LA SÉDUCTION ET LE THÉÂTRE

Certains diront que ça ne sert à rien dans la vie, le théâtre. Si vous dites ça, c'est que vous ne connaissez rien...à la vie, je dirais. Le théâtre, c'est surtout l'art de séduire et on ne séduit pas avec la baboune et les grosses voix. On séduit en allant chercher la personne sur son terrain, sur ce qu'elle aime, sur ce qui la fait vibrer, sur ce qui la préoccupe le plus, sur la vie, quoi. Je vais déraper un peu si vous permettez. J'arrivais en classe et je me demandais vraiment comment j'allais commencer mon cour et faire pleurer mes élèves. Oui, oui, oui, oui. Faire pleurer. Ça m'arrivait parfois. Et je braillais aussi, alors, ils étaient quittes. Et je commence le cour... « Vous ne trouvez pas qu'aimer, c'est souffrant? Leur demandais-je? Et vlan, je les avais tous piqués au vif. Ne savaient plus comment s'asseoir. Ils étaient déstabilisés. On se mit à parler de nos histoires d'amour. Du flirt. De la gêne. Ils en tremblaient presque. J'embarquai dans le jeu pleinement. Et en plus, je parlais de mes enfants. Bien oui…. L'AMOUR avec un grand A. Ce fut un cour dévastateur. Tout le monde pleurait, mais aussi, riait. Des niaiseries que j'avais faites, je leur disais. Ça riait. Et les gars? Devinez? Devenaient beaucoup plus émotifs que les filles. HA! HA! HA! HA! Je vous ai eu hein? Un cour sur le sexe, pas vraiment, mais un cour sur le vécu comme femme ou comme homme avec toutes les variables qui peuvent exister. Car oui, la sexualité humaine est un domaine privilégié d'expression de soi comme tous les domaines humains. (Vous saviez. Nous sommes le seul peuple (québécois) d'Amérique du Nord qui a des adolescents sexuellement épanouis. Canada anglais! Pas fort! Américains! Pire! Je me souviens, dans l'ouest, avec mes jeunes, quand je parlais de sexe, ils devenaient tous craintifs. J'imagine que dans le temps, jamais personne de leur avait parlé comme ça. J'étais, dans mon âme la plus profonde...UN ÉDUCATEUR et je les aimais beaucoup. Vous vous imaginez, certains pleuraient parce qu'ils s'ennuyaient de leur mère. Je devins alors, assez vite, un genre « nounou » pour tous ces jeunes Anglais canadiens. Et la forêt de pins de Colombie avec son tapis d'or (8 pcs d'épaisseur d'épine pin) et son toit fait de touffes de quelques branches vertes à quasi 100 pieds au-dessus de vous et le lac tout vert qui nous regardait. (Bear Lake dont les eaux se déversaient dans l'océan Arctique). C'était une véritable cathédrale qui vous invitait à retrouver votre innocence. Je ne le cache pas, dans ce lac, je m'y baignai plusieurs fois tout nu. J'avais l'impression de retourner dans le sein de ma mère et dans le fond, c'est ce que je faisais. (À suivre…) J'embrasse bien fort ma maman qui est en haut. Doit être émerveillée!  Et je continue. Oui, nous allions vers l'ouest, mais cette fois en train genre parfait train western avec la petite fournaise à bois dans le coin et les fameuses lampes à l'huile que l'on trouvait dans les bars de cowboys. Un décor fantastique. Mais, mes petits Anglais voulaient me tester. Ça parlait un peu cru, fuck d'un bord et fuck de l'autre. Ils ne savaient surtout pas ce qui les attendait ces petits "marsouins". Je gardai le silence total, mais j'avais remarqué qu'on venait d'embarquer une autochtone qui se préparait d'urgence à mettre au monde un beau p'tit pit.  Quand elle commença à crier, la panique prit chez les "ti-culs" anglais. Ils voulaient partir. Nous étions quand même à l'autre bout du wagon. Alors, je leur ai dit, vous avez parlé assez crûment depuis quelque temps, alors, je veux, et je ne vous manquerai pas, que vous entendiez un enfant arriver au monde. J'avais avisé les responsables du wagon qui furent d'accord avec moi. Et je m'installai avec les ti-culs qui en tremblaient. 10 minutes plus tard. Chez les autochtones ça ne tardait pas. Oui, oui, oui un enfant adorable nous était né comme ça. Il s'agissait de se tasser un peu pour lui faire de la place. Et mes jeunes qui passaient par toutes les couleurs de la figure, mais qui doucement reprenaient leur souffle et tombaient en mode, admiration. Ils trouvèrent ça tellement beau. Je fis signe à la maman pour qu'elle accepte de les recevoir, un à la fois, pour les félicitations. Et les p'tits maudits, certains, c'étaient faufilés pour aller acheter de cigares...pour le père. Je les trouvai vraiment superbes. Ils furent tout reconnaissants après l'événement de ce que je venais de leur faire vivre. Ces p'tits pits, pits étaient tout en admiration de voir que j'avais tout vu venir et que je me préparais à leur en mettre plein les yeux. Ce fut un événement de plus à ajouter à leurs aventures qui débutaient dans l'ouest. On reconnaît ses bateaux aux tempêtes qu'ils affrontent. J'avais trouvé mes jeunes pas mal extraordinaires et on avait vraiment organisé un pique-nique pour le souper. Et ça jasait là, mes amis!!! Y compris moi! Bien sûr.   (Le fameux train qui n'existe plus aujourd'hui, je crois, était le genre qui "pissait" à tous les poteaux. Il fallait être très patient, car il ravitaillait tous ceux qui en avaient de besoin. Donc, arrêts dans à peu près tous les groupes autochtones, etc. J'ai aimé comme un p'tit fou, mais quand j'arrivais à Montréal, j'étais du pour trois jours de sommeil d'affilé, caché chez ma tante Pauline qui savait bien garder le secret, tout heureuse de m'avoir avec elle.