.

Dans la vie, il y a toujours deux forces qui t'aident ou te nuisent pour avancer. Les gens qui t'encouragent et t'orientent dans le bon sens, prennent ta défense, sont ceux, celles qui te font vraiment avancer et sont sources de succès. L'inverse, les jaloux, mesquins, ambitieux qui ont peur de se faire devancer, sont de véritables freins pour toute personne qui veut réussir dans la vie. Il faut dès lors être très alertes pour identifier les deux à défaut de quoi nous sommes comme un capitaine d'un bateau de guerre qui ne sait faire la différence entre les bateaux amis et les bateaux ennemis.

Michel Labelle Incroyable tes aventures, Richard. Tu es bien chanceux d'avoir vécu tout ça. La plupart des gens n'ont pas eu ce privilège.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Encouragez mon André, je vous supplie. Je répète, A DONNÉ SA VIE POUR LES PAUVRES. Nous étions au collège et nous avons fait la promesse de changer le monde! Ça vous dit quelque chose. Tout cela avec notre naîveté d'enfants dont l'avenir était brillant. Croyez le ou non, certains ont vraiment changé le monde. Le juste milieux de Proulx (le journaliste) , qu'il se le mette ou je pense, on change le monde avec des gens passionnés. Vous vous imaginez le pape et Michel Ange qui se chicannaient. Le pape lui donnait des coups de canne et Michel Ange, lui envoyait ses pots de peinture par la tête. Des êtres passionnés. Avec quoi on change le monde mes amis? AVEC LA PASSION! J'AI UNE PARTIE DE LA GANG QUI EST PAS MAL BEIGE!

Merci du partage, Richard.

Et tant qu'à parler des moutons, je veux en ajouter un peu. Car nous étions un groupe qui adorait cet animal. Bien certain que les Juifs pour leurs fêtes venaient nous solliciter, car justement, eux aussi sont des gens qui aiment les moutons. Et quand venait le jour de l'abattage, c'était toujours pour nous tous une catastrophe renouvelée, car tous nos moutons, avaient tous leur nom et leur mort nous catastrophait pour une bonne semaine, y compris, bien sûr, celle qui les nourrissait au biberon au tout début de leur vie. Le petit David aimait sûrement ses moutons et devait comme nous, pleurer pour quelques jours au moins de la perte de ceux-ci. Nos moutons, ce n'était pas de l'élevage mécanique, mais bien de l'élevage amoureux. Nous dûmes abandonner le projet, car il nous arrachait trop le coeur.

 

 

 

 

 

 Chère Hélène, avec toutes mes distractions j'ai toujours eu de la difficulté avec mon écriture. Je prends toujours soin d'utiliser mon dictionnaire (Antidote) qui m'aide beaucoup et m'apprend beaucoup aussi. Je suis sûr d'avoir été un enfant avec des problèmes d'attention, mais le Ritalin n'existait pas à l'époque. Je devais étudier comme un démon pour finir par avoir une relative bonne note. Je fus de même toute ma vie. Tu avais remarqué, à un moment donné, que mon écriture changeait selon les circonstances. C'est un autre handicap grave que tu as détecté sans le savoir. Je n'ai osé t'en parler, car je ne voulais pas te peiner. Mon ami Georges, de l'Insectarium, avait les mêmes problèmes. Ses notes n'étaient pas évidentes non plus. Cré bon Georges!

Je fus envoyé dans une famille pauvre de St-Henri. À vrai dire, je me sentais ignare de toutes ces choses et c'est la raison pour laquelle, à vingt ans, j'avais rendu visite à un service social de St-Henri, dirigé par des sœurs. Je devais servir «de petit rat blanc » dans une recherche en intervention dans des familles pauvre. Tout un petit rat blanc, je vous jure.


 Merci bon Jean-François. Oui, je me suis dont battu pour faire avancer des causes. J'ai dont pleuré. Toute ma vie. Mais j'avais des âmes fortes qui me supportaient. La dame qui me disait elle avait 60 ans passées. À tout coup, c'était comme un coup de fouet qu'elle me donnait comme on le donne au cheval qui ne veut pas avancer. Elle avait connu la vie, la bonne dame. Et de tous ces gens dont j'étais presqu'amoureux et qui me supportaient, c'est eux-autres qui m'ont fait avancer. Tous, je les serre très fort sur moi. Je leur doit mon courage qui impressionnait bien des gens.

Le coeur me saigne à tout coup en pensant à toutes ces gens qui dépendent de l'aide publique pour survivre. Je dis bien, pour survivre. Voilà pourquoi vous avez tout mon attachement. J'ai déjà fait du service social comme "petit rat de labo" pour les services sociaux. Ça m'a complètement bouleversé de constater cette misère humaine dont la pire des misères est d'être seul avec celle-ci. Bravo pour votre travail. "Hugs" à tout votre monde. Il faudrait bien que je vous fasse une visite.


Y'en a qui sont millionnaires dans la gang. Vous ne trouvez pas qu'il est temps de "cracher".  Vous savez que mon ami Georges Brossard de l'Insectarium sommes frères depuis notre tendre enfance, 12 ans. Bien, je dois vous dire que ce Georges, je le connais jusqu'au fond de son âme et de ses tripes. Nous n'avons pas de secret.  Quand il me téléphone, il est tout énervé de me dire tout ce qu'il a réalisé...avec ses millions, mais aussi avec son coeur, car c'est principalement un homme de COEUR.  Un grand COEUR. On ne s'est jamais parlé d'argent. Interdit?  Pas vraiment. Jeune, au collège, on s'était promis de CHANGER LE MONDE.  De son côté avec ses papillons et l'amour de la nature et de mon côté avec une technique d'intervention qui a changé l'approche mondiale en prévention suicide. Et nous sommes une trentaine de cette race qui voulions fabriquer un monde meilleur. Vous ne pouvez imaginer ce qu'on prépare pour la ville de Québec. Ce sera unique au monde. Je n'en dis pas plus. DONC, EST-CE QUE VOUS AVEZ DU COEUR?  Fouillez dans vos bas de laine et donnez pour LA MISSION BON ACCUEIL. Ce sera mieux que de snober les autres en parlant des services VIP qui n'en sont vraiment pas. Vous n'y connaissez rien. J'ai travaillé comme hôte pour le Canada. VIP voulait dire la limousine avec girophares, six motos avec girophares, deux autos de sécurité. Une en avant et l'autre en arrière. Et la sirène pour se rendre au lieu où on allait. Très souvent, l'aéroport. On descendait au pied de l'avion. Mon invité me suivait pour monter dans l'avion, car en arrivant au pied de la porte, je demandais tout suite, champagne et première classe. Le tout payé par le Canada. Et j'invitais la personne à venir s'asseoir. Je l'accompagnais jusqu'au moment du départ. Alors, je descendais de l'avion accompagné par des gens de la GRC. Je retournais à mes bureaux de l'Expo 67 et vlan!  Mon travail était terminé pour le moment. J'ai aussi fait de l'intervention sociale dans ces coins, St-Henri entre autre. Ces "pauvres" m'ont révélé toute la richesse de leur âme, beaucoup plus riche qu'un compte de banque. DONC, IL EST TEMPS DE "CRACHER" (S'il vous reste encore du coeur.) pour aider ces gens "miséreux" qui ont pourtant tellement de choses à nous apprendre. En passant, mon meilleur prof. de maths a été un itinérant. Je lui payais sa bière...  .05 le verre dans le temps et il m'enseignait tout un après-midi à la taverne des itinérants qui était sur St-Catherine, près St-Hubert dans le temps. Ce fut surtout mon premier contact avec la vraie vie. Avez-vous déjà pris contact avec ces gens dont vous avez peur quand vous les rencontrez. Il faut bannir ses peurs et oser. C'est très payant, je vous jure. C'est très payant, je vous le jure. Tu risques d'avoir un cour sur la vraie vie. J'ai aussi fait l'expérience avec les homos, des hétéros tout croches, des trans-genres qui me parlaient de leurs enfants. Vous vous imaginez. Parler de ses enfants, ses la meilleure méthode pour s'approcher d'eux. On se parle alors, d'égale à égal. Car avoir des enfants, c'est pas évident pour personne. Qu'en Pensez-vous?  PITONNER "BON ACCUEIL" DANS GOOGLE ET VOUS ALLEZ TROUVER TOUT DE SUITE. UN DÉFI QUE JE VOUS LANCE. ALLER MANGER AVEC UN ITINÉRANT QUE VOUS CHOISISSEZ COMME ÇA SUR LA RUE ST-CATHERINE OU AILLEURS. VOUS CHOISISSEZ BIEN SÛR CELUI QUI VOUS DIT OUI. ET VOUS OUVREZ GRANDE VOS OREILLES ET VOUS GARDEZ POUR VOUS VOS CONSEILLES DE GENS QUI PRÉTENDENT TOUT CONNAÎTRE. « Vous devriez » ne doit pas exister dans votre langage.


 

Marcelle, dont je parle dans le texte, était la directrice exécutive du bureau du syndicat dont j'étais le trésorier à l'époque. C'est moi qui la nomma et les filles du bureau protestèrent, car elles voulaient avoir un homme comme patron. Moi, j'avais décidé que c'était une femme et ce fut une femme qui fut nommée.  Elles ne le prirent pas! Elles ont été obligées de s'y habituer d'autant plus que la patronne avait du nerf et une autorité indiscutable. Pour elle, directrice, elle m'appelait toujours "Monsieur Labelle", car j'étais son patron. Mais, quelle patronne extraordinaire fut-elle. Tout redevint en ordre au bureau et les filles furent obligées d'avouer que l'atmosphère du bureau s'était beaucoup améliorée. Macelle était une femme blonde, mais qui faisait pas mal athlétique.  Elle s'entraînait. Elle avait tout pour impressionner et j'eus la paix. Et son mari était aussi dans le domaine des affaires. Donc, Marcelle était une personne habituée à diriger.

Dr Cartier
Oui, c'est lui qui s'occupe de moi pour mes poumons et pour les recherches auxquelles je participe. Ce médecin est une vrai bombe. M'a tâté partout et donnait des commentaires à chaque bidule qu'il touchait dans mon ventre ou ailleurs. Du bout des orteilles jusqu'au bout des cheveux. Faisait le comique en me disant, qu'est-ce que vous en pensez Monsieur Labelle. La classe d'étudiants avait le fou rire à nous entendre nous lancer des jokes les deux ensemble. QUEL MÉDECIN. UN MÉDECIN SUPER. Et d'une courtoisie épouvantable. Se lève pour vous recevoir dans son bureau, il vient à votre rencontre et vous indique poliment si cela vous convient de vous asseoir à tel ou tel endroit. Un véritable gentleman! Impeccable.

Ma « maiiiiiire » a couché avec Richard

 

 

Labelle Richard <richardlabelle2000@yahoo.ca>

To
Diane Fallon Doris Cloutier Denise Cloutier Raymond Yergeau Michel Cloutier Henri Cloutier
 Today at 3:39 AM

 

 

@@@@@J'étais orphelin, intelligent, aimant les gens, j'avais déjà un ami que j'avais sérieusement
aussi ce don extraordinaire de communication que j'ai eu l'honneur, mais le grand honneur de
me faire reconnaître par un ami de vieille date, multimillionnaire, qui aurait tant voulu
que je parte en affaires avec lui. /////Robert Brosseau de l'Industrielle Alliance et un autre qui disait m'aurais quadruplé mon salaire s'il m'avait connu. Voyage Laval, Floride toutes les semaines pour se permettre de faire du bateau. Caprice de riche je lui disais, mais rajoutais:"C'est  ton plaisir, et ton plaisir t'appartient. Je lui ai "extorqué" "un mille" pour mes oeuvres. Je suis RICHE DE COEUR par choix. L'argent, j'en trouve quand j'en ai besoin. Psychiatriques, tous les triques possibles. Tout le monde a le droit d'être ce qu'ils veulent. C'est une démocratie, ils sont donc propriétaires de leurs problèmes.  La mère de Tex Lecors que j'ai bien connu en traitement!  Une femme extraordinaire qui m'a éduqué drôlement sans compter les nombreuses barmaids, en faisant du taxi surtout, qui m'ont consolé et éduqué. Elles m'appelaient leur petit curé adoré. Je ne devais pas faire peur à grand monde sur la Catherine avec mon taxi. Un jeune homo que je transportais et que je trouvais presque chanceux. Se faisait payer toutes ses études de McGill par son mac. M'a demandé ce que j'en pensais comme curé. Je lui ai dis, reste avec ton mac, les études, c'est important. Et en plus, beau comme un dieu! Doit être avocat aujourd'hui, sûrement. Oui un monde bigaré que j'adorais, car on m'apprenait toutes sortes de choses qu'on ne voit pas à l'université. Et je ne cachais rien, je leur disais simplement qui j'étais. M'ont jamais fait la moue. Dans un drame épouvantable que j'ai vécu, la meilleure, une barmaid qui m'a dit tout doucement, vient t'asseoir ici mon grand et pleure, ça va te faire du bien. Elle connaissait le malheur qui m'avait frappé.  Oui, l'université de la vie m'a frappé de plein fouet en même temps que l'université des diplômes. Un bonne soeur grise, costaude comme un vrai cowboy et qui me disait, "Mon p'tit, cette famille est tellement dans la misère, qu'elle ne peut plus recevoir, elle doit donner. J'ai vécu une vraie horreur avec ces gens! Je revenais en pleurant aux services sociaux et la bonne soeur, comme ma barmaid me disait:"Braille mon p'tit gars!  Tu as bien raison de brailler!" Et finalement je retournais deux semaines plus tard et c'était la même chose. La maison sur le bord de la "track". Tout tremblait dans la maison quand le train passait. J'étais sûr que la maison s'effondrerait. J'avais peur. La mère pleine d’eczéma, son grand de 14 ans semi-débile qui jouait au hockey dans la maison et frappait ses p'tites soeurs avec sa rondelle. Trois petites filles. Un frigidaire avec un pain, un pot de beurre de peanut, une petite pinte de lait pour mon café disait la madame et finalement, un p'tit pot de café Maxelhouse. Et la puanteur de la pisse. Car le grand pissait comme un cochon. La misère noire quoi. Et ma job. Aller les entendre de parler, moi qui était en veston, cravate, chemise blanche. Toutes les chaises branlaient et le plancher, les clous ressortaient de partout tellement c'était usé. La misère noire. La suie partout. Le père en prison. Décidément, cette pauvre femme, elle avait choisi l'enfer. Ma job, aller les écouter me parler pendant une heure et partir pour revenir deux semaines plus tard. C'était mon mandat. Ces mois me firent me révolter contre cette société de riches pervers qui ne savent pas partager. Je vomissais en sortant de cet enfer et devait retourner faire rapport à chaque fois. C'était à Saint-Henri. Même paysage que le film avec le train qui passe à côté de la maison.  Et la grosse soeur qui me disait, ne lâche pas Richard, tu vas les avoir, tu vas voir ça. Tu n'as pas du tout le droit de donner des conseils. "Vous devriez", c'est la phrase à bannir. Ho, c'est merveilleux! Dit pour un p'tit rien, y'ont besoin de ça. Et ton sourire et ta beauté et ta propreté et ton savoir-vivre et ton amour qui transparaît mon Richard. Elle me faisait pleurer à tout coup cette soeur. Moi, qui me sentait sans coeur. Narcissique! Débile! Non débrouillard. Même pas capable de leur trouver quelque chose de mieux. Non, Richard, ils n'ont pas besoin de ça, ils ont simplement besoin de ta présence. Et finalement, après un seul conseil que je rapportai à la bonne soeur. Il faut sortir le grand "débile" de là, il va violer ou tuer ou les deux à la fois ses p'tites soeurs!  La bonne soeur Grise comprit très vite que j'avais raison. Vous vous imaginez, la mère toute pauvre qui partait de St-Henri pour visiter son grand "fanal" à l'hôpital Rivière-des-Prairies où il était hospitalisé et son mari, par la suite, qui était en prison. (Histoire tout à fait vraie, n'est-ce pas.) Je servais de "petit rat blanc de labo." pour les services sociaux et je fus fidèle jusqu'à la fin glorieuse. Le but, prouver que ce qui y a de pire dans la misère, c'est l'abandon, la solitude. Quand on sent de l'appui, on finit pas s'en sortir. C'est ce qui est arrivé à cette bonne dame pleine d’eczéma qui finalement l'avait perdu suite au départ de son grand "débile"  qui la déstabilisait complètement. Elle se trouva toute seule un moulin à coudre, car elle savait coudre cette dame. Se trouva plus tard, un nouveau logement. Fit toutes les démarches elle-même. Les enfants commencèrent  a voir leurs notes de classe prendre du mieux et la dame, finalement, se trouva un petit emploi temps partiel, pendant les absences des enfants qui étaient à l'école. Et moi, toutes les deux semaines, je retournais toujours les écouter me parler sans ne donner aucun conseil. Ils avaient besoin de donner ces gens me disait la soeur, pas de recevoir. Donc, quand la bonne dame m'offrait du café, c'était un café de moins qu'elle avait pour elle et je devais répondre oui à au moins, trois de ses offres. Moi qui aime le café, ça ne me déplaisait pas du tout. Du nouveau!  Une maison habitable au premier, aérée, des rideaux dans toutes les fenêtres que la dame avait fabriqués. De nouveaux lits de métal avec des matelas neufs. Couvertures fabriquées par la dame. Un an plus tard, cette famille s'était complètement sortie de la misère avec mes visites une fois aux deux semaines. Et comme cerise sur le gâteau, ils me fêtèrent. J'ai jamais tant braillé de ma vie, mais j'ai jamais tant ri non plus. Ce fut une famille avec qui je gardai contact pendant des années. Je leur avais trouvé des carnets pour Expo 67, etc. J'avais aussi un couple de vieux que je visitais pour la même raison. Mais eux ce n'était pas la grande misère, mais plutôt de l'ennuie. Qu'ils étaient gentils. Ils receuillirent mes pleurs à tous les coups que je revenais de ma famille "épouvantable"!  L'argent!  Mais non, la solidarité fait des merveilles. C'est ce qui m'a décidé davantage à faire un prof. moi orphelin pas seulement une fois, mais deux fois dans la vie. Malheureux? Oui!  Mais tellement de bonnes gens pour m'aider. Et pendant un certain temps, ce furent dans les clubs de toutes sortes que je les trouvai. Beaucoup de barmaid...des vraies psychologues. J'appris mes trucs pour mes p'tits bums dans l'enseignement. Devinez!  Le gérant du Lover's de Laval et sa femme barmaid. Mon cour commençait à minuit et finissait avec le déjeuner du lendemain matin. Tout cela aux frais du gérant. Là, j'en ai appris des affaires mes amis. Ils m'ont "décrotté" le nez. J'étais dorénavant sorti après neuf heures depuis un bon bout de temps et je n'étais surtout pas le p'tit gars à maman. De toute façon, quand j'arrivais chez ma mère, c'était souvent le ménage, repassage, la "mup" à passer partout, balayeuse, repas à préparer. Question de donner du temps à ma pauvre maman pour reprendre ses esprits. Et vlan, fin de semaine, je partais pour le Carnaval de Québec avec ma gang. Merci mon Dieu pour cette énergie folle que j'avais. Et à Québec, je passais la première nuit, ainsi de suite, et j'étais en classe le lundi matin, à l'université. Un peu poqué, c'est normal. Et mon cour préféré?  Donné par un sous-ministre à l'aide sociale sur la "misère humaine". Ça me taraudait l'esprit pas à peu près. J'AI FAIT UN PROF!  T'es pas riche, le monde te chie dessus. Qu'ils aillent se faire foutre. Combien de parents j'ai vu me laisser des 26 onces dans l'arrière de mon auto pour me remercier. Il connaissaient ma sorte. Le wiski Canadian je ne me souviens plus tout à fait. Je ne les compte plus, tous les "flas" que j'ai eu. Des parents ouvriers en passant. Hochelaga. Jamais eu du fun comme ça. Faut être riche de coeur pour donner. L'agent ne rend surtout pas généreux en général. Elle rend radin. Et vlan!
Racisme vis-à-vis des Juifs**********
Je n'aime pas démoniser les situations. Ça nous fait perdre la raison. Comme si tous les Juifs étaient des haineux! Décidément. Je pense toujours à ma grand-mère qui disait souvent "maudits juifs", mais qui ,finalement, confronté à la réalité du "pedler" qui passait pour lui vendre toutes sortes de choses. Tout à coup, la RAISON lui revenait, et me disait, "ce pauvre homme, il a deux enfants à McGill. Il faut bien qu'il paye leurs études." Et elle m'a toujours habillé chez le "pedler" juif qu'elle aimait beaucoup. La réalité s'imposait à ses émotions. C'était pour elle, tout simplement un père de famille honorable comme tous les pères. D'ailleurs, nos enfants, nous ramènent souvent à la raison. Je me souviens, en prison, rien comme parler de ses enfants ne nous rapprochaient de ces pauvres personnes qui s'étaient fait prendre par les tentations du criminel qui trop souvent étaient des erreurs de jeunesse. Les "motels" des prisons, ont très souvent aidé à orienter beaucoup de jeunes sur le bon chemin. Ils fréquentaient et démarraient une famille. Quand il sortait de prison, leur famille les attendaient. C'était une belle façon de briser leur isolement et de les réintégrer à la société. Quelle expérience! On parlait de nos enfants et tout ça, nous rapprochait les uns des autres pour le plus grand bien de nous tous. Fameux! Et ajoutez à ça, un directeur de prison en or et vous avez le "truc".
NOS MOUTONS
Et tant qu'à parler des moutons, je veux en ajouter un peu. Car nous étions un groupe qui adorait cet animal. Bien certain que les Juifs pour leurs fêtes venaient nous solliciter, car justement, eux aussi sont des gens qui aiment les moutons. Et quand venait le jour de l'abattage, c'était toujours pour nous tous une catastrophe renouvelée, car tous nos moutons, avaient tous leur nom et leur mort nous catastrophait pour une bonne semaine, y compris, bien sûr, celle qui les nourrissait au biberon au tout début de leur vie. Le petit David aimait sûrement ses moutons et devait comme nous, pleurer pour quelques jours au moins de la perte de ceux-ci. Nos moutons, ce n'était pas de l'élevage mécanique, mais bien de l'élevage amoureux. Nous dûmes abandon
LE POST TRAUMATIQUE
Le Post traumatique. Ça me taraude toujours beaucoup, quand je vais aux États, de voir ces jeunes qui ont des "tics" nerveux graves, résultat d'un post-traumatique vécu en Afghanistan ou ailleurs. J'en ai "accroché" un. Hé! Brother! You tell me..... Je les fais parler. Ils ont tous un point en commun. "On besoin d'écoute!" Je leur en ai servi. Avec un autre, c'est non seulement le gars, mais sa blonde. Je les ai "taraudés" doucement, bien sûr. J'ai revu le couple un mois plus tard, ils étaient tout énervés de me revoir. Émouvant cette affaire. Preuve que 5 minutes d'écoute, ça peut changer le monde. Nous en avons aussi chez-nous de ces post-traumatiques. Cinq minutes?
L'ATTITUDE VIS-À-VIS LA VIE
" Plus je vis , plus je réalise l'impact de l'attitude sur la vie . Attitude , pour moi, est plus importante que les faits. Elle est plus importante que le passé , l' éducation, l'argent , que les circonstances , que l'échec , que de succès , que ce que les autres pensent ou disent ou font . Il est plus important que l'apparence, la douance ou la compétence . Il va faire ou défaire une entreprise ... une église ... une maison . La chose remarquable est que nous avons un choix de tous les jours en ce qui concerne l'attitude que nous adopterons pour cette journée. Nous ne pouvons pas changer notre passé ... nous ne pouvons pas changer le fait que les gens vont agir d'une certaine façon . Nous ne pouvons pas changer l'inévitable . La seule chose que nous pouvons faire est de jouer sur la seule chaîne que nous avons, et qui est notre attitude . Je suis convaincu que la vie est de 10% ce qui se passe pour moi et 90 % de la manière dont je réagis . Et il en est la même chose pour vous ... nous sommes responsables de nos attitudes " . Je pense vraiment que c'est ce qui m'a sauvé. Si les couteaux volent bas, mais que je suis en pleine santé, qu'est-ce que cela peut changer à mon quotidien. c'est moi qui en ait le contrôle après tout.

 

 


Que de bonté cher Michel. Oui, quelque part j'ai été ce tronc d'arbre qui plie, mais ne casse pas. Ma plus jeune qui pleurait pour s'excuser auprès de son père. C'est quoi ça, lui ai-je dit? Tu as été voir la vie et tu t'es frottée dessus. C'est ton devoir de jeune. Bravo ma belle enfant. Les inquiétudes de ton père, c'est une autre choses mais, tu le sais "p'tite maudite!" je t'adore. Jamais utilisé le mot "tu devrais" avec mes enfants. Et dans la vie, il faut payer pour apprendre. Merci mon bon Michel, j'en suis bien ému.


La concentration du capital! Nos gouvernements qui ne bougent pas. Ils en sont tous criminellement responsables. Ils couchent avec les banques et enfirouapent le peuple. Le secret bancaire suisse! Un bel exemple de la couardise d’un pays. Se sont enrichis avec l’or nazi taché de sang. Noam Chomsky, il n’est pas le seul à réfléchir sur ce système. Il est aussi persona non grata aux U.S.A.

L'Église des hommes

 

Je pense que quand les choses vont mal, il faut faire l'effort pour s'éloigner énergiquement de tout ce qui peut ressembler à du négatif. Avec le suicide, par exemple, j'ai dû faire des "deals" assez souvent. J'étais très près de Raymond (mon psy.) à cause de ça. Raymond et moi étions amis depuis 40 ans. Il me connaissait sous toutes mes coutures. "Tiens-toi loin de ça Richard!" Me disait-il. Je l'écoutais parfaitement, car je devais surtout être efficace. Vous devriez voir mes archives. Stupéfiant. Je n'avais donc pas le temps de me faire distraire par du négatif et Raymond à qui je disais tout comme à mon confesseur corrigeait la "barre" si je divaguais. Me connaissait! Donc, se tenir loin de tout ce qui est "plaignages", ça va mal, les handicaps de toutes sortes que le monde peut avoir (des plaignages peuvent nous empoisonner la vie. Se méfier.) , des amis dangeureux malgrés eux! Tout. POSITIF, POSITIF, POSITIF. Mon truc, aller voir des films ou je pouvais rire aux larmes et pleurer, presque crier. Une véritable thérapie. C'était une obligation morale incontournable le dimanche soir au Outremont, Ouimetoscope, Élisée, Avenue du parc. On fait sa vie. Y faut y croire. On doit aussi se manipuler, parfois comme un enfant. Un bonbon nous attire, on saute dessus. On doit tenir à toujours être le maître de sa destinée. Malheur à nous si on fait autrement. Il faut utiliser des ruses avec soi-même. Ne pas se laisser aller. Bien sûr, que ce que je dis, c'est moi, c'est pas le voisin. Chacun sa technique. Et la lecture. Quand je lis, je ne suis plus là. Je suis dans le livre. Un coup de pied au "cul", je vais marcher dehors. La Grande Ourse, je l'embrasse, elle me surveille. C'est ma première blonde qui est là. Non, non, non, ne pas se laisser faire. On doit à tout prix être le capitaine de son bateau et ne laisser personne prendre notre place, ni les événements non plus. C'est moi, c'est pas le voisin. Qu'il pense ce qu'il veut. J'ai eu l'immense honneur d'avoir l'amour de beaucoup de monde, votre aide et tout et tout dans ce Réseau adoré. Je ne dois pas le gâcher. On apprend tous les jours. Donc, on fait des gaffes tous les jours...et des bons coups. Pas de gaffes, pas d'expérience, ne connaît rien. Beige pour la vie. Oui, on court pour se faire aimer. Faut en être conscient pour ne pas courir pour rien. Voilà, c'était un bout de chemin. Toujours se réserver des bornes d'urgence. Un ami chaleureux, une activité qui me sort de moi. Y faut pas se laisser faire, quoi! Avoir l'esprit critique, être aux aguets. S'autocritiquer sans limite. "Est-ce que j'ai eu de l'allure dans telles circonstances?' Quels étaient ceux qui étaient pour moi et ceux qui étaient contre moi. Savoir découvrir les vraies intentions des gens. Leur agir nous parle plus fort que leurs plus belles paroles. Jamais être naïf. Ce n'est surtout pas un signe d'intelligence. Comme le capitaine de bateau de guerre. Savoir reconnaître ses amis de ses ennemis ou si-non, on se fait couler. Savoir ne jamais exposer son jeu comme au poker. Tu révèles ton jeu, tu es fini, tu n'as plus rien à négocier, surtout avec les patrons. Être doux comme un mouton, rusé comme un renard et féroce comme un lion. Il faut être les trois. Ne pas oublier que ce n'est pas la dépresse qui surtout apporte le suicide. Ce sont surtout les fausses conceptions que nous avons de la vie et si on ne se réveille pas, on tourne en rond comme les deux chevaux, ÉMOTIONS ET RATIONNEL. On doit tenir la bride très solidement et également. À retenir!


Les animaux qui me rendaient visite.
Cela se passa surtout en colonie de vacances ou sur la route de Val d'Or Rouyn-Noranda, en Abitibi. Nul secret pour aucun de mes amis de dire que j'adorais les animaux et je pense aussi un peu qu'ils m'adoraient. Un roman d'amour, quoi! Première péripétie que j'eus, avec un ours. Je devrais plutôt dire que l'histoire commença avec un premier ours. Je faisais du camionnage entre Val-D'Or et Rouyn-Noranda pour le compte d'Hydro-Québec. Je transportais des objets lourds. Dès 5 hs le matin, j'étais sur la route. Travailler si tôt le matin me rentrait vraiment dans le corps. Je trouvai ça très douloureux. Je commençai mes voyages vers le milieu du mois de mai. Rien sur la route, sauf cette « boucane » que le matin amène, résultat de la différence de température entre celle de la forêt et de l'air ambiant. C'était plate, plate, plate sauf, un bon matin ou ma vie « chavira » presque. Sur le bord de route, j’aperçus un copain inhabituel qui faisait du « pouce ». Avait sans doute faim. Un bel ours noir, jeune adulte, car pas très gros. Tout excité, je stoppai me camion un peu plus loin et vins à sa rencontre, pas trop près quand même. Tout excité lui aussi, il courrait vers moi à toute allure. Je lui fis signe de stopper. Il s'exécuta immédiatement. Avait sans doute fréquenté une société quasi civilisée qui lui permettait de comprendre les signes des blancs. Je ne voulais pas être son prochain « steak » même si je savais que l'ours est un herbivore. Un copain de cette race avait quand même déjà mangé un jeune ado. qui avait les poches pleines de poissons. L'ours a sans doute pensé qu'il mangeait un gros poisson, il mangea le p'tit gars en même temps. Blanc averti, en vaut deux dit la chanson. L'ours et moi, on se regarda pendant un moment et subitement, je retournai à mon camion. J'avais une surprise pour mon gentil plantigrade. Ma réserve de 6 Coke et un gros sac de chips. En me revoyant apparaître, celui-ci se mit quasiment à danser. Bien sûr qu'il reconnaissait le produit. Du Coke! Banal pour un ours. Et des chips! Encore plus banal. Je lui fis signe de reculer, par prudence et je lui ouvris les 6 Coke et le sac de chips et je retournai à mon camion. Croyez-le ou non, j'eux droit à un spectacle incroyable. Mon beau nounours enfila les six Coke, un après l'autre, assis sur son gros derrière avec ses pattes qui dépassaient sa tête, tout juste assez pour avoir chaque Coke à hauteur de sa gueule et, finalement, d'un coup de patte, s'attaqua au sac de chips et le bouffa en un temps record. Je sortis encore de mon camion presque prêt à aller flatter mon nouvel ami. Mon réflexe ne dura qu'un instant, car je savais pertinemment que ces bêtes sauvages, tout aussi sympathiques qu'elles puissent paraître, pouvaient nous bouffer en un temps record. J'en pleurais presque. Je venais de me faire un nouvel ami, "unusual" comme dirait les Anglais, qui fut fidèle tous les matins durant à attendre sa pitance le long de la même route. La police d'Hydro m'aperçut sur le bord du chemin, avec mon ours. Ils n'eurent jamais le courage d'arrêter. "L'homme qui dansait avec les Ours tout en leur donnant du Coke." Un titre qui fait moins champêtre quand même!


J'avais de l'énergie à revendre. Et ma mère bio. était bien fière de moi. Je dois dire que je l'ai dorloté pas mal. Je faillis mourir de ses coups de poing qu'elle me donnait quand elle riait à une pièce de théâtre. Quelle fierté elle rayonnait quand je jouais, dans le temps, sur la scène à Saint-Laurent. Une sainte maman.

Combien de pits pits sauvés. Tu aurais dû voir les "cas". C'était presque terrifiant. Sur 8 sujets, ont a du en hospitaliser 6, sous contentions, le premier soir de la rencontre. Je les considérais tous comme mes propres enfants. Comme j'étais le recruteur ayant un statut particulier auprès de ces jeunes, il ne fut pas question, pour moi, de faire partie de l'équipe de thérapeutes. Cela aurait modifié ou déformé mon rapport avec ces "enfants".


Et en plus Michel, j'ai terminé en participant comme intervenant à une série de recherches dont la dernière fut présentée à l'international, à Genève. Il nous fallait sauver des vies et nous l'avons fait en changeant les approches conventionnelles pour appliquer des méthodes d'avant-garde.
Tu as parfaitement raison Michel. Ma grande cousine de 95 ans me dit toujours que j'étais pétillant! Mais, cher Michel, je dois te dire que j'ai toujours été un amoureux des gens. Chaque personne est un trésor a découvrir. C'est souvent à nous de "l'actualiser". J'avais aussi le réflexe de l'orphelin. Chaque cadeau qu'on me faisait durait des années dans ma tête. J'ai vu mon oncle Napoléon 2 ou trois fois. Il m'avait fait des cadeaux. J'en ai parlé une partie de ma vie. J'avais comme une bulle qui perpétuait les bons souvenirs et les faisait revivre. Et en passant, je suis aussi très chanceux de croiser ton chemin, cher Michel. Je suis un privilégié. Georges Brossard de l'insectarium est un vrai p'tit frère pour moi. Dernier téléphone, Georges n'a cessé de me conter toutes ses réalisations. On doit se voir. Ça va être "l'enfer"! Que de choses à apprendre Michel. Je regardais les titres de Karl Marx. J'ai trop de livres en attente! Oui, je suis chanceux de te connaître. Grand merci. Dernier livre lu, "Mohamedou". Ce jeune incarcéré à Guantánamo. Un saint, ce jeune. Je l'ai lu 4 fois. Nadeau-Dubois! Une grosse "pochette" 1000 watts. Ce qui me frappe chez lui, parle avec sa tête, mais aussi son coeur. C'est un séducteur! De toute façon, pour être chef, il faut être séducteur. Quel bonhomme. Tu ne trouves pas Michel qu'on est chanceux d'être si bien entourés. Bonne journée et grand merci.

Ma belle fratrie, du côté de mon papa. Hé! Les soeurs et frérot! Que vous êtes belles et beau. Bravo! Bon, on prend tous un peu d'âge. Ça me met en maudit. Lise m'a passé une crème anti-âge hier au soir. Rien de trop beau pour la classe ouvrière. Ne riez pas! Je suis le plus vieux. donc, j'ai mes privilèges. Y faut bien rire n'est-ce pas?

Le Post traumatique. Ça me taraude toujours beaucoup, quand je vais aux États, de voir ces jeunes qui ont des "tics" nerveux graves, résultat d'un post-traumatique vécu en Afghanistan ou ailleurs. J'en ai "accroché" un. Hé! Brother! You tell me..... Je les fais parler. Ils ont tous un point en commun. "On besoin d'écoute!" Je leur en ai servi. Avec un autre, c'est non seulement le gars, mais sa blonde. Je les ai "taraudés" doucement, bien sûr. J'ai revu le couple un mois plus tard, ils étaient tout énervés de me revoir. Émouvant cette affaire. Preuve que 5 minutes d'écoute, ça peut changer le monde. Nous en avons aussi chez-nous de ces post-traumatiques. Cinq minutes?

Merci vous tous, toutes. Ce fut une période difficile. Les deux parents disparus. Risque d'être au Pôle Nord à leurs décès. Perte de ma maison. Le retour au collège que j'aimais bien fut une grande consolation. Les bons pères me prirent en charge pas à peu près. Je fis un coma de 2 jours en arrivant en plus. Décidément, les planètes n'étaient pas tout à fait enlignées en ma faveur, mais ce ne fut que passager. Et sur le bateau, ce n'était que des anglais qui sacraient comme des déchaînés. Soi-disant des étudiants de Mc-Gill. Ça leur faisait toute une "jambe". On me transféra vite de bateau et tout alla mieux. Les Anglais étaient "chez-eux" au Canada et nous, non.


Tu lui vois la grosseur! On dirait d'un enfant. C'était tout un homme, faut pas se tromper. Mais je l'avais étiré sur son argent. Il avait été séduit par la vérité que je disais. Nous sommes instamment devenus amis. Spécial la vie! N'abandonna pas ses maîtresse, jamais de la vie. Blague!


Trop drôle! Vont avoir les fesses chaudes! Mais ne seront pas très exigeants, car les "petits Chinois" ce ne sont pas les gros Américains! Blague totale! Mon copain Vietnamien, à l'époque. Gros comme un pou. Toujours une maîtresse en vue! Je me demandais toujours comment il pouvait faire à la grosseur qu'il avait. Il s'appelait, D'Zum! Un grand, grand ami. Drôle, notre amitié a commencé par des "coups de pied" au "cul". Pas tout à fait, mais presque. Mais on a ri, je te jure. Toute une civilisation ces gens. Il m'avait fait lire la lettre que son père, pressentant qu'il avait des maîtresses, lui avait envoyée sur le respect de la femme. Je fus totalement terrassé. C'était d'une beauté, d'une réserve, d'une profondeur. Le général "costeau" avait toute une âme. Je lui avais écrit...en français, bien sûr. D'Zum m'avait aidé.
Le Potemkine. Non, non, non, ce n'était pas le Potemkine. J'avais peur de couler au port avant de partir. D'ailleurs, il y en a un qui a flambé en bonne partie, au port, avant qu'on quitte. Le C D Howe. .Je les ai trouvé tellement épais. C'était de la pure négligence qui a passé proche de coûter des vies en plus. Et bien sûr, on a dit que c'étaient des espions russes qui avaient mis le feu! Allons dont!

Je reviendrai avec mes commentaires. Je suis ému de ton engagement. Mais je pense Michel que finalement, ce sera toujours une lutte à maintenir. Je dois dire cependant que tout ce système, cette dictature de l'argent. Même mon bon ami Bruce, pourtant très réservé, le dit, ce pays est devenu une plutocratie. Venant de Bruce, ce n’est pas peu dire. Bruce, mon fameux polyglotte qui a "évalué" mon espion. J'étais naïf, mais pas tant que ça. C'est Bruce d'ailleurs qui m'a dit, pas de doute possible. Alors! J'étais lié par un secret. Oui Michel, j'ai étudié un peu en Californie et je me disais, pourvu que ça n'arrive pas au Québec. Hé bien, c'est arrivé et en pire. Oui, une crise des valeurs profondes. Ce petit monde, ils ont tous raison en plus. Mon neveu, éthicien pour le ministère de la Santé, section des dossiers médicaux. S'est fait prendre à ouvrir une lettre qui ne lui était pas destinée. Je lui ai envoyé les termes clairs de la loi. Semblait descendre du 7e ciel et jamais d'excuse ou de rétractation. Ont toujours raison ce monde. On dirait toute une bande de petits "contrôleurs". Je ne sais trop si ça te dit quelque chose, en psychologie. Alors, là, dans ces cas, il faut prendre la règle pour taper sur les doigts, le seul langage qu'ils connaissent ou les prendre en défaut et encore. La culture du petit moi, moi, moi. La Suède fait payer par les jeunes qui en ont bénéficié, les frais de cegep. Le jeune doit faire un ou deux ans de service civil. Pas de danger qu'on fasse ça au Québec et pourtant, je suis sûr que ça changerait la mentalité du tout m'est du. Pourtant, il y a des fleurs et beaucoup.J'ai vu aller le "p'tit" Dubois, je devrais dire, le grand, pendant les "carrés rouges". M'a impressionné le jeune et pour avoir organisé des centaines d'événements de toutes sortes moi-même, je savais qu'il travaillait et travaillait fort cet "enfant". J'en fus totalement bouleversé. Et la brutalité qu'on a utilisée à son endroit. Barbare! Tout simplement barbare. Façon de forcer les politiciens qui se sentent en péril à augmenter leur paye, à ces barbares!


Je suis très fier d'avoir trouvé cette photo. C'est presque ma seule preuve comme de quoi j'ai été marin pour la marine canadienne. La vie fut difficile à bord, car je ne parlais pas anglais et c'était tous des anglais. C'est ce qui amena le capitaine à m'envoyer sur le N.B. McClean qui était français à 100%. J'eus de petits problèmes, bien sûr. Car les ados "baby face" sont des proies pour les marins qui manquent de femmes depuis un certain temps. J'appris très vite à me faufiler comme une anguille. Ne m'ont jamais attrapé! c'est vraiment le métier qui m'entrait dans le corps. Pas méchants, mais me faisaient des "beaux yeux". Je devenais que ce n'était pas innocent, mais pas du tout. Mon flair m'a vite orienté et j'ai sauvé la "mise" encore une fois!
Le premier bateau sur lequel j'ai travaillé comme marin à 16 ans. Sur le Edward Cornwalis qui me faisait peur tellement il avait l'air d'une coquille que seule la peinture gardait à flot. On n’avait pas prévu que mes deux parents décéderaient le même été. C'est l'appréhension de mon nouveau capitaine du N. B. McClean qui me convainquit de rester à terre. Je lui en suis totalement reconnaissant, car mes deux parents devaient mourir, ma mère, le 17 juillet, et mon père, le 8 août. Ça ne s'oublie jamais.
Le soleil et le vent disputaient ensemble à qui des deux pourrait faire quitter à un homme ses habits. Le vent, se déchaînant avec la plus grande furie, excita la plus forte tempête. L'homme voyant s'accroître la violence du vent, resserra ses vêtemens autour de lui, et s'en enveloppa de tous les côtés : mais le jour ayant paru, et l'ardeur du soleil s'étant augmentée, l'homme fut peu-à-peu forcé par la chaleur de dépouiller ses habits et de les porter sur son épaule.

Cette Fable signifie que celui qui réunit la modestie à un heureux naturel, obtient dans la société tous les succès qu'il désire.
Statistique sur les valeurs en 1997. 8 groupes classes. Le dernier chiffre à droite de chaque ligne, représente le total. Exemple: Amitié, total: 104.
Acharnement Grand total 
Amitié 22 24 16 22 20 104
Amour 22 14 14 18 8 76
Argent 3 3 5 11
Autonomie 1 2 4 7
Bonté 1 1
Compétition 1 1
Compréhension 1 2 3
École 1 1 2
Écoute de l'autre 4 1 1 6
Égalité 1 2 6 3 12
Famille 24 27 17 19 27 114
Fidélité 3 3 6 7 6 25
Fierté 3 2 5 
Générosité 1 1 2 2 6
Indépendance 1 2 1 4
Justice 2 3 7 5 17
Liberté 2 10 3 13 11 39
Loisirs 2 4 3 3 12
Mariage 1 1
Musique 1 5 2 5 13
Nature 1 1 2 4
Opinion des autres 1 1
Paix 4 1 3 2 7 17
Pardon 2 3 1 6
Partage 3 1 1 5
Persévérance 3 4 5 12
Prestige 2 2 4
Respect de soi 10 5 2 5 3 25
Respect des autres 5 2 6 3 16
Réussite 1 9 1 4 8 23
Santé 18 19 9 13 16 75
Savoir 2 4 1 3 10
Sécurité 1 1 2
Sexe 1 1
Tradition 1 1
Travail 2 
Science 1
On nous a tellement lavé le cerveau avec toutes sortes de niaiseries que le monde a perdu le sens de l'essentiel! Pas d'ordre dans leurs têtes, je pense. Et pourtant, je rencontre de belles personnes. J'ai rencontré des jeunes de Québec qui me disaient, "Ho monsieur! tout a bien changé. Le monde n'est plus de même." Y a-t-il une grille d'analyse qui existe pour évaluer une population. Même en prison, on me disait, les jeunes c'est "pu" pareil! Et c'était vrai. Ils me donnaient des exemples. Ma grand-cousine qui me disait," ils veulent tout avoir. Pas de fin dans leur tête sauf quand ils meurent d'une crise cardiaque à 30 ans. Ne pouvaient arrêter." Son gars n'est pas mort, mais il a passé proche. Nous sommes esclaves des médias! Nous n'avons aucune éducation les concernant. Je ne sais trop.
Tu es prolifique mon Michel. Je courre pour te suivre. À 75 ans, quand même et quelques points de rouille. Je ne peux plus faire le marathon et les haute montagnes et le "scuba". Pas question me dit le doc. de façon agressive. Lui, qui a marché à 100 milles à l'heure tout le temps. Mal placé pour me faire la leçon. Il vient de tomber malade aussi.

Je suis toujours stupéfait de ces choses comme si nous, humains, étions si différents les uns des autres. D'une tristesse épouvantable. Le peuple a bien pu chanter le jour des funérailles ou de la sentence comme ces noirs qui en échange de notre violence envers eux, nous ont laissé le "Sole", le Jazz et les chants religieux. Me donne des frissons. Je m'en vais en vacances dans cette région. Je les connais ces gens et ils me reconnaissent. D'une douceur qui me trouble. Et une vrai douceur!

Mon école adorée. Celle qui m'a sauvé la vie. St-Gérard, comme oublié et les Verroneaux qui n'habitaient pas loin et avait une grosse piscine. La seule du quartier et de Montréal à l'époque, peut-être. On me cousu un costume de bain à ma taille et hop. Je fais partie des la famille...dans la piscine. C'est dans le temps qu'il y avait presque une solidarité de village. Villeray, je ne peux oublier.


Et mon vieil écossait rouquin et moustachu, genre "mon cher Watson" est sans doute décédé. Je ne peux dire que la GRC m'a soudoyé. Y faut dire que j'étais "curé" avec des jeans en dessous de la soutane à cause du sport qui m'intéressait plus que la Bible à l'époque. Et on était plein de jeunes de la sorte. Des gars! Ça toujours besoin d'en "planter" un autre. Football, baseball, hockey...Blague!

Y faudrait quand même pas que ces êtres très privilégiés par l'État se mettent à demander des excuses à leurs victimes. Non! Je ne le prendrais pas. Devant une telle tragédie, tous les collets montés n'ont absolument pas leur place. Surtout avec des victimes qui font partie d'une population déjà ostracisée. Je n'ai jamais entendu dire que la SQ ait été ostracisée. Peut-être, mériterait-elle de l'être un peu pour goûter à la sauce qu'ils ont fait goûter à leurs victimes. Non, je suis outré! C'est le moindre que l'on puisse dire. À fréquenter les bandits, je me demande vraiment si on ne le devient pas un peu soi même. Le tout nous est du devient comme une règle. Il faut se souvenir aussi que cette garde prétorienne a le privilège de toujours négocier à la fin des négociations du public et para-public, question d'avoir la meilleure position pour abuser de la situation. Oui, il y a des bons policiers. J'en ai connu plusieurs. La question n'est pas là. Il faut que ces "babouins mal dégrossis" soient extirpés de ce corps de police qui prétend être honorable, mais qui n'a pas du tout démontré son aptitude a corriger ses membres de façon efficace. C'est carrément la culture de l'impunité. Ça ne fait pas du tout honneur à la SQ. Je pourrais dire la même chose de la famille Cloutier qui ont fait très piètre figure aux dernières funérailles.

L'HOMME ET LE MAL
Oui, il n'y a pas si longtemps, je rencontrais de ces vétérans qui se promenaient sur la montagne à Montréal. Quand je voyais dépasser leurs numéros matricules indélébiles dépasser de leur manche de chemise, je me serais agenouillé et je finissais toujours par leur adresser un petit mot de tendresse. J'étais finalement toujours bouleversé. Peut-on imaginer des humains qui font de telles choses à des humains. Je ne peux aller au musée, je pleurerais tout le temps.
Il ne faut pas attendre après dieu, il faut se battre. "Ce ne sont pas ceux qui disent Seigneur, Seigneur qui vont entrer dans le Royaume des cieux." Ce sont surtout ceux qui se "grouillent" le cul et foncent. Il ne faut pas prendre le Christ pour un bêta qui avait seulement les yeux dans la graisse de "bin"! Là où il s'est rendu nous indique clairement la voie à suivre. Je suis de la théologie de la libération. Ne pas oublier que les RICHES SONT LES RESPONSABLES DE LA PAUVRETÉ DANS LE MONDE. Le calcul est facile à faire. Certains riches le comprennent, mais les paradis fiscaux m'apprennent que la majorité est pour le moins chiche!

Beaucoup d'autochtones du nord sont présents à Montréal. J'en ai rencontré un, il était totalement intoxiqué à la "boisson". Un grand six pieds! Il voulait jouer et faisait peur à tout le monde dans la toilette des hommes de la Place des Arts, attenante au mail piétonnier qui donne sur la Place Desjardins. Quand des jeunes se sont rendus compte que je m'occupais du bonhomme, ils en profitèrent pour se sauver. Le grand en question ne me faisait vraiment pas peur même si avec une chiquenaude, j'aurais sans doute fait du "millage" sur les bottines. Non, il était comme un enfant, il voulait jouer. Il bloqua donc la porte de sortie des toilettes pour m'empêcher de sortir. Habitué à de tels événements, j'entrepris de lui parler dans un langage chaleureux. "Hé! Brother!" If you want to play, you must open the door, so I could see you and we could talk together." ...genre. Il ouvrit dont la porte. Et tout ce qu'il cherchait, c'était un peu d'attention et disons le donc, un peu d'affection. Je lui mis la main sur l'épaule et commençai à lui parler. Il était comme enfant! Vraiment! Après cette rencontre, je fus tout fier de moi! Oui, nos autochtones itinérants de Montréal ont grandement besoin d'aide.

Richard Labelle Ça fait quatre fois que je lis son livre, cet "enfant"! Car dans la peine et la douleur, on est tous des enfants. Son livre, un vrai livre de spiritualité et de profondeur humaine. Un "enfant" sans aucune méchanceté qui finalement devient toujours ami avec ces tortionnaires tellement il est humain. Certains tortionnaires vont jusqu'à pleurer de devoir le quitter, car il est devenu leur ami. Un "enfant" innocent! Totalement! Un grand livre "spirituel", mais rempli d'un humanisme profond qui à cause de son amour intense pour les humains, nous glacent littéralement. Un "enfant" tout simplement sage qui malheureusement n'était pas à la bonne place quand les services secrets zélés sont passé. (Cette publication est le fait de l'ACLU (American Civil Liberties unions) dont je suis membre. Leur équipe d'avocats garantissent tous les faits qu'il y a dans ce livre. Un "enfant" je vous dis. Un "saint" des temps modernes. Musulman! Je m'en fou! C'est plutôt un bon enfant des temps modernes. Son récit me fait penser au P'tit Prince de St-Ex.

René Ducharme comme directeur….

Moi, en route vers Bloomington, Indiana, mon
université.  C'est là que j'ai réalisé qu'au Québec,
on était pas à peu près des retardés dans tous
les domaines sauf dans le colportage... Les Américains m'ont gâté et déniaisé,
je vous jure.
 
 
 

 
J'ai toujours su qu'être un enfant élevé pensionnaire pour faire son cour classique est un défi peu commun qui demande une réadaptation à la fin des études. J'ai été prof. d'université en recherche à Trois-Rivières et c'était rendu que je parlais un langage tel, que personne ne me comprenait. Je du me poser des questions très sérieuses qui m'amenèrent à accepter mon état tout en aidant mes étudiants a s'adapter à leur rôle de chercheur. Le domaine de la recherche a son propre jargon, on n'y peut rien. C'est international.
 
Une situation comme je vois dans certaines familles, je n'ai jamais connu ça. J'oserais dire qu'il s'agit sans doute du plus vieux modèle québécois engendré par la disparition d'une classe canadienne-française dominante et remplacée par les curés et les "bonnes femmes" qui les suivirent. Pas pour rien que nos ancêtres mâles et forts, bien sûr, se firent un malin plaisir de ne jamais rester pour le sermon. Ils sortaient sous prétexte de fumer une cigarette. C'était une forme larvée de signifier à l'Église et aux femmes qu'elles n'étaient pas toutes puissantes. Ma grand-mère, elle, n'allait tout simplement pas à la messe. On la menaça de l'excommunier. Le duré savait bien qu'il venait de perdre tout son monde s'il avait fait une telle chose. Homme intelligent et de coeur, il s'abstint donc.
 
Le modèle, il se décrit aisément. La bonne femme écartille les jambes au bon vouloir du bonhomme et celui-ci, contenté, n'en demande pas plus. C'est le pouvoir des femmes et des curés. J'ai connu ça à mon mariage par l'abbé Gervais. Il aurait mangé ma claque sur la gueule. Il pouvait faire des niaiseries à d'autres, mais pas à Richard Labelle. Ma propre mère a refusé le curé sur son lit de mort. Celui-ci a dû négocier le droit de la bénir en restant sur le portail de la porte de chambre de l'agonisante.
 
Je viens donc d'un milieu haut de gamme, parmi le meilleur collège au Canada. Nous dépassions à l'époque le fameux Brébeuf dont la réputation ne reposait que sur sa bourgeoisie qu'il servait. C'était l'époque du "mon père est juge", "je deviendrai donc juge. J'ai donc été élevé en me faisant dire que je faisais partie de la crème de la crème et que j'en étais. Exemple. Georges Brossard de l'insectarium de Montréal qui en a fondé 10 autres à travers le monde, Georges c'est mon p'tit frère. Car 8 ans dans le même collège, tes confrères deviennent des frères. Tous pour un, un pour tous. On ne s'est jamais lâché de la vie. Georges, je le répète, c'est mon p'tit frère. On doit se revoir prochainement. Je n'arrête pas de lui acheter des cadeaux, car un p'tit frère, tu combles ça. Et tout notre groupe classe, aujourd'hui à peu près tous millionnaires, sauf moi, par choix, a décidé en quittant le collège que nous allions changer le monde. C'est pas mal vrai pour le Québec. Ti Guy Charron, ministre du gouvernement Lévesques, Ti Guy Chevrette, un autre p'tit frère, Ti Guy Latraverse, celui qui a lancé Yvon Deschamps. Bref, ce sont tous des p'tits frères pour moi. On s'est toisé sous toutes nos coutures. Nous avions 12 ans. Dernier téléphone de Georges avec sa grosse voix. Je dis, "c'est qui l'animal qui me parle de même au téléphone". Me répond, "c'est Georges mon Richard!" Venait de prendre les services d'un ami à moi qui allait gérer un petit montant oublié dans un tiroir, 25 millions pour les enfants autistes. Mon ami André administre le tout.
 
Chez les Cloutier, les hommes sont omnipotents. En échange de leur silence, ils exigent l'adoration envers leur personne de la part de leur femme, enfants, amis, etc. Et c'est d'une rigidité mes amis, quasi cadavérique. Je me laisse sauter tant que tu veux, mais après, semble lui dire les femmes, tu te fermes la gueule. Le phénomène remonte aux patriotes. Ce qui nous fait dire, en histoire, qu'avec les patriotes, les hommes se sont fait couper la queue et la langue. Pour Freud, queue et langue c'est la même chose. Or la formation "romaine" que j'ai reçue fait de l'homme équilibré, quelqu'un capable de s'adresser dignement en public et quelqu'un aussi capable de manier les armes avec dextérité. À Saint-Laurent, j'ai fait du tir. Le maniement des armes faisait partie de notre curriculum, mais on ne le disait pas fort. La salle de tir était au sous-sol de notre gymnase ultra moderne.  Chez les Cloutier...la langue manque. Une autre funérailles sans voir un seul des frères Cloutier pour  s'adresser à l'assistance. C'est scandaleux et proprement lâche...dans mes valeurs à moi, les valeurs que mes éducateurs mon enseignées.
 
Nous étions au restaurant Lise et moi et tout à coup elle décide de mettre du p'tit change comme pourboire. Je lui dis tout de suite....c'est impoli de faire ça. On agit ainsi avec les esclaves, mais pas avec les humains. J'ai été élevé dans le respect intégral des droits de la personne. J'ai aussi enseigné en droit à l'Université du Québec à Montréal. J'ai finalement passé ma job à un ami qui n'avait pas d'emploi et qui était de beaucoup plus compétent que moi dans le domaine. Il y fit carrière.
 
Qu'une nièce se mette a mener tout le monde par le bout du nez, c'est totalement infâme. Elle invite qui elle veut, comme elle veut. Même son frère se fait refuser l'invitation à cause de sa femme, etc. Une famille qui agit de la sorte est totalement dans la marge pour moi. Chez les Iroquois, qui étaient paraît-il NON CIVILISÉS, une telle chose était un affront et méritait une déclaration de guerre. Frontenac s'est permis une fois une erreur du genre et à du se rendre en délégation à Syracuse pour aller chercher le chef qu'il avait oublié et cela avec toutes les excuses prévues au protocole et un nombre faramineux de cadeaux pour réparer la gaffe. Oui, chez les Iroquois on exigeait des réparations en argent sonnant. On pouvait aussi appliquer la même loi à l'inverse. Des erreurs de la part des Iroquois devaient se payer aussi en argent sonnant. Non civilisés les Iroquois?  Allez dont voir. Chose certaine, ils étaient plus civilisés qu'à Mascouche. Une bande ou tout le monde de fourre le nez dans les affaires de tout le monde, le tout dirigé par une "travailleuse sociale" improvisée dont le seul but inavoué est de contrôler parfaitement son monde.
 
Donc, pas du tout les mêmes valeurs que moi et je vous jure que j'en ai vu des vertes et des pas mûres. Qu'est-ce que c'est que cette idée de bavasser sur la vie privée d'un couple. Qui ça regarde, pensez-vous? Je pense que ça regarde le couple, un point c'est tout. Mais comme les "bonnes femmes", encouragées par les curés ont été habituées à tout rapporter. Bien sûr qu'elles s'en remettent à qui mieux mieux rapporterait la chose la plus croustillante du canton. LES DROITS DE LA PERSONNE. Comme elles sont croyantes et vertueuses, elles s'en "crissent" comme le dernier de leurs soucis. On peut ouvrir le courrier de n'importe qui, c'est pas grave!  On va trouver une raison. Criminel ou pas, ça ne les intéresse carrément pas.
 
Pour Denise ont s'est ému. Il y avait un vent de la dernière glaciation aux funérailles de Richard, lequel vent ne m'impressionna absolument pas. Des grandes mégères contrôleuses pour ne pas dire d'autre chose et en psy. on apprend que les contrôleurs, contrôleuses sont des gens qui ne peuvent aimer, car le contrôle est exactement le contraire de l'amour. Big deal, elles se le mettent dans le cul et se "disent" on va faire semblant...qu'il ne s'est rien passé par exemple. N'oubliez pas que nous avons demandé à Doris une médiation avec un professionnel de la chose. Ne peut faire ça, car elle perdrait du pouvoir de son point de vue. Elle n'a surtout jamais parlé de la chose aux autres membres de la famille molle à souhait et manipulable, tu peux lui passer un char d'assaut comme tu passerais une tartine à une enfant.
 
Bref, il faudrait premièrement que les gars mettent leurs culottes. Ils n'en n'ont pas, car avec des contrôleuses, ils n'ont besoin de leur machin qu'au moment ou celles-ci le décident. Tout un monde, n'est-ce pas. Et comme l'intelligence n'est pas tout à fait au rendez-vous, c'est simple, pour se débarrasser d'un ennemi encombrant, elles décident simplement de le salir en contant des histoires de cul sur son dos. Donc, dans ces petites têtes, le cul est roi.
 
Je n'ai pas été éduqué de même. Ma grand-mère (mère adoptive) me chantait de l'opéra en s'accompagnant au piano, question de me consoler de l'absence de ma vraie mère. Mon grand-père, lui, camionneur, avait décidé de m'envoyer au meilleur collège au Canada. "Je l'aime cet enfant, je vais l'adopter. Et si les voisins ne sont pas contents, ils iront se faire foutre." Rapporté par ma grande cousine de 95 ans aujourd'hui, photo copie de ma vraie maire que j'ai toujours aimée comme un fou. Elle me l'a bien remis.
 
Bref, ce que je cherche, ce sont des gens "intelligents" de coeur. C'est mon principal besoin dans la vie. Je pense à Gérard Cloutier. A su faire la paix avec son frère Raymond. J'étais très ému. Parlez-moi des hommes de coeur. S'en est un. Et il n'est pas le seul. Mais le pétarage de toutes sortes de conneries, comme d'avoir la plus belle maison, le meilleur salaire, d'être millionnaire ou pas, d'avoir la plus belle pitoune, etc., etc., etc. Je m'en contre fou. Je n'ai pas été élevé de même. À la maison, on m'enseignait la compassion, la générosité, la transparence, le respect des autres, etc., etc., etc.
 
Est-ce que les choses vont changer?  Je le souhaite. Mais pas en devenant l'établissement qui se spécialise dans le salissage des réputations, etc., etc., etc. Le Pape François appelle ces gens, DES TUEURS. Les cheveux m'ont levé sur la tête quand j'ai lu le sermon. Pitonner TUEUR sur Google et peut-être que ça va vous amener directement au sermon en question, donné par François. Chacun sa job et la nièce à qui on donne un rôle pour lequel elle n'est pas du tout préparée. Y faut que ça change. C'est de la véritable magouille. Dans une famille NORMALE, il me semble qu'avant toute organisation, les frères et soeurs doivent se consulter respectueusement. Ce n'est pas le rôle de neveux et nièces. J'écris et je suis stupéfait de constater que je dois écrire une telle chose. Il me semblait que le monde "normal" savait ça depuis longtemps. Il semble bien que non. J'en ai mon quota! À chacun, chacune d'agir, car la famille regarde tout le monde. Mais pour moi, famille c'est un bien grand mot après qu'on m'eut fait sécher pendant 4 ans avant que j'écrive ma première lettre pour tenter de faire bouger les choses. Pas fort les affaires! Pas fort du tout. Je n'ai même jamais vu ça de ma vie même avec mes communications que j'ai eu occasionnellement avec la Mafia. Car, comme bénévole en prison pendant 15 ans, vous devinez que j'ai parfois eu des petites invitations. Tous ces gens savaient très pertinemment que j'étais un homme de "top" confiance et qu'ils pouvaient me dire tout ce qu'ils voulaient. Le grand chef m'a d'ailleurs remercié pour ma sincérité. Il m'a fait l'honneur d'une visite. Je ne peux en dire plus. Or si la Mafia est flexible...vous comprenez ce que je veux dire.
 
 
 
Pour les gens qui peuvent comprendre.
 

 
 Jésus nous suggère «trois critères». Le premier est justement «un critère de sain réalisme»

Jésus nous suggère «trois critères». Le premier est justement «un critère de sain réalisme»

Les lobbys et tout et tout. Pour vous faire rire. Dans une autre vie, j'ai eu l'honneur d'être nommé sur un comité consultatif du gouvernement ayant pour objectif de proposer des avenues dans le but de la rédaction de la loi sur la prévention du suicide du gouvernement du Québec. Je fus oui et non surpris de ma nomination. J'en étais bien reconnaissant au ministre de la santé. Je ne tenais pas vraiment à ce poste, je ne l'avais jamais sollicité, je ne savais tout simplement pas qu'il existait, mais je savais pertinemment que ça me donnerait des ouvertures pour faire avancer la cause de notre Réseau en prévention suicide de notre grosse école et ma prévision se réalisa grandement.(Plus de 2000 élèves!) Des centaines de portes s'ouvrirent pour me venir en aide. Ce qui transforma mon travait de prof. en double job. Enseignant d'une part et bénévole à temps plein d'autre part. J'ai travaillé quasi jour et nuit. En en plus, vous allez être surpris. A ma première rencontre avec la sous-ministres Nolin, femme d'une grande gentillesse et très pertinente dans son travail, quelle ne fut pas ma surprise de me faire dire par celle-ci qu'il n'était du tout pas question de m'enlever ce poste. J'y étais pour rester me disait-elle. Et en plus, elle m'affirma, que le fait que le gouvernement me place là, confirmait mon statut comme "expert en prévention suicide". Elle ajouta en plus, qu'elle avait reçu plus de 50 appels de personnes qui protestaient de ma nouvelle fonction. À la toute fin, le plus bel hommage qu'on a pu me faire a été de me faire signer des recherches, en tant que chercheur, sur la prévention du suicide. Vous vous imaginez, petit Richard! Cinquante appels! Vous croyez que les lobbys dorment! Vous êtes naïfs!
C'est bien gentil cher Jean-François, mais tu sais, j'ai la couenne dûre sauf quand il s'agit de mes enfants. Alors, j'ai fait une dépression. Pourtant, si tu savais la pression énorme que j'avais à Québec. Ça me coûlait comme sur le dos d'un canard. Oui, j'ai fréquenté des hauts rangs du gouvernement. Les gens ont tous été gentils, qu'est-ce que tu veux, je n'étais qu'un consultant, donc pas dangereux. Tu t'imagines, j'étais chum avec le bonhomme qui connaissait tous les dessus et dessous du Ministère de la santé et des affaires sociales. Il nous fut d'une très grand utilité au comité, car il n'était pas question pour nous de piler sur une orteille fragile de qu'elle qu'aparachik que ce soit. Ce fut cependant un travail épouvantable qui me demandait beaucoup de préparation jour et nuit. Trop fatigué, j'ai malheureusement laissé passer des choses, genres grosses roches que j'aurais pu lancer dans la marre pour faire des gros titres dans les journaux le lendemain. Mais, dans ces officines, il faut toujours être prudent, car les choses te reviennent souvent comme un boomerang. Quand même, j'étais en fin de carrière, donc j'aurais pu me permettre ce caprice...de péter la gueule à certain. Mais qui sait si le comité aurait accepté que je le fasse. Je t'écris longuement, car je sais que tu a fais du travail et tu fais encore du travail exemplaire auprès des jeunes. Tu sais bien, comme moi, qu'il faut toujours être prudent. Ma grand-mêre me disait toujours:"Aime tes ennemis mon enfant. Ils te disent toujours ce que tes amis n'osent te dire!" Elle avait dont raison. Donc, quand j'ai pris ma retraite, j'avais autant d'ennemis présents à ma fête que d'amis." En fin de carrière, ils avaient découvert que j'aimais tout le monde. Et d'aimer ces ennemis, en plus, ménage le coeur. Bonne carrière à toi cher Jean-François que j'ai l'honneur de toiser sur Facebook. Quelle invention extraordinaire que ce logiciel!

l ne faut pas attendre après dieu, il faut se battre. "Ce ne sont pas ceux qui disent Seigneur, Seigneur qui vont entrer dans le Royaume des cieux." Ce sont surtout ceux qui se "grouillent" le cul et foncent. Il ne faut pas prendre le Christ pour un bêta qui avait seulement les yeux dans la graisse de "bin"! Là où il s'est rendu nous indique clairement la voie à suivre. Je suis de la théologie de la libération. Ne pas oublier que les RICHES SONT LES RESPONSABLES DE LA PAUVRETÉ DANS LE MONDE. Le calcul est facile à faire. Certains riches le comprennent, mais les paradis fiscaux m'apprennent que la majorité est pour le moins chiche!

Je serais surpris qu'il y ait jurisprudence, car il y avait sans être un vice de forme, mais une irrégularité dans le premier procès. Les experts de la couronne étaient très faibles comparées aux experts de la défense. Tous les gens de métier l'avaient remarqué. Le fil est ténu quand il s'agit de plaider l'aliénation mentale. Il faut cependant être "froid" et comprendre que la situation de monsieur Turcotte n'était pas du tout aisée. Il prenait mal la séparation et en plus, il avait été trompé. Ce qui m'a beaucoup fait "titiller" dans cette histoire. Si j'avais été la victime, je ne m'aurais surtout pas transformé en justicier. J'ai trouvé l'épouse très déplacée. Quand on marie la haine à la peine, c'est comme Bush avec les événements de New York. Ça devient une vengeance et il n'y a plus de justice possible. Je pense bien qu'il sera condamné, car le plaidoyer de folie tient mal la route, d'autant plus que peu de temps après les événements, monsieur était déjà rétabli. J'ai beaucoup de mal avec la folie si "temporaire"

Celui qui va représenté l'Université d'Indiana aux prochaines olympiques.
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 Michel Labelle Incroyable tes aventures, Richard. Tu es bien chanceux d'avoir vécu tout ça. La plupart des gens n'ont pas eu ce privilège.


Michel Labelle, journaliste.


Ma réponse.
Tu as parfaitement raison Michel. Ma grande cousine de 95 ans me dit toujours que j'étais pétillant! Mais, cher Michel, je dois te dire que j'ai toujours été un amoureux des gens. Chaque personne est un trésor a découvrir. C'est souvent à nous de "l'actualiser". J'avais aussi le réflexe de l'orphelin. Chaque cadeau qu'on me faisait durait des années dans ma tête. J'ai vu mon oncle Napoléon 2 ou trois fois. Il m'avait fait des cadeaux. J'en ai parlé une partie de ma vie. J'avais comme une bulle qui perpétuait les bons souvenirs et les faisait revivre. Et en passant, je suis aussi très chanceux de croiser ton chemin, cher Michel. Je suis un privilégié. Georges Brossard de l'insectarium est un vrai p'tit frère pour moi. Dernier téléphone, Georges n'a cessé de me conter toutes ses réalisations. On doit se voir. Ça va être "l'enfer"! Que de choses à apprendre Michel. Je regardais les titres de Karl Marx. J'ai trop de livres en attente! Oui, je suis chanceux de te connaître. Grand merci. Dernier livre lu, "Mohamedou". Ce jeune incarcéré à Guantánamo. Un saint, ce jeune. Je l'ai lu 4 fois. Nadeau-Dubois! Une grosse "pochette" 1000 watts. Ce qui me frappe chez lui, parle avec sa tête, mais aussi son coeur. C'est un séducteur! De toute façon, pour être chef, il faut être séducteur. Quel bonhomme. Tu ne trouves pas Michel qu'on est chanceux d'être si bien entourés? Bonne journée et grand merci.

 

 

 


Mais, nous sommes dont peureux! L'arrivée de l'hiver ne nous fait pas sans doute. Hé! La gang! Nous nous enrichissons de 25000 vies. Et en plus, vous pouvez être certains! Des gens débrouillards. Mon jeune Pakistanais qui m'a livré ma pizza. Il travaille! A du se sauver de New York à cause du racisme de l'après 9/11. Tout gentil! Vivant! Et autonome. Ce sont déjà qui font des merveilles avec des riens. Allez faire un tour dans le Mille End! Le monde en miniature. Ça va vous déboucher le nez! Je vous le jure! Et la cuisine, en plus, y est très bonne. Non, non, non, n'ont pas de bombe! C'est fou votre affaire! C'est long, traverser l'Atlantique pour venir nous porter une bombe sous le bras. Vous ne seriez pas fatigués! Je sais qu'il y a un dessert qui porte le nom de bombe! N'ayez crainte, il n'explose pas! Tout ce qui peut arriver, c'est que, Jean-Talon et l'Avenue du Park, vous y faisiez "bombance"!

Gabriel Nadeau-Dubois
3 h · Montréal · 

"La politique américaine, vous savez ce que c'est? C'est "on aime les fondamentalistes religieux, s'ils sont économiquement libéraux". C'est comme ça depuis des années. C'est leur credo. C'est super les saoudiens, c'est super le Qatar...parce qu'ils commercent! Parce qu'ils sont libéraux économiquement. C'est tous ce qui nous intéressent. C'est un paradoxe total."
- Marc Trevidic, juge d'instruction au pôle antiterrorisme de Paris de 2006 à 2015.
Essai sur le djihadisme comparé au suicidaire.

Le djihadisme me fait beaucoup penser au processus du suicide. Le jeune est désœuvré, sans travail, se faisant dire par tout le monde qu'il est un pas bon. C'est le genre loup solitaire qui ne cherche pas à attirer l'attention. Il ou elle est seul(e). Principale caractéristique. Et tout à coup! Hop! On lui trouve une vocation, l'objectif ultime qui va lui donner sa raison d'être. Je pense à un élève qui rêvait à la Légion Étrangère. Je n'osais lui dire que c'était français, cet organisme et qu'en plus, il n'y avait pas vraiment plus. Un genre de disjonction de la personne face à la réalité. Une forme d'hystérie. Disons plutôt, une grande souffrance intérieure qui vous fait sauter les fusibles et vous pousse vers le "vide". Certains des élèves à qui j'ai eu affaire étaient tellement de stress, qu'ils en perdaient la vue. Ils devaient s'asseoir par terre, appuyé sur le mur, dans le corridor. Question de reprendre leur souffle. (1ier flash, comme pour le suicide.) Et tout à coup, tout se transforme comme un bulldozer qui vous pousse tranquillement vers le précipice. La tension monde. Et tout à coup, une idée! On m'offre de devenir un martyr! "On va me construire un mausolée, se dit le jeune!" C'est la porte de sortie par excellence. "Par ma mort, je vais devenir un héro!" Il me semble d'en entendre un qui me disait, "Tu vas voir Richard. Je vais connaître ceux, celles qui m'aiment quand ils vont venir pleurer à ma tombe." "Mais, mon pauvre enfant, lui ai-je dit. Tu n'entendras rien, tu vas être mort! C'est ici que suicidaire et djihadiste se rejoignent. "Tu vas voir Richard!" "Vous allez voir mes amis...qui je peux être. Vous allez m'aimer!" Épouvantable n'est-ce pas. Et n'allez pas croire que le processus est à ce point volontaire. Pas du tout. C'est le désespoir intérieur qui pousse vers le précipice. "Ne me laisse pas seul Richard. J'ai peur de mourir." Même un jeune qui me cherchait et m'ayant trouvé, sauta dans la douche où j'étais. "J'ai peur de mourir Richard!" Ce fut un cas de 911 bien sûr. Il tremblait. Il avait peur de la mort! Pour transformer la peur de la mort, le djihadiste s'exponentialise en héro! Je vais vivre pour l'éternité!" se dit-il! "Je vais vous voir venir pleurer à ma tombe." Bien certain que j'ai fréquenté le suicide d'ado. J'en ai perdus. On n'oublie pas. Ce texte, je l'offre à Martial...parti voir si les anges existaient. C'est pas loin du djihadiste, n'est-ce pas? Épouvantable! (Des commentaires seront bienvenus!)

Notre société a tout ce qu'il faut pour absorber 6000 personnes. Je parle du Québec. Et si ce n'est pas possible, alors, mieux vaut fermer boutique. Le gouvernement va devoir cracher! Bien certain. Et vous n'êtes pas prêtes à cracher un peu. Je me souviens de la crise en Hongrie. Vous n'étiez sans doute pas née. Le Québec s'est serré les coudes et tout à marché. Notre collège avait hébergé je ne sais plus combien de familles. Quelle solidarité ce fut. Les Hongrois d'aujourd'hui se souviennent sûrement. De toute façon, les coupures actuelles sont plus pour satisfaire un philosophie que la réalité. Nous sommes riches et les coupures actuelles sont faites justement pour satisfaire les plus riches. Regardez où ils habitent, Westmount, et vous saurez qui ils servent! L'ARGENT! Votre petite vie! Ils s'en "fou". Trop de pauvres dans le monde! Signe qu'il y a trop de riches. En morale naturelle on apprend que lorsque certains meurent de faim, c'est que nous sommes dans des sociétés immorales, car le principe fondamental, dans la nature, c'est le partage. Regarder les gaz à effet de serre. Vous pensez que ça ne vous touchera pas. Allons dont. L'imbécillité des gouvernements n'a pas de fin. C'est le peuple qui doit mener. Il faut avoir observé les Carrés rouges et constater la panique de nos élites. Pour nous le peuple? Mais pas du tout, pour leurs portes-feuilles. Nous sommes riches, mais ça peut vite changer. Les banques à zéro demain matin, c'est possible. Il faut être naïfs pas à peu près mes amis. Le p'tit bas de laine peut sauter au moment ou on s'y attend le moins...et pas à cause des Syriens ou d'autres migrants. J'arrive de Cosco! Plein! Nous sommes pauvres? Nous sommes de gros dépensiers pour des peccadilles. Ça nous coûte cher pour être heureux, mes amis. Nous sommes en pleine crise des valeurs mes amis. On louerait sa mère plutôt que de la vendre, car ça serait plus payant. (Un jeune de Québec qui me parlait.) Ha! Monsieur Labelle, c'est plus de même aujourd'hui! Un jeune! "C'est dû chacun pour soi maintenant, monsieur!" Un jeune visionnaire! Ça m'a coupé le "siflette"! Alors, coupons un peu sur nos repas. Nous en gaspillons la moitié! Vous saviez. Et donnons aux pauvres....d'argent, pas de coeur. Nous, peut-être, notre coeur est pauvre. C'est triste et ça me révolte. J'ai dont de l'affection pour ces étudiants de McGill qui se nourrissent des poubelles de Montréal pour démontrer comme nous sommes pourris. Et, vous ne saviez pas? Ils mangent très bien.

Paris ma mère!
Paris mon frère!
Paris mon père!
Paris ma soeur!
Paris martyr!
Paris que j'aime!
Oui, quand je suis allé te visiter! Il y a de cela bien longtemps. Je fêtais mes cinquante ans et je ne voulais pas franchir ce cap sans te voir. Oui, te voir. Ma douce France! Les roues du 747 touchèrent au tarmac et, très ému, mes yeux devinrent pleins d'eau! Je visitais ma mère pour la première fois. Et pour un orphelin, sa mère, ce n'est pas n'importe quoi. L'hôtesse me glissa discrètement un Kleenex. Tient, prend ça mon cousin! Et pendant dix jours, ce fut l'émerveillement. On aurait dit que l'organiste de Notre-Dame voulait m'en mettre plein les oreilles. Les gros tuyaux crachaient et la terre tremblait. C'était Notre-Dame, comme si elle avait voulu m'étreindre! Je pris 7 heures à visiter, ausculter, comparer ces arches, ces figures hideuses de toutes sortes, la mâchoire de mon préféré, St-Louis, le catéchisme tout sculpté dans une pierre très dure. Vous vous imaginez, dans le temps, sculpter dans une telle pierre. Le gros bourdon qui se mit à bourdonner, j'étais tout à côté. Victore Hugo et le "Bossu"! Ha! Mais Notre-Dame de Montréal est belle me dit un français. Ému! Je dis à un autre cousin comment je me sens revenir à mes origines, comme ça, à Paris. Tout énervé, il me couvre de toutes sortes de cadeaux du Louvre. Ha! Ce cher cousin! Et finalement, pour me surprendre, on m'ouvre les portes des bijoux de la royauté! Je ne m'y attendais pas du tout. Et un cousin soldat me fit même l'honneur de m'aider à installer ma caméra, appuyé sur la vitrine qui contenait les fameux bijoux. On exigea de vider mon sac d'équipement photo. Je voulus le faire moi-même. Pas question. Le soldat cousin me rassura. N'ayez pas peur. Tout fut fait de façon professionnelle. Je lançai, comme ça, affectueusement. Ha! Mes cousins, cousines...ils sont débrouillards! Un sourire en se pinçant la bouche. Mon soldat cousin me disait ainsi qu'il appréciait. Paris! Tout se fait à pieds. Une ville pour femmes. Inutile de parler du métro. Il est partout. Et les gens qui se penchaient pour m'écouter, moi et ma femme. Semblaient éblouis d'entendre notre accent. Ha! Je m'excuse monsieur. Mais c'est tellement beau tellement c'est harmonieux. C'est comme de la musique, mais je n'y comprends rien. Nos accents ne sont pas aux mêmes endroits! Quelle gentillesse! Et le déjeuner chez les bons pères. Alors, là. J'ai failli devenir parisien. La fameuse baguette, quatre sortes de fromages, quatre sortes de cafés et la très grosse cafetière pleine d'un bon lait chaud. Et l'accent de ces marchands qui m'informent de leurs produits. J'ai tout ce qu'il faut. Il ne m'en faut pas tellement plus. Paris! Blessé! C'est terrible! Tu ne mérites pas ça. Je suis avec toi. Je te serre bien fort. Oui, oui, oui...Je t'aime. Paris adorée! Oui, je veux retourner pour te serrer bien fort et te consoler. On a tué tes enfants. Nonchalants, gorgés de bonheur! Et, tout à coup. Le malheur! Oui! Paris! Ho! mon Paris. Je t'aime. Je te serre fort. Les larmes aux yeux, pour toutes ces pertes! Épouvantable!

FRANCHÈRE, GABRIEL, trafiquant de fourrures, négociant et auteur, né le 3 novembre 1786 à Montréal, fils de Gabriel Franchère, négociant, et de Félicité Morin (Miron, Marin), décédé le 12 avril 1863, à St Paul, Minnesota.

L’ancêtre de Gabriel Franchère, médecin de bord, vint de France à Québec au milieu du xviiie siècle. Son père réussit moyennement dans le commerce, finit par devenir maître du port de Montréal et, quand il mourut dans cette ville en mai 1832, on lui décerna le titre de « doyen des marchands et des marguilliers ». Gabriel reçut vraisemblablement une certaine instruction, mais on ne connaît rien de sa vie avant le printemps de 1810. C’est alors que, espérant connaître de l’avancement dans le projet d’entreprise de John Jacob Astor* sur le fleuve Columbia, il s’engagea comme commis – l’un des nombreux commis et voyageurs recrutés à Montréal – et fit voile de New York dans une aventure qui décida du reste de son existence.

La fondation de la Pacific Fur Company et l’établissement d’un poste de traite de fourrures à l’embouchure du Columbia faisaient partie du projet d’Astor de dominer le commerce des fourrures aux États-Unis et peut-être sur le continent. L’empire d’Astor reposait sur les ventes et achats de fourrures, de thé, de bois de santal, de provisions pour les postes, d’articles de traite, de fournitures générales et aussi sur l’expédition de marchandises, et s’étendait des États-Unis jusqu’à l’Europe et l’Orient. Ses activités dans le Pacifique ainsi que l’essor du commerce des pelleteries dans l’ouest de l’Amérique du Nord nécessitèrent l’établissement d’un quartier général fortifié. On construisit à cet effet le fort Astoria en 1811, mais le risque d’hostilités par suite de la déclaration de guerre avec la Grande-Bretagne en 1812 et la concurrence agressive de la North West Company contraignirent la Pacific Fur Company à vendre son actif aux Nor’Westers, en octobre 1813.

Franchère, simple commis dans le vaste projet d’Astor, fut membre du groupe de Duncan McDougall * qui, en 1810, fit le voyage difficile vers le Columbia en contournant le cap Horn, sous la conduite orageuse du capitaine Jonathan Thorn à bord du Tonquin. Franchère démontra ses capacités et son sens commun dans les luttes quotidiennes à l’avant-poste, surveilla la concurrence entre les deux compagnies et, finalement, retourna au Canada avec quelques-uns des survivants de l’entreprise d’Astor qui faisaient partie d’un groupe de Nor’Westers, en 1814. Mais le rôle qu’il joua au cours de l’expédition fut de moins grande portée que le précieux récit qu’il laissa de celle-ci, seules annales tenues par une personne dont le service entier s’effectua au fort.

Franchère avait tenu un journal dans la simple intention de décrire d’une façon précise, pour sa famille et ses amis, ce que, selon ses propres mots, il avait « vu et appris », et il prépara un manuscrit pour publication, exactement cinq années après les événements. Le manuscrit fut édité par un journaliste et auteur respecté de Montréal, Michel Bibaud *, qui fit des additions et des révisions considérables pour sa publication en 1820. Le livre devint rapidement rare et recherché dans le Bas-Canada, et il établit la notoriété de Franchère comme voyageur et écrivain. Étant le récit le meilleur et le plus complet de l’entreprise d’Astor, il fut la principale source de Washington Irving pour son livre sur Astoria, un élément secondaire dans les débats du Congrès des États-Unis au sujet des frontières de l’Oregon en 1846 – Franchère fut alors invité à se rendre à Washington parle sénateur Thomas Hart Benton – et un ouvrage fréquemment cité sur la traite des fourrures avec les Indiens à l’époque. Le différend sur l’Oregon et la publication des récits sur Astoria, non seulement par Irving, mais aussi par Ross Cox* et Alexander Ross*, provoquèrent la traduction en anglais de l’ouvrage de Franchère, qui fut publiée en 1854. Basée sur le texte de Bibaud, elle fut préparée par Jedediah Vincent Huntington, écrivain américain en vue, qui travailla avec l’auteur à éclaircir la perspective et dramatiser davantage l’action. Depuis, au moins quatre versions du récit de Franchère ont été publiées, chacune augmentée d’une introduction et de notes considérables.

Après son retour du Pacifique, Franchère s’était apparemment installé parmi la société des commerçants de fourrures à Montréal. Le 24 avril 1815, il épousa Sophie Routhier, la « jeune fille fidèle » qui « l’attendait encore », et les archives familiales laissent à penser qu’il demeura dans la ville ou à proximité pendant les 19 années suivantes. Il est certain qu’il fut l’agent principal de l’American Fur Company à Montréal de 1828 à 1834. Pendant ces années, la compagnie connut une grande prospérité, déclarant des profits annuels de quelque $200 000, et son bureau de Montréal joua un rôle modeste en fournissant quelques-uns des 400 à 500 engagés qui travaillaient pour le compte d’Astor à raison de $80 à $200 par année. Franchère faisait de la publicité pour recruter des hommes, allait d’une ville à l’autre pour les engager, payait les notaires pour la rédaction des engagements, prévoyait l’achat de la farine, du porc et des spiritueux nécessaires pour effectuer le voyage au quartier général de Mackinac (Michigan), et s’occupait des problèmes inévitables de recherche et d’arrestation créés par les nombreux « déserteurs et délinquants » qui acceptaient une avance en argent et disparaissaient dans les bois.

Quand Astor quitta le commerce des fourrures en 1834, un autre astorien, Ramsay Crooks*, prit la direction de l’American Fur Company. Franchère accepta de gérer l’agence de la compagnie à Sault Ste Marie (Michigan) et fut, une fois de plus, commerçant et trafiquant dans des avant-postes. En 1842, il devint agent à New York de la Pierre Chouteau, Jr, and Company. Il fonda sa propre maison de commission en fourrures à Brooklyn, en 1857, et, à son décès, il était probablement encore dans cette affaire.

Pendant ces années à New York, Franchère connut des moments difficiles, particulièrement après la faillite de l’American Fur Company en 1842, alors que, selon un ami, il agit envers celle-ci « d’une manière très honorable et sacrifia sa fortune personnelle pour l’aider à faire face à ses obligations ». Mais à la même époque, Franchère noua aussi des relations plus étroites avec la population canadienne-française des deux côtés de la frontière. On l’a reconnu comme le fondateur de la première section américaine de la Société Saint-Jean-Baptiste, vers 1850. Il encouragea les soirées littéraires à l’échelon local et écrivit divers articles pour des journaux montréalais. En 1853, il fut l’objet d’un accueil public lors d’une visite à Montréal, et on lui présenta une adresse signée par 100 citoyens en vue, afin de souligner son œuvre comme président de la société de New York.

Pendant leur séjour à Montréal et à Sault Ste Marie, Franchère et sa femme eurent huit enfants, dont six atteignirent l’âge adulte. Quand Sophie Routhier décéda en 1837, Franchère s’inquiéta au sujet de ses deux jeunes filles, mais ayant été fortuitement présenté à une veuve, Charlotte Prince, à Detroit, ses difficultés connurent une fin heureuse en 1839. Franchère mérita l’estime des gens avec lesquels il vécut. Dans une juste appréciation, l’une de ses connaissances, Benjamin Parke Avery, du Minnesota, le décrit comme étant « de mœurs simples et correctes, qui lui valurent une bonne santé physique et mentale. Il possédait une nature joviale, teintée d’humour inoffensif ; il était très actif et intelligent, bienveillant à l’extrême, loyal envers sa patrie d’adoption et était profondément attaché à la foi chrétienne. »

Gerald Friesen

Le récit de voyage de Franchère a connu au moins cinq éditions : Gabriel Franchère, Relation d’un voyage à la côte du Nord-Ouest de l’Amérique septentrionale, dans les années 1810, 11, 12, 13 et 14, Michel Bibaud, édit. (Montréal, 1820) ; Narrative of a voyage to the northwest coast of America in the years 1811, 1812, 1813, and 1814 ; or, the first American settlement on the Pacific, J. V. Huntington, trad. et édit. (New York, 1854), reproduit dans Early western travels, 1748–1846 ; a series of annotated reprints of some of the best and rarest contemporary volumes of travel ...], R. G. Thwaites, édit. (32 vol., Cleveland, Ohio, 1904–1907), VI ; A voyage to the northwest coast of America, M. M. Quaife, édit. (Chicago, 1954) ; Journal of a voyage (Lamb) ; Adventure at Astoria, 1810–1814, H. C. Franchère, trad. et édit. (Norman, Okla., 1967).

Plusieurs dépôts américains possèdent des documents sur Franchère : Bayliss Public Library (Sault Ste Marie, Michigan), documents sur l’American Fur Company et lettres de Franchère de 1834 à 1840 ; Clarke Historical Library (Central Michigan University, Mount Pleasant), Franchère papers, 1834–1840, J. R. Livingston papers, 1832–1848, dans la Sault Ste Marie coll. ; Detroit Public Library, Burton Hist. coll. ; Minn. Hist. Soc. (St Paul), Franchère papers et H. H. Sibley papers ; Mo. Hist. Soc. (St Louis), American Fur Company papers, 1802–1858 ; N.Y. Hist. Soc., American Fur Company papers. [g. f.]

APC, MG 19, B2, 1–6.— [Washington Irving], Astoria ; or, anecdotes of an enterprise beyond the Rocky Mountains, E. W. Todd, édit. (Norman, Okla., 1964).— Une lettre au chirurgien Jacques Franchère, É.-Z. Massicotte, édit., BRH, XXXVII (1931) : 348–351.— La Minerve, 5 mai 1863.— New York Times, 15 avril 1863.— F.-M.-U.[-M.] Bibaud, Le panthéon canadien ; choix de biographies, dans lequel on a introduit les hommes les plus célèbres des autres colonies britanniques (2e éd., Montréal, 1891), 100.— Tassé, Les Canadiens de l’Ouest, I, II.— Alexandre Belisle, Histoire de la presse franco-américaine ; comprenant l’historique de l’émigration des Canadiens français aux États-Unis, leur développement, et leurs progrès (Worcester, Mass., 1911), 12, 45, 432.— K. W. Porter, John Jacob Astor, business man (2 vol., Cambridge, Mass., 1931 ; réimpr., New York, 1966), 11 : 819, 830–832.— F.-J. Audet, En marge d’un centenaire : André Jobin, Benjamin Holmes, Gabriel Franchère, régisseurs, La Presse (Montréal), 23 déc. 1933.— B. P. Avery, Death of a remarkable man, Minn. Hist. Soc., Coll., VI (1894) : 417–420.

Richard Labelle
29 mai · Modifié

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Michel Labelle
57 minutes · 
Ben Laden Toute son histoire. L'État Islamique
Le débat sur les origines de l’Etat islamique a largement oscillé entre deux points de vue extrêmes. Certains accusent l’Occident : l’Etat islamique n’est rien de plus qu’une réaction prévisible à l’occupation de l’Irak, un autre contrecoup de la politique étrangère occidentale. D’autres attribuent purement et simplement l’émergence de l’Etat islamique à la barbarie historique ou culturelle du monde musulman, dont les croyances et les valeurs médiévales arriérées sont un incubateur naturel de ce type d’extrémisme violent.
Alors que ce débat banal se poursuit d’un ton monotone, la plus grosse évidence que personne ne veut voir concerne les infrastructures matérielles. Tout le monde peut nourrir des pensées mauvaises, horribles ou dégoûtantes. Mais elles restent de simples fantasmes à moins que l’on ne trouve un moyen de les manifester concrètement dans le monde qui nous entoure.
Ainsi, pour comprendre comment l’idéologie qui anime l’Etat islamique a réussi à rassembler les ressources matérielles nécessaires pour conquérir un espace plus grand que le Royaume-Uni, nous devons inspecter de plus près son contexte matériel.
Suivez l’argent
Les fondements de l’idéologie d’al-Qaïda sont nés dans les années 1970. Abdallah Azzam, mentor palestinien d’Oussama ben Laden, a alors formulé une nouvelle théorie justifiant la poursuite d’une guerre continue et de faible intensité par des cellules moudjahidines déployées en faveur d’un Etat panislamiste. Les doctrines islamistes violentes d’Abdallah Azzam ont été popularisées dans le contexte de l’invasion de l’Afghanistan par les Soviétiques.
Comme on le sait, les réseaux moudjahidines afghans ont été formés et financés sous la supervision de la CIA, du MI6 et du Pentagone. Les Etats du Golfe ont apporté des sommes d’argent considérables, tandis que l’Inter-Services Intelligence (ISI) pakistanais a assuré la liaison sur le terrain avec les réseaux militants coordonnés par Azzam, ben Laden et les autres.
L’administration Reagan a par exemple fourni 2 milliards de dollars aux moudjahidines afghans, complétés par un apport de 2 milliards de dollars de l’Arabie saoudite.
En Afghanistan, l’USAID a investi des millions de dollars pour fournir aux écoliers « des manuels remplis d’images violentes et d’enseignements islamiques militants », d’après le Washington Post. La théologie justifiant le djihad violent était entrecoupée de « dessins de fusils, de balles, de soldats et de mines ». Les manuels vantaient même les récompenses divines offertes aux enfants qui « arracheraient les yeux de l’ennemi soviétique et lui couperaient les jambes ».
Selon la croyance populaire, cette configuration désastreuse d’une collaboration entre l’Occident et le monde musulman dans le financement des extrémistes islamistes aurait pris fin avec l’effondrement de l’Union soviétique. Comme je l’ai expliqué lors d’un témoignage au Congrès un an après la sortie du rapport de la Commission du 11 septembre, cette croyance populaire est erronée.
Le chantage de la protection
Un rapport classifié des services de renseignement américains, révélé par le journaliste Gerald Posner, a confirmé que les Etats-Unis étaient pleinement conscients du fait qu’un accord secret avait été conclu en avril 1991 entre l’Arabie saoudite et ben Laden, alors en résidence surveillée. Selon cet accord, ben Laden était autorisé à quitter le royaume avec ses financements et partisans et à continuer de recevoir un soutien financier de la famille royale saoudienne à la seule condition qu’il s’abstienne de cibler et de déstabiliser le royaume d’Arabie saoudite lui-même.
Loin d’être des observateurs distants de cet accord secret, les Etats-Unis et la Grande-Bretagne y ont participé activement.
L’approvisionnement massif de pétrole en provenance d’Arabie saoudite est au fondement de la santé et de la croissance de l’économie mondiale. Nous ne pouvions nous permettre d’être déstabilisés, et nous avons donc dû accepter ce compromis : pour protéger le royaume, il fallait le laisser financer ben Laden hors de ses frontières.
Comme l’historien britannique Mark Curtis le décrit minutieusement dans son livre sensationnel, Secret Affairs: Britain’s Collusion with Radical Islam, les gouvernements des Etats-Unis et du Royaume-Uni ont continué de soutenir secrètement des réseaux affiliés à al-Qaïda en Asie centrale et dans les Balkans après la guerre froide, et ce pour les mêmes raisons que précédemment, à savoir la lutte contre l’influence russe, et désormais chinoise, afin d’étendre l’hégémonie américaine sur l’économie capitaliste mondiale. L’Arabie saoudite, première plate-forme pétrolière du monde, est restée l’intermédiaire de cette stratégie anglo-américaine irréfléchie.
En Bosnie
Curtis relate qu’un an après l’attentat du World Trade Center de 1993, Oussama ben Laden a ouvert un bureau dans le quartier de Wembley, à Londres, sous le nom d’« Advice and Reformation Committee », depuis lequel il a coordonné des activités extrémistes dans le monde entier.
Vers la même époque, le Pentagone a acheminé par avion des milliers de moudjahidines d’al-Qaïda de l’Asie centrale vers la Bosnie, violant ainsi l’embargo sur les armes imposé par l’ONU, selon des fichiers des services de renseignement néerlandais. Ces combattants étaient accompagnés par les forces spéciales américaines. Le « cheikh aveugle » qui a été condamné pour l’attentat du World Trade Center était profondément impliqué dans le recrutement et l’envoi de combattants d’al-Qaïda en Bosnie.
En Afghanistan
A partir de 1994 environ et jusqu’au 11 septembre, les services de renseignement militaire américains ainsi que la Grande-Bretagne, l’Arabie saoudite et le Pakistan, ont secrètement fourni des armes et des fonds aux talibans, qui abritaient al-Qaïda.
En 1997, Amnesty International a déploré l’existence de « liens politiques étroits » entre la milice talibane en place, qui venait de conquérir Kaboul, et les Etats-Unis. Le groupe de défense des droits de l’homme a fait référence à des comptes-rendus crédibles « sur les madrasas (écoles religieuses) fréquentées par les talibans au Pakistan », indiquant que « ces liens peuvent avoir été établis au commencement même du mouvement taliban ».
Amnesty a rapporté que ces comptes-rendus provenaient de Benazir Bhutto, alors Première ministre du Pakistan ; cette dernière, aujourd’hui décédée, avait « affirmé que les madrasas avaient été mises en place par la Grande-Bretagne, les Etats-Unis, l’Arabie saoudite et le Pakistan au cours du djihad, la résistance islamique contre l’occupation de l’Afghanistan par les Soviétiques ». Sous la tutelle américaine, l’Arabie saoudite continuait de financer ces madrasas.
Les manuels rédigés par le gouvernement américain afin d’endoctriner les enfants afghans avec l’idéologie du djihad violent pendant la guerre froide furent alors approuvés par les talibans. Ils furent intégrés au programme de base du système scolaire afghan et largement utilisés dans les madrasas militantes pakistanaises financées par l’Arabie saoudite et l’ISI pakistanaise avec le soutien des Etats-Unis.
Les administrations Clinton et Bush espéraient se servir des talibans pour établir un régime fantoche dans le pays, à la manière de leur bienfaiteur saoudien. L’espoir vain et manifestement infondé était qu’un gouvernement taliban assure la stabilité nécessaire pour installer un pipeline trans-afghan (TAPI) acheminant le gaz d’Asie centrale vers l’Asie du Sud, tout en longeant la Russie, la Chine et l’Iran.
Ces espoirs ont été anéantis trois mois avant le 11 septembre, lorsque les talibans ont rejeté les propositions américaines. Le projet TAPI a ensuite été bloqué en raison du contrôle intransigeant de Kandahar et Quetta par les talibans ; toutefois, ce projet est désormais en cours de finalisation sous la direction de l’administration Obama.
Au Kosovo
Mark Curtis indique que l’OTAN a continué de parrainer les réseaux affiliés à al-Qaïda au Kosovo à la fin des années 1990, lorsque les forces spéciales américaines et britanniques ont approvisionné en armes et formé les rebelles de l’Armée de libération du Kosovo (UÇK), parmi lesquels figuraient des recrues moudjahidines. Ces effectifs comptaient une cellule rebelle dirigée par Mohammed al-Zaouahiri, frère du bras droit de ben Laden, Ayman al-Zaouahiri, qui est désormais le leader d’al-Qaïda.
Dans la même période, Oussama ben Laden et Ayman al-Zaouahiri ont coordonné les attentats de 1998 contre les ambassades américaines au Kenya et en Tanzanie depuis le bureau de ben Laden à Londres.
Il y avait toutefois quelques bonnes nouvelles : les interventions de l’OTAN dans les Balkans, conjuguées à la désintégration de la Yougoslavie socialiste, ont ouvert la voie à l’intégration de la région dans l’Europe occidentale, à la privatisation des marchés locaux et à l’établissement de nouveaux régimes en faveur du projet de pipeline trans-Balkans, destiné à transporter le pétrole et le gaz d’Asie centrale vers l’Occident.
Une réorientation de la politique au Moyen-Orient
Même après les attentats du 11 septembre 2001 et du 7 juillet 2005, la dépendance des Américains et des Britanniques aux combustibles fossiles bon marché pour soutenir l’expansion capitaliste mondiale les a poussés à approfondir cette alliance avec les extrémistes.
Vers le milieu de la dernière décennie, les services de renseignement militaire anglo-américains ont commencé à superviser les financements apportés par les Etats du Golfe, menés une fois de plus par l’Arabie saoudite, aux réseaux extrémistes islamistes à travers le Moyen-Orient et l’Asie centrale pour contrer l’influence chiite iranienne dans la région. Parmi les bénéficiaires de cette entreprise figuraient des groupes militants et extrémistes affiliés à al-Qaïda de l’Irak au Liban en passant par la Syrie, soit un véritable arc du terrorisme islamiste.
Une fois de plus, les militants islamistes furent involontairement entretenus en tant qu’agents de l’hégémonie américaine face aux rivaux géopolitiques émergeants.
Comme Seymour Hersh l’a révélé dans le New Yorker en 2007, cette « réorientation » de la politique consistait à affaiblir non seulement l’Iran, mais aussi la Syrie, où les largesses des Etats-Unis et de l’Arabie saoudite ont contribué à soutenir les Frères musulmans syriens, entre autres groupes d’opposition. Evidemment, l’Iran et la Syrie étaient étroitement alignés avec la Russie et la Chine.
En Libye
En 2011, l’intervention militaire de l’OTAN pour renverser le régime de Kadhafi a emboîté le pas au soutien important apporté à des mercenaires libyens, qui étaient en fait des membres de la branche officielle d’al-Qaïda en Libye. La France se serait vu proposer le contrôle de 35 % des ressources pétrolières de la Libye en échange de son soutien aux insurgés.
Après l’intervention, les géants pétroliers européens, britanniques et américains étaient « parfaitement prêts à tirer profit » des « opportunités commerciales », d’après David Anderson, professeur à l’université d’Oxford. Les contrats juteux signés avec les membres de l’OTAN ont pu « libérer l’Europe occidentale de l’emprise des producteurs russes qui pratiquent des prix élevés et dominent actuellement leur approvisionnement en gaz ».
Des rapports secrets établis par les services de renseignement ont montré que les rebelles soutenus par l’OTAN entretenaient des liens étroits avec al-Qaïda. La CIA s’est également servie des militants islamistes en Libye pour acheminer des armes lourdes aux rebelles du pays.
Un rapport de 2009 des services de renseignement canadiens décrit le bastion rebelle de l’est de la Libye comme un « épicentre de l’extrémisme islamiste », à partir duquel « les cellules extrémistes » ont agi dans la région. Selon David Pugliese, dont les propos sont repris dans l’Ottawa Citizen, c’est cette même région qui était « défendue par une coalition de l’OTAN dirigée par le Canada ». D’après David Pugliese, le rapport des services de renseignement a confirmé que « plusieurs groupes d’insurgés islamistes » étaient basés dans l’est de la Libye et que beaucoup de ces groupes ont également « exhorté leurs partisans à combattre en Irak ». Les pilotes canadiens plaisantaient même en privé, se disant qu’ils faisaient partie de l’armée de l’air d’al-Qaïda « dans la mesure où leurs missions de bombardement ont contribué à ouvrir la voie aux rebelles alignés avec le groupe terroriste ».
Selon Pugliese, les spécialistes des services de renseignement canadiens ont envoyé un rapport prémonitoire à l’attention des officiers supérieurs de l’OTAN en date du 15 mars 2011, quelques jours seulement avant le début de l’intervention. « Il est de plus en plus possible que la situation en Libye se transforme en une guerre tribale/civile à long terme, était-il écrit. Cela est particulièrement probable si les forces d’opposition reçoivent une assistance militaire de la part d’armées étrangères. »
Comme nous le savons, l’intervention a quand même eu lieu.
En Syrie
Au cours des cinq dernières années au moins, l’Arabie saoudite, le Qatar, les Emirats arabes unis, la Jordanie et la Turquie ont tous apporté un soutien financier et militaire considérable à des réseaux militants islamistes liés à al-Qaïda qui ont engendré l’« Etat islamique » que nous connaissons aujourd’hui. Ce soutien a été apporté dans le cadre d’une campagne anti-Assad de plus en plus intense dirigée par les Etats-Unis.
La concurrence pour dominer les tracés potentiels des pipelines régionaux passant par la Syrie et contrôler les ressources inexploitées en combustibles fossiles en Syrie et en Méditerranée orientale (au détriment de la Russie et de la Chine) a fortement contribué à motiver cette stratégie.
Roland Dumas, ancien ministre français des Affaires étrangères, a révélé qu’en 2009 les responsables du ministère britannique des Affaires étrangères lui avaient indiqué que les forces britanniques étaient déjà actives en Syrie pour tenter de fomenter la rébellion.
L’opération qui se poursuit actuellement a été étroitement contrôlée dans le cadre d’un programme secret toujours en cours, coordonné conjointement par les services de renseignement militaire américains, britanniques, français et israéliens. Des rapports publics confirment qu’à la fin de l’année 2014, le soutien apporté par les Etats-Unis aux combattants luttant contre Assad s’élevait, à lui seul, à environ 2 milliards de dollars.
Ce soutien aux extrémistes islamistes est communément considéré comme une erreur, et les faits parlent d’eux-mêmes. D’après des évaluations classifiées de la CIA, les services de renseignement américains savaient que le soutien apporté aux rebelles anti-Assad dirigé par les Etats-Unis à travers ses alliés au Moyen-Orient a toujours fini entre les mains des extrémistes les plus virulents. Toutefois, il a continué.
L’année précédant le lancement de la campagne de l’Etat islamique pour conquérir l’intérieur de l’Irak, les responsables du Pentagone étaient également conscients que la grande majorité des rebelles « modérés » de l’Armée syrienne libre (ASL) étaient en fait des militants islamistes. Ainsi que l’ont reconnu les responsables, il était de plus en plus impossible d’établir une frontière fixe entre les rebelles dits « modérés » et les extrémistes liés à al-Qaïda ou à l’Etat islamique en raison de la fluidité des interactions existant entre ces deux composantes.
De plus en plus, les combattants frustrés de l’ASL ont rejoint les rangs des militants islamistes en Syrie, non pas pour des raisons idéologiques, mais simplement en raison de leur plus grande puissance militaire. Jusqu’à présent, la quasi-totalité des groupes rebelles « modérés » formés et récemment armés par les Etats-Unis sont en cours de dissolution et de défection, et leurs membres n’en finissent plus de passer du côté d’al-Qaïda et de l’Etat islamique dans la lutte contre Assad.
En Turquie
Grâce à un nouvel accord avec la Turquie, les Etats-Unis coordonnent actuellement l’approvisionnement continu en aide militaire aux rebelles « modérés » pour combattre l’Etat islamique. Pourtant, ce n’est un secret pour personne que pendant toute cette période, la Turquie a directement parrainé al-Qaïda et l’Etat islamique dans le cadre d’une manœuvre géopolitique destinée à écraser les groupes d’opposition kurdes et à faire tomber Assad.
On a fait grand cas des efforts « relâchés » de la Turquie pour empêcher la traversée de son territoire par les combattants étrangers souhaitant rejoindre l’Etat islamique en Syrie. Ankara a récemment répondu en annonçant avoir arrêté plusieurs milliers d’entre eux.
Ces affirmations sont imaginaires : la Turquie a délibérément abrité et acheminé le soutien apporté à l’Etat islamique et à al-Qaïda en Syrie.
L’été dernier, le journaliste turc Denis Kahraman a interviewé un combattant de l’Etat islamique recevant un traitement médical en Turquie ; ce dernier lui a dit : « La Turquie nous a ouvert la voie. Si la Turquie n’avait pas fait preuve d’autant de compréhension à notre égard, l’Etat islamique n’en serait pas là où il en est actuellement. Elle [La Turquie] a manifesté de l’affection à notre égard. Un grand nombre de nos moudjahidines [djihadistes] ont reçu un traitement médical en Turquie. »
Plus tôt cette année, des documents officiels de l’armée turque (le Commandement général de la gendarmerie) divulgués en ligne et authentifiés ont révélé que les services de renseignement turcs (MIT) avaient été surpris par des officiers militaires à Adana alors qu’ils étaient en train de transporter par camions des missiles, mortiers et munitions anti-aériennes « à destination de l’organisation terroriste al-Qaïda » en Syrie.
Les rebelles « modérés » de l’ASL sont impliqués dans le réseau de soutien turco-islamiste parrainé par le MIT. L’un d’eux a expliqué au Telegraph qu’il « gère désormais des refuges en Turquie hébergeant des combattants étrangers qui cherchent à rejoindre le Front al-Nosra et [l’Etat islamique] ».
Des responsables politiques ont cherché à attirer l’attention sur ce sujet, en vain. L’année dernière, Claudia Roth, vice-présidente du parlement allemand, a fait part de sa consternation face au fait que l’OTAN autorise la Turquie à abriter un camp de l’Etat islamique à Istanbul, à faciliter les transferts d’armes à destination de militants islamistes à travers ses frontières, et à soutenir tacitement les ventes de pétrole de l’Etat islamique. Rien ne s’est passé.
La coalition menée par les Etats-Unis contre l’Etat islamique finance l’Etat islamique
Les Etats-Unis et la Grande-Bretagne ne sont pas seulement restés étrangement silencieux face à la complicité de leur partenaire de coalition qui parraine l’ennemi. Au contraire, ils ont renforcé leur partenariat avec la Turquie et coopèrent âprement avec ce même Etat-mécène de l’Etat islamique pour former les rebelles « modérés » afin de lutter contre l’Etat islamique.
Ce n’est pas uniquement la Turquie qui est en cause. L’année dernière, le vice-président américain Joe Biden a indiqué lors d’une conférence de presse à la Maison Blanche que l’Arabie saoudite, les Emirats arabes unis, le Qatar et la Turquie, entre autres, fournissaient « des centaines de millions de dollars et des dizaines de milliers de tonnes d’armes » aux « éléments djihadistes extrémistes du Front al-Nosra et d’al-Qaïda » dans le cadre d’une « guerre par procuration entre sunnites et chiites ». Biden a ajouté qu’il était impossible, à tous égards, d’identifier les rebelles « modérés » en Syrie.
Rien n’indique que ce financement s’est épuisé. Pas plus tard qu’en septembre 2014, alors même que les Etats-Unis ont commencé à coordonner les frappes aériennes contre l’Etat islamique, les responsables du Pentagone ont révélé qu’ils savaient que leurs propres alliés de la coalition finançaient toujours l’Etat islamique.
Ce même mois, le général Martin Dempsey, chef d’Etat-major des armées des Etats-Unis, a été interrogé par le sénateur Lindsay Graham lors d’une audience du Comité des forces armées du Sénat. Quand ce dernier lui a demandé s’il connaissait « un allié majeur arabe qui embrasse l’idéologie de [l’Etat islamique] », l’intéressé a répondu : « Je connais des alliés arabes majeurs qui les financent. »
Malgré cela, le gouvernement américain n’a pas seulement refusé de sanctionner les alliés en question, mais les a récompensés en les incluant dans la coalition qui est censée combattre cette même entité extrémiste qu’ils financent. Pire encore, ces mêmes alliés continuent de se voir accorder une grande marge de manœuvre dans la sélection des combattants appelés à être formés.
Des membres clés de notre coalition contre l’Etat islamique bombardent l’Etat islamique par la voie aérienne tout en parrainant le groupe en coulisses au vu et au su du Pentagone.
L’arc des Etats musulmans défaillants
En Irak et en Syrie, où l’Etat islamique est né, l’état de dévastation dans lequel la société se trouve suite à une situation de conflit prolongé ne peut être sous-estimé. L’invasion militaire et l’occupation de l’Irak par l’Occident, avec leur lot de torture et de violence aveugle, ont joué un rôle indéniable pour ouvrir la voie à l’émergence d’une politique réactionnaire extrême. Avant l’intervention occidentale, al-Qaïda était totalement absent du pays. En Syrie, la guerre brutale menée par Assad contre son propre peuple continue de justifier la présence de l’Etat islamique et d’attirer des combattants étrangers.
L’apport continu aux réseaux islamistes extrémistes d’importantes sommes d’argent et de ressources matérielles à hauteur de centaines de milliards de dollars (que personne n’a encore été en mesure de quantifier dans leur totalité), coordonné par cette même interconnexion entre gouvernements occidentaux et musulmans, a eu un impact profondément déstabilisant au cours du dernier demi-siècle. L’Etat islamique est l’aboutissement post-moderne surréaliste de cette histoire sordide.
La coalition occidentale contre l’Etat islamique dans le monde musulman se compose de régimes répressifs dont les politiques nationales ont creusé les inégalités, écrasé les dissensions légitimes, torturé des activistes politiques pacifiques et attisé des rancunes profondes. Ce sont ces mêmes alliés qui ont financé l’Etat islamique, et qui continuent de le faire, au vu et au su des services de renseignement occidentaux.
Ce, malgré l’escalade de crises convergentes qui sévissent dans la région depuis une décennie. Le professeur Bernard Haykel, de l’université de Princeton, s’est exprimé à ce sujet : « Je vois l’Etat islamique comme un symptôme d’un ensemble structurel de problèmes beaucoup plus profonds dans le monde arabe sunnite... [C’est] lié à la politique. A l’éducation et notamment au manque d’éducation. A l’autoritarisme. A l’intervention étrangère. Au fléau du pétrole... Je pense que même si l’Etat islamique venait à disparaître, les causes sous-jacentes qui sont à l’origine de l’Etat islamique ne disparaîtraient pas. Et ces causes devraient être abordées par des politiques, des réformes et des changements menés sur plusieurs décennies non seulement par l’Occident, mais aussi par les sociétés arabes. »
Pourtant, comme nous l’avons vu avec le Printemps arabe, ces problèmes structurels ont été exacerbés par une véritable tempête de crises politiques, économiques, énergétiques et environnementales interdépendantes, toutes couvées par l’aggravation de la crise du capitalisme mondial.
Dans une région en proie à des sécheresses prolongées, à une défaillance de l’agriculture, à une chute des revenus pétroliers due au pic pétrolier local, à la corruption et à une mauvaise gestion économique aggravées par l’austérité néolibérale, et ainsi de suite, les Etats locaux ont commencé à s’effondrer. De l’Irak à la Syrie, de l’Egypte au Yémen, c’est cette même interconnexion entre des crises climatiques, énergétiques et économiques qui défait les gouvernements en place.
L’aliénation en Occident
Bien que l’Occident soit beaucoup plus résistant à ces crises mondiales interconnectées, les inégalités persistantes aux Etats-Unis, en Grande-Bretagne et en Europe de l’Ouest, qui ont un effet disproportionné sur les minorités ethniques, les femmes et les enfants, s’aggravent.
En Grande-Bretagne, près de 70 % des musulmans issus d’ethnies d’Asie du Sud et près de deux tiers de leurs enfants vivent dans la pauvreté. Un peu moins de 30 % des jeunes musulmans britanniques âgés de 16 à 24 ans sont sans emploi. Selon Minority Rights Group International, la situation des musulmans britanniques en termes d’« accès à l’éducation, à l’emploi et au logement » s’est détériorée au cours des dernières années au lieu de s’être améliorée. Cette dégradation a été accompagnée d’une « augmentation inquiétante de l’hostilité ouverte » exprimée par les communautés non-musulmanes et d’une propension croissante des services de police et de sécurité à cibler de manière disproportionnée les musulmans en vertu de l’autorité qui leur est conférée dans le cadre de la lutte contre le terrorisme. Les reportages constamment négatifs diffusés par les médias sur les musulmans, auxquels s’ajoutent les frustrations légitimes provoquées par une politique étrangère agressive et trompeuse dans le monde musulman, créent chez les musulmans britanniques un sentiment d’exclusion sociale associé à leur identité.
C’est l’ensemble de ces facteurs qui a un effet destructeur sur la formation de l’identité, et non chacun de ces facteurs pris séparément. Observés seuls, la pauvreté, la discrimination, les reportages négatifs sur les musulmans, et ainsi de suite, ne permettent pas nécessairement de rendre une personne vulnérable à la radicalisation. Toutefois, conjointement, ces facteurs peuvent forger un attachement à une identité marquée par l’aliénation, la frustration et l’échec.
La persistance de ces problèmes et leur interaction peuvent contribuer à la façon dont les musulmans de Grande-Bretagne issus de divers horizons commencent à se voir en tant que tout. Dans certains cas, cela peut générer un sentiment ancré de séparation, d’aliénation et de désillusion par rapport à la société en général. L’effet de cette identité d’exclusion sur un individu dépendra de l’environnement spécifique, des expériences et des choix de l’individu en question.
Les crises sociales prolongées peuvent jeter les bases du développement d’idéologies destructrices et xénophobes. Ces crises ébranlent les mœurs traditionnelles de certitude et de stabilité enracinées dans les notions établies d’identité et d’appartenance.
Alors que les musulmans vulnérables pourraient se tourner vers la culture des gangs ou, pire, vers l’extrémisme islamiste, les non-musulmans vulnérables pourraient adopter leur propre identité d’exclusion liée à des groupes extrémistes comme la Ligue de défense anglaise, ou d’autres réseaux d’extrême-droite.
Chez les groupes d’élites plus puissants, le sentiment de crise peut enflammer les idéologies néoconservatrices militaristes qui épurent les structures du pouvoir en place, justifient le statu quo, défendent le système déficient qui soutient leur pouvoir, et diabolisent les mouvements progressistes et ceux des minorités.
Dans ce maelström, l’injection de milliards de dollars au sein de réseaux extrémistes islamistes ayant un penchant pour la violence au Moyen-Orient donne du pouvoir à des groupes qui, auparavant, ne disposaient pas de soutiens locaux.
Alors que plusieurs crises convergent et s’intensifient tout en compromettant la stabilité de l’Etat et en attisant de plus grandes frustrations, cet apport massif de ressources dont bénéficient les idéologues islamistes est susceptible d’attirer dans le vortex de l’extrémisme xénophobe les individus en colère, aliénés et vulnérables. Ce processus se conclue par la création de monstres.
Une déshumanisation
Tandis que ces facteurs ont élevé à un niveau critique cette vulnérabilité régionale, le rôle joué par les Etats-Unis et la Grande-Bretagne après le 11 septembre 2001 dans la coordination du financement secret fourni par les Etats du Golfe aux militants islamistes extrémistes à travers la région a jeté de l’huile sur le feu.
Les liens dont disposent ces réseaux islamistes en Occident signifient que les services de renseignement nationaux ont périodiquement fermé les yeux sur leurs disciples et infiltrés dans leur propre pays, ce qui a permis à ces derniers de croître, recruter et envoyer les candidats au djihad à l’étranger.
C’est pourquoi la composante occidentale de l’Etat islamique, bien que beaucoup plus petite que le contingent de combattants qui rallient le groupe depuis les pays voisins, reste largement imperméable à tout débat théologique significatif. Ils ne sont pas mus par la théologie, mais par l’insécurité d’une identité et d’un psychisme fracturés.
C’est ici, dans les méthodes de recrutement minutieusement calibrées de l’Etat islamique et des réseaux qui soutiennent l’organisation en Occident, que nous pouvons voir que le processus d’endoctrinement psychologique s’est affiné à travers les années grâce aux formations menées sous la tutelle des services de renseignement occidentaux. Ces services de renseignement ont en effet toujours été intimement impliqués dans l’élaboration d’outils violents d’endoctrinement islamiste.
Dans la plupart des cas, le recrutement de l’Etat islamique se fait en exposant les individus à des vidéos de propagande soigneusement élaborées, développées au moyen de méthodes de production avancées, et dont les plus efficaces sont remplies d’images réelles de massacres perpétrés par la puissance de feu occidentale contre les civils irakiens, afghans et palestiniens, ou par Assad contre les civils syriens.
L’exposition constante à ces scènes horribles d’atrocités perpétrées par l’Occident et la Syrie peut souvent avoir un effet similaire à ce qui pourrait arriver si ces scènes avaient été vécues directement, à savoir une forme de traumatisme psychologique qui peut même entraîner un stress post-traumatique.
Ces techniques de propagande sectaire contribuent à attiser des émotions accablantes de choc et de colère, qui à leur tour servent à anéantir la raison et à déshumaniser l’« Autre ». Le processus de déshumanisation est concrétisé à l’aide d’une théologie islamiste pervertie. Ce qui importe, ce n’est pas l’authenticité de cette théologie, mais sa simplicité. Cette théologie peut faire des merveilles sur un psychisme traumatisé par des visions de morts massives et dont la capacité à raisonner est immobilisée par la rage.
C’est pourquoi le recours à une littéralité poussée à l’extrême et à une décontextualisation complète est une caractéristique si commune aux enseignements islamistes extrémistes : en effet, pour un individu crédule ayant une faible connaissance de l’érudition islamique, à première vue tout cela semble vrai sur le plan littéral.
Basées sur des décennies d’interprétation erronée et sélective des textes islamiques par les idéologues militants, les sources sont soigneusement extraites et triées sur le volet pour justifier le programme politique du mouvement : un règne tyrannique, des massacres massifs et arbitraires, l’assujettissement et l’asservissement des femmes, et ainsi de suite ; des éléments qui deviennent tous partie intégrante de la survie et de l’expansion de l’« Etat ».
Etant donné que la fonction principale de l’introduction du raisonnement théologique islamiste extrême est de légitimer la violence et de sanctionner la guerre, celui-ci est conjugué à des vidéos de propagande qui promettent ce dont la recrue vulnérable semble manquer, à savoir la gloire, la fraternité, l’honneur et la promesse du salut éternel, peu importent les crimes ou délits pouvant avoir été commis par le passé.
Si vous ajoutez à cela la promesse du pouvoir (le pouvoir sur leurs ennemis, le pouvoir sur les institutions occidentales censées avoir éliminé leurs frères et sœurs musulmans, le pouvoir sur les femmes), ainsi qu’un habit religieux et des revendications de piété suffisamment convaincants, alors les sirènes de l’Etat islamique peuvent devenir irrésistibles.
Cela signifie que l’idéologie de l’Etat islamique n’est pas le facteur déterminant de son éclosion, de son existence et de son expansion, bien qu’il soit important de la comprendre et de la réfuter. L’idéologie est simplement l’opium du peuple dont il se nourrit et nourrit ses potentiels disciples.
En fin de compte, l’Etat islamique est un cancer du capitalisme industriel moderne en plein effondrement, un sous-produit fatal de notre dépendance inébranlable à l’or noir, un symptôme parasitaire de l’escalade des crises de civilisation qui secouent à la fois le monde musulman et le monde occidental. Tant que l’on ne s’attaque pas aux racines de ces crises, l’Etat islamique et ses semblables ne sont pas prêts de disparaître.
- Nafeez Ahmed est journaliste d’investigation et auteur à succès. Titulaire d’un doctorat, il s’est spécialisé dans les questions de sécurité internationale, examinant ce qu’il appelle les « crises de civilisation ». Il a obtenu une récompense de la part de l’organisation Project Censored dans la catégorie « Outstanding Investigative Journalism » (« journalisme d’investigation d’exception ») pour un reportage d’investigation, publié par le journal The Guardian, sur l’intersection des crises globales de nature écologique, énergétique et économique et des conflits et géopolitiques régionales. Il a également écrit pour The Independent, Sydney Morning Herald, The Age, The Scotsman, Foreign Policy, The Atlantic, Quartz, Prospect, New Statesman, Le Monde diplomatique et New Internationalist. Son travail sur les causes profondes et les opérations secrètes liées au terrorisme international a officiellement contribué à l’établissement de la Commission nationale sur les attaques terroristes contre les Etats-Unis du 11 septembre 2001 et à l’enquête du Coroner sur les attentats du 7 juillet 2005 à Londres.
Les opinions exprimées dans cet article n’engagent que leur auteur et ne reflètent pas nécessairement la politique éditoriale de Middle East Eye.
Légende photo : un groupe de combattants de l’Etat islamique (AFP PHOTO/HO/SITE INTELLIGENCE GROUP).
Traduction de l’anglais (original).
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Notre société a tout ce qu'il faut pour absorber 6000 personnes. Je parle du Québec. Et si ce n'est pas possible, alors, mieux vaut fermer boutique. Le gouvernement va devoir cracher! Bien certain. Et vous n'êtes pas prêtes à cracher un peu. Je me souviens de la crise en Hongrie. Vous n'étiez sans doute pas née. Le Québec s'est serré les coudes et tout à marché. Notre collège avait hébergé je ne sais plus combien de familles. Quelle solidarité ce fut. Les Hongrois d'aujourd'hui se souviennent sûrement. De toute façon, les coupures actuelles sont plus pour satisfaire un philosophie que la réalité. Nous sommes riches et les coupures actuelles sont faites justement pour satisfaire les plus riches. Regardez où ils habitent, Westmount, et vous saurez qui ils servent! L'ARGENT! Votre petite vie! Ils s'en "fou". Trop de pauvres dans le monde! Signe qu'il y a trop de riches. En morale naturelle on apprend que lorsque certains meurent de faim, c'est que nous sommes dans des sociétés immorales, car le principe fondamental, dans la nature, c'est le partage. Regarder les gaz à effet de serre. Vous pensez que ça ne vous touchera pas. Allons dont. L'imbécillité des gouvernements n'a pas de fin. C'est le peuple qui doit mener. Il faut avoir observé les Carrés rouges et constater la panique de nos élites. Pour nous le peuple? Mais pas du tout, pour leurs portes-feuilles. Nous sommes riches, mais ça peut vite changer. Les banques à zéro demain matin, c'est possible. Il faut être naïfs pas à peu près mes amis. Le p'tit bas de laine peut sauter au moment ou on s'y attend le moins...et pas à cause des Syriens ou d'autres migrants. J'arrive de Cosco! Plein! Nous sommes pauvres? Nous sommes de gros dépensiers pour des peccadilles. Ça nous coûte cher pour être heureux, mes amis. Nous sommes en pleine crise des valeurs mes amis. On louerait sa mère plutôt que de la vendre, car ça serait plus payant. (Un jeune de Québec qui me parlait.) Ha! Monsieur Labelle, c'est plus de même aujourd'hui! Un jeune! "C'est dû chacun pour soi maintenant, monsieur!" Un jeune visionnaire! Ça m'a coupé le "siflette"! Alors, coupons un peu sur nos repas. Nous en gaspillons la moitié! Vous saviez. Et donnons aux pauvres....d'argent, pas de coeur. Nous, peut-être, notre coeur est pauvre. C'est triste et ça me révolte. J'ai dont de l'affection pour ces étudiants de McGill qui se nourrissent des poubelles de Montréal pour démontrer comme nous sommes pourris. Et, vous ne saviez pas? Ils mangent très bien.

Et chose moins drôle, vous savez qu’à 75 ans, on risque toujours de perdre des amis de route ou des gens que l'on aime. J’en ai perdu 7 cette année dont deux qui ont été d’une bonté infinie pour moi. Cela m’a fait beaucoup de peine. Le train avance et change doucement de passagers. C’est la vie que j’accepte pleinement. Je ne suis pas encore rendu au départ, pas de panique, mais je n’ai quand même plus 20 ans. Pendant la vie, j’ai fait mon possible et j’ai bavé, bavé, bavé, mais j’ai passé à travers et je peux me battre encore. Je suis chanceux, je m’en vais à Rome. Et tout cela après les pyramides d’Égypte et le musée du Caire (époustouflant!), Jérusalem, le lac Tibériade, la Turquie (de toute beauté), Athènes, Rome et Paris. J’y avais rêvé, mais jamais je n’aurais imaginé pouvoir le faire. Le hasard! Alors, il faut se dire que la vie nous réserve des belles surprises. Il faut se battre. Ma vieille madame me disait ça, il faut se battre Richard. Houf! Comme elle disait vrai. Ce n’est pas parfait, mais c’est de tout cœur malgré les erreurs, les gaffes, mais aussi les très bons coups dont je suis bien fier.
Je ne savais pas, mais pas du tout, que nous avions eu un bataillon canadien. C'est tout à notre honneur. Et-ce que Normand Bethune en faisait partie. Car il a fait la guerre d'Espagne et y a inventer le premier système de transfusion sanguine de l'histoire de la médecine! Ce Normand! Qui venait d'un milieu très dur où le taux de suicide était très élevé. Des petites villes ontariennes à la hauteur du lac Temiscaming. En généalogie l'Ontario a un plus que le Québec. On donne la raison de la mort sur le certificat de décès, ce que l'on ne fait pas au Québec. Pleins de suicides déclarés sur ces certificats. Normand était lui même un "tough". Ça se cassait la gueule dans son milieu. Un milieu très dûr en passant. J'ai trouvé ça tragique de "travailler" comme généalogiste, sur cette région. J'en ai prié tout un coup! J'y avais, en plus, déjà travaillé. Il me semble de voir ces enfants plein de suie dans la figure. Ils habitaient près du "smelter" (Immense équipement qui fait fondre l'acier.) de Rouen. La grande misère.

Richard Labelle C'est couper les morceaux un peu gros. Je trouve ça désolant! Mettre tout le monde dans le même panier, c'est faire un peu, pas mal beaucoup le jeu de l'État Islamique. Ils ne demandent que ça. Prenons la France par exemple. Il est prouvé qu'à peu près tous les musulmans de France sont des républicains tout à fait convaincus. J'ai plein d'amis musulmans ici, j'en ai même un catholique, mais qui pratique aussi le Coran. Mon ami en question, Tony, un saint en passant, ne tolérerait pas du tout le moindre soupçon de violence. C'est épouvantable d'écrite de telles sotises. C'est de la complète désinformation. Et puis, en passant, je suis bibliste. Voulez-vous que je vous sorte des passages ambiguës de ce texte. Il y en a. Et tant qu'aux systèmes qu'on transporte. Vous n'avez pas visité la petite Italie à Montréal? le petit Portugal? Le Mile End et toutes ces races que vous croisez et qui vous enréchissent. La diversité enréchit et l'uniformité, c'est le facisme, tout simplement. Hitler voulait avoir tout son monde avec le même signe sur le front. On a vu ce que cela à donné. Et il y avait bien sûr des "caves" qui applaudissaient. Ford, a donné des millions pour que le juifs disparaissent. Lynberg la même chose. Aurait-on cru? National Geographic vanta les Jeunesses Hitlériennes. Et Chamberlan revint de Berlin convaincu de la bonne foi des Nazis. Quelques semaines plus tard, c'était la guerre. L'UNIFORMITÉ déclarait la guerre au monde. Tout le monde pareil? Vous ne trouvez ça pas plate, vous? Lisez le livre de mon jeune "saint", musulman. On le garde à Guantanamo, justement, au cas où il serait coupable. Car c'est ce que vous faites avec les musulmans. Coupables par affiliation. Tu es musulman, tu meurs. C'est d'une ingnorance incroyable. Quand je pense à mon ami Bruce, génie des langues, qui est atterré de ce qui se passe. Il parle 10 langues. En fait, il ne sait plus exactement combien, car, comme il me dit, ces langues s’entretoisent. On rencontre des amis qui parlent russe, se met à leur parler en russe. Je lui dis, hé Bruce, tu parles russe? Ha! Me dit-il, j'avais oublié.Bien sûr qu'il fait le monde pour apprendre les différentes langues dans leur pays d'origine. Un bonhomme avec une volonté de fer. "Tu vas apprendre mon vieux, tu vas te décrotter le nez et tu vas découvrir la beauté de tous ces gens si différents."

Votre affaire, c'est malheureusement de la pure hystérie! La plupart de ces musulmans sont justement innocents. Ils le sont tellement que les cinglés djihadistes recrutent chez nous. Non. La maladie dont vous parlez peut se retrouver n'importe où, dans les "cocos" des humains. Exemple. Les Américains se sont bien servi des "tours" pour écœurer le monde entier. L’Afghanistan, je comprends, mais l'Irak, pas rapport. Et ce que nous mangeons maintenant c'est la merde fait par les américains et les français en Libye. Tant qu'à Hitler. Vous n'avez pas vécu dans le temps, ça parait. Plein de monde était pour lui. J'ai connu les chemises noires à Montréal. Même IBM a collaboré à l'élimination des juifs, avec leurs fameux compilateurs. Soi disant qu'il vendait la chose innocemment à l'Allemagne. Quand on ne veut pas voir, on ne voit pas. Y faut sortir. Je pense à mes nuits au Caire. Fabuleux! Tous des tueurs. Allons dont! Je rencontre un jeune avec turban et tout et tout et en-dessous de tout, un beau jean. Surprise aussi, il me sort un I Phone. Je lui dis:"Ha! Ha! Tu veux parler à ta blonde?" Part à rire et me montre la photo de sa blonde sur son téléphone. J'aurais pu rencontrer le même phénomène partout dans le monde. Ces jeunes qui nous ramènent à la réalité toute "réelle" du quotidien. Je fais le même coup à un noir de New York! Surprise, il part à rire comme mon jeune du Caire. Il me montre la photo de sa blonde. C'est curieux comme les gens se ressemblent quand ils se rapprochent les uns des autres.

Il y a eu un "bémol" de la part de votre direction l'an dernier. Je vous réinvite à consulter la page 2, du cahier A de La Presse. Assez paradoxal qu'on la cache à la page 2, cette article fort troublant. Vous en conviendrez. Dans le fond, faire la charité, sert toujours à déresponsabiliser nos gouvernements. C'est la classe dominante qui oriente les dons et influence le gouvernement par les retombées à l'impôt, dépendant où "LA MAJORITÉ" les orientent. Pourquoi ne pas se battre pour un salaire garanti, par exemple? Pas du tout, ça va froisser les riches. Donc, maintenir les femmes abandonnées et leurs enfants, question de distraire les riches une fois par année! Lisez bien l'article qui n'est surtout pas le propos de "communistes" écervelés ou je ne sais trop. Et le gouvernement qui coupe à "bras raccourcis" sur les écoles et garderies. Pendant mes dix ans de prison, je peux vous affirmer que le facteur qui était le plus présent, était l'ignorance des ces pauvres bougres et à d'autres endroits, (Prince Georges, BC.) le racisme! J'en étais scandalisé et je le suis encore. Disons que la pauvreté qui nous afflige comporte aussi beaucoup de raciste...comme par hasard. Et nous ne sommes responsables de rien. Y faut l'faire. Pouvez-vous croire que mes jeunes élèves (2e secondaire, mes amis!) "communistes" des années soixante et dix me tenaient le même discours. Et je me rends compte, qu'en plus, ils avaient parfaitement raison.

Ha! Que c'est beau Fattoum! Que c'est beau! Merci, merci, merci!

Fattoum Abidi Poésie.J’aime cette page
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Les nerfs crient
Les nerfs crient,
Ils sont contre les délits,
Commis par les débiles.
Et ils sont contre les crimes commis par les imbéciles.
Les nerfs crient,
Ils me font mal,
Ils tapent fort,
Mes sensations et mes émotions pleurent le sort.
Les nerfs crient,
On tue des gens,
Dans notre planète, on assassine les âmes innocentes.
Arrêtez-vous assassins.
Les nerfs crient,
Ils me font perdre,
La boussole
De la quiétude.
Les nerfs crient,
Ils me font mal,
Mon corps
Perd son équilibre.
Les nerfs crient
Et la raison
Est troublée
Le monde est étourdi.
Les nerfs crient,
Le rire fuit,
Il fait la grève
Et la sagesse est fâchée contre la rage,
De la guerre, la raison cherche,
Les rêves ambitieux et paisibles.
© Fattoum Abidi 2.12.2015.

Mes soirées syndicales. Comment le syndicalisme m'a fait évoluer. J'ai appris mes amis.
Les éléphants Une petite histoire vraie qui me fait toujours rire. C'était dans le temps. On était convancus que la terre était un genre de grosse machine à compostage qui s'auto régulait comme par magie. Des scientifiques américains me "garrochaient" ça à la figure régulièrement. Toujours est-il que je me ramasse au zoo de Washington, chez les éléphants! J'avais apporté avec moi ma réserve de Whippet. Car, oui, les éléphants adorent les Whippets. J'en donnai donc et en gardai en réserve pour plus tard. Tout à coup, le bébé éléphant pas content me met sa trompe carrément sur le nez. Voulait avoir ses Whippets. Après m'être exécuté, il se mit à danser comme un enfant. Je dansai presque avec lui! Ces éléphants! Ils me taraudent toujours.
Les chats
Les chiens
Les oiseaux
Les ours
Les oiseaux
La forêt
Les chutes d'eau

Une petite histoire vraie qui me fait toujours rire. C'était dans le temps. On était convancus que la terre était un genre de grosse machine à compostage qui s'auto régulait comme par magie. Des scientifiques américains me "garrochaient" ça à la figure régulièrement. Toujours est-il que je me ramasse au zoo de Washington, chez les éléphants! J'avais apporté avec moi ma réserve de Whippet. Car, oui, les éléphants adorent les Whippets. J'en donnai donc et en gardai en réserve pour plus tard. Tout à coup, le bébé éléphant pas content me met sa trompe carrément sur le nez. Voulait avoir ses Whippets. Après m'être exécuté, il se mit à danser comme un enfant. Je dansai presque avec lui! Ces éléphants! Ils me taraudent toujours.
Richard Labelle
4 décembre, à 22:04 · Modifié · 


Comme trésorier, j’étais de toutes les manifestations. Donc, tempête, nous avions élu domicile au beau campus de Cap-Rouge. La manifestation fut calme, nous étions une vingtaine de personnes devant le parlement de Québec. La télévision de la CBC était présente. En prime, le soir, nous eûmes le grand plaisir d’avoir une soirée de poésie avec Simone Monet-Chartrand qui nous fit lecture de poésies de tous genres. Quelle soirée! Quel personnage que cette femme. Pas surprenant que, lui-même, Michel Chartrand, adorait la poésie. Toute une école mes amis.

Toujours est-il que je tombe sur un homme mature de la construction, cinquante ans environ, et sur un jeune, vingt quelques années. Et les deux se chicanaient. Le vieux avait appelé le jeune, son « pit ». Oui, mon pit, tu dois faire ça de même. Le bon papa quoi, dont le cœur s’exprimait ouvertement et le jeune qui protestait. « J’pas ton pit! C’est pas vrai. » Donc, chicane affectueuse entre deux gars de la construction, l’un qui veut appeler l’autre « son pit » et le jeune qui protestait. Genre AFFECTION pour costaux. J’avais trouvé ça tellement beau. J’aurais tellement aimé que mon grand-père m’appelle son « pit ». Tu t’imagines, s’aurait été dévastateur. Mais, dans le temps, la retenue était de règle. Pas chez tout le monde, mais chez moi, oui. Mais pas tout le monde non plus chez moi. Camille! Mon oncle! Dangereux! C’est un danger que j’aimais beaucoup. D’ailleurs, ce fut mon grand problème dans l’enseignement. À la visite des parents, les parents qui venaient me parler de leurs jeunes. J’étais traumatisé de voir toute l’affection que ces gens avaient pour leurs jeunes... chose que je n’ai jamais vraiment connue. En tout cas, pas beaucoup.

Le plus bel événement que j’ai vécu fut ce voyage à Québec, en pleine tempête de neige, pour aller manifester devant le parlement contre le bill 61 ou autre. Je ne me souviens pas exactement. Comme trésorier, j’étais de toutes les manifestations. Donc, tempête, nous avions élu domicile au beau campus de Cap-Rouge. La manifestation fut calme, nous étions une vingtaine de personnes. En prime, le soir, nous eûmes le grand plaisir d’avoir une soirée de poésie avec Simone Monet Chartrand qui nous fit lecture de poésies de tous genres. Quelle soirée. Quel personnage que cette femme. Pas surprenant que, lui-même, Michel Chartrand adorait la poésie. Je gardai toujours ce tendre souvenir dans mon cœur. C’était le nec plus ultra du syndicalisme engagé que je vivais. (J’ai beaucoup à écrire encore sur le sujet. Je vous reviendrai.) La plus grande consolation que je puisse avoir actuellement, c’est de voir que des jeunes ne se laissent pas abattre. J’ai été bien sympathique aux Carrés Rouge, très ému aussi, de voir des jeunes comme mon courageux Gabriel, se battre comme un démon pour maintenir la « barque » à flot. Ce n’est pas rien. Lisez son livre si vous avez du cœur. Car il s’agit surtout de cœur. C’est Franklin qui disait que les gens qui ne sont pas prêts à se battre pour leurs droits ordinaires ne méritent tout simplement pas d’avoir aucun de ces droits.

Je ne sais pas ce qu'il y a de tellement différent qu'avant, car les jeunes, certains, ont toujours aimé le "sport" de la guerre. Combien dans ma famille, du côté américain, ont servi de mercenaires. Chez les Iroquois, les jeunes étaient toujours furieux contre les vieux qui osaient signer un traité de paix. Encore, pour eux, une saison qui s'annonçait monotone. Car la guerre était leur sport préféré. Il n'y avait pas de hockey dans le temps. Washaki qui était gros comme un pou et qui se battait avec furie et terminait toujours la bataille en mangeant le coeur de son adversaire. Quelle désolation quand il n'avait pas de "steak" à s'offrir. Tous les gouvernements le savent, tous ces jeunes sont prêts à mourir pour une belle médaille. Combien de mes élèves rêvaient à la Légion étrangère? D'ailleurs, il n'y a que très peu de suicides en temps de guerre. Saviez-vous? Bien sûr qu'il nous faut ici parler de motifs. C'est ici que ça devient tragique. Un de mes élèves qui me disait:"Je vais les voir Richard, ceux qui m'aiment vraiment quand ils vont venir prier à ma tombe!" (Histoire vraie!) "Mais tu ne verras rien mon pauvre enfant lui ai-je dit. Tu vas être mort! Le djihadisme...une sorte de "mélange" du genre qui est vraiment tragique et difficile à comprendre. Il faut quand même admettre que les humains deviennent cinglés pour bien d'autres choses. C'est comme "tomber" en amour.

Tu parlais de dinde Michel et j'ai malheureusement j'ai tout perdu mon texte. Une dinde congelée, c'est un pro qui te parle, tu mets ça dans le fourneau, direct, après le réveillon à 200 degrés, la grille placée sur le 2e cran à partir du bas. Tu ne décongèles pas, mais pas du tout. 6hs du matin, tu peux vérifier. Mieux vaut avoir un bon thermomètre à viande et tout dépend de la pesanteur de la volaille. Si tu te trompes de 2hs, pas grave. Ça commence à être prêt généralement vers 10hs ou 11hs du matin. Pas avant. Car, à 200, ça ne peut pas brûler. De toute façon, mieux vaut un peu plus qu'un peu moins. C'est ma recette depuis 30 ans et plus. Tu dois avoir un bon thermomètre, mais à défaut, une dinde cuite, c'est évident. La peau est dorée, vraiment et croustillante. Malheureusement, ma méthode ne donne pas une dinde à la Betty Croker. Il ne faut pas s'y fier. Tu vas voir, ta viande va être très juteuse et très tendre. Un p'tit secret. J'ai la manie du mettre du vin et du cognac partout. Dernièrement, mon beau fils a "sauté" dans ma sauce à base de cognac! N'y croyait pas. Pourtant, bien simple...tu ne fais qu'en rajouter. Ma plus jeune est responsable d'hôtellerie! Un hasard? Je ne pense pas. Elle a vu son père fricotter des nuits dans les casserolles. Quelle joie j'ai eu de voir ces yeux jeunes, briller en voyant apparaître des champignons de sucre que je fabriquais pour la bûche de Noël. Mais c'est du temps, du temps, du temps. Tu, tu es plus jeune. Tu peux te lancer sans problème.

Je ne sais pas ce qu'il y a de tellement différent qu'avant, car les jeunes, certains, ont toujours aimé le "sport" de la guerre. Combien dans ma famille, du côté américain, ont servi de mercenaires. Chez les Iroquois, les jeunes étaient toujours furieux contre les vieux qui osaient signer un traité de paix. Encore, pour eux, une saison qui s'annonçait monotone. Car la guerre était leur sport préféré. Il n'y avait pas de hockey dans le temps. Washaki qui était gros comme un pou et qui se battait avec furie et terminait toujours la bataille en mangeant le coeur de son adversaire. Quelle désolation quand il n'avait pas de "steak" à s'offrir. Tous les gouvernements le savent, tous ces jeunes sont prêts à mourir pour une belle médaille. Combien de mes élèves rêvaient à la Légion étrangère? D'ailleurs, il n'y a que très peu de suicides en temps de guerre. Saviez-vous? Bien sûr qu'il nous faut ici parler de motifs. C'est ici que ça devient tragique. Un de mes élèves qui me disait:"Je vais les voir Richard, ceux qui m'aiment vraiment quand ils vont venir prier à ma tombe!" (Histoire vraie!) "Mais tu ne verras rien mon pauvre enfant lui ai-je dit. Tu vas être mort! Le djihadisme...une sorte de "mélange" du genre qui est vraiment tragique et difficile à comprendre. Il faut quand même admettre que les humains deviennent cinglés pour bien d'autres choses. C'est comme "tomber" en amour.

Richard Labelle Il y a de cela bien longtemps. J'eus le grand plaisir de passer une nuit complète, dans le temps, au mont Palomar. À chaque fois que quelque chose de nouveau apparaissait à la lunette, la cloche d'alarme sonnait pour nous avertir. Et tout les vignobles qui étaient autour. Ça ne se pouvait tout simplement pas de voir un tel paysage.

Avec Sarah, "Papa, porte moi!!!" Je crois que cette enfant avait du plomb dans les souliers. Combien de fois j'ai fait tout Carrefour avec mon "alpiniste" dans les bras. Elle pouvait bien facilement gravir les hauteurs. Il faut dire que ça m'a fait du muscle pour un bout de temps. On a dû changer le frigidaire qui lui servait de Mont Everest, car il s'est tout démantibulé avec ces nombreuses expéditions pour le gravir.

Un réseau d’entraide
Richard Labelle, Raymond Gingras et Julie Paulhus
Introduction
L’école Curé-Antoine-Labelle est une institution de niveau secondaire de la ville de Laval qui, à chaque année, reçoit plus de 2000 élèves de secondaire 3, 4 et 5. Au début des années `90, la prévention du suicide commencait à être une thématique abordée dans ce milieu scolaire, mais il n’y était pourtant pas encore une priorité. Comme partout ailleurs au Québec, les statistiques commençaient à faire peur, mais les chiffres n’avaient pas encore une résonance personnelle ... Par contre, au courant des années scolaires 1989-1990 et 1990-1991, une série d’événements se succéda et vint changer à jamais la vision qu’avait l’école du suicide.
De cette prise de conscience naquit le Réseau d’entraide de l’école Curé-Antoine-Labelle, un groupe d’adultes (professeurs et intervenants) et de jeunes qui investissent, depuis maintenant huit ans, temps et efforts à prévenir le suicide dans leur milieu. Leur action préventive tente d’atteindre cet objectif à l’aide de cinq approches différentes:
1.      Sensibilisation du milieu: élèves, personnel, direction
2.      Dépistage de jeunes en mal de vivre
3.      Consultation avec les professionnels du milieu, entre entraidants, entre pairs
4.      L’amélioration des compétences personnelles des jeunes
5.      L’amélioration de l’environnement scolaire: augmentation de la qualité de vie et amélioration de l’organisation scolaire
L’historique du Réseau à l’école Curé-Labelle:
… un besoin se fait sentir: le pouvoir de la concertation

Chronologie des événements qui ont amené la création du Réseau
C’est au mois de mai 1989, après la tenue du colloque organisé par Mme Sylvaine Raymond du DCS de l’hôpital de la Cité de la Santé, lequel avait pour thème, “Dis-nous comment” prévenir le suicide des jeunes à Laval, qu’une vague idée de Réseau d’entraide devait germer au fil des jours à l’école Curé-Antoine-Labelle.
Suite à ce colloque et encouragé par le directeur adjoint de la 4ième secondaire de l’époque, M. Richard Cloutier, je fis des sensibilisations dans plusieurs de mes groupes classes afin de vérifier si le ton allarmiste employé par certains conférenciers pouvait se vérifier dans les faits. Quelle fut ma surprise de découvrir plus de sept suicidaires dont un se proposait de passer à l’acte le soir même. Ces différents événements devaient m’amener à réfléchir au problème avec plusieurs autres personnes du milieu. La question que nous nous posions était: quoi faire pour prévenir le suicide dans notre école? Nous formions déjà un petit groupe de membres du personnel intéressés à agir pour soulager la souffrance de certains de nos jeunes.
Notre groupe de trois adultes devait s’élargir l’année suivante et la question concernant quel moyen prendre pour faire de la prévention du suicide demeurait entière en ce début d’année scolaire 1990-91. Nous avions donc décidé d’utiliser cette année pour réfléchir, dresser des plans, consulter le milieu et, à la rigueur, aller se perfectionner et bien certain, créer des liens avec des élèves intéressés et expérimenter avec eux. Deux événements devaient cependant secouer coup sur coup notre milieu scolaire et faire prendre conscience du sérieux de notre démarche: une élève de 5e secondaire se suicidait en mi-décembre 90 et un autre au début juin 91 de la même année scolaire. Inutile de vous dire que notre motivation de faire quelque chose prenait une tournure des plus urgente.
Comme nous en étions toujours à nous demander si des ados pouvaient développer des habiletés dans le domaine de l’entraide, c’est alors que nous avons découvert la formule de l’organisme JEVI qui proposait un programme complet de formation pour les pairs aidants. Sylvie Chaumont et moi-même devions nous rendre à Sherbrooke pour recevoir la formation en question au printemps 91. D’autre part, Suicide Action Montréal, dans le cadre de la campagne “Dis-nous comment”, avait aussi offert à tout le personnel intéressé de l’école, la formation de deux jours en prévention du suicide.
1991-1992: L’année de l’implantation
Le premier camp du Réseau se fit à la fin octobre 91. L’équipe adulte s’était élargie, nous étions devenus un véritable groupe multi-disciplinaire: professeurs, infirmière, surveillante d’élèves, psychologue. Comme nous en étions à nos premières armes, nous avions bien sûr demandé la collaboration de la trentaine d’élèves participants, leur faisant comprendre que nous ne pouvions prétendre maîtriser tout le programme que nous avions à dispenser. L’esprit de ce premier camp demeure inoubliable. Pendant qu’un adulte faisait la cuisine, que deux autres se préparaient à présenter le prochain exercise, les jeunes participaient avec un entrain peu commun à la formation qui leur était donnée. Finalement, tout le monde aidait tout le monde, ce fut un véritable camp de l’entraide. Une étudiante écrivait à ce sujet:
« Le réseau de Curé-Antoine-Labelle.. De bouche à oreille, tu as sûrement déjà entendu parler de notre réseau d’entraîde à l’école. Et oui, c’est confirmé! Ce réseau est formé d’une trentaine d’étudiants (es) de l’école et de membres du personnel. Durant plusieurs semaines, nous avons suivi une formation qui nous a demandé une disponibilité de trente heures, incluant une fin de semaine inoubliable. »
Après ces quelques semaines de formation, nous sommes maintenant aptes à te consacrer une écoute plus attentive et fiable. En effet, nous nous sommes engagés à aider les autres. N’aie pas peu, viens te confier à nous. Au local 3124, tu trouveras quelqu’un de sensible à tes problèmes de jeune."
Les années suivantes: la tradition se poursuit…
Les années qui suivirent furent tout aussi embalantes. Les adultes et les jeunes qui s’ajoutèrent nous amenèrent plein de surprises et de personnes prêtes à agir pour prévenir le suicide dans notre milieu. Environ 35 élèves firent le camp de la deuxième année. La troisième année nous réservait une surprise. Plus de 160 élèves s’inscrivirent pour faire la formation. C’est évident, iIs étaient trop nombreux. Après avoir augmenté nos exigences, quatre-vingt quatre de ceux-ci, divisés en deux groupes, devaient à leur tour suivre la formation du troisième et quatrième camp du Réseau. Nous formions une équipe de plus de vingt adultes. Le premier camp eut lieu à la fin octobre et le deuxième, à la fin novembre. Que de travail, mais aussi, que de joie.
Et c’est ainsi qu’au fil des ans, depuis 1991, à chaque début d’année scolaire, les adultes se réunissent, sollicitent la collaboration de d’autres adultes et relancent les jeunes du réseau de l’année précédente. Tout ce monde fait équipe et fait un nouvel appel dans le milieu pour recruter de nouveaux jeunes pendant le mois de septembre et la première semaine d’octobre. La formation débute généralement à la mi-octobre et le camp a lieu à la fin du même mois ou un peu plus tard, dépendant des disponibilités du calendrier scolaire. Et ceci dure depuis déjà huit ans.
Bien certain qu’à chaque année, il y a différentes activités qui se font tout au long de celle-ci. En plus des réunions régulières de formation, le local du Réseau fut, pendant les premières années, un lieu de rencontre prévilégié. Des campagnes de sensibilisation pour toute l’école furent aussi organisées: formation dans toutes les classes, à tous les niveaux, semaine du mieux vivre ou du goût de vivre, pièces de théâtre, soirées pour les parents avec conférences, panels, artistes invités, témoignages de personnes qui avaient vécu des tentatives ou perdu des êtres chers par suicide. Les jeunes et les adultes étaient aussi invités à participer à des formations, soit lors de colloques organisés par Suicide Action, par JEVI, ou celui de l’ACSA. Nous étions une dizaine d’adultes à celui de l’an dernier. Nous avons aussi participé à la rencontre provinciale des réseaux organisé, il y a trois ans, par JEVI.
L’histoire de notre Réseau une histoire passionnante qui demanderait plusieurs livres pour la raconter. Une histoire premièrement humaine, faite d’un quotidien où l’attention à l’autre est cultivée patiemment. Une histoire de complicité, où des jeunes et adultes acceptent de travailler ensemble pour rendre leur milieu plus humain et tisser comme un grand filet qui assure la sécurité de tous dans un milieu que l’on veut accueillant et plus humain. Pendant toutes ces années, nous avons formé plus de 300 jeunes à l’entraide et près de soixante-et-quinze adultes formé ont apporté leur collaboration selon les moyens et la disponibilité qu’ils avaient.
Et pour terminer, nous voulons simplement vous dire que vous serez toujours bienvenues chez nous si le coeur vous dit de venir nous visiter.
Le fonctionnement du Réseau d’entraide:
... à chaque année, un nouveau début

La concertation du milieu et le recrutement des adultes
En milieu scolaire, une partie du personnel se renouvelle à chaque année: certains partent à la retraite, d’autres sont assignés à une école différente, et ainsi de suite. De nouveaux visages viennent alors les remplacer. Au cours des huit dernières années, le groupe d’adultes du Réseau a aussi vécu son lot de changement. Mais, au milieu de tous ces départs et ces arrivées, un noyau d’environ 6 personnes aidé de plusieurs alliés occasionnels a su assurer la continuité du Réseau à l’école Curé-Antoine-Labelle.
Malgré la stabilité de cette équipe, il a été important pour eux (afin de ne pas s’essoufler) d’aller recruter de nouvelles énergies à chaque début d’année scolaire. Le début de cette année, en septembre 1998, n’a pas fait exception à cette règle. Le recrutement de nouveaux alliés s’est donc déroulé de façon à la fois formelle et informelle. En effet, l’existence du Réseau est maintenant devenu une tradition connue de tout le personnel de l’école. Il est donc possible pour l’équipe de compter, en partie, sur le bouche-à-oreille et les discussions de salles de prof. pour intéresser de nouveaux adultes. Mais cette approche ne peut suffir à la tâche. Depuis plusieurs années, le Réseau peut aussi compter sur l’appui du directeur de l’école. Celui-ci, lors de la première assemblée générale du personnel en septembre, ré-explique ce qu’est le Réseau d’entraide et invite lui-même toutes les personnes intéressées à une réunion d’information organisée par l’équipe. De plus, il permet aux adultes du Réseau de réitérer cette invitation à l’aide d’une lettre qui est ensuite distribuée dans tous les pigeonniers, à la grandeur de l’école. Ces simples démarches amènent inévitablement une dizaine de nouveaux intéressés à la première réunion des adultes de l’année, et plusieurs d’entre eux continuent à s’impliquer durant l’année qui suit.
Le recrutement des jeunes
Tout comme pour les adultes du Réseau, le recrutement des jeunes est aussi une étape importante qui accompagne chaque mois de septembre. En effet, puisque l’école Curé-Antoine-Labelle est une institution secondaire de 2e cycle (sec. 3-4-5), au moins un tiers de la population étudiante quitte donc ses murs à chaque année pour évoluer dans d’autres milieux (cégep, milieu du travail, etc.). Cela signifie, par le fait même, que plusieurs membres étudiants du Réseau disparaissent. Si on ajoute à cela le désintéressement de quelques jeunes toujours à l’école, il est facile de comprendre que le Réseau d’entraide ne peut refuser de se renouveler à chaque année s’il veut espérer survivre.
Le recrutement initial des membres se fait en deux temps. Tout d’abord, une lettre de bienvenue comportant une invitation à la première réunion est remise individuellement à tous les membres du Réseau de l’année précédente qui sont toujours à C.A.L., et ce, dès les premières semaines du mois de septembre. Après avoir ainsi rejoint les anciens, tous (adultes comme étudiants) s’organisent pour répandre la nouvelle d’une première réunion d’information ouverte à tous les intéressés: certains des professeurs faisant partie de l’équipe du Réseau font une annonce dans leur classe, d’autres lancent une invitation plus personnelle à des élèves qu’ils croient susceptibles d’être intéressés, les jeunes en parlent à leur amis, etc. Bien sûr, il serait possible pour l’équipe du Réseau d’utiliser des moyens rejoignant une population beaucoup plus importante (ex: messages à l’intercom, lettre d’invitation à tous les étudiants, etc), mais cette diffusion à grande échelle aurait probablement pour conséquence de mobiliser plus de jeunes que l’équipe ne pourrait en former et en encadrer.
La sélection des participants
Une fois tous les jeunes intéressés réunis lors d’une rencontre d’information, comment peut-on identifier ceux qui auront la motivation nécessaire pour mener à terme le processus de formation ? Sur ce point, la philosophie du Réseau d’entraide de l’école Curé-Antoine-Labelle diffère de la prise de position initiale de la Fondation JEVI. En effet, ces derniers proposent de se fixer préalablement des critères de sélection des candidats qui pourront mesurer les points suivants:
·       motivation du candidat
·       ses attentes face aux activités
·       son ouverture face à son
·       sa position face au suicide
·       expérience personnelle
·       sa capacité à respecter la confidentialité
·       les caractéristiques de la population-cible
·       confidentialité
·       sa capacité à fonctionner dans un groupe
Si les candidats ne répondent pas aux critères précédents, ils ne seront pas retenus pour suivre la formation à l’entraide. Par contre, JEVI suggère de profiter des ressources qu’offrent ces personnes en les engageant dans la mise sur pied d’un Comité du Mieux-Vivre ou dans la préparation d’une semaine de promotion de la vie.
Pour sa part, le Réseau d’entraide de C-A-L préfère opter pour une sélection naturelle de candidats. En effet, nous avons décider d’imposer des conditions de formation assez rudes (plusieurs séances se donnant le soir de 19 à 22 heures, le camp comprenant une journée pédagogique, etc.) afin d’éliminer les jeunes à la motivation plutôt fragile et de ne conserver dans le Réseau que les plus sérieux. Malgré cette sélection naturelle, les adultes du Réseau se garde tout de même le droit de refuser un adolescent qui viendrait nuire au bon fonctionnement de tout le groupe par des attitudes ou des comportements inappropriés.
Le processus de formation
La formation principale offerte à tous les membres du Réseau de C-A-L est presqu’entièrement fondée sur le programme proposé par la Fondation JEVI. Elle est composée de deux grandes thématiques d’une durée de 15 heures chacune; la première, SE CONNAÎTRE D’ABORD, étant un pré-requis à la deuxième, DEVENIR UN BON CONFIDENT. En effet, la session I propose une méthode d’analyse et de résolution de problèmes qui permet aux jeunes de mieux comprendre et gérer leur propre croissance personnelle, tant dans leur processus individuel de maturation que dans leurs relations à autrui. La session II (DEVENIR UN BON CONFIDENT) est une application de cette méthode d’analyse et de résolution de problèmes à autrui pour le stimuler, le supporter à son tour dans le processus de croissance psychologique ou dans la recherche de solutions à un problème spécifique.
Au Réseau d’entraide de Curé-Antoine-Labelle, cette formation est offerte aux jeunes sous deux formes différentes: 5 blocs de trois heures donnés à l’école (3 blocs offerts le soir et 2 blocs donnés lors de matinées où les étudiants et les adultes sont dégagés de leurs cours), ainsi qu’un camp intensif de 3 jours sur une base de plein-air où les jeunes reçoivent plus de 15 heures de formation. C’est habituellement lors de ce camp qu’est présenté le bloc de formation portant plus spécifiquement sur la problématique du suicide.
L’encadrement
Une fois que tous les jeunes ont reçu une formation suffisante pour faire d’eux de bonnes sentinelles, le travail des adultes du Réseau ne doit surtout pas s’arrêter là. En effet, il serait utopique de croire, qu’après uniquement 30 heures de formation, des adolescents seraient assez solides pour intervenir seuls auprès de leurs pairs en détresse. C’est pourquoi le Réseau d’entraide de Curé-Antoine-Labelle assure à tous ses membres un encadrement en 3 volets tout au long de l’année: supervision en relation d’aide, formation continue et activités sociales.
Le premier volet, la supervision en relation d’aide, est primordial dans un réseau d’entraide étudiant. Il s’agit pour les adultes du Réseau d’assurer une présence et un accompagnement à tous les jeunes entraidants qui servent de confident à l’un de leurs pairs. Lorsqu’un cas est trop lourd pour un jeune du Réseau, il est important qu’un adulte soit disponible pour le prendre en charge, ou même le référer à un professionnel si nécessaire. Le deuxième volet, la formation continue, vise à offrir aux jeunes des ateliers de perfectionnement sur différentes problématiques comme l’écoute active, l’abus de drogues, l’orientation sexuelle, etc. Enfin, le troisième volet consiste à organiser conjointement avec les jeunes des activités sociales afin de leur permettre de se retrouver en groupe et de favoriser leur sentiment d’appartenance. De telles activités peuvent comprendre l’ouverture d’un local réservé au Réseau, des soupers, un dîner de Noël, une remise de certificats à la fin de l’année, etc.
Les activités du Réseau:
...un pouvoir de spécialisation

Introduction
Les activités du réseau portent sur 3 niveaux d’actions impliquant des personnes différentes et pouvant faire appel tant aux ressources internes qu’aux ressources externes. Chacune des activités du réseau sera expliquée: prévention/sensibilisation; détection/évaluation; intervention interne ou externe et postvention/suivi. Par la suite, on tentera d’identifier les forces et les faiblesses du réseau et les possibilités d’amélioration tout en maintenant les forces au même niveau.
Prévention/sensibilisation
Les membres du réseau ( élèves/adultes) organisent chaque année des sessions de sensibilation du milieu-école en informant chaque niveau scolaire ( sec III, IV et V) de la problématique du suicide: données statistiques sur le suicide des jeunes; mythes et réalités concernant le suicide; conseils pratiques quand il y a dévoilement de l’intention suicidaire; explication du processus suicidaire et, finalement, les ressources internes et externes. De plus, nous sommes actifs lors de la semaine de prévention du suicide: affiches, signets, annonces par l’intercom de l’école de différentes activités pendant la période du dîner. Certaines années, nous avons offert des témoignages ( M. Eric Sirois) et des spectacles pendant ces périodes. En ce qui concerne les membres du réseau, différentes activités de formation leur sont offertes en cours d’année.
Détection/évaluation
Les jeunes du réseau sont les mieux placés pour détecter d’autres jeunes qui présenteraient un risque suicidaire. Ils ont été formé pour cette activité,principalement, car, ils cotoient les autres jeunes de l’école et de ce fait, peuvent avoir accès à une foule d’informations sur les facteurs de risque.
De plus, les enseignants sont invités, en début d’année et périodiquement, à être sensible à toutes sortes de signaux. Tous ces intervenants, jeunes et adultes, sont invités à référer un jeune à risque, à un adulte du réseau.
A partir de là, une première évaluation du risque suicidaire est faite. Si le risque nécessite un suivi spécialisé, le jeune est aussitôt référé au psychologue de l’école qui fera une évaluation plus approfondie.
Intervention interne et externe
Suite à l’évaluation du risque suicidaire, le psychologue établit la stratégie d’intervention avec quelques adultes du réseau. La première stratégie peut se résumer à un suivi à l’interne et à des interventions auprès de la direction pour diminuer la pression académique.A ce stade, on peut faire appel à certaines ressources externes selon les problématiques (CPIVAS-agressions sexuelles;CLSC-accompagnement; projet 10-orientation sexuelle; Suicide-Action-Montréal…) Si l’évaluation du risque suicidaire se situe à un niveau moyen à élevé, les parents sont alors contactés et rencontrés. On leur recommande d’utiliser certaines ressources externes.
Postvention/suivi
Depuis la fusion des commissions scolaires à Laval, la Régie Régionale en collaboration avec le CLSC Normand-Béthune, a mis sur pied une équipe qui intervient en postvention dans les milieux qui vivent un décès par suicide. Le réseau pourrait alors être utilisé pour identifier les élèves les plus sensibles à ce décès et qui réagissent mal à cette situation. De même, les ressources internes pourront être utilisées dans les groupes-classes concernés.
Suite à la postvention, certains élèves identifiés auront besoin d’être suivis un certain temps et les ressources de l’école pourront continuer le travail.
Les forces et les faiblesses du réseau
Commençons par les faiblesses ! C’est un peu comme les défauts, on en trouve souvent plus que des qualités !
Je dirais que tous ces nombreux filets de sécurité ne sont pas étanches et des incidents malheureux peuvent survenir malgré tout. Mais, comment réduire les mailles du filet ?
Les points faibles peuvent changer d’une année à l’autre, mais pour l’année scolaire 98-99, les faiblesses sont les suivantes :
Manque de visibilité dans le milieu :
Les membres du réseau ont déjà été plus visibles dans le milieu : Chandails particuliers, foulards…etc. Cette année peu de chose ont été fait de ce côté.
Les parents sont difficile à rejoindre:
On a l’impression qu’un sujet comme le suicide fait peur et les parents préfèrent ne pas en parler.
Les nouveaux adultes qui s’intéressent au réseau ne sont actifs qu’à leur début:
Ils quittent après le camp de fin de semaine et il ne reste que le même noyau d’adultes qui finit par s’épuiser.
L’appui de la direction n’est pas toujours cohérente et constante avec engagement , et elle manque de continuité d’une année à l’autre.
Maintenant, les points forts :
On constate que le milieu réagit plus devant des signaux de détresse, de dépression, de suicide.
Le plan de formation est bien rodé : 30 heures en 3 semaines et 15 heures de formation en cours d’année.
Le noyau d’adultes est stable et présente une bonne cohésion.
La structure organisationnelle du réseau est organique plutôt que mécanique :
personne n’est officiellement responsable du réseau, mais tous ceux qui en font partie se sentent responsables.
 
Il ne faut pas être trop noir mon Michel. Tu as quand même bénéficié de la belle éducation donnée par tes parents. Tu es profondément bon. J'ai beaucoup fait de pouce quand j'étais jeune. Je n'ai pas vraiment eu de mauvaise aventure, mais plutôt un gros "party", devine où? Par une gang de Toronto. Voulaient tous m'offrir une bière. Ma table en fut pleine. Ils savaient très bien que j'étais québécois français. Ça ne les intéressaient pas eux, les anglais, une seule chose, ils voulurent me fêter et le firent. Mon père est mort en réparant un avion. Ils le savaient, tous des gars de l'"Air Force"! J'ai été très impressionné. Conclusion: il y a du bon monde partout et un peu de mauvais monde partout. Ça n'a rien à voir avec les races, les langues, les religions. C'est ma Bible!
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Quand la famille devient traître! Ils se cachent!


Non, non, non, il n'y a pas assez de ressources pour fournir toutes les hystéries de riches. Il y a cependant assez de ressources, partagées raisonnablement, pour rendre heureux tous les humains, SOUHAITONS-NOUS LE VRAI BONHEUR. Ça me rappelle un bon copain américain. Riche comme Crésus. Étudiait avec moi et voulait retourner chez lui, en Alaska, à la fin de ses études. M'amena voir des avions usagés, car il voulait s'en acheter un pour retourner à la maison. S'acheta une vraie "poubelle" volante. Il me fit comprendre qu'il pouvait très bien la réparer. Ne voulait surtout pas dépenser inutilement, par principes. S'envola à la fin de la session. Heureux comme un pinson. Libre comme l'air et non esclave de l'argent. Se promettait de revendre son avion en arrivant, chez lui, à la maison. Le moins de dépense possible! PAR PRINCIPE, par respect pour les gens qui n'en ont pas suffisamment de cet argent. Il était amoureux de la nature dans l'âme. Pouvait vivre avec presque rien, mais...avait les montagnes et les grands glaciers de l'Alaska pour s'amuser.

Je fréquentais certains salons du temps. "L'élite" était en pure panique! On voyait des "Mohaks" partout. Façon de parler. La GRC était totalement dans la marge. Bourgeault avec ses troupes avait trompé tout le monde. Tellement actif. On crut qu'il dirigeait l'armée soviétique. Bande de caves. Cournoyer était aux abois. (J'étais au Chanteclerc!) Pas à la même table, mais j'ai un copain qui m'a refilé le message. Tout le monde est en panique, Richard. C'est fou! Tellement, que les soldats avaient oublié de mettre leurs feuilles de couleurs sur leurs casques! C'était l'automne. Belle occasion pour un hystérique de profiter de l'occasion. Trudeau ne manqua pas son coup. Vous avez vous son message à la télévision. Psychotique! Et vous pensez que le fils est meilleur? Mon oeil! (Financé par Toronto!) Sois "belle" et tais toi...sauf pour dire des banalités et des vas de soi!

Richard Labelle Je regarde mon chat, je l'observe de très près et je pense que l'humain a beaucoup besoin de rituels pour être atteint par des nouveautés. Malheur à moi, si je ne respecte pas le rituel de mon chat. Y veut rien savoir. Je me pose sérieusement des questions. La religion, à sa façon, est une recherche d'éternité et il ne faut surtout pas croire que la religion juive était unie! C'est pas vrai et pas plus aujourd'hui. La recherche de la "vérité" se fait même à l'intérieur de factions juives ou musulmanes, etc. J'ai dirigé un groupe d'anti suicide. Nous avions pourtant un objectif bien simple. J'eus toute les difficultés du monde à maintenir ce groupe d'adultes dans l'objectif visé. C'est ce qui a été le plus dur pour moi... tenir solidement la barre de la barque! Des recherches avaient été faites à l'époque sur le bénévolat!!! Même les bénévoles étaient des problèmes selon la recherche. Chacun, chacune se sentant comme imbu d'une sorte de connaissance immanente qui l'habitait à cause de sa forte dévotion intérieure de vouloir faire du bien. En résumé, cela voulait dire:"Nous sommes compétents, car nous aimons les enfants par exemple!" Vous comprendrez, qu'on peut aimer et être totalement incompétent. Quel trouble ce fut! Et c'est souvent moi qui écopait car aucun psy. par exemple ne voulait intervenir. Ça me mettait en maudit. Dur, dur,...le coco humain!!!

 


LA CONFESSION

Se confesser, se confier, s'avouer! Tout cela rejoint très souvent nos souffrances intérieures. Inutile? C'est une croyance personnelle mon affaire, mais je suis certain, par exemple, qu'il y aurait moins de cancer si les gens prenaient la peine de se confier sur ce qui les fait souffrir, nos bêtises non avouées. N'est-ce pas beau d'ailleurs de voir les visages "ouverts" de ces personnes qui vivent une harmonie intérieure sans précédent. Elle vous souffle le bonheur en pleine figure. C'est ce que l'on appelle les personnes aux visages ouverts. Une générosité incroyable les habite ayant découvert que donner n'est pas un don, mais un placement pour le bonheur. Ma dernière confession, c'est à un jeune que je l'ai faite, bien malgré moi, car ce jeune me posa une question qui devint comme l'équivalent d'un bistouri dans la partie de mon âme souffrante et dont j'étais complètement inconscient. Des hurlements se firent entendre de ma part. Sa question me ramenait à un drame épouvantable que j'avais vécu il y a déjà plus de quarante ans et que je pensais classé. Mon confesseur? C'était un jeune de trente ans, un jeune transparent. Il a reçu ma confidence surprenante, et pour lui et pour moi. Il venait de toucher un point sensible comme on dit dans notre langage. Non, le mal de s'était pas tout à fait discipé. Il y avait encore une plaie ouverte. Oui, il nous faut des confesseurs. On en a tous de besoin. Je dois dire que j'eus aussi des "confesseuses". J'avais découvert les talents hors du commun de ces "bar maid" qui pour plusieurs avec un talent fou de la confession. Un couple de Laval, gérant et gérante du Lovers. Rien qui n'annonce la présence d'un quelconque confessionnal. Ce couple fut pour moi d'une bonté sans bon sens. Habile avec le public, il m'initia au tabac. La session commençait à minuit le soir et se terminait au déjeuner du lendemain, lequel déjeuner était offert gracieusement par ces deux personnes. Peut-être étaient-elles en admiration devant un jeune qui cherchait la "vérité". C'est vaste la vérité. C'était un couple très heureux, ça transparaissait dans leurs attitudes. Ils pouvaient donc me recevoir dans leur "foyer" chaleureux, sans peur aucune. Ils m'aidèrent particulièrement à dealer avec toutes les sortes de jeunes que je fréquentais comme éducateur et dont les multiples situations que ces enfants vivaient me troublaient terriblement. (A suivre.) Merci de m'avoir lu. Il y aura un autre article, sous peu, sur le même sujet. Oui, j'ai toujours eu la profonde conviction qu'on peut trouver des confesseurs un peu partout dans notre vie. Ils deviennent des portes, presque des exutoires qui nous permettent de nous libérer de fardeaux incompréhensibles

 

SYNDICAT
J'avais eu beaucoup de peine à la mort de Robert Lemieux. Combien de grosses enveloppes d'argent je suis allé porter à son bureau pour lui donner un coup de pouce dans toutes les causes qu'il devait mener gracieusement.
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Je vais me sentir coupable. Je vais tous vous faire devenir communiste. Confidence, je l'ai déjà été de coeur pendant longtemps et je le suis encore aujourd'hui. J'ai même converti un évêque du Québec à ce rationnel. D'un côté il y a les profiteurs et de l'autre, les victimes. Rien de plus marxiste que cette phrase. Mais je pense, l'important, c'est de changer le coeur des gens en particulier par les arts que l'on est malheureusement en train de détruire dans nos écoles. J'ai été éduqué, entouré d'artistes et explorant de mon côté tout ce domaine qu'on appelle les arts. Quel plaisir de se lever le matin et de "retomber" dans ce fil qui traverse notre cerveau. Le fil d'une histoire que l'on a commencé à lire la veille et qui nous habite le lendemain. Et la musique? Tout jeune, j'ai connu les grandes orgues de mon collège. Il y avait en fait deux grands orgues dans la chapelle de notre collège. Une, immense, à l'arrière et une immense en avant. Le plancher tremblait aux sonates et fugues de Bach. Tous les dimanches, j'attendais, cette musique, qui inconsciemment me structurait et me construisait, petit homme que j'étais. Je l'entends encore aujourd'hui et je l'écoute régulièrement. Le livre de Nagano est justement à lire. Il nous fait réfléchir sur l'orientation de notre société. La disparition des arts dans les écoles est un drame, une catastrophe. Nous allons payer pour. Il y aura un mauvais retour d'ascenseur. Nos écoles spécialisent tellement, qu'elles produisent des ignorants éduqués. Je vous le répète, je l'ai vu en prison, beaucoup de mes prisonniers étaient très victimes de leur ignorance et toutes sortes de mauvaises conception de la vie. J'en visitais un, un ours! On le surveillait à la mitrailleuse tellement on avait peur qu'il me fasse mal. Je n'ai jamais eu peur, mais j'avais parfois l'impression d'être un dresseur. Ce prisonnier voulait toujours me voir pour avoir mon opinion sur des plaintes qu'il voulait formuler à l'autorité. Il m'arrivait avec 5 à 6 pouces d'épais de dossiers. Je lui disais, "one file at a time my friend". Je l'invitais chaleureusement à s'asseoir en le prenant gentiment par le bras. Deux minutes après, il était calmé et je réussissais à le faire rire et je savais aussi que je venais d'offrir une période d'au moins deux semaines de calmes aux gardiens qui s'occupaient de lui dans l'aile qu'il habitait. Je respectais beaucoup le travail des gardiens, car certains trouvaient très dur de faire affaire à des "ours" parfois. Oui, l'humanisme, l'écoute, peut changer le monde. Bien sûr qu'il y aura toujours des fous pour bouleverser le monde, mais cela ne nous empêchera jamais de communiquer avec les autres. Merci Roger pour tes propos. Vous deux, personnages sages qui cherchent la paix. BONNE ANNÉE.

LES ARTS

Les arts m'ont toujours aidé à vivre malgré toutes les déboires que j'ai connus comme tout un chacun dans sa vie. Ici, UNE CAVALCADE DES DIEUX. Je m'imagine moi-même à chevaucher ces êtres célestes qui m'amènent vers de nouveaux horizons. Oui, l'art peut même nous diriger, nous imaginer dans l'action de notre propre vie. Ce monument me fait tressaillir à tout coup. Je ne suis pas neutre, mais pas du tout, devant. Je deviens moi-même un dieu prêt à s'envoler dans sa propre aventure de la vie. UNE CAVALCADE FANTASTIQUE que j'ai déjà eu le plaisir de vivre sur des plages sauvages. Et tout cela construit ma vie et peut construire la vie de quiconque se laisse envahir par la beauté. La formation aux arts est plus importante que toute autre formation. Elle dépasse la science et de combien. Einstein disait bien que c'est l'imagination qui est le génie qui nous dépasse e